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précurseur, Bourse An-
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une boîte aux lettres et où
doivent s’adresser tous les
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En Belgique et à l'étrnnr
gsi, chez tous les direc*
teurs des postes.
A Péris, à TOffice-Côr-
gespondance de Lepelle-
tter-Bourgoin et cofilp.*,
rue Notre-Daine-des-Vic-
♦oires N» 18.
LE PRÉGUBSElltt
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. LI0EKTÉ. PKOOUÈ3.
JtSOXTaiEKÎXK-T.
Par An.......... 60 fr
• 6, mois.......30
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POUR LA BELGIQUE.
ParJmois----... 18’fr.
POUR L'ÉTRANGER.
Par3tiiolS__... 20 fr.
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sacrée aux annonces es
affichée à la bourse d’An
vers et à la bourse de
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IRISPRCrt’EÎVCE COM.TIIIRCI4LE.
Sociétés anonyitté».
Nos lecteurs se rappelleront sans doute que le 28
dobre dernier, nous avons fait connaître un ju Re-
ent rendu par notre tribunal de commerce, duquel
résultait que les tiers, pour obtenir paiement de ce
qui leur est dû par une société anonyme en pleine
dissolution, ne pouvaient avoir aucune action directe
«t individuelle à exercer contre les actionnaires de
tle société, même lorsque leur demande n’excéderait
as le montant de l'intérêt et des engagements pris par
es actionnaires.
Le jugement, qui se trouvait en pleine contradic-
tion avec des jugements antérieurs rendus par le
tnéme Tribunal, avait fait l’objet de nos critiques, et
avait été prôné par l'un des journaux de cette ville.
La sentence de cassation que nous avions dit être
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éservée à ce jugement vient d'élre prononcée dans
" lineaffaire tout-à-fait identique, de manière que la
jurisprudence primitive du Tribunal de Commerce
d Anvers est la seule jugée bonne, et la seconde ayant
été réformée par une Cour supérieure doit être con-
sidérée comme vicieuse.
Lesmotifs'qui consacrent la prééminence et l’inviola-
Mité du droit des tiers ont été tellement bien développés
que nous n’aurons rien deplusempressé quede les faire
Connaître, du moment que le jugement aura été levé.
En attendant, nous déplorons vivement que la jus-
tice du Tribunal deCommerce d'une villeaussi impor-
tante que la nôtre soit aussi vacillante ; au lieu d’avoir
; Une jurisprudence respectable, servant de base à celle
de tous les tribunaux de commerce de la Belgique,
nous la voyons diamétralement opposée et contradic-
toire à quelques semaines d’intervalle , etconséquem-
inent exposée à être réformée, ce qui ne donne pas à
un tribunal cette réputation à laquelle il devrait tou-
jours aspirer.
! Un bon greffier est seul capable de faire éviter ces
écueils à des juges, aussi appelons-nous de nouveau
toute l’attention, toute la sollicitude du gouvernement
sur un point si important pour la première ville com-
merciale d'un Royaume. Et nous espérons que sa dé-
termination ne se fera plus attendre long-temps; la
lacune est trop grande pour ne pas la faire disparaître
iussilôt que possible. E-
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ME M LIBERTÉ COMMERCIALE.
L’honorable sépatcuriff. Cassiers, a développé dans
one des dernières séances du sénat une pensée qui mé-
rite de fixer l’attention du gouvernement et qui inté—
presse au plus haut degré la prospérité d’Anvers,tout
*n contribuant peut-être au mouvement commercial
rt industriel de la Belgique entière.
Cette pensée la voici. Elle consiste dans la proposition
d'affranchir d’une partie des droits existants toute den-
rée venant directement dans nos ports du lieu de
production originaire.
1 Le but de cette proposition nous semble excellent
tu ce qu’il appelle le commerce étranger à expédier
chez nous et immédiatement ce qu’aujourd’hui il en-
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(suite et fin.)
■le me trouvai, en effet, le troisième jour, assez fort pour
entreprendre un pélérinage au château de . .. Je remontai
sans rancune le cheval qui m’avait jeté par terre, et je pris
tïecWarel le chemin de cette maison, où je devais trouver
la réalisation de tant de rêves, et ou l’on m’attendait, s’il fal-
■ail en croire mon hôte, avec une impatience égale a la mienne.
