Full text |
commerce. Voici comment on peut estimer
merce du sucre, en 1775 :
Colonies françaises. . .
Colonies anglaises . . .
Colonies hollandaises . .
Colonies espagnoles . .
Colonies portugaises (Brésil)
l’importance du com-
90.000. 000 kil.
80.000. 000
30,000,000
30.000. 000
22.000. 000
Total. . . . 252,000,000
Pendant les quinze années qui s’écoulèrent, depuis cette époque,
jusqua celle de la révolution française, cet état de choses eut à subir
divers changements. Après la guerre de l’indépendance des Etats-
Unis qui avait troublé momentanément la production et le commercé
du sucre, la culture de la canne prit une nouvelle extension, surtout
dans les colonies françaises. En 1790, la France dominait tous les
marchés de l’Europe. Elle recevait de ses possessions près de
120,000,000 kil. de sucre brut; File de Saint-Domingue seule lui en
envoyait 82,000,000 kil. La même progression n’avait pas eu lieu
dans les colonies anglaises. Les importations annuelles dans la
Grande-Bretagne avaient été de 79,533,000 kil., en moyenne, de-
puis 1770 jusqu’en 1780 ; quantité sur laquelle 9,076,000 kil.
étaient livrés à l’exportation : de 1780 à 1790 les importations an-
nuelles ont été de 79,387,000 kil., en moyenne, et les exportations
de 9,970,000 kilog.
Survint la révolution française qui troubla profondément toutes
les habitudes commerciales, en remuant le monde entier, Les lon-
gues guerres dans lesquelles elle entraîna toutes les nations Euro-
péennes, depuis 1792 jusqu’en 1815 , changèrent la nature de tou-
tes les relations. L’industrie et le commerce tournèrent leur direc-
tion vers des objets tout nouveaux pour eux. De ce moment date
pour la production et pour le commerce du sucre de canne une
longue suite de vicissitudes dont les unes trouvèrent naturellement
leur fin, au retour delà paix,en 1815; dont les autres durent en-
core, et ne sont pas près d’avoir un terme. Cette partie de la ques-
tion qui nous occupe,nous entraînerait trop loin aujourd’hui ; nous
en ferons l’examen dans un second article.
TEXAS.
Le se’nat et les représentai ont adopté les résolutions suivantes ;
1° Le président de la république est autorisé à ouvrir immédiatement des
négociations avec le gouvernement des Etats-Unis pour obtenir la reconnais-
sance de rindépendance du Texas comme nation distincte et souveraine , ou
Pincorporation du Texas aux Etats-Unis en qualité d’état libre et jouissant de
Pégalité.
2° Dans ce dernier cas , les conditions seraient 1° Une autorité sans contrôle
sur la population esclave du Texas ; 2° La garantie du gouvurnement des Etats-
Unis de n’introduire aucune population indienne dans le territoire du Texas ;
5° Pleine et entière garantie au Texas des droits des autres états de l’Union.
3° Pour l’exécution des résolutions qui précèdent l’équité exige loQue des
négociations soient entamées pour la remise pleine et entière des domaines pu-
blies du Texas , après qu’il aura été satisfait «à tous les droits privés garantis
par la république. 2® Que le pouvoir exécutif négocie une somme d’argent équi-
valente à la dette publique en se soumettant à l’autorité fédérale du gouver-
nement des Etats-Unis.
Il paraît qu’à l’exception de quelques esprits exaltes, la majo-
rité de la population est décidément favorable à l’incorporation
du Texas aux Etat-Unis , et quelques-uns des principaux états se
flattent que la majorité du congrès appuiera la pétition.
M. W. H. YVharton est nommé commissaire auprès du gouver-
nement de Washington. Il arrivera incessament à son poste.
Un arreté du président Houston lève le blocus de Matamoras :
ainsi les vaisseaux étrangers peuvent reprendre leurs relations
commerciales avec ce port, pourvu qu’ils ne portent à l’ennemi
ni provisions ni munitions.
Environ 80 mexicains , détachés des postes militaires sur la
frontière du pays habité par les Indiens, sont entrés récemment
à Bexar et ont pillé les pauvres habitans mexicains qui étaient
retournés chez eux après la bataille de San-Yacinto, 50 cavaliers
texiens ont été envoyés à Bexar pour châtier ces brigands.
