Full text |
Dimanche 9 Janvier.
1887. — Cinquante deuxième année.
Dimanche 9 Janvier,
ANNONCES :
abonnements :
nos bureaux et oheï tous les Directeurs d»
poste (franc de port), pour •
par trimestre, Fr. 13.5ü
16.—
30.
56.
^.Belgique
rior.
Tout abonnement s* poursuit jusqu
formel.
Journal Politique, Commercial, Maritime, Litteraire et Artistique.
payement par anticipation.
ON fA LOQUES*JtaffîiSSS
bn.
Prit du numéro : 20 centimes
(Le* manuscrit» ne «ont pas rendu*).
RÉSUMÉ POLITIQUE.
I TJn conseil dô ministres derait aroir lieu hier à
^Londres, mais il a été ajourné, sans doute à cause
fce la difficulté que lórd Salisbury éprouve à recon-
Etituer son cabinet. II parait que, dans les sphères
'/gouvernementales, on aurait reconnu qu’il était dé-
flirabte que le secrétaire aux colonies fit partie de la
Chambre des lords. Ce poste serait, en conséquence,
Offert non plus à sir Henry-Holland, mais à lord
Onparle de lordIddesleigh pour remplacer lord
udogan, qui est lord du sceau privé ; l’ancien chef
jau Foreign Office continuerait néanmoins de faire
’tie du cabinet. Cependant un article paru dans
un journal de province, et que l’on dit être inspiré,
donne lieu de croire que lord Iddesleigh est ferme-
ment résolu à se retirer de la vie publique.
f-La conférence entre M. Chamberlain, sir William
Harcourt, lord Herschell, M. John Morley et sir
Georges Trevelyan doit commencer jeudi prochain ;
Allé se réunira chez lord Herschell, qui présidera.
A On mande de Berlin que la commission de la loi
militaire a arrêté hier les termes de son rapport. La
^discussion en séance plénière aura probablement
’ ljeu mardi. On ne sait encore rien de positif sur le
retour de M. de Bismarck.
Le sort de(: la lohmilitaire est encore très incer-
tain. Le centre, fait, des efforts pour réunir une
majorité qui voterait la loi pour trois ans, mais les
progressistes ne veulent pas même entendre parier
de cette durée triennale. On proit que le gouverna-
ient, abandonnant le (septennat, se rallierait à une
roposition de quinquennat. ,!2;._ . ;
En réponse à la dernière circulaire de la Russie,
le gouvernement bulgare vient de publier une note
‘ iù il déclare qu’il espère dans quelques semaines
époser le pouvoir entre les mains d'un nouveau
uverain. Quant au général Kaulbars, constate la
jence, il n’a jamais cherché pendant sa mission à
paiser les esprits ; il a, au contraire, excité les pas-
sions des partis et il a attaqué le gouvernement de
'Routes les manières possibles. La note se termine par
la déclaration que le gouvernement est prêt à tous
les sacrifices et que bientôt peut-être il sera à même
d’en fournil; la preuve.
H On continue à s’inquiéter des armements du Mon-
ténégro ; cet Etat est petit, mais il peut jouer dans
lés complications balkaniques le rôle de l’étincelle.
£n effet, ces armements présentent un double dan-
ger, comme symptôme et comme fait. La concentra-
tion sur la frontière du Lim de troupes mal discipli-
nées, et unies par d'étroits hens de parenté et de race
Avec les habitants de Novibazar et de Plewlje, peut
donner le signal d’une nouvelle insurrection delà
Bosnie et de l’Herzégoyine; d’autre part, si la
principauté arme, si elle arme contre la Serbie
pt non contre les Turcs, c’est que la Russie le per-
met ; les liens étroits qui lient Cétinjé à Saint-
-Pétersbourg ne se sont jamais mieux affirmés que
■année passée, par les subsides que le prince Nikita a
■rouvés en Russie, par l’attitude passive que ce
(Souverain a été obligé d’observer au moment des
Complications bulgares. S’il se prépare actuellement
« suivre une autre politique, c’est qu’il s’y sent auto-
fcsé par la Russie et protégé par cette puissance
■contre les risques auxquels il s’expose du côté de
■'Autriche.
■ En Danemark, il est probable que l’on ne verra
jamais la fin du conflit aigu qui dure depuis plusieurs
nnées entre la majorité du Folksthing et la Cou-
enne. Le souverain s’obstine à soutenir, en se ser-
vant et en abusant de son droit de veto, un cabinet
jjui n’a pas la confiance ’ de l’assemblée. Le Folks-
hing, à son tour, use de son droit en refusant de
(roter le budget, mais la Couronne, qui veut avoir le
ernier mot, prononce la dissolution. Elle vient de
j§e faire une fois de plus, et les nouvelles élections
liront lieu le 28. Le ministère Estrup aura probable-
ment le désagrément de se trouver en face d’une
|pposition renforcée.
CHEM. DE FER DE L’ETAT. - D’Anv.pour Maünes 5.40,3.39,4.20 s. - Pour Brux. 5.05,6.29,
7.29, 9.10 E. arrêt à Contich (Est), 9.53,il0.45 E. m., mercredi seulement), 10.50 E., 11.44 E.
pr Brux.et Paris corresp. dir.). - 0.28, 1.10 E., 3.07 B., 4.20. 4.37, 5.25 E., 5.52, 6.43 E., 8.25
E. ,9.14,(10.17 È'. corr. dir.Monset Paris). P* Termonde et Gand 5.42,6.58, 8.29,1-20,4.46,7.18
par Boom! 9.53, 3.89, 9.14 par Mal. — Pour Alost (par Term.) 9.53, 3.39. 4.20 (par Brux.),
5Tü5, 6.29, 7.29, 9.10 E., 9.53, 10.50 E.. 12.28.1.10 £.,8.07 E., 4.20, 5.54,6.43 E. - Pour Lou-
vain 5.05,5.40 E.. 8.50 E., 9.10 E., 9.53, 11.42 E. par Brux., 1.10 E., 3.39, 4.37, 6.43E.,9.13,
10.17 E. — Pour Ninove, Grâmmont, Lessines et Ath (par Brux. Nord) 5.05,9.10 E., 10.50 E.,
12.28, 8,39, 6.43 E. — Pour Hérent. et Turnh. par Contich 6.23, 16.57,5.45, 7.25.— Pour Bruges,
OstenrteYpar Mal.) 9.53, 4.37: (par Brux.) 5.05,6.29, 7,29,9.53,10.50 E., 12.28,1.10 E., 3.07 E.,
4.20, 4.37. — Pour Courtrai, Mouscron, Tournai, Lille 5.CB, 9.53, 12.28, 4.37. — Calais 9.10E.,
12.28, 6.43 E. - Tirlemont, Liège etVerviera5.05, 9.10 E., 12.28, 1.10 E., 3.39, 4,37, 5.05, 5.54,
6.43 E., 10.17 E. - Landen 5.05, 9.53, 12.28, 4.37,5.52, 6.43 E. - Pour Spa 5.05, 9.1 E., 9.52,
12.28, 1.10 E., 4.20 E. - Pour Allemagne 5 05, 5.40 E., 9.10 £.,9.50,12.28, 4.37, 10.17 -
Pour Boom 5.43,6.58, 8.29, 11.05,1.20, 1.50, 4.46, 7.18, 10.20.- Retour 4.58, 7.42, 9.23,12.11,
12 15, 3.20, 6.37, 9.06. — D’Anvers (Sud) à Boom 5.45, 7 02, 10.04, 11.30, 4.17, 5.55, 7.12,8.15. —
Retour : 4.36, 6.21, 7.55, 10.40, 2.31,4.32, 7v26. — D’Anvers à Eeckeren, Cappellen, Calmpthout,
Esschen et Roosendaal 6.08, 7.47, 10.10, 2 32, 4.52,6.37,8.14. —. Pour Esschen .Roosend al, Rot-
terdam. La Haye et Amsterdam 6.08, 7.35 £., 10.36 È., 3.38E., 4 52, 6.37. — En outr-pour
Rotterdam 8.14 soir.
