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^ FiC Précurseur.
» A midi,les grandes députations de la chambre des pairs et delà
chambre des députés; les députations de la cour des comptes; le conseil
royal de l’instruction publique; la députation de la cour royale; l'Insti-
tut; M. le préfet de la Seine; M. le préfet de police; MM. les maires, ad-
joints et membres du conseil municipal de Paris; du tribunal de pre-
mière instance et du tribunal de commerce de Paris; le consistoire de
l’église réformée de Paris; le consistoire des chrétiens de la confession
d’Augsbourg; le consistoire central israëlite; MM. les juges de paix de
Paris et les autres corps constitués; M. le préfet de Seine et-Oiseet MM.
les maires de Versailles et autres du département; MM. les officiers-gé-
néraux supérieurs et autres qui ne font point partie delà garnison,ainsi
que MM, les fonctionnaires civils, militaires et autres.»
Chambre des Députés,
Séance du 50 décembre.
PRÉSIDENCE DE M. LAFITTE , DOTES D’AGE.
Le bureau provisoire est introduit à une heure et demie.
L’ordre du jour appelle le scrutin pour la nomination des secrétaires
de la chambre.
Voici le résultat du scrutin : Nombre des votants, 252; majorité, 127.
Les suffrages se sont répartis comme il suit : MM.de Lespée,160 voix;
de Las-Cases, 156; Lacrosse, 141; Boissy-d’Anglas; 129; Havin. 122.
MM.de Lespée, de Las-Cases. Lacrosse et Boissy-d’Anglas ayant seuls
réuni la majorité des suffrages sont proclamés secrétaires de la cham-
bre.
Le bureau définitif se trouve constitué par cette dernière opération.
m. Lafitte, président d’âge, prononce un discours par lequel il ap-
pelle le nouveau bureau à prendre place. Mais il mêle à cet appel des
considérations qui y paraissent si étrangères que des interruptions et
de longs murmures éclatent dans toute la salle. M. Laffitte reproche au
gouvernement des tendances rétrogrades et un esprit de vénalité. (In-
terruption violente.)
m. lafitte. Mon âge m’autorise à vous dire vos vérités. (Nouveaux
murmures.)
L’orateur descend du fauteuil et cède la place à M. Sauzet.
m. saczet, président définitif, monte au bureau avec les secrétaires
élus. Il donne l'accolade habituelle au doyen d’âge, et prononce le dis-
cours suivant :
« Messieurs, reprenant cette place on vientde me rappeler votre con-
fiance persévérante, je me félicite de m’y voir entouré de tons les collè-
gues que déjà vos suffrages m’avaientdonnés. Un tel honneur est pour
votrebureau un précieux encouragement et une force nouvelle pendant
celte seconde session. La première s’était ouverte au milieu de* plus
douloureuses émotions. Ces inquiétudes calmées, un nouveau gage
donné à l’avenir de notre dynastie nationale et de nos institutions, le
besoin de fixité, la foi dans la durée, tout atteste la force et l’union des
pouvoirs oonstitütionnels.
» Cet accord a produit le plus précieux 'des biens : la sécurité dans la
liberté ; mais la sévérité de vos devoirs ne saurait en être relâchée ; elle
nous impose la vigilance qui maintient et le travail qui féconde.
n Dans les jours d’orage, le pays sait que toutes l’énergie de ses re-
présentants s’applique à les conjurer, et il ne demande pas compte d’un
temps consacré à son salut.
» Mais quand la tranquillité est raffermie, sa juste impatience appelle
la satisfaction detous les besoins moraux et matériels, le perfectionne-
ment de ses droits, le développement de ses forces, la consolidation de
sa prospérité.
» Il nous appartient de donner par nos délibérations un libre essor à
cette activité nationale, qui se déplace, mais ne tarit jamais, et dont
une sagesse prévoyante peut seule diriger le discours.
