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publique dans !a capitale, choisir un quartier déshérité
quelconque pour y établir ledit monument, sans tenir compte
des conditions propres aux services que ces constructions
doivent contenir. C’est ainsi que l’on raisonne pour l’emplace-
ment de 1 hôtel des postes et télégraphes, dans la construction
duquel on ne voit qu’un prétexte de transformer un quartier,
sans tenir aucun compte des exigences du service et des faci-
lités du public.
Nous aimons à croire que cette manière de voir ne sera pas
admise par l’Etat, qui doit considérer les choses de plus haut,
et qui maintiendra sans nul doute l’emplacement primitivement
fixé pour I hôtel des postes, à la place de la Monnaie.
En effet, cet emplacement est le seul qui puisse convenir
aujourd’hui que les terrains aux alentours de la Bourse et du
boulevard Anspach sont à peu près bâtis. Situé entre les sta-
tions du Nord et du Midi, près des boulevards, à proximité des
tramways et du point de réunion des omnibus, à proximité de
la Bourse, au centre des établissements publics où se traitent
journellement grand nombre d’affaires, sur un terrain à peu
près de niveau et entouré de larges voies de communication,
cet emplacement s’impose en quelque sorte par ses avantages
exceptionnels. Quant à 1 objection, qu’on enlève au commerce
bruxellois 110 mètres de façade sur la place de la Monnaie,
elle n est pas sérieuse, car personne n’ignore qu’aujourd’hui,
que le courant de la foule s’est porté vers les nouveaux boule-
vaids, il n y ait pléthore de calés, restaurants et magasins sur
la place de la Monnaie.
Est-il besoin de relever ici cette facétie de certains journaux
hostiles au projet du gouvernement, et disant que l’hôtel de,
Postes serait un triste cadeau pour le quartier de la Monnaie
Comment, voilà un édifice d’utilité publique, amenant avec lu
un mouvement énoime, remplaçant la lugubre fabrique connut
sous le nom d hôtel des Monnaies, et supprimant seulemen
deux établissements publics, voilà, un édifice qui doit amenei
la mort dans un quartier si vivant aujourd’hui ! ! ! Mais alors
pourquoi le demander avec tant d’instance comme noyau d’un
quartier à créer?
Si Ion prenait ces déclarations à la lettre, on pourrait, avec
justice, reprocher à leurs auteurs, de vouloir tuer le nouveau
quartier de la Putterie avant sa naissance. Disons plutôt que,
dans leur pensée intime, la Poste doit être pour la transfor-
mation projetée, ce que la 6our.se a été pour les nouveaux
boulevard.
Une autre objection, — celle-ci plaisante, — a été faite par
un journal spécial : il prétendait que le sous-sol. de l’ancienne
Monnaie était miné par des sources vives et profondes, et que
tout le quartier serait ruiné dans ses fondements si le nouvel
hôtel des postes était établi place de la Monnaie. Inutile de dire
que ces sources vives et profondes n'ont jamais existé que dans
l’imagination d’un correspondant trop crédule.
Nous ne voulons pas terminer cet article sans parler à nos
lecteurs des plans adoptés pour le nouvel hôtel des postes.
Grâce à l’obligeance bien connue de l’architecte, l’honorable
M. De Curte, il nous a été permis de jeter un coup d’œil sur le
projet. A première vue, on distingue dans le plan à rez-de-
chaussée trois grandes divisions : au milieu, dans l’axe de la
place, un bâtiment en avant-corps, de 60 mètres de longueur
sur 36 mètres de profondeur; en ailes de chaque côté, sur les
rues de l’Evêque et Fossé-aux-Loups, deux bâtiments d’environ
58 mètres de longueur, au bout desquels se trouvent les habi-
tations des percepteurs. A l’intérieur des bâtiments, une
grande cour de 50 mètres de longueur sur 20 mètres de lar-
geur, dans laquelle les voitures arrivent par deux porches de
6mo0 de largeur, donnant dans les rues de l’Evêque et Fossé-
aux-Loups. Au fond de cette cour, contre les propriétés voi-
sines, un bâtiment de dépendances, sous lequel débouche le
passage des Postes.
L’entrée principale de la poste se trouve dans l’axe de la
place; après avoir traversé un vestibule, on arrive dans la
salle des guichets; cette salle, avec plafond vitré, a 22 mètres
de longueur sur 15 mètres de largeur; elle contiendra 30 gui-
chets, plus environ 250 cases ou lock-box destinés aux commer-
çants qui viennent, à 1 arrivée des courriers, retirer eux-mêmes
leuis lettres sans passer par le bureau de la poste restante.