Kous fîmes la route au petit trot, et, tant qu’elle dura, le
Bevnlier ne me parla que des perfections de Mme de Laguy
I deses préventions favorables à mon regard. Après l’avoir
coulé avec complaisance, je me prisé réfléchir, tout en le
rjss«ol continuer son discours, et ce que j’y avais trouvé
’ sbord de plus flatteur etde plus encourageant commenta é
'inspirer quelque méfiance.
— S'il exagérait, me demandai-je. on les qualités de M”»
e Lagny ou la réception qui m'attend ?
Cette pensée me tourmenta si fort que je remis tout en
ueslion. cl l’opinion que j'avais conçue de ma libératrice, et
®oo désir de vérifier cette opinion, et mon inclination â
'hanger d'avis à cause d’elle sous le rapport du mariage, et
"fin même l'opportunité delà visite que j'allais lui faire.
, — Chevalier, dis-je tout-à-coup à mon compagnon en ar-
ctant mon cheval au milieu du chemin, ne me pressé-je pas
|top daller voir cette dame?
’Varel me regarda avec stupéfaction.
— Enfin, repris-jo, je ne la connais point 1
— Eh ’ pourquoi va t ou voir les gens, si ce n’est pour les
•onnaitre ? Mais tel n'est point le cas, je t'ai assez parlé de
I”' de Lagny. pour que tu saches si tu dois, ou non, vérifier
J’r, toi-même la ressemblance du portrait que j’en ai tracé
°dà la question.
— Du reste, ajouta-t-il, en me voyant disposé à lui deman-
Jtt conseil, tues parfaitement libre, et je suis à tes ordres,
foursuivons-nous, ou retournons-nous sur nos pas?
*1 savait bien que le meilleur moyen de me décider à con-
Bâtier ma route était de me placer-dans celle alternative.
fu|d. Il ne put s’empêcher de sourire, lorsqu'il me vit, pour
«nique réponse, remettre mon cheval au trot, tout en Jeèsnt
voie dans d’autres ports où nous-mêmes nous sommes
souvent obligés d aller faire nos emplettes; un autre
avantage est encore attaché à ce système en ce que tel
commerce étranger ainsi protégé finirait par trouver
dans nos ports des chargements de nos propres pro-
ductions en retour et concourrait puissamment àélen-
dre nos débouchés. Il est bien entendu que le système
en question ne s’appliquerait qu’aux nations qui
abaisseraient aussi leurs tarifs pour nous et nous ren-
draient eu tous points, les mêmes facilités que nous
leur accordons.
Nous ne nous dissimulons point la difficulté de la
mise en œuvre de ce système qui rencontrera des ob-
stacles à l’intérieur et à l’étranger; nous ne nous cachons
point non plus l’espèce de ressemblance qu’il a sous
une autre forme avec le système différentiel de M.
l’abbé deFoëre, mais, toute arrière pensée de côté, les
résultats qu'il peut avoir, dans un temps donné et qui
tendraient à améliorer notre situation toute particu-
lière, nous forcent de l’appuyer, tout en faisant nos
réserves.
L Observateur d'hier a parfaitement traité celte
question du point de vue d’un bienfait. « Dans l’état
actuel de notre législation douanière,dit-il, les navi-
res chargés des denrées coloniales pour notre consom-
mation, n’ayant aucun motif pour venir directement
en Belgique, se rendent au Havre ou à d'autres places
d’entrepôt, et c'est de là que ces mêmes marchandises
nous sont expédiées. Par suite de cette station inter-
médiaire, non-seulement nous subissons la perte du
surplus de frais que le détour occasionne, mais nous
sommes obligés d’expédier sur ces mêmes places les
produits que nous donnons en échange.
