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1846. - UT. ld* «.
A ^ VEI" 8, Jeudi 1 d' Vendredi 2 Janvier.
(Onzième Innée.)
On l’dftmiH» i
A Anvers au bureau du Précur-
seur, Bourse Anglaise, N" 1040;
en Belgique et à '.'étranger chez
JOURNAL POLITIQUE
MERCI AL, MARITIME ET LITTERAIRE.
tousles Directeurtdes Postes.
PAIX. — LlBERTfi. — PBOeitÈH.
Abonnement par trimestre.
Pour Anvers, tafr.;pourjAfpre-
îince 18 fr.; pourl’étranu ^
Insertions 25 centime»
Kéclames 50 • J
* janvier.
De l’éducation et de l-enscignement publics.
— 3e ARTICLE —
Notre opinion — cette opinion, nous l’avons développée et
défendue contre les calomnies dont les organes de certain parti
l’ont rendue l’objet -î notre opinion, disons-nous, est que l’in-
fluence de l’Etat sur féducation et sur l'enseignement doit de-
venir beaucoup plus puissante qu elle ne l’a été jusqu’à ce jour.
Non-seulement ce serait salutaire, selon nous, mais c’est uéces-
saire dans toute la force de l’expression.
Ce qui nous persuade de celte nécessité et ce qui nous fait
'nir ce langage, c’est l’extrême développement que prennent,
d’une part, en Belgique, les établissements soumis à la domina-
tion ultra-montaine, tandis que d’un autre côté, les établisse-
temr
d’ . „ .
tion ultra-montaine, tandis que d’un autre côté, les
meuts dirigés par des laïcs, même sous la tutéle des communes
et du gouvernement, sont loin d’acquérir une importance rela-
tive.'Chaque jour, on annonce la fondation de nouvelles insti-
tutions, de nouveaux collèges où les RB. PP. éduquent et in-
struisent la jeunesse à leur guise ; des écoles même communales
sont accaparées, témoin celle de Tournai, et le gouvernement,
témoin impassible deces envahissements, commis à l’ombre de
la liberté d’enseignement, rie ferait rien, n’aurait rien à faire
pour lutter contre les envahisseurs ! un gouvernement qui se
tiendrait ainsi au port d’arme, sans action, sans influence, sans
autorité, cesserait d’être un gouvernement, et nous tenons,
pour notre part, à ce qu’il y ait en Belgique un gouvernement
sérieux et réellement efficace.
Doit-il donc, vont s’écrier les organes des RR. PP. enfreindre
la Constitution et porter atteinte à la liberté d'enseignement
garantie par la loi organique? c’est là leur grand cheval de
bataille, celui qu’ils ont déjà lancé à notre encontre.
Non. Nous ne voulons rien de semblable. Ce que nous vou-
lons est plus modeste et juste de tout point. Nous voulons tout
simplement que l’Etat, à qui certe on ne saurait refuser ce que
l’on accorde au premier venu, se serve, lui aussi, de la liberté
d’enseignement, garantie par la Constitution; qu’il en use plei-
nement et largement ; qu’il mette à fortifier son influence, au-
tant de soin et de zèle, que les RR. PP. en déploient dans la
poursuite de leurs desseins. Nous voulons en un mot, que le
gouvernement, comme tout le monde, c’est bien le moins, ait,
dans la proportion de sa puissance et des devoirs providentiels
dont il est chargé, sa part de tout ce qui se rattache à l’éduca-
tion et à l’enseignement.
Notre pensée est que l’Etat doit organiser l’instruction pu-
blique, pour ce qui le regarde, de telle façon que sa suprématie
se fasse toujours sentir, non, comme autorité tyrannique, mais
comme autorité morale. De même qu’il s’applique à former de
bons officiers et de bons soldats, pour la défense de la patrie,
qu’il s’applique donc aussi à former de bons professeurs, dans
toute la hiérarchie de l’enseignement, et qu’il les attache à des
établissements relevant de lui. Qu’il fonde des écoles modèles
de tous les degrés, et que ces écoles soient vraiment des écoles
modèles Pour l’enseignement moyen surtout, il doit déployer
un grand zèle et beaucoup de sollicitude, parce que cet ensei-
gnement est celui qui prépare les hommes à toutes les profes-
sions libérales, et qu’il a, plus que tout autre, un caractère po-
litique. Où ceux qui sont appelés à l’administration de la chose
publique ont-ils puisé la plupart des idées qui les inspirent et
les guident ? Dans l’enseignement moyen, qui est une clé com-
mune, donnant entrée aux bonnes et aux mauvaises doctrines,
aux principes de notre âge et à ceux des temps passés.
