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Samedi 12 Janvier.
1818. — OnaraDle troisième année. — N,J 12,
Samedi 12 Janvier.
ABONNEMENTS
Dan* no* bureaux at ehez ton* le* Directeur*
de ponte* (franco ils port), pour :
par trimestre, Fr. 13.50
- • - 16.-
• semestre, . 30.—
• an, . 56.—
• trimestre, Fl. 8.80
• semestre, • 17.—
• an, . 34.*»
» trimestre, Fr. 28.—
. • . 28.-
• • . 19.-
• • . 31.-
» . . 31.-
La France....
L'Angleterre..
Indes.
Le* Etats
Sràül et
UN NLUÉHO ?*î» CliMIMKA.
PAIEMENT FAR, ANTICIPATION.
LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
AGENTS !
„ CHEMIN DE FEK DE L'ETAT. - D’Anvers mut Maiines et Bruxelles a 5.25.0.35, 7.40 B..
9.15 B. 9.50,10.50 B., 12.15,1.15 B., 3.15 B., 3.33. 4.40, 5.50, 0.50 B.. 8.25 B., 8.55,10.15 B. - Lierre
5.30, 7.12,9.33,11,1.50. 5.21, 8.28. - Termonde et Gand 5.25 B.,5.30, 9.50,12.15, 3.33, i.15 g.. 8.55. -
Alost (par Termonde) 5.30, 9.50,12.15, 3.33, 8.55; (par Bruxelles) 5.30, 9.15 B., 10.50 B., 12.15,
3.33, 6.50 B. — Lekeren (par Termonde) 5.30, 9.50, 12.15, 4.45 B. — Ninevo, Oramment, Lessice*,
Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25, 10.50 B., 12.15, 3.33, 6.50 B. — Brages, Ostecde (par Maiines)
5.30,9.50,12.15, 3.33, 4.45 ; (par Bruxelles) 5.,25 6.50. 9.50, 10.50 B. 12.15, 3.15 B., 5.33, 4.45 B. -
Ceurtrai, Mouscren, Tournai, Lille 5.25, 9.50, 12.15, 3.33, 4.45. - Calais 5.40, 12.15,4.45 B. I«et2*cl.
Louvain, Tirlemont, Liégo et Vervier* 5.25, 9.15 B., 9.50, 12.15, 4.45, 0.50, 8.55 (Jusqu'à Louvain
.....................", B. 15, 4.45, 6.50. — Spa 5.30, 9.15 B., 9.50, 12.15. — AÛei
f. 4. DELA MONTAGNE.
MREOTHUK-GÉlUNt.
10 E. — Landen 5.30, 9.50,
(levée de la boîtel.45 m.), 9.15 (boite 8.30), 1.50 (boîte 1.05].
Bruxelles pour Anvers à 5.27, 6.17, 7.18, 8.03 B., 9.16 B., 9.01, 10.50, 12.43, 2.30 E., 3.4!
5RUXELLES
4.59 E.,5.39:6.30. 8.05 B., 9, 11.30
LIGNE D'ANVERS A feOOM. -
Anvers 5.20, 9.20, 3.10, 8.45.
Spa 5^30, 9.15 E.,
.... - —. 4 45 fbojte 4.io), 10.15 (botte 9.Î
e 5.25
-De
4.34,
D'Anvers pour Beom 6.45, 11.10, 5.10, 10.20. — De Boom pour
BlIRECAliX c rue de l’Ammeu 8,
Place du Musée, Anvers.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE
D’Anvers pour Lierre 5.30, 7.12, 9.33, 11.00, 1.50, 5.15, 8.28. — Aer*«iiet. Letvaln, Die*t,
Sassott 7:12, 9.33,1.50, 5,15. — Maastricht et. Aix-la-Chapelle 7.12,9.33,1.50, 5.15. — Roosendaal,
Breda,Dordreciit, Rotterdam,7.20 9.05 B., 10.25, 2.30 (Jusqu'à Roosendaal), 3.41 B.. 0.45. — Ottig-
ni««, Lodelinsart, Charleroi, Berzée. Walcourt, Marienbourg, Viraux et au-delà 7. 12, 9.33 (Jusqu'à
Waicourt), 1.50, 5.15 (jusqu’à Lodelinsart). — HérenthaU, Turnhout etTilbeorg 5.30, U (Jusqu'à
Turnhout), 5.15. .
• CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
D'Anvers peur Gand (Tête de Flandre) 7.15, 8.50 B., 10.55,2.0?, 3.50 B., 7.15. — Da Gand pour
Anver* 4,30, 7.05, 9.25 B., 10.50,2.20, 5.25 B., 7.05. ** •
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départ* du Veerdam) pour Tamise 8.30, matin, 3.15 h. seir. — D’Anvers ponr
Boem 1 et 3 h. soir. — Dé Tamise pour Anver» 7.30 ét 10.30 h. matin. — De Boom ponr
Anvers 6.30 h. matin.
* rÜÜ'*?®8’ M. H. Nijoh et Van Ditmar,
du royaume0’ ** k””* 1 ** tiir®*tel2r* postes
p*»®. .Havas, Lafi is, Bm.us» *t O,
Place de 1a Bourse, 8.
Daviks et O, i, Cetn
çr*et, Staand, et A. Maurice. 13. Tsviftusk.
ttevr, Cov’tait Gardon.
IVSEltTIONà :
Aanon«e* la petite ligne..... yr 025
Réclames (fin du Journal) la lign». ri'75
Faits divers, la ligne..... , . * ' _
Rubrique Anvers, la Ugne.... * . xso
„fnnf !of asnonqes do la Frans* s'adresse, a
MM. Havas Lafitte * o. Piaea de le Bourse
s. Paris et A MM. r,. !.. D.u br A O, 31, rue d'(
Faubourg Montmartre, Paris.
BP* Les annonces sont mesurées au «0*5'«
mitre. — Les titres •« paient d’après lesvar*
gu'ü* occupent On ne. neut garantir les dates
d'insertions.
LISTES ÉLECTORALES.
RÉCLAMATIONS DES CLÉRICAUX.
Les électeurs qui auraient reçu de la part
des cléricaux une demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de flaire remettre cette pièce au
bureau de l'Association Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
La Députation permanente.
RESUME POLITIQUE
Italie. — Les funérailles de Victor-Emmanue 1
auront lieu mardi prochain, 15 janvier, en pré-
sence des délégués de toutes les cours de l’Europe.
Le Vatican, qui s’est montré fort civil dans ces dou-
loureuses circonstances, accordera probablement^
une église, (on désigne Ste-Marie-Majeure) pourto5
service. 'Sv
Le nouveau roi a télégraphié aux généraux Clal-
dini, ambassadeur d'Italie à“Paris, et au comte
Sclopis, pour les prier de venir à Rome, désirant
les avoir auprès ae lui pendant ces moments.
