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1843. - K.» 885 S80.
ISffEES, Vendredi 13 ^ Samedi 14 Octobre*
(E&ülilème
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14 Octobre.
ItfAUGURATIOJV DU CHEMIN HE FER
BELGE-ItlIÉNAN. — 13 OCTOBRE.
La journée d'hier a été une belle fête pour Anvers. Elle l'a été
pour son commerce qui y a célébré une heureuse extension de
ses relations. Tous, nous avons applaudi avec chaleur, avec en-
thousiasme à ces gigantesques travaux qui devaient nous faire
franchir en un clin-d’œil, tout l’espace qui sépare l’Escaut du
Rhin, Anvers de Cologne. La population entière, nous pouvons
le dire, a pris part à celle fête d’iuauguration qui venait lui
annoncer un meilleur avenir.
La grande communication entre la Belgique et l’Allemagne,
est donc ouverte. L’œuvre si longtemps et si ardemment dési-
rée, s’est enfiu accomplie. Soyons fiers, nous tous, enfauts d’une
même patrie, d’assister à la réalisation d’une idée grandiose,
regardée comme une utopie depuis des siècles, et qu'une intel-
ligente énergie, une puissante conception industrielle ont seu-
les pu transformer en une palpable vérité. Soyons fiers, disons-
nous encore ; soyons fiers, car c’est la Belgique qui a mis au
jour ce que de plus puissants efforts que les siens, des ressour-
ces plus étendues que celles qu’elle possède, n’ont pu exécuter.
Saluons de nos acclamations les plus vives et la date du pre-
mier mai\834 qui créa la loi de nos chemins de fer, et celle du
treize octobre 1845 qui en marquant l’alliance de l’Escaut et du
Rhin, ouvre une nouvelle ère à la Belgique commerciale et in-
dustrielle ! *
Le ciel semblait vouloir contrarier les manifestations de la
joie publique. Depuis quelques jours, des pluies battantes, des
averses abominables, des ouragans furieux se déchaînaient sur
notre citéet neutralisaient tout ce que le zèle le plus persé-
vérant déployait d’activité pour embellir une fête à jamais
mémorable. On travaillait malgré les obstacles toujours crois-
sants, mais les préparatifs n’avançaient guère: le mauvais
temps paraissait décidé à tout détruire, à faire disparaître
tout ce qui avait été tenté à l’aide des efforts les plus inouis.
Heureusement , dès la matinée d’hier , dès la matinée du
grand jour, le ciel s’éclaircit comme par enchautement ; tout
annonçait que la journée allait se passer sans plus d’encom-
bre. Aussitôt les travailleurs reprirent courage, et en quel-
ques heures on avait opéré des miracles : avant le soir, on
avait réalisé ce qui en d’autres moments aurait exigé des jour-
nées entières. Honneur aux habiles directeurs de ces travaux 1
On attendait le convoi dès 2 heures de l’après-midi, comme
il avait été annoncé. Une foule immense obstruait les abords de
l’Entrepôt qui présentaient l’aspect le plus animé, le plus pit-
toresque. D'un côté, s’étendaient les lignes des navires dans
nos vastes bassins; de l’autre, les bâtiments de l’Entrepôt or-
nés et pavoisés, et flanqués à l’aile droite du magnifique arc-de-
triomphe dont uous avons parlé et qui figurait Anvers et Colo-
gne reliés par le rail-way. — A trois heures, plusieurs coups de
canon, tirés des remparts en dehors de la porte du Rhin, an-
noncèrent l’approche du convoi qui à son arrivée devant l’En-
trepôt fut salué des hourras! de la foule. Nos autorités civiles et
militaires vinrent recevoir, à leur descente, les autorités prus-
siennes et les délégués de la ville de Cologne, qu’accompa-
gnaient MM. Deschamps et Mercier, nos deux ministres des tra-
vaux publics et des finances.
