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Mercredi
Trente-septième année. — Numéro U.
Janvier 4871
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Journal Politique, Commercial, Maritime, Artistique et Littéraire.
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cl ’(Ninove). — Bruges, Ostende,5.55, 9-50,10.50,3.45, 4.50 E. 1®. 2® et3® cl. — Courtrai,Mous-
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Anvers, 7.00 h., 1. ' -----
7 h. mâtin.
Hamme pour Anvers, 8.00 h.
. h. — De Boom pour
— De Doel pour Anvers,
Agen
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PAnis, Havas, Lafitte, Bullieh
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Çeeil Street, Strand, et A. Maurice
13, Tavistoek Rotv, Covent Gar-
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cinq lettres...........fr.0.25
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Faitsdivers........ » » 1.50
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au lignomètre. Les titres se paient
d après l'espace qu'ils occupent.
résumé politique.
Nous avons reproduit hier la lettre de M. Rouher
aux électeurs de la Corse. Le Journal des Débats y
répond ()e g^ulier aux électeurs de la
Corse ne nous paraît pas digne de l’homme qui a joué
un rôle si considérable sous le second empire, et que
Vnn armelait le vice-empereur. Elle est banale, ampou:
l ée et violente. Ce n’est pas là assurément le langage éleve
d’un homme d’Etat déchu, et qui reste encore grand par
lui-même après sa chute. Que trouve-t-on en effet dans
cettëcirculaire? les récriminations ordinaires duparti
bonapartiste et cette éternelleet factieuse protestation
contre le vote unanime de l’Assemblée de Versailles qui
a proclamé la déchéance de l’empire et légitimé la Re-
volutiondu 4 septembre.«Lanation,dit M.Rouher,n’a
pas encore prononcé sur ses destinées, et, seule après
tant de révolutions coupables, elle peut fonder le droit
constitutionnel du pays.» Il sè peut que lu nation n’ait
pas encore prononce sur ses" clestîhées, mais elle s’est en
tout cas prononcée sur l’empire par l’organe de ses re-
présentants ; elle s’est en outre directement prononcée
à l’égard du bonapartisme dans toutes les élections qui
ont eu lieu depuis' le 8 février dernier. Partout, à de
très rares exceptions près, les candidats bonapartistes
ont échoué, et M. Rouher en sait personnellement
ont échoué, et M. Rouher en sait personnellement ter son matériel sans avoir lacertitude que son contrat, qui
quelque chose. Mais nous ne voulons pas insister sur r expirera dans quatre ou cinq ans. serait renouvelé, le gou-
cette malheureuse circulaire, où il n’y a pas un
mot qui ne puisse se retourner contre l’empire.
C’est, du reste, la triste condition des anciens
serviteurs du régime impérial, de ne pouvoir si-
gnaler le misérable état où la France est tombée
sans que la conscience publique leur réponde qu’ils
sont les auteurs de notre ruine ; de ne pouvoir invo-
quer aucune liberté sans qu’aussitôt on leur demande
quelle liberté ils n’ont pas méconnue et foulée aux
pieds. Là où tout le monde a le droit de parler, ils sont,
eux seuls, condamnés à se taire. Nous ne savons quel
sort est réservé à la-candidature de M. Rouher, mais
nous voyons, par les coi’respondances de la Corse, que
son concurz’ent, M. Paul Savelli, est chaudem'ent
appuvé par le parti républicain, ce qui fait présager
une lutte des plùs vives. »
On a beaucoup remarqué à Paris une Note publiée
par F Opinion nationale et annonçant que tout
dernièrement, lorsque le bruit se répandit que le Prési-
dent de la République maintenait sa démission, le
parti bonapartiste faisait sonder les dispositions de
certains officiers d’un régiment en garnison à Paris.
«-Le gouvernement, disait la Note en question, doit
connaître aussi bien-que nous le numéro de ce régi-
ment. » Cette Note, imprimée à la première page de
l'Opinion nationale, en gros caractères, était rêvé--
tue de la signature du rédacteur en chef de ce journal,
ce qui lui donnait un caractère tout à fait précis et
affirmatif. C’est, en tout cas, un appel à la vigilance du
gouvernement français actuel qui fera bien de ne pas
perdre de vue les menées des bonapartistes.
La Liberté, de Paris, annonce qu’un certain nombre
de députés du centre gauche ont résolu de déposer une
1 proposition constitutionnelle, tendant à modifier l’or-
ganisation des pouvoirs créés par la proposition Rivet.
Cette proposition aurait pour but de fixer un délai
moral (la liquidation prussienne), aux pouvoirs délé-
gués au président de la République, sous la condition
que ce dernier ne correspondrait plus avec l’Assemblée
que par l’intermédiaire de ses ministres ou par des
messages. Un vice-président serait élu pour succéder
au président de la République, s’il venait à mourir
dans ce délai.
La nomination de M.Falk comme ministre des cultes,
de l’instruction publique et des affaires médicales, a
été annoncée hier à la Chambre des Députés de Berlin
par un rescrit impérial. Rien n’est changé dans les
attributions du département que gérait M. de Muhler.
Les affaires du culte restent confondues, comme par la
passé, avec celles de l’enseignement. La presse indé-
pendante avait vivemeht recommandé la séparation
complète de ces deux services.