Nous voudrions que l’Etat prit à cœur de contrebalancer
d’une manière efficace, surtout en ce qui concerne cette par-
tie de renseignement, l’influence ultra-montaine, grandissant
chaque jour. Nous voudrions qu'il y eût dans chaque ville im-
portante, pour le moins dans chaque province, un établisse-
ment fortement organisé, relevant avant tout de l’Etat, tout en
demeurant, jusqu'à un certain point, sous la tutèle de la pro-
vince et de la commune, et que cet établissement présentât,
sous tous les rapports, aux familles etau pays, les garanties que
ne sauraient fournir les institutions d'un autre ordre. -Nous
voudrions que les hommes du plus haut mérite fussent appelés
à trouver là une carrière aussi honorée qu’elle est honorable,
aussi utile pour eux-mêmes qu’elle l’est pour la nation. Nous
voudrions que l’éducation et l’enseignement, en harmonie
avec les idées et les besoins- de notre siècle, y fussent tels, que
tous les pères de famille prudents et sensés n’hésitassent pas
un instant à y envoyer leurs enfants, bien sûrs qu’ils y acquer-
raient des lumières réelles, au lieu d’y gagner des préjugés, et
qu’ils y seraient élevés, comme ils doivent l’être à l’époque où
nous sommes, de manière à être utiles au pays.
Voilà comment nous entendons que l’Etat doit exercer cette
influence que nous réclamons pour lui. Après cela que les
RR. PP. continuent l’œuvre qu’ilsont entreprise, nous ne nous
y opposons pas, bien que nous blâmions leur esprit d’envahis-
senn nt ; mais du moins cet esprit deviendrait moins dange-
reux ; le correctif, dont nous avons parlé, se ferait sentir et la
Belgique y gagnerait dans le present, dans l’avenir surtout, car
qui sait quelles idées on sème aujourd'hui dans la tête de la
génération qui s élève, et quels en seront les fruits?
Ce que nous demandons pour le gouvernement, c’est que le
chef soit pour le moins aussi libre et aussi puissant que ses
subordonnés. Ce n’est certes pas être exigeant, et cependant
cette bénigne condition irrite les RR. PP. Pourquoi ! Parce
qu’ils ne reconnaissent pas de maîtres, et qu’ils voudraient
que personne n’en reconnût d’autres qu’eux-mêmes.
Nomiuiition d’éclievins.
Le Moniteur publiera demain probablement la liste des éche-
vins, pour tout le royaume, en conséquence des élections du
28 octobre.
Nous apprenons de source certaine, et avec plaisir, que, mal-
gré tout ce que l’on a pu faire, pour obtenir que, soit M. Loos,
soitM. Pieron ne fût pas choisi par le roi, comme échevins de
la ville d’Anvers, afin qu’il y eût un changement dans la com-
position du collège, ces deux honorables magistrats ont été
maintenus dans leurs fonctions. Ils les ont remplies avec trop
rie zèle et d’intelligence, pour que cette réélection n’ait pas
l'assentiment général.
Mouvement du commerce de la Belgique en 1845.
L’administration des douanes de France et le bureau du commerce,
en Angleterre, publient tous les mois un résumé du mouvement des
principales marchandises importées pendant le mois précédent, et à
Londres on y ajoute un résumé de l’exportation des principaux pro-
duits nationaux.
Bien souvent nous avons eu occasion de signaler l’immense intérêt
de ces renseignements et leur grande utilité, en exprimant le vœu de
voir l’administration belge suivre cet exemple. Il y a quelques semai-
nes on a annoncé que' le département des finances avait pris des me-
sures pour faire faire tous les mois une publication semblable, et voici
que nous venons d’en recevoir un premier spécimen.
