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recevraient le diplôme d’architecte; ceux qui n’au-
raient satisfait convenablement qu’aux questions
scientifiques recevraient le diplôme de construc-
teur.
* *
C’est parmi ces jeunes gens, dont le diplôme est
un garant de connaissances sérieuses, que l’on
choisirait les architectes provinciaux, après leur
avoir fait, pendant deux ans, surveiller et conduire
les travaux de l’Etat et de la province ; ce sera un
moyen d’arriver à placer dans chaque arrondisse-
ment un architecte capable et instruit, joignant à
la technique du constructeur et de l’artiste, les
connaissances pratiques et administratives indis-
pensables.
Le corps, des architectes provinciaux et commu-
naux actuel laisse beaucoup à désirer ; certes, il en
est parmi eux dont le mérite est incontestable, et
ils sont nombreux ; mais à côté de ceux-là, combien
n’en est-il pas dontles connaissances architecturales
ne dépassent pas celles d’un élève d’académie après
deux ou trois années d’études?
Or, les attributions des architectes provinciaux
sont importantes. Ces fonctionnaires sont appelés à
surveiller la construction des édifices nouveaux, la
reconstruction et la restauration des édifices
anciens; ils sont appelés à donner leur avis sur les
projets soumis à l’approbation de l’autorité supé-
rieure, et, enfin, ils doivent veiller à l’emploi des
subsides conformément au but proposé lorsqu’ils
sont accordés.
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Il n’y a pas à hésiter, selon nous,’ et il n’y a pas
de temps à perdre; l’architecte tombe de jour en
jour dans un plus profond discrédit; tout le monde
maintenant fait l’architecte, jusqu’à l’entrepreneur
qui n’a pas su faire de bonnes affaires. Il n’est pas
étonnant, en présence du nombre considérable de
personnes qui quittent toute espèce de professions
et s’emparent du nom d’architecte, il n’est pas
étonnant, disons-nous, que même les architectes de
talent perdent une notable partie de leur autorité.
Nous connaissons même de grands édifices dont
la construction a été confiée à des brasseurs d’af-
faires qui ont, sans doute, beaucoup d’adresse,
beaucoup d’intelligence, mais qui n’ont pas le droit
de prendre le titre d’architecte; ils n’obtiennent la
mission de créer telle ou telle œuvre architecturale
que par des influences d’un ordre tout autre que
celles accordées au mérite, au savoir.
Ces architectes-là sont les plus dangereux, car
ils s’emparent de travaux qui feraient la réputation
de bien des jeunes artistes, lesquels se voient con-
traints de faire, pour un traitement souvent déri-
soire, la fortune et la réputation de ceux qui les
exploitent.
Cela est profondément regrettable, cela est abso-
lument décourageant. Et nous ne comprenons pas
que les administrations, comme les particuliers, ne
voient point l’immense danger auquel ils s’expo-
sent.
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Nous le répétons, il faut d’abord et avant tout
réformer l’enseignement; il faut augmenter l’auto-
rité de l’architecte par le prestige que donne le
savoir et le talent; il faut que l’artiste, le véritable
architecte, puisse s’affirmer, prendre le rang auquel
il a droit.
Et dans l’intérêt même de l’art, il faut mettre
fin à cette distribution arbitraire des travaux à
exécuter.
Il faut ne confier les constructions qu’à ceux qui
ont sérieusement étudié l’architecture et la con-
struction. E. A.
ANVERS
Concours pour la construction de Maisons d’Ouvriers. Compte-rendu
(Suite et fin.)
N° 13. — Mention honorable. — A pour devise : De
deflige werkman is ieders achting weerd. La disposition
est absolument défectueuse et ne nous parait pas avoir été
étudiée; les façades, proprement dessinées, sont froides,
banales et dépourvues de tout caractère.
Ce projet est, dit-on, l’œuvre de M. Decoster, d'Anvers.