Le ministère espagnol a été battu hier par un vote
1 des Cortès à la reprise de leurs travaux, vote par
1 lequel elles ont élu pour président M. Zorilla par 170
I voix contre 122 données à M. Herrera, du parti minis-
I tèriel.
[ On s'attend à la dissolution des Cortès ; mais on ne
[peut dire encore, si elle sera précédée ou non d’un
changement ministériel qui ferait passer le pouvoir
entre les mains de M. Zorilla.
merce et de l’industrie. Mais alors M. Malou n’avait
pas à compter avec là bureaucratie !
La discussionn’est pas épuisée etnous aurons demain
à reprendre ce sujet si important pour l’avenir de no tue
pays.
Au début de la séance la Chambre a entendu les
développements de deux propositions de loi : l’une
émane de l’initiative de M. Lelièvre ; elle tend à la
révision des articles 59et 60 du Code pénal qui consa-
crent le cumul des peines en matière dë délits et de
contraventions ; l’autre a pour auteur M. Vlemiiickx;
nous l’avons fait connaître. Ces deux propositions ont
été prises en considération et renvoyées, la première
à l’examen d’une commission spéciale, la seconde
à l’examen des sections.
M. le ministre de la guerre a présenté à la Chambre un
projet de loi autorisant le renouvellement du contrat de la
Compagnie des lits militaires.
Pendant deu& mois environ de l’année, à partir du lor
octobre,il faut actuellement pourvoir de lits 36,800 hommes
et le département de la guerre ne dispose que de 32,150 lits,
de manière que les hommes couchés sur demi-fournitures
de l’Etat sont au nombre de 4,650.
La compagnie des litsmüifaires s’étant refusée à augmen-
. . . . le gou-
vernement s’est vu mis en demeure de choisir entre les
deux partis suivants :
1° Prolonger immédiatement de vingt ans le marché en
Vigueur, afin d’obtenir le supplément de 5,550 üts néces-
saire pour le 'coucher régulier des troupes ;
2° Attendre l’expiration du contrat actuel ; reprendre
alors, à dire d’experts, le matériel de la Compagnie, ainsi
que le stipule cet acte, lui donner l’extension voulue et le
faire exploiter en régie pour Je eompte de l’Etat.
Le gouvernement a mûrement examiné cette question ;
il a reconnu, dit l’exposé des motifs, que, sous tous les rap-
ports, la première hypothèse présente la solution la plus
conforme aux intérêts de l’Etat et de l’armée. Il a donc
résolu-de s’y arrêter et de soumettre à la Législature un
projet de loi qui l’autorise à passer avec la Compagnie un
nouveau marché de 20 ans, et à porter de 24,450 a 30,000
le nombre des lits à une place.
Tel est le but du projet de loi soumis à la Chambre.
Le coucher du soldat.
Nous avons protesté à diverses reprises contre
la façon inhumaine dont les soldats sont traités
dans plusieurs casernes du pays, casernes fort mal
entretenues, humides, délabrées, ou le soldat
n’obtient ni feu ni lumière et où il couche sur de la
paille jetée à terre. Nous espérions que l’autorité
militaire aurait compris qu’une pareille situation
exigeait des mesures promptes, immédiates, éner-
giques. Nous supposions que, faute de pouvoir
fournir à tous les soldats des couchettes convena-
bles, le ministre de la guei're les aurait provisoi-
rement renvoyés bans leurs foyers. Il en avait le-
devoir, car s’il lui est permis de disposer pour les
besoins du service des hommes quela conscription
place sous ses ordres, il n’a pas le droit de leur
infliger un traitement barbare qu’ils n’auraient
pas a subir même dans les prisons de l’Etat. On
s’est ému, avec raison, de la cruauté dont un fou
a été victime à Evere. Le ministre de la justice a
donné l’ordre de fermer la maison où ce malheu-
reux était séquestré. Il a bien fait et il ferait
mieux encore en poursuivant les coupables. Mais
nos soldats ? Ne mériteat-ils pas une sollicitude
au moins égale- et faut-il attendre pour déplorer
leur sort qu’ils aient les pieds gelés ?
Après six mois de méditations, — on médite
beaucoup aujourd’hui dans les ministères,a dit M.
d’Andrimont à la Chambre, — l’autorité militaire
a reconnu que le pain de munition était mauvais,
en d’autres termes que depuis six mois le soldat
est mal nourri. Après trois mois de méditations,
fructifiées par les rapports les plus pressants des
chefs de corps, M. le ministre de la .guerre con-
stateque 4,550 hommes sont couchés spr des demi-
fournitures de l’Etat, c’est-à-dire sur de la paille
placée sur le sol, souvent humide, ce qui consti-
tue un couchage pmi convenable. M. le ministre
de la guerre n hésite pas à en convenir dans l’Ex-
posé des motifs du projet de foi qu’il vient de dé-
poser et dont nous donnons ci-dessus l’analyse. Il
avoue que les plaintes qui s’élèvent sont fondées.
