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Mercredi 25 Janvier.
1878. — Onarante troisième année. — N° 25
Mercredi 25 Janvier.
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LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
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PAIKMBNT PAR ANTICIPATION.
CHEMIN DK FER DK L’ETAT. — D'Anvers penr Maline* et Bruxelles a 5.25, 0.35, 7.40 B.,
9.15 B.. 9.50,10.50 B., 12.15,1.15 E , 3.15 B., 3.33, 4.40, 5.50 6.50 B., 8.25 E 0.55 10.15 E. - Lierre
5.30,7.i2,9.fe,11,1.50.5.21,8.28. - Termonde et Gand 5.25 E.,5.30, 9.o0,12.15, 3.33, 4.45 E., 8.55.-
Alost (par Termonde) 5.30, 9.50,12.15,3.33, 8.55: (par Bruxelles) 5.30, 9.15 E., 10.50 B., 12.15,
3.33, 0.50 B. — Lokeren (par termonde) 5.30, 9.50, 12.15,4.45 E. — Nineve, Oramment, Leesmes,
Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25, 10.50 E., 12.15, 3.33, 6.50 E.
5.30,9.50,12.15,3.33,4.45; (par Bruxelles) 5..25 6.50, 9.50,_10.
Geurtrai, Mouscron, Tournai, Lille 5.25,9.50, 12.
- Bruges, Ostende (par Malines)
______, .J.50 E., 12.15, 3.15 E., 3.33, 4.45 B. -
»uoi>r»u, „.15, 3.33, 4.45. — Calais 5.40, 12.15,4.45 B. 1» et 2»cl.
Tlrlemont, Liège et Verviers 5.25, 9.15 B., 9.50,12.15, 4.45, 6.50, 8.55 (Jusqu’à Louvain)
„ ----»nden 5.30,9.50,12.15. 4.45, 6.50. - Spa 5.30, 9.15 E., 9.5Ó, 12.15. - Allemagne 5 25
(levée de la boite 1.4$ m.), 9.15 (boite 8.30), 1.50 (boite 1.05), 4.45 (boite 4.10), 10.15 (boite 9.3uj. - De
Bruxelles pour Anvers à 5.27, 6.17, 7.18, 8.03 B., 9.10 E., 9.51, 10.50, 12.43, 2.30 E., 3.45, 4.34,
4.59 E., 5.39, 6.30,8.05 B., 9, 11.30. _ _
LIGNE D'ANVERS A BOOM. — D’Anvers pour Boom 6.45, 11.10, 5.10,10.20. — De Boom pour
Anvers 5.20, 9.20, 3.10, 8.45.
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Waleourt), 1.50, 5.15 (jusqu â Lodelinsart). — Hérenthals, Tui
BUREAUX, t rue de l’Amman I, et
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CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE.
D'Anvers pour Lierre 5.30, 7.12, 9.33, 11.00. 1.50, 5.15. 8.28. - Aersshot, Louvain, Dle»t,
Hasselt 7.12, 9.33,1.50, 5.15. — Maastricht et Aix-la-Chapelle 7.12, 9.33,1.50, 5.15. — Roosendaal,
Breda,Dordrecht, Rotterdam,7.20 9.05 E., 10.25, 2.30 (Jusqu’à Roosendaal), 3.41 E., 6.45. — Ottig-
J - - ’ ' ' *•- -------- ----------- Vlreuxet au-delà7.12, 9.33(Jusquà
rnbout et Tilbourg 5.30,11 (jusqu'à
CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
D'Anvers pour Gand (Tête de Flandre) 7.15. 8.50 E., 10.55, 2.05, 3.50 B., 7.15. - De 9m»d pour
Anvera 4.30, 7.05, 9.25 B., 10.50,2.20, 5.55 B., 7.05.
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départi du Veerdam) pour Tamise 8.30, matin, 3.15 h. soir. — D’Anvers pour
Boom 1 et 3 h. soir. — De Tamise pour Anvers 7.30 et 10.30 h. matin. — De Boom pour
Anvers 6.30 h. matin.
BRUXELLES, Office de Publicité, rut d* la
Madeleine.
hollande, M. H. Nijgh et Van Ditmar,
à Rotterdam, et tou» les directeurs do poste»
du royaume.
paris, Havas, Lafi te, Bullier et t>.
Place de la Bourse, 8.
Londres, Delizt, Davos et O, 1, Cotii
•treet. Strand, et A. Maurice. 13. Taviitosk.
Rrw, Louant Garden.
INSERTIONS<
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Réclames (fin du Journal) la ligne. 0.75
Faits divers, la ligne...... .
Rubrique Anvers, la ligne... . 2.50
„Pour le» annonse» de la Frans* satire**». a
MM. Havas Lafitte A O, Place de la Bourse
R. Paris et à MM. G. L. Daube & C», 31, rue du
Faubourg Montmartre, Paris.
CP Les annonces sont mesurées au lignct
mitre. — Les titres te paient d’apris l'espace
Su’ilt occupent. On ne veut garantir les dates
'insertions.
LISTES ÉLECTORALES.
RÉCLAMATIONS DES CLÉRICAUX-
Les électeurs qui auraient reçu de la part
des cléricaux une demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de faire remettre cette pièce au
bureau de l’Association Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
RÉSUMÉ POLITIQUE
Affaires d'Orient. — Ce que nous avons prévu
est arrivé: Suleyman pacha, qui n’avait plus donné
de ses nouvelles depuis une semaine est parvenu à se
sauver; mais compae nous le disions, il ne lui a pas
été possible de se retirer sur Constantinople; il était
complètement débordé par sa droite et pour éviter
un désastre il a du descendre du Nord au Sud, par
des chemins de traverse et il est attendu à Kavola
sur l’Archipel ; on ne sait ni combien d’hommes il
compte encore, ni combien de canons ila pu sauver.
Des navires vont être envoyés pour le ramener à
Constantinople,que les Turcs défendront à outrance.
En effbt, une dépêche officielle de Constantinople
annonce que les négociations pour la paix sont en-
gagées et que les dispositions sont prises pour une
défense jusqu’à la dernière extrémité, au cas où
elles échoueraient.