Do brumxues pour Anvers 5 27,8.27 £., 6.37 E. 1* et 2» cl. (corresp. direct» de Paris), 7.22,
8.12 E., 9.31 E.,9.57, 10.50 £., 12.07 £., 12.49, 2.40 £.,3.43, 4.49, i5.15£. mercredi seulement),
5.26 £., 6.32, 8.08 £.,9.04,10 £., 12.17.
P. A. DELA MONTAGNE
DIRECTEUR-GÉRANT,
BUREAUX .• Fus M l’Amóan 1, et
Place du Musée, Anvers.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE. — D’ANVERS pour Lierre 6.13, 7.1Ï, 9.*),
10.52, 1.35, 3.09, 5.36,6.36,7.08. - Aerschot, Louvain, 7.12, 9.30, 1.35, 5.36,7.08. - OttigmeS,
Fleuras, Lodelinsart, Charleroi 7.12, 9.30, 1.35,5.38. — Berzeo, Waioourt, Marienb., Viraux,
7.12,1.35. Diost, Hasselt, Maastricht, Aix-la-Chapelle 7.12, 9.30, 1.35, 5.3o.
LIGNE D’ANVERS-GLADBACH. — D’ANVERS pour Gheel, Moll, Neerpelt, Ruremoade,
Gladbach, 6.13,10.52,3.09. 6.36. _ „
LIGNE D’ANVERS A CONTICH. — D'anvers (Sud) pour Hoboken, Wilryck, Vieux-Dieu,
Contich et Lierre, 4.53,8.12, 9.20 matin, 3.18 jusqu'à Contich), 7.20 soir.
PAYS DE WAES. - D’ANVERS pour Gand 6.15,7 12,9.22 B.. 10.55,2.03,3.40 B., 5.10,9.24,
8.07 h. - De gand pour Anvers 4.50, 7.05, 8, 9.15 £., 10.50, 12, 2.20, 4.32 B., 5.45, 7.19, 8.37
heures, jusqu’à St-Nicolas seulement. — Le train de 12 h. n’a lieu que les Dimanches et jours
fériés.
SOCIETE ANONYME DE NAVIGATION ESCAUT et RUPBL à TAMISE. - Service des
mois de novembre et décembre 1836 et janvier 1887. — D’VNVSas pour Tamise 3 h soir - Oe
TANHE pour Anvers 7.15 h. matin.— Les Di nvnoei et jours le fête: D’Anvers pour Tamise
10 h. m. et 3.30 h. soir. — De Tamise pour Anvers 7.1 ) n. nstia >t 12.30 h. soir.
CHEMIN DE FER VICINAL ANVER3-HOOGSTRAETBN-TUR.NHOUT.(Service d’hiver). -
Départs d’anvers-zuîienborg 7.45, 10, m.: 12,50, 4.15, 6.37 s. — Départs de aooasrRAersN
(ville) 10.04,11.57 m.: 3.09, 6.34, 9.01 s. - Départs da TURNHOUT (station) 8.07, 10, 11.58 m.;
3.08,6.33, 8.55.
Les départs d’Anvers-porte de Turnhout ont lien huit à dix minutes après les départs de
Zurenborg.
Lee annonces et réclames sont reçues aux
bureaux de *. louis Legros, rue de l’Amman, 1
ouverts de 9 heures du matir à 6 heures du soit
Pour les annonces de l’étranger on peut égale-
ment s’adresser :
a paris, à l'Agence Havas, place de la Bourse
MN. o. l. daube et c*. 81Ms, rue du Faubourg
Montmartre.
a LONDRES, Oheï mm. DAVH8 et c*. 1, Finch,
Lane, Cornhill et A. MAURICE, 13, Tavietock Rew,
Covent Garden.
Pour la HOLL ANDE à MM.NIJGHefcVAN DITMAR
Pour!’ALLEMAGNE, à M. RUD. MOSSEà Cologne.
A Bruxelles, à mm. LEBÉGUB et c*, direct
te-’-s de.(’Q(flce de Pubi,<cit%at i l’Agence Havas
59, Marché aux Herbew,
uvaERTiome
La petite ligne.........Y».-....... 7r. 0.3U
Réclames (fin du journal) la lig3«.« *
Faits-divers, la ligne............. * |*ai
Rubrique Auvers/la ligne........... *
Réparation Judioiairé, la ligne.... • y--
Ce tarif n’est pas applicable aux annonces
d émission et de souscription.
SP* Lee annonça tont meturiee au ligno
mètre. — Les titres se oaient d’après l’espace
gu ilt occupent. On ne peut garantir lu dates
d’intertion.
Lettre de Bruxelles.
WCotrespondance particulière du Prbcurskur.)