» Déjà, messieurs, de grands pas sont faits dans cette voie; vous y
avez vous-mêmes marché. De nombreux travaux sont maintenant pré-
parés et n’attendent plus que la discussion publique.
• La première session a remplisonœuvre;quela seconde fassela sienne;
que la Chambre y concourre tout entière avec son bureau par l’ordre
de ses délibérations,par la prompte et sage distribution du travail; qu’au-
cune idée salutaire ne soit omise, qu’aucun moment nesoit perdu; sa-
chons montrer tout ce qu’on peut attendre d’une nation intelligente et
forte, gouvernée par des institutions libres et méritons ainsi la recon-
naissance du pays. »
Ce discours est suivi de nombreuses marques d’approbation.
m. le président. Je propose, suivant l’usage, devoter des remercî-
ments à notre doyen d'âge et au burea u provisoire,
voix nombreuses. Non ! non !
voix de gaucue. Si, si ! c’est l’usage!
m. le président. Je propose à la Chambre de voter des remercîments
à son doyen d’âge.
les mêmes voix. Non ! non!
voix df. gauche. Si! si!
m. le président. Y a-t-il opposition ?
voix nombreuses. Non ! non!
d’autres voix moins nombreuses. Oui! Oui!
m. le président. Au nom de la Chambre, je vote des remercîments
au bureau provisoire.
La séance est levée et ia prochaine réunion renvoyée à mardi.
Discours de M. ï.aBtte.
Nous reproduisons le discours que M Laffitte a prononcé comme pré-
sident d’âge; il fait connaître le point de vue auquel se place l’opposi-
tion de l’extrême gauche pour juger la situation :
m. lafitte. Messieurs appelé pour la seconde fois à l’honneur de vous
présider, je n’abuserai pas du privilège de mon âge.
Les souvenirs douloureux que je, retrouve à cette place me condui-
raient peut-être à vous parler de mes appréhensions pour l’avenir et je
ne veux en ce moment que vous remercier de la bienveillance dont
vous venez de me donner un nouveau témoignage ; mais en présence
d’une situation qui ne me parait pas sans danger, ma conscience m'or-
donne de vous dire ce que la France attend de vous.
Dans le cours de votre session; en dehors du programme officiel de
vos travaux, des occasions s’ouvriront sans doute d’examiner si nos
dernières illusions et notre fortune iront s’engloutir dans le gouffre ou-
vert à nosportes. (Murmures en sens divers) Si la lutte engagée dans
quelques localités (Oh ! oh !) entre le gouvernement et les pouvoirs élec-
tifs ne contient pas en germe, une lutte plus grave (allons donc): entre
deux principes que depuis quatorze ans nous travaillons à concilier. Si
le calme artificiel créé à la surface du pays suffit à notre dignité et à
notre sécurité (ah! ah!); si le désordre et l'anarchie ne sont pas au fond
de notre situation, et si la loyauté et la droiture dans l’administration
des affaires publiques ne sont pas préférables aux ressources de la vé-
nalité (vive interruption) au profit de ia corruption.
une voix. C’est intolérable.
m. lafitte , au milieu du bruit. Je ne pousserai pas plus loin mes in-
vestigations ; mais songez-y, les factions meurent, les ministères pas-
sent, les systèmess’épuisent, et nous, messieurs, nous resterons respon-
sablesdes obstacles que le pays rencontre dans le développement des
conditions de puissance et de prospérité qu’il devait attendre de la ré-
volution de juillet.
J’invite M. le président et MM. les secrétaires définitifs à venür occu-
per lesbureaux.
le théâtre de Pékin, des Burgraves, traduit en chinois.
Le second prophète a une prédiction beaucoup plus grave.
