Full text |
Le Préeiu'»eur
. i
i ■ i
!$ii
■ i.
de la garde nationale se réunirent pour se rendre devant
la maison du curé de Saint-Jacques, où la foule slalion-
nait ; mais avant qu’il y eut une force suffisante pour
s’opposer au désordre qui s’accomplissait, les pertur-
bateurs avaient eu le temps d’enfoncer la porte et les
fenêtres de la maison du curé et d’y pénétrer. La mai-
son a été dévastée, les meubles brisés ou jetes par la
fenêtre.
Néanmoins la gendarmerie, la garde nationale à pied
et à cheval et l’artillerie sont parvenus à débarrasseï un
assez large espace de la rue de Vesle devant la maison
du curé ; la garde a pu s’y établir eten déloger la foule)
Vers dix heures et demie du soir, l’ordre n’etait pas en-
core positivement rétabli. A minuit des patrouilles par-
couraient les rues ; à cette heure tout le désordre avait
complètement cessé et il n’en restait d’autres traces que
les débris des meubles et de la maison du curé, dont les
rues voisines étaient jonchées. A une heure après mi-
nuit, la tranquillité la plus profonde régnait dans toute
la ville.
Dans la soirée et pendant les intervalles du jet des
projectiles contre la maison curcale, quelques voix oui
entonné les commencements de la Marseillaise, de la
Parisienne et du Chant du départ.
Al. Poisson, sous-prélet, s’èiailrendu de bonne heure
devant la maison assaillie ; il a vainement cherché à
calmer les perturbateurs.
Le curé et le missionnaire se sont échappés comme
par miracle ; un bataillon de troupes de ligue a été de-
mandé à Châlons ; nous aimons à croire qu’au moment
où nous écrivons les scènes deplorablesque nous venons
de raconter ont entièrement cessé.
P. S. Jeudi 13 décembre, à 10 heures du matin. —
La garde nationale a repris ce matin sou service à
l'Hôlel-de-Ville. Des curieux se pressent autour de la
maison saccagée, mais tout est tranquille et fait croire
que l’ordre ne sera pas troublé de nouveau.
Un homme de cœur et de dévouaient, n’écoulant
que la voix de l’humanité, a sauvé les ecclésiastiques
de la maison envahie par la foule.
BELGIQUE.
Bruxelles, 16 décembre. — Hier, le roi a assisté au
service divin dans la chapelle du palais.
S. Al. a reçu une députation de société cotonnière, et
«nsuite le sieur Felluy, cultivateur du Hainaut.
Le roi a présidé le conseil des ministres.
— S. Al. la reine a assisté hier au Te Deum, qui a
été célébré à Sle-Gudule, à l’occasion de l’anniversaire
de la naissance du roi.
Le cortège de la reine était de quatre voitures à six
chevaux, précédées et suivies de détachements du regi-
ment des guides, commandés par le lieutenant-colonel
Bryon. Deux officiers d’ordonnance du roi étaient à
cheval à la portière de la voiture de la reine.
La reine portait une robe de satin bleu-clair, garnie
d’une magnifique dentelle d’un pied de haut et un cha-
peau de velours (leur de pensée. S. Al. était accompa-
gnée de ses dames d'honneur, de AI. le grand-maréchal
du palais, du grand-écuyer et de tous les aides-de-camp
du roi.
Aussitôt que l’arrivée de S. M. a été annoncée, Algr
le cardinal-archevêque de Alalines et tout le clergé sont
allés au-devant d’elle jusqu’à la porte principale. Après
un très court compliment de Mgr le cardinal, la reine a
été conduite processionnellementau trône qu’elle devait
occuper, à gauche de l’autel, sous un dais de velours
rouge. A droite de l’autel un dais avait été placé pour
Mgr le cardinal.
Déjà toutes les autorités étaient réunies. Dans le
chœur à droite les ministres, les présidents du Sénat et
de la Chambre des Représentants , le gouverneur de la
province, le collège des échevins de la ville de Bruxelles,
le premier président de la cour de cassation et de la
cour d’appel, le président de la haute-cour militaire ,
celui de la cour des comptes et celui de conseil des
mines.