Après les premières expressions de sympathie et de recon-
naissance, tous ces messieurs sont montés sur une estrade qui
avait été élevée à cet effet, et là M. le bourgmestre d’Anvers a
prononcé un discours dans lequel il a fait valoir les avantages
qui doivent nécessairement résulter de l’établissement de la
voie ferrée d’Anvers à Cologne, et détaillé ce que le commerce
attend encore du gouvernement pour que cette belle commu-
nication lui profite réellement; il a fini en adressant à M. Des-
champs l’hommage qui, disait-il, lui revenait de droit pour avoir
accompli, sous son ministère, ces grands et remarquables tra-
vaux. (Demain, nous reproduirons textuellement le discours
vraiment remarquable de M. Legrelle.) M. le ministre des tra-
vaux publics a répondu que cet hommage appartenait plutôt
à ceux de ses prédécesseurs qui avaient poussé les construc-
tions au point que, lui, il n’avait eu qu’à y mettre la dernière
main. Je comprends, a dit M. Deschamps; je comprends les
besoins du commerce, et tous mes efforts seront dirigés pour
aplanir les difficultés qui peuvent exister ou qui pourraient
subvenir.
Après ces deux discours, M. le bourgmestre de Cologne en a
prononcé un troisième dans lequel il a félicité le commerce des
deux pays de s’étre tendu la maiu, fraternisation qui ne peut les
conduire qu’à une prospérité toujours croissante. — Immédia-
tement après, toutes les autorités se sont rendues près de la
porte du Rhin, où la pose de la première pierre de la station
commerciale a eu lieu. — Aucune cérémonie ne réclamant plus
la présence des autorités et des invités de la ville de Cologne,
quelques-uns de ces messieurs ont procédé à la visite des bassins
et du port, et les autres se sont dispersés dans la ville, en atten-
dant l’heure du banquet de la Bourse.
Vers 6 heures, tout le monde s’est trouvé réuni à la Bourse
dont l’intérieur, comme on sait, avait été disposé en une im-
mense salle de festin. Le coup d’œil de ce vaste local présentait
réellement quelque chose de merveilleux. — Demain, nous en-
trerons dans des détails sur l’ensemble de cet aspect véritable-
ment imposant. Nous nous bornerons pour aujourd’hui à don-
ner la relation des toasts qui ont été portés.
Le premier a été porté par M. le ministre de Prusse, baron
d’Arnim, au Roi des Belges; le second par M. Deschamps, au
Roi de Prusse; le troisième, par M. Legrelle, à la Reine et à la
famille royale; le quatrième par M. H. de Brouckère, à la pros-
périté des deux pays unis par le chemin de fer. — Ces divers
toasts ont été couverts d’unanimes applaudissements.
A la fin, un 5m° toast a été porté à M. Charles Rogier, par M.
Capitaine, industriel et membre de la Chambre de Commerce
de Liège. Dans une improvisation aussi éloquente que chaleu-
reuse, M.„Capitaine s’est exprimé à peu près en ces termes :
* Dans un mouvement de monarchique orgueil, un grand roi disait :
Il n’y a plus de Pyrénées! A notre tour, messieurs, à nous écrier, dans
cette sainte confraternité commerciale : Il n’y a plus de frontières ex-
trêmes ; portés par la vapeur, nous pouvons en moins d’un jour aller
étreindre une main amie, nous asseoir au même banquet! (applaudis-
sements.)
» Pour nous frayer la route cependant, les montagnes se sont abais-
sées,les flancs en ont été peroés;Ies fleuves se déplacent oucourbent leurs
flots sous le joug d'impo9antes constructions!
» Grâces à ces miracles de la science moderne , l’Escaut s’est soudé
au Rhin; issues d’une même mère, l’Allemagne et la Belgique redevien-
nent deux sœurs !
» Après bientôt deux siècles d'absence, Anvers revoit dans sonjscin
les fils de ses alliés de la hanse teutonique.
» Non, Messieurs, vous n’êtes pas étrangers ên ces lieux; avant vous,
vos pères y avaient pris domicile; noircis par l’haleine du temps, les
Oosterlings restent debout, attestent votre droit de cité et témoignent
de notre ancienne hospitalité.
» De nouveaux souvenirs se marient aux anciens : la porte du Rhin,
cet arc de triomphe du chemin de fer, vous conduit à l'Entrepôt, com-
me l’Escaut aux Oosterlings.
• Datons d’aujourd’hui le pacte de notre nouvelle alliance commer-
ciale, rendons-le durable en le fondant sur les bases d’une véritable
communauté d’intérôt.
» Le Rhin, la Meuse, l’Escaut, vus et franchis en t:n jour, voilà, mes-
sieurs, ce que peuvent les ingénieurs de notre temps !
s Voilà comment se réalise la magnifique et féconde pensée d’un ancien
ministre belge, que le pays est lier de placer au premier rang de ses
hommes d'état.
