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des Beaux-Arts et d’Amsterdam pour une Bourse de commerce.
Au cours d’une Revue des Travaux publics, que nous comp-
tons commencer prochainement, nous nous occuperons des
nombreuses constructions élevées depuis dix ou quinze ans
dans les principales villes du pays : Anvers, Garni, Liège,
Bruxelles, etc.; nous en discuterons sincèrement le mérite,
sans nous occuper du plus ou moins de célébrité ou de répu-
tation de leurs auteurs.
Nous aurons ainsi l'occasion de faire complètement connaître
notie opinion sur le nouvel athénée de Bruxelles. Nous esti-
mons, dès maintenant, qu’on ne pourra pas compter ce monu-
ment parmi ceux destinés à rehausser l’art architectural
moderne.
Quiconque a vu les dessins exposés récemment à l’hôtel de
ville, sera d’accord avec nous pour déclarer qu’il n’a pas fallu
de grands efforts d’imagination pour créer la façade, dont le
motif unique, copié d’ailleurs avec addition de quelques guir-
landes et d’ornements mesquins sur celui d’un des hôtels
expropriés (i),ne manque pas de caractère, mais dont la répé-
tition à jet continu, sans un seul avant-corps un peu marqué,
sur une longueur de plus de 60 mètres, ne produira qu’une
façade monotone, incolore, derrière laquelle on devinera diffi-
cilement un athénée du xixe siècle.
On nous affirme que l’influence d’un architecte de grand
talent, aux idées parfois bizarres, n’est pas étrangère au choix
du style de cette façade et que l’utilisation du motif Louis XVf
de la façade de l’hôtel à démolir a été, sur ses conseils,
imposée à l’architecte du monument. Nous nous refusons à y
ajouter foi; si cela était vrai, nous croirions plutôt qu’il a
voulu jouer un vilain tour à celui-ci.
Cet artiste, voyant tout de suite l’avantage h retirer de cette
simplification de l’étude des façades, s’est empressé de s’y lais-
ser prendre et sur le long mur de façade, percé d’innombrables
fenêtres bien inutiles, il a appliqué, en le déformant, autant de
lois qu’il l’a pu, le motif imposé.
Quant au plan, il est simple et peu pratique : une grande
cour rectangulaire, entourée des quatre côtés de bâtiments à
deux étages, renfermant les classes, le préau couvert, les
salles d’étude et les autres locaux, desservis à chaque étage par
un couloir de 300 mètres de long, occupant le pourtour cxté-
lieui du terrain. L espace nous manque pour faire une critique
complète de cette disposition. Nous dirons seulement que les
giands escaliers, ayant un développement trop considérable,
sont mal placés; que certains locaux, notamment la salle des
conférences, la salle des professeurs, le musée d’histoire na-
turelle, ne recevant la lumière du jour que par des fenêtres
s’ouvrant sur des couloirs mal éclairés eux-mêmes, sont peu
ou point éclairés; que le préau couvert, qui n’est à propre-
ment parler qu’un large vestibule, est insuffisant; enfin que la
disposition générale rendra la surveillance éminemment difficile.
Nous l’avons dit, nous nous réservons de faire en temps
opportun un examen sérieux et complet du nouvel athénée de
Bruxelles, et de discuter en détail le système de construction
en fer et pierre des façades vers la cour intérieure, dans
I étude desquelles on ne semble pas avoir suffisamment tenu
compte de la dilatation linéaire des métaux, ce qui, à notre
avis, réserve pour l’avenir bien des mécomptes à l’administra-
tion communale.
Les bureaux des Administrations communales.
Dans l’un de ses numéros de novembre 1883, la Chronique
des Travaux publics, parlant de la construction du nouvel
athenée d’Ixelles, constatait que, grâce au système adopté par
I administration communale de faire dresser les plans dans le
bureau des travaux, la commune avait réalisé une économie
importante, la caisse communale n’ayant pas à payer les hono-
raires de l’architecte.
