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AOTEB®, liiimlS 11 DECEMBRE 1888.
(Quntrtème Aiuié£.)
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A divers, au Bureau da
’récm'seitr, rue des Fa-
jti N° 1095, où se trouve
ne boite aux lettres et où
Divent s’adresser tous le»
vis.
£n]Belgique el à l’âtra n*
r,chez tous les direc-
■urs des postes.
A Paris, à l’Offlce-Cor-
jspondance de Lepelle-
er-Bourgoin et comp.',
ieNotre-Dame-des-Vic*
lires N° 18.
LE PRECURSEUR
\ . .
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX.
LISSRTS.
PROGBÈS.
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RUSSIE.
Saint-Pétersbocg, le 27 novembre. — L’autocrate ,
ranl de partir pour Moscou avec sou gendre futur , a
lit publier trois ukases significatifs.
Le premier de ces ukases,qui est en date du 28 oclo-
rc (9 novembre), ordonne que.pour mettre un terme à
immense désertion qui a lieu dans l’arrnée russe éehelo-
lée sur les frontières de la Turquie d’Europe et de celle
l’Asie, il sera accordé une récompense en argent comp-
lut à tout sujetdu sultan qui arrêtera un déserteur russe
le livrera à ses chefs. Le montant de cette récompense
ira déterminé par le commandant du corps auquel le
léserteur arrêté appartient, et il sera paye dans le plus
bref délai possible, afin d’encourager les Turcs à s’occu.
eravec zèledel’arrestation des transfuges moscovites.
Cet ukase n’a pas besoin de commentaires, il montre
Éisamment de quel esprit les troupes russes de Car-
iée du Midi sorti animées.
Le second ukase qui a été rendu le 1r (15) novembre,
lorte que les fils des fonctionnaires civils el militaires,
lielle que soit la classe à laquelle ils appartiennent,
(près avoir servi l’état pendant quatre années consé-
lulives, obtiendront respectivement le grade d’officier
livil ou militaire. Cette mesure, qui accorde les privi-
légi’S de la noblesse personnelle à un très grand nom-
bre de bourgeois el de paysans qui, d’après les lois en
ligueur jusqu’ici, étaient incapables de jouir de ces pri-
liléges, est une concession faite à ces deux classes d’ha-
pilanls.
Le troisième ukase , qui est du 3 (13) novembre, est
a acte de pur despotisme. Cet ukase ordonneque tous
|» enfants naturels des basses classes, c’est-à-dire de
lus les habitants, excepté les nobles el ceux qui ont le
hng d’officier civil ou militaire, seront inscrits sur les
listes des serfs de la couronne, el pourront, comme tels,
Ve employés par le gouvernement aux travaux de co-
tisations, el à tous les autres travaux dont celui-ci ju-
terait à propos de les charger.
- Le voyage de l’empereur Nicolas à Moscou en com-
ignie du duc de Leuclitenberg, a été plus rapide qu’on
pensait. Parti le 23 ou le 24, il était de retour le
Novembre à St.-Pétersbourg.
ANGLETERRE.
Lmdrm, 14 décembre. — Le Courrier anglais pu-
blie un article où il dément que l'Angleterre veuille
|®vre une autre politique que la France à l’égard de
^Belgique. Si elle adhère à la cession du territoire ,
lest que le gouvernement français s’est montré dispose
|en faire autant.
La Gazette de Londres publie une proclamation de la
(tine Victoria contre les rassemblements noctures, à
b lueur des torches (by torch light). Elle ordonne aux
IwifTs. constables et autres officiers de la police d’user
•0 besoin de tous les moyeus en leur pouvoir pour dis-
Vser les délinquants.
hPcïiiESeton du Précurseur.
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ACCUSAVlONS CONTRE LA RUSSIE.