La Chambre et le Sénat sont convoqués pour le
16 janvier.
France. — Nos confrères de la presse ont tous
annoncé hier que l'armistice était signé; nous
avons vainement cherché dans les dépêches une
confirmation de cette gravp nouvelle; nous n’y
avions trouvé que les conditions auxquelles la con-
clusion d’un armistice serait possible.
Nos doutes n'étaient que trop fondés ; la Russie
est en trop beau chemin pour s’arrêter brusque-
ment; le correspondant viennois du Temps le dit
d’ailleurs.
» Les derniers renseignements militaires par-
venus au gouvernement austro-hongrois indiquent
que la route d’Andrinople est maintenant ouverte
aux Russes.
» En conséquence, le cabinet de Vienne ne croit
pas impossible que la Russie veuille dicter à An-
rlrinople, non l’armistice, mais la paix définitive.
» La confiance du gouvernement impérial dans
les promesses du tsar reste d’ailleurs entière. »
Pendant que la Russie - amuse ..les diplomates
turcs et anglais, elle pousse ses armées en avant.
On a vu hier que les Monténégrins se sont enfin
emparés d’Antivari et marcheront sur Scutari;
aujourd'hui nous apprenons quô les Serbes ont en-
fin occupé Nisch ; après cinq jours de combat, ils
ont emporté toutes les hauteurs qui dominent la
place ; le gouverneur turc a capitulé dans la mati-
née d’hier.
Le prétexte sous lequel la Russie a refusé la trêve
est que les négociations doivent être basées sur las
conditions de paix. Ces conditions seront-elles donc
tellement exagérées que la Russie ne croit pas à la
possibilité d’une paix aussi longtemps que la Tur-
quie aura un homme et un fusil ?
A Constantinople, le grand-vizir Edhem pacha,
voit sa démission acceptée au moment où il venait
de la retirer ; le Sultan lui a donné pour successeur
le m istre de la justice Ilandi pacha.
F.-ance. — L’événement du jour est ie vote du
Sénat dont nous avons déjà parlé hier ; on trouvera
plus loin l’opinion de quelques feuilles républi-
caines ; tout en applaudissant au revirement dans
la conduite du groupe constitutionnel, nous sommes
loin de partager l’optimisme du Temps, qui
regarde comme acquis au cabinet Dufaure une
majorité de 40 à 50 voix. Cette majorité existait
hier, mais les constitutionnels ne nous ayant pas
habitué a de la fermeté politique, nous prélérons
les attendre dans quelques autres votes encore
avant de les ranger parmi les hommes sincèrement
ralliés à la volonté populaire.
La Chambre des députés a complété son bureau,
dans sa séance d’hier. MM. Legonidec et de Valfons
ont été nommés secrétaires, et, conformément à
la résolution prise par les bureaux des gauches, les
questeurs sortants ont été réélus.
La Belgique en péril.
Dans la lettre que nous avons publiée jeudi,
notre correspondant de New-York résumait
un numéro extraordinaire du New- York He-
rald, tout rempli de révélations et de confi-
dences sur la Belgique en péril. Le péril pro-
viendrait de ce que l’Allemagne aurait promis
de protéger la neutralité de la Belgique, à la
condition que celle-ci modifiât son système de
défense, en supprimant la citadelle du Nord
construite en vue dé lAngleterre.
Nous pensions que la promesse de l’Alle-
magne était plus ancienne que cela, aussi
ancienne du moins quecelledes autres grandes
puissances. Nous pensions qu’elle était de
beaucoup antérieure à la construction de la
citadelle du Nord. Mais le correspondant du
New- York Herald a rencontré à Bruxelles un
comte, ami intime du Roi et de M. Malou, et ce
comte lui a appris que M. De Sommerfeld avait
en Belgique pour mission principale d’obtenir,
eu échange du protectorat de 1 Allemagne, la
démolition de la citadelle du Nord ! U Etoile
belge, tout en se moquant comme il convient
du pufflste américain, se donne la peine de lui
apprendre que la démolition de la citadellë du
Nord a été réclamée par les Anversoîs, avant
que M. de Sommerfeld fût attaché à la légation
allemande :
Le major Sommerfeld qui veut, dit-elle, la démoli-
tion de la citadelle du Nord! Mais ce sont lesmeetin-
jruistes anversoisqui ontmis cela dans leur programme
a'opposition en 1863 et qui, à l’aide de ce programme,
ont culbuté la députation libérale de l'arrondissement
sous l’administration de M. Frère-Or ban; ce sont les
catholiques anversois qui ont obtenu de celui-ci, en
1868, c’est-à-dire deux ails avant la guerrè franco-alle-
mande, l’abandon des fronts intérieurs de la citadelle
du Nord, c’est-à-dire sa disparition comme citadelle,
et nous allons rappeler dans quelles conditions.
D'après le projet primitif de grande enceinte, les ci-
tadelles du Nora et du Sud devaient croiser leurs feux
pour, défendre la rade à la gorge de la position — à la
corde de l’arc — et empêcher rapproche d’une armée
sur la rive gauche. Pour rendre les deux citadelles
inutiles dans le système de défense — du moins leurs
fronts intérieurs,—il suffisait de se mettre d’accord pour
fortifier la rive gauche par un système de forts avan-
cés sur cette rive rendue déjà presque inabordable
grâce aux inondations, et c'est ce que M. Frère, aidé
de son collègue de la guerre,M. le général Renard,par-
vint à faire décréter par nos Chambres.
Si donc M. la major Sommerfeld pousse maintenant,
dans l’intérêt allemand, à la destruction de la citadelle
du Nord, il accomplie une besogne de don Quichotte,
ce qui serait indigne de la dation qu’il représente, peu
habituée à combattre des moulins à vent.
Si les fronts intérieurs de la citadelle du Nord ne
sont pas encore démolis, et si tout l’espace réservé au
jeu de leurs canons n’est pas déjà occupé par des éta-
blissements commerciaux, c’est que 1 administration
de M. Malou a mis plus de temps pour terminer les
fortifications de la rive gauche qu’iî n’en a fallu à l ad-
ministration de MM. Frôre-Orban et Chazal pour exé-
cuter tous les travaux de la rive droite dix fois plus
considérables, et nous devons en conclure que l’in-
fluence de M. le major Sommerfeld sur nos gouver-
nants actuels n’est pas aussi grande qu’on se niait à
l'aller dire à New-York.
Nous nous permettrons de trouver, avec le
Journal de Bruxelles, que le New-York
Herald aurait bien fait d’.attendre le Ier avril
puur lancer son gigantesque canard.
