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N° 10.
ANVERS, JEUDI 24 DÉCEMBRE 1835.
PREMIERE ANNEE.
LE FRECVHSEi
7CV5.lT4.Xa 50LXTXQTT3, COMMERCIAL, MA5ITIME ET LXTTS5AX5E.
Ï.H3EKTÉ.
FAIX.
PROGRES.
METEOROLOGIE.
Thermomètre: — 5°. glace
Baromètre. — Beau temps.
Pleine mer. — 8 h. du matin.
Lever du soleil, 7 h. 44. m.«
Lever de la lune, 11 h. T>0 m. sJ
P. L. le 5 à 5 h. 45 m. matin.
N. L. le 19, à 9 h. 23 m. soir.
Vents. — 0.
Etat duciel.—Somber,neige.grêle
Basse mer, — à 2 h. après-midi.
Coucher du soleil. — 4 h.
Coucher de la lune. — 5 h. 10 m.
D. Q. le 13, à 4 h. 55 m. matin.
P. Q. le 26, à 7 h. 45 m. soir.
Le Journal ne paraîtra pas demain à cause de la solen-
nité de la fête de NOËL.
ON S’ABONNE
A Anversy au bureau du Précurseur7 rue Aigre, No 326, où se
trouve une boîte aux lettres et où doivent s’adresser tous les avis.
En Belgique et à l’étranger, chez les directeurs des postes.
La quatrième page consacrée aux annonces, est affichée à la
bourse d’Anvers, et à la bourse des principales villes de commerce.
Le prix des annonces est de 25 centimes par ligne d’impression ;
Un soin tout particulier sera porté à les rendre exactes, claires et
très-visibles.
Portes de la Ville.
Ouverture: 6 heures du matin. - Fermeture 9 du soir.
PH IX DE L’ABONNE ME NT.
Pour Anvers.
A l’année................fr. 60
Par semestre.............» 30
Par trimestre............» 15
Pour la Belgique.
A l’année. . .
Par semestre.
Par trimestre
fr. 72
» 56
» 18
Pour l’étranger 20 francs.
ANGLETERRE.
Londres , le SI décembre.
M. O’Connell.vient d’adresser une seconde lettre an
Leeds Times, sur la réforme de la chambre des pairs.
Dans cette lettre qui est datée de l’Abbaye de Darrynano,
M. O’Connell insiste sur la nécessité d’adopter le projet de
réforme qu’il a proposé dans sa première lettre. La plu-
part des pairs actuels sont héréditaires, dit-il, et il faut
qu’ils soient tous représentatifs.
— On lit dans le Courier : Nous sommes heureux de
pouvoir annoncer que le vaisseau baleinier, le Duncomb,
de Hull, un desbâtimens qui ont été enfermés dans les
glaces à la Baie de Baffin (régions arctiques) est arrivé jeudi
dernier à Hull. Les glaces de la baie s étant brisées par
tempête, le Duncomb a pu se dégager et 1 on espère que
les autres vaisseaux auront eu le meme bonheur. Les
hommes de l’équipage se portent bien, mais ils sont fort
fatigués et affaiblis par les privations qu ils ont endurees.
Le capitaine Scoffin qui commande le vaisseau rapporte
qu’ils sont restés pendant quarante jours enfermés dans
les glaces. Plusieurs hommes des équipages des vaisseaux
naufragés se trouvent à bord du Duncomb.
FRANCE.
Paris, le 22 décembre
PRISE DE MASCARA.
Le Moniteur du 22 décembre n’a point de partie offi-
cielle; il contient l’article suivant :
« Ce soir, à neuf heures , une estafette a porte au mi-
« nistère de l’intérieur un paquet de dépêches arrivées
« d’Oran par le bateau à vapeur le Crocodile , que le mau-
« vais temps a obligé de relâchera Roses. Ces dépêches an-
« noncent que, le 6 , l’armée française est entrée à Mas-
« cara avec M. le duc d’Orléans et le maréchal Clausel. 11
« paraît que plusieurs combats très vifs ont été livrés à
« Ghosouf et à THabrah, avant de parvenir à Mascara. La
« nouvelle détaillée de ces combats a été envoyée par
<i d’autres navires qui n’ont pu aborder encore les ports de
« France. M. le duc d’Orléans a été atteint d’une balle à
« la cuisse, qui lui a fait une forte contusion. Le prince en
•i a souffert d’abord, mais il a pu remonter à cheval et
« suivre la marche de l’armée. LegénéralOudinotareçuune
FEUILLETON DU PRECURSEUR.