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N° 6. — Ce projet présente une disposition assez heureuse;
il répond au programme en ce sens qu’il nous montre des
maisons pour deux ménages dont l’un occuperait le rez-de-
chaussée, l’autre l’étage.
Le rez-de-chaussée se compose de trois chambres et d’une
cuisine, l’étage de deux chambres, d’une cuisine et d’une
sorte de terrasse au-dessus de la chambre du rez-de-chaussée
formant cabinet dans la cour. La troisième chambre sup-
primée à l’étage est ménagée sous les combles.
Chaque ménage est ainsi parfaitement indépendant, et
chaque logement est même complété par une latrine ; mais
si ce projet présente quelques qualités, il a aussi quelques
inconvénients : la cour n’est pas assez spacieuse, la latrine
du rez-de-chaussée devrait être placée dans la cour ; celle du
premier étage pourrait être également disposée vers l’exté-
rieur, disposition désirable au point de vue de l’hygiène.
Les façades sont d’un caractère assez heureux, bien que
nous n’y trouvions absolument rien de neuf au point de vue
de la composition.
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N° 5. — Disposition de plan absolument défectueuse;
l’espace réservé aux cours est insuffisant et nous ne pou-
vons admettre le long couloir imaginé par l’auteur qui
n’ignore pas que les administrations poursuivent la suppres-
sion des impasses.
Les façades sont traitées dans le style ogival, mais les
pignons y sont trop fréquents et l’impression est d’une mono-
tonie désespérante. La silhouette rappelle trop la scie.
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N° 4. — L’auteur de ce projet a été, semble-t-il, fort
préoccupé de conserver le plus d’espace découvert possible ;
c’est certes économique; mais que veut-il loger dans les
chambres d’une maison de 6m25 de profondeur murs com-
pris? Les maisons sont doubles et il arriverait certainement
que vingt ou vingt-cinq personnes se trouveraient réunies en
traversant le porche. Cette disposition est absolument défec-
tueuse.
Les maisons-boutiques sont établies au même alignement
que les autres maisons avec lesquelles elles alternent; c’est
du pittoresque régulier qui ne peut manquer de produire
une fâcheuse monotonie.
Les façades indiquent que l’auteur a été préoccupé par le
souvenir du béguinage de Gand, mais il ne l’a certes pas été
par la logique et les principes de construction les plus élé-
mentaires; c’est ainsi que les linteaux des fenêtres sont for-
mées de briques posées en assises horizontales, au lieu d’être
posées en appareil clavelé.
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N° 7. — Devise : de stad Nuremberg. — Ce projet, qui a
pour auteur M. Reintjens, croyons-nous, est extrêmement
remarquable.
Le plan dont les dispositions générales sont assez heureuses
présente en plus l’idée excellente d’installer au centre des
maisons ouvrières un lavoir commun.
Les façades appartiennent par le style à l’architecture fla-
mande des xve et xvIe siècles avec une légère note de gothique
allemand. D’une variété pleine d’imagination et de verve,
l’ensemble est d’un pittoresque extrêmement riant ; c’est
l’œuvre d’un artiste et d’un chercheur ; il est regrettable que
la somme allouée n’ait pas permis au jury de s’arrêter à ce
projet dont l'exécution serait certainement très-dispendieuse.
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Le N° 20, qui a pour devise : l’Avenir du fer, ne nous
parait être l’œuvre ni d’un architecte, ni d’un ingénieur;
l’idée de construire, de cette façon, des maisons en poutrelles
verticales et horizontales et d’habiller cette maigre ossature
par un remplissage de style gothique est certainement origi-
nale; mais nous conseillons beaucoup à l’auteur de mieux
faire à l’avenir, ce qui ne lui sera pas difficile.
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N° 21. A pour devise : Moralité, Salubrité. — Ce pro-
jet, qui nous paraît être l’œuvre d’un commençant, n'est
remarquable que par la disposition, en général plus heureuse
que celles des Nos 4, 5, 6. Maisons simples, pour deux
ménages.