Nous ne cacherons pas que, la Chronique des Travaux publics
nous ayant habitués depuis sa fondation à l’attention, à la
logique absolue dans l’examen des questions qui touchent à
I art de construire et à notre profession, nous avons lu ces
lignes avec une profonde stupéfaction.
Nous ignorions que le personnel des bureaux de travaux
fussent, pour les communes, une si brillante opération finan-
cière. Il nous était même revenu que, dans bien des cas, le
contraire avait été constaté.
Sans doute que, dans l’occurrence, les employés du bureau’
des travaux de la commune d’Ixelles auront reconnu qu’il était
de leur dignité de faire abandon de leurs traitements; que l’hon-
neur seul d avoir collaboré h l’étude du projet et à la rédaction
des plans et devis du nouvel athénée était une ample compen-
sation des peines qu’ils ont dû se donner.
Mais, voyez comme le monde est mal fait!
Il s’est trouvé un conseiller communal qui n’a pas pensé de
même, et qui a établi que les frais de bureaux, traitements,
gratifications, etc., devaient s’élever à beaucoup plus que la
somme représentant les honoraires de l’architecte qui eût été
chargé de ce travail important (environ 16,000 francs).
Et M. léchevin Leemans a terminé la discussion en décla-
rant que « ce serait une erreur de mettre ce mode en pratique
dans une administration n’ayant pas, comme celle d’Ixelles,
des éléments sérieux, des personnes de valeur ».
Nous ne discuterons ici le mérite, ni la valeur de Messieurs
les directeurs et employés du bureau des travaux de la com-
(!) Nous publierons l’année prochaine la façade de cet hôtel.
mune d Ixelles; mais nous dirons, avec le conseiller communal
grincheux, notre excellent confrère, M. Edmond Legraive, que
l’appréciation reste debout, c’est-à-dire que la commune, se
figurant réaliser par le système développé ci-dessus, des
économies considérables, nous paraîtra convaincue de l’im-
portance des victoires à la Pyrrhus.
A notie a\is, le lait constitue un acte de mauvaise adminis-
tintion et nous sommes convaincus que, pour leur compte per-
sonnel, Messieurs les administrateurs communaux ne vou-
draient pas du système que nous discutons.
En effet, le devoir d un bon père de famille est de s’assurer,
dans la mesure du possible et par tous les moyens en son
pouvoir, qu il peut avoir tous ses apaisements quant à l’heu-
icux achèvement de la maison qu’il va construire pour ses
enfants, et à 1 emploi judicieux des fonds qu’il a résolu d’y
consacrer.
Et pour cela la responsabilité de l’architecte vis-à-vis des
lois est un apaisement, sinon une garantie absolue.
Dans cet ordre d’idées, nous demanderons aux administra-
tems communaux ce qui leur reste de cette garantie vis-à-vis
de gens salariés par eux.
Ne croient-ils pas qu’ils se placent inconsciemment dans les
conditions du contrat de louage qui détermine la responsabilité
du patron quant aux ouvriers dont il utilise les services?
Cette responsabilité, Messieurs les bourgmestre et échevins
consentent-ils à l’assumer?
Nous serions heureux d'avoir leur avis sur cette question. Ce
serait pour le coup que nous pourrions ajouter quelque créance
aux déclarations relatives à la valeur et au mérite des employés,
déclarations qu’il est d’usage de faire chaque fois qu’un service
public quelconque est mis en cause, directement ou indirecte-
ment.
C’est l’éternelle histoire de la casse et du séné. Ernal.
LES INCENDIES DE THEATRES.
M. Ed. Bonnet architecte à Charleroi, est l’auteur d’un
petit mémoire sur les incendies de théâtre, mémoire publié il
y a déjà quelques mois et que nous signalons à tous ceux qui
s’occupent de la construction de ces édifices.
L’on n’a certes pas oublié l’émotion produite par l’épouvan-
table sinistre du Ring-Theater de Vienne qui fit un nombre si
considérable de victimes. Immédiatement des mesures furent
prises un peu partout et surtout en Belgique afin d’éviter le
retour de semblables catastrophes. Bien des idées furent émises
à cette occasion, bien des projets virent le jour, et malgré cela
nous constatons que pendant l’année 1883, 29 théâtres, dont
9 en Amérique, furent réduits en cendres.