» Honneur et reconnaissance à cette volonté créatrice et persévérante
qui veut et qui fait !
• A celui qui contresigna la loi du mai 1834 :
» A il. Charles ROGIER ! »
A ce toast, accueilli par les plus vives témoignages de sym-
pathie pour l’homme que la Belgique peut regarder comme le
fondateur de ses chemins de fer, M. Rogier a répondu ce qui
suit :
« Il m’est impossible de maîtriser assez mon émoi ion pour répondre
convenablement aux toasts inattendus, qui des divers côtés de cette
magnifique enceinte sont venus retentir jusqu’à moi.
u Ces démonstrations affectueuses, je les accepte comme l’expres-
sion de sympathies qui m’honorent (vifs applaudissements), et comine
un nouveau gage des sentiments d’amitié et de fraternité qui nous
lient.
» Ma carrière administrative a commencé au milieu de vous. Si quel-
que pensée heureuse a pu l’inspirer, n'est-ce pas à tous ceux qui m’en-
tourent ici que je dois en reporter l’hommage, eux dont les conseils ne
m’ont jamais fait défaut pas plus que leur appui et leur affection ? Et
quel cœur resterait froid, quel esprit resterait stérile au sein de cette
noble et antique cité où rayonnent dans uo foyer commun, les arts, le
commerce, la civilisation! (Applaudissements).
» La ville d’Anvers se réjouit avec raison de révènement qu’elle célè-
bre avec une pompe si digne d’elle. La tâche de l’Etat est presqu’ache-
vée.Celle du Commerce commence. J’ai pleine confiance, quant à moi,
dans l’énergique activitéde ses efforts auxquels répondent déjà ceux
de cette autre métropole commerciale, dont nous voyons ici les nom-
breux et dignes représentants.
» A la ville d’Anvers, à la ville de Cologne l «
Des acclatnatious unanimes ont répondu à ces nobles paroles,
dignes de l’homme qui les a prononcées.
Le temps et l’espace nous manquent pour nous étendre au-
jourd’hui sur les bals du Théâtre et de la Bourse, ainsi que sur
la Nuit vénitienne, l’illumination et d’autres embellissements
qui dans l’intérieur de la ville sont venus prêter leur éclat à la
fête d’hier. — Nous remettons ces détails à demain.
ITALIE.
Des frontières, 4 octobre. — Pendant qu’on nourrissait l’espoir que
les troubles des légations et des pays voisins étaient apaisés, on a reçu
la nouvelle de l’explosion de nouveaux désordres dans la Romagne, du
côté des frontières de Modène. Sur le bruit qu’une bande armée allait
arriver, une foule d’hommes du peuple se réunirent aux environs de
Césenne (et parmi eux il s’en trouvait d’armés) dans le but évident de
se joindre aux insurgés qu’on attendait. Ce n’est qu’après une longue
résistance, et non sans quelque effusion de sang, que la force ar-
mée est parvenue à disperser cette troupe. La bande annoncée n’est
pas venue. L’effervescence serait toujours très grande dans les légations.
Les prisons sont encombrées, et il y a chaque jour de nouvelles arresta-
tions, (Galette de Cologne.)
Rome, 30 septembre.— Il y a eu plusieurs congrégations de cardinaux
dans lesquelles on s’est occupé de la situation des finances de l’Etat,que
les dépenses extraordinaires qu’ont occasionné la répression des trou-
bles dans les provinces out mises dans un état très critique. Il parait
que presque tous les cardinaux se sont prononcés contre un nouvel em-
pruntetont proposéde chercher d’autres moyens de se tirer d’affaires.
(Gazette d'Augsbourg.)
— On a arrêté dernièrement à Ancône un agent de !a/eime Italie, Bru-
netti, si nous ne nous trompons de nom.On a trouvé sur lui des papiers
extrêmement importants qui jetteraient du jour sur les événements de
Bologne. Il avait été désigné au gouvernement papal par le gouverne-
ment napolitain, car il y a peu de temps, il n’avait pu échapper à la po-
lice de Naples que par une prompte fuite. (Idem.)