Ce langage nous parait imprudent ; la Russie ne
peut que souhaiter une prolongation de la lutte ;
tout conspire avec elle; le froid, qui avait enlevé
ses ponts et coupé les communications de la Bulga-
rie avec la Roumanie, vient de lui rendre un grand
service; le Danube est complètement gelé et les
fourgons passent en file continue partout où les
routes mènent jusqu’au fleuve ; au heu de trois ou
quatre ponts, les Russes en ont à présent un nom-
bre illimité.
L’agitation de la Grèce, au lieu de se manifester
par une intervention armée, s'épuise dans d’inces-
santes modifications ministérielles. Une nouvelle
crise vient de sa déclarer; tous les ministres ont
remis leur démission au roi. M. Coumondouros'pa-
rait devoir être appelé à former un ministèrb nou-
veau, avec un programme nettement belliqueux.
La Porte a adressé à l’Angleterre une note rela-
tivement à l’altitude belliqueuse d& La Grèce, L9rd
Derby s’est contenté de transmettre cette note à
M. Wyndham, le secrétaire de la légation britan-
nique à Athènes.
La reine Victoria vient de faire une démarche
significative ; le Sultan lui a adressé un nouvel et
pressant appel et elle a télégraphié personnelle-
ment à l’empereur Alexandre pour lui demander
une prompte solution pacifique. On annonce de
St-Petersbourg que cette dépêche est arrivée.
Parmi les bruits nombreux qui courent à Lon-
dres, sigalons celui d’une marche forcée des Russes
sur Galupoli. M. Bourke, sous-secrétaire d’Etat au
Foreign-Office, a, dans la séance des Communes,
déclaré que le gouvernement n’avait aucune nou-
velle à ce sujet.
France. — La Chambre a encore invalidé hier,
après de forts longs débats, l’élection de M. Détours,
candidat officiel à Limaux.
Sur la demande de M. Léon Say, la Chambre a
mis à son ordre du jour dé lundi, la discussion du
budget de 1878.
Le conseil des ministres s’est réuni hier sous la
présidencede M. de Mac Mahon, pour s’occuper d’un
mouvement dans la magistrature amovible préparé
par le département de la justice. M. Dulaure, pour
avoir procédéavec moins de promptitude queM.de
Marcêre, n’en a pas moins compris lanécessité de
se débarrasser à son tour des agents trop compro-
mis de l’ordre moral. Les premières propositions
qui ont été adoptées et qui ne tarderont pas à
paraître au Journal officiel comprennent la révo-
cation de cinq procureurs-généraux, plus de nom-
breux déplacements. Parmi les procureurs-généraux
révoqués on pite ceux de Grenoble, de Nîmes et de
Besançon. M; Perivier, une des victimes de M. de
Broglie, est rappelé à ses anciennes fonctions. Un
second mouvement est en préparation pour les avo-
cats généraux et les procureurs de la république.
Italie. — L’attitude inconvenante de quelques
rares ecclésiastiques a amené des scènes tumul-
tueuses. Quelques manifestations violentes ont eu
lieu à Plaisance et à Bologne contré les évêques
de ces localités qui, dans les services funèbres pour
le roi Victor-Emmanuel, ont repoussé la formule
pro rege nostro. A Plaisance, la foule a brisé les
vitres du palais épiscopal. A Bologne elle a attaqué
le séminaire.. A Milan, c'est le clergé lui-même qui
prend l’initiative des démonstrations contre les
fanatiques qui régentent le Vatican. Le langage
inconvenant tenu par leur organe, l'Osservatore
cattolico, à l’occasion de la maladie et de la mort
du Roi galantuomo, a provoqué une protestation
qui se couvre de signatures de curés et de prêtres.
Même le vicaire-général de l’archevêché n’a pas
cru pouvoir refuser la sienne. Ce sont des avertis-
sements que les chefs occultes de l’Eglise romaine
feront bien de ne pas dédaigner. Cependant ils par-
lent de lancer contre le nouveau roi d’Italie un
manifeste qui attaquerait la légitimité de son pou-
Autriche-Hongrie. — Les bruits de crise mi-
nistérielle à Vienne comme à Pesth persistent
malgré les démentis de la presse officieuse. C’est
l'opposition des deux parlements aux nouveaux
droits fiscaux sur le café et le pétrole qui place
l'un et l’autre gouvernement dans une position
dont ils veulent sortir à tout prix.
1 La question de cabinet sera posée aujourd'hui au
Reichstag par le ministère Auersperg. On sait que
M. Tisza, fatigué des attaques incessantes dont il
est l’objet de la part de l’opposition magyare, est
décidé a suivre l’exemple desoncollègue cisleithan.
La chute des deux ministères rendrait impossible
le renouvellement du pacte dualiste et ouvrirait la
porte à des éventualités dont personne ne saurait
méconnaître la gravité. On attend donc avec une
vive inquiétude la solution qui sortira du débat qui
va s’ouvrir.
Asie centrale. — Les agissements des Chinois
dans l’Asie centrale méritent de fixer l’attention de
l’Europe ; la Chine est l’empire le plus battailleur
et le plus conquérant qui existe et il procède avec
une cruauté inouïe; en 1872, il a exterminé une
colonie mahométane près du lac Baïkal ; les nou-
velles récentes disent que tout le vaste territoire,
compris sous le nom de royaume de Kashgar, est
ombé au pouvoir des Chinois. Là capitale a été
rise par un coup de main et l’émir Beg-Kouli
han, échappant au carnage, s’est réfugié sur le
territoire russe.
Le diagramme suivant montre la situation du
royaume de Kashgar :
îtri
■khi
SIBÉRIE.
Tartarie.
Kashgar. Chine
Afghanistan.
Hindoustân.
Bélouchistan.
Océan Indien.
Travaux législatifs.
(Correspondance particulière du Précurseur).
Bruxelles, 22 janvier.
La reprise des travaux législatifs a ramené la
distribution périodique des almanachs tom pouce.