« Une noble victime du despotisme et de l’arbitraire, qui. dans un mo-
ment d’absence, aura débité trop chaleureusement de l’art scénique au
détriment de ses père et mère, chantera une cantate en l'honneur du
printemps. Le chef-d’œuvre de poésie se verra couronné avec les cir-
constances les plus aggravantes, et ce digne nourrison des muses ren-
trera dans son phalanstère, accablé d’éloges et non de pensions. »
Un prophète qui se permet le calembour, est bien peu digne d'estime.
Mathieu Laensberg n’a, à propos du mois de juin, que trois senten-
ces relatives à un duel qui aura lieu dans ce mois
Le premier prophète parisien annonce que M. Jal, historiographe de
la marine armera une goëllette et ira en course pour trouver un édi-
teur; qu’il fera naufrage sur le Pont-Neuf à Paris, et sera sauvé par un
fabricant d’allumettes chimiques,auquel il adressera des remercîments
en vers : émotion de celui-ci.
Le second prophète ne dit pas un mot qui ait le sens commun; le so-
leil du printemps lui trouble le cerveau.
Pour le mois de juillet, Mathieu Laensberg annonce ceci : Travestis-
sement ministériel.changement d’hommes, changement d’enseigne, in-
commutable exploitation.
Le prophète liégeois doit avoir commis une erreur; ce qu’il donne
comme une prophétie, n’est-il pas une nouvelle de l’année dernière ?
Les deux prophètes parisiens n’ontqu’uneseuleprédiclion au mois de
juillet prochain l’Empereur Nicolas donnera l’ordre que les fêtes dejuil-
let soient célébrées dans tout son empire. M. Guizot lui enverra M. le
marquis de Custine pour le remercier.
Le prophète Mathieu n'a pour le mois d’août que des sentences. Un
des prophètes parisiens annonce que, dans ce mois, M. Alphonse Karr
sera nommé capitaine d’une compagnie de la garde nationale, à cause
de la régularité avec laquelle il fait son service. L’autre prédit, pour la
même époque, la naissance d’un enfant qui, à peine âgé de huit jours,
commentera les œuvres de M.Ballanche, les incompréhensibles critiques
de M. Sainte-Beuve, jouera aux dominos et donnera une manière cer-
taine de se faire 5,000 fr. de rente en élevant des lapins. La famille éplo-
rée de ce phénomène s’empressera de l’étouffer après lui avoir voté une
médaille d’honneur.
m. dupont. Vous auriez pu dire cela à la tribune.
m. lafitte. Le privilégede mon âge me permet de vous dire de vos
vérités. .
HOLLANHE.
Botterdam, 50 décembre.— Vers minuit, les restes mortels de S. M.le
roi Guillaume-Fréderic, comte de Nassau, ont été débarqués du Cerbe-
rus. S. M. le roi Guiilaume II et le prince royal étaient arrivés ici inco-
gnito. pour voir les dépouilles mortelles de leur auguste père et grand-
père. Ils sont aussitôt après repartis pour La Haye.
Par un avis publié par le chambellan maître des cérémonies du pa-
lais, il est porté à la connaissance du public que l’enterrement de S. M.
Guillaume-Fréderic, comtede Nassau,aura lieu mardi 2 janvier,à Delft,
avec le cérémonial prescrit par le programme.
Amsterdam, 51 décembre.— A la Société des Effets publics, l’escompte
mensuel a produit quelque mouvement dans les affaires. Des fonds na-
tionaux, les intégrales étaient plus favorables, ainsi que les espagnols et
grecs.— Les portugais principalement demandés.
Intégrales 54 5|4, 15| 1 G, 5|4. — Ardoins 20 15| 16. Différée esp. 18 5]16,
1[2, coupons 20 I|16, 21. —5 0|o5l 5|8,1111 G, 1)2.— Portugais 45 1[8,5|8,
1[4,5[8. — Grecs, obi. bldiff. 12 1 ;2, 12 ex-divid.
BELGIQUE.
AXVI.HK , 1er J A.WIEK.
Ce matin est arrivé de Londres le bateau à vapeur belge Princess-
Victoria, avec un chargement complet et 14 passagers.