Les accusalions contre la Russie, à propos des évé-
nements du Canada, continuent de trouver place dans
les journaux de Londres :
« Divers bruits, dit le Sun, ont couru cette semaine
sur les sympathies des Russes pour les rebelles du Ca-
nada. Suivant une de ces rumeurs, les agents russes à
Paris ont l’ordre de ne rien ménager pour envoyer au-
tant d’officiers polonais qu’ils pourront en corrompre
aux Etats-Unis, où l’on prend déjà des arrangements
pour leur assurer un beau grade dans l’armée rebelle.»
Le Globe lance son accusation sous la forme d’une
lettre de New-York :
« Les intrigues russes ne sont pas étrangères à la
dernière révolte du Canada, porie celle lettre. L’accueil
hospitalier que les réfugiés polonais ont reçu en Angle-
terre a profondément irrité le czar ; aussi fait-il lous
les efforts imaginables pour troubler ces relations bien-
veillantes. C’est sans doute dans ce but qu’il a envoyé en
Amérique un certain colonel Von-Schultz . avec ordre
de se dire polonais, pour mieux atteindre le but de sa
coupable mission. Cet individu , qui n'est qu’un Russe
déguisé, avait ouvert ici un bureau depuis le 13 octobre,
el y avait convoqué tous les réfugiés pour délibérer sur
le sorl de leur malheureuse pairie.
» Cet homme n’est qu’un agent secret de la Russie,
qui avait reçu mission d’exciter nos compatriotes à se
joindre aux insurgés du Canada pour attaquer !e gou-
vernement anglais sous la bannière de la liberté , et le
czar aurait signalé au cabinet de Sl-James l’ingratitude
des Polonais. »
C’est aussi dans ce kens que parle le Times:
» Nous savons positivement, dit-il, qu'un agent russe
à New-Xork. se disant réfugié polonais, a fait des ouver-
tures directes aux«4’tAonais refugiés en Angleterre. Il
a offert de l’argent en abondance pour le transport de
volontaires à la frontière, el leur armement aux Etats-
Unis. On a identifié la cause des patriotes canadiens
avec celle de l’indépendance de la Pologne. Heureuse-
ment les Polonais ont découvert le piego qu’on leur ten-
dait, d’une part, créer des embarras au gouvernement
anglaise!) Amérique; d’autre part frapper d’impopula-
rité la cause des Polonais en Angleterre. »
ESPAGNE.
(Correspondance particuliere.) .
On croyait fiai cette crise qui avait commencé le 18 novem-
bre dernier, jour où le ministère Frias avait donné sa démis-
sion en masse; elle recommence.
Hier, il a été donné lecture, à la chambre des députés de
plusieurs ordonnances royales nommant à divers départe-
ments MM. Silvela, Gonzales el Charon el ce matin la Gu-
selle n'annonce officiellement que la nomination de M Pi-
zarro au ministère des finances ; en sorte que le ministère qui
paraissait être réorganisé ne se compose plus que de M. le duc
de Frias qui se conserve la présidence et le portefeuille des
affaires adintérim, du général Alaïx et de M.Pizarro.—MM.
de Valgornera, de la Viga et Couzoa conserveront, ad inté-
rim leurs portefeuilles.
LE CAPITAINE ROSCOFF,
J Bêlait un marin donl le front ridé témoignait de longues
rus passées sur le pont de son vaisseau à regarder les étoiles;
Fis à travers l'empreinte des fatigues on remarquait les
ps d’une profonde tristesse. Provenait-elle de la philosophie
Ru apporte l’expérience des voyages autour du monde, ou de
IMque chagrin vivant enseveli dans son sein comme un po-
i!Pf au fond de l'Océan? Ses plus intimes connaissances n'en
fusient rien. De même que le corsaire de Byron, le capitaine
VWoff, qui avait été corsaire, lui aussi, ne trahissait pas ses
FSSteros. Un soir néanmoins, la tête échauffée par le rum,
I ™c auprès d’amis d’enfance retrouvés après vingt ans, et
pu les récits d’amour venaient d'animer la conversation, il
'•montra discret.