Cela remonte à bien des années déjà. Le jour de la
rentrée des vacances de Noèl, le zouave de la li-
berté, alias M. B. Dumortier revient de Tournai
les poches bourrées de la plus petite édition des
almanachs imprimés par la maison Casterman, et
il fait la remise d’un ou de plusieurs exemplaires
à ses collègues de la Chambre ; il en distribue à
droite et à gauche, plus à droite qu’à gauche, mais
sans trop d’exclusions. Jadis la tribune des journa-
listes avait sa part ; l’ancien de la tribune recevait
son paquet de tom pouce avec prière de les distri-
buer sans distinction de parti. Mais avec le temps
les usages se modifient ; la tribune n’a plus que le
souvenir des petits almanachs qu’elle devait à la
générosité de M. Dumortier ; il est vrai que depuis
quelques années le personnel de la tribune a subi
de nombreux changements et que les rangs des
journalistes qui ont eu des rapports avec les vieux
de la Chambre s’éclaircissent énormément. La
distribution de tom pouce s’est faite très allè-
grement et très rapidement. M. Dumortier pa-
raissait rajeunir de vingt ans ; il était si bruyant
qu’à de certains moments le bruit de sa conver-
sation particulière couvrait la voix des orateurs.
Mais, arrivons à la séance.
Voici d’abord M. le ministre des finances qui, en
remplacement de son collègue de la guerre indis-
posé, dépose un projet de loi approuvant une con-
vention conclue entre le département de la guerre
et la compagnie des lits militaires pour la fourni-
ture de cinq mille lits supplémentaires. Le mi-
nistre déclare qu’il y a urgence au vote du projet
de loi. Il en demande le renvoi à une commission
spéciale. Adopté. Le projet est renvoyé à la section
centrale du budget de la guerre qui siégera comme
commission spéciale.
Voici un projet de loi relatif à Anvers. Il s'agit
du complément- des fortifications annoncé dans je
discours du trône. Un crédit de 1,280,000 francs est
sollicité sur le fonds spécial de la vente des terrains
militaires. Le crédit est demandé pour la construc-
tion de deux forts nouveaux, ceux de Waelhem et
de Lierre. On le suppose du moins, car M. le minis-
tre, en déposant le projet, n’a donné aucun détail.
Voici encore un projet qui concerne Anvers. Il
est motivé par les innombrables appels auxquels
donne lieu la révision des listes électorales. M. le
mtnistpe de la iustice propose de former ^-cham-
bres de trois "conseillers ‘dans ie'4éïüvà'i i^°ur8
d’appel pour la décision des appels en matière
électorale. Le ministre insiste sur l’urgence d’arri-
ver à une prompte solution. Le projet est renvoyé
à l'examen d’une commission île cinq membres à
nommer par le bureau. A la fin de la séance, le
président annonce que la commission est composée
de MM. Thonissen, Drubbel, Jacobs, Guillery et
Pirmez. M. Jacobs est le dernier des membres île la
Chambre qui aurait dû figurer dans la commission ;
mais cela devient un principe chez les cléricaux ;
on s’y fait juge et partie.
Nous n’en avons pas fini avec les préliminaires de
la séance. M. le ministre de l’intérieur dépose un
projet de loi sur la police sanitaire des animaux
domestiques ; M. le ministre de la justice dépose le
rapport annuel sur l’exécution de la loi des étran-
gers et M. le président annonce que M. d’Andri-
mont a donné sa démission de membre de la Cham-
bre des Représentants.
Tout cela fait, la Chambre reprend la discussion
du budget de l’intérieur,chapitre de l’enseignement
moyen.
M. Sainctelette revient sur une question qu’il
traite à peu près chaque année, celle de l’augmen-
tation des écoles moyennes. Il cite des chiffres élo-
quents; un grand nombre de communes dont la
population dépasse cinq mille âmes n’ont aucune
espèce d’école moyenne; dans l’arrondissement de
Mons des communes de plus de dix mille âmes sont
dépourvues d’enseignement moyen. Le gouverne-
ment, qui proteste en termes si solennels de son
ardente solficitudepour la cause de l’enseignement,
ne fera-t-il rien ?
Le siège deM.le ministre de l’intérieur est fait. Il
crie très haut que l’enseignement de l’Etat n’a pas
de partisan plus dévoué que lui; mais on sait ce
que ce langage veut dire dans sa bouche. Les mots
y perdent leur signification usuelle. Pratiquer, dé-
velopper l’enseignement public, c’est faire tout ce
qui est légalement possible pour le réduire à sa plus
mince expression. Pour ce qui est des écoles
moyennes de l’Etat M. Delcour l’a dit en répondant
dans la discussion du budget à M. Pirmez; il n’aug-
mentera pas d’une seule le nombre des écoles
moyennes. Pourquoi î Mon Dieu, pour une raison
toute simple, c’est que le clergé le défend. Or .avant
d’être ministre du Roi,M. Delcour est l’homme-lige
des évêques.
M. le ministre s’est chargé lui-même de donner
la mesure de la vive sollicitude qu’il a pour les in-
térêts de l'enseignement.
Il..................-
l’Ecole moyenne de l’Etat et le Collège communal.
Ces deux établissements sont dénoncés comme
étant des foyers d’irréligion et d’immoralité.Ce sont
les accusations à la mode. Depuis que des institu-
teurs congréganistes se font condamner à trois
cents et des peines pour autant de délits contre les
mœurs, commis sur la personne de leurs élèves,
les partisans de l’enseignement congréganiste ac-
cusent avec une véritable rage les etablissements
placés sous le contrôle des autorités civiles, d’être
des foyers d'immoralité. Parmi les signataires du
pamphlet dirigé contre l’école moyenne et le col-
lège communal de Louvain on trouve le curé-doyen,
ou l’archiprêtre, lequel est membre du bureau ad-
ministratif de ces établissements. Quelles mesures
allez-vous prendre, demande-t-on à M. le ministre
de l’intérieur ? Quelles mesures, répond le minis-
tre? Si vous croyez que je vais passer mon temps
à relever ce qui se dit contre renseignement dé
l’Etat, vous êtes de la bonne année.—Mais non, M.
le ministre,on ne veut pas vous donner pareille be-
sogne ; vous n’y suffiriez pas. Mais on vous met en
presence d’un fait grave et précis; un membre d’un
bureau administratif accuse l’établissement qu’il
est chargé de surveiller. Vous pourriez lui deman-
der qu’il expose ses griefs, vous devriez lui de-
mander des explications et agir contre lui s’il les
refuse. Or M. le ministre de l’intérieur est animé
de si bonnes dispositions à l’égard de l’enseigne-
ment public, qu’il couvre de sa protection ceux qui
s'évertuent à le dénoncer et à le dénigrer. C’est
ainsi qu’il entend son rôle de protecteur officiel de
l’enseignement public en Belgique.
