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LE PRECURSEUR.
J’attends de votre impartialité Monsieur le rédacteur , l’insertion de
mes observations vcus priant d’agréer mes .sincères salutations.
Uu de vos abonnés 7 G. J. C. S....«
CHEMIN DE FER 3>E PARIS A BRUXELLES,
Nous recevons, par une voie sûre, des nouvelles des
travaux de la commission d’enquête nommée par M. le
préfet du Nord et assemblée à LiLle depuisle 16 de ce mois.
La commission s’est réunie les 17, 18 et 19 de ce mois,
de 10 heures du matin à 4 heures du soir, et a examiné
les nombreux documens mis sous ses yeux ; le 19, les com-
missaires ont entendu et signé le procès-verbal de leurs
opérations ; ils ont dû se séparer le 21. Le resumé de leurs
travaux a été : 1° l’adoption de la direction par St.-Quen-
tin, 2° une modification dans l’embranchement de Valen-
ciennes, qui partirait de eette ville se dirigeant sur Bou-
chain, où il rejoindrait la ligne allant sur Lille, par Douai.
Cette détermination de la commission a été basée sur le
besoin de rattacher au chemin de fer le plus de villes pos-
sible , pour faire jouir de nombreuses populations des im-
menses avantages qu’ils procurent. Ainsi, suivant le vœu
de la commission, le chemin partirait de Lille, se dirige-
rait sur Douai, de là sur Cambrai par la ligne la plus courte
entre cette même ville et Bouchain, afin de se rapprocher
le plus possible de Valenciennes, qui aurait un embran
ehement qui deviendrait ligne principale d’après la con-
naissance que nous avons des projets de nos voisins les
belges. Il est bien entendu que tous ces chemins seraient
à deux voies.
D’un autre côté, on nous écrit de Paris que plusieurs
projets de loi seront soumis aux chambres pour l’exécu-
tion de chemins de fer sur de grandes directions ; l’exposé
des motifs de celui de Paris à la frontière du nord est ré-
digé dans ce moment : c’est le premier que l’on exécutera.
Les offres de la banque de Bruxelles paraissent avoir été
acceptées; le roi des Français désire vivement, dit-on,
l’exécution du chemin et ce désir est partagé par le roi
Léopold : c’est un lien de plus qu’on prépare entre les
deux pays, et ici la question politique se fond dans la
question industrielle et commerciale.
La portion qui doit traverser le territoire belge sera faite
avant tout ; pendant que les formalités bureaucratiques et
législatives font perdre en France un temps précieux, nos
voisins le mettent à profit plus activement.
On offre de parier que le eliemin de Bruxelles à Valen-
ciennes, ou du moins à Quiévrain , sera terminé avant que
celui de Paris à Valenciennes ou Lille soit commencé.
(.Echo de la frontière.)
On écrit de Londres :
Le paquebot le Tyrtan est arrivé , le 13 à Falmouth ,
des Indes Occidentales apportant des nouvelles de la Ja-
maïque du 7 , et des Barbades du 9 , on n’a aucune nou-
velle de ce dernier pays: quant au premier , les élections
s’étaient terminées le 28 novembre d’une manière défavo-
rable au gouvernement, mais très-satisfaisante pour le
parti qui veut le continuation de l’esclavage, La chambre
de l’assemblée devait se réunir le 10. On continue à se
plaindre de l’indolence des nègres , mais la saison a été
favorable.
Les dernières nouvelles du Texas portent que les trou-
pes ont été battues dans plusieurs escarmouches , mais
toujours par surprise. Sur toute l’étendue de la côte des
Etats-Unis, on recrute des volontaires. Dans toutes les
grandes villes, des bateux à vapeur doivent les transporter
de la Nouvelle-Orléans à Texas. On fait les plus grands
efforts pour propager des dissensions dans le sein des au-
tres provinces mexicaines, afin de diviser les forces de
Santa-Anna, et de distraire son attention du Texas, jusqu’à
cc qu’on ait organisé des forces suffisantes pour lui tenir
tête.