La Députation permanente a frappé hier
deux grands coups, •
D’abord elle a admis toutes les déclarations
de chevaux mixtes sans enquête aucune. L’en-
quête est un moyen de vexation réservé aux
électeurs libéraux des villes.
Les troupeaux campinois des curés sont
crus sur parole !
La cavalerie mixte formerait ainsi sur la
liste électorale de 1878 un escadron de 400
électeurs cléricaux si la Cour d’appel n’arrê-
tait chez nos députés permanents un aussi
beau zèle.
Ensuite, après plusieurs discussions des plus
orageuses et qui datent de loin, la Députation
a admis, à la simple majorité cf une voix, — 4
contre 3— la recevabilité de 394 réclamations
cléricales tardivement déposées au greffe du
gouvernement provincial le 26 septembre. Il
en a coûté à nos députés permanents d’afficher
pareil cynisme et deux a’entr’eux ont eu au
moins le courage de s’opposer jusqu’au bout à
cette violation flagrante du droit.
Nous n’avons point l’intention d'apprécier
la décision burlesque prise par la Députation
permanente pour notifier au corps électoral
ce coup de parti d’un nouvéau genre. Les li-
béraux vont en appeler sans retard, et nous
attendons avec confiance l’arrêt de la cour
d’appel qui interviendra.
La tactique des cléricaux dans cette cam-
pagne électorale se dessine de plus en plus.
C’est moins aux libéraux qu’au système
électoral lui-même qu’ils font une guerre
acharnée.
Le but qu’ils poursuivent est de nous ame
ner au mois de mai sans listes électorales et
de rendre partant les élections impossibles au
mois de juin.
Le fonctionnement de la loi serait arrêté et
nos institutions parlementaires tenues en qua-
rantaine.
Nous avons des raisons de douter que
dans le monde politique l’on se rende bien
compte de la gravité de la situation que les
cléricaux préparent au pays.
Nos adversaires ont trouvé dans le système
des enquêtes et surtout dans la manière de les
tirer en longueur, une machine de guerre qui
doit infailliblement assurer le sueees de leur |
plan .„Qu'on .en juge par deux chiffres.
La Députation permanente a ordonné jus-
qu'ici 1673 enquêtes et,incitée par le fanatisme
politique qui la caractérise, nul doute que le
chiffre de 2000 ne soit très prochainement dé-
passé.
Jusqu'ici aussi, malgré le zèle de quatre
juges de paix, moins de 190 enquêtes ont pu se
faire.
Si donc ce mode de procédure devait être
maintenu il nous conduirait avec certitude
jusqu’aux mois d’été avant que la formation
définitive de nos listes électorales puisse être
achevée.
D’ailleurs l’expérience faite sur 190enquêtes
dans lesquelles les cléricaux ont apporté tout
l’acharnement possible, est hautement probante
en faveur des libéraux. Leurs inscriptions
sur les listes électorales sont pleinement jus-
tifiées et les criailleries des cléricaux n’ont mis
qu’une fois de plus en lumière l'inanité de
leurs moyens favoris : l’injure et la calomnie.
La loi sur le secret du vote va être mise à
exécution pour la. première fois.
Par arreté royal du 11, le collége de l’ar-
rondissement de Liège est convoqué pour
lundi 4 février prochain, à 9 heures au matin,
à l’effet d’élire un sénateur, en remplacement
de M. Grandgagnage, décédé.
Les candidats devront être proposés avant
le mercredi 30 janvier courant ; enaque pro-,
position devra être signée au moins par cin-
quante électeurs.
En cas de ballottage, si les opérations ne
Eeuvent commencer, au plus tard, à trois
eures, le scrutin aura lieu sans convocation
nouvelle des électeurs, le lundi 11 février pro-
chain, à neuf heures du matin.
Nous apprenons que notre honorable représen-
tant M. J. d’Andrimont a l'intention de solliciter
la place de sénateur devenue vacante par la mort
de M. Grandgagnage.
On assure également que M. X.Neujean,avocat,
cédant aux sollicitations de ses amis politiques,
acceptera la candidature à la Chambre des repré-
sentants. en remplacement de M. d'Andrimont,
Il est probable que ces deux élections pourront
avoir lieu le même jour. (Meuse).
Les biens de main-morte.
.... Moi, que je sois riche ou pauvre, que je fasse
de ma fortune, quelle qu’elle soit, un bon ou un
mauvais usage, cela n’intéresse personne, ami
Latour, personne absolument que moi, et peut-être
encore quelques personnes de ma famille.
Il n’en est pas absolument de même quand il
s'agit des biens possédés par les couvent®. Nofl, en
vérité, les choses ne sont pas égales.
Quand je mourrai, ami Latour, et je te préviens
que ce sera le plus tard possible, mon hôtel,comme
disent mes amis, et mes livres, mes chers livres,
et mes meubles, et mon pauvre petit pécule, tout;
cela passera aux mains de mes héritiers naturels,
et paiera les droits de mutation qui sont imposés
par la loi française.Il faudra bien qu’en ce moment
là le fisc mette le nez dans mes affaires, et sache
précisément ce que je lui dois.
Un couvent ne meurt pas, c'est une personne fic-
tive et légale, qui a le privilège de durer toujours
jeune et accaparente à travers les générations sans
cesse renouvelées. Le roi est mort, disait-on jadis,
vive le roi! Le prieur s’en va, un autre le remplace ;
c’est toujours le même- cou-vent, et de la fortune
qu,’il a amassée, personne au monde, ni le percep-
teur, ni le notaire, ni le receveur de l’enregistre-
ment, ne sonne mot.
Il n’y a pas grande apparence, ami Latour, que
j'use de ce que vous appelez ma fortune dans un in-
térêt qui soit contraire à celui de la France. Je suis
resté Français, comme je suis né; j’aime la patrie
par dessus tout au monde, et quel que soit le sacri-
fice qu’elle puisse demander un jour, je suis prêt à
le faire. Je ne reconnais d’autre souverain que celui
qui tient soii pouvoir de la Constitution, et qui re-
présente mon pays aux yeux des-nations étrangères.
Ai-je besoin de.te rappeler que les maisons reli-
gieuses ne se piquent point de ce patriotisme? Elles
affectent au contraire de reconnaître, de procla-
mer pour leur premier maître un homme qui habite
par delà les monts, qui u'est Français, ni de natio-
nalité ni de cœur, qui a condamné du haut de son
trône, que dis-je ! condamné, anathématisé tous les
principes sur lesqùéts repose notre société, qui
[proscrit tout ee que nous respectons et aimons, qui
ne sera content que le jour où il régnera sur les
ruines de la civilisation moderne, détruite et
anéantie.
