Full text |
PREMIERE ANNEE,
ANVERS, LUNDI 11 JANVIER 1830.
N’ 27.
■■■■R*'
LE PRUCURSEÜffi
.. v|
PAIX.
rCTP.lTii.Li POLITIQTa, COMMSPLCIAL, 1££B.I?I1£33 37 LITTÈRASRa.
LIBERTÉ.
PROGRÈS.
METEOROLOGIE.
Thermomètre: 4°.
Baromètre, dégel complet
Pleine mer.— h. 10 du matin.
Lever du soleil, 8 h. 2 m.
Lever de la lune 10 h. 15 m. soir.
P. L. le 4 à 1 h. 22 m. matin.
N. L. le 18, «à 8 h. 45 m. matin.
Vents. — S.
Etat du ciel. — sombre.
Basse mer, à 4 h. après-midi.
Coucher du soleil. — 4 h. 15 m.c
Coucher de la lune.—11 h. 28 m.
D. Q. le 11, à 41 j2 h. 47 ni. soir.
P. Q. le 2févr., à 7 h. 7 m. soir.
ON S’ABONNE
A Anversj au bureau du Précurseurf rue Aigre, No 326, où se
trouve une boîte aux lettres et où doivent s’adresser tous les avis.
En Belgique et à Vétranger, chez les directeurs des postes.
La quatrième page consacrée aux annonces, est allichée à la
bourse d’Anvers, et à la bourse des principales villes de commerce.
Le prix des annonces est de 25 centimes par ligne d’impression ;
Un soin tout particulier sera porté à les rendre exactes, claires et
très-visibles.
Portes df. la Ville.
Ouverture: 6 heures du matin. - Fermeture 9 du soir.
PRIX DE L’ABONNEMENT.
Pour Anvers.
A l’année. . .
Par semestre'.
Par trimestre.
fr. 60
» 30
o 15
Pour la Belgique.
A l’année. . .
Par semestre.
Par trimestre
fr. 72
» 56
« 18
Pour l’étranger 20 francs.
11 Janvier.
En rapprochant le discours de Monsieur Duchâtel des in-
tentions manifestées par notre ministère nous devrions
espérer de voir se conclure bientôt entre la France et la Bel-
gique un traité de commerce basé sur les principes de li-
berté ; mais cet espoir se réalisera-t-il? Autant nous applau-
dissons aux paroles de M. Duchâtel, aux projets de notre
ministère, autant, nous devons l’avouer, nous comptons peu
sur le bon vouloir des représentants de l’une et l’autre na-
tion ; cette défiance de notre part ne paraîtra pas chimérique
aux yeux de ceux qui ont pu observer la tendance des Cham-
bres Belges et Françaises.
En Belgique ce sont les propriétaires qui s’en viennent de-
mander tantôt comme moyen de représaille , tantôt com-
me immunité personnelle des lois qu’ils appellent protectri-
ces , qui ont pour effet immédiat d’augmenter les objets de
consommation et pourconséquence certaine d’entraver toute
amélioration industrielle.
En France ce sont des manufacturiers qui , mettant Tin-
térôt personnel à la place de l’intérêt général, demandent cha-
que jour de nouvelles protections pour leur industrie per-
sonnelle , et proclament la liberté du commerce pour celle
qui ne les concerne point. C’est ainsi que vous ne ferez
jamais comprendre à un fabricant de Toiles peintes qui de-
mande l'abolition des Toiles étrangères, comment on peut
mettre des entraves à l’introduction du fer et viee-versâ.
Si vous dites à ces hommes fiscaux, que le recours aux
droits protecteurs n'avant d’autre raison que l'absence des
conditions du bon marché,il faut améliorer les fabrications,
activer et faciliter les communications, pour rendre ces
droits inutiles ou du moins pour les amoindrir : ils vous
répondront par le tableau effrayant d’ouvriers sans travail,
par la menace de fermer leurs ateliers et ne tenant aucun
compte du bien-être général, ils le sacrifieront sans pitié à
leur égoïsme , au besoin de rester stationnaires.