* Voyons, capitaine, dit l’un d'eux, as-lu aimé ? Conte-nous
Pde (es bonnes fortunes; crois-tu à la constance, toi ?
1 “Le constance, non, je n’y crois pas, el j’ai de bonnes rai-
pl pour cela, répondit-il brusquement.
'Tu parles comme si tu avais enterré une de tes maîtres-
“DI dansé, après, un pas de bourrée sur sa tombe.
" J'ai fait pis. repartit le capilaine, avec un air sombre.
•-Comment ! pis ? que diable as-tu donc fait? Dis-nous
Y^turc; allons, laisse briller quelques éclairs dans la
T"1*dont tu t’enveloppes ordinairement ; illumine ton Sinaï.
Lcoutcz. reprit le capitaine en avalant un nouveau verre
r r<>n> qui sembla faciliter le passage au secret dont il pa-
1 usaitOppressé. Il y a une fatale histoire d'amour dans mes
t1'cnjrs; jài survécu , et de quelle façon, grand Dieu 1 à la
Iln | une b’,nlne que j'adorais. Je me suis plongé depuis
I;1 Ifs délices que m’ont offertes les aimées d'Egypte, les
f Tarières de l'Inde et les danseuses de l’Opéra de Paris ;
ne puis étourdir ma mémoire ; un affreux tableau re-
|J! .?e Piacer sous mes yeux dans les instants où je cherche
I Dl1 Je le vois à présent... tenez... il est là... •
i ws yeux du capitaine parurent égarés comme dans une
Formation,
l( jour, reprit-il en revenant à lui, je me promenais sur
j" "rcBé de Constantinople ; on y amena une jeune Grecque
te:.6 a!lmiral)|e beauté; elle avait seize ans au plus. Figu-
IJr.'°usPerfection de la Vénus de Praxitèle. Jamais les
|.e ej!s Dulpteurs de son pays n ont créé de statue plus acbe-
lu’ J fcbetai cet enfant, et j’en devins bientôt éperdument
f Rireux. Zulmé, ayant perdu toute sa famille au milieu d'un
I sacre exécuté par les Turcs dans une petite ville des eô-
Kn, ,ne/ar(I’1 pas, grâce à mes soins protecteurs, à reporter
r» Moi. «------ '■ • ... ~
non pas son maître mais son esc ave. toutes les nffec-
esoname naïve. Je savais le grec, je lui parlai son lan
Bue m’aima bientôt autant que j» l’aimais Quel bon-
76 'I'
Pour 1,101 d habiter avec elle quelque Ile de la
®rr«née, et u de ru’énivrer sans cesse do ton
amour;
mais je me trouvais forcé de suivre une auire destinée. J c
commandais un bâtiment monté d'hommes appartenant à
toutes les nations et faisant le métier de pirates On mécon-
naissait comme Surcouf dans les mers des Indes; la gloire,
dont quelques prises éclatantes avaient entouré mon nom, l'es-
poir d’un riche butin, le désir de prodiguer é Zulmé toute»
les jouissances de la vie asiatique, me relancèrent sur l’im-
mensité des eaux. Zulmé voulut m'accompagner, je cédai à
ses désirs ; combien en effet il m’eût coulé de partir seul !
» Nous fîmes voile vers Pondichéry. La traversée fut heu-
reuse d’abord; le vaisseau marchait bien. L'étoile des corsai-
res nous guidait ; nous nous emparâmes même d'un infâme
négrier après quelques heures de combat; nous revendîmes
les nègres plus lard à un de ces négociants de Nantes qui font
la traite en secret, les misérables ! ce fut une bonne affaire.
J'avais sauté le premier à l’abordage malgré les prières de
Zulmé; ma troupe me savait brave; il fallait montrer que le
mariage ne m’avait pas amolli. Je reçus une légère blessure
au bras, que Zulmé guérit avec le baume de ses baisers. Elle
m'assura qu’elle se serait jetée à la mer si j'avais été tué, et
moi je lui dis que, si elle venait à mourir, je renoncerais aus-
si à l’existence. Zulmé, tourmentée par les chaleurs du tropi-
que, était tombée malade; je ne quittai pas son chevet. Le
vaisseau courait sur la foi de mon lieutenant.