Le cabinet est maintenant composé des membres dont les
noms suivent : Samuel Houston, président; le brigadier Lamar,
vice-président: C. Àustin, secrétaire d’état ; Henri Smith, tréso-
rier : le brigadier Rusk, ministre de la guerre; S. R. Fischer,
ministre de la marine; Collingworth, avocat-général; Félix
Houston, général en chef de Farinée; W. H. Wharton, commis-
saire aux Etats-Unis. On disait que le siège du gouvernement se-
rait transféré à Brazoria.
Le comité des affaires étrangères a présenté son rapport au
congrès le 8 novembre. Voici ses conclusions: « Si avant le-4
mars prochain , le Texas n’est pas incorporé aux Etats-Unis, le
président delà république pourra, s’il le juge convenable, en-
voyer des commissaires auprès du cabinet britannique et des au-
tres cours de l’Europe pour obtenir la reconnaissance de l’indé-
pendance du Texas. Dans oe cas , les commissaires auront pleia
pouvoir de négocier des traités de commerce et d’amitié.
ESPAGNE. — MADRID, 31 décembre.
décret royal. — Les négociations qui avaient pour objet la réconciliation
franche et entière du Mexique et de l’Espague étant heureusement terminées,
et désirant demon côté, (eorame les autorités établies dans cette répnblique,
faire jouifle plus tôt possible des avantages de la paix et du commerce, deux
peuples qui n’auraient jamais du oublier les liens du saug qui les unissaient,
au nom de mon auguste fille la reine Isabelle, j’ai décrété ce qui suit :
1° Toute hostilité entre mon gouvernement et mes sujets, et les citoyens ou
habitans du Mexique, cessera à compter de ce jour ;
2o Les Mexicains qui se trouvent en Espagne et ceux qui voudraient s’y éta-
blir, seront traités comme les sujets des puissances amies;
3° Les navires mexicains seront admis comme ceux des nations amies dans
tous les ports de l’Espagne, en se soumettant à toutes les lois etréglemens en
•vigueur relativement au commerce étranger.
Madrid, 29 décembre 1836. Signé: Josê-Maria calatrava,
Président du conseil des ministres,
Représentation à la Reine Gobernadora.
Reine, don Ramon-Maria Narvaez , brigadier colonel du régiment d’infan-
terie de la princesse,4e dejigne , commandant-général, nommé par V. M., des
■divisions devant-garde et 3e division de l’armée du Nord, décoré de la croix de
Saint-Fernandtfet de plusieurs autres pour des actions de guerre , votre plus
fidè< et dévoué serviteur, vient auprès du trône de V. M. déposer la représen-
tation suivante : comme franc militaire j’ai déjà, dans diverses communications,
^ait connaître au gouvernement les conséquences de certaines mesures qui se
sont déjà réalisées et d’autres qui ne tarderont pas de s'accomplir ; comme
•soldat ntrépide de la liberté je me suis chargé d’un fardeau qui paraissait ef-
frayant pour tant d’autres et avec des effets plutôt qu’avec la plume, j’ai prou-
ve à la nation le cas qu’elle devait faire de mes promesses ; mais , princesse, si
le fait que je vais exposer à Y. M.|pouvait|ôtre par moi passé sous silence, je se-
rais auss coupable que les parricides qui l’ont commis.
Le 4 ,je parus devant V. M., et le 25 , le rebelle Gomez était mis en pleine
déroute par mes soldats ; le 29 . il était encore battu à Gouadalette. Lorsque je
songeais à exterminer le reste de nos ennemis , la plus vile lâcheté, l’envie la
plus basse, cherchant à déjouer mes projets, parvint à jeter d’odieux soupçons
uans I esprit des troupes de la 8« division, et en présence des’ennemis que j’avais
'aincus la révolte trouva le moyen de se faire entendre ; les tambours batti-
JLE PRECURSEUR.