Les nouvelles du Mexique sont défavorables. Le géné-
Et ce drame est coulé en bronze, tellement inflexible, invariable,
que Victor ne pourra pas concevoir un second drame ,-il pourra changer
les costumes de ses personnages, mais non les changer eux mêmes.
Voyez plutôt ! Les personnages du drame V. Hugo sont :
D’abord une difformité quelconque, physique, morale ou sociale ,
aux prises avec un sentiment humain, avec une passion vive et brûlante.
Cette difformité devient successivement, le costume seul changeant ,
tlernani, Marion, Triboulet, Lucrèce, etc.
Ensuite, l’objet de cette passion , un objet jeune, candide et naïf,
Doua Sol ; Didier , Blanche, Geunaro..,. etc.
Un personnage insouciant et fou, puissant et redouté, jetté à la tra-
verse de cette passion ; don Carlos, François 1er, le duc d’Este... etc.
Un beau vieillard, noble et à barbe blanche, don Rug Gômez ,
M.r de Nangis, M.r de S.1 Vallier. etc.
Enfin un personnage mystérieux et méchant, un être obscur, qui
sait et voit tout, tenant dans ses mains les fils qui font mouvoir le
drame; cet être, c’est Laffemas, Marot, Simon Renard , Gubetta,
llomodæi.. etc.
Voilà tout le drame de V. Hugo ; drame qui est ce qu’il doit être, un
et inaltérable, car c’est un drame — système, un drame — théorie ;
mais ce n’est pas un drame !
Malheureusement pour nous, V. Hugo représente l’art dramatique
de nos jours, il en est l’expression la plus juste et la plus belle, car lui
du moins a compris ce que devait être notre littérature dramatique , et
s’il n’a pas fait lui-même , il a du moins, comme nous l’avons dit,
montré la route. Mais que dire des autre ? Notre scène française est
livrée pieds et poings liés au vaudeville ! M.r Scribe , M.r Ancelot uous
font dés drames avec leurs vaudevilles dont ils retranchent seulement
les couplets. M.r Casimir Delavigne aussi, qui jusqu’à présent avait
voulu garder un juste milieu littéraire , et qui marchait sur la limite
des deux camps un pied chaussé du cothurne antique et l’autre de la
pittoresque poulaine , M.r Casimir Delavigne a fait un faux pas , il
est tombé en plein dans le vaudeville , et quel vaudeville bondieu ! en
cinq actes. et dans ces cinq actes pas une scène , pas une pensée , pas
une intention; dans ces cinq actes qui durent toute une mortelle soirée,
ral Alvarez s’était rendu maître d’Acapulco; ses forces
étaient prêtes à recevoir l’ennemi. On pensait que cet
évènement produirait une diversion utile pour les habi-
tans du Texas. Des troubles ont éclaté à Puebla , et dans
la ville même de Mexico. Des personnages aussi influents
que distingués , se sont ligués pour rétablir le gouverment
de 1883 , ou du moins pour adhérer au système fédéral.
La législature de l’état de Tomalipas avait refusé de tenir
une session pour confirmer l’ancien décret du congrès su-
prême ; elle avait envoyé, à cet effet , des députés à Mex-
ico. D'autres états avec Guanaguata et Zalesco, devaient
suivre cet exemple. Les Tcxiens ont pris la Bahia , et ont
fait près de 80 prisonniers.
Les journaux de New-York, gardent un profond silence
sur les affaires avec la France ; ils ne contiennent que
peu de nouvelles. Des volontaires pour le Texas affluent
de toutes parts à la nouvelle-Orléans. Les Indiens s’agran-
dissent chaque jour dans la province du Maranham, qu’ils
auront bientôt envahie : ils se répandent sur l’étendue de
tous les autres états , .les blancs se retirant partout devant
eux.
Les lettres du Mexique sont du 80 octobre. Les événe-
mens du Texasyontcausé une vive sensation. Les citoyens
américains, domiciliés à Mexico, ne sont pas sans crainte
pour leur sécurité personnelle : on assurait qu’un grand
nombre de lettres de marque avaient été expédiées à Véra-
Crux, et on faisait les plus grands efforts pour pousser
avec vigueur cette nouvelle guerre. L’archevêque de
Mexico et l’évêque de Puebla ont promis un million de
dollars, sur leur fortune si mal acquise, pour soutenir le
gouvernement qui a donné ordre de faire marcher 2,000
hommes sur Matamoras, avec 800 hommes de cavalerie
sous le commendcment du célèbre général Montezuma.