A droite , les ministres plénipotentiaires de France,
d’Angleterre, d’F.spagne , d’Autriche et du Brésil ; les
chargés d’affaires du Saint-Siège, de Prusse, etc., les
secrétaires de légation et attachés. Derrière, tout l’état-
major général de l’armée ayant à sa tête le général flurel.
plusieurs généraux de l’armée, le général d’Hoogvorst et
l’état-major de la garde civique.
Le reste du chœur était rempli par les sénateurs et
représentants en très grand nomhre, les membres des
cours et tribunaux, plusieurs membres du conseil pro-
vincial et beaucoup d’officiers supérieurs.
La nef dans laquelle une double haie était formée
par la troupe de ligne, avait éié destinée aux officiers
de l’armée et de la garde civique, aux élèves de l’école
militaire et aux blessés de septembre. La haie sur le
passage de la reine était formée par la garde civique et
-îa compagnie des chasseurs Chasteler.
Dans l’église, il y avait une foule à étouffer.
Le Te Deum chanté à grand orchestre est celui de
Gbérubini.
Après floraison, M. le cardinal-archevêque, dont les
ornements étaient d’une richesse éblouissante, a donné
la bénédiction pontificale.
La reine a été reconduite jusqu’à la portière de sa
voiture par Al. le cardinal et le clergé. Son Exc. est
restée à la porte de l’église jusqu’au moment où la voi-
ture de la reine a pu partir.
M. le cardinal a été reconduit ensuite processionnel-
leroent par le clergé jusqu’à la maison du doyen de
8tt.-Gudule.
—- Une sérénade a été donnée hier au roi dans ses
appariements. S. M. a été frappée des sons extraordi-
nairesetsaisissanls d’un instrument nouveau, joué avec
une perfection rare, par un jeuneamaleur de cette ville.
Le roi et la reine demandèrent qu’il leur fût présenté.
Elles ne furent pas peu surprises d’apprendre que le mu-
aicien qui faisait preuve d’un si beau talent d’exécution,
était lui-même l’inventeur et le constructeur de la ma-
gnifique clarinette-basse dont elles avaient le premier
specimen entre leurs mains. Mais leur surprise fut
moins grande, lorsque Al. Snel apprit à LL. M51. que
cet habile artiste était le fils deM. Sax, célébré facteur,
auquel on doit un si grand nombre d’excellents instru-
ments, appréciés dans toute l’Europe.
— Nous avons annoncé hier le départ pour Paris de
M. le comte d’Ansembourg et de M.Alelz. Ces messieurs
sont porteurs d’un mandat de leurs collègues du Uni-
bourg et du Luxembourg, dont voici les termes :
Les soussignés, membres du sénat et de la chambre
des représentants pour les provinces de I,imbourg et
do Luxembourg,
Invitent leurs collègues, AlM.lecomle d’Ansembourg,
sénateur, et Charles de Aletz, membre déjà chambre
des représentants, à se rendre à Paris auprès des mem-
bres du gouvernement et des chambres, a l’effet de pro-
tester contre tout projet de déchirements du territoire
de ces provinces et de déclarer qu’à tout prix le Luxem-
bourg et le Limbourg veulent rester Belges.
Bruxelles, le 14 décembre 1838.
Signés : comte de (Juarré, chevalier de Bousies, de
Schiervel, Berger, Zoude, d’Hoffschmidt, de Puydt,
Van Muyssen, Pollénus, de Uenesse, Simons, Coruely,
Raymaekers, de Longrée, Beerenbroek, Schyven.
AUI. d’Ansembourg et Aletz doivent distribuer aux
membres des deux Chambres, 1° une carte dont le titre
suivant indique suffisamment l’objet : Carte des provin-
ces belgiques, ci-devant départements français de la
Lys, de l'Escaut, des Üeux-Néthes, de la Meuse infé-
rieure, de Jennnàpes, de ta Dyle, de l'Ourthe, de
Sambre et Meuse et des Forêts, donnés à la Hollande,
comme accroissement de territoire, par les truités de
Paris du 30 mai 1814 et 20 novembre 1813, constitués
ensuite sous le nom de Provinces méridionales du
royaume des Pays-Bas, grand-duché de Luxembourg
compris, affranchis depuis 1830 et formant le royaume
de Belgique ; 2° une note sur la question Luxembour-
geoise.