Et que propose-t-il pour charmer la situation ? Il
demande à la Chambre de prolonger immédiate-
ment de vingt ans le contrat existantentre le gou-
vernement et la Société des lits militaires; à cette
condition, mais à cette condition seulement, la
Compagnie consentirait à faire confectionner de
suite 5,550 lits. I)e suite, voilà deux petits mots
bien séduisants et qui pourraient bien enlever le
vote. Prenons-y garde cependant ; de suite,
.dans la bouche d’un ministre, a une signification
spéciale ; de suite signifie ici vers la fin de l'année,
dans une dizaine de mois ! L’exposé des motifs dit
en toutes lettres : « les 5,550 lits n’entraîneront
qu’une augmentation de dépense de 14,500 francs;
toutefois, ne pouvant être achevés et mis en
service que vers la fin de Vannée, aucune aug-
mentation ne devra être supportée de ce chef
parle budget de 1872 ».
Assurément une pareille combinaison défié
toute critique. Ces lits indispensables ne coûte-
ront que 14,500 francs, grâce à la magnanimité de
la Compagnie des lits militaires et ces 14,500 francs
ne devront pas même figurer au budget. Il est
vrai que pendant plusieurs mois 5,550 hommes
devront encore coucher sur-la paille, qu’ils seront
exposés à contracter des maladies et qu’ils se dé-
moraliseront. Pour faire droit à des plaintes qu’il
déclare fondées le gouvernement demande un
délai d’un an ! Si M. le ministre de In justice avait
annoncé qu’il fermerait la maison d’Evere dans
un an, il aurait soulevé un toile général. Quel ac-
cueil fera la Chambre à la promesse à longue
échéance de M. le ministre de la guerre ?
M. le lieutenant-général Guillaume paraît avoir
prévu des objections et, pour y couper court, il
déclare que si le marché en vigueur n’est pas pro-
longé de vingt ans, là situation actuelle se pro-
longera, ellej de quatre ans, c’est-à-dire jusqu’à
l’expiration du contrat parce que « même en sup-
posant qu’il soit décidé que le service sera repris
par l’Etat, on ne pourrait pas sans s’exposer aux
plus-graves difficultés administratives, faire con-
fectionner les 5,550 lits nécessaires, et les mettre
en service avec lés litteries de la Compagnie,
avant la reprise de celles-ci. »
Voilà à quel degré de prévoyance en est arrivé,
l’intendance militaire. N’est-ce pas admirable ? Ou
plutôt n’est-ce pas révoltant? Cinq mille hommes,
appelés à défendre éventuellement la patrie, en
sont réduits par la faute du gouvernement, à de-
voir envier le sort des prisonniers, et le ministre
de la guerre, mettant en balance d’un côté les
devoirs d’humanité les plus impérieux et, de
n’avoir pas à acheter de literies, on laisserait les
soldats pendant quatre ans coucher sur le sol !
Quant à l’intendance , elle.trouve tout naturel
qu’on ne puisse lui fournir cinq mille lits avant la
fin de l’année. Si elle avait à les fournir elle-même,
deux Ou trois ans lui paraîtraientnécessaires.Evi-
demment nous .somrges organisés sur le pied de
paix. Oh oui, et sur Je pied de l’indifférence et du
calme administratifs le pins complets ! Caveant
consides.
Le Journal de Bruxelles consacre un long article
au rapport de M. l’abbê de Haerne sur renseignement,
obligatoire. Nous sêrait-il permis de savoir pourquoi
cet important travail n’a pas encore été adressé aux
autres journaux ? La questure de la Chambre nous
paraît depuis un certain temps manifester des pré-
férences,dont nous avons le droit de lui demander
compte. .
La grève dans les Charbonnages.
Un certain nombre de chefs de l'Internationale ont été
vus,hier, en ville et dans les environs; on leur prête l’inten-
tion de tenir un meeting à Charleroi,
Un meeting a eu liottfliier à Marcinelle. On sait que le
travail reprend totalement dans cette commune. Une réu-
nion du meme genre sera tenue demain à Montigny-sur-
Sambre.
Ua grève continue à Gilly, où l’on a dû faire des distribu-
tions de farine et de pains... si les promesses ont été tenues.
Ces distributions en tous cas.ne sont pas gratuites ; en rece-
vant leur part, les ouvriers s’engagent à en payer la valeur
lorsqu’ils auront repris ie travail.
On se demande ce qui peut faire croire aux grévistes que
les patrons céderont lespremiers, quand déjà la grève est
vaincue dans les résultats qu’elle devait obtenir, c’est-à-
dire la cessation de tout travail.
Il y avait hier, dans les fosses de notre bassin, mille ou-
vriei’s de plus que les jours précédents. Ce nombre a en-
core augmenté ce matin- considérablement.
P.-S. — Au Poirier, bon nombre d’ouvriers sont rentrés ;
la moitié de l’extraction se fait. Demain il y en aura da-
vantage.
Uè bruit court que la grève a éclaté à Baulet. Cette nou-
velle demande confirmation. (Journalde Charleroi.)
. Gilly, 23 janvier, dix heures.
Ues meilleures nouvelles nous arrivent de toutes parts
avec notre courrier de onze heures. On peut à bon droit
considérer la grève comme finie.Ues ouvriers se présentent
en masse pour travailler. Un grand nombre d’entre eux,
arrivés trop tard pour être descendus ce matin, manifes-
festaient leurs regrets de ce contre-temps et attendent le
soir avec impatience.
.Tumet, 25 janvier, 10 heures.