Mais au moins, M. le ministre, vous allez décla-
rer que les accusations dirigées par le prêtre con-
tre renseignement de l'Etat sont fausses et men-
songères ; vous savez bien qu’elles le sont ; vous
savez bien que ces accusations sont propos de con-
currents qui, pour employer tes expressions de M.
Sainctelette, n’ont pas plus de valeur que ceux que
pourrait tenir l’épicier du coin ; vous en êtes con-
vaincu, puisque vous vous donnez comme le par-
tisan, le protecteur dévoué de l’enseignement pu-
blic; parlez, si vous n’osez agir. Et M. le ministre
de se taire. C’est ainsi qu’il défend et protège les
établissements placés sous son autorité.
On a vu la même sollicitude se montrer dans
l’affaire de Dinant. Le corps préfectoral de l’école
moyenne se plaint des paroles lancées contre lui
par le curé-doyen Houba. Que fait M. Delcour ? Il
demande à M. Houba s’il a tenu les propos qu’on
lui reproche. M. Houba jure le grand Dieu qu il est
innocent comme l’enfant qui va naître ; M. le mi-
nistre, ravi de ces explications, laisse l’affaire en
carton. Mais le bureau administratif s’étonne, et à
bon droit, des procédés du ministère; alors M. Del-
cour fait venir le directeur de l’Ecole moyenne de
Dinant dans son cabinet, et il lui demande un rap-
port sur l’effet produit par les explications de M.
Houba. On attend ce rapport. M. le ministre cher-
che évidemment à se dégager de la sotte position
dans laquelle il s’est mise ; je ne sais si le truc au-
quel il vient de recourir le tirera d’embarras ;
mais les faits tels qu’ils sont jusqu’ici connus
montrent assez ce qu il faut espérer du gouverne-
ment lorsque l’honneur du corps professoral d’un
établissement laïque est en cause.
M. Warnant est revenu sur l’incident qui a eu
lieu à la fin de la dernière séance de l’année der-
nière au sujet d’un professeur de l’athénée de Liège
qui a publié une brochure en faveur des professeurs
auxquels le gouvernement refuse de tenir compte
des services rendus dans des établissements com-
munaux. M. le ministre avait fort maltraité ce
professeur, dont le seul tort est de défendre des
réclamations dont la légitimité est Incontestable.
Ce qui est resté de ces paroles au Moniteur est fort
blessant pour le professeur en question, et encore
M. le ministre a-t-il énormément adouci son lan-
gage. C’est un vrai despote que M. Delcour ; il
n’admet pas qu’on critique ses actes, employât-t-on
à son égard toute la discrétion et toute la mesure
possibles. Le professeur, auteur de la brochure qui
a excité les nerfs de M. Delcour, est devenu un
* individu •». Il est vrai que l’illustre sénateur
Christyn de Ribeaucourt a appelé aussi Victor
Hugo cet “ individu *. Quant aux professeurs de
l’enseignement moyen qui continuent à réclamer
parce que le gouvernement a méconnu leurs droits,
ils ne sont pas mieux qualifiés que l’auteur de la
brochure qui cause des insomnies à M. le ministre
de l’intérieur. Les expressions inconvenantes dont
M. Delcour s’est servi disparaîtront aux Annales;
il importe toutefois de les relever pour montrer les
dispositions d’esprit dans lesquelles se trouve M. le
ministre de l’intérieur à l’égard de professeurs qui
se bornent à défendre leurs réclamations en se
maintenant dans les bornes de la plus grande
modération.
Le professeur attaqué par M. le ministre lui
adresse une réponse. M. Dupont a demandé à M. le
ministre si cette réponse serait publiée ou si le gou-
vernement en autoriserait la publication. La de-
mande de M. Dupont n’a pas eu de réponse. Natu-
rellement, un ministre qui insulte ses subordonnés
dont il méconnaît les droits ne peut admettre qu’ils
se défendent.
M. Warnant a parlé incidemment de la suppres-
sion du Collége communal de Malines. M. Paul
Janson s’est occupé du même objet. M. de Kerkhove
Eugène a ainsi été amené à faire à sa façon l’his-
toire de la suppression de cet établissement commu-
; 4_nn de politique cléricale à propos
nai. Vjueyasm-e "mal de Malines et de la
duvote du Conseil connut juin ,,.^4 du côté des
voix du traître qui a mis la majorât* - ..... ,,i0„
cléricaux ? La politique, mais elle n’est puui
dans l’affaire. C’est la maladresse des libéraux qui
a tout fait ; sans leur maladresse le Collége de Pit-
zembourg serait encoredebout.Surcettedonnée.M.
de Kerkhove a arrangé une petite pièce qui pour-
rait s’appeler ** la suppression du Collège de Ma-
lines ou la vengeance d’un paysan »; il en a exposé
le canevas avec cette suffisance et cette solennité
qui lui donnent une place spéciale dans la galerie
des grotesques. L’histoire de la suppression du Col-
lège de Manffes n’est plus à faire ; careHeaêtê faite
au Conseil communal de Malines ; on a fait là une
enquête contradictoire, en présence des coupables ;
c’est là que les- coupables devaient s’expliquer et
relever les accusations dont ils ont été l’oojet. Mais
là les preuves étaient accablantes ; les coupables
se sont tus ; il est trop tard pour essayer mainte-
nant de dénaturer des faits désormais acquis pour
l’opprobre du parti elérical.
M. de Kerkhove a dit et répété que les catho-
liques avaient fait en 1877 ce que les libéraux
avaient fait en 1863. Cet argument a été cent fois
relevé ; il l’a encore été par M. Bara, En 1863, les
libéraux ont repris sur le Collége communal les
droits que leurs prédécesseurs avaient abandonnés
au clergé. Ils n’ont rien supprimé en 1863 ; ils ont
rétabli le collége supprimé par les cléricaux.
M. P. Janson a présenté de fort justes observa-
tions sur les résultats produits par les nouvelles
méthodes employées dans certains établissements
libres ; sous ce rapport l’enseignement officiel a
beaucoup de progrès à réaliser.