» Il est évident que la Belgique recevant les mar-
chandises étrangères deseconde main, et les étrangers
recevant à leur tour aussi de seconde ma in nos propres
produits, nous nous trouvons dans la dépendance des
nations intermédiaires, et notre pays, malgré sa
richesse, son industrie, la fertilité de son sol, la
fécondité de ses mines , sa situation géographique et
la sûreté de ses ports, reste dans l’ombre comme s’il
n’était pas digne de figurer dans les rangs des nations
qui font elles-mêmes les affaires de leur commerce
extérieur. »
Ce journal conclut en disant que, « la proposition
de M. Cassiers, si elle était adoptée dans sa généralité,
serait un acheminement vers la liberté du commerce.»
»En effet, que veut M. Cassiers? Engager les pays
de production, au moyen d'une faveur de tarif, à nous
envoyer directement leurs produits et à recevoir éga-
lement avec la môme faveuret par voie directe les nô-
tres en échange. Or, si l’échange direct est un bien
pour la Belgique, nous l’amènerions avec plus de cer-
titude en offrant, non une simple diminution, mais
l’abolition entière des droits d'entrée,aux marchandi-
ses qui nous arrivent directement des lieux de produc-
tion. Et il est évident que si ce système était adopté
dans toute sa généralité, il n’y aurait qu’un pas de
plus à faire pour arriver à l’abolition totale du tarif,
c’est-à-dire, à la liberté pleine et entière du commerce
extérieur. »
Plus nous avançons, en effet, plus nous croyons
un coup-d'ceil sur le château de..., dont les tourelles venaient
de s'élancer à nos yeux d'un petit bois d'ormeaux et de mar-
ronniers.
Cette apparition me rendit toutes mes espérances, et Je
précédai gaimenl le chevalier dans l'avenue qui nous condui-
sait au ternie de noire course. Mais je ine croyais plus rassis
que je ne l'étais réellement; tous mes doutes et toutes mes
perplexités se réveillèrent en face de la grille. J’eus beau me
dire que cette visite n’aurait en définitive que l'importance
que je voudrais lui donner; une voix intérieure me répondait
que mon sort allait le décider dans un instant, et Warel, me
soutenant qu'il o'élait plus temps de reculer, me faisait l'ef-
fet d'un exécuteur impitoyable chargé de me pousser devant
mon juge.
Le retentissement de la clochette qui annonçait notre arri-
vée me fit palpiter le coeur. La fièvre me prit en voyant la
porte s'ouvrir; et quand nous franchîmes le perron et l'anti-
chambre, Je me sentissi faible, qn'uneaueur froide me coula
•ur le frout, et que je fus obligé de m'appuyer au chevalier
pour ne pas perdra l'équilibre...
Je n'avais jamais éprouvé d'émotion pareille, et je me de-
mandais sijj’êlaisfou uu revenu à I âge des premières amours.
11 y avait cinq iniuutes que je faisais de vains efTorts pour
sortir de cet état violent, lorsqu'on vint nous annoncer que
nous ne pourrions voir madame de Lagny. qui était absente
pour assez long-temps, mais que les maîtres du château se fe-
raient un plaisir de nous recevoir.
Celle nouvelle me cassa bras et jambes, et l’anéantissement
succéda à mon agitation.
— Ouf. soupirai-je. le remède est pis que le mal.
— Pauvre garçon t murmura le chevalier, eu me regar-
dant avec compassion, voila bien des émotioot perdues;il
faudra recommencer l’épreuve '...
Mous fîmes une courte visite lux habitants du château,qui
noos assurèrent que de Lagny serait désolée, et nous in-
vitèrent instamment à revenir ptur elle et pour eux.
Je retournai trois fois en buit jours. La première fois. M">»
de Lagny était indisposée ; la seconde fois, elle venait de
sortir comme j'entrais; la troisième fois, au moment où je
traversais l’avenua dans un sena, je vit de loin une amazone la
traverser dans l'autre. Ce ne pou'ait être que la jeune dama ;
mais je galopai sur sel traces saut pouvoir la rencontrer....
Mon impatience commençait à passer à i'élatfle souffrance
aiguë. Les plaisanteries du cbeval.er sur mes guignons rs-'ex-
qu’il s’agira définitivement d’en arriver là tôt on tard
et nos idées sur ce point sont tellement en harmonie
avec le journal que nous citons ; que nous ne pouvons
mieux faire ni mieux dire que lui sous le point de
vue où la question se présente en ce moment à nos
yeux ; aussi nous ajoutons aux extraits précédents
toute la fin de son remarquable article.