rent le rappel , la plupart des soldats se soulevèrent de divers côtés , d’autres
tournèrent contre moi la baïonnette , les ofiieiers et sergens les appuyèrent
dans leur mutinerie; je tirai mon épée , j’élevai la voix avec force , et je se-
rais parvenu à tout faire rentrer dans le devoir si le général Alaix , accouru de
l’arrière-garde , ne fût venu encourager lui-même ces symptômes d’insurrec-
tion ; des cris de mort furent en cet instant poussés contre moi ; peu m’eût
importé dans ce. moment le sacrifice d’une vie que j’estime assez peu si je
n’eusse été dominé par le motif que vous verrez plus bas. Je me dirigeai vers
le brigadier don Diego, colonel des hussards , et je lui demandai s’il pouvait me
répondre de son régiment pour réprimer de vive force l’insurrection ; il me
répondit que je pouvais compter sur lui , mais quant à sa troupe , il me parut
indécis ; dans ce moment se présenta de nouveau aux yeux de la troupe le gé-
néra! Alaix , et le désordre ne fit qu’augmenter. J’adressai «à S. "Exe. des repro-
ches sévères ; il les reçut avec l’insolence provenant de la sécurité où il se trou-
vait ; j’ajoutai que je venais me placer à la tête de la 3.e division , ainsi qu’il
avait dû en être prévenu par le gouvernement , et il se refusa ouvertement à
me reconnaître en cette qualité. Deux heures qui devaient être consacrées à
couronner mon triomphe , le triomphe le plus désiré par la nation , se perdi-
rent au milieu du désordre. Je m’aperçus en effet, princesse , que le triomphe
du jour et probablement la cause de l’Espagne allait être compromise , attendu
que la cavalerie de ma division était impatiente d’accourir à ma défense.
Le général Alaix s’empara du commandement sans aucune résistance de ma
part ; je m’aperçus bientôt qu’on en voulait à ma vie ; le lieutenant de la 3e
compagnie du bataillon d’Almaça , don Francisco Vasquez , en présence de
son général , qui ne fit rien pour me protéger , s’empara d’un fusil et chercha
à exciter les soldats desa compagnie à m’assassiner; d’autres hommes inférieurs
en grade , mais d’un cœur moins pervers , l’empêchèrent, par deux fois , de
commettre le crime qu’il avait résolu. Enfin , à la nuit tombante , je me déci-
dai à aller retrouver ma division que j’avais convenablement placée à Anti-
guera. — Maintenant princesse, je crois pouvoir examiner avec assez de sang-
froid le fait du mois dernier et le juger sans aucune prévention : Or , je crois
que dans l’histoire militaire d’aucun peuple , on ne peut trouver une réunion
de circonstances aussi criminelles ; voilà pourquoi, princesse , je demande
justice , justice énergique et prompte , et je l’attends de V..M* ; mais si au
contraire le châtiment ne tombait pas sur la tête des complices, pareequ’ils se-
raient d’une classe trop élevée ou en trop grand nombre , je ne veux point me
contenter de mesquines~vengeances, et dè«-lors , non plus , je ne saurais plus
porter l’uniforme d’honneur ni être confondu avec les assassins de ma patrie ;
je supplierai, dans ce cas , Y. M. , de me faire expédier un congé absolu sans
me laisser ni grade ni distinction militaire; voilà l’une des grâces que j’attends
de V. M. , bien assuré que l’Espagne et l’Europe entière applaudiront à ma
détermination. Ramon NARVAEZ.
Nouvelles des provinces.
Cadix , 23 décembre. — Le procès des membres de la junte carliste de Cor-
doue occupe beaucoup les esprits. On demande un châtiment prompt et exem-
plaire contre ces individus , mais il paraît qu’on cherche par tous les moyens
à traîner l’affaire en longueur.
Durango. — Don Carlos était encore le 30 à Durango.
On assure qu’il est fortement question au quartier-général carliste de rem-
placer Villareal dans le commandement en chef par Gomez ou Casa-Eguia qui
n’ont pas manqué de. faire ressortir le danger de maintenir un chef qui a com-
mis une négligence dont les conséquences ont entraîné la perte de la bataille ,
de la majeure partie du matériel de l’insurrection et de toutes ses espérances.
Casa-Eguia paraît, si nous sommes bien informés , avoir plus de chances qui
Gomez, car les insurgés basques et de Navarre en font grand cas. Pour Gomez,
qui aurait plutôt les affections du prétendant, il a le malheur de ne savoir pas
le basque, chose essentielle et indispensable pour commander les troupes des
provinces.
PORTUGAL.
Lisbonne 23 décembre.
Abolition de la traite de noirs.
Le décret que le gouvernement portugais avait promis sur l’abolition de la
traite vient enfin de paraître. Il a été publié dans le Diario d'avant-hier , bien
qu’il soit daté du 10 du courant. Ce décret est signé par tous les ministres et
précédé d’un long rapport rempli des sentimens les plus philantropiques , et
montrant qu’un des meilleurs moyens de favoriser la civilisation des pay9 afri-
cains est l’abolition du trafic des nègres esclaves. Voici les dispositions princi-
pales de ce décret:
« Prenant en considération le rapport des ministres secrétaires-d’état , j’ai
jugé bien de décréter ce qui sdit :
Art. 1. L’exportation des esclaves, soit par mer, soit par terre, est défendue
dans toutes les dispositions portugaises sans aucune exception, à partir du mo-
ment où ce décret sera publié dans les capitales des possessions susdites.