Les tableaux qui viennent d’être publiés ne comprennent, comme
chez nos voisins, que les principaux articles, mais ici la liste est plus
étendue et plus complète qu’à Paris. Puis, de même que les tableaux
mensuels anglais, les nôtres renferment à la fois le résumé des impor-
tations et des exportations, mais seulement pour le commerce spécial,
c’est-à-dire à l’entrée pour les marchandises qui ont été déclarées pour
la consommation et à la sortie pour les seuls produits du sol ou des
manufactures du pays.
Nous y voyons.en outre.i’indication des pays avec lesquels le mouve-
ment est le plus considérable pour chaque article, soit importé soit ex-
porté . aussi doit-on féliciter l’administration d’être entrée dans cette
voie. Ces tableaux serviront beaucoup aux négociants, aux industriels
et aux membres des Chambres,en leur fournissant des renseignements
exacts et surtout récents, sur le mouvement commercial du pays II ne
faut plus maintenant que désirer une grande régularité dans la publi-
cation ; mais, à cet égard, nous '.croyons qu’on peut se reposer sur le
zèle et sur [ activité du fonctionnaire chargé de la direction de ce tra-
vail au départenant des finances.
Les nouveaux tableaux vont, pour 1845, jusqu’à la fin du mois de no-
vembre dernier. Nous allons les reproduire sommairement.
IMPORTATIONS. - MISES EN CONSOMMATION.
1845 1844 1845
(année ent ) (annéeent.) (les II prem.m.)
Bestiaux.— Bœufs, taureaux,
vaches, taurillons et bouvil-
lons.................(têtes)
Moutons et agneaux . . .
Bois de construction. — non
scié...............(tonn.)
(fr.)
Idem. — Scié . . .(tonn )
Cafés.................(kil.)
Charbon de terre . . »
Coton en laine. ...»
Cuirs verts et secs. . •>
Fils de lain..........»
Graines.— Colza, navette,
lin et chanvre. . (latst) 16,964 18.815 27.404
Grains. - Froment. . (kil.) 42.101.552 14,518.864 76,229.422
» Seigle. . . » 16,476 985 1.075.261 15,459.017
» Orge et escourgeon » 5*.452.882 59.568,805 51.545,510
» Avoine ...» 13,575,295 5,722,424 5,000,575
Habillements neufs et mo-
des. ....................(fr.) 1.184.710 868,404 821.807 (2)
Laines en masse. . . (kil.) 3,815.494 5 920.541 4.070.443
Lin brut.............. » 981.631 1.730,634 860.248
Mercerie..............(fr.) 1,700.741 1.746.301 1.578 269
Riz...................(kil.) 4.962.994 5,096.758 7,892 582
Sel brut.................» 26,075.409 51 973.542 31.603.292
Sucres bruts.............» 18.475.814 15.206.883 9,596.301
Tabacs non-fabriqués . . » 9,157,517 4,440 187 2,916 694
Fabriqués en carottes . » 52.128 54.519 25.075
Cigares................: » 57,000 52.019 55.675
Tissus de colon . ...» 343,240 345 987 261,734 (3)
» de laine (coatings ,
fries, serge) . . » 32,980 40,451 46,117
» de laine (mousseli-
nes, mérinos, etc. » 488.258 598,537 3^0,518 (4,
7,749
31,074
5.832
26,001
4,641
18,013
20,013
197.808
43.679
12.846.667
30,855,371
7 515.484
2,258.350
87,891
18.844
119.358
29.093
17,768.291
11,449,047
7.203,100
1,666.463
45,026
25 401
14.860
13.825.554
9.278,890
8,094.070
1,830.732
61.813 (I)
desoie..........» 69,705 72,116 68.482 (5
82,891 (6j
Vins....................hect. 103,647 71.297
EXPORTATIONS. — PRODUITS BELGES.