Santa-Anna doit lui-même prendre le commendement de
l’armée.
CHAMBRE DES REPRÉSENT ANS.
séance dü 25 Décembre.
PRÉSIDENCE DE M. RA IK EM.
A onze heures et demie M. Deschamps procède à l’appel nominal ;
19 membres seulement y répondent. La chambre ne se trouva en
nombre suffisant qu’à midi et demi. La séance est ouverte.
M. Schaetzen donne lecture du procès-verbal de la séance d’hier. Il
est adopté.
M. Deschamps présente l’analyse des pétitions suivantes :
» Plusieurs distillateurs agricoles de Virginal Saomme, demandent
le rejet de la disposition introduite dans le budget des voies et moyens.
— Cette pétition restera déposée sur le bureau pendant la discus-
■iondes budjets des voies et moyens.
— Plusieurs habitans de Bruxelles demandent que ivique
soit organisée en trois classes.
Renvoyé a la commission chargée d’en faire ce rapport.
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du budjet des voies
et moyens. On a renvoyé à aujourd’hui l’article qui concerne l’encaisse
de l’ancien caissier du royaume des Pays-Bas.
Après divers observations la chambre ajourne la discussion de cet
article au premier jour de sa rentrée , en donnant toutefois la priorité
au budjet de la guerre.
La chambre passe ensuite à la discussion du budjet des voies et
moyens ; après avoir ajourné les articles relatifs aux modifications pro-
posées sur l’impôt des chevaux et sur celui des distilleries , elle adopte
ies articles suivants : "
« Art. 1. Les impôts directs et indirects existant au premier décembre
1855 , en principal et centimes additionnels ordinaires et extraordi-
naires , tant pour le fonds de non-valeurs qu’au profit de l’état , des
provinces et des communes continueront à recouvrir pendant l’année
1856, d’après les lois et tarifs qui en règlent l’assiette et la perception.»
« Art 2. D’après les dispositions qui précèdent, le budget des recet-
tes, pour l’exercice de 1856, est évalué à la somme de quatre-vingt-
quatre millions cinq-cent cinquante-huit-mille cent ciaquante-un
francs, (84.558,151 francs), conformement au tableau ci-annexé. »
«Art. 5. Pourfaciliter le service du trésor, pendant le même exercice
le gouvernement pourra , à mesure des besoins de l’état, renouveler et
maintenir en circulation les bons du trésor dont la création a été auto-
risée parles lois des 16 février 1855, Ut mai 1854 et 26 septembre 1855
et jusqu’à concurrence de vingt-six millions quatre cent quatre-vingt-
dix mille francs. »
« Art. 4. La présente loi sera obligatoire le 1" janvier 1856. »
La chambre prononçant l’urgence passe immédiatement au second
vote. -
Le projet est adopté par 65 voix contre 1. L’opposant est M. Seron.
il n’y que deux choses, un mot de M™ Volnys et un regard de Mme
Volnys. M.r Ancelot et M.r Scribe doivent être jaloux de Monsieur
C. Delavigne.
Voilà où en est notre pauvre art dramatique, et cela à une époque
où tous s’accordent à dire que le théâtre est une chaire !!!
