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N" 2.
ANVERS, MERCREDI 16 DÉCEMBRE 1835.
NATVER c,
PREMIÈRE ANNÉE.
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rcT?.iT£.ia Foiarsigirs, commeb.clll, ?.:?:io st littéb.jlib.s.
FAIX.
L1BIHTÉ.
PROGRÈS.
METEOROLOGIE.
Thermomètre R.
Baromètre,
Pleine mer, 1 lj2h. de Top.-midi.
Lever du soleil, 7 h. 44. m.n
Lever de la lune, 8 h. 50 m. sj
P. L. le 5 à 5 h. 45 m. matin.
N. L. le 19, à 9 h. 23 ni. soir.
Vents Sud.
État du ciel
Basse mer, 7 112 h. du soir.
Coucher du soleil, 4 h. 1 m.
Coucher de la lune,11 h. 47 m.
1). Q. le 13, à 4 h. 55 m. matin.
P. Q. le 20, à 7 h. 45 m. soir.
ON S’ABONNE
A Anversy au bureau du Précurseur y rue Aigre, No 32G, où se
trouve une boîte aux lettres et où doivent s’adresser tous les avis.
En Belgique et à Vétrangery chez les directeurs des postes.
La quatrième page consacrée aux annonces, est affichée à la
bourse d’Anvers, et à la bourse des principales villes de commerce.
Le prix des annonces est de 25 centimes par ligne d’impression ;
Un soin tout particulier sera porté à les rendre exactes, claires et
tèrs-visibles.
Portes de Ville.
Ouverture: 6 heures du matin. - Fermeture 9 du soir.
PRIX DE L’ABONNEMENT.
Pour Anvers.
A l’année................fr. 60
Par semestre..............* 30
Par trimestre.............» 15
Pour la Belgique.
A l’année................fr. 72
Par semestre...........» 36
Par trimestre..........» 18
Pour l’étranger 20 francs.
Le Journal parait tous les Jours , et porte la date du
Jour de sa publication.
16 Décembre.
DES CHEMINS DE FER.
Nous recevons à l’instant le rapport de la Chambre de
Commerce de Lille sur l’enquête de l’avant projet du chemin
de fer de Paris à Lille avec embranchement sur Valencien-
nes. Comme la question des chemins de fer occupe en ce mo-
ment tous les esprits en Belgique et eu France, nous donnons
ici le résumé de l’avis de cette Chambre de Commerce en le
lésant suivre de quelques petites réflexions; cetlle chambre
est d'avis :
1°. Que la construction du chemin de fer de Paris à Lille
est d’utilité publique;
2°. Que le tracé de l’avant projet qui passe à St.-Quentin,
est plus conforme aux intérêts du pays et présente des
chances plus favorables pour l’entreprise elle-même que celui
qui passe à Amiens;
3°. Qu’il y a convenance et utilité de modifier la direction
projetée de la ligne principale en la fesant passer de Saul-
chy-Cauchy à Hénin Liétard par Douai;
4». Qu’ii est nécessaire pour l’arrivée à Lille de détermi-
ner un point plus convenable, où la ligne projetée puisse fa-
cilement se lier aux divers embranehememts destinés à met-
tre cetteville en communication avec les ports de la Manche
et avec la Belgique;
5°. Enfin que des intérêts puissants et le succès futur de
l’entreprise exigent que l'embranchement projeté sur Calais,
Boulogne et Dunkerque se détache de la ligne principale
à Lille et non à Henin-Liétard, comme l’indique l’avant pro-
jet soumis à l'enquête,
Il est inutile de repéter ici ce qui a été dit dans ce rapport
concernant l’utitité des chemins de fer, ce point là n’est plus
contesté, ou s’il l’est encore par quelques personnes isolées,
c'est qu'elles ont pour cela un intérêt personnel ou des pré-
ventions indestructibles.
Nous comprenons la seconde résolution de la chambre de
Commerce de Lille qui préfère le tracé qui passe à S. Quen-
tin à celui qui passe à Amiens, quoique cela rende le trajet
feuilleton du précurseur.
X.A QUENOUILLE X»E FER
HISTOIRE DU VIEUX TEMPS.
