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1858.
V 13.
ANVERS, mercredi 13 Jam 1er.
Yfnat-trolsiènie année.
Tout ce qui concerne
la Rédaction ou rAd-
ministration , s’adresse
aux propriétaires du
Précurseur, Messieurs
Dkwever frères , rue
de l’Amman, 1.
LE PRECURSEUR
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(Au bureau du Précurseur
et chez tous les directeurs des
I’ostes.) Pour Anvers ft', 42.30
par trimestre. Pour tout le
reste do la Belgique franc de
port, fr. 15. Pour la Hollande
fr. 17; l’Angleterre fr. 29 ; la
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18; les Etats-Unis, le Brésil,
les Indes clc. fr. 27.50,
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CHEMINS DE FER.—Départs b’Anvers : Pour Malines et Bruxelles à 6.15,9 R., 10.15, 2.50 E.,
4.30, 7, 8.15.—Lierre, 7, 44.dO, IL—Term.et Gand,G.lS, 10.15, 2.50 E., 4.30.—A lost, 6.15, 10.15,
2.50 JS., 4.30. — Lokeren, 6.15,10.15, 4.30. — N’inove, Gramm., Lessines, Atb, par Termonde,
10.18.3.50 E. Id. par Brux., 0.15,10.18, 2.50 E, — Brug. et Ostende, 6.15,10.45, 2.30 E., 4.30.
— Court., Mouse., Lille, 6.13, 10.43, 2.50 E., 4.30. — Tournai. 6.15, 10.15, 4.30 — Calais, 6.15,
10.15, 3.50 E., 4.30. — Louv., Tirlem., Liège, Verv., 6.15, 9 E., 10.15, 4.30,(7 Tlrlem.. 8.13 E.
— Landen, 6.15, 9 E., 10.15, 4.30. - Aix-la-Ch., Cologne., 6.15 Aix) 9 E. 10.15, 8.15 £. —
Gladbach, Dusseldorf, Crefeld, Ruhr., 9 E., 10.15, 8.15 E.
Journal Politique Commercial Maritime et Littéraire.
PAIX— LIBERTÉ—PROGRÈS-
nOI.LANDO-BELGE. — D'Anvers pour Moerdjk,[Dordrecht et Rotlerdam, 7.45 matin. — De
Rotterdam pour Moerdyk et Anvers, 10 mat. — De Breda ponr Roosendael et Anvers, 6.50 matin.
PAYS DE WAES.—D’Anvers pour Bevereû, St-Nicolas, Lokeren et Gand, 6.30,8.30, 41, 2.30, 6,
— De Gand pour Lokeren, St-Nicolas, Bevercn, Anvers 6.20, 9.05, 10.20, 2.10, 8.50.
._V
13 JANVIER.
BULLETIN POLITIQUE.
Nous»publions plus loin le discours de la reine d'Espagne à
l’ouverture des Cortès, qui a eu lieu, à Madrid, le 10 janvier. Ce dis-
cours est généralement approuvé ; on le trouve liberal et conçu en
termes très nets. — Il était bien naturel que la reine se félicitât
d’abord de la naissance du prince des Asturies. Sur ce point les
sentiments de la mère s’accordaient avec les intérêts de la Reine.
Cet événement en effet est heureux pour l’Espagne; comme le dit,
dans son discours, la reine Isabelle, i! dissipe « de vaines illusions »
les illusions de tous les prétendants et de ceux qui aspiraient au
renversement delà Gonstitution.La reine déclare qu’elle inspirera au
jeune prince le respect le plus inviolable pour la Constitution et les
lois. Elle dit quelques mots de la réparation due à l’Eglise pour le
préjudice que lui a causé la vente de ses biens. Puis, s’occupant des
affaires du Mexique, elle regrette que cette république refuse de faire
droit aux réclamations de l’Espagne; en même temps elle annonce
aux Cortès qu’elle a accepté la médiation de la France et de l’Angle-
terre, et insiste sur la nécessité de donner un grand développement
à la marine espagnole. S. M. se félicite de la paix et de l’ordre qui
régnent dans le royaume et de l’apparence favorable des récoltes de
l’année.
Nous avons remarqué encore que le discours du trône annonçait
la présentation d’un projet de loi destiné à rendre la dignité séna-
toriale héréditaire, et de plusieurs lois organiques, particulièrement
d’une loi relative au conseil d’Etat, d’une loi électorale et d’une loi
sur la presse. Il est également question d’une autre loi qui sera
présentée pour régler l’exécution, en ce moment suspendue, de la
vente des propriétés territoriales appartenant aux établissements de
bienfaisance et d'instruction publique. Voulant enfin porter remède
à l’abus des crédits extraordinaires, la Reine désire que le budget de
l’année 1859 soit voté pendant la session de cette année. — Tel est,en
résumé,le discours de, la Reine. Il indique suffisamment quel sera
le programme du ministère. Il n’y a pas lieu de douter désormais
que ce programme ne soit libéral et que, par conséquent, il trouve,
au sein des Cortès, l’appui qui lui est indispensable.
Du reste, s’il n’obtenait pas cet appui, le cabinet n’aurait d'autre
parti à prendre que de dissoudre les Cortès ; et on assure qu’il ne
s’en ferait pas faute. Les journaux modérés combattent cette mesure
el prétendent que, si elle était adoptée, ce serait la ruine du parti
modéré ; ils invoquent pour exemple la révolution de 1854 . Les jour-
naux oui donnent de tels conseils au ministère, devraient bien aussi
lui indiquer le moyen de gouverner en se passant de l’appui des
Cortès.