ANVERS, 17 DÉCEMBRE
M, le colonel en chefdc la garde civique d’Anvers n’a
point accepté l’invitation que l'autorité communale lui
avait adressée d’assister en corps au Te Deum, chanté
à l’occasion de l’anniversaire de S. Al. le roi. On assure
que ce refus est la conséquence de l’ordre donné par le
collége des bourgmestre et échevins de cette ville de
suspendre l’organisation de celte institution.
Par contre, plusieurs officiers, le colonel en tête,
avaient souscrit et se sont réunis à un banquet conjoin-
tement avec quelques officiers de la ligne, pour célébrer
la fête du roi. La plus franche cordialité a présidé à
cette réunion, où des couplets analogues à la circon-
stance ont été chantés.
— Hier soir, Al. le gouverneur comte de Looz a donné
une brillante soirée, à l’occasion de l’anniversaire de
S. Al. le roi. Toutes les autorités civiles et militaires,
ainsi que plusieurs notables de la ville ont assisté à
cette réunion.
— Hier, vers 8 heures du soir, un canonnier de la 8*
batterie du 2° régiment d’artillerie est tombé dans le
grand bassin. Retiré de l’eau un quart d’heure après.
Al. le chirurgien Leva, qu’on voit partout où il y a des
malheureux à secourir, lui a prodigué tous les soins que
son état réclamait, mais inutilement, le canonnier avait
cessé de vivre ; son corps a été transporté à l’hôpital
militaire.
— Le koff belge Diana,de la maison De Dccker-Cas-
siers de cette ville, qui avait été monté sur coulisse à la
Téte-de-Fl mdre, pour recevoir desréparations majeures
dans les œuvres-vives, vient de finir l’opération et le
navire sera lancé à la marée de ce jour , pour entrer
immédiatement dans sa navigation sur Hull.
Delà même marée, le koff Jeune Caroline, cap.
Vatrien, de la même maison, montera l’Escaut jusqu’à
Boom, où il sera monté sur coulisse, afin de visiter et
calfater les fonds.
Il y a eu aujourd’hui beaucoup d’agitation à la bourse,
par suite de la suspension subite des paiements de la
banque de Belgique et de sa succursale. Ou déplorait
beaucoup cet évènement, qui certes est d’une très haute
gravité, dans un moment surtout où le crédit avait be-
soin de soutien.
Nous aimons à espérer que demain nous serons à
même de tranquilliser le Commerce d’Anvers sur les
conséquences que pourrait avoir cet événement ,
s’il est vrai, comme on vient de nous l’affirmer que
la succursale d’Anvers, forme un établissement distinct
et non solidaire de la Banque de Bruxelles.
TÊTE DÉ KUIT A GUILLAUME TELL.
L’inauguration de la nouvelle salle de danse, au local
de la Société, a été brillante : elle a eu lieu, hier soir,
à l’occasion de l’anniversaire de la Naissance du Roi.
L’architecture en est élégante et simple. Une galerie
circulaire entoure la partie delà salle destinée à la dan-
se. La voûte est soutenue par seize colonnes de l’ordre
corinthien. Le goût le plus pur a présidé à la décora-
tion : des draperies bleues et blanches festonnaient de
leurs plis ondoyants les croisées en carreaux d’un verre
mat, et ajoutaient encore à l’éclat des brillantes toilet-
tes qui se faisaient admirer à l'envie. Des lustres ma-
gnifiques répandaient une éclatante lumière sur celte
belle et nombreuse réunion : le coup-d’œil était magi-
que.
Un concert magnifique a ouvert la fête , il a été exé-
cuté par le 2e régiment d’artillerie avec une très grande
précision. Immédiatement après le concert, les danses
ont commencé et se sont prolongées jusqu'à cinq heu-
res du malin.