Il parait donc assez naturel que l’Etat se ren-
seigne sur les éléments de puissance qui sont aux
mains de gens insurgés contre lui.
Si j’avais la réputation d’ètre un fauteur de trou-
hles, un artisan ae révolutions,tu ne trouverais pas
mauvais, ami Latour, que la police fit une descente
dans mon fameux hôtel, et qu’elle prit note des
revolvers et des armes de toute espèce que j’y au-
rais caché. Elle ne ferait, en agissant ainsi, que
prendre des précautions contre des éventualités
qu’elle aurait raison de craindre.
En bien 1 c’est exactement la même chose. Nous
savons ou nous croyons savoir (c’est tout un en
pareille affaire) que les maisons religieuses n’aiment
que médiocrement leur patrie et les lois qui la ré-
gissent. Nous avons de la méfiance, une méfiance
légitime. Nous ne pouvons nous défendre d’une cer-
taine inquiétude, lorsqu’on nous dit que ces innom-
brables couvents ont accaparé et détiennent une
bonne partie du sol français. Nous voulons en avoir
le cœur net. Est-ce que ce n’est pas notre droit ?
Pouvons-nous nous en rapporter aux allégations
intéressées de ceux que nous mettons en cause ? Il
n’y a qu’une enquête qui puisse nous tirer de
peine. Cette enquête a été ordonnée ; nous deman-
dons instamment qu’ellé se fasse.
Nous ne comprenons rien aux difficultés que
nous oppose le parti clérical, qui doit, si ce qu’il
affirme est vrai, désirer plus que nous encore que la
lumière se fasse.
Car cette lumière, c’est sa justification.
(XIX* Siècle.) Francisque Sarcey.
La Jeune garde brabançonne, présidée par M.
Alfred Monville, vient de donner pour suite à son
utile publication du Syllabus, le texte annoté des
Encj'diques pontificales de 1832 et 1864. Voici
VAvant-propos qui précède cet intéressant opus-
cule, dont nous recommandons la propagation à
toutes les associations libérales :
La bienveillanee-’que le public a bien voulu nous té-
moigner lors de notre première publication, le Sylla-
bus traduit et comparé à la Constituton ét aux lais
belges, nous permet de réaliser la promesse que nous
taisions à cette époque.
Nous ne nous sommes point dissimulé que le rapide
écoulement de trois éditions de notre opuscule tenait
à cette circonstance que le Syllabus était peu connu
dans son texte.On peut en dire autant des Encycliques
que nous publions aujourd'hui, ot c’est ee qui nous
donne confiance dans le succès de cette nouvelle pu-
blication.
M. Bara, président de la Fédération libérale, disait
récemment : Les élections doivent se faire sur le ter-
rain de la Constitution; il nous faut, vaincre pour la
défendre.
Par nos publicat ions, nous a vons voulu montrer les
dangers que courent nos libertés par suite de la pré-
sence au pouvoir du.parti clérical.
Le Syllabus c’est la condamnation brutale de nos
libertés; dans les Encycliques, lès papes daignent
discuter. Le premier s'occupait des théories les
plus diverses, philosophiques et politiques. La con-
damnation embrassait toutes les productions de l'es-
prit humain non approuvées par l’Eglise; chaque
système philosophique,chaque proposition scientifique,
enaque opinion politique, chaque principe législatif s’y
trouvait condamné, sans qu’il y eut nécessairement un
lien entre ces diverses condamnations.
Les Encycliques, au contraire, sont exclusivement
consacrées à la condamnation de nos libertés consti-
tutionnelles.
La doctrine constante de l’Eglise, c’est qu’il faut em-
pêcher la liberté de l’erreur. Elle ne veut donc que la
liberté pour elle seule, car elle se prétend seule dépo-
sitaire de la vérité.
C’est là le régime de despotisme que l’on rêve pour
notre pays; ce serait le plus terrible, le' plus ombra-
geux, s’acharnant sur les petits et les faibles. Ce serait
le despotisme clérical.
Et l’on se figure que l’existence d'une nation réalisant
ainsi ce qu'on a appelé les véritables lois de la société
chrétienne, ne serait pas considérée comme un danger
par l’Europe?
Ecoutons ce que disait M. Frère-Orban, à la séance
de la Chambre au 31 mai 1877 :
- Messieurs, une chose m’afflige et m’inquète : elle
alarme mon patriotisme. Au milieu des agitations fo-
mentées partout par l'ultramontanisme, pas une voix
catholique, pas une seule, ne s’élève pour modérer
l’ardeur des nouveaux croisés. La parole est exclusi-
vement aux violents. On redoute tout ce qui se passe
à l’heure présente dans un pays voisin. L’Allemagne
suit, les événements d'un œil inquiet et défiant, les in-
térêts de l’Italie sont gravement engagés dans les évé-
nements qui semblent se préparer.
» Comment apparait la Belgique aux }reux de l’Eu-
rope en ce moment solennel ? Elle apparait comme le
foyer le plus ardent de la réaction et de l’ultramonta-
nisme.
» un membre. Voilà du patriotisme !
» m. FRÈRE-ORBAN, Est-ce que mon patriotisme n'a
pas le droit de s’alarmer de la situation que vous faites
au pays ? Est-ce que mon patriotisme ne m’ordonne pas
de vous recommander plus de sagesse et plus de mo-
dération? Est-ce que mon patriotisme neme commande
pas d’élever la voix pour vous avertir des dangers que
vous faites courir au pays? »
Faut-il rappeler les graves complications diploma-
tiques avec l'Allemagne que nous attira la fougue irré-
fléchie, anti-patriotique des évêques ?
Ne se souvient-on pas que la droite de la Chambre
fut obligée, à cette époque, de les désavouer ?
Mais il semble que, depuis lors, la réaction, qui,
dans toute l’Europe, relève la tête ét a mis une nation
voisine dans une situation si grave, commence chez
nous aussi à moins craindre, à-oser davantage, et c’est
le cabinet, le bénin et doux cabinet Malou qui a crié
en avant !
» Dans un pareil moment, continuait M. Frère-Orban,
le cabinet a ouvert des perspectives qui doivent préoc-
cuper.
r Le cabinet a dit : L'heure peut venir où les puis-
sances seront invitées à délibérer sur les questions
relatives à la papauté. Nous sommes là, nous atten-
dons qu’on nous lasse un appel, et nous répondrons.
- Grave imprudence dans le temps où nous vivons,
car elle encourage des espérances que nous devrions
être les premiers à condamner !
» A l’intérieur, en présence des violences et des ten-
tatives dont nous sommes les témoins, il n’y a jamais
daus la bouche d’aucun membre du cabinet un seul mot,
une seule parole qui convie ses amis à la modération.