Bruxelles, 7 janvier
■ Le dénouement de l’affaire Bernard n’a surpris
que ceux qui n’ont pas pratiqué le? ge.s d’Eglise.Ces
gens-là finissent toujours par s’entendre. On l’a vu
avec l’évêque Dumont. Après avoir essayé de lutter
il s’est soumis. Comment cela s’est-il fait, par quels
moyens a-t-on agi, à quelles conditions la paix s’ôst-
elle signée, on ne le sait pas au juste ; les actes sont
■ont restés secrets,mais la paix a été signée,l’évêque
B’est désisté de toutes ses, prétentions. Au moment
Tl on y pensait le moins Tex-chanoine Bernard en
tfait autant. Son pourvoi avait été plaidé devant la
Tour de cassation, le ministère publie avait donné
cm avis ; après s’être retirée pour délibérer la Cour
Jtait rentrée en séance et le Président avait annoncé
fcue l’arrêt serait rendu à huitaine. D'ordinaire la
Tour rend son arrêt séance tenante. La remise à
huitaine est généralement l’indice d’un dissen ti-
upnt entre la Cour et, le ministère public. Le
«jet paraissait certain après le réquisitoire du
remier ayocat-général ; il ne l’était plus après
i remise à huitaine ; il devait y avoir une délibération
pouvelle; l’arrêt de la chambre correctionnelle de la
pour-d’appel pouvait être cassé; l’affaire aurait dû
Jtre plaidée à nouveau. De nouveaux incidents pou-
vaient se produire. L’issue du procès devenait, pro-
blématique. On a préféré négocier. Les négociations
pnt abouti aux incidents connus : désaveu du conseil,
istement du pourvoi, lettre écrite au commissaire
?e police, dépêche adressée à la Cour, lettre suivant
fa dépêche etc., etc. Bref, la rétractation est com
glète. Bernard se repent de tout ce qu’il a fait. H
éclare n’avoir jamais rien contesté. Il reconnaît que
outes les prétentions que l'évêque Du Rousseaux a
^levées sont justes et légitimes. Moyennant ce il
entrera, on peut en être sûr, dans les bonnes grâces
* 1 Eglise ; elle est bonne mère ; elle a des trésors
1‘“diligence, surtout pour ceux qui lui viennent en
ude a ses intérêts temporels. L’ex-chanoine sera sans
goûte pourvu d’une grasse prébende. Actuellement
Yit à Londres de quelques leçons qa’iLs’est prô-
nées. Maigre -pitance; Il était* habitué à ne pas
vitre do privations. Les rétractations qu’il a faii.es
« sa situation matérielle. Il est désormais à
|iaori du .besoin, .soit qu’on te case - comme aumônier
°ns quelque eouvent ou dans quelque établissement
antable, soit qu’on le réintègre dans les rangs du
JergAsécuüer. ..
Qm. .qu’il arrive, flest sûr du lendemain. Il n’a
ip us rien A craindre; Autant sa position était précaire,
purint efle est âssise. 3ernard frétait \ U «,
Kbi f*r ces considérations. Il s’est souvenu qu’ou
If* *u,tte Pas impunément contre l’Eglise. O’est la
T ™ üu P°t de fer contre le pop dp terre. Plutôt que
d’être écrasé, il a cédé ; fl a passé par où l’on a
voulu ; on l’a repêché à ce prix, il est sauvé.
Néanmoins 1e magot reste encore à décrocher.
Les millions emportés de la caisse diocésaine sont
toujours dans les caves de la Banque Nationale.
L’évêque Du Rousseaux les aura-t-il ou ne les
aura-t-il pas? Décrochera-t-il la timbale ou ne la
décrochera-t-il pas ?
Il y avait dans le principe l’obstacle Dumont. Cet
obstacle n’existe plus. Mgr Dumont a fait sa paix
avec son successeur.
Il y avait ensuite l’obstacle Bernard. Fini aussi
de ce côté ; la résistance est brisée. Bernard s’est
soumis.
Qu’y a-t-il encore? L’Etat. Il était intervenu au
procès. Mais déjà ordre avait été donné à l’avocatdu
domaine de ne pas insister. L’Etat se désistera. Ce
n’est qu’une affaire de jours. Sous le régime actuel
l’Etat n’a plus d-’autre volonté que celle des évêques.
Un mot, un ordre de l’évêque Du Rousseaux et le
ministre des finances se retirera du procès. Il y a
bien les considérants de l’arrêt de la Cour d’appel qui
gênent quelque peu. Les valeurs ramenées d’Amé-
rique avaient toute sorte d’origines ; les unes dé-
pendent de fondations irrégulières, les autres
constituent de simples dépôts. L’évêque Du Rous-
seaux n’est pas propriétaire de ces valeurs; s’il
a été -le. possesseur et si c’est au possesseur
qu’elles doivent êire remises , ce n’est pas à lui
qu’elles doivent aller; le véritable possesseur c’était
i’évêque Dumont; c’est lui qui a été spolié,
c’est lui qui doit être réintégré ,dans la possession.
Sous un gouvernement ordinaire on laisserait aux
tribunaux le soin de vider toutes ces questions. Ce
sont des questions de tien et de mien, pour la solu-
tion desquelles les tribunaux sont institués. Mais
nous vivons Sous un régime exceptionnel. Nos mai-
i res ce sont les prêtres. Les prêtres n’admettent pas
que les tribunaux s’occupent de leurs affaires ; ils ne
reconnaissent pas leur compétence. Si la remise de
toutes les valeurs à M. Du Rousseaux est une mesure
trop violente, on transigera ; M. Dumont sè montrera
de bonne composition ; qu’a-t-il à refuser à un
évêque ? rien. Attendons-nous à apprendre de jolies
choses un de ces jours ; nous verrons surtout com
ment on s’y prend sous le gouvernement des curé-
pour mettre aux mains des évêques des titres et
valeurs qui ne leur appartiennent à aucun titre.
La religion et la science.
Nous lisons aujourd’hui dans le Journal de
Bruxelles .-
Le dernier des élèves de nos séminaires sait qu’on
ne « sub irdonne pas les enseignements de la science
à ceux de la révélation. « Seulement,comme ils sont
nés et qu’ils vivent dans la vérité chrétienne, qu’ils
croient absolue, ils cherchent, de toute leur âme, à
prouver que la foi n’est pas le contraire de la raison.
L’explication de notre confrère confirme le
reproche contre,lequel il affecte de protester.
D’après lui, on ne subordonne pas la science à
la révélation, maison s’efforce de prouver que
la révélation n’est pas contraire à la science: Au
fond, c’est bien la même chose, et les innom-
brables conflits entre la révélation et la science,
conflits qui out fait couler tant de sang et ex-
communier tant d’hommes illustres, en sont la
preuve. Le savant chrétien ne va pas de lavant
avec l’intrépidité de son confrère laïque. Il
a toujours peur de contredire un texte sacré
ou de froisser un dogme. L’idée préconçue que
la révélation ne peut être prise en flagrant
délit d’erreur domine ses travaux, et lorsqu’il
S’engage dans une voie qui semble s’éloigner
de la révélation, il l’abandonne avec la con-
viction que c’-est lui qui se trompe. Le Journal
de Bruxelles doit admettre que son indépen-
dance n’est pas la même que celle du savant
qui attend tout de l’analyseetde l’expérience.