Notre correspondant de la Zélande nous mande que
les garances de la récolte de 1838 étaient tellement de-
mandées, qu’on a eu peine à se procurer quelques par-
ties; les premières qualités 2|1 se paient fi. 28, 29 et
même 30; les sortes ordinaires fl. 23, 26 et 27. Les ga-
rances de 1836 et de 1847 sont recherchées par conti-
nuation; mais il n’y a pas de vendeurs.
JOUBNACX HOLLANDAIS, du 16 décembre.
On lit dans le Uandelsbad: « On a reçu à la Haye le
projet de traité. Ou a le plus grand espoir que tout se
terminera bien. L'Angleterre s’est complètement ralliée
au système des cours du Nord , et a laissé la France
libred’agir comme bon lui semblerait, Onsaura bientôt
jusqu’à quelpoinlon peut se fier aui assurances du ca-
binet français.»
Le Handelsblad contient sur l’acceptation des bud-
gets un article, dont voici la traduction :
» La 2'chambre a adopté les budgets. Pourquoi ca-
cherions-nous que celte nouvelle nous est agréable ?
Non que ces budgets soient en eux-mêmes une excel-
lente chose. Nous approuvons, au contraire, lus criti-
ques dont iis ont été l’objet de la part d’une fraction de
la représentation nationale. Nous reconnaissons qu’il s’y
trouve beaucoup de lacunes et d’irrégularités, ainsi que
des choses peu conformesàl’esprilde la loi fondamentale.
» Alais il faut considérer ces budgets moins sous le
rapport domestique que sous le rapport politique. Leur
adoption montre que la représentation nationale veut
soutenir les efforts que fera le gouvernement pour dé-
fendre l’honneur et les intérêts du pays. Les membres
qui ont voté cette adoption à cause, des circonstances,
n’ont considéré les budgets que comme de simples lois
de crédit.
» Cependant nous respectons l’opinion des membres
qui n’ont pas cru trouver dans les circonstances des
raisons suffisantes pour adopter les propositions du gou-
vernement.
» Il est certain, et sur ce point nous sommes de leur
avis, qu’une année suffit au gouvernement pour prépa-
rer des budgets qui soient rédigés d’une manière moins
boiteuse que ceux qui viennent d'être adoptés. Dans
l’intérêt de la concorde qui continue de subsister, nous
croyons qu’il importe au gouvernement de prendre cela
en considération pour l’année prochaine.
» Alais pour le moment, dans l'etal de nos relations
politiques , l'adoption des budgets sera une nouvelle
preuve de l’étroite union qui existe entre le gouverne-
ment et la représentation nationale. Le peu de mots
qui ont été prononcés hier à la 2e chambre, auront de
l’écho là où on parait compter trop peu sur notre ferme
résolution de defendre nos droits et nos intérêts. >>
JVtiUveHes diverses.
On écrit d’Arlon, le 14 décembre: Le 18, le gouver-
nement fera adjuger au chef-lieu pour être livré du 20
au 31 de ce mois, à Abay, les objets suivants à l’usage
du service militaire 200 hectolitres de genièvre; 6,000
kil. de sel ; 20.000 kil. de viande sur pied, l’équivalent
de 70 bêtes à cornes.
Les pièces relatives au projet d’une route d’Aubange
à Virton seront déposées, depuis le 20 de ce mois jus-
qu’au 20 janvier 1839, à l’hôtel du gouvernement pro-
v nci .1 du Luxembourg, à Arlon, et un registre y sera
ouvert pendant ce temps, pour recevoir les observations
auxquelles ce projet pourrait donner lieu.
— Un correspondant du Joui rai du Havre, arrivé de
Bahia dans celle ville, déclare que le bruit d’une insur-
rection à Kahia, accrédité par les journaux anglais est
dénué de tout fondement.