U’Internationale a dit son ' dernier mot, son règne est
fini, nos ouvriers sont revenus de leurs eiTours et voient
comme on les a trompés.
l'ne distribution de pains ou plutôt de Miches a eu lieu à
Gilly. Mais cela est si petit qu’il en faut, au moins deux à un
ouvrier médiocre pour déjeuner ; cela est dérisoire au der-
nier point et fait pitié, jt
' Mdrchîenno'SivWnf, SfjànvieFj’ïtr'îf) ”
Nous pouvons vous affirmer que dans tout notre bassin
houiller le règne de l’Internationale est fini. Nos ouvriers,
qui tous ont repris le travail aux mêmes conditions que pré-
cédemment, vont se retirer de cette société qui les dupe
depuis si longtemps. Partout ils vont former entre eux des
associations ouvrières et se choisiront des chefs qui iront
exposer leurs plaintes aux exploitants. De eette: manière,
ils sont certains d’être écoutés et justice sera toujours
faite, dans la mesure du possible, aux griefs qui seraient
fondés. '
Châtelet, 24 janvier, 10 1/2 heures.
Uâ grève est morte et enterrée, XInternationale avec
elle. Tous nos ouvriers, vexés d’avoir été si indignement
trompés, sont retournés au travail aux mômes conditions
que précédemment.
Quelques grévistes (3 ou 4 tout au plus) qui trouvaient
encore bon de continuer cette vie de paresse, si contraire
aux usages de nos travailleurs, ont été ramenés ce matin
de force au travail par leurs femmes, qui toutes sont fu -
rieuses contre les meneurs. (Progrès de Charleroi.)
Travaux parlementaires.
LA QUESTION DES TRANSPORTS.
Depuis une huitaine de jours, la Chambre des repré-
sentants s’occupe de la question des transports et, on
on a pu le constater par les résumes analytiques, plu-
sieurs orateurs, au premier rang desquels’ MM. Sainc-
telette, d’Andrimont et Pirmez,L’ont traitée de façon à
prouver qu’ils l’avaient étudiée sous toutes ses faces
et qu’ils avaient compris la nécessité de donner au
commerce et à l’industrie de larges satisfactions, en
s’inspirant de l’exemple de l’Allemagne et de l’Angle-
terre. Rarement débat parlementaire a été plus sé-
rieux, plus instructif et plus intéressant.
La cause de la célérité et de la régularité des trans-
ports, défendue avec tant d’ardeur dans la presse
libérale, a trouvé à la Cliambre des avocats de premier
ordre. Gagnée devant l’opinion publique, avant l’ou-
verture des discussions parlementaires, elle sera bien-
tôt gagnée devant la Chambre à moins quela maj orité ne
veuille de nouveau abdiquer ses prérogatives et s’en
rapporter aveuglément aux promesses du gouverne-
ment.' Nous savons ce qu’en vaut l’aune. Or, sans dis-
cuter le moins du monde le mérite du ministre actuel
des travaux publics, nous constatons chez lui une ten-
dance prononcée à obéir à la routine administra-
tive au lieu d’entrer résolument, comme le font nos
voisins d’Outre-Manche et d’Outre-Rhin, dans la voie
des réformes et du progrès. Ainsi il repousse l’en-
quete demandée par les délégués des Chambres de
commerce et des cercles industriels. Pourquoi ? Par
unique raison qu’elle serait de nature à paralyser
a,cj10n département des travaux publics.
M. Moncheur a lancé là, peut-être sans s’en douter,
une plaisanterie qui trouverait mieux sa place dans
la Chronique. Comment ! de tous côtés les protesta-
tions s’élèvent contre l’inaction du département des
travaux publics, contre sa mollesse pendant la crise,
fit ie chef de ce département demande à la Chambre
*ias Paralyser son action ! C’est de l’Offenbach !
,1 ar bonheur, autant M. Moncheur parait (peu! sou-
cieux de l’enquête, autant les membres les plus au-
torisés de la Chambre mettent d’insistance à l’obtenir.
Pe diffèrent d’avis que sur la composition et les
attributions de la commission. Dans laséanced’hier,
,r Lehardy de Beaulieu a présenté un amendement
fi après lequel l’enquête, qui serait publique, porterait
sur la situation entière de l’industrie des transports
tant par eau que par chemin de fer, sans en excepter
ia question des tarifs applicables tant aux marchan-
dises qu aux voyageurs. Elle aurait spécialement pour
fission d établir l'état. réel et actuel des voies, des
stations et de leurs dépendances, du matériel roulant
pa™?’ j n den relever l’inventaire et de se rendre
!îoc!r 6116 ce (lui manque on de ee qui est défectueux ;
ues lignes, gares, embranchements et qui sont néces-
saires pour compléter le réseau belge.
a trouvé encore un partisan convaincu en
/.J^omer qui a pris M. Malou sans vert. En effet,
ministre des finances a tont-à-fait oublié, ,, , ,, . , , .
qu avant d entrer dans le-eabinet actuel, il s’était pro- 1 autre cote, les difficultés administratives,- pro-
once en faveur de la demande des délégués du com- clame que celles-ci priment ceux-là et que, pour
Des résidents belges à Oran (Algérie) nous écrivent que
le consul de Belgique en cette ville, sans donner officielle-
ment sa démission, a quitté sa résidence dans le courant
du mois de septembre 1870 pour n’y plus reparaître.
Trois candidats sont snr les rangs pour obtenir sa suc-
cession : un Français, un Espagnol et un Belge.