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N° 22.—Économie, Hygiène, Comfort.—La disposition
des maisons d’ouvriers est loin d’être heureuse, et n’indique
pas que l’auteur se soit fort préoccupé des lois d'hygiène et
du comfort. Quant au point de vue économique, la disposi-
tion qu’il nous offre serait peut-être la plus dispendieuse.
Ce sont encore des maisons doubles, avec un couloir et un
escalier communs. Les quatre ménages doivent passer par le
même vestibule; chacun d’eux aurait deux chambres, une
cuisine, une latrine placée, au rez de chaussée, dans une
cour extrêmement restreinte et resserrée entre les chambres
et la cuisine; on n’arrive à celle-ci qu’en traversant une
chambre et la petite cour; il faut donc passer devant la
latrine.
Les façades sont banales, froides, sans imagination comme
sans caractère.
Généralement, les autres projets sont œuvres de commen-
çants; nous croyons pouvoir ne pas nous en occuper. Nous
dirons encore, cependant, que ce concours, assez intéressant,
l’eût été bien plus encore si l’administration avait donné plus
de temps aux concurrents et si elle n’avait pas demandé des
dessins aussi considérables.
Concours de la Société centrale d’Architecture.
Le concours annuel organisé par la Société
centrale d’Architecture est ouvert à la date du
21 juin. Il aura lieu dans les conditions habituelles
que nous avons données dans notre n° 4 de la
3e année. Les dessins doivent être remis à M. le
président, rue de la Concorde, 27, à Ixelles, avant
te 1er décembre prochain.
Primes. — La première prime est de 200 francs
et un diplôme.
La deuxième est de 100 francs et un diplôme.
La troisième consistera en une mention hono-
rable (diplôme).
PROGRAMME
UN COMMISSARIAT DE SECTION.
Cet édifice doit réunir tous les services d’une section admi-
nistrative d’une grande ville, savoir :
1° Un commissariat de police et un poste de pompiers.
2° La recette de la section ;
3° Un bureau de poste et télégraphe;
4° L’état major d’une légion de garde civique ;
5° Un comitium ou local pour les élections et autres con-
vocations des citoyens.
Ces différents services seront dégagés par des vestibules,
galeries, cours, etc.
Pour la police il faut : Une salle d’attente, le cabinet du
commissaire, la salle des agents, un bureau de renseignements,
un bureau de population, un ou deux bureaux sans destina-
tion arrêtée, deux ou trois geôles, un corps de garde de pom-
piers avec chambre d’officier et une remise pour une ou deux
pompes et les appareils de sauvetage ; un logement complet
pour le commissaire et sa famille.
Pour la recette, il faut : Une salle d’huissiers, un bureau
pour trois employés, le cabinet du receveur.
Pour la poste, il faut : Une salle publique munie de quel-
ques guichets, d’une table et de quelques chaises ; un bureau
pour quatre employés et un cabinet pour le chef.
Pour la garde civique, il faut : Une salle d’huissiers, un
bureau pour l’adjudant-major, une salle de conseil et un
dépôt d’armes.
Le comitium doit être installé d’après les prescriptions de
la nouvelle loi électorale belge; il doit contenir six bureaux
électoraux composés chacun :
1° D’une antichambre pouvant contenir facilement 350 à
300 électeurs ; elle communiquera au bureau par deux issues
servant, l’une d’entrée, l’autre de sortie ; entre les deux
issues une petite estrade élevée de quelques marches, d’où le
secrétaire fait l’appel nominal des électeurs.
2° Le bureau proprement dit doit être un espace assez
grand pour contenir avec des espaces convenables la table du
scrutin et six isoloirs.
Outre les locaux désignés il conviendra d’établir un loge-
ment de concierge.