Voici le texte du projet de loi relatif à la division
des cours d’appel pour l’expédition des affaires
électorales ;
Art. 1er. Les cours d’appel jugent au nombre fixe de
trois conseillers et sans l’assistance du ministère pu-
blic, les causes qui leur sont déférées en vertu du Code
électoral.
Chacune des chambres de la cour est divisée, à cette
fin, en deux sections. Il est attaché à chaque section
un greffier-adjoint.
Art. 2. Le président de chaque chambre désigne les
conseillers qui feront partie de chacune des sections.
Il préside la section dont il fait partie. — L’autre
section est présidée par le plus ancien des conseillers
qui en font partie.
Art. 3-iEn cas d’empêchement d’un conseiller, il est
remplacé par un conseiller de l’autre section ou même
d’une autre chambre, conformément à la loi d'organi-
sation judiciaire.
Art. 4. Les causes attribuées à chaque chambre sont
distribuées par le président à chacune des sections,
en suivant les règles prescrites par l’article 45 du
Code électoral.
Art. 5. Les causes sur lesquelles il a été fait rapport
et sur lesquelles il n’est point intervenu d’arrêt inter-
locutoire,seront jugées conformémentà la loi actuelle-
ment en vigueur.
Art. 6. La présente loi sera obligatoire le lendemain
du jour de sa publication.
L’exposé dit que l’augmentation du personnel ne
se justifie que par les besoins normaux et perma-
nents du service, etfait observerque le mouvement
imprévu d’affaires électoralesdont nait ladifficulté
actuelle est purement passager et périodique.
Le ministre déclare que le gouvernement n’a pas
l’intention d’étendreau jugement des causes civiles
et criminelles la mesure exceptionnelle que la pres-
sion des circonstances l’oblige à proposer en ma-
tière électoralè.
Le moment va peut-être venir où M. Malou, en
exécution de ses engagements, se verra contraint
de nous quitter pour aller faire un voyage à
l’étranger.
C’est ce que l’on insinue dans Quelques mots sur
le canal de Terneuzen, une petite orochure ano-
nyme qui se répand en ce moment et dans laquelle
on expose que le rachat des lignes du Grand-Cen-
tral pourrait bien être la condition de la Hollande
à la concession de l’élargissement du canal de Ter-
neuzen.
Il faut se rappeler qu’en 1852, lorsque le gou-
vernement hollandais accorda à une société belge
le droit de construire un chemin de fer de la fron-
tière jusque Moerdijk et Roosendael-Breda, il se
réserva la faculté de racheter ces lignes après
vingt ans d’exploitation en stipulant dans le canier
des charges que la Hollande ne pourrait se préva-
loir de la faculté du rachat qu’après s’être mise
d’accord avec le gouvernement belge, lequel devrait
s’engager de son côté à racheter simultanément le
restant des lignes sur notre territoire.
Le chef du nouveau cabinet hollandais, M. Kap-
peyne-Van de Cappelle, ayant en 1873 voté en fa-
veur du rachat des lignes hollandaises du Grand-
Central, on suppose naturellement qu’il pourrait
bien être favorable à une convention sur cette base.
Mais hélas l faudrait que M. Malou quittât le ca-
binet et la Chambre, et l’on se demande comment
sa majorité pourrait se passer de lui. (Etoile.)
Les adresses.
Le Journal d'Anvers répond aux Adresses
des grandes villes du pays par des citations
d’écrivains réactionnaires qui déplorent la
chute des tyrans et contestent les titres de
Victor-Emmanuel à la reconnaissance de la
nation une et libre,
« Au fond des manifestations des villes,
n ajoute le Journal d'Anvers, nous ne voyons
» qu’un but ; blesser des concitoyens catholi-
» ques ; au bout nous ne devinons qu’un ré-
» sultat : l’abaissement des origines politiques
» de notre propre nationalité par le désnon-
» neur môme aes comparaisons auxquelles on
r> le ravale. La parole est maintenant au Con-
» seil communal d’Anvers. »
Le Conseil communal d’Anvers a pris, en
effet, la parole, dans sa séance d’hier, et il a
noblement exprimé les sentiments de la popu-
lation libérale d’Anvers. Mais aux injurieuses
Srotestations du Journal d'Anvers nous avons
'autres paroles à opposer que celles de nos
magistrats.
Dans une lettre pastorale adressée aux
fidèles de son diocèse, l’archevêque de Turin
a dit que « si jamais un souverain est descendu
» au tombeau pleuré par son peuple, ce sou-
» verain est Victor-Emmanuel, dont la perte
» est universellement déplorée, avec juste
» raison, comme une des plus épouvantables
» calamités publiques. »
Voilà l’opinion a’un prélat éminent, d'
un
opinion _
archevêque qui n’a pas sans doute, comme les
libéraux, qu’un seul but : blesser des conci-
toyens catholiques !
; L'Organe de Mons dit tenir de source cer-
taine que les cléricaux tenteront la lutte dans
cet arrondissement, soit avec une liste com-
plète, soit avec deux candidats. L'Organe se
ifélicite de la résolution de nos adversaires,
assuré qu’il est, dit-il, que cette velléité de
.combat sera suivie d’un complet insuccès.
M. Laurent a chargé M. Bara de ses intérêts
dans le procès que lui intente le Courrier de
Bruxelles.
- Le nouveau Musée d’Anvers.
La question du nouveau Musée préoccupe
beaucoup d’esprits, et bien des personnes nous
demandent si la solution sè fera longtemps
Nous n’en savons rien, et il laut re-
«tteùdï eKjg la position faite à nos édiles est
connaître q<„ cassante. Il y a évidemment
délicate et jg monument digne
Chez eux le désir d élevéï- u7 .vlims destinées
du passé glorieux d’Anvers et déèe&ncouiri****t
futures, mais, d’autre part, ils ne péüVlL"’-
éçarter le légitime souci d’administrer pru:
demment les finances de la ville. Première et
fondamentale difficulté ! Ensuite le concours
public, qui devait apporter la lumière, n’a
fait qu’embrouiller la question. On a acquis à
peu près la certitude qu’il sera difficile, sinon
impossible, de répondre, dans la limite de
deux millions, aux conditions du programme.
Le résultat du concours a fait surgir d’autres
points d’interrogation : faut-il absolument
éliminer de la liste des concurrents ceux qui
sont sortis des données du programme, no-
tamment en dépassant le périmètre fixé ?
