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US PKIXUtSELK , Jeudi G Jauvfer t»4S,
— Le conseil supérieur du commerce, qu’il n» faut pas confondre
avec le conseil général du commerce actuellement en session, sera con-
roqué très incessamment pourdonnerson opinion sur lesqueslions des
sucres.
— MM. Arzac, Gasc et Roaldès se sont pourvus en cassation contre
l’arrêt de la cour royale de Pau qui confirme le jugement rendu contre
lui par le tribunal de police correclionelle.
— Nous apprenons de source certaine que M. le vicomte de Léautaud
vient de faire vendre les diamants restés au tribunal de Tulle, pour le
prix en être distribué entre les pauvres de Tulle et du Glandier.
— mur11s de i.a boerse.— La majorité obtenue hier par le minis-
tère dans la commission de l’adresse a produiL un effet favorable sur les
«ours de notre bourse. Le 5 p. c. assez faible hier à la clôture au cours
de 78-35 en liquidation de janvier, s’est élevé à 78-55 demandé, pour
fléchir ensuite à 78-45, cours de fermeture; c’est donc une différence de
iO centimes en mieux sur hier.
Le 5 p. c. est toujours ferme fin courant à 117-30. Il en est de même de
l'actif qui s’est maintenu constamment au cours de 20, malgré le refroi-
dissement qui s’est opéré chez plusieurs porteurs, lorsqu'ils ont appris
que les intéréts des intéréts capitalisés ne seraient payés que vers le
mois de juillet prochain; ce qui maintient la hausse de celle valeur, ce
sont les achats faits par diverses compagnies étrangères pour payer les
acquisitions de domaines nationaux en Espagne.
.Si les nouvelles données par les dernières lellresd’Kspagne sont exac-
tes, le gouvernement espagnol est sur le point de publier un tableau de
toutes les acquisitions faites et du nombre découpons de rentes rentrés
au trésor.On dit que les valeursannulées sontassez considérables pour
produire un mouvement de hausse très prononcé lorsque le chiffre sera
«onnu.
La commission de l’adresse, nommée hier, s’est réunie aujourd'hui
à onze heures, au palais de Bourbon, sous la présidence de M. Sauzet,
président-né, aux termes du réglement de la chambre, et n’a levé la
séancequ'à 4 heures.
La discussion générale s'est engagée sur toutes les questions de po-
litique intérieure et extérieure que renferme le discours de la couron-
ne. M. Hipp. Passya parlé sur le paragraphe relatif à la question d O-
rient.
La France n’a rien perdu,a-t-ildit,deson influence à l'extérieur.Avec
une politique ferme et résolue la France est en mesure de peser suffisam-
ment dans la balance de l'Europe. MM. Dupin, Muret de Bord ont parlé
sur la politique intérieure. MM. Lacave-Laplagne . Benjamin Delessert
et Bignon ont successivement pris la parole soi- toutes les autres ques-
tions. La commission a paru unanime sur l'ensemble du projet.
Elle avait décidé qu’elle se réunirait demain à 11 heures et qu’elle en-
tendrait successivement M. le président du conseil et M.le ministre des
affaires étrangèressnr les questions extérieures.
Elle entendra les jours suivants MM. les ministres de l’intérieur, des
finances et leurs collègues.
Elle pense qu’ellepourra nommer vendredi prochain son rapporteur.
M. Dumon (de Lot-et Garonne) l’un des esprits les plus sages et les plus
«onsidérables de la chambre, réunira, dit-on, la grande majorité des
suffrages.
La commission veut terminer son travail celte semaine, de manière
à ce que le projet d’adresse puisse être lu lundi prochain au sein de la
«ommission, et mardi en séance publique.
La discussion commencerait ainsi à la chambre le 14 de ce mois.