Les concurrents auront à fournir les plans, coupes et élé-
vations nécessaires pour la parfaite intelligence de leurs
compositions, à l’échelle de cinq millimètres par mètre.
La contenance et la forme du terrain sont laissées à l’ap-
préciation des concurrents.
FAITS DIVERS
BRUXELLES. — Travaux publics. — Le département
des travaux publics a transmis récemment à l'administration
communale de Bruxelles un projet pour la transformation de
la partie de la rue de la Régence comprise entre la place
Royale et le Petit-Sablon.
La largeur fixée pour cette voie est de 23 mètres ; le pont
de fer est supprimé, ce qui permet de régulariser la pente et
de supprimer ces affreuses fosses et bosses si désagréables à
l’œil. Un autre avantage du projet, c’est qu’il comporte non-
seulement le dégagement de l’église du Sablon, mais encore
qu’il déterre pour ainsi dire ce splendide bijou gothique. Tous
ceux qui entrent par la porte du transept, rue de la Régence,
s’aperçoivent du mauvais effet que produit cette entrée placée
à un mètre plus bas que le pavé de la rue ; or, le projet dont
nous parlons corrige complétement ce défaut, en abaissant le
pavage, en cet endroit, d'un mètre 10 centimètres.
L’église sera entourée de plantations et mise ainsi dans
l’état où nous la représentent deux des tableaux de notre
Musée historique.
Le Petit-Sablon est converti en un square d’une disposition
élégante et dont le dessin est dû au crayon de notre habile
architecte, M. Beyaert. Conçu dans le style des jardins dits
français, et entouré d'une grille de peu d’élévation, ce square
s’étend presque de niveau avec la rue de la Régence, vers le
fond de la place ; il est donc bordé de ce côté par un mur de
soutènement surmonté de balustrade et décoré de verdure.
Un escalier à double rampe le met en communication avec le
pavé en face de l’hôtel d’Arenberg; au palier de cet escalier
est placé le groupe des comtes d’Egmont et de Hornes, avec
fontaine jaillissante dont les eaux vont se perdre dans un
bassin circulaire, autour duquel nous avons vu avec plaisir
que l’on avait ménagé toute une série de gaines ou piédestaux
destinés, sans doute, à recevoir des bustes. Nos squares
modernes ne sont que trop dépourvus de cette décoration
sculpturale dont nos pères tiraient de si charmants effets ;
têmoin le Parc.
Le projet d’ensemble comprend encore la construction
d’une église protestante, dans l’angle formé par la rue de la
Régence, la rue 'de l’Arsenal et la rue Bodenbroeck, à peu
près où sont maintenant l’estaminet du Pont de fer et
l’Hôtel Windsor. On sait, en effet, que la chapelle protes-
tante actuelle fait partie des bâtiments du Musée, auxquels
elle doit être réunie sous peu, pour être convertie en musée
de sculpture.
Le projet prévoit aussi le détournement ou plutôt le rac-
cordement de la rue de Ruysbroeck avec la rue de la Régence,
au moyen d’une courbe qui déboucherait à l’angle de la rue
Bodenbroeck. Le gouvernement a déjà, paraît-il, fait l’acqui-
sition de la maison n° 13, dans le but de donner un commen-
cement d’exécution à ce projet, exécution qui ne paraîtra pas
très-onéreuse, si l’on songe à la nécessité de l’élargissement
de la rue de la Régence, laquelle devient à coup sûr l’une des
plus belles et des plus remarquables de la ville.
C’est à M. Lavallée, l’inspecteur général des bâtiments
civils et qui dirige si habilement cette administration, que
nous sommes encore redevables de ces heureuses modifica-
tions. M. Beernaert y a été très-favorable et a vigoureuse-
ment travaillé à leur prompte exécution ; nous espérons que
son successeur s’empressera de suivre la même voie et qu’il
tiendra à honneur de terminer ce qui est si heureusement
commencé. |