Nous apprenons k l’instant, par une dépêche et par -noire corres-
pondance de Paris, la nomination à la présidence des Cortès de
M. Bravo Murillo. 11 avait pour concurrent M. Mayano qui a obtenu
118 voix contre là8 données, k M. Bravo Murillo. " ,
La session des Chambres prussiennes s’est ouverte le 12 janvier,
k midi, dans le salon blanc du palais, par un discours de M. de Man»
teuffel, président du conseil des ministres. Nous reproduisons plus
loin ce discours que le télégraphe apporte.
Le Moniteur annonce mie le ministère turc est reconstitué. Aali»
Pacha a été nommé grand-visir, et Euad-Pacha ministre des affaires
étrangères. Les autres membres du cabinet ont conservé leur posi-
tion. ' Méhémet Kupresli-Paclia devient président du conseil du
Tapzimat,
Nous avons parlé hier sommairement de l’arrestation du général
Walker, de son arrivée k New-York et du bruit qui circulait de sa
mise en liberté par le général Cass. — Rien de pins étrange que ia
conduite du gouvernement de l’Union k l’égard de Walker, rien de
plus inexplicable que les circonstances de cette arrestation. Le chef
des flibustiers, si nous en croyons les nouvelles apportées par le
ktnada, se serait rendu avec tout son monde, k un détachement de
marins des Etats-Unis envoyés k terre par le commodore Paulding,
Cet officier supérieur aurait permis k Walker de s’embarquer, siîr
parole, pour New-York k condition qu’il se constituerait prisonnier
entre les mains des autorités de cette ville. En effet, lo flibustier rie
fait aucun difficulté d’obéir au commodore, il se rend k New-York,
se livre aux autorités et est) relâché par le général Cass après une
longue conférence. De plus, on assure que le gouvernement de
Washingtona désapprouvé la conduite du commodore et doit le faire
traduire en jugement pour avoir méconnu ses instructions qui lui
enjoignaient de retenir Walker prisonnier.
Il y a, dans tout ceci, des faits qui se heurtent, des contradictions
flagrantes. Si le commodore Paulding est coupable de n’avoir pas
tenu Walker prisonnier, pourquoi M. Cass le relàche-t-il? —Nous
sommes un peu de l’avis du Courrier de Paris, que le gouvernement
de Washington n’ose pas avoir le courage de son opinion, que ses
vœux secrets sont favorables aux tentatives de cette bande d’aventu-
riers pillards, et qu’il n’eût pas demandé mieux que de voir réussir
la dernière expédition, prêt k profiter du fait accompli, sauf à désa-
vouer l'instrument.
Dépêches télégraphiques.
Consolidés 94 5/8 5/4. -
110. — Stieglitz 99 à 1/2.
Londres, 13 janvier.
-Esp., Piastres 25 3/8 7/8, — Russes 3 0/q, 109,
- La Bourse est faible à cause de la liquidation.
Budget du ministère de l'intérieur.
Le budget du ministère de l’intérieur, à moins que sous un pré-
texte quelconque, et l’on sait toujours en trouver, une question
politique ne soit soulevée, ne donnera probablement pas lieu à une
longue discussion. Ce. ne peut être la question d’argent qui prête-
rait matière à des débats, car les crédits demandés pour 1858 sont,
à très peu de chose près, les mêmes que ceux qui ont été accor-
dés pour 1857 ; et encore sont-ils moindres. La somme allouée
l’année dernière, s’élevait à fr. 7,820,781.70. Celle que le gouver-
nement propose est de fr. 7,81(5,106.70. Elle se trouve ainsi réduite
de 4,075 francs.
Dans de telles conditions, il n’y a que quelques remarques à faire,
mais elles ne sont pas à négliger.
Nous lisons, par exemple, dans la note préliminaire,que l’article
relatif k l’enseignement industriel est augmenté de 5,000 francs ;
que, par contre, l'allocation peur subsides aux ateliers d’appren-
tissage est réduite de 10,000francs; qu’il en résulte que le chapitre
de l’industrie présente une diminution de 5,000 fraries.
Par un double motif, on ne peut qu’approuver cette détermina •
lion. D’un côté, il est sage de donner à renseignement industriel
tout le développement possible. L’industrie n’est-elle pas un des
plus féconds éléments de notre richesse? Nous avons besoin qu’elle
marche de plus en plus et constamment, sans relâche, dans la voie
du progrès. Mais, pour cela, que faut-il? Une instruction solide et
i la hauteur de notre époque. Ce sera ainsi, et seulement ainsi,
que l’industrie belge sera plus florissante qu’elle ne l’est, et que sa
prospérité se maintiendra longtemps.
D’un autre côté, la diminution des subsides accordés, il y a quel-
ques années, aux ateliers d’apprentissage prouve en faveur de
ceux-ci. Après avoir rendu de très grands services au pays, prin-
cipalement aux Flandres, ces établissements tendent à nè presque
plus rien coûter à l’Etat. Ainsi tombent ces accusations d’avoir fait
bon marché dos deniers publics, dont les adversairesde la politique
libérale ont poursuivi ie cabinet du i2 août, auquel on est re eva-
ble de ces bonnes institutions. Plusieurs membres de la droite,
c’est une justice à leur rendre, ont reconnu que c’était un bienfait,
des plus opportuns, au moment où plusieurs de nos provinces
étaient en proie à une affreuse misère, malgré les éléments de
travail qu’elles possédaient, mais nous ne connaissons pas une
seule feuille catholique qui en ait parlé en de bons termes. Toutes
se sont montrées acerbes, haineuses, et aujourd’hui même plusieurs
d’entre elles ne rougissent pas de prétendre que l’institution des
ateliers d’apprentissage a été, non seulement inutile, mais ruineuse!
(les gens-la nieraient, en plein jour, l’existence du soleil.