(Correspondance)
Tandis que nous en sommes encore à espérer la création de quelque»
lignes de chemins de fer, eL que nous ne savons ni quelle direction leur
sera donnée, ni quels en seront les propriétaires, le gouvernement au-
trichien marche droit au but, dote ses populations de ce qui nous man-
que, et résout les grandes questions sur lesquelles nous sommes arrêtés
depuis si long-temps. On écrit de Vienne, sous la date du 23 décembre,
ue l’empereur vient de déclarer chemins de fer de l’état les roules qui,
e la capitale autrichienne, conduiront à Trieste, en Bavière par Luiz,
à Dresde par Olmutz et Prague, et enfin la ligne qui, traversant le
royaume lombard-vénitien, unira Milan à Venise. On espère, ajoute-t-on,
que, par la suite, une autre ligne faisant partie de la même catégorie
sera construite à travers la Hongrie et la Gallicie, et qu’ainsi des com-
munications à grande vitesse seront établies entre la capitale et les ex-
trêmes frontières de la monarshie, dans les cinq directions principales.
L'exemple donné par l’Autriche sera-t-il donc < nfui suivi chez nous?
8e décidera-t-on, après tant de funestes délais, à voter un système de
rail-waysqui rayonneautour du centre de la France, et à proclamer les
principes qui doivent présider à leur construction ? Il est temps que
nous sortions enfin de notre Verbeuse apathie, puisque les gouverne-
ments que nous regardonscomme les plus arriérés prennent eux-mêmes
l’avance sur nous. Il y a onze ans que l’on parle d’intérêts matériels.
Qu'on satisfasse donc ces intérêts, sans quoi les moyens de circulation
s'établissant partout autour de nous, sans nous pénétrer, nous nous
trouverons bientôt isolés dans un coin de l’Europe, comme l'Espagne
sous les successeurs de Philippe V.
Physionomie de 1» presse française.
Le compte-rendu de ce qui s’est passé dans les divers bureaux de la
•hambre pour l’élection des membres de la commission chargée de ré-
diger un projet d’adresse, occupe aujourd’hui une partie notable des
colonnes de la plupart des journaux de la capitale, qui dans les courtes
réflexions qu’ils y ajoutent s'accordent généralement à dire que cette
commission est composée presqu’entièrement de députés qui acceptent
les inspirations du cabinet. Pendant que les journaux ministériels se
félicitent de ce résultat les organes de l’opposition gourmandenl les
hommes de leur parti de leur inexactitude à se rendre à ces premières
séances. Quelques-uns de ces derniers s’occupent aussi du message du
président des Etats-Unis pour donner toute leur approbation à ces pa-
roles inspirées par la fierté nationale pour ce qui concerne le droit de
visite.
Le CONSTITUTIONNEL parle longuement de ce message, parce que,
dit-il, on a une fausse opinion des institutions de ce pays, attendu qu’elle
est formée sur les récits intéressés des voyageurs et des écrivains de
l’Angleterre, qui voit d’un œil jaloux l'accroissement de forces et l’état
prospère de l'Union.
11 s’attache à démontrer que ce pays est le seul où le système repré-
•entalif est suivi avec le plus de vérité, et après avoir reproduit les pas-
sages du message qui ont rapport à la .traite des noirs et au droit de
Visite, il fait un triste rapprochement entre le langage plein de fierté du
président et la concession récente que la France a faite récemment à ce
sujetaux instances de l’Angleterre.
Le TEMPS, tout en avouant le choix que la commission de l’adresse
est favorable au ministère, engage le cabinet à ne pas trop de presser,
de crainte d’un mécompte, de proclamer que sa politique réunit l’as-
sentiment général, attendu que, selon lui, les commissaires n’approu-
vent pas également tous les actes qui ont signalé la conduite du cabi-
net du 29 octobre.
Ce journal, à propos du discours du jour de l’an, demande s’il n'est pas
alarmant de voir dans le pouvoir des sentiments d'irritation le jour mê-
me qu'il est consacré par nos mœurs à la réconciliation universelle. —
La presse, ajoute-t-il, a-t-elle lien de se rassurer quand le pouvoir donne
des encouragements à ceux qui la mettent en péril.