DE Ii'AUX DHAMATIÇUE — 183o.
De nos jours, y a-t-il ou non un art dramatique , c’est une
question que nous ne voulons pas résoudre nous-même, mais nous
allons vous en faire une autre , et votre réponse à la seconde pourra
servir de réponse à la première. Si un peintre vousmontrait une collec-
tion de Croquis plus ou moins informes, appelleriez-vous cela de l’art?
Si un peintre, au lieu d'un tableau, vous montrait un traité sur la
peinture, quelque juste et bien senti qu’il fût, appelleriez-vous cela de
la peinture? Voilà où nous en sommes pour le théâtre ; nous n’avons
que des pochades et des préfaces.
Répondez maintenant.
Quoiqu’il en soit, art ou non, examinons ce qu’est le théâtre aujour-
d’hui, et d’abord commençons par repousser bien loin de nous le
vaudeville. Le vaudeville , comme tout ce qui est spéculation , ne sera
jamais de l’art pour nous. Que sous la raison Scribe et O, Ancellot et
Ce etc. quelques maisons de commerce dramatique inondent la France
et le monde entier de leurs produits industriels ; que quelques grands
spéculateurs aient des manufactures de vaudevilles, qui fabriquent le
vaudeville à la vapeur pour le vendre en gros à ces boutiques appellées
Gymnase, Variétées, Vaudeville, etc. qui le revendent ensuite en dé-
tail à la foule c’est bien ! c’est 'une entreprise comme une autre et
nous pourrions en parler dans une revue de l’Industrie entre les jupons
de tricot à 20 s. et la librairie à bon marché ; ou plutôt, non ce n’est
pas nne entreprise comme une autre, sa place serait bien bien mieux
encore dans une physiologie des mauvais lieux de Paris, le vaudeville
peut marcher de front avec les tripots et la loterie ; le vaudeville est
une école de vice et de corruption ; il ne respecte rien, rien n’est
sacré pour lui ; l’homme le plus grand, la femme la plus pnre,la
vertu la plus austère, l’histoire la plus sainte, le malheur le plus dra-
matique et le plus imposant, tout lui est bon, tout lui est sujet. Il
prend tout, bon ou mauvais, qu’importe ? moral ou immoral qn’im-
porte ? vrai au faux , qu’importe? il y a sa pièce. Louis XIV et Napo-
léon lui ont fourni deux pièces, il est vrai que dans ces deux pièces il
« blessure qui heureusement ne donne aucune inquié-
« tude. Abd-el-Kader est en pleine déroute : les Arabes
a l’ont complètement abandonné. On aura probablement,
« sous un ou deux jours, les dépêches antérieures, qui
h n’ont pu encore arriver, et qui donneront les détails
« de cette courte et brillante expédition. »
Voici en effet des détails ultérieurs plus circonstanciés.
Le bateau à vapeur le Crocodille, parti d’Oran le 10 dé-
cembre, est arrivé à Roses (Espagne) le 16, n’ayant pu
aborder en France à cause des vents contraires. Le préfet
des Pyrénées-Orientales a immédiatement expédié au mi-
nistre de l’intérieur, par voie télégraphique, les dépêches
apportées par le bâtiment. Mais les nouvelles télégraphi-
ques ne sontpas parvenues encore. M. le préfet, prévoyant
que le temps mettrait obstacle à leurarrivée, s’est empressé
d’expédier par estafette les lettres envoyées par le Croco-
dille. Ces lettres annoncent les nouvelles suivantes :
« Mascara a été pris est rasé le 6 décembre. L’émir a livré
deux fois combat aux troupes françaises. Abd-el-Kader
a été vaincu les deux fois. Abandonné par toutes les tribus
arabes, sur lesquelles il comptait, il s’est retiré dans les
montagnes. Le but de l’expédition a été atteint complète-
ment , mais non sans coup férir.
« II parait que Mascara a été à plusieurs reprises vic-
time de la rapacité des Arabes. Pillée une première fois à
la nouvelle du premier avantage des Français, elle l’a été
une seconde quand les Arabes d’Abd-el-Kader sc sont re-
tirés; enfin on assure que les Turcs d’ibrahim, qui for-
maient l’avant-garde de l’armée française, avaient aussi
commencé à se livrer au pillage, lorsqu’un ordre venu du
quartier-général les a arrêtés.