J’aime les antiques et mystérieuses chroniques qui répandues dans
le peuple on ne sait depuis quand ni comment, sont venues jusqu’à
nous, naïves et jeunes malgré leur vieillesse, comme ces étoiles scin-
tillantes qui brillent dans la profondeur de la nuit, et dont la distance
est incalculable. Il y a quelque chose de saint dans ces croyances. Ido-
latrie chrétienne, qui vivent encore intactes lorsque le vieux culte au
sein duquel elles naquirent est démantelé de tous côtés par \e positi-
visme de notre siècle calculateur où l’on s’occupe trop de la vie présente
pour avoir le temps de songer à la vie avenir. A les voir encore debout
et entières dans la mémoire de quelques hommes ne dirait-on pas ces
vieilles statues des dieux de la Grèce et de Rome que nous adorons
encore dans nos musées maintenant qu’elles n’ont plus ni temples ni
autels?
Je suis ému lorsque j’entends un vieillard à cheveux blancs raconter
une des ces traditions que lui raconta son père pour la léguer à.ses
enfans comme ses pères la lui avaient légué. Maintenant la société est
bien vieille, bien cassée, bien édentée, bien chauve, et lorsqu’au
milieu de toutes ces ruines, de tous ces débris, de toutes ces infirmités,
une voix s’élève qui me parle d’autres fois, je suis heureux ! Il me sem-
ble que j’entends une vieille femme tombée en enfance me chanter les
airs de sa jeunesse, les airs que ses amans venaient chanter, les nuits,
sous son balcon. Oh ! ne trouvez vous pas aussi que lorsqu’une vieille
femme parle de ses amours passées, son sourire est plein de douceur et
de jeunesse, quoique sa bouche n’ait plus de dents ?
C’est surtout lorsque ces traditions se rattachent à quelque vieux
monument, à quelque ruines vénérables, qu’elles ont un charme in-
vinsible pour moi. Je vais m’asseoir auprès de ce débris échappé au
temps et à l’homme, et mon imagination évoquant du fond de leur
passé les personnages qui jadis habitèrent ces lieux, les fait revivre
autour de moi. Alors, pour moi, se joute un mystère surnaturel, un
drame saisissant et passionné, dans lequel je prends moi-même un
rôle ne pouvant me résigner à n’être que spectateur.
II y a quelques jours, dans^unede mes promenades aux environs de
Paris, j’ai découvert un fragment curieux d’architecture gothique, et
une légende attachée à ce fragment* Je vais vous dire la légende , et
tacher de vous décrire l’architecture.
C’est à Nanterre. Nanterre ! Ce nom a toujours réveillé en moi un
écho. Chaque fois que je l’ai entendu prononcer, j’ai vu s’élever la
un peu plus long et les dépenses un peu plus fortes ; elle a
considéré sans doute que l’on devait faire entrer pour beau-
coup dans l’acceptation de tel ou tel projet la direction la
plus productive, et la plus avantageuse au pays et non pas
exclusivement la plus courte. Or en envisageant les choses
sous ce point de vue , il n’est pas douteux que le tracé par St.
Quentin doit avoir la préférence, puisque celui par Amiens
ne rencontrerait sur sa route en fait de ville industrieuse que
Clermont qui ne peut lutter sous le rapport de l’importance
commerciale avec S. Quentin. De plus la voie de S. Quentin
se trouverait en communication avec les canaux Crozat et
Manicamp, les manufactures de XAisne cellesde glaces de S.
Gobain etc. enfin il offre Tellement une communication plus
directe que celui d’Amiens, en pénétrant dans le nord, avec
Cambrai, Valenciennes et Bruxelles.
Nous ne nous occuperons pas des autres décisions de la
Chambre de Commerce de Ldle, parce quelles nous parais-
sent peu importantes pour la Belgique ; mais nous devons
avouer cependant que cette chambre a encore raison lors-
qu’elle demande la modification du parcours de la ligne
principale en la faisant passer de Saulchy-Cauchy à Hénin-
Liétard par Douai, ville importante aussi, que le premier
projet avait en quelque sorte oubliée sur la route.
— Ce qui arrive toujours dans le cas où des nauffrages
ont lieu sur nos côtes vient encore de se représenter «à propos
de la vente du navire les deux Frères, capitaine Frappaz,
échoué dans l’Escaut à son retour de Buenos-Ayres. Dix-huit
personnes étaient présentes à l’adjudication qui en a été faite
îe 11 courant, mais une seule mettait à prix, d’accord avec les
autres, pour se partager ensuite en commun le produit de leur
acquisition. Cette coalition peut seule faire comprendre c om-
ment un navirede200 tonneaux, ayant été reconstruit à neuf
dans une relâche faite il y a six mois en Angleterre, a pù
être adjugé pour fr. 2571. Le cuivre seul valait fr. 6000. Si
nous ajoutons à cette valeur celle des manœuvres dormantes
d’une ancre, d’un cable, etc. on verra combien les intérêts
des propriétaires ou assureurs ont été lôzés en cette circon-
stance.