Le NATIONAL déclare que l’absence des députés porte ses fruits, et
que c’est à cette absence qu'il faut attribuer la composition de la com-
mission de l’adresse,qui ne renferme pas un seul nom du centre gauche
ou de la gauche.
Ce journal se récrie ensuite sur la cruauté de laisser Quénisset et ses
complices dans une si longue attente du sort qu’on leur réserve.
Il y a aujourd’hui douze jours,dit-il,que l’arrêt qui condamnait à mort
Colombier, Quénissetet Just a été prononcé. Depuisce temps, le minis-
tère ne s’est pas occupéde ces trois malheureux, qui peuvent ainsi s’at-
tendre A tout instant à étreappelés pour monter sur l’échafaud. Ce long
supplice n'est écrit ni dans nos lois, ni encore bien moins dans nos mœurs.
Sans doute, on a voulu profiter de la terreur que lu mort inspire pour
obtenir quelques révélations des condamnés. Il est plus que temps que
cette torture finisse. L’humanité, la morale publique et les lois crimi-
nelles le commandent également.
Le COMMERCE trouve que le triste débat qui a eu lieu dans les bu-
reaux fait ressortir de plus en plus l'urgente nécessité d’une réforme
parlementaire.
BEIiGSOUE.
Brcxei.i.es, 6 janvier.— Le roi a reçu la lettre par laquelle S. A. S. le
prince souverain d’Anhalt-Kœthen notifie à S. M. le décès de son frère
ie prince Louis d’Anhalt-Kœthen, prince de Priss-Libden.
A cette occasion, le roi prendra le deuil pour cinq jours, à partir de
jeudi, G de ce mois. (Moniteur )
— Mgr. Fornari. internonce papal à Bruxelles, vient d’être promu à la
dignité d’archevêque de Nizza, in partibu« infidelium.
— EXi.ÉvÉHEST de PREMIÈRE ci.ASSE. —Il n’est bruit dans toute la cité
que d’un enlèvement magnifique d’une jeune, belle et riche héritière,
belle-sœur d’un de nos ministres, par le neveu de l'évêque deGand, à la
sortie du premier bal de la Cour.
Quatre voitures à 4 chevaux, contenant chacune un jeunecouplevêlu
de même, étant parties A la même heure, dans quatre directions diffé-
rentes, il a été impossible de se mettre à leur poursuite.
Les jeunes fiancés sont arrivés à Londres où leurs bans étaient publiés
depuis 13 jours, et ils ont été bien et dûment mariés au débotté. On les
attend demain à Bruxelles où ils viendront faire leurs visites de noces
et du nouvel an, et monter une bonne maison de plus. (Fanal.)
— Au I" janvier 1842, la population de la maison de réclusion était de
794 individus, dont 345 civils, et 393 militaires condamnés à la brouette
et 50 à des peines correctionnelles.
A la même époque, la maison de sùrelé civile et militaire des Petits-
Carmes avait 218 détenus civils et 75 militaires.
La population du dépôt provincial de mendicité de la Cambre conte-
nait 1,G22 individus.
La cour d’appel de Bruxelles (D* chambre) s’est occupée aujourd’hui
de l’affaire du ministère public appelant contre la décision du conseil
de discipline de l'ordre des avocats du bureau de cette ville.
Les intimés ont fait défaut.
Quinze témoins ont éléentendus; ce sont MM. Bernard Mathieu, l’un
des deux accusés qui ont comparu dernièrement devant les assises; Ne-
lis, associé du précédent; Blaes-Dedoncker, receveur de contributions;
Van tlumbeék, banquier à Bruxelles; Lebon, avocatà Nivelles; le di-
recteur de la Banque de Belgique; le conseiller Pery qui avait siégé
comme président des assises lors de l’appel de l’affaire Mathieu; le con-
seiller Van den F.ynde et le substitut du procureur-général Cloquette,
qui avaient également siégé aux assises du Brabant; le directeur de la
prison des Petits-Carmes, le maréchal-dés logis de la gendarmerie et
un gendarme qui avaient été de service à la cour d’assises le jour de la
remise de l’affaire Mathieu à une prochaine session.