« Il nous est, dit-il, agréable de constater que,
toutes les fois que les partisans du système mercantile
veulent proposer dans l’intérêt de la prospérité du pays
des mesures propros à harmoniser nos intérêts avec ceux
des autres peuples, ils sont obligés de se rapprocher du
principe de la liberté des échanges qui ne sera pas
moins fécond en bons résultats, lorsqu'il sera appliqué
aux échanges d'état à état, qu’il ne l'est de l'aveu de
tout le monde, aujourd’hui qu’il se trouve appliqué aux
échanges de province à province, de commune à com-
mune, d’individu à individu,
« Nous voudrions que celle grande question de la
liberté du commerce fût plus sérieusement et surtout
plus consciencieusement débattue. Il faudrait qu’elle
devint l’objet des discussions parlemenlaires, car alors
elle attirerait l’attention publique et appellerait les
hommes instruits qui ont profondément médité sur les
causes de la richesse des nations, à éclairer l’opinion, et
A combattre les sophismes sur lesquels l’inlérèt person-
nel et les préventions vulgaires appuient leur hostilité
contre cette précieuse liberté,
« Ce n’est pas que nous pensions que la canse de la
liberté commerciale triompherait de prime abord au
sein de la législature. La législature étant la représen-
tation de l’opinion du pays, et l’opinion du pays étant
opposée» la libre entrée des produits étrangers, toute
proposition qui contrarie celte opinion sera incontesta-
blement rejetée. Mais si la doctrine de la liberté com-
merciale est réellement une vérité humanitaire, et si
son application est un moyen efficace de prospérité pu-
blique, il ne s'agit que de bien l’exposer, de la mettre
en évidence, et elle finira par pénétrer dans la convic-
tion de tout le monde.
« Pour arriver à ce résultat, il suffirait qu’un mem-
bre de la chambre des représentants, celûi dont les con-
victions sur les avantages que le pays retirerait de la li-
berté du commerce, sont les plus profondes et les plus
éclairées, proposât chaque année, en vertu du droit
que lui donne l’article 27 de la Constitution le bill sui-
vant :
a Les droits d’entrée etde sortie établis par la loi se-
« ront chaque année diminués d’une somme égale au
u dixième de leur montant actuel. »
« C’est-à-dire que la liberté du commerce ne sera
entièrement acquise qu'au bout de dix ans, période plus
que suffisante pour que les différenles iriduslriesqui vi-
vent de protection, aient le temps de s'améliorer et d’ac-
quérir les moyens de vivre de leur propre vie.
« Ce bill sera la première fois rejeté àla presqueuna-
nimité, mais à mesure que la question sera débattue et
éclaircie, elle gagnera successivement des voix elfinira
par réunir le plus grand nombre. C’est ainsi que Can-
ning a pu faire adopter sa grande mesure de l’émanci-
pation religieuse de l'Irlande. Rejetée à une immense
majorité la première fois à la chambre des communes,
elle a fini par conquérir non-seulement le vote du par-
lement, mais l’assentiment unanime de tout lepaya. C’est
là le sort de toute proposition législative propre à faire
progresser la société. »
citaient encore ; enfin, une dernière circonstance vint rendre
ma position intolérable.
Un jour que J'étais allé au château aussi matin que cela
était possible sana indiscrétion, J'arrivai trop tard encore, et,
en revenant chez le chevalier, je trouvai douze amis, qui
étaient venus le voir, en grande discussion sur de Lagny.
Ils l'avaient rencontrée dans sa calèche au milieu de la cam-
pagne, pendant que jé l’avais cherchée en vain chez elle, et
tous en parlaient plus ou moius favorablement, mais avec une
égale chaleùr.
L'un prétendait qu'elle devait être aussi fiére que belle;
l'autre lut trouvait, au contraire, un air de bonté tout-â-fait
encourageant; celui-ci soutenait qu’elle avait les yeux hleus ;
eelui-lâ affirmait que c'était üne Illusion produite par la dou-
eeur,de son regard, et qu'elle avait les yeux du plut beau
noir.Quelques-uns critiquaient ses cheveux, quelques autres
vantaient la bouche; un petit nrimbre ne trouvaient pas sa
main irréprochable: la plupart s'extasiaient sur ses pieds.