— La chaloupe de pêche Pan Balen, arrivée ce matin, avait à bord
120 cabillauds vivants. Cette chaloupe, par suite de mauvais temps, s'é-
tait échouée à Flessingue; tout son poisson était mort.
— Les pièces de 2 fr. nouvellement frappées, portent sur la tranche
ces mots : « Dieu protège la Belgique.» Jusqu’à présent, de même que
les pièces françaises à l’effigie de Louis-Philippe, elles n’avaient reçu
qu’un simple cordon.
— On lit dans V Annonce de Bruges :
Nous avons appris de très bonne source que la fabrication de toiles
avec du fil mécanique prend beaucoup d’accroissement à Roulers. On
assure même qu’à Roulers et banlieue au delà de cinq cents tisserands
s’occupent uniquement de ce genre de fabrication et y trouvent une
existence, sinon brillante, du moins assez supportable.La marchandise
s’écoule du reste facilement. On attribue surtout ce résultat à la bonne
qualité du fil mécanique que nos filatures livrent actuellement au com-
merce.
— Les journaux anglais jugent tous d’une manière favorable le dis-
cours de Louis-Philippe à l’ouverture des chambres françaises ; ils ap-
plaudissent surtou taux paragraphes relatifs à l’Espagne et à la Grèce.
— Les nouvelles les plus récentes de la Méditerrannée portentque de
tous côtés on est à la poursuite des pirates. On craint qu’lis ne soient
passés dans l’Océan. S’il en est autrement, de grandes chances se pré-
sentent pour qu’ils soientatleints. Plusieurs bateaux à vapeur français,
anglais et grecs, et un bâtiment de guerre américain, se sont mis" en
croisière etcourent sur toutes les voiles qu’ils aperçoivent.
Six cadavres sans tètes ont été rencontrés à la mer. On pense que ce
sont les corps des marins qui montaient la barque dont nous avons parlé.
— On écrit de Stuttgard, le 25 décembre : L’exposition des deux ta-
bleaux belges de Debiefve et Gallait a été close aujourd’hui; ces toiles
ont attiré un nombre extraordinaire de visiteurs.
— On écrit d’Altona (Danemarck).le 25 décembre :
«A juger d’après l’activité extraordinaire avec laquelle les travaux
du chemin de fer de notre ville à Kiel sont poussés, il n’y a pas le moin-
dre doute que ce grand rail-way, dont la longueur sera d’environ dix-
sept lieues d’Allemagne, ou près de trente-neuf lieues de France ne soit
entièrement achevé dans le commencement de l’été prochain. A l’aide
de cette voie et des services de bateau à vapeur qui existent, d’un côté,
entre Copenhague et Kiel, et de l’autre côté entre Hambourg et le Ha-
vre, le trajet entre la capitale de Danemarck et celle de France pourra
être exécuté en trois jours, ou trois jours et demi tout au plus,
« L’établissement de cette route en fer est de la plus haute importance
pour toute la partie del’Allemagne qui est baignée parl’Elbe. parce qu’il
opérera, moyennant ce fleuve, la jonction de la Baltiqueavec la mer du
Nord ; aussi, la presque totalité des fonds quela construction de ce rail-
road exige, a été fournie par des négociants des villes situées sur les
bords de l’Elbe. »
— Notre correspondance et celle des journaux anglais signalent ce
fait que M. Katakazy, lors de son arrivée à Constantinople et de son dé-
part pour Odessa, a été traité malgré sa disgrâce officielle, avec la plus
grande distinction par M. Titoffet le personnel de ia légation russe.Ce
qui confirme une opinion assez accréditée que cet ambassadeur n’a été
sacrifié qu’en apparence et qu’il avait suivi à la lettre ses instructions.