Et cependant , c’est une observation que nous avons faite avec bon-
heur , le goût de la foule s’est épuré. Si le public n’admire plus autant
Racine , dont les suaves beautés ne sont pas à la portée de tous , il
court avec fureur aux pièces de Molière ; Molière ce génie si puissant
et si vrai, ce génie si humain que tous les hommes le comprennent et
le comprendront toujours , pareeque le cœur de l’homme ne change
pas avec son costume , et qu’avant tout, Molière a observé l’homme ,
premier mérite de celui qui avait tous les mérites. Aussi maintenant,
comme du temps de Molière , le théâtre français compose toujours les
deux tiers de son spectacle avec les pièces de Molière ; et lorsqu’on
joue du Delavigne elle est vide ; le public ne va voir jouer ni les pièces
de monsieur Delavigne;, ni les pièces de M. Scribe , ni les pièces de
M. Ancelot, vous le voyez , le goût du public s’épure et se forme ?
Maintenant donc , le théâtre du public , l’art comme l’entend le
public , c’est l’art comme l’entendait Molière , ce grand homme qui
n’était ni classique ni rbmantique , cet homme simple qui disait ceci :
« Laissons nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par
les entrailles et ne cherchons point de raisonnemens pour nous em-
pêcher d’avoir du plaisir. (1) »
Quant à l’art, comme l’entendent les auteurs dramatiques de nos
jours, il n’existe pas; c’est un art négatif. Notre théâtre se résume
admirablement tout entier dans Robert Macaire; cette pièce, si origi-
ginale et si pleine de verve comique. Robert Macaire est une satyre
vivante et animée. Vous voyez entrer en scène Robert Macaire couvert
de haillons, de morceaux d’étoffes brillantes autrefois, mais sales
maintenant et mal assortis, vous le voyez ivre et se tenant à peine, et
vous vous écriez : voilà le théâtre d’aujourd’hui! voilà le drame mo-
(1) Critique de l'Ecole des Femmes , scène VII.
La section centrale, et le ministre s’v est rallié, a proposé de faire
une loi séparée de la disposition suivante.
» Sont exempts de timbre et d’enrégistrement les registres et autres
pièces concernant l’administration des caisses d’épargne, ainsi que les
certificats de mises de fonds, les livrets et comptes rendus aux action-
naires par les administrateurs desdites caisses. »
La chambre adopte ensuite successivement un projet de loi relatif à
un crédit provisoire de 5,000,000 fis. pour le département de lu guerre
un projet de loi concernant le contingent de l’armée qui fixe à 110,000
hommes le contingent sur pied de guerre de 1856 est à 12 mille hommes
le maximum de la levée de la même année, et enfin le projet de loi
relatif aux budjets provinciaux.
Elle commence ensuite la discusion du projet de loi sur les péages
qui est renvoyée au lendemain. La séance est levée à 5 heures.
JURISPRUDENCE COMMERCIALE*
La cour royale d’Orléans a rendu un arrêt qui intéresse
les commerçans et les industriels de toutes les classes; il
s’agissait de savoir si l’obligation imposée par les art. 8,
9 et 10 du Code de commerce, de tenirun livre-journal et
livre d’inventaire, est tellement absolue, qu’un négociant
failli puisse être déclaré banqueroutier lorsqu’au lieu de
livre-journal il n’a tenu que des livres brouillards en
cahiers détachés, et lorsqu’au lieu de tenir un livre d’in-
ventaire, il n’a tenu que des livres auxiliaires au moyen
desquels on pouvait cependant établir sa véritable position.
La cour s’est prononcée pour l’affirmative ; il résulte de
cet arrêt que tout négociant failli peut être déclaré ban-
queroutier par cela seul qu’il n’a pas de livre-journal ou
de livre-d’inventa ire régulièrement tenus.
THEATRE ROYAL D ANVERS.
Vendredi, 28 décembre.
LE POLTRON . vaudeville en 1 acte.
LES TROIS SULTANES, comédie en 5 actes.
LE CHALET, opéra comique en 1 acte.
COMMERCE-
PLACE D’ANVERS 22 DECEMBRE.
Sucres raffinés. Depuis quelques jours il s’est fait des affaires assez
importantes dans cet article, principalement en lumps et pains pour
piller , avec une avance de 1 [4 à lj2 llorins sur les prix de la dernière
semaine.
Sucres brut. Il s’est traité 150 caisses Havane blond ordinaire à fl.
22 , et 27 caisses Bahia blanc à prix non indiqué.
BOURSE D’ANVERS. — du 24 décembre.
FONDS.
BELGIQUE.
ANVERS.
Dette active.
« différée
Act. de l’E.
E. de 48 M.
Act.ban.fon.
Act. b. de .