Une chose qu’il est bon de signaler et qui sera certainement vue
avec plaisir, c’est que M. le ministre de l’intérieur propose d’aug-
menter, par mesure extraordinaire, d’une somme de40,000francs.
le crédit accordé à l’agriculture, en faveur des défrichements.
C’est un témoignage de l’intérêt qu’il porte à ces utiles entreprises;
c’est en même temps une espèce de gage, que l’intention du -gou-
vernement actuel n’est pas d’en rester là, et que probablement on
parviendra, sous ses auspices, à organiser le crédit agricole, qui
est l’objet de tant de vœux et qui rendrait fant de services au pays.
Les autres augmentations de crédit demandées concernent l’en-
seignement supérieur, l’enseignement moyen, renseignement pri-
maire, les lettres et sciences, les beaux-arts. Nous voyons à ce der-
nier chapitre, figurer une somme de 2,500 francs destinée à dou-
bler la part d’intervention de l’Etat dans les frais que doit entraîner
la formation d’un musée moderne, contenant les œuvres et les
portraits des membres de l’Académie d’Anvers. C’est une marque
de sollicitude qui contentera tous les amis des beaux-arts, et la
ville d’Anvers, en particulier, ne peut qu’en être satisfaite.
Ces différentes augmentations sont si bien motivées qu’il est à
croire qu’elles ne rencontreront pas d’opposition sérieuse. Ce bud-
get sera voté sans donner lieu à des débats quis’y rattachent direc-
tement. S’il y a des discussions quelque peu vives, elles provien
dront de causes qui y seront étrangères.
Dans le tableau comparatif des escomptes sur les divers marchés
d’Europe publié hier, il se trouve des erreurs qu’il importe de recti-
fier. Le taux de l’escompte k Hambourg est à 3 0[o, k Amsterdam k
fi 0(0 et k Berlin k 5 lj2 0(0-
Si nous sommes bien renseignés la presse vertueuse serait sous la
menace d’un double malheur ; le charbon étranger ne tarderait pas
k rentrer librement en Belgique et M. Chat-ras ne devrait pas en sor-
tir. Quel désespoir pour l’opposition ! (Journal de Bruges.)
On lit dans le Moniteur :
« line dépêche dcM. le consul de Belgique k Tanger, transmise parla
voie télégraphique, annonce que l’empereur du Maroc vient de prohiber la
sortie des laines de ses Etats. »
« Le gouvernement a reçu un exemplaire du règlement adopté pour
"exécution de la loi sur les douanes en Suisse.
» Ce document peut être consulté au ministère des affaires étrangères. »
Une correspondance deParis, datée du 7, et adressée k un journal
de cette ville, mérite, k plus d’un titre, de fixer l’attention du public
belge. Elle se rapporte k certains personnages, fort connus dans
la presse parisienne, et dont la presse de notre pays est quelque peu
intéressée k suivre les faits et gestes. Voici un extrait curieux de
cette correspondance :
« L’apparition du premier numéro du tteveil n produit ici une sensation
bizarre. MM. Granier de Cassagnac et Barbev d'Aurevilly ne sont pas, en
général, pris très au'sérieux. M. Granier de “Cassagnac a dans son talent,
dans sa personne, dans l’ensemble de sa vie littéraire et politique, la phy-
sionomie gasconne de son nom. Il débuta, en 1833, dans le Journal des
Débats, par deux articles d'éreintement sur le théâtre de M. Alexandre Du-
mas ; et, touchant accord de deux génies qui, depuis, ont échangé le baiser
Lainourette ! tout le monde sut, à cette époque, que ces deux articles
avaient été suggérés, sous main, par M. Victor Hugo, ami des frères
Berlin.
« C’est comme protégé de M. Hugo que M. Granier de Cassagnac entra,
en 1837, dans la rédaction de la Presse, et lui qui écrit aujourd’hui Silence
« I orgie ! il fut de ce mouvement industriel et littéraire qui donna au mon-
de les Mines de Saint-Bérain, M. Cléemann, le Roman feuilleton, la Rabouil-
leuse, la Pie il le Fille el les alinéas de M. Emile de Girardin. On se souvient
de l’article extatique que M. Granier de Cassagnac écrivit dans la Presse
sur leRuy-Bias de M. Hugo, pièce oh l'on voit une Reino amounmso d’«n
laquais, et qui sentait déjà passablement l'orgie.
» Ensuite, nous retrouvons M. Granier de Cassagnac, rédacteur en
chef du Gtobe, journal ultra-ministériel, qui était destiné à répondre à l’op-
position républicaine dans une langue plus carabinée que celle du Journal
de Débats. Le Globe vécut peu : M. Granier de Cassagnac fut. alors, vers 1843,
un des fondateurs de l'Epoque (lisez l’Epoquc\)qm élevaâ leur suprémepuis-
sance l’annonce, la réclame, !e paradoxe, la paillette,et, en général, tous les
entremets de l’orgie littéraire. ^
» C’est l'Epoque qui, le Mardi-Gras de 1846, fit parcourir tous les boule-
vards par une grande voiture remplie de ses employés, costumés en héros
du Fils au Diable, roman que ce journal publiait dans son feuilleton. Si un
censeur morose eût émis alors des pages intitulées: Silence ù l’orgie ! l’Epo-
que y aurait figuré, sans nul doute, pour une large part. Quant aux derniè-
res vicissitudes de la carrière politique de M. Granier de Cassagnac, nous
n’avons pas k en parler. Ii fut l’auteur de ce fameux article du Constitution-
nel, qui parut le 22 novembre 1831, que M. Créton dénonça k la tribune de
1 Assemblée législative, et qui servit de prélude au coup d’Etat du 2 décem-
bre, à la suite duquel M. Victor Hugo, le premier patron de M. Granier,
partit pour Jersey. « .