» Il arriva que mon lieutenant, qui connaissait peu ces
mers, nous laissa dériver dans un golfe de rescifs Une nuit
nous allâmes donner sur un banc de corail Réveillé en sur-
saut par le choc (la fatigue des veilles m’avait endormi un
moment), je m'élançai sur le pont et je vis toute l’imminence
d’un naufrage. Les vagues en furie poussaient le vaisseau
contre des rochers à fleur d’eau et toute la nuit je crus qu'il
se brisait en éclat à chaque minute.
» Lorsque le jour fut venu je compris l'horreur de notre posi-
tion. Un rocher, dont la crête étendue et semée de quelque»
Ilots boisés s’élevait un peu au-dessus du niveau des vagues, à
quelque distance, me parut le seul refuge que nous eussions.
Je fis détacher la chaloupe ; j'y mis des hommes que j’envoyai
reconnaître cette ile dangereuse. Ils revinrent nous appren-
dre que l'on y pouvait aborder avec la chaloupe ou à la nage
mais non pas au moyen du vaisseau. Je pris le parti d’y faire
débarquer tour à tour mes hommes et mes provisions. Nous
commençâmes par les provisions, que l’eau de mer envahis-
sait. Ce débarquement nous occupa tout Le jour. Zulmé était
si souffrante que j’attendis l’heure où eRç sommeillait pour
la faire transporter au plateau ; mais au moment où je me
disposais à partir avec elle , après cire resté le dernier sur le
vaisseau, selon le devoir d'un capilaine en ce»!occasions , une
violente rafale éloigna la chaloupe ;la mer, sourdement agitée
par une tempête, se gonfla et secoua sa crinière d’écumes en
hurlant comme une lionne en fureur. Le vaisseau échoué, em-
porté tout d un coup comme par enchantement, fila sur les
flots orageux avec une incroyable vitesse, dans un sens opposé
au rocher. Ea peu de temps uous perdîmes nos compagnons
de vue, et je demeurai seul près du lilde Zulmé, sur un vais-
On assure que le courrier qui est parti aujourd'hui pour
France emporte aujourd'hui la nomination officielle du mar-
quis de Miraflores à la présidence du conseil : l’acceptation de
ce diplomale semble être très douteuse.
La reine a reçu, hier et aujourd’hui, les députations des
deux chambres conduiles par les présidents respectifs de ces
deux députations. M. Moscoca d’Altamira pour le sénat et
Martinez de la Rosa pour la chambre des députés.
Le gouvernement est autorisé à examiner la conduite des
deux généraux, Cordova et Narvaez il doit être nommé une
commission pour décider si le comte deCléonard pourra pour-
suivre le député Alvarez.
FHAXCE. — Paris, 15 décembre.
CHHOKIQCE ET BRUIT» Bï SALOIV.
». desages. — On sait maintenant d’une manière po-
sitive que la mission de M. Desages à Londres, avait
pour but d’obtenir de la conférence un délai d’un mois,
pour décider la Belgique au sacrifice de son territoire.
On croit que la conférence à cédé à celle demande. On
attend le retour à Paris de Ai. Desages qui doit arriver
ce soir ou demain matin pour terminer ta rédaction du
discours de la couronne.