— Dans un livre qui vient d’être publié sur l’intérieur des bagnes,
nous lisons les détails suivants sur le fameux forçat Collet :
« Collet commença ses opérations dans un couvent de la Lombardie.
Frère-quêteur, il s’enfuit avec 3,000 francs de recette, et se retire chez
le cardinal Fesch, qui lui fait un accueil bienveillant. ColleL lui vole une
bulle d'évêque, et se présente avec le titre et le costume de prince de
l’Eglise à Saspelle, où tout le clergé lui rend hommage, il assiste à l’or-
dination de soixante séminaristes, auxquels il donne sa bénédiction,
puis il leur débite sur l’ordre un sermon de Bourdaloue.
« Forcé de renoncer aux dignités ecclésiastiques,Collet vient à Paris,
se fait présenter au ministère de la guerre et reçoit une commission de
lieutenant dans un régiment de ligne en garnison à Brest. Peu con-
tent de cette place , qui ne satisfait pas ses hautes ambitions ,
il se crée, de son autorité privée, une commission d’inspecteur général
il se confère les pouvoirs d’organiser l’armée de Catalogne; habile
faussaire, il se fabrique l’autorisation de puiser à son gré dans les
caisses de l’Etat, se compose un état-major, passe des revues, distri-
bue des croix, comme il avait distribué des bénédictions. Toutes ces
escroqueries conduisirentà la fin Collet au bagne de Brest, où il passa
dix-neuf ans dans une sorte d’opulence dont personne n’a pu encore
pénétrer la source. C’est un des mystères du bagne de Brest. »
— On écrit de Raguse, 2 décembre :
« Les secousses de tremblement de terre deviennent tous les jours, à
toute heure, plus sensibles. Ce matin, à quatre heures trente minutes,
un tonnerre souterrain prolongé, qui fut suivi d’abord d’une secousse
très violente, puis de plusieurs secousses plus faibles, nous ont réveillés.»
Suivant des nouvelles récentes de Guatemala arrivées par la voie
des Etats-Unis, la colonie belge formée dans celte république n’a pas
tardé à obtenir du gouvernement gualeraalesien toutes les concessions
qui avaient été promises à ceux qui avaient conçu le projet de fonder
cette colonie. (Globe.)
Le Diario mexicain du 9 novembre a publié un décret daté du 5
ootobie, acceptant le projet pour la colonisation de Tamaulipas, pré-
senté par un Belge, M. Alexandre de Groot, et dans lequel celui-ci s’en-
gage à introduire dans un terme de dix années, sur le territoire qui lui
En septembre, suivant Mathieu Laensberg, le vent et le feu commet-
tront d’affreux ravages;il y aura plus de larmes versées que de répara-
tions obtenues.
En septembre, suivant un des prophètes parisiens, les Anglais feront
cadeau de l’Irlande à la France. Suivant l’autre prophète, un profes-
seur allemand choisira le mois de septembre pour faire connaître au
monde le résultat de cinquante-quatre années de travaux et de veilles.
Il prouvera que la punaise est myope etqu'elle ignore entièrement leS
beautés des poètes latins.
Voici la prédiction de Mathieu Laensberg, pour octobre: Mouve-
ment remarquable dans les populations de l’est et de l’ouest, du midi
au nord ; les peuples auront formé leur union avant que les gouverne-
ments y aient seulement songé.
Les deux prophètes parisiens président pour le mois d’octobre, l’un
le mariage de la Reine Pomaréavec l’abbé Cliàtel ; l’autre la découverte
d’un nouveau système d’éclairage destiné à remplacer le gaz, et qui
consistera à faire brûler, dans un vase quelconque, 140 bout de coton
imbibé d’huile.
Mathieu Laensberg, qui connaît sa constitution sur le bout du doigt,
prédit pour le mois de novembre l’ouverture d’un parlement national ;
il annonce aussi un grand crime qui affligera et alarmera la société.