» L'influence morale dont le gouvernement est in-
vesti, est employés à surexciter les passions de son
parti, de jour en jour plus ardent et dont les manifes-
tations dans le pays deviennent plus pressantes et
plus audacieuses que jamais. Ici et ailfeurs, le parti
clérical estime que l'heure est propice et que le mo-
ment estvenu de tenter d'assurer 1 empire au clergé.”
Sans doute, le cabinet, dans le discours du trône qui
a ouvert cette session, a fait des déclarations d’amour
à notre Constitution, et, au Sénat comme à la Cham-
bre, la majorité s'est jointe à lui. Mais on s’est bien
vite aperçu que cet amour n’est que celui d’un gour-
mand poiir un bon repas.
En effet, M. Frôre-Orban, curieux de voir jusqu'où
irait le dévouement de nos adversaires à nos libertés,
proposa au projet d'Adresse en réponse au discoure
du trône l’amendement suivant :
“ Le devoir le plus impérieux des pouvoirs publics
est de combattre, par tous les moyens légaux, les
entreprises de ceux qui représentent les droits de la
Constitution garantie aux Belges comme autant do
principes funestes dont on ne peut avoir assez d’hor-
reur et qui cherchent ainsi à en inspiier à nos popu-
lations. L’enseignement public à tous les degrés doit
contribuer à faire honorer et respecter nos principes
constitutionnels.
C’était le moment de prouver la sincérité de cet
attachement dont on faisait parade, les cléricaux re-
jetèrent l’amendement.
La pensée de Y Union, qui fit la révolution de 1830,
est bien perdue. Mais à qui peut-on reprocher d’avoir
déserté le drapeau ?
On voulait alors la liberté en tout et pour tous ; c’est
un abbé du Congrès qui donnait cette formule. Nos ad-
versaires sont-ils encore dans-les mêmes idées ?
Le libéralisme, lui, n’a point perdu les grandes tra-
ditions de 1830, et ii répétera encore aujourd’hui ces
paroles que prononçait, il y a 35 ans, M.Verhaegen :
« Nous Voulons, nous, ce que plusieurs d’entre vous
ne veulent' point : nous voulons ce que voulait l’éyêque
de: Liège én 1896, et qu’il ne veut plus aujourd'hui.
” un Membre Quoi ?
m. vBRHAEUES.On me demande-quoi. Je vais vous lo
dire ; ce qui est écrit dans sa lettre pastorale de 1830,
et le voici :
« Il ne faut jamais confondre, N, T. C. F., ce que
Dieu a séparé, il ne faut jamais perdre de vue ce que
disaient les évéques de France en 1765; » Que l’établis-
» sement des deux puissances, temporelle et spiri-
» tuelle, est uiTdSF prus grands bienfaits de la Pro-
» videnoe envers les hommes ; que l’une a pour
» objet leur bonheur dans la Vie présente,et que l'au-
» tre le prépare pour l’éternité ; que les intérêts du
* ciel et ceux de la terré n’ont pas été réunis dans les
>* mêmes mains ; que Dieu a établi deux ministères dif-
» férents, Fan pour faire passer aux citoyens des jours
» doux et tranquilles, l’autre pour former des enfants
» de Dieu, les héritière et les cohéritiers de Jésus-
» Christ ; » et c’est cette lumineuse distinction, bien
saisie dans tous ses rapports, qui est la réponse caté-
gorique à tous les sophismes de nos faux docteurs,
comme elle serait, suivie dans toutes ses conséquen-
ces, la meilleure garantie do la tranquillité des em-
pires.
» Nous le savons, il fut un temps où ces deux puis-
sances s'étaient fait, dans notre patrie, des concessions
mutuelles de droits et de privileges tellement multi-
pliés, que lés deux paraissaient n en faire qu’une tant
elles étaient entièrement liées et confondues ensemble.
Alors le clergé était riche et puissant, et il avait,
comme les premiers corps de l’Etat, dans le gouverne-
ment civil.îa part la pl us active et la plus décisive ; alors
le souverain, appelé l'évêque extérieur, connaissait de
beaucoup d’affaires ecclésiastiques et jouissait do
nombreux privilèges, qui lui donnaient une influence
marquante sur le gouvernement de l’Eglise. S’il est vrai
que cet ordre de choses ait produit de grands biens,
on ne peut nier qu'il n'en soit résulte aussi de grands
abus. La providence l’a fait disparaître, et tout ce
qtie la Providende fait est bien fait.
- Nous désirons, N. T. C. F., qu’avec ces principes
se propagent de plus en plus, parmi vous, l’amour de
l’ordre, la soumission aux lois, le respect envers la
majesté royale, et je ne sais quel esprit de modération
et de sagesâequi fait, dans les temps difficiles, conci-
lier avec dignité et calme ce que l’on doit à Dieu avec
ce que l'on doit au Roi et ce que l'on se doit à soi-même!
Fuyez donc tout ce qui pourrait fomenter un esprit
de haine et djanimosi té contre le pouvoir oh ses agents,
et sous prétexte de conservé intactes quelques par-
ties du corps social que l’on croira menacées, rompre
le lien qui unit toutes les parties entre elles, et entraî-
ner la dissolution du- corps entier. •< Le Seigneur n’est
pas dans le trouble. - ‘
- Ministres d’un Dieu de paix, nous ne craindrions
même pas, dans des temps calomnieux, de vous ex-
horter à vaincre par vos souffrances, plutôt qu’en sa-
crifiant le trésor de la paix et la tranquillité publique.
- Loin de nous la pensée de vous entretenir ici,
N T. C. F., d’objets etrangers à notre ministère. Enga-
gés au service de Dieu, comme dit le grand apôtre,
nous tâcheronstoujourede nous appliquer à nous même
l’avisqu’il donnait à l’évêque d Ephese : ■< Qu’aucun
UK CEUX QUI S’ENRÔLENT DANS LA MILICE SAINTE NB
S’EJUIARRASSK DANS LÈS AFFAIRES SÉCULIÈRES.
•• Avec qùel courage, membres du seigneur, avec
quel redoublement dé zèle n’allez-vous pas poursuivre
paisiblement Votre belle carrière ! servir en même
temps l’Eglise et l’Etat en vous vouant s ans partage aux
fonctions, non moins sublimes que modestes, de votre
saint ministère. Ah ! quelle belle vie qu’une vio unique-
ment employée à instruire l’ignorant, à ramener lé
coupable, à soutenir le faible, a soulager le pauVre, à
consoler la veuve et l’orphelin ; à prodiguer vos soins
aux moribonds, A prévenir les haines, à rétablir la
paix et la concorde dans les familles où elle est trou-
blée, et à lever sans cesse des mains pures vers le
ciel pour en faire descendre sur ceux qui vous gou-
vernent tous les dons de la sagesse de Dieu et sur vous
et sur ceux qui vous sont confiés tous les trésors de
sa miséricorde, car voilà, ministres du Dieu vivant,
nos occupations, voilà nos destinées, et que nous
sommes heureux, lorsque, devenus étrangers et
comme morts a tout le reste, nous ne vi$ons\qii'à les
remplir! »
Et M. Verliaegen, ce grand patriote, ajoutait :
- Neus sommes déjà loin de 1830; nous sommes
même déjà loin de 1839. Que les temps sont changés !