Trieste, 5 octobre. — Le brick de guerre grec la Minerve est arrivé
aujourd'hui ici. 11 avait à bord 253 passagers, dont 179 Allemands,pres-
que tous soldats bavarois qui se trouvaient au service de la Grèce. (Id.)
AXCSLETEKRE.
Londres, le 10 octobre. — On lit dans le Dublin Monitor :
Oui, que Dieu sauve la reine ! mais qu’il confonde ses conseillers mé-
chants et imbéciles ! 11 serait impossible de donner une idée de la sen-
sation produite à Dublin, parmi toutes les classes de la société, par la
publication de la proclamation de lord Grey, les repealers en sont heu-
reux au-delà de toute expression. M. O’Connell informé du sujet des dé-
libérations qui avaient lieu au château, avait réuni rassemblée de l'asso-
ciation du rappel en permanence à Corn-Kxchange en attendant le ré-
sultat du conseil privé. Lorsqu’on lui eut remis la proclamation, il la
lut attentivement, puis joyeux, il poussa trois acclamations pour le rap-
pel. En fait, M. O Connell doit considérer commeunefaveurdivinecetle
proclamation qui sera le coup de mort pour l'administration de lord
Grey.
Samedi soir tous les postes ont été doublés et toutes les troupes con-
signées dans les casernes. Au château non seulement les postes ont été
doublés, mais plusieurs compagnies d’infanlerieet un escadron de dra-
gons supplémentaires y ont été stationnés. Le fort de Pigeonhouse a été
en état de siège; les canons ont élé chargés et braqués, prêts à faire feu;
d’autres pièces ont été montés, et les chevaux sont restés harnachés pen-
dant toute la nuit et la journée du dimanche, de manière à pouvoir au
premier signal se porter sur le rivage de Clonlarf. De nouvelles troupes
sont attendues; plusieurs bataillons des régiments des gardes sont en
route pour Dublin. Le54'régimentquidevuitpartir pour Alhoneareçu
conlr’ordre. La ville est pleine de rumeurs relativement à de nouvelles
mesures militaires prises par l’autorité pour prévenir un mouvement
insurrectionnel.
Dimanche, 8 octobre, six heures du soir.
De fortes et fréquentes patrouilles ont parcouru la ville pendant toute
la nuit dernière. Toutes les forces disponibles de la police ont passé la
nuit aux stalions;des sergents de villeà cheval couvrent tous les abords
de Dublin. Aucun excès n’a été commis; la population est restée très
paisible et se contente de rire de tous ces formidables préparatifs de
guerre.
Les steamers Dee et Radamanthe sont arrivés aujourd’hui, ayant à
leur bord le 87' régiment de fusilliers irlandais. Le 84' régiment est éga-
lement arrivé, venant de Glasgow. Au moment où il traversait le pont
de Carlisle, le peuple rassemblé l’a salué par trois vivats; le colonel pre-
nant ces cris pour unedémonstration hostile, fit faire halte, et la troupe
reçut l’ordre de fixer la baïonnette au bout du fusil; cela fait, le peuple
poussa trois nouveaux vivats ironiques, et le régiment se rendu tran-
quillement dans ses quartiers.
Dès le point du jour les abords de Clontarf ont été occupés militaire-
ment par cinq régiments dont trois d’infanterie, le 5' régiment de Ara-
gons et le lt' régiment de hussards du prince Albert. Tous les hommes
----u—^—i— i,
avaient emporté des vivres pour vingt-quatre heures pour eux et leurs
chevaux, et chaque giberne contenait de 20 à 60 cartouches. Deuxpiè-
ces de campagne stationnaient également sur la colline où le meeting
devait avoir lieu ; le grand nombre de tentes et d’édifices de tout espe-
ce érigés en cet endroit dans la prévision de l’assemblée, avaient été
démolis dès le malin et la veille dans la soirée. Une foule de personnes
à pied, à cheval et en voiture ont circulé pendant toute la journée le
long de cette ligne, d’une étendue de près de quatre milles, mais au-
cune manifestation n’a eu iieu. On voyait que tout ce monde n’était
attiré que par un sentiment de curiosité. A l’heure où nous mettons
sous presse (Six heures du soir) les troupes stationnent encore sur le
terrain ; elles n’ont apporté aucun empêchement à la libre circulation
du public. (Dublin-Mail.)