Le long de la rue de l’Evêque se trouve la salle des facteurs,
où se fait le triage des lettres.
L entrée principale du bureau télégraphique se trouve sur la
place de la Monnaie, vers la rue Neuve. La salle des guichets,
ouverte au public, a 20 mètres de longueur sur 10 mètres de
largeur. A la suite de cette salle se trouvent celles de l’accep-
tation, de la distribution et le local des porteurs.
Indépendamment de ces entrées sur la place de la Monnaie
le public arrivant du côté des boulevards peut accéder aux
salles de la poste et du télégraphe par un corridor donnant
dans la grande cour intérieure.
L’agencement des différentes parties de ce plan nous a paru
remplir toutes les exigences du service, et l’on voit aisément
que l’auteur a mis tous ses soins à cette partie de son œuvre.
Aux premier et deuxième étages, sont les bureaux des diffé-
rents. services postaux et télégraphiques; ajoutons toutefois
que ce dernier service occupe la plus grande partie des locaux
des étages. N oublions pas de mentionner que dans l’aile, côté
du Fossé-aux-Loups, au deuxième étage, se trouve la grande
salle des appareils télégraphiques, salle voûtée de 30 mètres
de longueui sur 20 mètres de largeur, et de 10 mètres de hau-
teur sous clef, cette salle pourra contenir 225 employés.
Si nous passons aux façades, nous voyons que l’architecte a
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cherché avant tout à leur donner un caractère qui accuse bien
la destination de l’édifice. Sans s’astreindre aux exigences d’un
style quelconque, M. De Curte a pensé qu’en face du théâtre
royal et des maisons environnantes, dont l’architecture est
empreinte du froid classicisme du commencement de ce siècle,
il convenait de créer un édifice qui ne fit pas disparate avec les
autres constructions de la place, tout en satisfaisant aux condi-
tions spéciales des services et aux idées de notre époque.
Qualifiant donc 1 ensemble du style adopté, de classique mitigé
de renaissance, nous trouvons que M. De Curte a réussi à
faire une belle et bonne architecture, nullement prétentieuse,
mais aux lignes simples et calmes; les façades percées à tous
les étages de larges baies, indiquent que le jour n’a pas été
parcimonieusement octroyé aux employés qui passent une
partie de leur existence dans ces vastes locaux. Pour l’avant-
corps central de la place seul, l’architecte s’est permis quelque
luxe en remplaçant les simples pilastres des façades secon-
daires par une série de colonnes engagées d’un bel effet. Une
horloge monumentale avec deux groupes allégoriques cou-
ronnent bien la partie centrale de cet avant-corps.
-M. De Curte a bien voulu nous donner quelques détails sur
le mode de construction qu’il a adopté. Il consiste en grande
partie dans l’application dn métal, fer et fonte, pour les points
d’appui intérieurs, les planchers et les toitures.
Ce système de construction permettra d’élever très-rapide-
ment cet important édifice, puisque les séparations intérieures
Pourront être maçonnées quand les bâtiments seront sous toit.
Tout l’édifice sera élevé sur un plateau en béton de lm25
d’épaisseur, avec cuvelage destiné à préserver le sous-sol des
infiltrations souterraines.
Tels sont en quelques lignes les traits principaux du projet
du nouvel hôtel des postes et télégraphes de Bruxelles, dont
l’exécution complétera bien la place actuelle de la Monnaie,
tout en répondant à toutes les exigences du public et des ser-
vices qu’il doit renfermer. Un abonné.
ŒUVRES PUBLIÉES
PI. il et 18. — Maison Marché-aux-OEufs, à Anvers,
architecte : F. Hompus. Nous publions la façade et la coupe
donnant la décoration du magasin-salon du glacier-chocolatier
bien connu, M. Meurisse.
La façade est étudiée avec soin dans un style Louis XVI
assez pur, mais nous n’aimons pas beaucoup l'étage supérieur
formant galerie ouverte, auquel nous reprochons un peu de
lourdeur et de banalité.
La décoration intérieure est composée de pilastres ioniques
encadrant une série d’arcatures du même ordre surmontées
d’œils-de-bœuf donnant asile à des vases aux formes variées.
Le tout, peint, doré, orné à profusion de glaces transparentes et
étaméesdont l’emploi est bien naturel dans un magasin de ce
genre, forme un ensemble élégant et agréable à voir.