Le gouvernement n'a donc que l’embarras du choix pour
pourvoir à la vacature.Cependant, depuis le 15 novembre
1871, une enquête signée et légalisée des notables belges de
résidence dans la province d’Oran a été adressée à notre
ministre des affaires étrangères pour le prier de statuer,
et jusqu’ici il n’â pas été fait droit à cette prière.
Nous appelons sur ce point l’attention de l’honorable
ministre, et au besoin celle de la Chambre qui aura prochai-
nement à examiner le budget des Affaires étrangères.
(Etoile.)
Tribunal international de Genève.
LE DOSSIER AMÉRICAIN.
Le World, de New-York, après avoir annoncé que
le Mémoire américain est un volume de 500 pages im-
primé en anglais, en français et en portugais, analyse
ainsi le contenu de sept fort volumes in-octavo, for-
mant annexe audit Mémoii’e :
« Le premier contient la correspondance concernant la
reconnaissance des rebelles belligérants et la violation de
la neutralité.
» Le second contient la.correspondance relative aux
opérations des rebelles dans le Canada, aux navires Vesu-
vius, Amphion, Haioh,‘%jax, Eercides, Virginia, Pam-
pero, Phantom, Southemer, Alexandra, aux canonnières
do Laird, Suinter. Nashvüle, Florida, Georgia et Rappa-
hanock, ainsi qu’au- prétendu recrutement pour les Etats-
Unis en Irlande.
Le 3® volume contient la correspondance relative à
V Alabama, au Tallahassec, au Shenandoah et des négo-
ciations concernant des réclamations.
» Le quatrième volume contient des proclamations et
déclarations do puissances autres que la Grande-Bretagne
publiées après la proclamation cie neutralité de la Reine ;
une brochure sur la « prompte reconnaissance des re-
belles belligérants •>, par George Bemis ; le procès de
la barque Maury, arrêtée, par le gouvernement fédé-
ral à New-York, en 1855, pendant la guerre de Crimée,
sur la plainte du gouvernement russe ; la correspondance
de 1854 entre la Grande-Bretagne, la France et les Etats-
Unis concernant les droits accordés aux neutres et invo-
qués par les belligérants ; un rapport des Commissaires
anglais sur les lois de la neutralité, de 1807 ; le memento
d'un officier de XAlabama; les lettres de Historicus, pu-
bliées dans le 2Ymes; correspondance indiquant comment
lés croiseurs confédérés brûlaient- leurs prises, et le rap-
port d’un engagement entre le Kaarsage et XAlabama ; la
Correspondance entre le gouvernement anglais et MM.
Laird, frères, au sujet des canonnières construites à Bir-
kenliead.
» Le 15° volume contient les extraits d’importants débats
parlementaires judiciaires en Grande-Bretagne, provoqués
par la rébellion, comprenant les comptes-rendus de pro-
côs-crimirreis. „ -
- Le 6e volume confient la correspondance des Etats
Unis relative aux réclamations du chef de XAlabama, après
le rejet de la convention Johnson-Clarendon; correspon-
dance préliminaire, documents explicatifs et traite de
Washington du 8 mai 1871 ; correspondance des deux gou-
vernements « établissant que pendant notre rébellion
« l’Angleterre était, l’arsenal, le refuge et le trésor des
« insurgés » ; résumé des faits relatifs aux huit princi-
paux croiseurs, disséminés dans les volumes précédents :
» Le 7e volume contient des lois et proclamations diverses
et un état des dépenses nécessitées par l’expédition de na
vires de guerre pour empêcher les déprédations-.de XAla
bama, du Florida, du Tallahassee, du Rappahannock et
autres pirates « anglo-confédérés » et pour protéger -notre
commerce, etc. Le total global de ces dépenses de marine
est de S 7,080,478.70. Le même volume comprend divei’ses
réclamations de particuliers, s’élevant à 14,000,000, et la
valeur des navires de la marine détruits par le Florida. »
Commerce, marine, etc.
Le département des affaires étrangères a reçu le cahier
des charges de l’adjudication d’une importante fourniture
de tabac étranger pour la régie espagnole.
L’adjudication dont il s’agit aura lieu à Madrid le 19 fé-
vrier prochain.
On peut prendre connaissance des conditions imposées
aux soumissionnaires dans les bureaux de la direction du
commerce et des consulats.
Chemins de fer de l’Etat.
RELATIONS INTERNATIONALES.
Avis. — Pour cause d’encombrement et à la demande
de la Compagnie du Nord, l’interdiction d’accepter des
transports de houille et de coke pour Paris (La Cha-
pelle) et le chemin de fer de ceinture est maintenue jus-
qu’au 25 janvier courant inclus.
II n’est fait exception qu’en faveur des expéditions adres-
sées à la Compagnie parisienne du gaz et au service de la
traction de la Compagnie du Nord.
Il résulte d’une communication de la Compagnie du Nord
que les transports pour Tourcoing pourront être repris à
partir du 24 janvier courant.
Toutefois, afin d’éviter un nouvel encombrement cette
reprise est limitée à 30 waggons par jour, non-seulement
pour les ëxpéditions à destination de Tourcoing même,
mais encore pour les expéditions à petite vitesse, à charges
incomplètes pour au delà et devant nécessiter un transbor-
dement à Tourcoing.
Actes officiels.
Armée. — Par arrêté royal, les pharmaciens de 3” classe
N. Kittel, de l’infirmerie d’Ypres, et L. Carpentier, de l’hô-
pital de Mans, sont nommés pharmaciens ne 2e classe.