Que de masques tombés! Que de beaux semblants dé-
mentis! Mon Dieu ! quelle différence entre les discours
d’autrefois et la conduite d’aujourd’hui ! »
Commerce, marine, etc.
LES RÈGLES DTORK ET D’ANVERS.
Nous sommes forcé, faute de place, de
remettre à lundi la fin du travail deM. J. Lam-
br echts.
Postes. ~ Avis.
Le départ du steamer Sakkarah, de la ligne di-
recte d’Anvers au Chili et au Pérou, est fixé au 14
janvier, à midi.
‘ La dernière levée de la boîte au bureau central,
Place Verte, aura lieu à 10 h. 45 m. du matin.
NOUVELLESJTRANGÈRES.
ITALIE.
La mort du Roi Victor-Emmanuel.
(Dépêche particulière du Daily News,)
Rome, jeudi soir.
Les arrangements pour les funérailles du roi
Victor-Emmanuel seront pris par le ministre de
l’intérieur, deconcert avec le marquis de Ranissera,
le Grand Maître des cérémonies, le syndic de Rome
et le général commandant la division militaire. Les
troupes seront convoquées spécialement à Rome
afin de prendre part à la cérémonie.
On s’attend même au Quirinal à ce que le Pape
mette une des grands Basiliques de Rome à la dis-
position de la famille royale pour cette circonstance
solennelle. Le corps ae Victor-Emmanuel sera
exposé sur un lit de parade dans lasalle des Suisses
au Quirinal, les vendredi, samedi et dimanche. Le
corps sera transporté dans la Basilique lundi et
restera encore exposé. Les obsèques auront lieu
mardi, et mercredi, le prince Humbert prêtera ser-
ment dans la Chambre des députés en présence des
membres des Chambres Haute et Basse. Si le roi
est enterré à Rome ce sera dans le Panthéon où la
municipalité érigera un monument approprié.
Ce matin à 9 heures le prince Amédée et le prince
de Carignan, arrivés récemment, furent accom-
pagnés dans la chambre mortuaire par le roi Hum-
bert. Quatre cierges brûlaient aux coins du lit de
parade. Un prêtre récitait les prières des morts.
Un officier d’ordonnance et le maître des cérémo-
nies gardaient le corps. En contemplant les traits
de leur père sur lesquels restait encore comme un
air de commandement, les princes ont dû être pro-
fondément émus. Ils étaient encore sous cette im-
pression lorsqu’ils sortirent de la chambre.
Voici des details sur les derniers moments du
roi :
A midi l’état du roi n’inspirait plus le moindre
espoir, et il ne restait plus qu’à administrer les
derniers sacrements. Le chanoine Anzino, chape-
lain de Sa Majesté, fut admis alors et en présence
du prince Humbert, de la princesse Marguerite, de
tous les grands dignitaires de l’Etat, le baron Ni-
cotera et Te baron Haymerle, l’ambassadeur Austro-
Hongrois, le roi communia et reçut l’extrême-
onction.
La scène était des plus touchantes, et tous étaient
émus jusqu’aux larmes.
Il était près de une heure et demi. Le Roi qui
avait passé la matinée dans un fauteuil fut trans-
porté dans le lit. A 2 1/2 heures les médecins firent
aspirer à l’auguste malade du gaz oxygène et il
parut retrouver un instant son ancienne énergie.
Il fit trois fois signe aux assistants de ne pas pleu-
rer ; puis comme si cet effort avait été trop grand
il se retourna sur son oreiller, porta la main à ses
lèvres pour tortiller sa moustache du geste qui lui
était familier et pôussa ensuite un long soupir. Ce
fut son dernier souffle.
L'horloge marquait 2 heures 25 minutes.
Autour du lit se tenaient les ministres d’Etat et
les principaux membres de la maison royale.
En ce moment on entendit un bruit.
C’était le baron d’Uxkull, l’ambassadeur de Rus-
sie, apportant un télégramme de sympathie de la
part au tzar.
Les niinistres se rassemblèrent en toute diligence
en conseil et après une courte délibération en pré-
sence du prince Humbert, le Signor Crispi, ministre
de l’intérieur, adressa des dépêches à tous les pré-
fets du royaume, annonçant la mort du roi, l’avé-
nement au trône du prince Humbert, et la confir-
mation du ministère dans ses fonctions.
La nouvelle se répandit comme un coup de fou-
dre dans la ville. À 3 1/2 heures tous les magasins
étaient fermés.Toutes les rues étaient encombrées
d’une foule agitée mais triste, discutant l’événement
par lequel 1Ttalie unie à perdu son premier roi à
Rome.
Lorsque le Fape reçut la nouvèllé de la mort du
roi, ii était dans sa bibliothèque privée et dit ; - Je
m’y attendais, je lui avais pardonné. Prions main-
tenant pour son àme. »
Aujourd’hui le Dovere, un journal mazzinien,
commentant la mort du roi à un point de vue répu-
blicain, a été suspendu.
L’embaumement du corps aura lieu ce soir ou
demain.
(Dépêches particulières de la Pall Mail.)
Rome, vendredi matin.
Les cardinaux ne sont pas encore d’accord sur
les honneurs à rendre au Roi à l’occasion des funé-
railles. On dit toutefois que la plus grande conces-
sion qu’ils accorderont sera celle ae rendre à la
dépouille de Victor-Emmanuel les honneurs funè-
bres d’usage à la mort des souverains étrangers.
C’est à dire qu’ils omettront dans les chante litur-
giques les prières Pro Rege Nostro.
Toute autre concession est jugée impossible, vu
qu’elle impliquerait la reconnaissance de l’abolition
du pouvoir temporel du pape. La décision finale
sera soumise à Pie IX.
La municipalité de Rome et lesmembres du Par-
lement désirent que les restes du Roi reposent au
Panthéon. Mais la famiile royale, souhaiterait
plutôt de les voir enterrés en Piémont. Il est possi-
ble toutefois que les princes se conformeront au
vœu de la nation.
Berlin, vendredi.
Lin prince de la famille imperiale de Prusse se
rendra à Rome pour assister aux funérailles du roi
Victor-Emmanuel. On croit que c’est le prince
héritier qui se chargera de cette mission.