Après l’audition de ces témoins, la séance a été suspendue pendant
une demi-heure. La cour est composée de M. Espital, président de
chambre, Delahault, Delannoy, Bosquet et de Fierlant.
A la reprise de l’audience, M. l’avocat-général d’Anéthan a prononcé
son réquisitoire. Il a conclu à l’application aux intimés des mesures
disciplinaires, comminées par le décret impérial du 14 décembre 1800.
La cour prononcera son arrêt dans une prochaine audience.
On a remarqué que plusieurs membres du barreau prenaient des no-
tes pendant l’enquête.
AJVVKK», « JAMVIEB.
Voici les causes portées jusqu’ici sur le rôle, pour être jugées devant
les prochaines assises :
Laureys, Henri, complicité de vol, affaire remise.
Van Thuyn, Regine, vol.
Selleslags, Michael, incendie.
Pulinckx, Auguste, coups et blessures sur sa mère légitime.
Perie. Albert, vol domestique.
Vanderdonck, Jean, tentative de meurtre.
— On lit dans le Journal des Flandres :
M. le substitut du procureur du roi, Berghmans, a donné hier matin
son avis dans la cause de l’état belge contre M. l’avocat Souter. Il a con-
clu à la non-recevabilité de l’état, à défaut d’indemnité préalable, en se
fondant sur ce que la défense de bâtir constitue une servitude, un dé-
membrement de la propriété, portant une expropriation qui, comme
tout autre, ne constitue, dans le chef de l’état, un droit qu’après l’ac-
complissement des formalités légales. Le tribunal prononcera à hui-
taine.
— Un journal allemand assure que les difficultés de l’éternelle affaire
de Cologne ne sont pas encore tout-5-fait aplanies , et qu’il reste i
vaincre l’opposition du chapitre, et celle de Mgr. Drosde lui-méine, sur
un point essentiel. Ce point est celui relatif au droit de succéder au
siège archiépiscopal, droit dont Mgr. de Geissel a fait une condition
sine quâ non, de son acceptation de la dignité de coadjuteur, et que re-
fusent de lui reconnaître et le chapitre et l’archevêque lui-même.
— Par arrêté royal du 4 janvier 1842, le baron Nicolas-Lambert-Char-
les-Ferdinand de Stockhem, domicilié à Verlaine, est nommé juge-sup-
pléant près la justice de paix du canton de Bodegnée, arrondissement
de Huy, en remplacement du sieur Dieudonné, qui n’a pas accepté ces
fonctions.
— Par arrêté royal du 4 janvier 1842, le sieur Pierre-Jacques Deryc-
kere, domicilié à Bruges, est nommé huissier près le tribunal de cette
ville, en remplacement de son père, décédé.
Le Moniteur publie un nouveau réglement pour les écoles de naviga-
tion d’Anvers et d Oslende.Nous reproduirons ce document dan» un de
nos prochains numéros.
On parle d'une petite ville de la province du Hainaut,qui à l’occasion
de l'inauguration du chemin de fer a voulu donner un banquet. Les au-
torités ou les commissaires chargés de la direction ne se sont rappelé
qu'un peu trop lard qu’on ne peut donner une fête sans la payer. La
dépense s’élevait à fr. 5,000 ; et le trésorde la ville ne laissait aucun fonds-
disponible. Il a donc fallu recourir au Gouvernement qui, assure-t-on
s’est décidé à allouer un secours de fr. 3.000 11 y a là une leçon dont
tout le monde fera bien de faire son profit, gouvernement, administra-
tion communale et contribuables. Les banquets somptueux sont à l’or-
dre du jour; c’est pour tout le monde une concurrence ruineuse, si ou
ne peut la combattre par des édits somptuaires, il ne faut du moins pas-
la faciliter par des subsides. Que ceux qui dînent, paient.