, Le chevalier s'épuisait pour mettre les dissidents d’accord,
lorsque je parus au milieu de la réunion.
— Le vicomte I s'écrièrent toutes les voix. Il arrive â mer-
veille ; il vieDt de la voir en tète è tête sans doute ; il sera
notre arbitre.
Au ton de franche conviction avec lequel Ils s'exprimaient,
je compris deux choses qui me contrarièrent également;
d'abord que le chevalier avait commis quelque indiscrétion
touchant mes projets, ensuite qu’on croyait réellement que
je venais d’avoir un entretien particulier, au château , avec
de Lagny. Cette dernière circonstance me mit d'autant
plus à la torture, que c était â qui m'interrogerait le plus ins-
tamment, saus me laisser le temps de dire combien j'étais io-
capablede répondre.
— N'est-ce pas qu’eile a de l’audace dansia physionomie?
— N'est-ee pas qu’elle a le front un peu déprimé ?
— N’est-ce pas qu'il est impossible de voir une taille plu9
parfaite ?
— Et l’ovale de son visage ?
— Et son profil ?
— Et ses sourcils ? ,
— Et la fossette de son menton, quand elle parte ?
— Et ses dente, quand elle sourit ?
-s- Heureux vicomte i voos avez vn tout cela mieux que
nous, eu détail et â tâte reposée ! Voyons, saeye*Vô«s là, et
parletc-èn à vétte aise.
SIIUE.
Une lettre de Beyrouth, publiée par le Sémaphore,
donne sur la conduite de Mahmoud-bey, gouverneur de
Beyrouth, des détails qui font horreur.
Cet égyptien, qui a passé plusieurs année? de sa vie
en France et dans les autres pays d’Europe, où il voya-
geait par ordre de Méhémet-Ali, semble n’avoir rapporté
dans sa patrie aucun sentiment de civilisation, et U
épouvante par ses exactions les habitants du pays sou-
mis à son autorité.
Le nommé Ayoub-Nashaila, chrétien, directeur de
l'administration du fisc, ayant été accusé de malversa-
tion,Ibrahim-l’achaordonna que ses bien fussent confis-
qués, et qu’on le mit en prison. Mahmoud Bey, débiteur
d’Ayoub, et dès-lors son ennemi personnel, fut chargé
de l'exécution de cet ordre.
Sans faire aucune enquête, sans suivre aucune forme
de justice, Mahmoud-Bey jetta le malheureux chrétien
en prison, et là commencèrent pour lui une série de
tourments qui révolteront la raisou et l'humanité du
siècle.
La bastonnade lui fut infligée avec une rigueur inouïe;
plus de deux mille coups retentirent sur la plante de ses
pieds, d’où le sang jaillissait sur les exécuteurs, les
lambeaux qui y restèrent tombèrent en putréfaction et
furent rongés par les vers. Pour accroître ces atroces
douleurs, on a arrosé de vinaigre ces pieds horriblement
mutilés, et sachez que ce supplice, qui déshonore le nom
lurc, était subi par un vieillard de 70 ans. De plus, le
fils de ce malheureux subit le même tourment, et la
même prodigalité de coups en présence de sou père
mourant. Ayoub jurait qu’il avait livré tout ce qu’il
possédait; mais les bourreaux continuaient leurs tortu-
res. Ou lui a mis ensuite les fers aux mains, aux pieds,
au cou, de manière qu’il est obligé de rester constam-
ment debout. La chaîne qui lui enlace le cou est allé-
chée à un anneau scellé dans le mur, et c’est par le
moyen de celle chainequeles bourreaux communiquent
un tel ébranlement au patient, que sa tête va de temps
•n temps frapper violemment contre le; pierres,on agit
ainsi pour l’empêcher de dormir. Mahmoud-Bey s’ap-
plaudit d’avoir eu cette idée; car, dit-il, si Ayoub pre-
nait du repos, il y trouverait la force de résister aux
tortures, el par conséquent de garder son secret sur lès
lieux où ses trésors soûl enfouis. Je ne vous parle pas
de l’infection qui s’élève autour de ce malheureux, au-
quel le geôlier ne porte de la nourriture qu’en manifes-
tant une répugnance extraordinaire, tant celui-ci a les
sens horriblement affectés. De temps en temps, le bâton
retentit sur les os dénudés des pieds de cet infortuné :
ce qui n'empèche pas le gouverneur de fumer tranquil-
lement son narguilé, et de visiter les femmes de son
harem. Mais tous ces supplices n’ayant pu procurer ail
gouverneur la connaissance d'un secret qui ne gU que
dans sa tête, il a ordonné qu’on fit avec des osselets une
couronne, et qu’à l’aide d’un tourniquet on serrât le
front d’Ayoub avec cette couronne. On ne suspend le
jeu de ce tourniquet que lorsque. Ayoub, dans le front
duquel ces osselets pénètrent, s’évanouit.