Or, il n’y a rien de plus contraire à la
méthode expérimentale que la révélation, la-
quelle est l’expression la plus solennelle de la
pétition de principe. C’est elle qui a tenté
d’étouffer les doctrines de Galilée, c’est elle
qui a retardé pendant plus d’un quart de
siècle l’exposé du magnifique système de Co-
pernic. On sait que ce n’est qu’àla fin de sa vie
et presqu’à sa dernière heure, que le célèbre
astronome s’est décidé à le publier. Tant il
craignait de blesser les théories imposées per
fds et ne fus, et peut-être d’être victime de son
audace !
Peu à peu, l’Eglise a dû se résigner à ac-
commoder la révélation aux nécessités mo-
dernes ; on a interprété les textes d’une autre
manière, et L’on a tiré le plus grand parti pos-
sible de leur obscurité; mais par un phéno-
mène étrange, et dont on ne voulait pas con-
venir, c’était la science laïque, le libre examen
et le doute méthodique qtii révélaient la révé-
lation. Il a fallu rapporter un à un les ana-
thèmes fulminés contre toutes les connais-
sances humaines, depuis la médecine jusqu’à
l’astronomie. Qu’est devenue, pour ne citer
qu'un exemple, l’excominunication majeure
lancée, par Je pape Zacharie contre ceux qui
croyaient, contrairement à Lactanee et à
Saint-Augustin, qu’il y avait une autre terre,
un autre soleil et une autre lune ?
Tout cela, dira-t-on, est de l’histoire an-
cienne ; mais cette histoire a duré mille ans,
et pendant mille ans, la révélation, appuyée
par le pouvoir séculier, a arrêté le progrès.
Si les savants ecclésiastiques n’étaient pas
ingrats, ils- conviendraient qu’ils sont rede-
vables de ce qu’ils sont à la révolte de la rai-
son humaine, a l’insurrection de nos ancêtres
libéraux contre l’ignorance et la tyrannie
de l’Eglise D’ailleurs, l’esprit de l’Eglise est
toujours le môme; on sait en quelle considéra-
tion le Syllabus, ce document digne du "moyen-
âge, tient la raison humaine. Au surplus,
qu’un nouvel horizon s’buvre à la pensée,
aussitôt la science ecclésiastique recule ef-
frayée, elle sè signe, elle murmure des prières,
elle croit voir le démon. L’article qu’un savant
orthodoxe- a publié dernièrement dans le
Bien public sur l'hypnotisme résume parfaite-
ment lar situation; à son avis, la science
n’a rien à voir avec ces nouveaux phéno-
mènes; -c’est Satan, c’est le Mauvais Ange
qui s’y manifeste, et il n’en peut être au-
trement parce que cela est indiqué dans
l’Ecriture. Cependant les expériences actuelles
expliquent la possession, qui a joué un si
grand rôle dans les derniers siècles. On sait
les traitements atroces qui furent infli^ à
.i pauvrés religieuses, qui ûô'soiiffi - 4ue
de la vie captive et tendue du cloître. Les
nonnes de Loudun, c’est Satan, n’est-ce pas,
qui faisait trembler leur pauvre corps hysté-
rique, et c’est pour cela qu’on les a flagellées
et enfouies dans l’m-pace ; c’est pour cela
aussi que l’on fait monter sur le bûcher Urbain
Grandier, leur directeur spirituel. Le docteur
Charcot, que le savant du Bien public croit en
communication avec le démon, aurait envoyé
ces infortunées àl’hôpital, il les aurait guéries,
et il n’y aurait eu personne de brûlé. Et que
d’affaires de ce genre ! Que de crimes commis
au nom de la révélation ! Que de sang versé
sous les auspices de l’Ecriture !
De semblables excès ne sont plus à craindre
aujourd'hui, mais il a fallu bien des luttes,
bien des sacrifices pour en arriver à cette
sécurité. Mais aujourd’hui, comme autrefois,
le savant ecclésiastique cherche avant tout à
faire triompher la révélation. Comme le dit
le Journal de Bruxelles, « il cherche, de toute
son âme, à prouver que la foi n’est pas con-
traire à la raison. » Et c’est bien la le motif
pour lequel la science catholique, prise dans
son ensemble, sera toujours en retard sur
la science laïque, c’est-à-dire sur la vraie
science.
Une question intéressante.
C’est une opinion généralement répandue que le
ralentissement de la population est une cause d’affai-
blissement pour une nation et un signe certain de
décadence. Cependant, cette opinion ri’est point aussi
indiscutable qu’elle parait l’être à première vue.M. de
Molinari publie à ce sujet dans les Débats des obser-
vations très judicieuses que nous, croyons devoir
reproduira en partie.
“ Si l’on consulte la statistique de la population en
France et en Allemangne, on trouvera que la pre-
mière présente un déficit annuel, en ce sens qu’il ne
naît pas assez'de Français pour remplir toutes les
alvéoles de la ruche nationale ; la même statisti-
que nous apprend que ce déficit est comblé par l’im-
migration-, et qu’il y a en France plus d'un million
d’étrangers.Ea Allemagne, au contraire,la « produc-
tion de l’homme « est continuellement à l’état d’ex-
cédent, l'émigration dépasse l’immigration; chaque
année, 150,000 Allemands en moyenne abandonnent
leur patrie, tandis qu’en France l’émigration annuelle
varie de 4000 à 6000 individus seulement. En faut-il
conclure que la puissance de l’Allemagne va crois-
sant, tandis que celle de la France diminue ? Ce
serait vrai si la puissance d’une nation se mesurait
uniquement par le chiffre de sa population ; à
ce compte, la Chine serait la nation la plus
puissante de la terre. Mais il y a un autre élément
qui n’a pas moins de valeur que celui-là, et dont
1 importance, comme facteur de la puissance d’un
peuple, va même croissant tous les jours : c’est le
capital. Or, si vous comparez à ce point de vue les
pays d’immigration aux pays d’émigration, vous vous
apercevrez que, si l’on fait moins d'hommes dans les
premiers, et parce que l’on y fait moins d’hommes,
ou y fait plus de capital. Ces étrangers que l’im-
migration a introduits en France de la Belgique,
de l’Italie, de la Suisse et même de l’Allemagne y
sont venus pour le plus grand nombre à l’état
d’hommes faits ; la France n’a pas eu à supporter
leurs frais d’élève et d’éducation. Et voulez-vous
savoir à combien s’élèvent ces frais? D’après une
évaluation de M. Maurice Block, chaque enfant au-
dessous de 5 ans coûte à la société 400 fr. par an, et
chaque adolescent de 5 à 20 ans, compensation faite
du produit de son travail, 100 fr.; tandis que chaque
individu (homme ou femme de 20 à 60 ans) produit
pour 1,000 fr. et chaque individu de 60 ans et au-
dessus, — défalcation faite de ce que coûtent à la
société les vieillards de plus de 70 ans, — 200 fr. Un
million d’hommes arrives à l’âge productif coûterait
donc à la société, à raison de 3.500 fr. par tête jus-
qu à 20 ans, la somme ronde de 3 milliards 500 mil-
lions. Telleest la somme que l’immigration étrangère
a épargnée à la France. A la vérité, l’immigration
amène aussi un certain nombre d’enfants et d’ado-
lescents ; mais si l’on songe que, pour produire un
million d’hommes faits, il faut mettre au monde en-
viron 1,300,000 enfants, du moins en France, et
que les 300,000 enfants et adolescents qui meurent
avant l’âge productif représentent une perte moyenne
de 450 millions, on trouvera que le chiffre de
3 milliards 500 millions est plutôt au-dessous de la
vérité qu’au-dessus.