1845 1844 1843
(année entière.) (année ent.) (les 11 Us m.i
Armes portatives. . . (fr.) 2,550,461 3,090,601 2,308,610
Besliaux.—Vaches, taureaux
bœuf, taurillons et bouvil-
lons .... (têtes.) 9.639 13.160 11,100
Cochons .... » 85 599 97,755 85.613
Charbon de terre . (tonn.) 1,086,320 1,243,599 1,428,037 (7)
Chevaux autres que pou-
lains........(têtes.) 8,908 11,402 11,270
Poulains. ... » 2,249 2,611 2^646
Ecorces à tan , non mou-
lues ....................(kil.) 16,738.575 15.427.494 15,001 459
Etoupes . ^ 488.875 537,672 448,409
Fer. — Fonte en gueuse. » 45,296,450 55,145.124 38,547,970
» » ouvrée. » 425,992 600,929 206*720
Rails...................» Paru ferenb» 9’124’792 5,737.204 (8
» Fer battu. . . » 1.179,036 1,258.472 1,330 964
» Clous.............» 4.467.419 4.574.592 4.871 309
Fils de lin.................» 1,425.651 2,013,5X2 2.297.562 (9)
Lin brut....................» 4,260,054 4,525.110 6,289,905 10)
Livres......................» 186.257 240.747 279.-ISO
Machines et mécaniques. » 2.458.590 1.968,774 1.759 639
Sel raffiné......... » 583.499 1.295.842 969.650
Sucres raffinés ... » 10,686,449 6,262,974 4,002.460
Tabacs fabriquées. — ca-
rottes ................ » 33.836 26.015 36.585
Cigares..............» 130.999 138,264 126,525
Tissus de coton ...» 473 060 548.585 813.845(11
de laine, draps... . . » 716,718 797.431 608,835 )
» autres . . » 43,811 62.506 46 236 )
de lin.chanv.et étoupe b 2,583,742 2,896,590 2,674,040 (12
Verreries. — Cristallerie
unie ou moulée » 457.827 434,877 418 200
» verre à vitre » 4.892.089 5.875,986 7 276 475
Zinc. — Toutenague . » 4,132,751 5,665,375 4,084^052 (13)
» laminé ...» 849,704 1,-207,699 1,184,765
Le seul examen de ces tableaux et des résultats qu’ils constatent,
jette déjà de grandes lumières sur la situation commerciale du pays
pendant l’année qui vient de finir. On voit qu’en ensemble cette situa-
tion est relativement satisfaisante, mais on voit aussi qu’il est des
branches de l’industrie et du commerce qui doivent cruellement souf-
frir • (Indépendance.)
(1) Dont 33,279 kilog importés de France, quantité supérieure à celle
de l'importation de 1844 (21,180 kilog.) et de 1843 (31,860 kilog.)
(2) Dont 597.447 francs de la France.
(5) Dont 96.210 kilog. de France, chiffre supérieur aux importa
lions de 1845 (75.629 kilog ) et de 1844 (74,617 kilog ).
(4) Dont 126,366 kilog. de France. L’importation a été en 1843 (annét
- kilog. de
i et de 1844
617
entière) de 119,168 kilog. eten 1844 de 151,645 kilog.
(5) Dont 48,602 kilog. de France.
(6) Dont 78.266 hectolitres de France.
(7) Dont 1.212,372 tontines exportées en France.
(8) La totalité pour le Zollverein.
(9) Dont 2.007.862 kilog. pour la France.
(10) Dont 2.808.034 kilog pour la France.
(11) Dont 735,015 kilog. pour les Pays-Bas.
(12) Dont 2,097.122 kilog. pour la France.
(13) Dont 3,855,977 kilog. pour la France.
été en 1845 (année
Banquet offert à M. Dechamps, à Liège.
On écrit de Liège, le 50 :
Hier a eu lieu au Casino. le banquet offert par le commerce de cette
ville à M le ministre des travaux publics. La réunion était assez nom-
breuse, environ cent trente personnes assistaient à cette solennité. Le
plus grand ordre, la plus franche cordialité n’ont cessé de régner pen-
dant la durée du banquet qui s’est prolongé jusqu’à dix heures.
Les autorités civiles et militaires, tant de la province de Liège que
de celle de Limbourg, ainsi que de la ville de Maestricht. assistaient à
cette réunion.
M. le général commandant de Maestricht, ainsi que M. le bourgmes-
tre de cette dernière ville, en faisaient partie.
La salle était parfaitement décorée; à chaque fenêtre on avait dé-
ployé les drapeaux des différentes puissances européennes : au fond de
la salle se trouvait le buste du roi entouré d’arbustes et de fleurs.