Voici les prédictions des deux prophètes parisiens : Fin novembre dit
l’un, les Chinois feront une descente en Angleterre et s’empareront de
la ville de Londres ! En novembre, suivant l’autre, la saison des concerts
s'ouvrira par un phénomène surprenant. Un homme, par la seule force
de ses poumons, brisera quatre pianos, défoncera cinq contre-basses, et
fera éclater autant de flûtes, de clarinettes et de hautbois qu’il lui en
sera présenté. Il terminera ses exercices en brisant les fenêtres et les
portes rien qu’en chantant : Pleuve du Page et Dormez donc mes chères
amours.
Mathieu de Liège n’a que des sentences pour le mois de décembre et
pas un fait. Suivant l’un des prophètes parisiens, le mois de décembre
sera marqué par un tremblement de terre, Paris disparaîtra et l’on n’a-
percevra plus, à travers une fissure à côté de la pointe de l’obélisque,
que le nez sain et sauf de M. d’Argout. Le nez de M. d’Argoul est un peu
vieux pour un prophète. Suivant l’autre prophète, Paris aura une inon-
dation au lieu d’un tremblement de terre, toute la population devra se
est assigné, au moins dix mille familles belges, allemandes ou suisses,
à la condition qu’on lui assurera la propriété de toutes les terres en
friche situées dans un rayon de vingt lieues des frontières. .
Le Times fait connaître, d’après son correspondant de Madrid, les
sacrificesque le gouvernement espagnol a dû s’imposer pour faire face
au paiement du semestre de janvier. M.Carregui, qui a été l’agent prin-
cipal de la négociation, aurait pris pour 150,000 liv. sterl (3,750.000 fr.)
de traites sur la Havane, payables en mars, sous la déduction d’un es-
compte de 20 0|(j. cumulé avec un intérêt de G 0|o- De sorte que l’arran-
gement ferait ressortir l’intérêt annuel au taux usuraire de 81 1(2 Olo.
Le même journal ajoute que les fonds ont été fournis en réalité par M.
Garillan.
Nous appelons l’attention sur les lignes ci-après; extraites du Globe.
journal de Londres. Il semblerait en résulter qu’en dernierlieu l’accord
entre lu France et l’Angleterre n’a été obtenu qu’au moyen d’une con-
cession faite par M. Guizot à M. Bulwer. Voici ce que dit le journal an-
glais !
Nous sommes en mesure d'affirmer que M. Henry Bulwer avant de
partir pour Madrid a reçu du gouvernement français les assurances les
plus satisfaisantes sur la politique à adopter à l’égard de l’Espagne et
qu’un point important sur lequel il crut de son devoir de s’exprimer
avec une certaine fermeté a été réglé comme il le désirait. 11 a été bien
arrêté avant qu’il ne quittât Paris que le comte Bresson l’appuyerait
cordialement dans l’accomplissement des vues du gouvernement an-
glais pour l’arrangement des affaires d’Espagne.
Cos»ceFê de M. et Mme Sweins-d’Mennin.
Nous avons donc eu le plaisir d’entendre une seconde fois cette can-
tatrice toute de charme, toute de grâce, dont la voix gazouille comme
la fauvette ou tonne et éclate sous la pression de quelqu’émotion vio-
lente. Un auditoire immense, tel que nous l’avions prévu, s’était donné
rendez-vous à la belle salle de la Société Philharmonique : on s’empres-
sait de rendre hommage au talent si varié et si beau qui aborde avec
un égal succès les grands airs de nos opéras et la légère romance. Que
de bravos! que d’applaudissements ! Mais aussi, il fallait lui entendre
chanter l’air du Guitarerro, et la romance de M11» Puget, Huit ansd'ab-
sence. et celle de Bérat, Un jour tu me diras merci, et le Secret d’Amédée
Roqueplan, et tant d’autres jolies choses que Mm<! Iweins-d’Hennin sait
rendre encore plus jolies ! Vous ne devineriez jamais l’intelligence avec
laquelle Mme Iweins exprime la pensée dont elle se fait la gracieuse in-
terprète-: tout ce qu’elle chante vous apparaît comme une nouveauté, à
cause de la merveilleuse intention qu’elle met à faire valoir tout ce
qu elle y découvre de beau, de charmant. Le succès de Mme Iweins-
d’Hennin est assuré partout où elle se présentera, n’importe à quel pu-
blic elle voudra s’adresser.