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Comme M. Bonnet le dit avec juste raison, dans ces
sinistres, la plupart des victimes périssent asphyxiées par la
fumée qui se dégage en abondance. Généralement le feu se dé-
clare sur la scène au milieu de produits non seulement très inflam-
mables mais dégageant une grande quantité de gaz délétères.
Ces gaz envahissent la salle avec une rapidité foudroyante,
anêtent la fouie affolée dans sa fuite et de plus empêchent les
sauveteurs de pénétrer dans la salle afin de venir en aide aux
malheureux incendiés. Il semble donc tout naturel de recher-
cher un moyen rapide, automatique de se débarrasser de celte
grande quantité de fumée.
M. Ed. Bonnet propose donc « d’ouvrir par un moyen méca-
« nique, instantanément et sans dépense de force, le plafond
« de la scène ordinairement p'us élevé que celui de la salle. »
L auteur dont nous parlonsdécrit avecdétails le fonctionnement
de son toit roulant,s’ouvrant en deux parties et laissant béante
au-dessus de la scène du théâtre de la Monnaie, qu’il cite comme
exemple, une ouverture égale au plafond de la salle. Il ne peut
être douteux à notre avis, qu’il ne seforme immédiatementpar
celte \aste issue un courant suffisamment puissantpour entraî-
ner la fumée et empêcher son irruption dans la salle.
Nous engageons donc vivement tous ceux qui à des litres
divers s’occupent de la construction des théâtres ou ont à cœur
la sécurité des spectateurs d’examiner avec attention le système
ingénieux et bien simple préconisé par notre confrère.
ŒUVRES PUBLIÉES
PL 33. — Projet de restauration du baptistère de l’église
de Malonne.
C’est dans cette partie de la vallée de la Sambre si pitto-
tesque, qui va de Charleroi à Namur, à une petite lieue de cette
ville et a environ trois kilomètres de la rivière, que se trouve
le petit village de Malonne, caché en quelque sorte dans un
repli de la colline.
> G’est dans ce superbe site que, croit-on, saint Bertuin, parti
d’Irlande pour convertir les peuples des Pays-Bas, s’arrêta vers
651 et fonda l’abbaye de Malogne (orthographe du xvff siècle).
Cette oi Biographe paraît devoir justifier l’étymologie : Malè
ogganirè d’où, par corruption Malogne (i).
Quoi qu il en soit, l’abaye prit rapidement un développement
(1) « Maté ogganirè » aurait pour équivalent en français « crier des
méchancetés, injurier » et, dans le cas qui nous occupe, indiquerait que
les habitants de ces contrées, les Attuatiques. auraient très mal reçu les
prédications de ce brave moine irlandais qui leur apportait ce qu’on
veut bien encore appeler « la parole de la vérité ».
considérable et ce doit être vers le commencement du xvie siè-
cle que fut construite l’église démolie pour être reconstruite
au xvn' siècle, vers -1688, très vraisemblablement sous la
direction de l’architecte qui construisit, en 1683, l’église Saint-
Loup, à Namur.
L’église à laquelle appartenaient les fragments retrouvés un
peu partout dans la localité et dans l’église actuelle, nous
paraît avoir élé construite vers 1525.
La partie milieu de l’ensemble que nous publions est
une porte en bots de chêne, dont la partie inférieure est
otnée de panneaux sculptés donnant l’un les armoiries de
Charles-Quint avec sa fière devise; l’autre, celle d’Erard
de la Marck, évêque de Liège, qui était le plus intraitable
ennemi de la maison d Autriche. Charles-Quint le gagna à sa
cause en le faisant nommer cardinal (1521). L’empereur remit
lui-même les insignes cardinalices à Erard de la. Marck, le
22 janvier 1522, en l’église Saint-Aubin, à Namur.