Si vous leur dites que les sacrifices qu’ils réclament pour
le développement de l’industrie nationale ne doivent être
demandés qu’à eUx-mêmes qui jouissent le plus des avan-
tages sociaux, ils crieront à l’injustice, or, nousle deman-
dons n'est-il pas bien plus injuste de dire à une population
toute entière , habille-toi de ce drap, nourris-toi de ce pain,
quoique tu pourrais te procurer ces produits à meilleur
compte chez ton voisin. Ainsi le veut une loi protectrice !
protectrice de qui ? de quoi? répondez économistes-sophis-
tes. Non, la liberté du commerce ne met pas en péril la
richesse et la prospérité nationale, mais elle frappe au
cœur les intérêts nés du monopole et du privilège. Voilà
pourquoi tant de voix intéressées s’élèvent contre les parti-
sans de ce système. Voilà aussi les obstacles contre lesquels
auront à lutter les Ministères français et Belges et il faudra
plus que de la persévérance pour qu’ils puissent parvenir
à leur but d'amélioration.
Le tableau de l’industrie tracé par M. Duchâtel dans son
discours à l’ouverture des conseils généraux de commerce
est brillant ; tout le monde le dit, le répète à l’envie-, mais ce
qu’on ne dit pas, c'est que cette prospérité est due en grande
partie à la modification des tarifs de Douane, c’est à dire à
la tendance vers la liberté, c'est cependant une observation
dont il eût été facile et en même tems nécessaire de faire res-
sortir la vérité, car nous le répétons, nous ne serions pas
étonnés de voir les chambres françaises refuser de ratifier
les ordonnances libérales qui ont1 apporté des modifications
aux tarifs des douanes. Quoi qu’il en soit, les paroles de
M. Duchâtel auquel personne ne saurait refuser une con-
naissance approfondie des études d’économie politique
seront non-seulement une barrière opposée à tout mouve-
ment rétrograde vers des idées restrictives, mais un jalon
planté pour accélérer le progrès et nous devons espérer au-
tant dans notre intérêt que dans celui de la France, voir ses
efforts couronnés de succès. Il est consolant d’entendre le
ministre du commerce d’une grande nation et mieux que cela
un économiste distingué; déclarer que la civilisation réclame
des relations plus faciles et plus libres entre les peuples, et
que s’il avait à régler une société dans laquelle le passé n’en-
chaînât pas l’avenir, il n'hésiterait pas à donner pour base
à sa législation la liberté commerciale.
Mieux que personne nous qui nous sommes prononcés
déjà plusieurs fois pour la réforme par voie d’amélioration
progressive, nous comprenons la réserve du ministre fran-
çais et nous ne conseillerons jamais une transition subite de
l’état actuel à un état de liberté illimitée ; mais nous contri-
buerons autant qu'il sera en notre peuvoir, pour détacher
une à une de l’édifice social, les lois prohibitives et restricti-
ves qui retiennent dans les langes, l’industrie et le génie de
l’homme ; nous applaudirons à l'adoption d’une loi qui, con-
sacrant en principe la liberté commerciale, enlèvera chaque
année aux industries privilégiées quelles qu elles soient une
partie de cette protection que nous trouvons si injuste; en
un mot nous compterons au nombre des jours heureux pour
le pays celui où chaque industriel ne trouvera de protection
qu’auprès du consomateur qui recourra toujours aux lieux où
les produits seront plus satisfaisants et à meilleur compte, et
nous considérerons comme ayant bien mérité de la civilisation,
celui qui attachera son nom à cette mesure vivement récla-
mée par tout homme, ami de son pays et de l’humanité.
ANGLETERRE.
Londres , le 8 janvier.
Le Courier contient la lettre suivante de son correspon-
dant de Paris :
« Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que le dif-
férend entre laFrance et l’Amérique est définitivement ar-
rangé. Je viens d’apprendre d’une source qui mérite pleine
confiance, que le duc de liroglie a fait connaître au gou-
vernement anglais que la France est satisfaite des explica-
tions données par le général Jackson dans son dernier Mes-
sage, et que la médiation si généreusement offerte par
l’Angleterre, n’est, par conséquent, plus nécessaire. Les
25 millions , la cause primitive de la dispute , sont à la
FEUILLETON I)U PRÉCURSEUR.
THEATRE ROYAL D’ANVERS.
MATXOTÉS MTJSIOAL3,
Donnée par Mr RUMMEL et son élève GREGOIRE ,
d'Anvers, au Foyer du Spectacle.