M. Iweins-d'Hennin qui a chanté la romance de la Favorite, ainsi que
deux duos avec sa dame, le grand duo de la Heine de Chypre et celui du
Mauvais œil de Mlle L. Puget, possède une voix légère mais d’un timbre
très agréable. Un salon doit être plus propice à M. Iweins-d’Hennin que
l’immense vaisseau d’une salle comme celle de la Philharmonie. Le
chanteur a cependant produit un plaisir général par sa bonne méthode
— qualité également transcendante chez Mad. Iweins-d’Hennin — et la
pureté de son organe.
On sait que la Société d'Orphée avait prêté son concours au concert
,de M. et Mad. Iweins-d’Hennin. Dans cette soirée plus que dans la pré-
cédente, on a pu juger des progrès que ne cesse de faire cette société
dans l’exécution des grandes et sévères compositions instrumentales.
La pensée si profonde de Beethoven n’est plus une énigme pour elle :
bientôt elle se la rendra familière. L’exécution de I’allegretto et presto
de la symphonie en la majeur et le final de la symphonie en ut mineur,
a laissé peu ou point à désirer. Le résultat obtenu constitue un beau
succès pour la Sociélé d'Orphée : il indique ses travaux passés et l’en-
gage à pénétrer franchement dans l’avenir.
Nous avons encore entendu la valse avec chœurs de M. Bénoît Isen-
baert. le directeur de la Société d’Orphée. Ce morceau s’il n’est peut-être
pas entièrement frappé au coin île la nouveauté — car. depuis Salomon
déjà, il n’y avait plus rien de neuf sous le soleil, — a du moins le gr< nd
mérite de contenir une foule d’idées originales, de pensées fraicl es,
et de sortir par la forme aussi bien que par le fond du moule éternel les
valses ordinaires.
Somme toute, le concert de samedi dernier a dû satisfaire tout le
monde, l’auditoire par les grandes beautés et les jolies choses qu’on lui
a fait entendre, les artistes et les exécutants par le brillantaceueil qu’ils
j ont reçu pendant tout le cours de la soirée.
N’oublions pas de faire mention du galant empressement avec lequel
M. de Brouekere. sur les instances de quelques dames, a invité Mad.
Iweins-d'Hennin à se faire entendre une dernière fois (le programme
du concert était épuisé), et de l’amabilité avec laquelle Mad Iweins-
d Hennin s’est rendue aux désirs exprimés par M. le gouverneur de la
province. C’èlaienl de nouvelles joies, de nouveaux transports — et ar-
tistes et public se sont enfin quittés la jubilation dans l’âme
H. DE B.
USeirsuier Courrier de B'ssris.
Paris, 5! décembre.
Nous avons fait connaître la démarche officielle que le ministre de
Hanovre à Londres, avait faite auprès du duc de Bordeaux dès le pre-
mier jour de l'arrivée du prétendant français dans la Métropole delà
Grande-Bretagne. Ce diplomate lui avait présenté une lettre du roi Er-
nest-Auguste, ex-duc de Cumberland, pour l’inviter à venir à la cour de
Hanovre. Aucun journal ministériel de France n’a cru devoir relever
ce fait.