Faut-il donner la préférence à l’architecture
flamande ou se borner à demander que le
nouveau Musée réponde esthétiquement et
pratiquement à sa destination? Peut-on don-
ner suite au projet de n’importe qui, avant
d’avoir trouve un entrepreneur capable et
sérieux qui s’engage par un contrat formel à
l’exécuter dans les limites du devis? D’ailleurs
y a-t-il lieu de tenir compte du résultat d’un
concours que le jury déclare insuffisant?
Et puis arrivent les brûlantes ques-
tions de personnes : quelle est l’attituae à
prendre vis-à-vis des concurrents, jeunes ar-
tistes de mérite qui ont bien travaillé, qui ont
èu de grands frais, et qui, même en manquant
le but, comme le déclare le jury, ont fait
preuve d’imagination et de science ?
Lorsqu'on a une responsabilité devant le
présent et devant l’avenir, on ne résout pas
toutes ces difficultés au pied levé.
Il nous est facile, comme il est facile au
public; de formuler un avis, d’exprimer notre
opinion ; mais nous comprenons fort bien que
nos mandataires officiels y regardent à deux
fois avant de trancher la question.
Nos lecteurs désirent-ils que nous rappe-
lions quelles sont nos idées à ce sujet ? Elles
sont très simples et nous pouvons les résumer
en quelques lignes.
Les concours, en matière de créations artis-
tiques, ne produisent presque jamais rien. Ils
sont toujours accompagnés d’abus. Les vrais
maîtres n’y prennent point part. Le talentn’en
a pas besoin pour s’affirmer, et tout jeune ar-
tiste, s’il a du génie, ne tardera pas à se faire
valoir, quelque modeste que soit la sphère où
il débute. Il n’a droit à la direction de grandes
entreprises artistiques que lorsque ce génie
s’est imposé, par ses œuvres déjà réalisées à
l’admiration publique. C’est l’opinion publique
qui décide de la valeur d’un homme et non pas
le résultat d’un concours. Les maîtres capables
de concevoir et de réaliser une oeuvre digne
de vivre à travers les siècles sont rares, ils se
comptent, et chacun les connaît. C’est à eux
qu’il faut s’adresser tout d’abord. On gagne
ainsi du temps et de l’argent et l’on recueille
de la gloire. C’est ce que les administrations
publiques doivent avoir en vue, et l’am-
bition de faire bien doit primer chez elles
le désir de protéger, d’encourager des ta-
lents, jeunes encore, qui demandent aux
chances d’un concours une consécration
qu’ils ne devraient attendre que du jugement
de ce suprême et impartial jury : le pu-
blic. Phidias, comme le plus fort, le plus
digne, fut chargé d’ériger le Parthénon et il
s’adjoignit les maîtres les plus connus de son
temps, à quelque école qu’il appartinssent.
Enfin, dans le cas actuel, nous sommes d’avis
3ue la ville doit reprendre toute sa liberté
'action, mais dédommager largement ceux
qui se sont le plus distingués en répondant à
son premier appel. Nous sommes aussi d’avis
qu’il ne faut point A priori condamner tel ou
tel style, ni s'en tenir systématiquement à tel
autre. Quelle que soit la voie a suivre pour
doter An ver de son nouveau Musée, il faut que
celui-ci réponde à sa destination et qu’il soit
beau ; nous ne connaissons pas d’autre règle.
Pour en revenir à notre point de départ,
nous trouvons fort naturelle l’hésitation de
nos édiles. Comment en serait-il autrement
lorsque, autour d’eux, les esprits sonttrès-
partagés, partagés au point que l’on rencontre
aujourd’hui même assez bien de personnes qui
veulent remettre sur le tapis la question de
l’emplacement du nouveau Musée, et qui se
demandent s’il ne faut pas renoncer à celui
qui a été choisi, après bien des difficultés, au
centre du nouveau quartier du Sud ! La Fédé-
ration artistique a récemment publié in ex-
tenso une lettre qui développait cette thèse et
qui préconisait un projet tout nouveau. On
nous a demandé également d’en faire mention.
Quoique ce projet ait le tort de venir bien tard
et bien qu’il y ait à redire à plusieurs des ar-
guments invoqués, nous ne nous refusons pas
à faire acte dimpartialitè en le signalant à
nos lecteurs.
L'économie générale de ce projet consiste à
profiter de la disparition, nécessaire et inévi-
table, de l’hôpital Ste-Elisabethpour élever sur
son emplacement le nouveau Musée, placé
ainsi au centre de la ville, dans un quartier
qui se distingue par ses belles habitations, et
loin de tout établissement industriel dange-
reux. On exproprierait les magasins adossés
aujourd’hui a l’nôpital dans la rue Porte St-
Georges ét à la Plaine de Malines ; on enlève-
rait le pâté de maisons qui sépare la rue des
Escrimeurs de la rue Porte St-Georges, et l’on
mettrait la façade principale du Musée à front
de cette dernière rue. Sur la « Place Rubens *
ainsi créée on érigerait soit un des arcs de
triomphe soit la colonne de M. l’architecte
Dens, qu’on a pu admirer lors des fêtes du 3m9
centenaire ; et l’église St-Georges démasquée,
la Banque nationale et le Musée formeraient
le cadre. Le Jardin Botanique, établi dans de
mauvaises conditions, ajoute l’auteur, devrait
également être déplacé et, le long d’une large
artère qui relierait la rue Léopold à la rue de
l’Hôpital, on construirait un batiment où les
élèves des coùrs supérieurs de l’Académie
trouveraient des ateliers, comme dans le
magnifique local que la ville de Bruxelles a
affecté à cette, destination dans la rue du Midi.
Le reste du Jardin Botanique, jusqu’en faee
de la rue Guillaume Tell, servirait à l’instal-
lation de la Bibliothèque communale.
L’auteur développe trop longuement pour
que nous puissions suivre Chacune des rai-
sons pour lesquelles il propose tant de dépla-
cements et de changements.
Il ne se cache pas que son projet favorise
énormément un seul quartier de la ville. C’est
ce qu’il désire, c’est ce oui fait le cachet d’une
ville. Quel effet, demande-t-il, produisent les
statues de Van Dyck et deTeniersauxendroits
où elles se trouvent, et le Théâtre flamand
dans le coin où l’a rélégué l’administration
précédente ! Laissons-lui ici la parole :
Voyons un peu ce qui a été fait, ailleurs, dans cet
ordre d’idées.