PI. 19 a 24. — Marché Saint-Géry à Bruxelles, par
M. II. Vanderheggen. Traité en renaissance flamande avec
emploi judicieux de matériaux nationaux : briques et pierre
bleue soigneusement rejointées, le Marché Saint-Géry est une
des meilleures œuvres de notre confrère Vanderheggen. La
forme simple de l’ensemble, la distinction des détails, la dis-
crétion dans l’ornementation en font un édifice remarquable
et justement apprécié.
On a vivement critiqué dans le public l’exiguïté de ce local;
les dimensions en étaient imposées par celles de la place
Saint-Géry; quant aux inondations périodiques des caves, elles
n’ont existé que pendant la construction. Depuis l’achèvement
des travaux de pavement, les souterrains du marché sont par-
faitement secs.
Au point de vue purement artistique auquel nous nous pla-
çons, nous osons affirmer que M. Vanderheggen a complète-
ment réussi a doter la ville do Bruxellesd’un monument, modeste
il est vrai, mais au moins digne de ce nom. On ne pourrait en
dire autant de certains de scs voisins, de construction récente,
dont nous nous occuperons quelque jour. V. D.
Société centrale d'Architecture
Al occasion de son Xe anniversaire, notre Société, pour-
suivant fidèlement le but qu’elle s’est proposé, vient d’ob-
tenir des subsides du gouvernement et de la ville de Bruxelles
en vue d’organiser prochainement une grande exposition,
spécialement réservée aux œuvres d’architecture. Cette exhi-
bition ne se bornera pas aux œuvres récentes; ce sera
en même temps une exposition rétrospective montrant les
transformations considérables de l’art architectural en Bel-
gique depuis 1830. Nous installerons des salles spéciales
pour les reproductions (dessins, gravures, photographies) de
monuments anciens, les projets primés aux concours de Rome,
les envois des pensionnaires, les croquis relevés de monuments
récents, les projets présentés dans les concours publics, etc.
Des promesses de participation nous arrivent de toutes parts
tant de province que de la capilale; elles nous font bien augu-
rer de la réussite de notre tentative hardie; nous comptons sur
le précieux concours de tous nos confrères auquel nous faisons
un chaleureux appel.
A cette occasion, la Société ouvrira, entre tous les archi-
tectes belges, un concours avec primes s’élevant ensemble
à 1,800 francs; le programme et les conditions seront publiés
dansnotre prochaine livraison.
> L’exposition - aura lieu après la clôture de ce concours,
c’est-à-dire en septembre. Nous engageons vivement tous nos
confrères à réserver quelques-unes de leurs œuvres pour cette
réunion artistique, et nous faisons dès maintenant un appel
spécial aux plus jeunes, afin que d’ici là, ils puissent élaborer
de nouveaux projets, revoir certaines études et les rendre
dignes de figurer à côté de celles de leurs aînés.
On peut déjà prendre rang d’inscription et obtenir des ren-
seignements et le programme du concours en s’adressant au
président, M. J. Baes, rue du Pépin, 1.
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BIBLIOGRAPHIE
Pour répondre au désir exprimé par un grand nombre de
nos abonnés, nous rendrons compte, dorénavant, de tout
ouvrage artistique ou littéraire dont il sera envoyé deux exem-
plaires à la direction du journal, boulevard du Hainaut, 139.
Recueil de moulures de différents styles, par J. Dewaei.e,
architecte. — Wesmael-Charlier, éditeur à Namur.
Ce petit ouvrage, extrait des leçons données au cours
temporaire de dessin à Louvain, fait partie d’une vaste publi-
cation placée sous le patronage du directeur de ce cours,
M. Louis de Taye, inspecteur général de l’enseignement du
dessin dans les écoles du pays.
Il contient une série de moulures, profils et motifs d’orne-
mentation courante des arts antique, ogival, et de la renais-
sance; il est appelé, croyons-nous, à rendre d’utiles services,
non seulement dans 1 enseignement élémentaire du dessin
mais aussi aux élèves architectes, qui y trouveront un
choix heureux de moulures et s’initieront aïix caractères spé-
ciaux de celles-ci aux différentes époques de l’art architectural.
FAITS DIVERS
Un abonné nous fait remarquer que nous avons omis, dans
les nominations récentes du service des bâtiments civils signa-
lées dans notre avant-dernière livraison, celie de M. Heyninckx,
aichitecte de la ville d’Ypres et professeur à l’Académie de
cette \ille, aux lonctions d architecte. On a donc nommé archi-
tectes deux ingénieurs et deux architectes. Nous n’en sommes
cncoie quà légalité du nombre; eh hicn ! tant mieux pour les
bâtiments civils; mais, patience, dans peu de temps, ce service
sera devenu insensiblement la terre promise des élèves de
l’école du génie civil de Garni.