— Par arrêtés royaux, le lieutenant A. Vandevin, du 1er
régiment d’artillerie, compagnie des pontonniers, est nom-
mé capitaine en second et la démission de son grade est
acceptée.
Les démissions de leur grade et de leur emploi dans l’ar-
mée, offertes par le sous-lieutenant J. Van Cutsem, du 3e
régiment de chasseurs à pied, et par l’élève sous-lieutenant
A. Sadoine, de l’école d'application, sont acceptées.
— Prisons. — Par arrêté royal, en date du 31 décembre,
il est accordé aux fonctionnaires et employés de la maison
penitentiaire cellulaire de Louvain dont les noms suivent
une médaille d’or en récompense du zèle et du dévouement
dont ils ont fait preuve lorsque l’épidémie variolique a sévi
dans cet établissement, au mois de mars 1871 :
C. De Visschere. directeur ; L. De Rode,médecin princi-
pal ; G. Van Roecnoudt, médecin-adjoint ; G. Gelleus, au-
mônier principal ; A. Renard, gardien de lre classe.
Une indemnité pécuniaire est accordée, au même titre,
au sieur J. Dumont, gardien de 2e classe.
NOUVELLES_ÉTRANGÈRES
SUÈDE ET NORWÉGE.
.Voici le discours du trône prononcé par le roi de
Suède à l’ouverture de la Diète de son royaume :
“ Messieurs,
» En vertu de la Constitution, vous vous êtes de nouveau
réunis pour délibérer sur les affaires publiques. Au sujet de
la question la plus importante que vous ayez eu à traiter
pendantles dernières sessions—celle de làdéfensenationale
— il s’est manifesté une telle diversité d’opinions que non seu-
lement la solution définitive en a été rendue impossible jus-
qu’à çe jour, mais encore le besoin d’un ajournement de toute
discussion s’est fait sentir, afin que l’accord indispensable
pour obtenir un résultat satisfaisant puisse s’établir. Par
conséquent, je ne vous présenterai pendant cette session
aucun projet de réorganisation de l’armée. Je me bornerai
à vous demander des allocations pour continuer les tra-
vaux de fortification et donner à nos moyens de défense
actuels le développement le mieux approprié aux cir-
constances.
» La situation économique du pays, si favorable, grâce
aux bonnes récoltés des dernières années et à l’essor qu’à
pris l’industrie dans toutes ses branches, a exercé une
influence des plus heureuses sur les finances de l’Etat.
Aussi, pour faire face aux dépenses du budget — parmi les-
quelles je vous proposerai un augmentation du matériel de
la marine pendant l’année 1873, en tant qu’elle pourra être
exécutée dans les usines du pays—il nesera plus nécessaire
de prélever l’impôt spécial voté lors de la dernière session
ordinaire, et il y aura même moyen de faire certaines
réductions dans les autres charges publiques. Des proposi-
tions vous seront donc soumises concernant l’abolition de
quelques impôts qui, par leur nature même,paralysentl’es-
prit d’entreprise, ainsi que la réduction de quelques autres
qui frappent, sans distinction, tous les contribuables et de-
viennent ainsi spécialement onéreux pour les classes moins
aisées de la population.
» En appelant sur vos travaux les bénédictions du Tout-
Puissant, je déclare ouverte la session actuelle, et je vous
assure, messieurs, de mon affection et de ma bienveillance. »
FRANCE.
On écrit de Versailles, le 22 janvier : '
« La séance d’aujourd’hui ne se ressentait point des pré-
cédentes émotions. On a voté quelques impôts qui n’étaient
discutés et contestés par aucune des deux commissions de
finances. M. Thiers n’est point venu àla Chambre.
M. de Dampierre a commencé par donner lecture des
conclusions d’un rapport tendant, à nommer une commis-
sion chargée d’examiner s’il y a lieu .de dénoncer les traités
de commerce avant le 4 février.
- M. Raoul Duval aréelamé la dénonciation de ces traités,
afin que la France puisse modifier à son gré ses tarifs.
L’urgence a été déclarée pour ces deux propositions.
•> Après ce premier incident il y a en une suspension
d’une demi-heure environ. Puis M. Benoist-d’Azy a dit que
les deux commissions de finances s’étaient réunies et
avaient décidé de présenter immédiatement à l’Assemblée
des impôts qui ne soulèveraient pas de vives discussions et
que l’on pou vs it voter sans délai. Cesimpôts sont 2 décimes
nouveaux sur les sucres, un droit de balance de 10 c. par
colis passant en douane et une augmentation de la taxe
sur les allumettes chimiques de 4 c. par centaine. Le rap-
porteur ajoute qu’il est prêt à commencer la discussion
demain ou immédiatement si la Chambre le préfère. (Oui !
aujourd’hui !)
» M. Pouyer-Quertier se met entièrement à la disposi-
tion de la Chambre ; il est absolument àses ordres. Ilfera
exactement ee qu’elle voudra. Il commencera la discus-
sion quand elle le désirera. Il croit qu’il est préférable de
voter sur le champ afin d’éviter les pertes qui pourrontré-
sulter pour le Trésor d’un retard de vingt-quatre heures.