* L’émigration allemande coûte au contraire à l’Al-
lemagne, suivant la même évaluation, une somme
annuelle de 525 millions, sans compter les capitaux
que les émigrants emportent avec eux. Ge n’est pas
tout. Dans les pays où les naissances sont nom-
breuses, la mortalité des enfants est généralement
plus considérable que dans ceux où le mouvement de
Ja natalité est plus lent. En Bavière, par exemple,
les enfants au-dessous de 5 àhs figurent pour 49.92 0/0
dans le chiffre annuel des décès, tandis qu’en France
ils n’y comptent que pour 29.30 0/0. Mais tout enfant
qui meurt représente un capital détruit : 400 fr. en
moyenne s’il meurt à l’âge de 1 an; 2,000 fr. à 5 ans.
Enfin, si vous comparez deux nations au poiut
de vue de leur force productive et défensive, il est
clair que celle où le mouvement de la natalité est
plus rapide, où il,y a. par conséquent., une proportion
plus considérable d’enfants, est plus faible que celle
qui compte moins d’enfants et plus d’adultes. Il reste
à savoir, toujours au même point de vue, lequel
_ vaut le mieux de faire moins d’hommes et. plus de
i capitaux ou moins de capitaux et plus d’hommes.
C'est une question qu’on peut débattre. Sans pré-
tendre la trancher, nous ferons remarquer que les
plus grandes guerres du siècle ont été terminées à
l’avantage des nations les plus riches en capitaux.
C’est grâce à la supériorité de ses capitaux et de son
crëdifque l’Angleterre est venue à bout delà puis-
sance et du génie de Napoléon, et c’est la même
supériorité qui a valu, dans la guerre de la sécession
américaine, la victoire aux Etats du Nord sur les
Etats du Sud. »
Téléphonie.
Le téléphonie à grande distance a été rendue im-
praticable jusqu’à présent parce que, au-delà d’une
certaine longueur, les fils de fer deviennent par suite
de leur propriété magnétique, de mauvais conduc-
teurs de l’électricité. f ~
Or, comme le constate le Temps, l'expérience qui
vieht d’ôtré faite entre Bruxelles et Paris résout
cette difficulté en montrant que lorsqu’on utilise
comme conducteur électrique du fil de bronze au
lieu de fil de fer, on obtient une communication
téléphonique d’une pureté remarquable sur une lon-
gueur de plus de 330 kilomètres.
Il parait, en outre, qu’un circuit en fil de bronze,
construit spécialement pour le téléphone, peut
être employé simultanément pour 1e télégraphe et
le téléphone.
Commerce, marine, finances, etc.
Agença commerciale du chemin de fer de l’Etat
Belge. — Avis. — Il est porté à la connaissance des
intéressés :
i° Que la navigation sur le Danube est interrompue
En conséquence, les transports ’en destination des
localités desservies par la Compagnie dé navigation à
vapeu sut le. Danube ne peuvent plus être acceptés
jusqu’à nouvel avis ;
2* Que les transporta à destination do Statte (Meuse)
sont acceptés comme par le passé.
Avis. — Il est porté à la connaissance des intéressés
que l’Administration des chemins de fer de l’Etat Belge
vient de publier le 2e supplément au fascicule III et le
lr supplément au fascicule V du tarif avec la Suisse
orientale.
Des exemplaires de ces suppléments sont à la dispo-
sition du public dans les bureaux de M. Lambin, agent
commercial des chemins de fer de l’Etat Belge, à Anvers.
La question des sucres. — Au conseil des mi-
nistres, tenu hier à l’Elysée, M. le ministre des
finances,français a fait savoir que l’accord s’est éta-
bli entre le ministre du commerce et lui au sujet de
la législation sucrière.
Deux projets seront déposés :
Le premier proposera d’augmenter temporairement
de 20 0/0 (10 fr. par 100 kil.) les droits sur les
sucres pendant l’exercice de 1887.
Le second demandera de diminuer, à partir du
1er septembre 1887, l’importance des primes accor-
dées aux fabricants de sucres par l’élévation du
taux de rendement en maintenant le principe et
l’économie des lois de 1884 et de 1886.
Voici les renseignements complémentaires que
nous pouvons ajouter à la suite de cette note officielle
du conseil des ministres tenu hier matin.
Ainsi que nous l’avons annoncé hier, nous croyons
pouvoir dire que le rendement légal de la prise en
charge sera élevé à 7 0/0, mais seulement à partir de
la campagne 1887-88.
L’augmentation du droit intérieur de 10 fr. par
100 kü. sera vivement combattue à la Chambre,
comme constituant un impôt nouveau sous une forme
détournée. Cette augmentation sera appliquée à
partir de la promulgation de la loi.
Le gouvernement demandera le renvoi des projets
à la commission du budget pour hâter le vote.
Mais la commission des sucres, qui se considère
comme n’étant pas dessaisie de la question, protes-
tera et dem mdera que les projets de loi lui soient
renvoyés. Dans tous les cas, elle s’en occupera pa-
rallèlement à la commission du budget.
Les sucres des colonies françaises continueront à
être réglés suivant le régime inauguré par la loi du
13 juillet 1886.
Les députés des régions sucrières déposeront cer-
tainement de suite un amendement tendant à l’ex-
tension de la surtaxe de 7 fr. aux sucres coloniaux
étrangers.
MM. Peytral et Wilson défendront leur système
de prime fixe, mais en abandonnant le principe de la
rétroactivité. (Bulletin des Halles).