On nous mande de Londres en date d’hier :
- Le bulletin de là cour contient le paragraphe
suivant ;
C’est avec un profond regret que ia Reine a
reçu hier, de l’ambassadeur de Sa Majesté à Rome,
là Ttouvelle inattendue de la mort da roi d’Italie.
S. M. qui avait toujours été un ami de l’Angle-
terre et un des alliés de la. Reine durant la guerre
de Crimée, visita la cour de Londres en 1855 et a
toujours entretenu depuis une correspondance
amicale avec S. M. la Reine.
Rome, 11 janvier.
Le roi Humbert a ordonné un deuil d’un se-
mestre.
Il a adressé à l’armée un ordre du jour fendant
hommage aux vertus militaires et civiques du roi
Victor-Emmanuel.
M. Mancini proposera au Parlement de décider
que le Panthéon servira de sépulture à la maison
de Savoie.
FRANCE.
Le Sénat.
Tous les journaux s'occupent du vote du Sénat
et de l’attitude des droites. Lé Journal dès Débats
ést fort sobre d’observations ; il reconnaît que M.
d’Audiffret Pasquier, par son attitude correcte dans
les derniers jours de la crise a mérité lés suffrages
des gauches. ■> Il appartient, par ses antécédents et
par ses convictions, à ce groupe de la Chambre
haute qui s’est appelé lui-memé constitutionnel, et
qui a mérité ce titre. Notre plus vif désir est que
I accord qui s’est produit entre les républicains et
ce groupe trop souvent indécis se maintienne soli-
dement. »
Le Temps compulse les différents votes qui ont
eu lieu et arrive à la conclusion que - le parti de
la résistance systématique, la droite proprement
dite, légitimistes et bonapartistes coalisés, ne
compte que 112 à 115 membres contre 170 à 175
acquis à une politique franchement constitution-
ifie ».
» Ce n’est pas seulement l’élection de M. d’Audif-
fret-Pasquier par 172 voix qui a permis d’apprécier
ainsi la nouvelle répartition des forces dans le Sé-
nat. L’élection des vice-présidents a confirmé, ac-
centué même cette première appréciation. Deux
membres du centre gauche, MM. Duclerc et Ram-
pon, sont venus en tête de la liste, le premier avec
170 voix, le second avec 188. M. de Kerdrel, porté
par toutes les droites et auquel la gauche n’oppo-
sait aucun concurrent,n’a été élu que par 122 voix,
M. de Gontaut-Biron, l’ex-ambassadeur à Berlin,
sur le nom duquel on avait imaginé de faire une
protestation contre la décision du ministre des af-
faires étrangères, n’a obtenu que 88 suffrages.
Tous ces chiffres sont significatifs ; ils montrent
que non-seulement toute hésitation a cessé dans le
groupe des constitutionnels, mais que plusieurs
membres du centre droit, répudiant la responsa-
bilité d’une plus longue résistance aux vœux du
pays, tendent à se rapprocher de la gauche. »
"Voici comment le XIXe Siècle caractérise ia
séance de la Chambre :
•• Il neigeait. Dans la salle,on s'était mis à l'unis-
son du dehors : quatre heures durant, il a neigé de
petits bulletins blancs. Br... ! C'est triste, la neige,
qui tombe. Les flocons de papier qui s’engouffrent
sans bruit dans les urnes n ont rien de plus gai.
» La Chambre constituait son bureau définitif.
» Pour l’élection du président,la seule hésitation
possible est celle-ci : ta droite acariâtre opérera-
t-elle par voie d'abstentions oude bulletins blancs?
II n’est jamais d’on intérêt bien palpitant de savoir
de quelle façon q uelqu’un ne fera pas quelque chose. »
A propos de l election deM.d’Audiffret-Pasquier,
il dit : , ,
» Le sénat a bien fini i'annee en refusant de s as-
socier aux vilaines affaires auxquelles on préten-
dait le mêler, et il vient de la bien commencer.
L’élection du bureau est d’un bon augure. M. le
duc d’Audiffret-Pasquier est un ami tiède et inter-
mittent de la République. Nous avons eu plusd’une
fois moins qu’à nous louer de lui, et nous ne som-
mes pas sûrs qu’il ne fera point un jour ou l'autre
quelque frasque nouvelle. Il faut pourtant recon-
naître qu’il a su donner aux heures aigues de la
crise de sages et patriotiques avis : il les a donnés
avec cette impétuosité qui est dans sa nature et
qui, une fois lancée, ne s’arrête plus. M. Batbie en
sait quelque chose. Il était juste que les républicains
s’en souvinssent. »
Les appréhensions au sujet de la fermeté des con-
stitutionnels sont exprimées d’une façon beaucoup
plus agressive par la République frcpiçaise. Après
avoir rappelé toutes les tentatives coupables du
Sénat et la piteuse fin de tant d’intrigues, le jour-
nal de Gambetta dit ;
» U y a dans cette mojorité un groupe sur lequel
il serait presque ridicule de compter après tant de
déceptions, et qu'on persiste néanmoins à considé-
rer comme n’étant pas perdu sans retour pour la
République, uniquement parce qu’on s’est accou-
tumé à le croire fait pour une autre destinée que
celle qu’il se prépare de gaieté de cœur, et parce
qufi s y rencontre des hommes d’intelligence
auxquels il échappé par intervalle et comme invo-
lontairement des actes d’honnêteté politique. Et
voilà que, pour couronner ses fautes passées, ce
groupe s’est engage dans des arrangements élec-
toraux qui le conduisent à grossir incessamment les
rangs de ses plus mortels adversaires ! II a formé
avec eux une société qui lui donne à chaque partie
la chance de gagner un avec la certitude de perdre
deux. C’est un système tout nouveau de compta-
bilité, qui conduirait tont droit aux Petites-Mai-
sons le spéculateur assez fou pour le mettre en
pratique. Que n’y aurait-il pas à dire sur cette
combinaison ? Mais, sans toucher à la question
q honneur que tout le monde ne comprend pas
(le la même façon ce groupe a-t-il perdu pour
toujours le sentiment de son intérêt? Est-il ca-
pable de reconnaître qu’il fait fausse route
et qu il est temps pour lui de rentrer dans le
droit chemin ? Maître encore à cette heure de
former au Sénat une majorité raisonnable et
de s y réserver une place, aimerait-t-il mieux
s abandonner comme par le passé aux petites
craintes, aux petites préventions, aux petits cal-
culs, et courir par amour-propre à sa perte irrévo-
cable? »
M. de Gavardie, le sénateur à l’interpellation,
n obtient pas même une mention ; le Temps seul
lui consacre un petit paragraphe ainsi conçu ;
» Au début de la séance, un sénateur, qui n’est
pas classé au nombre des membres les plus sérieux
de nos assemblées politiques, a déposé une inter-
pellation qui pourra avoir un certain intérêt de
curiosité. »
BELGIQUE.