Le commerce des charbons avec la Hollande a été très actif pendant
les mois d’octobre et de novembre dernier. Plusieurs houillieres des
rives de la Meuse ont écoulé leurs magasins qui n’avaient pu se rider
depuis 3 à 4 ans. Cet écoulement rapide a engagé les exploitants à aug-
menter leur extraction, et en même temps, plusieurs d’entr’eux, à
hausser leurs prix de vente. La charretée de Meuse, de 24 à 25 hectoli-
tres, qui se vendait à 20 et 21 fr., est maintenant, portée à fr. 22 et 23; les
houilles, qui étaient à 20 et 21 lr., se vendent actuellement à 22 et 24.
Cette élévation dans les prix de vente a permis aux maîtres de houil-
lères d’en faire profiter, en partie, leurs ouvriers : leurs salaires ont
éprouvé une légère augmentation. Mais, par suite de l’interruption de
la navigation, motivée sur la crue des eaux, par suite aussi d’un plus
grand développement donné à l’extraction, déjà les magasins commen-
cent à se remplir.
Toutefois, si la Meuse redevient encore quelques jours navigable, on
fera de nouvelles expéditions assez importantes, les commandes en
étant déjà transmises, et les bateaux hollandais attendant leurs charge»
dans le bassin de Muestricht.
Il est donc à espérer que maintenant nos transactions avec nos an-
ciens compatriotes, relativement aux houilles, prendront un dévelop-
pement qui contribuera à tirerde l’état de langueûroùelle a éléplongée
pendant plusieurs années, une industrie qui donne à vivre à tant de
milliers de travailleurs.
On ne doit pas oublier que les propriétaires de charbonnages ont
droit à des éloges pour n’avoir reculé devant aucun sacrifice, dans le
but de rendre au combustible de Liège la supériorité que lui ont dis-
puté momentanément les charbons anglais et prussien. Aussi, ont-ils
droit de compter que le gouvernement leur viendra en aide, en faisant
tous ses efforts pour amener avec la Hollande un traité de commerce
avantageux pour l’un et l’autre pays. (/. de Liège.)
Rente» d’EtipaKne.
Le bruit avait couru à Londres et à Madrid qu’un arrangement pour
la capitalisation des coupons et le paiement des deux dividendes de jan-
vier prochain avait été conclu par le gouvernement espagnol avec la
banque de Saint-Ferdinand. Cette convention, en effet, avait été con-
clue, mais au moment où le ministredes financesse disposailà y mettre
sa signature, le directeur de la Banque a demandé comme condition,
sine quâ non, qu’un renouvellement du marchédu vif-argenl fût accordé
à MM. Rotschild sans concurrence. M. Surra y Rull ayant refusé d’accé-
der à cette prétention de la Banque, les négociations ont été rompues.
Peu de temps après, il a signé uneconvention pour la capitulation avec
MM. Remisa, tleredia et Salamanqua.
D’un autre côté nous trouvons dans \e Journal des Débats les ligne»
suivantes :
Nous sommes autorisés à pnblier la dépêche suivante, adressée par
son excellence M. le ministre des finances d'Espagne à M. le président de
la commission des finaneesd’Espagne à Londres, la dépêche est en date
de Madrid du 23 décembre 1841.
» Le gouvernement, ne pouvant pas voir d'un œil indifférent le sort
des créanciers étrangers, s’est proposé pour but constant de ses efforts
de parvenir à trouver les moyens de réaliser lacapi/a/isahondesintérét»
de la dette étrangère en la forme fixée par le décret de la régence pro-
visoire du 21 janvier dernier, et le paiement des deux semestres cor-
respondant à cette capitalisation dans la présente année. Ha atteint
son but, malgré les difficultés que peut aisément comprendre quicon-
que connaît les malheurs éprouvés par la nation.