Art. 2. Est également défendue i’importatioii des esclaves, faite par mer sou
tel prétexte que ce soit.
Tout esclave importé par terre devra être dénoncé lors de son arrivée sur le
territoire portugais.
Art. 3. Les colons, nationaux ou étrangers, qui d’une partie des mêmes pos-
sessions portugaises en Afrique iront s’établir dans une autre partie des mêmes
possessions, dans le continent ou dans les îles d’Afrique, ou qui d’un pays non
assujetti à ma couronne iront s’établir dans quelques-unes de mes possessions
d’Afrique, seront exceptés des dispositions antécédentes.
Art. 4. Celte permission exceptionnelle dont parle l’art. 3 , s’entendra faite
d’après les conditions suivantes : 1° Que le nombre des esclaves exportés et
importés ne pourra être de plus de dix ; 2° qu’on devra faire une déclaration à
la douane du lieu du départ , du nombre des esclaves que le maître emmène
avec lui, s’obligeant à payer le double de la valeur des esclaves , et fesant un
acte qui sera présenté à la douane du lieu de destination , dans l’espace de six
mois , afin de constater que les esclaves ont été emmenés selon la déclaration.
Art. 5. On paiera pour chaque esclave exporté ou importé , selon l’art. 3 ,
les mêmes droits qu’on payait quand l’exportation ou l’importation était per-
mise , soit par mer, soit par terre.
Art. 6. On ne donnera pas de passeport aux navires marchands pour les ter-
ritoires africains situés au sud du parallèle du 20e degré de latitude septentri-
onale, sans que leurs maîtres ou capitaines aient signé l’acte par lequel ils
s’obligent àue recevoir à bord aucun esclave, qui ne soit de ceux permis d’a-
près l’art. 3.
Art. 7. Les employés de la douane devront visiter les navires portugais ou
étrangers qui, des ports de ces royaumes, iles adjacentes et autre» ports de la
monarchie, se disposent à faire voile pour l’Afrique au sud du parallèle du 20e
degré de latitude septentrionale ; et s’ils trouvent quelque objet qui indique
que le navire va être employé au trafic des esclaves , ces objets seront saisis
comme de contrebande, et les maitres, capitaines, pilotes , seront punis selon
le» peines portées à l’art. 17.
Aiq. 8. Après la visite, rien ne pourra être pris à bord ; et quand même il
n’y aurait pas lieu à condamnation, mais qu’il y aurait cependant des doutes
que le navire aille faire le trafic des esclaves, on pourra exiger des intéressés
au navire une garantie suffisante pour s’assurer qu’ils ne feront pas ce trafic.
Art. 9. Les embarcations de guerre portugaises, pourront s’emparer des na-
vires qui seront rencontrés en contravention à ce décret.
Art. 10. Les navires qui toucheront aux ports des possessions africaines, de-
vront immédiatement consigner leurs passeports , qui ne leur seront rendns
qu’au moment du départ, et alors il y aura une autre visite de la part des cm*
ployés de la douane, et si l’on y trouve des esclaves, le navire sera saisi , et on
procédera d’après les dispositions pénales de ce décret.
Art. 11. En tout cas de transgression , les esclaves seront déclarés libres
Les autres articles qui suivent concernent les peines qui seront infligées soit
contre les contrevenans soit contre les employés coupables d’omission ou do
négligence. Cette espèce de contravention est déclarée crime public dont l’ac-
cusation est d’obligation spéciale pour les procureurs du roi et leurs délégués :
elle n’admet pas de prescription.
LA REINE.
Palais des Necessidades , 19 décembre 1836.
Yicomte Sa da Bandeira , Manoel Lopez Yieira de Castro ,
Manoel da Silva Passos.
ALLEMAGNE. — Leipsick, 25 décembre.
« Une députation des librairies de la ville est sur le point de
partir pour Dresde , à l’effet de demander aux états réunis la
la suppression, on au moins la modification de la dernière loi de
censure. Cette députation se propose de faire observer aux états
que la bourse des libraires ne serait plus qu’on vain simulacre
du jour où la liberté do la presse n’existerait plus; que le dépéris-
sement de la ville de Leipsick suivrait sans doute de près celui
de sa libraire ; enfin , que cette ville qui s’est toujours dévouée
à son gouvernement, no méritait pas d’être t roilée avec autant
de sévérité. On ne sait pas encore ce qu’obtiendra cette députa
tion; mais un grand nombre de libraires recommandables ont le
projet de quitter la ville etde s’établir soit en Prusse, soit en Ita-
lie: on cita parmi eux M. Brockhaus.