« L’engagement le plus grave paraît avoir été celui de
Ghosouf entre le Sig et la ville. Les Arabes se seraient dé-
fendus avec un rare courage, et n’auraient cédé qu’à la
supériorité de l’artillerie française et à de brillantes char-
ges de la cavalerie. C’est àoetteaffaire que M. le duc d’Or-
léans et M. le général Oudînot auraient été blessés. »
— On écrit de Rennes , le 18 décembre :
« Un fait fort rare , mais qui attesterait jusqu’à un cer-
tain point que le caractère breton est peu enclin aux con-
testations litigieuse, c’est qu’à l’audience de notre tribunal
eivil de lundi dernier aucune cause n’était inscrite au rôle,
et pourtant le ressort est le plus populeux du départe-
ment. »
—On vient de découvrir, dans la commune de Peyrat-
le-Chàteau, une mine de mercure vierge à l’état liquide ,
chose extraordinairement rare en France. Une demande
en concession a été déjà formée, et cette découverte
pourra être du plus grand intérêt pour le département et
couvre de boue Louis XIV, Racine, Esther, S<-Cyr, Napoléon, Joséphine;
mais qu’importe, il a eu ses deux pièces, donnez-lui Jésus Christ en le
pressant, en le tordant un peu il en tirera une pièce , ce sera un sacri-
lège; mais qu’importe encore, il aura eu sa pièce et une pièce des fabri-
ques achalandées a de la valeur, un prix connu, que l’on peut
escompter , un prix fixe.... J’allais dire comme les petits pâtés.
Il est dont convenu que pour nous qui nous occupons de l’art; le
vaudeville n’existe pas. Il n’y a pas une perle à trouver dans tout ce
fumier là.
Examinons maintenant quel rang notre époque à pris sous le rap-
port de l’art dramatique.
Il est évident, pour tout homme qui juge bien, que de nos jours le
drame ne pouvait pas être ce qu’il était aux siècles (précédons, l’art du
17esiècle, l’art de Corneille et de Racine, si noble et si grand au milieu
des règles qui le liaient sans entraver sa marche, allait à une époque où
le roi disait : L'état c'est mot! cet art ressemblait à une cérémonie de
cour réglée par la plus brillante et la plus sévère étiquette. Mais aujour-
d’hui toute cette pompe embarrasserait autant notre théâtre que les
robes à queue des femmes des Louis XIV embarrasseraient nos femmes
qui ne dansent plus le menuet.
Le 18e siècle garda les règles du 17e, mais au lieu de la passion ten-
dre et brillante de Racine, au lieu de lavertu romaine et de la noblesse
Castillane de Corneille, Voltaire et les autres ne mirent plus dans leurs
tragédies philosophiques que lepédantisme froid etsceptique de l’ency-
clopédie. Chaque pièce de Voltaire est la paraphrase et la preuve de
l’un des principes de ce monstrueux ouvrage, omnibus de la pensée.
L’art de cette époque ne pouvait avoir ni cœur ni poésie il était encore
plus loin de nous que celui de l’époque précédente.
Sous la république, l’art dut être républicain, il le dut sous peine de
mort, et comme avant tout l’art veut être libre , il ne fut pas républi-
cain et mourut. Sous l’empire, qui prit presque tous les hommes de
cœur et d’avenir pour faire des soldats , et qui bâillonna la bouche de
ceux qui restèrent, l’art ne put point renaître, et ce fut une des gloires
qui manquèrent à cette période si glorieuse.
Pour nous donc tout était à faire; pour nous le théâtre ne pouvait
la commune de Payrat. Déjà un riche propriétaire, M. le
baron de Palan, avait reconnu ou cru reconnaître dans ce
gisement une mine d’or. Le minerai, envoyé à Paris en
1802, y fut jugé trop peu riche pour valoir les frais d’ex-
ploitation. La mine d’or fut oubliée. Espérons que la mine
de mercure sera plus fructueuse pour le propriétaire et le
concessionnaire.
BELGIQUE.
ANVERS , 24 Décembre.