M. Granier de Cassagnac a encore écrit dans le Constitutionnel
deux autres articles fameux. L'un parutau mois demai 1852, quelques
jours avant les élections belges pour le renouvellement de la moitié
de la Chambre des Représentants. Fidèle aux traditions gasconnes
signalées dans la correspondance qui précède, M. Granier de Cas-
sagnac mentit etfrontément en se déclarant autorisé par le chef du
gouvernement français k menacer lu Belgique d’une guerre de tarifs
en matière de houille et de fers, en cas que les élections ne douassent
point une majorité au parti clérical. On se souvient de la façon
odieuse dont I article comminatoire de M. Granier de Cassagnac fut
exploité par le Journal de Bruxelles et par tous les autres organes de
la presse réactionnaire, qui poussèrent l'indignité jusqu’k cachera
leurs lecteurs; la veille des élections, le démenti catégorique qui
venait d’être publié dans le Moniteur universel.
M. Granier de Cassagnac était alors le héros de nos cléricaux, le
Josué envoyé de Dieu, le Gédéon, chargé de faire tomber la Jéricho
libérale. L’autre article fameux de M. Granier de Cassagnac date du
mois de juin dernier. Ce fut l’écrivain gascon qui, k la suite des évé-
nements politiques du mois de mai, publia aux applaudissements de
nos feuilles cléricales, l’oraison funèbre de la Belgique, nouvelle
Pologne, daus un article du Constitutionnel remarquable par l’igno-
rance la plus crasse des institutions de notre pays.
Il paraît que le prophète suscité par les cléricaux pour crier ;
Trois fois malheur ! k la Belgique, n’etait, au fond, qu’un farceur
d’assez bas étage. La correspondance de Paris que nous venons de
reproduire, ne laisse point de doute k cet égard ; elle confirme, en
tous points, ie jugement que nous avons porté sur le spadassin de la
presse parisienne en réponse au dernier article fameux du Constitu-
tionnel. Aussi,la même correspondance engage-t-elle charitablement
le public belge k se délier du jongleur en question. Voici ce qu'on y
» C’est pourquoi j’engage mesamis, Beiges pu provinciaux, à no pas trop
se bâter de saluer MM. Granier et Barbey, Cassagnac et d’Aurevillv, comme
çes deux/sages qui figurent la tempérance, la philosophie et la vertu dans le
tableau de l'Orgie romaine, par M. Couture. Les parisiens sont plus scep-
tiques que cela à l’endroit du Réveil et de ses rédacteurs, et cette fois ils
n’ont pas tort. »
Nous donnons k nos lecteurs à deviner en mille dans quel journal
de te capitale £st insérée cette correspondance de Paris, ce jugement
formidable qui atteint k la fois M. Granier de Cassagnac et le parti
clérical belge dont eet écrivain a été l’instrument; cette dénoncia-
tion terrible de l’ignoble conduite de nos patriotes romains se
servant, en 1852 et en 1857, d’une .plume aussi éhontée pour affaiblir
le libéralisme par l’humiliation de te patrie elle-même; cette pro-
testation vigoureuse contre nos cléricaux qui ont, en 1852, sollicité
de M. Granierde Cassagnac, son imposture, ses impudentes attaques
contre te Belgique, ses audacieuses menaces jetées k nos intérêts
matériels ?
Cette correspondance deParis, datée du 7 janvier, est adressée
au Journal de Bruxelles, qui l’a publiée dans son numéro du samedi,
9, L’opinion publique appréciera 1a morale de tout ceci. (Observé)
Nominal ions de Bourgmestres et d’Ëclievins.
Par arrêtés royaux du 11 janvier 1858, sont nommés dans les
communes ci-après :
ANVERS. — Arrondissement de Turnhout,
akindoncu : Échcvins, les sieurs J. Bevocht et J. Willems.
baelen : Echevin, le sieur J. Janssen.
bar-le-dug : Bourgmestre, le sieur P. VanGisle; Echevin, le sieur A
Remeysen.
BEERSSE : Bourgmestre, le sieur G. Van Roev ; Kchevins, les sieurs J
Hermans el J. Biels.
bouwel : Echevin, le sieur J. Witvrouwen.
desschei, : Echevins, les sieurs M. Yerbeeck et J. Van Gool.
eynthoit : Echevin, le sieur J. Dassen.
GiiEEL : Bourgmestre, le sieur J. Moortgat ; Echevin, le sieur P. Kerekhofs.
ciErle : Bourgmestre, le sieur A. Van Meerbeeck ; Echevin, ie sri-ur
.1. Peeters.
cROBBEXDOiXCK : Echevin, le sieur P. Bellens.
rerenthals : Echevin, le sieur F. Heylen.
iierenthout : Echevin, ie sieur H. Verbist.
liERSSEi.T : Echevin, le sieur N. A. Yan Eepoel.
HoocsTRAETEN : Echevin, le sieur A. K. Maryuissen.
iioi tvexne : Echevin, le sieur J. B.Goyvaerts.
hulshout : Echevins, les sieurs J. Peeters et J. F. VervKmmeren.
LicHTAERT : Echevin, le sieur P. F. Verveeken.
tiLLK : les sieurs G. C. Druvds et J. F. Desmedt.
meerhout: Echevin le sieur L. Andries.
meir : Echevin, le sieur P. De Kepper. .
merxplas : Echevin, le sieur C.Baeler.
minderhout : Echevin, ie sieur j. C. Dries.
MORGKHOVEN : Echevin, le sieur J. Meir.