— On vient d’avoir recours à Berlin à l’emploi du bien
de Prusse, pour empoisonner un éléphant enragé. On
avait inutilement essaye sur cet animal tous les autres
moyens.Un grand nombre de médecinsassislaient à celte
expérience. L’animal n’a succombéqu’après deux heu-
res de souffrances. Le roi de Prusse a fait acheter cet
éléphant remarquable pour 400 fr. et l'on doit enrichir
de sa dépouille le musée de Berlin.
— On écrit de Lure (Haute-Saône) : « Le village de
Champaguey vient d’être le théâtre d’un tragique évé-
ment. Georges-Jcan-Baplisle Lacour, âgé de vingt sept
ans, soldat au 38e régiment de ligue, vint, il y a près
d’un an, eu congé illimité dans sa famille qui habite le
village de Champaguey. Marie-Thérèse Lacour, sa cou-
sine, âgée dedix-sept ans, ne tarda pas à fixer particu-
lièrement son attention. Alais les parents de Thérèse
lui déclarèrent qu’il fallait renoncer à toute pensée d’une
union entre leur fille et lui à cause de son manque de
fortune. En même temps , ils recommandèrent à leur
fille de ne plus voir Georges Lacour. Celui-ci s’abstint
pendant quelque temps de voir Thérèse ; mais cette
contrainte ne fit qu’augmenter son amour. Il pénétra
bientôt nuitamment dans le domicile de Thérèse ; ni
les difficultés de l’entreprise, ni le ressentiment du père
de Thérèse, qui déjà avait levé contre lui une cognée et
avait menacé de l’en frapper, ne pouvaient l’arrêter.
» Le 1er ou le 2 décembre, le bruit du départ de La-
cour arriva jusqu’aux oreilles des parents de Thérèse.
Les dernières entrevues qu’ils avaient eues avec lui et
quelques paroles qu’il y avait laissé échapper avaient
excité dans leur esprit une anxiété que cette nouvelle
n’était pas propre à calmer. Aussi redoutant quelque
vengeance de la part de Lacour avant qu’il partit, peut-
être un incendie, ils résolurent de veiller alternative-
ment durant chaque nuit, jusqu’à ce qufils eussent la
certitude de son éloignement. Le 4, Lacour se rend à
Belfort, y achète un fusil, un pistolet, une demi-livre
de balles, de la poudre et des capsules. Le 3, sur les 11
heures du soir, dans une chambre au rez-de-chaussée
où dormait Lacour père, Thérèse, sa mère et sa sœur,
veillaient et travaillaient; un coup de feu se fait entendre.
Thérèse tombe dans les bras de sa mère, en proférant
ces dernières paroles : <i Ma mère, embrasse-moi ! »
Son malheureux père se réveille; à la vue du sang de
salifie, il s’arme de sa cognée et s'élance hors de sa mai-
son. A vingt pas, ii aperçoit Lacourqui lâche un second
coup de fusil et prend la fuite. Un ne sait encore si ce
second coup de feu a été tiré sur le père de la victime ou
si Je meurtrier a voulu tenter de se suicider. Un troisiè-
me coup de feu sefit entendre environ dix minutes après;
c’était Lacour qui venair de le diriger contre sa per-
sonne, à quelques pas du domicile de ses père et mère.
Instruite ussitôt de cet événement, la gendarmerie de
Rouchainp vint arrêter Lacour qui respirait encore,
quoique défiguré par sa tentative de suicide.
» L’inculpé, bien qu’il éprouve une grande difficulté
à s’exprimer, donne , dit-on, avec un horrible sang-
froid lous les détails qui lui sont demandés sur le crime.
C’est avec son fusil, dit-il, qu’il a tiré sur Thérèse alors
qu’il la voyait debout derrière la fenêtre de la chambre
où elle se trouvait. Il était bien sùr de ne pas la man-
quer ; aussi l’a-t-il vue tomber. S’il lui a donné la mort,
c’était pour qu’un autre ne la possédât pas.
» Lacour vient d’être transféré dans les prisons de
Lure. Ses blessures, bien que graves, ne paraissent pas
devoir être mortelles. Il affirme avoir tiré trois coups
de feu sur sa personne sans pouvoir parvenir à se don-
ner la mort. »
-r- On redoute fort en Pologne l’approche de l’hiver.