» MM. Maurice et Guichard ayant parlé contre le projet,
la clause qui élève les droits sur le sucre de deux nouveaux
dixièmes est adoptée.Il en est de même du droitde balance
et du nouvel impôt sur les allumettes.
» Il estconvenu que les deux commissions s’occuperont
de tous les projets financiers qui ont été déposés devant la
Chambre ; les commissions en feront le classement, les
rattacheront soit au projet du gouvernement, soit au pro-
jet delà commission de 1871 et prépareront leur rapport
pour après-demain. Parmi ces propositions, il en est une
qui remet sur le tapis l’impôt sur le revenu ou quelque
chose d’analogue. L auteur de la motion a sagement pris
de parti de la renvoyer directement aux commissions de
finances, voyant qu’elle était mal accueillie par une partie
de la Chambre. Etait-ce la majorité ou la minorité ï C’est
ce que l’avenir nous apprendra, mais aucun vote n’était
intervenu. .
» M. Gerniain a terminé cette courte et paisible séance
en déclarant qu’il se faisait fort de démontrer que le gou-
vernement n’avait pas besoin de. 050 millions, mais de 550
millions seulement.
» Demain, on discutera le projet sur la marine mar-
chande. La discussion sera vive, l'a loi étant très contestée
par les représentants des ports ae mer. C’est demain aussi
que les deux commissions budgétaires doivent entendre
les délégués de l’industrie au sujet de leurs propositions
d’impôts destinés à remplacer les 160 millions sur les ma-
tières premières. »
Nous avons publié hier la circulaire de M. Rouher
aux électeurs de la Corse. Voici maintenant celle que
le comité central républicain d'Ajaccio a adressée aux
électeurs pour appuyer la candidature de M. Savelli
aux élections qui auront lieu le 11 février, pour pro-
céder au remplacement de M. Frédéric Abattucci.
Chers concitoyens,
NosTidversaires politiques répandent à profusion de faux
bruits. Ils espèrent dérouter ainsi le parti républicain, et
lo maintenir dans 1 hésitation jusqu’au .jour définitif du
vote. La rrtanœuvre est habile et n’a rien qui doive nous
étonner de la part d’hommes qui, pendant vingt ans, ont
verse]*1*8 Preuvesen dévoyant sans relâche le suffrage uni*
Jusqu ici ils avaient affecté une indifférence hypocrite
vis-a-vis du candidat du comité central républicain de la
Corse.
Mais de tous côtés, il leur est revenu que la Corse se
roidit contre la main brutale de ses anciens maîtres et que
(lesesperee du retour tant de fois annoncé et toujours
ajourne, elle revient à ses vieilles traditions de liberté
qui seules peuvent assurer son avenir. Ils sentent que
partout la reflexion a mûri les esprits, et que le caractère
national n entend pas servir de jouet à une comédie politique.
La Corse se défie des conseillers de l’ex-èmpereur. Ceux-
ci ont mené celui-là à Sedan, et de Sedan à la déchéance
de la dynastie. La Corse éprouye à les suivre un sentiment
de terreur. L abîme est toujours béant, et c’est le gouffre
qu ils offrent a la naïveté crédule de nos insulaires.
Par de bruyantes clameurs, ils cherchent à raviver la foi
chancelante de leurs aveugles partisans.
La foi est éteinte.
Aujourd’hui ils crient dans les carrefours, ils répandent
au lom dans les cantons que la candidature républicaine
de Paul Savelli n a pas dit encore son dernier mot.
Mensonge !
Amis, détrompez nos vaillantes populations. Dites à tous
que Paul Savejli, représentant de la démocratie corse, res-
tera ferme et inébranlable au poste qui lui est assigné. Sa
bannière est la bannière de la république, drapeau corse
qui est désormais le seul signe de ralliement pour tous les
cœurs indépendants.
Que Rouher, qui a perdu Napoléon III, essaye d’entraîner
dans 1 abîme la Corse, berceau de Napoléon le Grand, nous
laissons à lui et à ses prôneurs l’écrasante responsabilité de
ce nouvel acte de témérité.
Quant à nous, un premier Sedan nous suffit. Nous nevou-
lons plus, ni pour la France, ni pour notre département,
de nouvelles catastrophes.
Notre but est de renouer la chaîne brisée de nos tradi-
tions. — Républicains étaient nos ancêtres, républicains
nous sommes, républicains nous resterons.
Les Corses,-soucieux de leur dignité, enviségent de sang-
froid l’avenir, sans arrière-pensee d’ambition personnelle,
et se groupent autour d’nn seul : Paul Savelli.
La régénération de notre pays est là.
Aprèslafolie du Mexique, l’imprévoyance qui a permis
Sadowa, après le désastre de Sedan, la Corse ne peut plus
etre que républicaine.
Les électeurs du canton d’Ajaccio ont été convoqués
pour le 21 janvier à l’effet d’élire leur représentant
au conseil général par suite de la démission du prince
Napoleon. Le Journal de la Corse, organe des ré-
publicains modérés, recommande l’abstention. Le
Patriote de la Corse, journal ultra-bonapartiste,
édite la candidature du prince Napoléon, et publie
l’appel suivant, adresse aux électeurs du canton
d’Ajaccio ;
Chers concitoyens,
Le huit octobre dernier, vous avez acclamé, comme vo-
tre representant au conseil général, le prince Napoléon.