No irberwyck : Echevin, le sieur P. Peeters.
oevel : Echevin, le sieur .1. Mertens.
olmen : Echevin, le sieur J. Janssens.
oolen : Echevin, le sieur J. Van Houdt.
poederlé : Echevin, le sieur Van Gompel.
poppel : Echevin, le sieur J. Van Aelst.
Raevels : Echevin, le sieur J. Bax.
rethy : Echevin, le sieur .1.'Seuntjens.
ryckevorsél : Echevin, le sieur J. Van Roev.
thîelen : Echevins, le sieurs J. Borghmans et. P. Cornelis.
toncerloo : Echevin, le sieur G. Van Lommel,
vaerendonck ; Echevin, le sieur .1. Celen.
veeree : Echevin, le sieur II. Van Olmen.
Vlimmeren : Echevin, le sieur.!. Matheeussen,
vorsselaer : Bourgmestre, le comte H. Vande Wcrve.
vorst : Echevin, lesieur C. Yoordcekers.
vosselaer : F.chevins, les sieurs J. Woestenborghs et C. Embrecht*.
WECHEi.DERZAND : Echevin, le sien r F. Jacobs.
weelde : Echevin, le sieur A. Sterlin.
westerloo : Echevin, le sieur P. Vloeberghs.
westmeerbeer : Bourgmestre, le sieur J. Tubbax.
wortel : Echevin, le sieur L. Lambrechts.
zoerle-parwys : Echevin, le sieur P. Seyen.
D'autres arrêtés portent des nominations dans 1a Flandre-orientale
et le Luxembourg.
iai»e$.
(Dépêche télégraphique.)
Marseille, il janvier.
On commence à distribuer la malle anglaise qui apporte des nouvelles
de Bombay du 18 décembre.
L’armée des rebelles d’Oude en s’avançant de 130 milles sur Lucknow
avait chassé les Goorkhas de leurs posi tions h Attinghar et Jaunpour.
Les régiments européens qui étaien t en marche de Calcutta avaient reçu
i'ordre de s’arrêter k Bénarès afin d’attendre les renforts du colonel Franck.
Deux des six derniers régiments désarmés, le 40e et le 70e devaient être
envoyés en Chine. Le brigadier Wilson du 64e régiment avait été tué au
combat du 27 novembre.
800 femmes, enfants et blessés de Lucknow étaient arrivés k Calcutta.
Les Mahrattes du Sud qui refusaient de se laisser désarmer avaient été
battus. '
Le marché d’importation était languisant à Bording, et les fonds lourds.»
(Autre dépêche.)
Marseille, 12 janvier
Voici l’explication de la défaite du général Windham. Resté vainqueur
le matin dans ua combat qui avait eu lieu k trois heures de Cawnpore, le
général était, rentré dens ses retranchements. Les Rudens ayant reçu des
renforts, revinrent le soir même pour surprendre les Anglais et brûlerie
camp. Les troupes britanniques firent, alors une sortie, sur la droite du
camp, mais elles furent écrasées par le nombre des assaillants. Deux régi-
mens anglais furent en partie détruits.
» Le brigadier Wilson et un major ont été tués.
» Le Bombay Times rapporte le détails de la revanche prise contre le
contingent de Gwaliorpar le général Campbell, dans les mêmes termes que
les dépêches précédentes. Cette feuille ajoute que les paysans Mahrattes
participent k fa résistance contre le désarmement.
» La division du général Ou tram reste k AUumbagh. »
CIIIAE. *
On lit dans le Moniteur de la Flotte ■'
u,La situation des affaires de Chine préoccupe l’aUenÜon publique en
France et en Angleterre. Si l’on «njn®» pu- les enrresnnndanr.ee et les avis
que les derniers courriers ont apportés, la question serait sur le point d’en-
trer dans une nouvelle phase, et un acte d’hostilité d’un caractère tranché
ne tarderait pas k être accompli.
» Les forces navales des puissances étrangères rassemblées en ce moment
dans les eaux de Canton s’élèvent k 112 navires de guerre de tous rangs.
L’Angleterre, dans ce nombre, ligure pour le chiffre de lits navires, dont 30
canonnières k vapeur, armées de 1, de 2, de 4 ou de 6 canons. Au moment
où des hostilités ont éclaté entre le gouvernement du Céleste-Kmpire et la
Grande-Bretagne, cette dernière puissance n’avait en Chine qu’une escadre
de 27 bâtiments de guerre.
» In pareil déploiement de forcer, n’avait jamais en lieu dans ces mers
lointaines, et il constitue un fait unii'iucdans l'histoire. Si la Chine était un
empire comme un autre, des armements aussi formidables suffiraient pour
remplir d’inquiétude ses habitants et son gouvernement, et pour amener un
arrangement qui est dans les intérêts de tous ; mais la constitution du pays
est telle, qu’une semblable démonstration laisse complètement indifférents
le gouvernement et la population.
» Le gouvernement du pays réside, comme on sait, tout entier dans la
personne de l’Empereur, qui habite l’intérieur. Il est entouré de ministres
et de serviteurs ayant inlérêlk lui taire ia vérité, qu’il ignore toujours. 11 se
cache aux regards de ses sujets, ne veut admettre en sa présence aucun
étranger, et refuse d’avoir des rapports avec les autres nations. Les manda-
rins gouverneurs des provinces ne portent k sa connaissance aucun des
faits gui se passent, et lorsqu’ils sont en guerre avecijuelque nation, ils
n’en préviennent le Souverain que pour lui annoncer qu’itls sont victorieux.