L’abus que nous signalons aujourd’hui et qui se renou-
vellera peut-être encore tient surtout aux difficultés que l’on
blanche et lumineuse figure de Geneviève, naïve, chaste, élancée, un
peu raide et pourtant gracieuse, comme les plus suaves miniatures des
vieux manuscrits ou comme les vierges pudiques de Lucas de Leyde.
Allez à Nanterre ; en face de l’église il y a une rue ; au bout de la
rue, la campagne ; devant vous, un sentier en pente descend à travers
des prairies, suivez le, après une demie heure de marche vous rencon-
trerez une ferme, une jolie ferme avec une porte peinte en vert;
quittez le sentier et longez le mur d’enceinte de la cour ; vous voici
arrivé au côté qui regarde l’orient, en face d’une seconde porte, une
porte de palais puis une cour de ferme ! c’est ici 1
Aux deux côtés de la porte s’élancent deux faisceaux de colonnettes
sveltes et élégantes, réunies par deux chapiteaux qui supportent un
cordon de feuilles et d’oiseaux sculptés, formant le cintre les chapi-
teaux représentant deux groupes de moines et d’animaux grotesquément
entrelacés, et sont surmontés de deux aiguilles fines et à jour qui s’élè-
vent plus haut que le centre au dessus de la porte, dans une niche
d’un travail admirable, un cheval richement caparaçonné se cabre sous
un cavalier que le temps a détruit. Plus bas, au milieu du cintre,
sont suspendues des armoiries à moitié brisées, et ne laissant plus dé-
chiffrer leurs emblèmes effacés, desquels il ne reste que deux quenouil-
les en sautoir dans un coin de l’écusson , et la couronne du comte qui
le domine. Tout cela est brodé d’une infinité d’ornemens d’une délica-
tesse et d’une hardiesse inconcevables ; c’est un chef-d’œuvre enchâssé
dans cette muraille de ferme comme un Chaton précieux dans un an-
neau de cuivre.
Cette porte est de l’architecture du 13c siècle. Quand à la légende
elle n’a point de date la voici :
Gillette Gaucher était une jeune fille de Nanterre comme Geneviève,
Gilette était bonne et pure, comme Geneviève aussi elle était belle,
bien belle, malheureusement pour elle elle le savait trop peut-être.
Souvent Gillette avait passé de longues heures à regarder dans l’eau
d’un ruisseau sa figure blanche et noble comme celle d’une châtelaine;
souvent elle avait déployé avec orgueil les longues tresses de ses che-
veux blonds et soyeux ; souvent elle avait admiré la petitesse et la
forme exquise de ses pieds et de ses mains, la finesse et l’élégance de
sa taille souple et gracieuse, et alors elle soupirait de n’être vêtue que
de simple camelot de laine, tandis que .’or et les pierreries ruisselaient
sur les robes de Brocard de la veille dame d’Assoucy, lorsque, suivie
de pages et de valets nombreux, elle venait à l’église de Nanterre s’age-
nouiller sur un somptueux coussin de velours.
Pauvre Gillette, elle ignorait que lorsque le cœur de la femme s’ou-
vre ainsi à la vanité et à l’orgueil, son ennemi le serpent veille et
rode autour d’elle.
éprouve pour se rendre sur le territoire hollandais, c’est en
fait de naufrage et de sauvetage surtout que le temps est pré-
cieux; ce qui ne serait qu’une avarie devient une perte totale
lorsque les intéressés ne peuvent surveiller eux-mêmes de
semblables affaires.
Quand donc les Gouvernements comprendront-ils que les
entraves mises à la libre circulation sont préjudiciables aux
intérêts généraux et que la concurrence qui estl’ùme du com-
merce exige impérieusement qu’on lui rende une liberté qui
ne peut qu être avantageuse à tous.
ESPAGNE.
Le gouvernement espagnol vient de prendre une mesure
importante que nous nous empressons de porter a la con-
naissance du commerce.
DÉCRET ROYAL.
1° Toutes les marchandises et tous les effets étrangers
qui se présenteront aux postes des douanes de la frontière
de mer devront être accompagnés d’une déclaration.