Ayoub Neshalla a demandé un prêtre' pour se confes-
ser; on le lui a refusé parce que Mabpooud-Bey, qui se
croit fin, a dit que le pauvre supplicié se servirait de cet
intermédiaire pour faire connaître à ceux de ses enfants
qui se sont soustraits à la cruauté de Mahmoud, en se
mettant sous la protection des consuls doiil ils sont les
drogmans, le lieu où reposent ses trésors. Les turcs ont
ia manie de croire aux trésors cachés. La femme d’Aÿ-
joub s’est réfugiée en Egypte. Le consul de France a
— Allez-vous-en au diable I m’écriai-je, hors de moi-
même.
Et je m’échappai par la première porte qui se trouva de-
vant moi, poursuivi a travers les appartements par le chevalier
qui ne comprenait rien à une telle boutade.
— Eh bienl dit-il, aussitôt qu’il m'eut rejoint, qu'as-tu
doue, mon ami !
— Je ne l'ai pas encore vue ! exclamai-je en me laissant
tomber sir un fauteuil. Il y a certainement uue fatalité sur
moi !
— Voilà qui est incroyable, répondit le chevalier ; quand
je lui ai annoncé que tu étais parti pour lui rendre visite, ello
a répondu, avec un empressement marqué, qu’elle allait ren-
trer immédiatement, el qu’elle serait enchantée de te rencon-
trer eofln...
— Elle a dit : Enfin I
-— Elle l’a dit; et elle a fait mettre ses chevaux au galop...
— Alors, il y a un sort jeté sur nous deux, et J’avoue quo
j'y perds la lête.
Le chevalier me conseilla sérieusement d’écrire à Jl«>* do
Lagny pour lui demander le jour et l'heure auxquels je pour-
rais la trouver. Après ce qui s'était passé, assurait-il. cels pa-
raîtrait tout simple entre deux personnes également empres-
sées de se voir. *
Mais une telle démarche me sembla une avance positive,
que je me sentis d'autant moins disposé â la faire,que je com-
mençais à douter de cette impatience attribuée â M“>* de
Lagny, de me rencontrer enfin.
Cependant, plus intrigué que Jamais, je Jurai de tenir bon
et de la voir â tout prix, fut-ce malgré elle !
Les habitants du château de . . ., avec lesquels je m’étais
tout-à-fait lié. pouvaient penser que j'allais quelquefois chez
eux uniquement pour eux, comme cela était toujours arrivé
par le fait ; je réglai mon plan là-dessus, et je partis un jour
pour ma cinquième visite, décidé à ne pas dire un mot da
M"'« de Lagny et à ne pas quitter la place que je ne l'eusse
vue.
J’arrivai â deux heures de l'après-midi. Tous, le» jeune*
hôtes étalent à la promenade et je me trouvât dans une salis
basse que les vieillards et les enfants de l'habitation occu-
paient: deux hommes assis à une table’ de tric-l'rac. trois
femmes faisant de ta taplasèrie.'èt quatre'tiffants jouant. le
plus hrpyamment possible, au volant, au cheval fondn et à
la eorefe. Je m'installai prés des trois vieilles dames avee uns |