» Le mensonge est poussé si loin qu’en ce moment l’e mpereur de Chine
croit que le vice-roi Yeh a chassé de Canton les Anglais qui sont en fuite, et
qu'il a donné des ordres pour qu’on attaque leurs propres possessions,c’est
k dire les points où iis ont formé des établissements en Vertu des traités,
c’est k dire Hong-Kong, Ning-Po, Amoy,Whampoe, et qu’on les expulse pour
toujours. Ainsi, dans sa croyance, les Anglais agresseurs ouf été vaincus, et
ils vont k leur tour être attaqués par ses ordres.
» Ces faits, qui nous sont transmis par les derniers courriers, sont positfs.
La Cour de Pékin est ignorante k ce point de la situation. Qmint aux forces
maritimes qui se trouvent sur les côtes de l’empire, elle ignore complète-
ment leur existence. En présence de cette donnée, qu’avaient k faire les
Anglais ? Nous avons dit que l’amiral, d’après les instructions de son gouver-
nement, devait, avec les forces de terre envoyées d’Angleterre, s’emparer
de ia ville de Canton et la garder. Maisi! n’a pu accomplir cette mission k
cause de l’obligation où s’esf trouvé lord Eigin d’envoyer k Calcutta ia plus
grande partie des troupes mises k sa disposition, la gravité des affaires de
l’Inde exigeant leur concours.
» Il a donc fallu ajourner l’attaque de Canton. Les demi ers courriers de
Chine, qui vont jusqu’au décembre, nous ont. appris q’ne lord Canning,
gouverneur-général -des Indes, avait renvoyé plusieurs détachements k
Hong-Kong, et que le général qui commande les troupes britanniques en
Chine se trouvait k la tête d’un corps d’infanterie qu’on peut évaluer k 3,000
hommes. On attendait encore d’autres détachements, et avec les compagnies
de débarquement des navires de guerre on espérait porter h 10 ou 12,000
hommes le petit corps destiné avec la marine à la prise de Canton.
» Ii est certain qiie la ville succombera, malgré le nombre et l’énergie des
troupes impériales ; mais, une fois ce résultat obtenu, quelle lnuqeti.ee
aurait-il sur la solution de la question chinoise ? Ici, tout en approuvant
en principe cette opération, on ne peut s’empêcher de convenir qu’on se
trouve en face de l’inconnu.
» La prise de Canton produira une impression incontestable sur les habi-
tants du littoral, mais ces habitants ne sont pour rien dans la querelle ac-
tuelle; ils ne peuvent pas faire la paix, ni agir en quoi que ce soit sur leur
gouvernement. Or, cet événement qui les aura si vivement impressionnés
sera ignoré à Pékin, et on retombera dans la même situation sur le fond du
débat. •
» En supposant que longtemps après qu’il se sera accompli cet événe-
ment arrive k la cannaissance de l’empereur do Chine, ce dernier restera
complètement indifférent à un pareil fait; il rédigera des proclamations,
donnera de nouveaux ordres pour que les étrangers soient jetés k la mer et
chassés de la ville, et les choses pourront durer ainsi éternellement, k
moins qu’il ne se présente line de ces éventualités extraordinaires qui vien-
nent sans qu’on y compte.
» Nons regardons la prise de Canton comme un événement forcé qui,
clans l’état actuel des choses, doit être accompli; mais nous ne pensons pas
qu il mette fin h la lutte, comme les journaux anglais le disent, et nous
croyons que la question chinoise, par ia manière dont elle a été entamée
dès le principe, traînera en longueur. Quoi qu’il en soit, on peut être cer-
tain que la France, qui, dans l’extrême Orient, s’est acquis, comme dans le
reste du inonde, une réputation méritée d’honneur et de loyauté, jouera,
comme toujours, un rôle cligne d'elle. »
MfËRlQlE.
AiTOHtiiUon tle WttlKet*.
Voici, d’après le New-York Herald, le texte de te lettre «in commo-
dore Paulding au secrétaire de te marine, expliquant les détails de
'arrestation de Walker :
u Navire-pavillon H'abash, en vued’AspinwalI, 13 décembre.
» Monsieur,
» Ma lettre du 12 courant a informé ie ministère que j’avahs dissipé ie
camp du général Walker, k Punta-Arenas, désarmé ses partisans., et que je
les avais envoyés à Norfolk sur le Samtogo.hu général est venu kv avec moi,
et prendra passage sur un des vapeurs de New-York, où il se prés entera au
maréchal du district.
» Le ministère étant en possession de tous les faits relatifs k la futile du gé-
néral Walker avec ses partisans des Etats-Unis, las lettres du «capitaine
Chatardetdu général Walker, après son débarquement k Punta- Arenas,
seront, je suppose, parfaitement comprises; je ne pouvais voir dans le gé-
néral Svalker elses partisans que des gens hors la loi, qui avaient éi 'happé
k la surveillance des fonctionnaires du gouvernement, et qui avaient quitté
nos côtes dans un but de rapine et de meurtre, et je n’ai pas vu d' autre
moyen de défendre ia loi et de sauver l’honneur de notre paysqu’en les (désar-
mant et en les renvoyant aux Etats-Unis. Eu agissant ainsi, je sais quelle
responsabilité j’assume, et j’ai confiance dans le gouvernement pout ma
justification : jugé k son vrai point de vue, le fait me parait clair et les
motifs simples et puissants.