Un employé supérieur de ce ministère partira de Madrid pour cette
capitale Ie2janvier prochain; il sera porteur des ordres, instructions et
fotids nécessaires pour la réalisation de l’opération à Londres et à Paris.,
Vous voudrez bien donner d’avance cette nouvelle au public par l’or-
gane de la presse périodique, et vous aurez à prendre les dispositions
préalables que vous jugerez convenables, afin que la capitalisation
puisse s’effectuer sans le moindre retard.
Variétés.
PHYSIOLOGIE DU JOUR DE L’AN.
On ne contestera pas plus l’esprit que l’à-propos à la Physiologie du
jour de l’An, qui vient de paraître, et dont nous offrons à nos lecteurs
un extrait inédit.
C’e*t pour les femmes et les enfants que le premier de l’an est une
En 1493, lorsque Christophe Colomb les découvrit, ils péchaient et ils
dormaient; en 1841, lorsque les philautropessollicitent pour eux le droit
de devenir électeurs, députés et pairs de France, ils pêchent et ils dor-
ment, toutnuds en 1493, tout nuds en 1841.
L’aspect de la Dominique est grisâtre, et pareil à celui des campagnes
du midi de la France, lorsque les blés sont coupés. Les montagnes qui
s’élèvent pardegrésde la circonférence au centre sont noires et pelées,
et ne portent pas, comme celles de la Guadeloupe, un chaperon éblouis-
sant de verdure éternelle. C’est aujourd’hui une terre de liberté, c’est-
à-dire de misère; car il y a la liberté de l’Européen, qui travaille, et la
liberté de l’Africain, qui se couche au soleil. Celte dernière est la liberté
de la Dominique.
Les navires qui passent sous le vent de la Dominique, c’est-à-dire à
l’ouest, sont fort sujets à y être surpris par des calmes. C’est cè qui ar-
riva à la Baucis, lorsque j'allais à la Martinique, et à la Daphné, lorsque
j’en revenais. Nous avions franchi le canal qui sépare les deux îles, et
une belle mer nous poussait vers les terres brumeuses delà Guadeloupe,
lorsque, verr huit heures du matin, la grand'voile se mil à raliuguer
«ffreusemeut. Le commandant jura, le lieutenant jura, le commissaire
Jura, le major jura, etjejurai plus fort qu’eux tous, parce que j’avai* des
raisons infiniment plus plausibles : je souffrais et j’étais attendu. —
Commandant Collier, demandai-je, combien estimez-vous que nous
pourrons rester ici à tourner sur nous-mêmes comme des toupies? —
Peut-être trois heures, peut-être trois semaines,me dit lecommandant.
— Merci, répondis-je; et j’allai m’asseoir dans le canot-major, suspendu
à l’arrière de la goélette. Il y avait en effet quelques moments que la
Daphné ne gouvernait plus; toutes les voiles étaient masquées, et nous
décrivions des ronds et des ovales dans la mer la plus bleue, la plus unie,
la plus immobile, et par con équent, à cette heure, la plus insuppor-
table du monde. Si j’avais pu rattraper seulement vingt minutes de la
tempête qui m’avait retenu quatorze jours parle travers du Portugal,
je crois que j’aurais été le plus heureux des navigateurs. Ce qu’il y avait
de plus atrocedans notre position, c'est que nous avions, à tribord et à
bâbord, à moins d’une portée de canon, une goélette et un brick, faisant
même route que nous, et qui filaient comme des alouettes marines, ca-
catois, foc et bonnettes dehors. C'élail là surtout ce qui nous faisait
jurer. — Si nous pouvions seulement jeter un grelin au bric ! disait le
timonier. Et nous étions à considérer, sur le miroir étincelant de la
mer, si quelque brise folle ne viendrait pas faire un pli à sa limpide sur-
lace.