Le même abonné nous fait remarquer que c’est l’obligation
imposée par les membres des deux Chambres de relier de nlain-
pied les différentes salles de sections du Sénat et de la Chambre
des représentants qui est cause de l’obscurité de certains cou-
loirs dont on a dû masquer les fenêtres et que ce n’est là qu’un
cas isolé.
Cet abonné, qui paraît connaître très-bien les locaux de nos
Chambres législatives, n’a jamais dû pénétrer dans les nou-
velles constructions des ministères de l’instruction publique,
oc 1 intérieur, etc. Il y aurait trouvé de nombreux cas isolés
analogues à celui dont il parle.
En protestant contre le dire de VEtoile belge, qui nous fai-
sait tout admirer, nous avons parlé, en général, de toutes les
constructions récentes élevées par les architectes des bâtiments
civils le long des rues de Louvain et de l’Orangerie. Nous
n avons rien à retrancher à nos critiques et nous en présentons
nos biens vifs regrets à notre estimable abonné.
Le Cercle des Installations maritimes, qui ne reste pas
omit et a organisé pendant cet été de nombreuses excursions
sm es voies navigables dont elle préconise l’élargissement et
le développement, vient de faire exposer, dans le vestibule du
piemier étage de I hôtel de ville les différents projets de
MM. les ingénieurs Colson et Van Mierlo, relatifs au projet de
Bruxelles port de mer.
Le public peut en prendre connaissance pendant les heures
de bureau; il pourra ainsi se rendre compte de l’importance
des travaux proposés pour faire de Bruxelles une ville maritime
ouverte au grand commerce, et à la rendre tout à fait digne de
son rang de grande ville et de capitale du pays.
Des embranchements relieraient au nouveau canal les villes
e Ij0uvain ot <le Mali nés et leur rendraient peut-être leur
ancienne animation.
Le conseil communal, sur la proposition du conseil acadé-
mique, a nommé professeur de dessin élémentaire à l'Acadé-
mie de Bruxelles, M. Moonnes, artiste peintre en cette ville.
Le conseil communal d'Ixelles a appelé aux mêmes fonc-
tions, à l’école de dessin et de modelage, M. Mayné, artiste
peintre, et à celles de secrétaire, M. WuVrs employé à l’admi-
nistration communale.
Le conseil communal de Bruxelles a adopté, dans une de ses
dernières séances, le nouveau règlement des bâtisses. Si nos
renseignements sont exacts ce nouveau règlement n’aurait de
nouveau que l’article prescrivant une épaisseur de 2 briques
aux murs de pignon d’une hauteur supérieure à 13 mètres,
cette résolution est assez mal accueillie dans le monde des
bâtissseurs et nous ne pouvons donner tort à ses détracteurs;
il est certain que cette mesure est vexatoire et d’une utilité
plus que contestable. — Si c’est au point de vue de la stabi-
lité des murs pignons, elle est nulle; pour une hauteur de 15
a 16 mètres ce n’est pas un surplus d’épaisseur de 0m10 qui
ajoutera beaucoup à la stabilité. — Est-ce en vue de l’écrase-
ment? Ce serait illogique pour ne pas dire plus, car l’épais-
seur est la même en haut qu’en bas, l’on augmente la charge
en raison directe de l’augmentation d’épaisseur et le résultat
n’est pas atteint; de plus pourquoi supposer plus de possibilité
d’écrasement aux pignons qui n’ont pas d’ouverture et ne peu-
vent pas poitci les gitages, qu’aux façades pour lesquelles,
malgré les grands vides qu’elles présentent, on n’exige que
2 briques et demie au rez-de-chaussée. Je doute fort que cet
article puisse être bien justement motivé.
On nous dit aussi qu’on a maintenu cette exigence ridicule
de consti uire au dessus des poitrails en fer des vitrines, des
voûtes de décharge qui ont pour résultat de transformer ce
poitrail, formé souvent de 2 et 3 poutrelles à larges bourre-
lets, en un simple ancrage. — Si ce qu’on nous dit est exact,
si le règlement nouveau est à peu près calqué sur le règlement
ancien, nous ne savons trop pourquoi on a nommé une com-
mission ; autant valait répondre au groupe de constructeurs de
1 union syndicale par une fin de non recevoir.
Nous n’enregistrons ces on dit que sous toutes réserves.
Nous avons demandé communication du nouveau règlement
nous réservant de l’examiner sérieusement et d'une façon déve-
loppée dans une prochaine livraison. Reporter. |