» Walker est venu k Punta-Arenas des Etats-Unis, après avoir, en viola
lion de la loi, mis sur pied uneforce militaire pour faire la guerre k un peu-
ple avec lequel nous sommes en paix. U a débarqué ici avec des hommes
armés et des munitions de guerre en dépit de la surveillance d’un bâtiment
de guerre stationné pour prévenir son débarquement. Sans rien qui prouvât
qu’il eût agi avec un droit quelconque, il a formé un camp, — il a arboré le
drapeau de Nicaragua, — l'a désigné quartier-général de l’armée de Nica-
ragua, — et s’est intitulé le commandant en chef. Sur ces prétentions, il a
réclamé de gouvernement légal sur les individus et sur les propriétés en vue
de son drapeau. Sans droit ni autorité, il a débarqué.50 hommes k l'embou-
chure de la rivière Colorado, s’est emparé du fort Castillo sur la rivière
San-Juan , a pris des vapeurs et des marchandises de négociants en transit
pour l’intérieur , a tué des hommes et fait prisonniers depaisibles habitants,
et a envoyé au port de San-Juan del Norte 30 k 40 hommes, femmes et en-
fants sur ie vapeur Morgan.
» En commettant ces actes sans ombre d’autorité, il s’est rendu coupable
de rapine et de meurtre, et doit être regardé comme pirate hors ia loi. U ne
peut arguer d’aucun droit k être considéré autrement. L’humanité tout au-
tant que la loi, la juslicc et l’honneur national exigeaient la dispersion de
ces hommes hors la loi. Les débris des misérables êtres qui se sont rendus
k Rivas ont été transportés l’été dernier sur ce navire k New-York et leurs
souffrances sont encore dans le souvenir des matelots du bord.
» Outre les souffrances qui doivent être nécessairement imposées à des
gens inoffensifs et innocents, ces partisans sans foi du général Walker,
trompés et déçus dans la carrière de leurs crimes, eussent sans doute péri
dans l’Amérique Centrale, où leurs corps mutilés et malades auraient été
ramenés k leurs amis aux frais du pays.
» Par les motifs ci-dessus, qui paraissent k mon esprit parfaitement suffi-
sant, j’ai désarmé et renvoyé aux Etats-Unis pour y être jugés, le général
Walker et ses partisans sans foi ni loi,ou pour y être soumis à tonte mesure
que le gouvernement, dans sa sagesse, jugera convenable à prendre.
» Le capitaine Ommaney, du navire do Sa Majesté britannique le Bruns-
wick m’a offert sa coopération pour emmener ces individus de Punta.-Aienas,
mais comme ils étaient mes compatriotes, j’ai cru convenable de décliner
la participation d’un pavillon étranger. »
Walker ést arrivé le 29 à Washington, et après une entrevue avec
le général Cass, et a été rendu provisoirement à 1a liberté, mais on
suppose qu’il est libre sur parole seulement.
bri prétend que le commodore Paulding avait des instructions
secrètes'. .
ESPAGNE.
(Dépêche télégraphique.)
Madrid, 12 janvier.
M. Bravo Murillo a été nommé président du Congrès des Députés, par 128
voix contre 118 données M. Mayans, candidat du gouvernement.
Onverlure des Cortès espagnoles.
Voici le discours prononcé, le 10, parla reine Isabelle, en ouvrant
1a session des Cortès :
« Messieurs les sénateurs et messieurs les députés,
» La satisfaction que j’éprouve de présider aujourd’hui k un acte aussi so-
» lennel est d’autant plus grande, que je puis me féliciter avec vous du non»
» veau bienfait que Dieu nous a départi en exauçant mes vœux qui étaient
» aussi ceux de la nation.
» La naissance d’un prince des Asturies, ce nouveau gage de la stabilité du
» trône, en faisant disparaître jusqu’à la lueur de vaines illusions, marque
» en même temps une nouvelle ère de tranquillité et de prospérité pour ces
» royaumes, en ouvrant un vaste champ aux douces espérances. Le cœur de
» mon fils bien-aimé lui inspirera l’amourde ses peuples; son nom lui tracera
» le glorieux sentier qu’ont suivi ses aïeux, et mes conseils inculqueront k
» son esprit Je respect le plus inviolable pour la Constitution et pour ses
» lois.
» Si l’allégresse avec laquelle la nation tout entière a accueilli la nouvelle
» de cet heureux événement a été k son comble, cet événement a fourni
» aussi aux souverains étrangers l’occasion de m’offrir, k Tern i pour ainsi
» diro loc uno «Joo outres, IG* lémoignngcfi les plus apou untôo xhu ia jmrt
» qu’ils prenaient au bonheur de nui royale maison et k la garantie qu’v
'» trouve la tranquillité de l’Espagne si nécessaire k la paix de l’Europe. Je
» dois cependant faire une mention toute particulière des indignes preuves
« de bienveillance que m’a données le Souverain-Pontife, qui, se rendant k
sj, mes vœux, a été le parrain du prince nouveau-né par l'intermédiaire de
» son vénérable nonce, et de cette manière sc sont trouvés représentés au\
» mêmes fonts baptismaux les deux sentiments les plus profondément
» gravés dans le cœur du peuple espagnol : l’amour de la religion et celui
» de scs rois.
« Conformément k ces sentiments, ia nation ne pourra apprendre qu’avec
» la plus vive satisfaction que S. S. s’est montrée extrêmement disposée a
» consentir k la sanction de là vente des biens de l’église faite dans ces der-
» niers temps et à assurer k perpétuité leur propriété aux acquéreurs, en
» comptant k son tour sur un dédommagement (réparation) dû k l'Eglise
» pour tes préjudices qui lui ont été causés par la vente de ces biens. Dans
« ce but important, mon gouvernement vous présentera un projet de loi ;
» de même on vous proposera les moyens nécessaires ponr rendre itnmé-
» diatementk l'Eglise les biens qui lui appartenaient en toute propriété,
» avec l’administraton de ces biens, conformement aux lois qui ont été
» constamment en vigueur dans ces royaumes et qui son! spécialement dé»
» signées dans le dernier concordat.