Chemins de fer orientaux. — Une laconique
dépêche de l'agence Havas, datée de Constantinople,
annonce que la pose des rails du chemin de fer de
i jonction est terminée. Ce serait une grande nouvelle,
' s’il s’agissait de la ligne internationale qui doit relier
l’orient à l’occident de l’Europe par Sofia, Philippo-
poli et Andrinople. Malheureusement, nous n’en
sommes pas encore là. Le raccordement dont parle
le télégramme de l’agence Havas n’est pas celui de
Constantinople : c’est celui de Salonique. Une lacune
de 90 kilomètres environ existait encore entre Vranja,
point extrême du réseau serbe vers le Sud, et Uskub,
l’une des statiops du réseau ottoman. C’est cette la-
cune qui se trouve à la veille d’être comblée. Les tra-
vaux de construction, poussés avec activité depuis un
an, seront sans doute achevés d’ici à quelques mois.
Jusqu’à ces derniers jours,un tronçon de 2 kilomètres,
situe sur la frontière même, était resté dépourvu de
rails. Avant que la voie y fût posée, il fallait que la
Turquie et la Serbie se fussent mises d’accord sur
les conditions du raccordement. Cette entente vient
d’être conclue. Dès le milieu de cette année, proba-
blement, les trains circuleront régulièrement entre
Pest, Belgrade, Nisch, Vranja, Uskub et Salonique.
Banque nationale.
SITUATION AU 6 JANVIER 1887.
Actif. passif.
Capital....................... fr. — —
Encaisse métallique :
Espèces et lingots............» 102,431,769.46 —
Portefeuille :
Effets sur Belgique 239,995,081.23 — —
» surl’ètrang. 75,445,751.59 — —
-------—--- 315,140,832.82 —
Billets de banque en circulât, fr. — 371,122,530.-
Comptes courants :
Trésor public......... 40,320,682 54 — —
Comptes particul.. 30,830,169.84 — —
—------------ 71,150 852.5
Le bilan de la Banque au 31 déc. 1886 n’étant pas arrêté, la
situation ne présente que les principaux comptes généraux.
COMPARAISON DU 30 DÉCEMBRE AU 6 JANVIER.
Augmentation. Diminution
Encaisse métallique.............. 3,165,485.66 —
Portefeuille.......................... — 12,775,187.43
A »ances sur fond» belge»..... — —
Billet* de banque en circulât. - 9,246,378
Compte courant du trésor...... 5,705,505.52 —
. . de* particul.. - 7,785,007.18
NQÜV
o ETRANGE)
AUSTRALIE.
Une dépêche de Sy dney annonce que quatre jeunes
gens, récemment condamnés à mort pour avoir
violé une servante, ont été pendus hier. Une com-
mutation de peine a été accordée à deux de leurs
complices.
ETATS-UNIS.
Les progrès de l industrie minérale.
Pendant que les nations européennes, afin de main-
tenir entre elles la paix et un équilibre, toujours
instable, consacrent à l’entretien et à la continuelle
transformation de leurs armées, de leurs flottes et de
leurs forteresses le plus clair de leurs revenus, un
peuple grandit de l’autre côté de l’Océan,et l’incroyable
développement de sa population, de son industrie, de
son agriculture réalise insensiblement et sans qu’on
y prenne garde, une des plus grandes transforma-
tions de la puissance respective des nations. Tout le
monde sait que le nombre des habitants des Etats-
Unis s’accroît de plus d’un million chaque année,
et il n’est pas besoin de rappeler l’importance qu’a
prise dans la Confédération américaine la pro-
duction du blé, du coton, du pétrole, de l’or et de
l’argent. La suprématie industrielle de l'Europe est
donc sérieusement menacée. L’étude des progrès
réalisés par les différentes fabrications le démontre-
rait avec évidence, mais nous n’en voulons aujour-
d’hui pour preuve que les renseignements suivants
qui concernentTinaustrie minérale.
Il y a quarante ans, en 1845, l’extraction de la
heuille n’atteignait en Amérique que 4,400,000'
tonnes métriques. Mais, favorisée par la construc-
tion des chemins de fer, par les défrichements, par
les étendues de plus en plus grandes livrées à la
colonisation, elle a pris une extension réellement
prodigieuse. Le sous-sol des Etats-Unis renferme
d’ailleurs des gîtes nombreux de combustiMes fossiles,
les couches en sont le plus souvent d’dBe grande
puissance et de bonne qualité, et on estime que le
terrain carbonifère occupe une '•"oerficie de 500,000
kilomè carrés. Aussi la pr ton d la lu c
qui n’était encore que de 16 millions de tonnes eu
1860, a-t-elle atteint 72 millions de tonnes en 1880 et
plus de 108 millions en 1884, dernière année sur
laquelle nous possédions des renseignements. Envi-
ron 3,300 mines de charbon sont exploitées, et
170.000 ouvriers y travaillent. Les Etats-Unis expor-
tent de la houille et n’en reçoivent pas.
Pour le fer, le phénomène est le même. Les hauts-
fourneaux américains consomment actuellement plus
de 9 millions de tonnes de minerai, alors que l’extrac-
tion en était presque insignifiante en 1860. Aussi la
production de la fonte est-elle passée, de 400,000
tonnes en 1850, à 1,700,000 en 1870, et depuis 1880
elle dépassé 4 milhons de tonnes. Celle du fer est
également supérieure à 2 1/2 millions de tonnes,
tandis qu’elle n’atteignait pas, il y a vingt ans,
800.000 tonnes. Elle a donc triplé. Mais la fabrica-
tion de l’acier a réalisé une bien autre plus value :
elle s’est élevée en 1884 à 1,540,000 tonnes, et elle
était presque nulle jusqu’en 1865,epoque à laquelleon a
commencé à utiliser les procédés Bessemer. Deux ans
après, on ne faisait encore que 2313 tonnes de rails
Bessemer; en 1876, au coutraire, les aciéries amé-
ricaines livraient 374,000 tonnes de rails et, en 1884,
plus de 1 1/2 million. Au point de vue de la produc-
tion de la fonte, du fer et de l’acier, les Etats-Unis
viennent maintenant au second rang, immédiate-
ment après l’Angleterre. Pour le cuivre, ils viennent
au premier, avant l’Angleterre, l’Espagne et le Chili.
La fabrication annuelle, qui en 1850 était inférieure
à 1000 tonnes, et en 1870 A 13,000 tonnes, a atteint,
en effet, 65,800 tonnes pendant l’année 1884. Que dire
de l’exploitation des minerais de plomb ? Ici le progrès
est prodigieux, car cette exploitation n’arrivait, en
1860, qu'à 12,000 tonnes ; puis, elle en a donné 54,000
en 1875 et, en 1884, la fabrication de lingots de
plomb s’est élevée à 127,000 tonnes. C’est unaccrois-
sementde 10 contre 1 en vingt-cinq ans; aujourd’hui,
les Eiats-Unis sont, pour la fourniture du plomb, le
plus grand marché du inonde. En ce qui concerne
l’étain, le zinc, le mercure, le nickel, nous pourrions
montrer de semblables progrès; mais cela suffit pour
prouver à quel point les Américains ont su tirer
parti des richesses enfouies dans leur sol.