M. Orban remet la médaille en s’écriant à Monsieur Dechamps !
Ces toast est couvert des applaudissements de l’assemblée. Lorsque
le silence fut rétabli. M. Dechamps répondit, à peu près dans ces ter-
mes, au toast qui venait delui être porté :
» Je suis profondément touché, messieurs, de ce témoignage de
loyale et généreuse gratitude que votre vénérable président, su nom
du commerce de Liège, veut bien m’offrir, et qui honore plus encore
ceux qui le donnent que celui qui le reçoit. Quand on accepte la charge
des hautes fonctions publiques, on ne peut pas se promettre comme
but et comme espérance toujours de la justice pour ses intentions et
des applaudissements pour ses efforts ; notre récompense doit être ce
plaisir sévère de lu conscience que nous ressentons dans l’accomplis-
sement d’un devoir. Mais si un ministre rencontre la reconnaissance
sur son chemin, il l’accepte avec bonheur et avec effusion.
» Je n’ai fait que remplir un devoir, messieurs, en défendant le
projet du canal de la Meuse avec la vivacité que me donnait la convic-
tion de sa haute utilité. Vous avez bien voulu vous en souvenir.
Messieurs, je vous en remercie du fond de mon cœur. Je désire que le
millésime de cette médaille serve de date pour le commerce de Liège
à une ère de prospérité plus brillante encore que celle dont nous
sommes aujourd’hui témoins.
« Permeltez-moi. messieurs, avant de m’asseoir, de remercierai!
nom de tous, M. le gouverneur de Limbourg et les hôtes qui l’accom-
pagnent, d’avoir bien voulu assister à cette fête toute industrielle et
j’allais dire toute de famille. Leur présence ici est un nouveau gage des
rapports de bon voisinage qui existent entre les deux villes que le ca-
nal de la Meuse doit relier plus étroitement. »
Les paroles de M. Dechamps ont été accueillies par de bruyants ap-
plaudissements
Pendant le banquet, la musique du régiment des chasseurs a fait en-
tendre différents morceaux d’harmonie.
SUISSE.
Lausasve, 25 décembre. — Le président Druey a été gravement in-
sulté au spectacle par le public du parterre et de la galerie supérieure.
Nous sommes dans l’attente d’une émeute à laquelle il parait, peu pro-
bable que le gouvernement, divisé connu- il l’est, soit en état de ré-
sister. On désigne le conseiller Eytel. l’adversaire personnel du prési-
dent Druyey, comme le chef du mouvement
Les transports d’armes et de munitions continuent. Inquiet sur les
dispositions de la milice, le conseil d’Etat embrigade clandestinement
des hommes dévoués et s’entoure de précautions. Momentanément
brouillés avec Zurich, canton directeur, nos gouvernanls comptent,
en cas de danger, sur les secours qu'ils pourraient recevoir de Berne.
FKilSCE.
Paris, 51 décembre. — Nous avons annoncé l’arrivée à Paris de Ben-
Achaehe de Maroc. La maison qu’il habite est à peu près en face du ci-
devant jardin Marbœuf. au n» 66 de l’avenue des Champs-Elysées ;
c’est une demeure assez modeste mais elle est du moins bien située, et
l’envoyée marocain pourra de ses croisées, avoir le spectacle du plus
beau mouvement de la vie parisienne, en même temps qu’il sera seul
avec sa suite.
Hier l’ambassadeur et sa suite ont été reçus par M. Guizot.
Aujourd’hui M. de Saint-Moris. introducteur des ambassadeurs, est
allé chercher Sidi-Mahommed-Ben-Achache, avec deux grands canis-
ses de la cour, pour te conduire à la réception du roi.
— Le Droit explique ainsi l’histoire fort romanesque de cet institu-
teur qui écrivait à son parent, employé d'un ministère, qu’il avait été
enlevé par des brigands qui menaçaient de lui arracher la vie, s’il ne
leur payait une rançon de 10,000 fr.
» Un individu d’un extérieur assez singulier et dont les paroles in-
cohérentes annonçaient un dérangement d’esprit se présentait de
temps 5 autre dans les villages environnant Saint-Denis, entrait dans
les cabarets pour y prendre sa nourriture, puis disparaissait ensuite.