A Bruxelles, par exemple, la rue de la Régence a
7 ' 1 ' -^ée jusqu’au nouveau Palais deJustice.ce
été pronk' .î-»-magnifique de la Place Royale sur
qui donné une R^ence sur la
ce splendide1 ,î1on et le Parc comme
statue de Godefroid de Éouiuc.Avi.. .
fond de tableau. <v.rui..
Elle a érigé le nouveau Conservatoire de•’ùiu.r-• à
la nouvelle Synagogue, dans cette même rue aé!/i-
Régence, à l’entrée de laquelle on construit en ce mo-
ment la nouvelle Salle d’Exposition, en face du Palais
du comte de Flandre et à côté de la Bibliothèque
royale, du Musée de tableaux anciens et modernes et
du Musée d’histoire naturelle.
A la Place Royale, je vois encore l’église St-Jacques-
sur-Caudenberg, plusieurs beaux hôtels et, dans le
voisinage, le Palais du Roi, le Palais Ducal, le Sénat
et la Chambre des représentants et les hôtels des
ministres.
Eu un mot, une véritable succession de Musées et de
Palais, ce qui en rend la conservation plus facile et
plus assurée et fait obtenir un ensemble offrant un
caractère monumental.
C’est avec une intention parfaitement arrêtée,
comme on le voit, que Bruxelles centralise pour ainsi
dire sur un même point tout ce qu’elle a de plus inté-
ressant et de plus précieux à voir et en rénd ainsi la
visite plus commode et plus agréable, et conséquem-
ment plus fréquente et plus utile.
Dans la transformation du quartier Notre-Dame-
aux-Neiges, on peut constater encore que l’adminis-
tration communale bruxelloise tient beaucoup compte
du côté artistique du placement d’une statue. Des
quatre rues qui débouchent maintenant sur la place
des Barricades, on peut voir la statue d’André Vésale,
qui se trouve sur cette place. Un peu plus loin, elle a
ouvert la rue du Congres, qui, du boulevard de l’Ob-
servatoire, donne vue sur lajcolonne du Congrès.
A Anvers il y a milia motifs de plus qu’à Bruxelles
de grouper tout de ce qui exige la facilité de la visite
et beaucoup de sécurité pour la conservation.
' D’abord, parmi d’autres raisons, parce que les étran-
ëers séjournent moins longtemps à Anvers qu’à
ruxelles, qui leur offre tant de ressources d’amuse-
meut, et ensuite parce que nous devons prévoir le cas
de siège.
En effet, en cas de guerre ou même d’émeute, les
Recours seront plus faciles à organiser et à porter,
quand le personnel des pompiers ne sera pas éparpillé
sur plusieurs points à la fois de la ville, ce qui serait
malheureusement le cas à Anvers, au point de vue des
édifices à préserver, comme le Musée, l’Hôtel de ville,
la Cathédrale, le Musée Plantin, la Banque Nationale,
sans parler du Palais de Justice, du Théâtre Royal, du
Théâtre Flamand et des églises paroissiales qui, elles
aussi, contiennent tant d’œuvres d’art.
Je veux admettre qu’en cas de siège de la ville, les
tableaux et objets spéciaux auront été enlevés à temps
et placés en lieu sùr (ce qu'on avait cependant négligé
à Paris) ; mais en dehors de ces choses rares, n'est-il
pas désirable de s’imposer maintenant un léger sacri-
fice pour contribuer à assurer dans l’avenir une pré-
servation plus certaine, par suite de leur voisinage,
de plusieurs monuments parmi lesquels le Musée
surtout? •
L’auteur discute aussi la question financière
et estime qu’avec une nouvelle dépense de
huit millions de francs on pourrait réaliser
tout son projet, y compris la construction d’un
nouvel hôpital et l’établissementd’un nouveau
Jardin Botanique. Huit millions pour cet en-
semble de travaux est-ce trop, oonclut-il, alors
qu’Amsterdam dépense la même somme uni-
quement pour un Musée !
Comme on le voit, la question du nouveau
Musée n’est pas résolue dans l’opinion pu-
blique,, et nous avons entendu préconiser
d’autres emplacements encore, malgré le fait
accompli. Avec un peu d’imagination, cette
question ouvre une perspective infinie de dé-
bats où l’on finira par se perdre si l’on ne se
décide à limiter résolument l’horizon.
Mais avant de couper le nœud gordien, nos
édiles ont raison de réfléchir et il est du de-
voir de tous d’attendre avec confiance et sym-
Sathie qu’ils assument la responsabilité d’une
écision suprême dont la postérité leur de-
mandera un compte plus sévère que leurs con-
temporains.
Instruction publique.
Nous apprenons que notre collége échevinal vient
de décider, sur là proposition de la commission de
l’instruction publique, de réduire de 3 à 2 le nom-
bre de séries de compositions annuelles dans nos
écoles moyennes de demoiselles ainsi que dans les
instituts communaux.
Nous ne pouvons qu'approuver cette mesure,
avec le système actuel, les élèves sont littérale-
ment accablés d’ouvrage ; à peine l’une des séries
de composition est-elle terminée qu’il faut se pré-
parer pour la série suivante. Les études régulières
en souffrent et l’on obtient un résultat absolument
contraire à celui que l'oa cherche. Les composi-
tions ne doivent être qué la récapitulation des
cours, il est bien suffisant que cette récapitulation
eût lieu deux lois par an.
Aux établissements de l’Etat (athénée et école
moyenne) l’ancien système continue de prévaloir;
mais nous espérons que le bon exemple donné par
l’administration communale de notre ville sera
bientôt suivi par le gouvernement.
Commerce, marine, etc.
L’ACCOSTAGE DES STEAMERS.