RUSSIE.
Le prolétariat intellectuel en Russie.
Qu’est au juste le nihilisme comme doctrine et
comme pratique ? Est-il exact que cette secte des
nihilistes, à laquelle des attentats multipliés et sur-
tout la mort tragique d’Alexandre II ont valu une
si triste célébrité,.ait pour unique objet la destruc-
tion universelle, et pour moyens d’action la violence
et le crime? M. Serguis Stepniak, qui appartient
lui-même à cette secte, s’élève vivement contre de
semblables imputations et rétablit le véritable ca-
ractère du nihilisme dans son livre paru à Londres
et récemment traduit en français : le Czarisme et
la Révolution-
Ce qui a induit le public en erreur sur ce que sont
les nihilistes et sur le but qu’ils poursuivent, c’est ce
nom même de nihilisme, qui signifie néant, l’oû
nombre de personnes concluent que l’anéantissement
de tout ce gui existe est le but du parti. Mais les ré-
volutionnairas russes n’ont jamais adopté cette dé-
nonciation, ni dans leurs manifestes, ni dans leurs
comités. Ils ont «té baptisés en Eürcpe du nom de
nihilistes par une fantaisie des journalistes euro-
péens qui, ayant besoin d’un nom pour les qualifier,
ont emprunté le premier venu à un des romans
d’Ivan Tourguenef.
Voici, d’ailleurs, le programme politique et socia-
liste des nihilistes : Assemblée représentative per-
manente, ayant 1e contrôle et la direction suprême
dans toutes les questions d’Etat générales ; — une
large autonomie provinciale assurée par l’élection de
tous les fonctionnaires publics ; — indépendance du
village commune, en tant qu’unité économique et
administrative ; — nationalisation du territoire ; —
une série de mesures tendant à transférer aux
ouvriers la possession des fabriques ; — la liberté
absolue de conscience, de parole, de presse, de réu-
nion, d’association et d’élections ; - le suffrage uni-
versel; — substitution d’une milice territoriale à
l’armée permanente.
Ce programme, on le voit, ne diffère pas essen-
tiellement de celui des socialistes révolutionnaires
français. Quant aux moyens pour arriver à la réa-
lisation, le parti nihiliste, déclare M. Ste.miak, ré-
pudie en principe les procédés sanguinaires, mais
à la condition toutefois que les opprimés pourront
faire entendre leurs plaintes et manifester leurs
aspirations par une voie quelconque, à condition
qu’une ombre de droit, de justice et de liberté exis-
tera. Or, ce n’est pas le cas eu Russie.
Le nihilisme, on le sait, a surtout recruté des
adhérents parmi cette classe d’individus ayant une
certaine instruction, parfois même une instruction
assez étendue, mais absolument sans fortune et qui
forment ce que l’auteur appelle le prolétariat intel-
lectuel. Sous ie régime politique actuel, dit-il, il
n’y a pas de classe qui souffre plus et qui soit plus
profondément mécontente. On ne saurait s’imaginer
les mesquines vexations, les défenses, les interrup-
tions, les suppressions arbitraires qui. menacent
constamment tous les malheureux Russes qui se
sont adonnés à une branche quelconque d’un tra-
vail intellectuel. L’oppression de la censure dé-
passe toutes les limites. Nulle entreprise ayant
un objet intellectuel n’est assurée du lendemain ;
il suffit de l’intervention d’un gendarme ou de quel-
que agent de police pour ruiner ses auteurs. La
situation de tous ceux qui se livrent à ce genre de
travaux menace encore de s’aggraver par ce fait
que, dans toutes les carrières professionnelles :
médecine, enseignement supérieur, agronomie,
technologie, les postulants sont, depuis quelques an -
nées, bien supérieurs en nombre aux demandes et
aux besoins.
Bref, M. Stepniak, à qui nous laissons d’ailleurs la
responsabilité de ses conclusions,estime que le prolé-
tariat intellectuel est entré dans une crise aigue qui
ne fera que grandir, offrant ainsi un milieu essen-
tiellement favorable aux idées révolutionnaires.
d’environ 8 millions de rigSdalers le créd't de 9 mil-
lions 1/2 de rigsdalersdemaudé pour couvrir les dé-
penses militaires extraordinaires, frais de construc-
tion de fortifications, etc.
On fait courir le bruit que le Fd'ksi hing va ê're
dissous.
SUISSE.
Le service de Pontarlier à Lausanne et celui de
Pontarlier à N«ufchâtel sont interrompus, à cause
des masses de neige qui obstruent les voies ferrées
et pourraient amener des déraillements.D ipuis trois
jours, aucun courrier de Paris n’est arrivé en Suisse
par l’une ou l’autre de ces lignes.
Le service de Paris à Bâle fonctionne régulière-
ment.
AllEma,NE.
Nous reproduisons sans commentaires le passage
suivant d’un article publié par la ttechar Zeltung
sur la question de la paix ou de la guerre. La
Nechar Zettung conseille à l’Allemagne de se con-
cilier l’amitié de la Russie, en lui permettant de
s'emparer de Constantinople, et de se ruer MasuHe
sur la France privée de toute alliance :
“ Nous proposons d’enlever aux Français leurs
provinces du Nord et de les donner à la Belgique,,
et pat;.provinces du Nord nous entendons désigner
non seulement l'Artois, la Picardie et la Nor-
mandie, mais encore la Bretagne. Qu’on tire en-
suite une ligne allant de Mézières à Lyon, et
qu’on attribue à l’Allemagne toute la bande de
territoire située en deçà de cette, ligne ; à l’Ita-
lie, toute la rive gauche du Rhône 1 Après ce
partage, les Français conserveront toujours Paris,
- la ville sainte, le éœur du monde ». Ils pourront
se chauffer près de ce cœur, quand te feu de la guerre
sera éteint, et qu’ils contempleront les plaies qui
couvriront leur corps. L’Europe, «lie, aura trouvé
la paix et le repos, surtout si l’on a soin de laisser
pendant quelques anaéés les armées allemandes en
France, afin que les Français soient bien en état dsf
sp rendre compte de leur situation, et si l’on prend
cette autre précaution de diriger sur les provinces
nouvellement acquises le flot de l’émigration alle-
mande, et de prendre vis-à-vis des indigènes l’atti-
tude du vainqueur, au lieu de les traiter avec une
indulgence et une douceur paternelles, comme Man-
teuffel a naguère traité les Alsaciens ».