Les nouvelles arrivées de Belgique ont commencé
avant-hier à faire quelque impression à Londres. On
avait cru jusqu’alors que les Belges se soumettraient à
la nécessité et abandonneraient les territoires contestés
du moment où ils s’apercevraient qu’ils ne sont pas
soutenus par le cabinet des Tuileries. Aiais on a appris
que l’on s’occupait activement à fortifier la citadelle
d’Anvers cl les forls environnants. Des ordres sembla-
bles ont etc donnés dans toute la Belgique. Il parait
aussi qu’un emprunt de 12 millions serademandé aux
chambres belges pour faire face aux dépenses nécessi-
tées par lous ces préparatifs.
acte de deut. — Le Journal des Débats suit aujour-
d’hui les traces de la Tresse. 1! contient sur l’Angleterre,
à propos des affaire» du Canada, des réflexions qui, pour
être revêtues de formes moins acerbes, n’en sont pas
moins conçues dans un esprit qui sera certainement peu
agréable au cabinet Melbourne. Celle publication tire
de l'importance du voyage de M.Desages. Rapproché de
celle mission, l’article ministériel est ou une prodigieuse
maladresse, ou un acte de dépit indiquant le peu de
succès qui attend notre négociateur.
programme du ministeri. — Nous appelons l’atlenlion
sur le paragraphe suivant de la chronique de la Reçue
des Deux-Mondes qui semble tracer le plan de conduite
adopté par le ministère pour la prochaine session :
Quant au programme du ministère, deux jours encore
et il sera connu. Sa politique extérieure n'est pas chan-
gée , on nous l’assure, et c’est sans peine que nous le
croyons. Les actes qu’il fait en conséquence , il les jus-
tifiera à la tribune, les traités el les pièces en main.
Pour les questions intérieures, on le dit décidé à pro-
poser la conversion dès que la solution de l'affaire belge
nous aura donné la tranquillité nécessaire pour une
opération aussi gigantesque. Nous demandions directe-
ment une notable diminution des fonds secrets et nous
avons su depuis que nous n’avions fait que prévenir les
vues du cabinet. On sait aussi qu’il a préparé des me-
sures efficaces pour venir au secours des entreprises des
chemins de fer, et pour réparer autant qu’ii est en lui
les erreurs de l’opposition qui a combattu si opiniâtre-
ment les projets du gouvernement el les travaux par
I Etat. Enfin les projets de loi sur l’amélioration de»
[irisons , sur les sucres et d’autres questions d'intérêt
public, sont préparés et n'attendent que l’assentiment
de la chambre. Il se peut que l’opposition entrave ces
projets comme elle en a entravé de semblables dans la
dernière session; mais n'a-t-elle pas remédie à loot par
l’abolition des luisde septembre et par le suffrage uni-
versel.
un phénomène. — La menagerie du jardin des plantes
attend un miracle. M. Geoffroy St-Ililaire aurait pri»
plaisir à composer lui-même un monstre né d’un siugo
de la grande espèce el d’une jeune chienne épagneule.
On attend la naissance. La mère de ce futur phénomène
s’appelle Tliisbé, elle est fort jolie.
mIIc palcon. — Un journal prétend et nous avons
beaucoup de peine à ajouter foi au pareil bruit que Ma-
demoiselle Falcon, ne voyant pas revenir sa belle voix,
se décide à débuter au Théâtre français dans la tragé-
die.
troubles a RBEiMS. — Des troubles graves ont eu lieu
à Rheims le 12 de ce mois, à l’occasion d’un sermon
prononcé par un missionnaire dans une église de cette
ville. En voici quelques détails :
Un prédicateur a prononcé en chaire les paroles sui-
vantes : ïc Bientôt après, un jeune conquérant qui avait
enchaîné à son char la victoire, donl la volonté de fer
commandait en maître au continent de l’Europe, donl le
regard d’aigle faisait trembler sur leurs trônes les rois
el les empereurs, ses vassaux, sesâlliés et scs victimes,
voulut, lui aussi, renverser la puissance pontificale; il
l’exila loin des sept collines, il la chargea de fers....;
appuyé sur la garde de sa victorieuse épée, il se pro-
menait une victoire facile.... mais la providence veil-
lait sur le laible contre le fort... L’étoile de Napoléon
pâlit. Pie VII remonta sur le trône pontifical où il ren-
dit son dernier soupir. Ses cendres vénérées reposent à
Saint-Pierre rie Home... et vous le savez, le grand guer-
rier fut jelé à 2,000 lieues sur un rocher de l’Atlantique,
où ses cendres sont encore sans gloire et sans honneur.»