ANGLETERRE.
Profession de foi d’O'Connell.
A M. WENTWORTH BEAUMONT.
* Derrynane-Abbey, 50 décembre.
v Monsieur ,
» Je m’empresse de répondre à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de
m’adresser par la voie des journaux : Gomme membre du parlement , vous
avez droit d'attendre de moi la réponse la plus franche et la plus explicite aux
questions que vous m’adressez.
» Yous me demandez si l’Irlande sera tranquille , ou au moins devra l’être
lorsque la religion de la majorité sera placée à tous égards sur le pied de la plu9
parfaite égalité avec celle de la minorité.
» Ma réponse est toute prête : L’Irlande ne peut ni ne doit être tranquille
jusqu’à l’époque où la religion de la majorité de ses habitans sera placée à tous !
égards sur le pied de la plus parfaite égalité avec celle de la minorité.
» J’ajoute que, jusque-là, elle ne sera pas exempte de cette agitation salu- j
taire , mais paisible et énergique , et, certes , elle ne le sera pas, tant que je
vivrai ; je veux dire aussi long-temps qu’on n’assurera pa» définitivement aux
Irlandais quelque culte qu’ils professent , une égalité parfaite sous le rapport
civil et religieux.
» Cette égalité pourrait être établie d’une manière solide et permanente, par
l’une des trois mesures suivantes : lo En laissant au clergé protestant la jouis-
sance des revenus temporels qu’il possède actuellement et en obtenant du par-
lement des revenus équivalans pour le clergé catholique ; 2° en divisant par
proportions égales ou inégales les revenus existans entre les protestans et les
catholiques; 5° le gouvernement pourrait approprier à l’éducation publique et
à des œuvres de charité et de bienfesance, tous les revenus actuels du clergé
protestant qui se trouverait placé exactement dan9 la même position que lo
clergé catholique, c’est-à-dire dans la nécessité de trouver des ressources dans
la population protestante pour soutenir son culte et sa hiérarchie religieuse.
» J’ajouterai que je partage votre opinion sur ce point, savoir : que la relU
gion est devenue en Irlande un véritable point d’honneur entre les catholiques
et les protestans. Signé, DANIEL O’CONNELL, »
FRANCE. — Paris, 8 Janvier.
Nous avons, dans notre Bulletin, parlé duprocès|et de Tacquit-
tementdu Courrier Français. Tous les journaux considèrent ce
verdict comme un échec pour le ministère doctrinaire. Voici
leur opinion à cet égard :
Le COURRIER FRANÇAIS, annonce son acquittement et compare sa posi-
tion à celle de MM. de Chateaubriand et de Martignac, qui étaient repoussé#
par la restauration.
LE CONSTITUTIONNEL. — « Le ministère vient d’échouer devant le pays*
L’acquittement du Courrier Français , prononcé parle jury , après des débat#
éclatans, est la condamnation solennelle du système ministériel, car ce système
est que le r#i règne et gouverne , et le jury a dit que le roi règne et ne gou-
verne pa9.
«Cette manifestation ne doit pas être perdue ; elle vaut un échec parlemen-
taire ; elle vaut plus , carie jury n’est pas la représentation plus ou moin#
exacte du pays , il est le pays lui-même , et la chambre doit y prendre garde ;
l’esprit qui se révèle aujourd’hui dans un verdict d’assises, se révélera , de plu#
en plus énergique, dans les futures élections. C’est la vérité du gouvernement
représentatif que veut le pays, et il pourvoira à ce que sa volonté s’accomplisse.
LE TEMPS. — Le jury, en cette circonstance, n’a fait que formuler, par
une sentence légale, l’opinion généralement exprimée sur l’inopportunité de#
poursuites ministérielles. Loin de nous l’idée de profiter de ce résultat pour
renchérir , à l’avenir , sur le langage qu’on incriminait devant la justice. No#
principes sur la question traitée par le Courrier français sont ceux de tous le#
Français sincèrement attachés à la constitution et à la royauté de juillet.