HOLLANDE.
Dette active.
Rentes remb.
FRANCO
RUSSES.
Act.de 500fr
Dito delOOfr,
AUTRICHE.
Métalliques.
Lots fl. 100.
» fl. 250.
» fl. 500.
POLOGNE.
» fl. 500.
» 11.500.
HESSE.
Lots 25.1854
BRÉSIL.
Em.àL.1824
ESPAGNE.
Emp. 1854
D. diff. 1854.
Dito. p. 1854.
Int.
21j2
5
104
45
92
100
3/4
11*
99
228
48
101 3/4
260
423
706
123
148
26
85
50
25
15
1/2
lt4
1]2 à 51 1]2
5|4 à 26 A
1[4 à 1 [2 A
Dette différé*
IIAITI.
Emp. à Par.
GRÈCE.
E. àL.1.100.
PORTUGAL.
E.DonaM.âL.
RUSSIE.
E.àA.Il.etC.
dito nouv. . .
Ins.au gr.liv.
dito métal. .
DANEMARC.
Em.àL.1832.
dito ch.Nott,
dito à Lond..
PRUSSE.
ditoàL.1850.
dito lot. Ber!.
NAPLES.
Cert. Falc. ,
Banq.duTav.
SICILE.
Levée 1821.
dito de 1824.
ÉTAT ROMAIN.
dito de 1832.
C.lt.â A.1854
PIÉMONT.
Obligations..
Int.
fl
31/2
S
5
181 [4àl;2A
94 1/2 A
76 1/2 ?
101 A
104 1/2
92 A
64
195 1[4
101
97 3]4
570 P
FONDS
COURS
5
derne, vêtu d’oripeaux pillés et mal cousus! voilà le drame ivre it
chancelant ! vous voyez Robert Macaire, devenu riche par son indus-
trie , regarder l’heure à sa montre volée et vous croyez entendre le
drame moderne, lorsque vous lui dites : Mais ceci c’est du Shakspeave;
cela c’est du Calderone ! c’est du Goethe! vous répondez insolemment:
— Que veux tu, cher Bertrand ? il faut bien se donner quelques dou-
ceurs ! Robert Macaire est un miroir magique où viennent se voir et
se reconnaître toutes les turpitudes de la scène et de la société. Robert
Macaire est un Rousseau qui a attaché à son pilori , et fouetté sur la
place publique, chaque vice et chaque ridicule de notre pauvre so-
ciété , fouetté la sensiblerie hypocrite et les brochettes de croix des
barons de l’empire ; il fouette ces entreprises philantropiques où,
lorsque les actionnaires réclament leur part des bénéfices, on fait un
nouvel appel de fonds pour une nouvelle entreprise ajoutée à la pre-
mière ! Fouetté la société elle-même, personnifiée dans cette Êloa
fausse , voleuse et lascive, qui se laisse tromper par ce voleur qu’elle
veut tromper elle-même ! mais c’est surtout le drame que fouette Ro-
bert Macairej c’est une belle vengeance de l’acteur, qui, trompé par
les promesses dorées de ce drame réformateur , a usé sa jeunesse et sa
vie à le faire valoir, attendant mieux chaque jour ; puis lorsqu’il a vu
que le mieux ne venait pas, que le bien n’était que dans les préfaces,
il s’est mis en colère d’avoir ainsi perdu son temps et ses peines; il
s’est mis en colère et il a fait son drame, lui! et le drame moderne
qui ne rougit de rien, a rougi, et pendant quelque temps il s’est tu.
Aujourd’hui que le roi-grue ne dévore plus de grenouilles , et se tait à
son tour, les grenouilles commencent à montrer leur nez à la surfaee
de leurs marais ; monsieur C. Delavigne a sauté le premier sur ce soli-
veau de théâtre français , et a déposé son œuvre sur sa tête, Don Juan
d’Autriche !
Cet article sera suivi d’une série d’autres articles qui en sont la suite
nécessaire et le complément. Ces articles comprendront la revue de»
théâtres étrangers, les acteurs français, les acteurs étrangers, les feuil-
les tonistes, etc.
C. D, |