2° Dans ces déclarations particulières , il sera fait men-
tion de la quantité , de la qualité et du poids des marchan-
dises ou des effets contenus dans chaque ballot.
3° Les commissionnaires et les chargeurs présenteront
ces déclarations aux consuls et vice-consuls de S. M. dans
les pays étrangers , qui en justifieront.
4° Les consuls et vice-consuls dresseront un état général
de tous les manifestes partiels appartenant au chargement
de chaque navire. Cet état, scellé et fermé, sera donné
au capitaine du navire, pour être remis à l’administrateur
des douanes du port où le navire doit se rendre.
5° Les consuls et vice-consuls percevront 5 francs par
chaque certificat qu’ils délivront.
6° Ces dispositions sont executoires à un mois de distance
pour les navires arrivant des ports étrangers, depuis
Bayonne jusqu a Marseille, et depuis Port-Vendrcs jusqu a
Marseille ; elles le sont «à un mois et demi pour les autres
ports de France et d’Italie , à deux mois et demi pour les
ports d’Angleterre et à quat/e mois pour ceux d’Amérique.
Au Pardo , le 28 novembre 1835.
On écrit de Saint-Sébastien, le 6 décembre :
Cinq bataillons carlistes coupent nos communications par
terre ; ils sont postés à une portée de fusil de la place.
Un jour, assise au pied d’un arbre, elle regardait tristement paitre
son troupeau : Ah ! se disait-elle , que me sert d’être belle pour garder
des moutons ? Ne serais-je pas plus heureuse d’être faite comme les
autres paysannes? Oh ! Que je voudrais devenir laide , ou devenir riche
et noble! Comme elle parlait, un moine d’une haute taille, se trouva
debout devant elle, elle eut peur, car elle ne l’avait pas vu venir.
— Ne crains rien, dit le moine, je viens exaucer ton vœu ; tu pourras
devenir laide ou devenir riche et noble! — Comment cela? s’écria
Gillette dont la curiosité fit taire la peur.—Prends cet anneau, reprit
le moine en le lui mettant au doigt sans attendre sa réponse, avec cet
anneau, tu peut avoir ce que tu désireras , tu n’as qu’à prononcer les
paroles inintelligibles pour toi gravées autour, et ton désir sera accom-
pli. En disant ces mots il disparut, laissant Gillette épouvantée de son
apparition.
Cependant l’anneau était resté à son doigt, elle hésita long-temps à
le garder. D’abord elle voulut le jetter loin d’elle, mais elle était cu-
rieuse, au don de cet anneau , le moine mystérieux 11’avait attaché
aucune condition d’ailleurs était elle forcée de s’en servir pour le gar-
der?... Enfin elle le garda.
Depuis huit jours le fatal anneau est au doigt de Gillette, et déjà
Gilette n’est plus la même ; autrefois ses compagnes l’aimaient, car
elle était bonneet savait se faire pardonner la beauté, maintenant
toutes l’accusent d’être devenue fière et hautaine et toutes la fuient,
elle ne s’est cependant pas encore servie de son talisman . mais elle est
devenue rêveuse et distraite, quand on lui parle elle n’entend pas et
ne répond pas ; les plaisirs qu’elle aimait autrefois, elle les méprise
maintenant, car elle sait qu’elle n’a qu’à vouloir pour jouir de tous les
les plaisirs de la terre ; ses compagnes la fuient elle ne s’en apperçoit
même pas , son anneau seul occupe toutes ses pensées, elle brûle d’es-
sayer sa puissance, mais une voix secrète lui dit qu’elle fera mal et la
retient ; elle lutte contre ses désirs, mais chaque jour scs forces dimi-
nuent, chaque jour elle est fascinée de plus en plus par la force mys-
térieuse de son anneau.
Un soir elle était retirée dans la petite chambre , assise sur un esca-
beau , elle considérait son anneau et songeait ; tout à coup ses cheveux
se déroulèrent et inondèrent son cou et scs épaules de leurs flots do
soie : comme mes cheveux sont beaux! s’écria-t-elle involontairement;
puis elle pensa : si je voulais, je pourrais me coiffer d’un beau chaperon
de Velours couronné d’une couronne de comtesse! Oh! que je serais
belle! Que je voudrait donc me voir ainsi ! et machiralement, elle lut
les toutes-puissantes paroles de l’anneau.
La suite « demain. |