Nous continuerons à les défendre avec un zèle qui ne peut avoir rien de
suspect, et avec des formes qu’on ne pourra, pas plus qu’aujourd’hui, accuser
d’une tendance coupable. Mais il n’en est pas moins vrai que si le parquet avait
à faire à des adversaires moins modérés, le verdict du jury serait une belle oc-
casion pour eux, de reprendre de plus belle la question qu’il a voulu exclura
du domaine de la discussion, et de mettre à profit l'impunité pour étendre l’ar-
gument jusqu’à ses extrêmes conséquences. Dans les cas les plus vulgaire# ,
c’est là l’effet immanquable que la mesure ministérielle eût produit.
LE JOURNAL DU COMMERCE. — Lejury vient de répondre dignement à
l’attente du pays ; il a consacré par son verdict le principe fondamental delà
constitution française : c’e9t que le roi règne et que les ministres gouvernent ;
c’est que la presse n’est pas coupable quant elle se plaint de ce que les minis-
tres se déchargent de la responsabilité qui pèse sur eux pour la rejeter sur lo
roi, qui est inviolable ; c’est qu’un cabinet ne peut se servir du nom du roi
comme d’un bouclier, et qu’enfin, quand un journal fait ressortir les danger#
de ces coupables manœuvres, quand il y trouvé l’explication de ces attentat#
qui affligent la France, il no fait que de donner un avis salutaire et remplir un
devoir, au lieu de commettre un crime. Le Courrier français était traduit en
justice pour avoir soutenu les vrais principes ; nou9 aurions eu des droits à y
♦tre accusés avec lui , car nous avions aussi abordé et développé les mêmes
doctrines. Il a été acquitté. M. Philippe Dupin a plaidé avec son talent ordi-
naire; sa parole était pleine de verve et d’éclat. Le ministère public lui avait
fourni une thèse admirable , et dont il n’a pas manqué de profiter. M. Plou-
goulm a reconnu le principe que le roi règne ét ne gouverne pas, mais il l’a
reconnu pour l’attaquer ensuite avec plus d’avantage.
Le Journal des Débats et la Presse ne parlent pas de cet ac-
quittement; mais la Paix l’un des principaux organes du Minis-
tère se fâche tout rouge à cette occasion contre le jury.
LA PAIX (sur l’intelligence politique du jury ) : «Au surplus, nous avons
toujours élé convaincus que les simples citoyens dont on fait des juges impro-
visés, ne peuvent apprécier qu’une culpabilité pour ainsi dire matérielle. Il»
peuvent prononcer sur une injure, une diffamation; mais les couséquences
dangereuses d’une discussion politique doivent presque toujours leuréchapper.»
CHRONIQUE ET BRUITS DE SALON.
Meunier. — Rien n’est publié, depuis deux jours, même par
les journaux judiciaires sur la suite de l’instruction dans l’affaire
Meunier. On a su seulement que beaucoup de personnes avaient
été mises presqu’aussitôten liberté; et il paraît que la belle Ita-
lienne dont on a parlé n’est pas la seule dame que la cour ait
mandée devant elle. Un journal ministériel raconte ce matin que
Meunier a passé d’un extrême à l’autre. «Sa brutale insensibilité,
dit-il, a fait place à des démonstrations tout opposées. Meunier
pleure, il pleure comme un enfant; il prétend cependant qu’il
n’a pas de complices, mais les nombreuses arrestations auxquel-
les il a donné lieu, semblent bien prouver le contraire. On a
mené en sa présence une jeune Italienne d’une grande beauté
avec laquelle on supposait qu’il avait eu des relations. Il a paru
la voir avec plaisir; mais, sur ses explications, cette jeune per-
sonnes a été immédiatement mise en liberté. »
Commission d’adresse. —• M. Hébert a fait dans la sein de
la commission de l’adresse une proposition qui n’allait à rien
moins qu’à mettre la liberté individuelle des citoyens à la dispo-
sition de la simple signature d’un ministre ; mais cette étrange
proposition n’a pas eu de suite.
M. de Bassano. — M. le duc de Bassano est très dangereuse-
ment malade. On le dit atteint d’une fluxion de poitrine.
Diplomatie. — Un courrier extraordinaire, adressé à M. le
comte Septime Latour-Maubourg, ambassadeur à Madrid , est
parti à cinq heures du ministère des affaires étrangères.
— M. le général de Rigny est arrivé à Paris.
Plan de campagne ministériel. — Le plan de campagne du mi-
nistère du 6 septembre est dès à présent arrêté pour le cas où,
comme cela est maintenant probable, la discussion de l’adresse |