Nous avons, à diverses reprises, appelé l’at-
tention du gouvernement sur les abus qui se
commettent sous prétexte d’assurer la régula-
rité du service postal par la ligne Lamport et
Holt. Dans la séance d'hier du Conseil com-
munal,M. Jean Nauts a faitressortir lesgraves
dommages qui résultent pour le commerce
anversois en général des privilèges exorbi-
tants accordés a une compagnie, a l’exclusion
de toutes les autres. L’honorable conseiller a
cité des faits qui ne sont rien moins que ras-
surants pour notre port ; des steamers ont été
dirigés sur le Havre et sur Brême, par suite
des difficultés qu’ils avaient rencontrées à
Anvers, M. Vanaer Taelen a indiqué un pre-
mier remède : c’est que le gouvernement,
exécutant une promesse faite il y a deux ans,
rende accostabie l’extrémité-nord du quai du
Rhin. C’est ce qui presse le plus ; on arrivera
ensuite à une amélioration plus complète de
l’accostage des steamers. Nous avons lieu de
croire que le gouvernement est très mal ren-
seigné à ce sujet et que la vérité lui est parfois
cachée, sinon il me persisterait pas à tolérer
des abus qui nuisent gravement à l’intérêt
général.
Sous une forme concise la question a été
fort bien posée hier soir au Conseil commu-
nal. Notre but, comme celui de M. Nauts,
comme celui de M. Vandertaelen et du Collège
échevinal, n’est pas de recommencer une dis-
cussion de principe, ni de critiquer à fond un
fait accompli, mais, d’empêcher que le com-
merce belge soit victime de l’interprétation
erronnée, abusive qu’un intérêt particulier
donne aux engagements pris par l’État,
Il est du devoir du gouvernement de pren-
dre cette question à cœur; si l’indifférencedont
il a fait preuvejusqu’à présent se prolongeait,
elle finirait par donner lieu à de fâcheuses
suppositions. Aujourd’hui le gouvernement
n’est que mal renseigné; demain il serait cou-
pable.
La Sublime-Porte a fait savoir à la légation du Roi à
Constantinople, que le blocus du littoral du vilayet de
Scutari d’Albanie doit être entendu dans le sens d’une
simple fermeture, c’est-à-dire d’une simple défênse à
tous les navires d’aborder ce littoral.
Cette mesure ne s’étend que de Spîzza jusqu’à l’em-
bouchure delaBoyana inclusivement. En conséquence,
les croisseur» de la marine impériale ont reçu l’ordre
de s'opposer, même par l'emploi de la force, à ce qu’au-
n navire, quel que soit son payillon, s’approche des
: -iterdites, mais sans 1 arrêter ni le retenir, à
côtes 1 ' ^ contienne de la contrebande de guerre,
moins qn’n iSOUWlldiS rûntrebande seront saisis et
auquel cas les o»,„_ T.,.w ^ ^
le navire relâché suivant les mêmes règles ét 'avt„
mêmes formalités que s’il avait été rencontré en
pleine mer.
Un décret de S. M. le roi de Portugal, en date du
27 décembre dernier, a autorisé dans les colonies por-
tugaises l’entrée en franchise, avec exemption de toute
espèce d’impôts, des machines et instruments agri-
coles et industriels et des matériaux de construction
destinés à les établir.
Cette disposition est également applicable aux ma-
chines et matériaux destinés aux travaux d’utilité pu-
blique.
Exposition universelle de Paris en 1878.
Des concoure pour les animaux de la race caniné
auront lieu à Paris du 26 juin au 8 juillet 1878.
Les personnes qui désirent exposer des chiens
peuvent; obtenir les programmes et des renseigne-
ments à ce sujet en faisant la demande à M. le pré-
sident de la commission belge de l’exposition, bou-
levard du Nord, 118, à Bruxelles.
(Communiqué.)
Conseil Conwmnal d’Anvers
Séance du 22 janvier.
Présidence de M. léop. de vvael, bourgmestre.
La séance est ouverte à 8 heures.
Le procès-verbal de la séance précédente est adopté
sans observations.
Absents : MM. Biart, Van Lerius.
Crémation.
La société Volksbelang demande l'organisation d'un
service de crémation. Le Collége a répondu qu'il s'oc-
cupe déjà depuis quelque temps de cette importante
question.
La Tour Bleue.
Le Collége a reçu du Cercle artistique une lettre de-
mandant le maintien de la Tour Bleue.
M. LE bourgmestre propose de joindre la lettre au
dossier ; on la discutera dans une des prochaines
séances.
Adresse au roi d’Italie.
m. le bolrgmestre. Nous avons l’honneur de pro-
poser au Conseil de nous associer à la manifestation
dont l'administration communale de Bruxelles a pris
l’initiative et de voter une adresse de sympathiques
condoléances à S. M. le roi d’Italie.
Nous, qui avons le bonheur de vivre et de prospérer
sous un régime constitutionnel, religieusement res-
pecté par l’illustre fondateur de notre dynastie natio-
nale et par son auguste successeur, nous comprenons
et partageons la douleur que cause a lTtalie la mort de
Victor Emmanuel, le fondateur de la patrie italienne.
C’est ce sentiment qui nous porte à nous joindre aux
administrations communales qui, mues par les mêmes
sentiments et une communauté d’idées ont déjà mani-
festé leurs profondes sympathies. Si le Conseil par-
tage notre manière de voir nous vous proposons de
nommer séance tenante une commission de rédaction.
Adhésion.
m. de wivtf.r demande qu’on charge le Collége de
cette rédaction.
m. le bourgmestre. Il vaudrait mieux nommer uro
commission composée par exemple de MM. Allewaert
Gits et Nauts, pour nous soumettre avant la fin de la
séance, un texte que nous poumons voter en même
temps que le principe, eneore dans la séance actuelle.
Adopté.
MM. Allewaert, Gits et Nauts se retirent pour déli-
érer.
Mort de Frans de Cort.
k. van beers (motion d’ordre) rappelle qu’il y a quel-
ques jours la mort a enlevé à l’affection ae ses nom-
breux amis et à l’admiration de tous ceux qui s'inté-
ressent à la littérature néerlandaise, un enfant de
notre cité, qui s est placé au premier rang de nos
poètes nationaux contemporains. Frans de Cort vient
de succomber à peine âgé de 43 ans, à une courte et
terrible maladie.
Frans de Cort était le type du vrai Flamand, jovial,
toujours gai. cœur d’or, inébranlable dans ses convic-
tions. vous lavez vu à l'œuvre, eomme rédacteur en
chef du journal libéral de Schelde, et vous avez pu
1 apprécier comme un rude lutteur, comme un infati-
gable champion de la liberté et du progrès.
Ceux d’entre vous qui s’occupent plus spécialement |