Le prix du pain dans ce pays est exorbitant et partout
le bois, malgré l’abondance, est en hausse.
Chronique Industrielle, Agricole et Commerciale.
circulation monétaire en ri'ssie. — Tant que les
premiers 100 millions de papier-monnaie créés sous le
règne de Catherine 11 ont représenté des roubles d’ar-
gent, ou les a échangés contre do l’argent en les payant
*
à 1 0|0 et 1|2 de prime, à cause de la facilité du trans-!
port. Alais, lorsqu’on commença à abuser de cette fa-
culté de battre monnaie, la confiance se relira. On
échangeait de grands billets contre des petits, afin d'a-
voir le solde en petite monnaie de cuivre. Plus tard, le
papier-monnaie commença à perdre en valeur, et an
lieu de gagner une prime, on le donna avec escompte.
Lapertcqu’il éprouvait était plus ou moins forte suivant
les événements politiques. I.a plus grande dépréciation
eut lieu, lorsqu’après la paix de Tdsiti les ports lurent
fermés au commerce avec l’Angleterre, et que la somme
de ces billets s’élevait à environ 800 millions de rouble».
Le rouble en argent valait en 1812 (au 12 avril) 4 rou-
bles 20 cops en papier.
A celle époque de guerre , alors que l’ennemi péné-
tra jusqu’au centre de l’empire, on devait naturellement
avoir des craintes sur le sort du papier-monnaie et re-
douter une dépréciation ultérieure de sa valeur. Il ar-
riva précisément le contraire : la confiance l'emporta
dans la grande majorité de la nation ; et comme un
grand nombre de familles riches se retirèrent dans le»
parties éloignées de l’empire, le papier-monnaie offrit
un transport plus facile que l'argent, et ce dernier si-
gne monétaire trouva tout d’un coup tant de vendeurs
sur les places principales, que le rouble en argent tom-
ba à 523. Après beaucoup de fluctuations , le cours d»
cotte monnaie monta, à la fin de la même année, jus-
qu’à 400, et se soutint à ce taux pendant la guerre da
1813 à 1814. l’ar suite du retourde Napoléon en Franca
(lorsqu’il vint de l’ile d’Elbe), le cours du rouble d’ar-
gent s’éleva jusqu’à 487 pour retomber bientôt à 400.
A la paix le crédit public s’affermit, le gouvernement
prit des mesures énergiques pour mettre de l’ordre dan»
les finances, et bien que la commission d’amortisse-
ment de la deite publique commençât ses opération»
avec une augmentation considérable daus le chiffre de»
dettes, elle n’a cessé d'exercer depuis une influence sa-
lutaire sur la consolidation et l’ordre de nos finances.
Le ministre des finances de celte époque pensa qu'en
diminuant la somme de papier monnaie existant, il eu
augmenterait la valeur. Ce système donna lieu à d*
nouveaux emprunts dont leproduit futemployé à amor-
tir et à liv reraux flammes les assignations de la banque,
ce qui imposa à l’empire une augmentation d’intérêts.
En sorte que malgré une diminution de 200 million»
de roubles dans lu niasse des assignats de la banque, et
nonobstant l’ordre portant que dans toute l'étendue d®
l’empire toutes les transactions ne devaient se fair®
qu’avec des assignations , le rouble en argent qui jus-
qu’à l’année 1823reste à 373, fournità la preuve quela
théorie d’après laquelle on avait procédé, ne valait rien
dans la pratique.
En remplacement d’environ 200 millions de papier
enlevés à la circulation, les emprunts et les fortes expé-
ditions de blé qui eurent lieu en 1817 et 1818, firent
entrer dans le pays des sommes considérables en or et
en argent. Alais la masse des billets de banque n’était
pas assez considérable pour les transactions, cl comme
le cours à celte epoque se maintint assez long-temps à
400 copeks, on donnait un rouble en argent ou 4 rou-
bles en papier. Lorsque le taux du change donna du bé-
néfice sur l’importation des métaux précieux, le cours
tomba bientôt au-dessous de 400, et ce changement se
fit également ressentir dans le commerce ordinaire. On
commença alors à stipuler le paiement en argent mon-
nayé afin d’éviter toute variation du cours du papier.