L'Industriel de la Champagne ajoute : Le sermon
était terminé, le prédicateur était depuis quelque temps
renlréchez M. le curé de Saint-Jacques, lorsqu’une foule
nombreuse se porta devant la maison de celui-ci, en
faisant entendre des cris et des menaces contre le mis-
sionnaire. Des projectiles furent lancés dans les volets,
et le désordre et la destruction de la maison commen-
çaient.
L’emploi des moyens ordinaires de police ayant para
insuffisant pour la répression des excès , qui s'annon-
çaient vers six heures et demie, la générale fut battue
dans plusieurs quartiers de la ville . afin d’appeler la
garde nationale aux armes. La gendarmerie à pied et à
cheval, des pelotons d’infanlcrie et quelques cavalier»
seau démâté, entr’ouvert, errant au gré des vagues contraires
etdu vent.
» Celte position affreuse, que je ne pus cacher à Zulmé,
l’effraya moins que moi. Si malade qu’elle était, elle n’avait
pas de forces contre la mort. Elle suspendit ses bras à mou
cou en disant avec résignation :
« Notre heure est venue. »
» Je tâchai de ranimer son espoir. Soudain une affreuse
pensée me saisit. J'avais fait décharger toutes les provisions ;
il ne restait rien dans !e vaisseau que quelques bouteilles de
rum et deux ou trois biscuits seesdansl'armoire de ma cabi-
ne. La faim, avec toutes ses angoisses . allait nous assaillir.
Zulmé demanda à prendre sort repas accoutumé ; je trempai
dans un peu d'eau qui restait les biscuits oubliés, et je lui eu
portai un morceau imbibé ; elle s'aperçut de notre indigence;
et, soupirant, elle me proposa de s’attachera moi avec toutes
ses écharpes réunies, et. enlacés dans un pagne étroitement
serré, de nous précipiter dans les flots. L’espérance qui n’a-
bandonne jamais les marins me retenait encore ; je lui dis
qu'il serait toujours temps de mourir. Une brise carabinée
semblait nous pousser vers la terre.
» Nous passâmes un jour encore dans ces cruelles transes.
Le biscuit diminuait; moi je prenais du rhum ! je ne touchais
pas à la nourriture de Zulmé. Le lendemain, le dernier mor-
ceau de biscuit se trouva consommé; les tiraillements de la
faim se firent bientôt sentir au faible estomac de cette pauvre
femme; elle expira désles premières atteintes. Vous expri-
mer quelle fut ma douleur et combien de larmes je versai
sur le corps de Zulmé, serait au-delà de mon pouvoir. Il me
parut odieux de la jeter à la mer pour qu’elle devînt sous mes
yeux la proie des requins qui se jouaient dans le sillage du
vaisseau. Je promis de la garder là , avec moi, jusqu’à ce que
la mort vint me glacer prés d'elle, si aucun secours ne m'ar-
rivait et ne me permettait de l'emporter pour la faire déposer
en terre sainte. Vous savez que j’ai la dévotion di s marins.
» Ma robuste constitution et le rum quo j’avais pris eu
quantité me soutinrent encore jusqu'à la fin du jour, mais
bientôt un horrible appétit s’empara de moi. Je fouillai en-
core une fois le vaisseau du haut en bas; rien à manger, rieu;
je ne rencontrai qu'un peu de beurre salé laissé dans quelques
ustensiles de cuisine. Quels mets pouvais-je y apprêter ? Je
vis qu'il fallait me résigner à mourir de faim, et je revins
m’asseoir prés de ma chère Zulmé. Je la regardais avec un
œil d'envie.