« Les relations de mon gouvernement avec les autres puissances conti-
» nuent à être des plus amicales. Il est seulement à regretter que la répu-
» blique du Mexique, oubliant lés anciens liens et- l’intérêt commun des
» deux Etats, se soit refusée jusqu’k ce jour k donner la satisfaction due
» aux justes réclamations de mon gouvernement. Mes augustes alliés, l’em-
» pereur des Français et la reine de la Grande-Bretagne, mùs par de nobles
» sentiments, ont offert leur médiation, que j’ai acceptée volontiers, pour
» donner une preuve de l’esprit de eonciliaiion dont je suis animée; mais
» vous pouvez être assurés que, quelles que soient lés circonstances, i’hon-
» nèur (decoro) el le bon renom de la nation seront maintenus au rang qui
» leur est dû.
» Je puis vous annoncer avec plaisir que l’état de nos provinces d’outre,
» nier est le plus florissant, qu’elles prospèrent k l’ombre de mon gouverne-
» ment tutélaire, et que leur bien-être et leur richesse s’accroissent pai
» suite des améliorations récemment introduites dans leur administration,
» La nécessité de protéger ces possessions lointaines suffirait déjà à elle
» seule pour vqus commander de prêter une attention particulière à la
» marine, lors même qu’il n'y aurait pas d'autres motifs, et des plus puis»
» sants, pour !e faire quand ii s’agit d’un pays entouré de mers et possédant
» des points de la plus grande valeur dans toutes.les parties du globe. C’est
». ainsi que le pays voit avec une satisfaction toute particulière i’accroisse-
» ment progressif de notre marine royale, destinée k la protection et k lu
» défense de notre marine marchande, qui, elle aussi, s’accroît avec une
» admirable rapidité. Aussi j’espère que vous accueillerez favorablement les
» projets ayant pour but de protéger une branche si importante de ia puis»
« sance nationale.
» Egalement remarquable par sa fidélité et sa discipline, l'armés sc rend
» tous les jours plus digne de ma bienveillance, et j’ai de plus en plus la
» confiance qu’elle se montrera fidèle k ses glorieuses traditions. La force
» année chargée plus spécialement de veiller k la sécurité des propriétés
» et des personnes remplit, admirablement sa noble lâche et reçoit la plus
k ample récompense dans ma royale satisfaction et dans la bénédiction (tes
» populations. .
» La tranquillité dont jouit heureusement tout ie royaume, grâce à Tiq,
» fluence bienfaisante des lois; a permis de lever l’étal de siège dans pros-
» que toutes les provinces et de faire rentrer l’administration dans son état
» normal, en même temps qu’elle m’a permis de suivre tes inspirations de
» mon cœur en donnant nue amnistie large, accompagnées d’autres mesu-
» res destinées k accroître la tranquillité et k répandre ia consolation dans
» un grand nombre de familles.
» Je me plais k vous annoncer que l’aspect favorable qu’offrent nos cam-
» pagnes fait espérer une récolte abondante,et que dans la crise extérieure,
» qui disparait déjk sans avoir amené de perturbations pour notre com-
» merce, l’Espagne s’est servie sans danger de moyens de crédit dont i’exa-
» géralion a compromis dans d’autres pays tant d’intérêts précieux.
» Les travaux publics se poursuivent avec activité; et pour assurer ayei;
» des crédits fixés d’avance l’exécution d’un plan général qui satisfasse aux
» nécessités les plus pressantes des populations, on vous proposera des
» projets importants dans ce but et de nature k déterminer la manière dont
» l’Etat et l§s provinces devront concourir k la construction des chcmfns de
» fer, élément si essentiel pour F accroissement de larichesse publique.
» On vous présentera également des mesures destinées k doter la pro-
» priété territoriale d’institutions de crédit et k régulariser le régime des
» effets publics et commerciaux.
» On -vous rendra également compte de l’usage que mon gouvernement a
» fait de l’autorisation que vous lui aviez accordée pour rédiger une loi
» d’instruction publique.
» En vertu de l’approbation des Cortès et conformément aux principes
» qui leur avaient dicté leur décision de la session précédente, on vous pré-
» seutera un projet de loi ayant pour but de rendre héréditaire parmi les
» grands du royaume la dignité de sénateur. Une fois cette question encore
« pendante résolue, notre attention se portera sur les lois organiques qui
« doivent compléter la Constitution. En mettant k profit les utiles travaux
» d’une commission nommée antérieurement, mon gouvernement s’est oe-
» ctipc avec une attention spéciale de cette matière, et il vous présentera
» diverses lois qui forment corps, commençant par Yayuntamiénto et finis-
» saut par ie Conseil d’Etat, auquel seront données l’importance et la place'
» élevée qui lui sont dues. .
» En examinant ces pro ets, vous verrez facilement qu’on y a corrigé les
» défauts Signalés par l'expérience dans les lois existantes auxquelles on
» doit en grande partie le bon ordre.et l’accord qui ont été successivement
» introduits dans le gouvernement de l’Ëtat; en un mot, on a suivi la voie
» dictée par le hou sens et suivie par les peuples les plus avancés dans la
» science pratique du gouvernement, èt qui consiste non pas k détruire
» pour bâtir, mais à conserver on améliorant.
» Deux autres lois dictées par le même esprit se rôtit l’objet de vos déli-
» bératiohs : l’une, la loi électorale, qui contribuera presque autant que la
» Constitution clic-même au maintien des institutions qui nous régissent.
» Dans le nouveau projet on a pris toutes les précautions imaginables pour
» assurer la liberté des élections et pour fermer l’accès k toute influence
» illégitime, afin que le résultat de rêléetiou soit te résultat fidèle de la
volonté dos populations. |