Malgré la riguer de la saison , cette matinée musicale avait reuni ,
foyer du Théâtre, une brillante assemblée, bien plus nombreuse
Mu on n’eùt pu l’espérer* les dames surtout avaient osé braver le froid
1b plus vif, pour entendre des artistes distingués; elles avaient compté
Sllr du plaisir , et elles ont dù s'applaudir de leur courage, puisque la
Réunion a été belle, grâce à leur présence , que les exécutans ont été
dignes de l’empressement qu’on a mis à les entendre, et que la mono-
tonie d’un concert, dans lequel on n’a entendu en fait d’instrumens
que deux pianos et un violon, n’a pas achevé de les rendre de glace.
Un grand concertopourdeux pianos, de Kalkbrenner; une fantaisie,
également pour deux pianos, de la composition de M. Rummel, ont
ele exécutés par lui et son élève M. Grégoire, avec beaucoup de savoir
et d’ensemble ; cependant, ces morceaux ont paru un peu longs, et
I on regrettait de ne pas jouir séparément de deux beaux talens, sur-
tout de celui du maître, dont on attendait impatiemment l’improvi-
sation sur la folle de Grisar, que M. Rummel a eu la malice de garder
pour la fin du concert, sans doute pour faire mentir le proverbe:
“rentre affamé n'a point d'oreille. » Il y a complètement réussi,
on ne s’est apperçu qu’il était l’heure du dîner, que lorsqu'il a cessé
«e se faire entendre.
Un amateur qui, dit-on , sait allier les soins de la guerre à l’étude
des Ücax-Arts , a fait entendre avec M. Grégoire , des variations con-
certantes , pour Pianoet violon , sur des motifs de Hobert le Diable ,
composées par Lafont et Kalkbrenner ; malgré son talent, ému , sans
doute par le cercle imposant qui l’entourait, nous n’avons pas retrouvé
en lui le gracieux , le délicat Lafont ; mais lorsque , plus rassuré , il
nous a fait entendre un air varié deRériot ; plus analogue à sa manière,
l’amateur a presqu’entièrement disparu , il a attaqué avec vigueur de
grandes difficultés , qu’il a surmontées avec facilité ; il a chanté avec
grâce les passages gracieux et les applaudissements qu’il a reçus
étaient mérités , nous estimons assez son talent, pour nous permettre
quelques critiques , dans son véritable intérêt. Il doit prendre les con-
seils et les leçons des grands maîtres, pour rendre samanière plus large,
donner plus de rondeur à son jeu; plus de finesse à ses sons; il faut qu’il
évite de frapper les cordes avec son archet, de manière à les faire
grincer ; cela peut quelquefois produire de l’effet , mais on doit en
user sobrement, on peut attaquer ta corde avec force et vivacité , sans
la frapper ainsi; il doit enfin éviter les mouvements dé corps et d’épaules,
c’est un charlatanisme dont personne n’est la dupe ; on peut fort bien
jouer du violon , sans se démener comme un diable dans un Æénitier ;
et s’il cherche a imiter Paganini que ce ne soit pas par où il pêèhe ,
qu’il laisse les gens , sans talent véritable , s’agiter de la sorte . pour
faire croire qu’ils font des tours de force ; les connaisseurs ne s’y lais-
sent plus prendre.
M. Moreau Sainti a contribué à l’agrément de ce concert, dans
lequel il a chanté 4 romances, comme la romance veut êtrechantée; il
a fait valoir Grisar : l’auditoire lui a prouvé toute sa satisfaction ,
elle était de bon aloi, et nous avons, alors , doublement déploré,
qu’il s’écartât si souvent de la bonne methode , pour se livrer sans
disposition de l’Amérique, quand elle voudra les de-
mander.
» Vous vous rappellerez que j’ai pu vous communiquer
l’heureuse nouvelle que l’Angleterre avait offert sa média-
tion, dix jours avant qu’elle 11e fût connue officiellement.»
Le Courier écrit au-dessus de cette lettre les^mots, en
grands caractères : Paix entre la France et les Etats-Unis
de l’Amérique du Nord. Le reste de la lettre parle des re-
lations amicales qui existent entre l’Angleterre et la France,
et qui ont encore été raffermies par l’offre de médiation de
la Grande-Bretagne.