Aussitôt, le gouvernement de Versailles envoyait en
Corse un commissaire extraordinaire, avec mission d’em-
peclier e prince Napoléon de remplir son mandat et de dis-
soudre 1 assemblée départementale, au cas où elle valide-
rait son élection.
Comme au temps de la domination génoise, ce proconsul,
que précédait un bataillon de chasseurs à pied et que sui-
vait une escadre cuirassée, arrivait parmi nous, une main
pleine de menaces èt l’autre de promesses.
A°us avez eu la douleur, comme nous, de constater qu’il
s’est trouvé, au sein de notre assemblée départementale,
des âmes assez serviles pour n’avoir pas le courage de pro-
tester contre l’affront fait à leur pays.
L’attitude de votre conseil municipala été bien différente.
Pendant que les représentants de nos cantons s’abais-
saient devant un Ferry, vous vous serriez autour de vos
vrais édiles et vous alliez entourer de vos hommages et de
votre dévouement, lé prince Napoléon.
Aussi le sort du conseil municipal a-t-il été tout autre
que celui du conseil général. — L’un a été maintenu tandis
que 1 autre a été d’abord suspendu et enfin dissous.
Fidèles interprètes des sentiments de la population ajac-
cienne et scrupuleux gardiens de sa foi politique, — nous
les élus de son libre suffrage, venons comme par le passé
nous joindre à elle, escortes cette fois des chefs de toutes
les corporations ouvrières de la ville, et avec eux nous
vous disons ainsi qn’àtous les électeurs de notre canton :
« On a méconnu vos droits, on a froissé vos sentiments les
” plus intimes, on a voulu violer vos consciences. Eh bien !
» résistons-leur.et comme protestation nommons encore le
» prince Napoléon. »
Au scrutin donc, Ajacciens et électeurs d’Appietto, d’.Afa,
de Villanova, d’Alata et de la Bastelicaccia ! Que votre ac-
clamation du 21 janvier soit encore plus unanime que celle
du 8 octobre dernier, et que pas une voix ne manque à
notre appel.
Les membres de l'ancien conseil municipal dissous.
Les chefs élus des corporations ouvrières de la ville
d’Ajaccio.
On lit dans XOpinion nationale :
Il n’est pas inutile de savoir que, au momenFoù se ré-
pandit le bruit, que le président de la République mainte-
nait sa démission, le parti bonapartiste, qui ne. dort pas,
faisait sonder les dispositions de certains officiers d’un ré-
giment en garnison a Paris,
Le gouvernement doit connaître aussi bien que nous le
numéro de ce régiment.
On nous mande de Versailles que M. Pouyer-Quertier, à
la suite d’une explication assez vive avec M. Thiers, aurait
définitivement donné sa démission.
Quoique cette nouvelle fût, paraît-il, très accréditée au
moment où elle nous a été transmise, nous croyons ne de-
voir l’aceueillir que sous toutes réserves. (Pressé). .
45® conseil de guêrre «le Versailles.
Présidence du colonel Delaporte.
Audience du 23 janvier.
ASSASSINAT DE L’ARCHEVEQUE DE PARIS ET DE CINQ AUTRES
OTAGES DE LA ROQUETTE. — 24 ACCUSÉS.
Cette audience a été marquée par un incident des plus
émouvants : l’un des accusés, qu’une ressemblance fatale
avait seule conduit sur les bancs du conseil de guerre, a été
dégagé grâce à l’arrestation toute réc.ente de rliomme à la
place duquel l’autorité militaire l’avait poursuivi. Voici
comment un journal rend eompte de l’incident.
m. le commissaire nu gouvernement. Le témoin Sicard
vient d’arriver. Il çgt extrêmement malade, très faible,
mais il est à la disposition du conseil.
m. le président. Nous n’avons à faire qu’une simple
constatation pour nous assurer s’il estpossible de le con-
fondre avec Pigère.
Sicard, soutenu, ou plutôt porté par deux personnes, est
amené sur l’estrade où siègent les juges, et il s’affaisse dans
un fauteuil. Le plus vif mouvement de curiosité se manifeste
dans l’auditoire. Malgré sa maigreur extrême, sa pâlenr,
son attitude de moribond, le témoin conserve avec Pigère
une ressemblance assez grande pour tromper les yeux dans
un premier examen. Le malade est presque sans voix, et
pour saisir les paroles qu’il murmure, les défenseurs et les
journalistes s’approchent de la barre.
Sur l’invitation de M. le président, le témoin dépose ainsi:
Je m’appelle François Sicard; j’ai 43 ans. Le 24 mai, je
débouchais de la rue des Boulets, entre quatre et cinq
heures du soir, quand je rencontrai un peloton commande
par un homme que je ne connaissais pas. Genton était là. Je
luidemandai : Où allez-vous i lime répondit: Je vais exécu-
terl’ordre de la Commune. Nous allons exécuter tontee qui
se trouve à la Roquette. Alors je lui ai dit : Qui a donné cet
ordre ? Et, j’allai à la Roquette avec eux.
m. le président. Reconnaissez-vous ces accusés ?
Le témoin ne-reconnaît pas Ramain ; mais Piconne lui
est pas inconnu.
Il poursuit ainsi : — Voici ce qui s’est passé. J’ai de-
mandé à lire l’ordre dont Genton était porteur et j’ai lu :
Ordre d’exécuter tout ee que contient la Roquette. J’ai |