Londres, 11 octobre. — On écrit de Dublin, le 9 octobre :
Le meeting le plus nombreux de l’association du rappel qui ait eu lien
jusqu’à présent, a été tenu aujourd’hui au théâtre de Calvert, le local or-
dinaire des assemblées ne suffisant pas cette fois. La salle regorgeait de
monde longtemps avant l’ouverture de la séance. M. O’Connell, à son
entrée, a été accueilli par des applaudissements frénétiques. Le grand
agitateur était accompagné de son fils, M. John O’Connell, qui a été ap-
pelé au fauteuil de la présidence.
Il a remercié en quelques mots rassemblée de l’honneur qu’elle lui a
fait en l’appelant à ta présidence,ce qu’il considère comme un honneur
insigne dans les circonstances actuelles.il a loué ensuite le peuple de la
conduite dont il a fait preuve la veille, et lui a recommandé de persé-
vérer dans cette voie de soumission aux guides dans lesquels il a mis sa
confiance et qui ne l’abandonneront pas. (Applaudissements.)M.Stanly,
de Manchester, et M. O’Kelly, de Staleybridge, ont présenté à M.O’Con-
nell des adresses auxquelles le libérateur a répondu.
m. rernard TRATNOH. de Staleybridge, Angleterre, a été introduit en-
suite etaccueilli par des applaudissements prolongés. • Je ne puis,a-t-il
dit, m’exprimer en langage irlandais, car j’ai vu ce pays pour la pre-
mière fois samedi dernier. (Applaudissements.) Mais, si je suis Anglais
par la naissance, je suis Irlandais par le cœur , car par dessus tout je
suis partisan du rappel. (Longs et bruyants applaudissements.) Peu
importe le lieu de la naissance d’un homme, pourvu qu’il ait le cœur
bien placé, et j’ai partagé tout l’enthousiasme des repealers qui habitent
Staleybridge. Je suis heureux d’avoir été chargé par eux de présenter
au libérateur une adresse dans laquelle ils expriment leur sympathie et
leur admiration pour M. O’Connell. (Applaudissements.)
le révérend tvrrell propose les résolutions suivantes qui devaient
être proposées à Clontarf et qui sont adoptées à l’unanimité s
« 1» Ce meeting, approuvant hautement et partageant les principes
et l’esprit de la déclaration en faveur du rappel, telle qu’elleaélé adop-
tée à Mullaghmast par les repealers du comté de Leinster.
• Décide que ce meeting déclare parles présentes résolutions, son dé-
vouement loyal à ta personne et au trône de sa gracieuse majesté la
reine Victoria, et sa détermination de maintenir intactes et inviolables
touLes les prérogatives de la couronne telles qu’elles sont garanties par
la constitution.
» Décide en outre, que, nous le clergé, la basse noblesse,les proprié-
taires, les tenanciers libres et autres habitants du Fingal, assemblés en
meeting public,déclarons et proclamons en présence île notrepays.de-
vant l’Europe et l’Amérique et à la face du ciel.qu’aucune puissance n’a
le droit de faire des lois qui lient ce pays, excepté la Reine et les Cham-
bres des Lords et des Communes d’Irlande; déclarons en outre ici, sur
l’éternelleinent mémorable champ de bataille de Clontarf, le Mara-
thon de l’Irlande.etnous engageons solennellement d’employer tous les
moyens constitutionnels pour délivrer notre pays natal de la tyrannie
d'élre régi par des lois faites par d’autres que par ses habitants.
» Décide, que quarante-quatre années de travaux dévoués et non in-
terrompus pour la cause de ce pays, ont justement mérité à O’Connelff
le libérateur de l'Irlande, la confiance sans bornes du peuple irlandais ;
et que nous individuellement et collectivement, nous confiant à sa su-
prême sagesse, discrétion, patriotisme et fermeté indomptée, nous nous
engageons à le suivre comme notre guide, dans toutes les circonstan-
ces qui pourront surgir, et vienne la fortune ou vienne le malheur, à ne
jamais déserter l’étendard constitutionnel du rappel qu’il a arboré.