Erard de la Marck, prince-évêque de Liège, dont l’abbaye
de Malogne dépendait pour le spirituel comme pour le tempo-
rel, était l’un des princes les plus riches du pays. Il était le
frère du seigneur de Sedan, et l’on sait combien richement
était doté l’évêché de Liège.
En 1877, la Commission des monuments ayant appris que
des démarches étaient faites par un riche marchmd de vin de
la Champagne, pour acheter ces fragments qu’il voulait faire
placei dans la charmante église de Brou, la Commission, pré-
venue par la Société d archéologie de Namur, empêcha cette
cession.
C’est à ce moment qu’elle ordonna de relever ces fragments
et qu’elle fit faire le projet de clôture du baptistère.
Tous les fragments retrouvés portent les traces d’une riche
décoration polychrome.
NÉCROLOGIE
La Société Centrale d’Architecture vient de perdre un de ses
membres protecteurs.
M. Alphonse Van'enpeereboom, Ministre d’État, ancien Mi-
nistre de l’Intérieur est mort à Bruxelles le 10 octobre 1884.
Les funérailles ont eu lieu à Ypres, sa ville natale, le lundi
13 octobre; une nombreuse députation de la Société avait
assisté la veille à la translation du corps sur lequel elle avait
déposé une couronne de violettes comme modeste hommage à
l’homme de cœur qui nous avait toujours montré une sincère
sympathie.
M. Vandenpeereboom était membre de l’Académie de Belgi-
que et dé plusieurs autres sociétés et corps savants; il a écrit
divers ouvrages, son histoire de la ville d’Ypres intitulée:
Ypriana, est hautement appréciée dans le monde littéraire et
artistique.
BIBLIOGRAPHIE
Il sera rendu compte dans le corps du journal de tout ouvrage dont
deux exemplaires seront envoyés à l’Administration du Journal, Boule-
vard du Hainaut, 139, Bruxelles.
La lrc livraison des Vestiges de notre art national, publiés
sous le patronage de la Société Centrale d'Architecture, vient
de paraître. Elle se compose de six planches, savoir :
PL 1. Presse à linge, avec incrustations de diverses cou-
leurs.
PI. 2. Maison rue Sainte-Catherine, à Garni.
PL 3. Hôtel rue des Champs, à Gand.
PI. 4. Maisons, rue Haute, à Gand.
PI. 5. Tour de la Chapelle du Pensionnat, nommé le Nou-
veau Bois, à Gand.
PI. 6. Panneaux de retable (église Saint-Denis, à Liège).
La livraison contient en outre deux pages de texte, donnant
quelques renseignements intéressants sur les œuvres formant
le sujet de chaque planche, sur leur origine, la date probable
de leur exécution, etc.
Ainsi piésentée, cette publication nous paraît de nature à
rendre de véritables services à tous nos confrères et à tous les
artistes.
FAITS DIVERS
On a inauguré récemment àAnvers un vrai monument heureu-
sement conçu et minutieusement étudié: c’est le nouvel hôpital
construit par nos excellents confrères MM. Bilmeyer et Van Riel
On a inauguré également àAnvers une construction d’un tout
autre genre exécutée par M. Dens, ex-architecte communal.
France. - Les travaux du château de Pierrefonds, confiés !
a la diiection de M. Juste Lich, avancent rapidement, et tout
fait espéier que 1 année prochaine ce magnifique château sera
complètement restauré. M. Lich a succédé à M. Ouradou,
gendre de Viollet-ie-Duc.
La Société Archéologique de France, présidée par M. Pa-
lustie, le savant successeur de M. Gaumont, vient de tenir son
51 congrès annuel, auquel de nombreux archéologues de
France, d Angleterre et de Belgique ont assisté.
Les savants archéologues ont examiné, dans le département I
de lAiiège, I église de Birofoix, les châteaux de Lagarde, de
Sadanes, et particulièrement le célèbre château des comtes
de Foix, dont la superbe tour ronde a été élevée au xve siècle
par la reine de Navarre Catherine, bisaïeule de Henri IV. |