AUTRICHE-HONGRIE.
L’entente s’est établie pour l’application de la loi
sur le landstorm entre le ministre de la guerre de
l’empire, le général de Bylandi-Rheydt, et les deux
ministres de la défense du pays, le comte de Welsers-
heimb pour l’Autriche, et le baron de Fejervary
pour la Hongrie.
ESPAGNE
Le ministre de la guerre et 1e capitaine général de
Madrid vont prendre des mesures énergiques contre
la propagande des partis révolutionnaires dans les
garnisons de la capitale.
On dit que plusieurs sergents du régiment de cava-
lerie en garnison à Barcelone ont déserté pour
échapper à des poursuites qu’on allait diriger contre
eux.
Des précautions inusitées sont prises dans les arse-
naux de Cartagène, Ferrol et San Fernando.
Les autorités de la frontière ont reçu l’ordre de
surveiller très.activement les passages des Pyrénées,
pour empêcher l’entrée en Espagne du brigadier
général Marine.
Or croit que les sergent» qui se sont évadés de la
prison de Madrid ont pu se réfugier en Portugal.
BELGIQUE.
Bruxelles, 9 janvier.
Un vol assez important a été commis, jeudi, au pré-
judice de Mmo D .., avenue Brugman, à Saint-Gilles.
Vers trois heures de l’après-midi, un ouvrier horloger,
étant venu pour remonter les pendules, avait jugé
nécessaire de les emporter à l’atelier. Les ayant démon-
tées, il les plaça dans un mouchoir et partit avec elles.
Pendant que l’horloger se trouvait dans la maison'
une servante constata que la porte d’entrée était
ou verte. Personne ne pénétra dans la salle à manger
ni dans le salon après le départ de l'borloger. et ce n est
que te lendemain matin qffon s’est aperçu du vol.
Les voleurs ont dû agir avec précipitation, car à côté
des objets volés s’en trouvaient d’autres, de plus grande
valeur, qui ont été respectés.
Outré deux statuettes de prix qui étaient dans 1e
salon, les voleurs ont emporté 12 couverts. U four-
chettes à huîtres, un sucrier, un pot au lait, une cafe-
tière avec plateau, 23 cuillers à café et une pince à
sucre, 1e tout en argent.
DANEMARK.
La commission des finances a déposé son rappoai
sur le bureau du Folksthing.
La majorité a repoussé le crédit pour les mesures
provisoires concernant la gendarmerie et a diminué
ÀJNTV."KJEiî”>, 0 Janvier
L’administration communale ayant ordonné une
enquête sur la réalité de certains abus qui se seraient
pratiqués, sous prétexte de culte, dans les hôpitaux
d’Anvers, on ne saurait trop engager le3 personnes
qui ont des renseignements à donner dans l’un ou
l autFe sens, à les faire connaître franchement à nos
édiles.
Accident. — Hier soir, vers 7 heures, un acci-
dent a eu lieu dans une chambre située à l’étage d’un
café de cette ville. En faisant fondre du sucre, une
explosion se produisit. M. X. qui se trouvait près du
feu, ainsi qu’une femme qui plaçait un fer à repasser
sur le poêle, furent assez grièvement brûlés à la
figure et aux mains.
Le paupérisme. — La police de la ville a dressé
procès-verbal à charge d’une femme de Borgerhout
qui, malgré des avis réitérés envoyait ses enfants aux
abords de la gare, pour mendier.
Noyade et sauvetage. — Hier après-midi vers
4 heures, un ouvrier nommé Alphonse Verhoeven,
âgé de 24 ans, demeurant au rempart St-Georges,59,
est tombé dans l'Escaut au quai Cockerill. Il a été
immédiatement sauvé par un nommé Pierre Aarnoot,
mais il a cependant dû être transporté à l’hôpital.
Jolie morale. — On se méfie beaucoup dans le
camp libéral d’une représentation proportionnelle
qui nous serait donnée par le cabinet Beernaert. On
croit que les bons cléricaux qui président aux des-
tinées du pays s’arrangeraient de façon à léser les
libéraux à leur profit, En somme, comme on con-
naît les saints, on les honore; un principe juste en lui-
même pourrait, accommodé à leur fantaisie, devenir
un vilain cheval de Troie, et c’est là ce que l’on
redoute.
Mais ce qu’il y a de curieux, c'est que certains
journaux cléricaux protestent contre cette réforme
pour un motif tout opposé. Ifs craignent — mais bien
à tort, évidemment — qué Ton n’en fasse une appli-
cation loyale et, par conséquent, désavantageuse
pour eux. Tel est Y Escaut, qui s’insurge contre
toute innovation de ce genre; tel est encore Y Ami
de YOrdre qui, reproduisant Y Escaut, ajoute ceci :
» h'Escaut repousse cette innovation, et l’on fera
bien, à Bruxelles, de tenir note de l’opinion des An-
versois.
» Nos amis d’Anvers sont très experts dans toutes
les questions et affaires d’élections; ils le sont beau-
coup plus qu’on ne l’a jamais été et qu’on ne le sera
dç longtemps encore à Bruxelles ».
L’opinion des Anversois, représentée par le seul
Escaut, est une assez bell ’ métonymie ; on prend
la-partie pour le tout, et l'on voit bien, d’après cela,
pourquoi une représentation vraiment proportion-
nelle serait, si désagréable aux patrons de Y Escaut.
Mais remarquons plutôt la phrase : » Nos amis d’An-
vers sont très experts dans toutes les affaires d'élec-
tions... » La justice ne dit rien à Y Ami de l’Ordre ;
le calcul, la dextérité, le tripotage sont pour lui le»
seules vertus électorales.
Quelle jolie morale !
Téléphonie. — Pendant le mois de décembre
dernier 37,911 télégrammes ont été échangés par
téléphone, entre les abonnés des concessions télé-
ment,^savoir : 8831 à Bruxelles,^84 à Anvers, 5480
à Liège, 4233 à Charleroi, 3154 à Gand, 2960 à Mons,
1751 à Verviers, 1284 à Louvain, 1242àNamur,
788 à Osteode, 508 à Courtrai, 313 à La Lonvière,
28 à Malines.
Il n'y va pas de main morte, le Bien public.
. lorsqu’il tombé ^ur le dos des gt>os. Voyez uiutôt
comme il traite le journal qui fait les délices de l’aris-
tocratie conservatrice de France :
La chronique judiciaire du Figaro — journal
hélas! trop répandu?parmi les classes dites diri- |