Cet homme, dont le langage était distingué, portait une barbe longue,
des cheveux en désordre, et ses vêtements étaient souillés de terre et
de boue. Il finit par être arrêté comme vagabond, et n’ayant pas voulu
se faire connaître, il a été conduit à la préfecture de police : c’est là
qu’en rapprochant les circonstances de la Ici ire écrite à l’employé du
ministère, portant le timbre de Saint-Denis,' ou finit par découvrir que
cet homme n’était autre que M. X...
» Ce malheureux se trouvait en effet, atteint d’aliénation mentale ;
depuis sa disparition, il couchait dans les carrières, où il s’imaginait
véritablement que des malfaiteurs le retenaient prisonnier. Lorsqu'il
sortait pour prendre sa nourriture, à l’aide de l’argent qu’il avait em-
porté de chez lui en venant à Paris, il supposait, dans son cerveau ma-
lade, que le chef des brigands le laissait aller sur parole, et la crainte
d’étre assassiné le faisait bien vite revenir auprès des élres imaginaires
qui l’opprimaient.M.X... persiste à croire que son arrestation sera cause
de sa mort, et c’est sous celte impression qu’il a été conduit dans une
maison de santé. »
— L'Alexandre est entré, le 24 décembre, à dix heures du soir, dans
le port de Marseille. On n’a pas oubliéupie ce paquebot vient de faire
un essai pour démontrer que les dépêches de l’Inde doivent trouver
une économie de temps incontestable à suivre la voie de Marseille plu-
tôt que celle de Trieste.
Dès l’arrivée de Y Alexandre les dépêches ont élé expédiées par esta-
fette à Paris, et l’on pu recueillir les détails suivants qui démontrent
évidemment le vice radical de l’essai récemment tenté par M. Waghorn.
L’expérience de Y Alexandre, quoique forteme ît coût ariée par le mau-
vais temps , peut être regardée comme un événement extraordinaire.
Ce paquebot apporte les dépêches de l’Iode à la date du 1" décem-
bre, et s’il avait opéré son retour d’Alexandrie avec la môme rapidité
qu’en allant, Y Alexandre aurait donné les nouvelles de l’Inde à Marseille
en vingt-deux jours, et en vingt-quatre jours et demi à Londres. Celle
fois, on les recevra seulement en 25 jours, résultat qui n’a pas encure
été obtenu depuis le passage de la mallede l inde par Suez.
L’Alexandre, après l’arrivée de la malle à Alexandrie, a dû perdre 24
heures pour sortir des passes, à cause du mauvais temps, et après le
départ, il a été tourmenté par la grosse mer et ces terribles vents
d’ouest qui ont soufflé, ces derniers jours. Par le travers de la Sardai-
gne un coup de vent terrible a même fait courir quelques dangers
au navire.
— Uullctln de la bourse. — Les opérations en fonds publics ont
élé (5feu importantes aujourd’hui La liquidation est presques faite. Le
3 p. c. reste à 85 fin courant, en hausse de 10 c. sur hier. Le 5 p. c. a été
constamment demandé, et reste en hausse de 40 c., à 1)9-73 comptant;
119-83 fin courant.
Chemins de fer. — Les chemins de fer ont été bien tenus toute la
bourse. A la clôture il y avait quelques offres qui les ont fait, fféchir.
Marché peu animé, le Nord entre 760 et 755 reste comme hier à 736-25;
l’Orléans a fléchi de 5 fr., le Rouen de 5 fr . le Havre de 15 fr.. Avignon
de 2-30. Vierzon de 2-50, Bordeaux de 2-50. Boulogne de 2-50. Il y a eu
hausse de 50 fr. sur la rive droite, de 10 fr. sur la rive gauche, de 1-50
sur le Strasbourg, de 7-S0 sur le Teste et de 10 fr. sur le Montereau. —
Les’ litres définitifs sont moins bien qu’hier : Paris-Lyon en baisse de
7-50. Tours-Nantes en baisse de 7 50, Avignou-Lyon en baisse de b fr.,
Paris-Strasbourg en hausse de 1-50.
Fonds éhangers. — Sans variation. On cote l'emprunt romain à 102
1/4; Naples à 102. 5 p. c. belge (1840) 100. 5 p. c. (1842) 105, et Piémont
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