En ce moment, on paie à Aloscou et dans la plu»
grande part e de l’empire 20 °|0 de prime sur l’argent;
voici le tarif : 1 rouble en argent, 4 roubles 24 copeks
en monnaie d’assignats de banque; 1 rouble en petite
monnaie d’argent, 4 r. 60 cop.; une piastre espagnole
3 r. 73 cop.; une pièce de 20 fr. 21 roubles. ASl.-Pé-
tersbourg, quand on achète en monnaie :1 rouble arg.
vaut 3 r. 73 c.; un petit rouble en argent 400 cop. Dan»
une grande partie de la Livonie, en Courlande et dan»
quelques autres gouvernements, on ne trafique qu’en
roubles en argent; mais il y a celle difficulté qu’on n’y
trouve pas de petite, monnaie, parce que dans les pro-
vinces orientales, elle a une plus grande valeur, eton
s’est vu obligé d’admettre les mauvais florins polonaiï
comme petite monnaie. (Borsen-Halle du 24 nov.)
Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que les trait**
envoyées par la banque d'Angleterre aux Etats-Unis, mon-
tant à 2 millions sterling, et qui avaient été protcslées fauta
d’acceplation, ont toutes été payées, à l’exception de la somnif
de 4i)0 liv. st.
Al Cowel. agent de la banque d’Angleterre, doit revenu
au printemps, et AL Bloke . qui était parti comme un de IW
adjoints, est revenu par le (irai t- H este m. Les lettres par-
ticulières des Etats-Unis annoncent que la demande des trai-
tes sur l’Angleterre, que l’on voulait envoyer par le Gréai-
tFcstern, était très considérable, et que les ncceptolioD* eD
avaient été faites à 110 1|2. Ce haut prix avait alarmé le» ban-
ques de New-York , qui craignaient qu’il ne fût question d»
nouvelles exportations d’espèces , et elles avaient en consé-
quence resserré leurs escomptes ; ce qui avait exercé une cer-
taine influence sur la place et amené une légère baisse sur la
cours des différentes valeurs.
Le fret en espèces apporté par le Great-Western n’est P®*
considérable, car il ne s'élève pas à plus de 100,000 dollar»;
et comme la banque des Etats-Unis est décidée à mettre d»
nouveau en circulation ses billets à 108 3|4, on n’embarquera
plus d’espèces. La rareté de traites sur Londres à New Yor»
est un indice de la rareté des marchandises anglaises, et e»
conséquence les produits de nos manufactures s’y vendaient
très avantageusement et donnaient l'espoir qu’ils trouveraient
un prompt débouché dans toutes les villes commerçantes de
l'Union. Les changes de l'intérieur commençaient à s'améliff'
rer, et on ne doutait pas qu’au lrrjanvier prochain toutes ht
banques des Etats-Unis ne payassent au comptant tous leur»
billets. (Moniinx-Croniele )
COMMERCE.
VCB.CS D’AN VERS , DU 17 DÉCEMBRE.
CAFÉ. — Les ventes de ce jour consistent en 1100 bal ”
Brésil à 26 3;4 et 200 balles à 27 3|4 cents. Des offres ont et*
en outre, faites pour parties, mais sans résultat marquant.
COTON. — Ou a réalisé quelques lots d'Amérique et S®'
rate à différents prix. . j
SUCRE BRUT. — I) s’est traité 60 caisses Havan» bl°"«
à f. 19. pavillon étranger,et 700 nattes Manille brun 4 F
inconnu.
Rien de saillant à citer dans les autres article*.
REVUE COMMERCIALE D’ANVERS
DU 10 AU (7 DÉCEMBRE.
La semaine écoulée a été pour quelques articlês un P*
plus active que celle qui l’a précédée, mais les arrivages no r
frent en somme que peu d'importance. Les café», de no '
veau en faveur, ont provoqué des affaires importantes. L
sucres bruts, également plus animes, se sont feraemen |