En regardant ainsi autour de nous, nous vîmes au loin, en se rappro-
chant de la goélette, le cortège le plus singulierqui puisse distraire des
■avigateurs impatients. La mer grésillait à deux lieues, comme de
Tbuiie bouillante dans une poêle à frire, et le soleil dessinait dans ces
petites lames extraordinaires les iris les plus divers et les plus charmants.
L«s lunettes braquées de ce côté nous découvrirent l’arrivée d’une ba-
Mw tmmeust, aceompayaôe de deux eu trais milbsux* de marsouins.
Les baleines sont en effet très communes dans les parages de la Domi-
nique et de la Martinique; et il y a deux ou trois navires américains qui
viennent tous les ans y faire leur pêchesansbruit, tandis que les autres
s’en vont se transir dans les mers polaires. Notre baleine était mons-
trueuse et pouvait avoir soixante-dix pieds. Elle nageait à fleur d’eau,
avec une placidité ineffable, souillant à peine, montrant au soleil son
museau pareil à la poupe d’un navire d'Amsterdam, et daignant soule-
ver deminute en minute uneimmense nageoire brune qui coupait l’eau
sans éclaboussure, comme la rame du plus habile canotier. Autour de
celte incommensurable reine des flo'.s, derrière et devant elle, sau-
taient, couraient, gambadaient,cabriolaient, quelques millionsde mar-
souins en goguette, les plus sémillantes et les plus folâtres créatures de
l’empire des flots. Us n’étaient ni des plus petits, ni des plus gros que
j’ai vus, et pouvaient avoir de six à huit pieds et l’épaisseur d’un jeune
veau. Ils s’élancaient perpendiculairement à des hauteurs incroyables,
et retombaient,"la tête en bas, avec un aplomb et une grâce dont n’ap-
prochent pas les plongeurs les plus coquets de l’école Deligny. Il y avait
toujours en l’air plusieurs milliers de ces danseurs infatigables, et les
matelots m’expliquèrent que c’était leur mode de faire la cour à mes-
dames les marsouines, qui se tenaient, en discrètes personnes, timide-
ment voilées sous le manteau bleu de la mer. J'avais fini par prendre
goût à cet étrange carrousel, j’en suivais avec avidité tous les détails
chorégraphiques, lorsque le commandant cria d’une voix satisfaisante:
« Largue partout! » La brise venait de se laisser fléchir par notre piteuse
situation; et. quatre heures après, l’ancre de la Daphné tombait sur la
rade de Basseterre.
Le calme qui avait surpris la Baucî's, pendant la nuit, par le travers
du Roseau, lorsque j’allais à la Martinique, ne dura pas tout à-fait jus-
qu’au mâtin. Nous passâmes, d'assez bonne heure, en vue de Saint-Pierre,
et nous entrions, avant midi, dans la baie du Port-Royal. C’était la pre-
mière fois que la baucis, arrivée assez récemment de Brest, allait à la
Martinique, et elle devait par conséquent le salut à l’amiral comman-
dant le station, qui montait, la gracieuse frégate YArmide. 11 y avait
alors sur la rade divers bâtiments de guerre qui venaient de la Plata :
entre autres la corvette la Perle, sur lacpielle je fis plus tard deux mois
de navigation, à travers les grandes Anlilles, jusqu’à la Havane.