• Que les pétitions aux chambres des lords et des communes dont il
va être donné lecture sont adoptées ; elles réclament la reconnaissance
du droit, inaliénable de la nation irlandaise d’avoir une législature natio-
nale, et, comme conséquence, le rappel de l’Union legislative entre
l’Angleterre et l’Irlande. »
m. o’connell prend ensuite la parole, et prononce un discours fré-
quemment interrompu par les applaudissements frénétiques de l’as-
semblée, et qu’il termine par la résolution suivante, qui a été adoptée
par acclamation :
« Déclarons, que tout en répétant au peuple d’Irlande que quicon-
que commet un crime donne de la force à ses ennemis, et tandis que
nous nous engageons eux et nous à la plus entière soumission à la loi,
nous déclarons en même temps devant les habitants de l’empire brita-
nique et devant les habitants du monde civilisé, que nous ne renonce-
rons jamais à la poursuite légale et constitutionnelle du rappel de l’u-
nion, tant qu’un Parlement irlandais ne sera pas de nouveau établi dan»
Collège-Green. »
Des remerciments 9ont votés à MM. Daniel et John O’Connell, et le li-
bérateur annonce que les recettes de la semaine en faveur de la caisse
du rappel s’élèvent à 1,105 livres dont six cents ont été recueillis pendant
les quelques heures qui ont précédé le meeting. Le grand banquet a eu
lieu ce soir à la Rotonde, le local le plus spacieux de Dublin et qui avait
été décoré avec goût. Les murs étaient couverts de candélabres et de
bannières. Le nombre de billets placés s’élevait à plus de deux mille.
Les portes ont été ouvertes à cing heures et immédiatement toutes les
salles ont été envahies. Une foule immense encombrait toutes les rues
qui avoisinent la Rotonde.
A cinq heures et demie, M. O’Connell est arrivé, accompagné de plu-
sieurs aldermen et membres du conseil privé en robes, et il a été ac-
cueilli par de bruyants applaudissements, la musique jouant l’air: Coici
venir le heros conquérant I Toutes les pièces regorgeaient de monde.
C’était certainement le banquet le plus nombreux qu’on eût ja-
mais vu en Irlande; une aussi grande masse de souscripteurs ne s’é-
taient jamais inscrits pour un banquet avant que le gouvernement n’eût
eu la malencontreuse idée de publier sa proclamation. M. O’Connell a
occupé le fauteuil de la présidence, mais la foule a été si compacte qu’il
m’a été impossible de voir les autres personnes qui occupaient les pla-
ces d’honneur.
Plus de mille personnes se sont présentées aux portes, demandant à
être admises en payant le prix du dîner, mais il a été impossible de sa-
tisfaire a leur demande. A sept heures M. O’Connell, vêtu desa robe de
lord-maire, a proposé la santé de la Reine, du prince Albert, de la du-
chesse de Kent, du prince et des princesses royales et des autres mem-
bres de la famille royale résidant en Angleterre. Il a fait remarquer que
ces trois enfants royaux étaient une barrière éternelle opposée à l’ac-
cession au trône de ce digne potentat, le Roi de Hanovre. Les autres
toasts proposés par M. O’Connell ont été : A la cause du peuple! à la
promotion de son bonheur et de ses libertés ! au rappel de l'union ! etc.
M. O’Connell a dîné lundi à Clontarf chez M. Campbell, négociant et
membre du conseil commun de Dublin,
On assure que les personnes qui avaient fait ériger des tentes et des
tribunes à Clonlarfdans la prévision du meeting qui devaily avoir lieu,
ont le projet d’actionner lord de Grey en justice pour être indemnisées
des pertes que leur a causées sa proclamation. {The Globe.)
ESPAGNE.
Nos lettres de Madrid sont du 5; elles sont dépourvues d’intérêt.
— On s’entretient du mouvement d’Atmeria, comme d’une affaire
sans importance. 300 hommes d’infanterie et quelques cavaliers de-
vaient suffire pour y rétablir l’ordre.
Le gouvernement vient de prendre des mesures pour qu à l'avenir
les insurgés ne puissent entraîner à leur suite,la dangereuse population
des présides. Il est défendu, sous aucun prétexte, d’éloigner les con-
damnés de la surveillance des chefs de leurs présides respectifs.
— On écrit de Perpignan, le 7 octobre :
Ainsi que je vous l’ai annoncé avant-hier, Prim, ne voyant aucune
possibilité de tenter un coup demain contre le fort de Figuières, s’est
reporté sur Girone. ....
Dans la journée du 4, Prim a commencé à donner 1 assaut a cette
ville. On ne saurait dépeindre tout ce que tes insurgés ont déployé d’é- |