Nous possédons dans ce moment une troupe de musiciens
Allemands, que l’on nomme vulgairement mineurs parce
qu’ils en ont le costume, ils se sont fait entendre hier soir
dans plusieurs des princpaux Estaminets de la ville où ils
ont recuilii les plus vifs applaudissements; notamment dans
l'ouverture de Fra Diavulo, et uu pot-pouri sur des motifs
de Zarnpa ; ils ont en outre exécuté quelques polonaises qui
ont fait plaisir. Après avoir entendu ces musiciens Nomades
on disait généralement qu’il était assez inutile; d’aller se
faire écorcher les oreilles ailleurs; nous ne doutons pas que
ces voyageurs ne soient appelés bientôt dans quelques socié-
tés particulières.
— Nous donnons à nos lecteurs les tableaux des
Existences et des importations de Londres , ils les trouve-
ront à la 4° page du Journal.
— On écrit de Dordrecht, 21 courant :
«La rivière charrie des glaces depuis hier, elle a même
été prise en quelques instants pendant la nuit. Les com-
munications par bateaux à vapeur entre Rotterdam et
cette ville, sont interrompues. »
— On écrit d’Arnhem , 21 Cl.
Le pont de bateaux établi sur le Rhin a été emporté à
une assez grande distance par les glaçons que le fleuve
charrie depuis hier.
Nous avons retiré ce matin de notre boité la lettre sui-
vante que nous insérons d’autant plus volontiers que son
contenu est de la plus exacte vérité.
A Monsieur le Rédacteur ,
L'époque à laquelle tout le monde a besoin de faire ses emplettes ,
m’engage à rappeler à mes concitoyens qu’ils peuvent se procurer tout
ce qui a rapporta la reliure chez Monsieur P. F. HEYNE, libraire, rue
de l’empereur en cette ville.
Certes il nous est permis d’applaudir à la perfection de tous les ob-
jets sortant de l’atelier de cet habile relieur dont les ouvrages par leur
propreté , leur beauté, leur richesse et leur élégance ne le cèdent en
rien à tout ce que l’on nous envoie chaque année de Londres et de
Paris.
être le même qu’à aucune de ces époques, il fallait donc une révolu-
tion dans l’art. L’art, enfermé dans les lois d’Aristole et de tous les fai-
seurs de poétiques, était comme étouffé dans une étroite prison où fer-
mentaient de généreuses et ardentes pensées d’affranchissement et de
liberté. Quelques hommes de talent, qui se sentaient la force et le cou-
rage d’accepter le rôle de réformateurs, ont, commencé à saper la mu-
raille, tant et si bienqu’ilsont enfin ouvertune belle et large brèche,par
où toute cette fougue toute eette ardeur cpii bouillonnait au-dedans s’est
échappée avec une violence d’autant plus grande qu’elle était plus com-
primée; aussi est elle allée beaucoup plus loin qu’il ne fallait, et s’est
elle évaporée sans laisser même de souvenir. Aujourd’hui que la lutte
est terminée, nous ne vous parlerons pas des mots oubliés de classiques
et romantiques, mots absurdes, mots vides de sens, et qui n’eurent ja-
mais que la valeur et la signification qu’auraient eues deux drapeaux ;
cela est sans intérêts aujourd’hui, l’important c’est que la lutte est ter-
minée, que tous sont d’accord sur co point : qu’il doit y avoir progrès
dans l'art dramatique. Tous sont d’accord sur ce point, il est vrai ; mais
y a-t-il eu progès ? c’est autre chose !
Y. Hugo est celui dont la voix est la pluspuissante et la mieux écoutée
lorsqu’il réclame pour l’art les mêmes lranchises que pour la vie pri-
vée , il est Le champion le plus vigoureux de notre époque contre les
empiètemens du passé, mais V. llugo reprétente un système faisant la
guerre à un autre système, et par cela môme il n’a pu rien faire pour
l’art dramatique, rien que lui ouvrir la route. Chacun de ses drames
est un manifeste ; chacun de ses drames est précédéd’une préface , ad-
mirable toujours de forme et de pensée , mais c’est toujours le drame
qui fut écrit pour la préface et non la préface pour le drame. Pour
nous qui sommes témoins de la lutte et qui la suivons avec intérêt le
drame est dans la préface. Quant au drame joué sur la scène, comme
il est de Y. Hugo , il fourmille de grandes et b illes choses , de senti-
ments vrais et passionnés, dits comme V. Hugo seul peut les dire ; mais
c’est là tout, ce n’est point un drame vivant, qni se meuve et respire ,
comme le drame de Shakspeare ou de Molière; c’est un Ürame sculpté,
un drame inflexible et sans articulations , un drame tout d’une pièce,
où il u’v a jamais qu’un seul personnage qui parle de V. Hugo. |