Le cabinet des Tuileries a craint sans doute, en se montrant suscep-
tible envers le roi de Hanovre, de se mettre bienlôt dans la nécessité de
rompre diplomatiquement avec d’autres cours. Peut-être cette réserve
était-elle prudente. Car, on sait maintenant que le duc de Bordeaux a
reçu des invitations pareilles du roi de Hollande, du roi de Sardaigne et
de l'empereur de Russie, qui veulent sans doute lui faire oublier l’af-
front que lui a fait éprouver la reine de la Grande-Bretagne, en refusant
de le recevoir à la cour.
— Le bruit s’est répandu, nous ne savons d’après quelles données, que
le roi Louis de Bavière est arrivé incognito à Paris et qu’il assistait à
l’ouverture des chambres. On ajoute même qu’après être resté 24 heu-
res à Paris, il est retourné à Munich, sans que la police se soit doutée
le moins du monde de cette visite inattendue.
— Le Journal des Débats fait ce matin une nouvelle menace d’inter-
pellation aux députés légitimistes qui se sont rendus à Londres. En-
core quelques jours, dit ce journal, et nous verrons bien qui est pour
les carlistes ou qui est contre eux.
Quoiqu’en dise la feuille doctrinaire, il paraît certain qu’une grande
partie des députés conservateurs n’est pas d’avis de soulever cette
question à la chambre.
— Toute la police du faubourg St-Germain vient d’être changée et
considérablement augmentée. On veut donc savoir au château jour par
jour le résultat de toutes les menées qui se passent dans le noble fau-
bourg.
réfugier sur la colonne de la place Vendôme. C’est seulement au bout de
trois jours que les Parisiens pourront retourner chez eux; ils n’auront
plus alors qu’à allumer du feu pour faire frire les poissons qui se seront
oubliés dans les secrétaires et les bibliothèques.
Nous avons voulu réunir, grouper, opposer les unes aux autres, les
prophéties publiées pour l’année dans laquelle nous venons d’entrer.
Nos lecteurs sont ainsi mis à même de choisir. De quelque manière
qu’ils s’y prennent, il leur sera difficile de faire de l’année 1844 , autre
chose qu’une année singulière, comme la qualifie, par avance, le plus
sérieux des deux prophètes parisiens.
Nous avons reproché aux prophètes de faire des calembours, nous
pourrions en citer des centaines ; mais il sont trop mauvais, ils empê-
cheraient de croire aux prophéties. Pour compléter leur volume, les
prophètes ont ajouté aux prédictions des anecdotes, des conseils, etc.,
etc. Nous avons dit quelles sont les deux pièces fondamentales de l’Al-
manach liégeois, le traitement de la gale chez les bipèdes, et le traite-
ment de la jaunisse chez les quadrupèdes. Les prophètes parisiens ont
été mieux inspirés; nous regrettons, pourtant, qu’ils n’aient pas eu con-
naissance d’un calcul statistique, que nous avons trouvé dans une pu-
blication déjà ancienne, et qui renferme un conseil bon à donner aux
célibataires mâles et femelles, au commencement de chaque année.
Voici ce calcul. C’est la réponseà une question posée à un grand maî-
tre en fait destatistique.
Sur quelle échelle doit-on calculer la statistique de bonheur des époux?
Sur «72,504 mariages on compte : 1,562 femmes qui ont quitté leurs
maris pour suivre leurs amants; 2,561 maris qui se sont enfuis pour
éviter leurs femmes; 4.120couples séparés volontairement; 191,023cou-
ples vivant en guerre sous le même toit; 162 320 couples se haïssant
cordialement, mais cachant leur haine sous une feinte politesse;910,132
couples vivant dans une indifférence marquée; 1,102 couples réputés
heureux dans le monde.mais qui ne conviennent pas intérieurement de
leur bonheur; 155 couples heureux par comparaison avec d’autres plus
malheureux; 9couples véritablement heureux.
Nous devons dire, en terminant, que les éléments du calcul que l’on
vient de lire, ont été pris en Angleterre. Ici c’est bien différent, notre
galanterie habituelle doit du moins nous le faire supposer.
M.
(Indépendance).
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