Les saints m'ont toujours singulièrement amusé, à bord des navires
de guerre; et le bruit du canon est la seule chose qui m’ait guéri du
mal de mer. Lorsque plus tard j’allai aux Antilles anglaises, danoises et
espagnoles, je demandais toujours, en arrivanLsur les rades, s’il y avait
des navires de guerre étrangers, parce qu’alors c'élaient deux saluts à
faire, au lieu d’un, et la perspective de quarante-deux coups de canon
à donner, et d'autant à cecevoir. me fesait immédiatement revenir de
mort à vie. J’aurais été de force à prendre une part très active à l’inci-
dent qui signala l’arrivée du brick Je Hussard au Port-au-Prince, en
1840. Le brave commandant Layrie, l’un des officiers éminents de noire
marin» royale, venait de jeter L’ancre , et d'envoyer un enseigne de
vaisseau à terre, pour traiter du salut, comme c’est l’usage. Au retour
de l’enseigne, il salua la rade de vingt-un coups de canon, ce qui est le
salut de souverain à souverain. Quelques instants après, le Tort qui do-
mine la ville répondit peu à peu, avec son pauvre canon, qui fait du reste
ce qu’il peut, et se montre plein de bonne volonté. Les Maîtres du brick
francais comptèrent les coups avec soin, comme d’habitude..., dix huit,
dix-ileuf, vingt.et le vingt-unième coup n’arriva pas. Grande rumeur
à bord. L’équipage s’emporte contre la république mal blanchie; et le
commandant envoie un officier à terre, pour faire demander des expli-
cations au gouvernement haïtien, par l'intermédiaire du consul général
de France. M. Levasseur fait immédiatement une démarche officielle,
et on lui apprend que les canonniers nègres s’étaient presque tous tué»
ou blessés eux-mêmes; qu’on était désolé de ce déplorable accident,
qui n'avait du reste que la fausse apparence d’un manque de respect
envers la France; et qu’on allait envoyer chercher des canonniers, afin
que le coup de canon demandé et dû fût accordé le lendemain matin.
Cette réponse calma le commandant du brick, et défraya les loustics du
gaillard d’avant, pendant la veillée; et le lendemain matin, vers dix heu-
res, une petite fumée grisâtre, sortie d’une embrâsure du fort, et suivie
d’une explosion qui vint mourir d’échos en échos, sur les îletles de la
rade, annonça que l’honneur du pavillon tricolore était sauvé.
La Baucis’devait à M. l’amiral Arnous Dessaulsyssept coups de canon;
elle les lui donna, sous voiles, eten exécutant sa manœuvre pour mouil-
ler. La belle Armide nous en rendit trois, toutee qu’ellenous devait; et
puis elle rentra dans son superbe silence, qu’ellerompt du reste quand
il le faul.Commenous passions sous son bossoir de tribord.el que j’élai»
tout yeux pour considérer la fière tournure desa batterie de trente, un
quartier-maître delà Battcis.qui l'avait montée à Navarin, me raconta,
d'un air remplid’une fort légitime satisfaction, que lorsque la bataille
fut au moment de commencer, YArmide alla se poster entre deux vais-
seaux turcs, et à portée de pistolet de l’un etde l’autre. Elle achevait de
prendre position, lorsque l’équipage entendit.par les sabords des vais-
seaux turcs, des canonniers français rénégats, qui disaient: « Pauvre
petite frégate, où vas-tu te placer ! « M. le vice-amiral Hugon, alors ca-
pitaine de vaisseau, qui montait YArmide, répondit par un terrible : l eu
partout,! (pii mit deux cents hommes hors de combat dans les deux
vaisseaux turcs, et qui sauva la frégate. Sa fin fut digne d’un tel com-
mencement; car, au plus beau de la bataille, les vaisseaux anglais ces-
sèrent leur feu. pour battre des mains à une manœuvre de Vkrmide. Le
lendemain , lorsque j'allai faire visite à l’amiral, à son bord, j’avais le
récit du quartier-maitre présent à la mémoire, et je marchais avec une
sorte de vénération sur le pont de ce beau navire, qui avait eu l’hon-
neurde porter tant de braves;puis,quand l’amiral,qui me reconduisait,
me montra les belles piles de boulets vernis qui étaient auprès des ca-
ronades desa batterie barbette, je me surpris à plaindre un peu raoio*
les Turcs, s’ils furent tué6 avec des boulets aussi appétissants.
(La suit» à Uenmm.) A. GRANIER DE GASSAGNAC. |