FRANCE.
Paris, le 9 janvier.
Le bal donné avant-hier au palais desTuillerics a ouvert
de la manière la plus brillante la série des fêtes qui auront
lieu cette année.
Les vastes salons des Tuileries offraient, dès 8 heures
et demie, la réunion la plus remarquable, parle rang des
personnes, l’éclat des parures , la richesse et la variété
des costumes ; on y voyait réunis les ambassadeurs et re-
présentans des diverses puissances dans le costume de leur
pays , des étrangers de distinction , parmi lesquels on re-
marquait lord Manners-Sutton, ancien orateur de la
chambre des communes ; des officiers écossais dans leur
costume si pittoresque ; un grand nombre de pairs et de
députés , des maréchaux de France, des lieuteuans-géné-
raux, des officiers de tous grades de la garde nationale et
des différentes armes de l’armée , les ministres , les con-
seillers de l’état et les hauts fonctionnaires de toutes les
branches de Tadministration, des magistrats, des membres
de l’Institut, des artistes, des gardes nationaux, des éleves
de l’école polytechnique , des écoles d’état-major et da
Saint-Cvr.
Le Roi, la Reine, M,le la princesse Adélaïde et la famille
royale ont pris place, à neuf heures, dans la salle des ma-
réchaux. Les danses ont immédiatement commencé. Les
princesses ont ouvert le bal avec des officiers de la garde
nationale. ,
A minuit et demi, le Roi, la Reine, accompagnés de la
famille royale et suivis de plus de six cents dames, ont
traversé le grand salon pour se rendre dans la salle de
spectacle, où des tables avaient été dressées pour le souper.
Ce banquet splendide off rait le coup d’œil le plus resplen-
dissant.
Après le souper des dames, plusieurs services se sont
succédés pour les hommes.
Les danses ont recommencé, et se sont prolongées jus-
qu’à trois heures, heure à laquelle la Reine et les princes-
ses se sont retirées. (./. de Paris.)
Ce matin a eu lieu à la barrière d’Arcueil, l’exécution,
do Lacenaire et d’Avril.
Dès sept heures des pelotons de gardes-municipauxà pied,
et à cheval avaient entouré la place où se pressa bientôt la
mesure à des fioritures, à des gargouillades qui gâtent ce qu’il
chante ; par exemple, dans le rôle du comte Almaviva, il nous a
do nné de la musique de Moreau Sainti , qui à coup sùr ne vaut pas
celle de Rossini , que nous n’avons pn reconnaître ; comment professer
les saines doctrines musicales , quand on les outrage si souvent ? Mr
Moreau est l’idole du public ; il en est applaudi à toute outrance,
même dans ses égarements, mais il uous semble qu’il devrait mettro
plus d’amour .propre à satisfaire le goût des véritables connaisseurs ,
ils sont moins bruyants que la multitude, mais la gloire que l’on en
retire est plus grande et plus durable. M.Grisar a lui-même accompagné
Me Moreau, et sans doute le contact d’un compositeur distingué a
maintenu le chanteur dans la bonne voie, que nous lui conseillons de
ne jamais quitter.
Nous saisissons cette occasion de rendre justice à M. Dabadie, qui
a joué le soir le rôle de Zampa, de manière à satisfaire le public le
plus difficile ; il paraissait pourtant n’être pas à son aise, mais il avait
donné à sa figure un caractère plus noble, des traits plus conformes au
personnage qu’il répresentait, son costume et sa coiffure étant plus
soignés ou mieux portés , il a très bien chanté ; nous ne lui reproche-
rons qu’un peu de lenteur dans l’air, a II faut céder à mes lois. » Eh
bien le public a été presque froid avec lui, et c’était, de l’injustice, sur-
tout s’il faut en croire certain bruit sur un billet jeté la veille 6ur le
théâtre ; si le fait est faux , il faut convenir que des amis imprudents
nuisent souvent à ceux qu’ils veulent servir ; nous n’avons pas voulu
croire à des suppositions offensantes pour un artiste, que nous aimons
à croire incapable de manquer aux devoirs d’un boncaramade, et noua
regardons comme très malheureux pour lui, qu’on ait pu seulement
en avoir la pensée. |