» Heureuse Zulmé, m'écriai-je, le ne souffres plus, nous
allons être réunis pour toujours. J'ai beau interroger l'espace,
aucune voile ne parait. J’aurais voulu conserver ton beau
corps, selon l’usage égyptien, dans une caisse parfumée, et
j'en aurais fait l’objet de ma constante adoration. Il vaut
mieux après tout que nous reposions ensemble sous le
vaste linceul de l'Océan.
» Dans ce moment la faim cria plus fort du fond de mes
entrailles ; une voix, une voix de démon sans doute mêlée à
un ouragan qui passait, me jeta dans le cerveau une épou-
vantable idée. Ce corps si frais encore et si beau, «elle chair
ravissante colorée par les derniers reflets de la vie. comme la
neige des montagnes au coucher du soleil... Vous comprenez,
messieurs ; combien de récils de naufrages vous ont appris ces
horribles expédients! N'avez-vous pas lu dans le poème do
don Juan de lord Byron. le récit d’une de ces effroyables
avenlures ? Je repoussai ces suggestions d’une puissance in-
fernale ; je saisis un poignard indien que je portais toujours
sur moi décidé à me percer le cœur, plutôt que de céder à ces
tentations ; mais il.me restait encore une bouteille de rum
de vieux Jamaïque. Je ne jugeai pas à propos d'abandonner
celte liqueur aux poissons qui en connaissent peu l’usage ;
donc je la bus en fumant mes derniers cigares.
» Que se passa-t-il ensuite , comment osai je assouvir m»
faim? Est-il bien vrai que Zulmé, dont le matin je h’avais
pas voulu livrer le corps aux requins, trouva chez son avide
amant lui-même un sépulcre monstrueux.... A peinéèe cri-
minel festin était-il fini que la mer, irritée apparemment,
acheva d'enfoncer le vaisseau. Fendu en deux, il s'affaissa, j*
fus emporté par les vagues. Je nageai long-temps, à l'instant
où mes forces se perdaient, je inisla main sur un débris auquel
je m'attachai. Je demeurai le reste de la nuit ballotté par le»
flols. en luttant contre eux, cramponné à ma planche de salut.
Quelle nuit ! Les requins m'effleuraient en passant et m#
menaçaient des triples rangées de dents de leurs mâchoires.
Un d eux avala quelque chose qui ressemblait à un corps hu-
main et flottait près de moi. C’était Zulmé I Morte, elle ma
sauva de nouveau la vie ; car j’étais dévoré si le requin ne s é-
tait accommodé du reste de mon dîner. Des oiseaux vorace*
tournoyaient sur ma tête, et par leurs cris semblaient n'appe-
ler afin de dérober une proie aux monstres de l’abîme. Je fu»
recueilli dans cet état, presque à demi mort, paé des pêcheur»
d’une petite île sur le bord de laquelle me portèrent le»
courants. ,
» Voilà donc, mes amis, quelle es’l la lâcheté de l'existence!
moi qui, devant les autres hommes, me suis battu si vaillam-
ment, qui ait affronté tant de coups de sabre et de fusil, ani-
mé par l'idée de la victoire, par le désir du pillage, par l’amour-
propre de chef, moi, le capitaine Roscoff, dont le nom fait
trembler la Compagnie des Indes . j’ai frissonné devant une
mort solitaire, au milieu de l'Océan ; moi, le plus amoureux
des mortels, je me suis nourri de ma maîtresse comme un ver
de la ionibe ; mes dents ont eu la barbarie de transpercer sa
blanche peau, sa peau si tendre, donl mes lèvres caressante»
redoutaient autrefois d'effleurer I épiderme I Telle est la vie,
hélas I »
Le capitaine Roscoff se tut, et acheva de vider la bouleills
de rom placée à côté de lui.
« Terrible histoire en effet! dit un des interlocuteurs; man-
ger sa maitresse I c'est bien fort.
— Ne pas lui garder fidélité après cela, voilà le mal surtout,
poursuivit un second.
— Vous le voyez, ajouta un troisième, la constance est une
chimère, messieurs. »
Hipfoltts LUCAS.
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