AWLRS. 15£ Jan vier.
Société commerciale, industrielle et maritime.
Comité central. — Séance du 7 janvier.
ORDRE DU JOUR.
l" Installation des nouveaux membres du comité.
Il est procédé à l’installation de MM. Ad. Cahu, Ed.
Ceulemans, Ad. Deppe et Ern. Waltüer. nouveaux
membres du comité, présents à la séance.
' i? Nomination dù bureau.
Sont élus pour l'année 1878 : Président, M. Cateaux •
vice-présidents, MM. J. Van Beylen et Randaxhe ;
secrétaire, M. C. Kesteloot ; trésorier, M. F. Panweb.
. 3° Ballottage de nouveaux membres.
MM. J. t an den Dries, Th. Meens, Corty. F. Bracht.
G. Glaes,Ch. Dubois, J. A. Marqnissen, P. F. Pittoore,
Ch. Wouters, Alnh. Lambrechts, .Tean Panwels, L.
Godderis, P. J. Baelde père. V. Thieren, G. J. Evg-
raerts, P. Van Geel, J. W. Anthony, L. Coens, J. Wa-
terkom, L. Vraneken. Eug. Heirmau, L. Dreyfus, Van
de Put-Van Meensel, il. Ceflkx, Em. Goosens, C. Van
Stappen, E. Thieren. H. Hentze, K. Bellemans.L. \'an
Calster, Sclisensladt, E. Cahu, Fréd. Jacobs fils, Ed.
Leclef, C. Ickx, H.Delehaye, J. Graré, tolman, Ed.
Caytan, J. Van Halle, F. Gortmans, J. Hermans, J.
Gourriu, J. Baers, Eg. Braeckmens, H. Sohmitz et Ed,
Jansseus, sont admis membres de la Société.
Section d’économie politique et de statistique. —
Séance lundi 14 courant, à 8 1/2 heures du soir, au
secrétariat de la Société.
Nous apprenons avec plaisir que M. Schadde
vient d’être nommé membre de l’Académie royale
de Belgique (classe des Beaux-Arts).
G’est dans sa réunion de jeudi dernier qué l'Aca-
démie a émis ce vote si honorable pour l’architecte
anversois.
Le drame de la rue de la Nacelle. — Mest-
dagh a subi hier un nouvel interrogatoire devant
le juge d’instruction M. Moureau, auquel il a dé-
claré, revenant sur sa déclaration antérieure, avoir
enfoui les ossements de sa femme à l’Eplanade.
Par ordre du juge d’instruction les fouilles ont
cessé aü cimetière dn Kiel.
Plusieurs témoins ont été également entendus,
entre autres le fils de la victime.
La police a dressé procès-verbal à charge d'un
ouvrier-tailleur pour détournement d'un coupon
de drap noir de la valeur de fr. 100 an préjudice du
sieur C., boutiquier, demeurant dans la rue de la
Vigne.
Avis. — Depuis quelque temps des timbres mo-
biles sont arrachés de beaucoup d’affiches par des
gamins qui en font une collection et de cette ma-
nière exposent les imprimeurs à une amende.
On nous prie d’annoncer que la police exercera
une surveillance sévère et verbaliseront contre
ceux qu’elle trouvera en contravention.
CONVOCATIONS.
Association libérale et constitutionnelle.
Sous-comité de la 3e section. — Lundi 14 courant, à
8 1/2 heures du soir, A la Vue du Palais, coin de la
Place de Meir et de la longue rue des Claires.
Ordre du jour : Communications très importantes.
Sous-comité de la 6e section. — Lundi 11 courant, à v
heures du soir, à la Maison Yei'te, chaussée de Maiines.
Libéraux réunis. — Soüs-Comité de la 6* section.
— Messieurs les membres sont invités à se réunir le
lundi 14 janvier, à 6 heures du soir, à T Hôtel du che-
min de Fer, pour assister au cortège de l’inauguration
du Liberale Strijâ.ersbond de la 6e section qui aura lieu
au local Thalia, rue Carnot, à 8heures précises.
Liberale Strÿdersbond de la 6* section. — Lundi.
14 courant, aura lieu l’inauguration de ce cercle poli-
tique. Tous les membres sonc instamment priés cle se
réunir le dit jour, à 5 1/2 heures du soir, an local Uct
Nachtlicht, rue Jordaens, n° 101, chez le sienr Aerts.
Liberale strljdersbond de la 8* section. — Dimanche
18 courant, à 6 1/2 heures du soir, concert et confé-
rence au local Nieuw Zaal, rue Diercksen. Conféren-
cier ; le sieur Adriaenssens.
Les membres se réuniront lundi 14 courant, au local
ordinaire, à 6 1/2 heures, à l'effet de prendre part à
l'inauguration de la 6« section.
Rubens-Kring de la5m* section. —.Réunion men-
suelle, dimanche 13 juin, à 11 heures du matin, au local
le Nouveau St-Jean. place St-Jean.
Ordre du jour : Œuvre principale de la Société. —
Distribution des cartes de membre.
Boschgeuzen van Austruvveel, — Les membres
sont priés de se réunir lundi prochain à 6 heures très
précises du soir, au Café des Etrangers, rue du Bate-
lier, afin d’assister à l’inauguration et au cortège du
Liberale Strÿdersbond de la 6e section.
INFORMATIONS.
Wiliems-Fonds. — Demain dimanche, à4 heures de
relevée, à la salle de concert du Théâtre néerlandais,
conférence populaire hebdomadaire, donnée par M.
V. Van Wilder, de Gand.
Société royale d’Harmonie. — Mercredi 16 janvier,
à 8 heures (petite salle), soirée de musique avec le
concours deM. Camille Saint-Saëns.
Samedi 19 janvier, à 8 heures, grand concert vocal
et instrumental dans lequel se feront entendre AL
Camille Saint-Saëus et M11» Marguerite Pommereul
(violon).
A vendre à un prix exceptionnellement avanta-
geux, une barque espagnole de toute l'1* classe,
jaugeant 228 tonneaux, construite à Bilbao, 1870,
des meilleures matériaux, sous la surveillance
■spéciale du Veritas, classée 3.3. A. I L pour 10
ans. Reclassée après inspection spéciale en 1875
A 12 pour 10 ans au Lloyds américain. .
Pour prix et autres conditions, s’adresser à Leon
Serrure & C», Longue rue des Claires, 21. 303
Anver*
La Belgique
La Hollande |