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Dimanche 6 Janvier.
1818. — Quarante-troisième année, — N° 6.
Dimanche 6 Janvier.
ABONNEMENTS
n»n« nos bureaux et chez tons les Directeurs
de postes (franco de port), pour :
Anvers............... par trimestre, Fr. 13.50
La Belgique..
Le Hollande..
La France.
L’Allemagne.........
Loi Etats-Unis......
Brésil et Indes.....
trimestre, Fl. 8.80
semestre, » H,—
an, . 34—
trimestre, Fr. Ï3.—
v . 28.—
. . 19.-
. . 31.-
. . 31.-
LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
wet Bruxelles a5.15,9.35, 7.40 B ,
?.. 8.2* E., 8.55,10.15 E. — Lierre
30, 9.50,12.1------- “
(j!V 1WMÉRO «8 CENTIMES.
PAIEMENT FAR ANTICIPATION.
CHEMIN DE FER DE L’ETAT. - D’Anvers pour Malines et ]
9.15 H.,19.50,10.50 E., 12.15, 1.15 E., 3.15 B., 3.33, 4.40, 5.50, 6.50 E., 8.
6.30, 7.18,9.33, 11,1.50,5.21,8.28. - Temende et Gand 5.25 E., 5.30, 9.56,12.15, 3.33,4.45 E~ 8.55. -
Alost (par Termonde) 5.30, 9.50,12.15,3.33, 8.55: (par Bruxelles) 5.30, 9.15 g., 10,50 B., 12.15,
8.33, 6.50 B. — Lekeren (par Termonde) 5.30, 9.5Ó, 12.15,4.45 E. — Ninove, Grammant, Lessines,
Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25, 10.50 E., 12.15,3.33, 6.50 E. — Bruges, Ostende (par Malines)
5.30, 9.50,12.15, 3.33, 4.45 ; (par Bruxelles) 5.,25 6.50, 9.50, 10.50 E., 12.15, 3.15 E., 3.33, 4.45 E. -
Courtrai, Mouscren, Tournai, Lille 5.25, 9.50, 12.15, 3.33. 4.45. - Calais 5.40, 12.15,4.45 B. 1" et 2« cl.
— Louvain, Tirlemont, Liège et Verviers 5.25, 9.15 B.. 9.50,12.15, 4.45. 6.5Ö, 8.55 (Jusqu'à Louvain)
10 B. — Landen 5.30, 9.50, 12.15, 4.45, 6.50. - Spa 5.30,9.15 B., 9.50, 12.15. - Allemagne 5.2à
tevée de la boite 1.45 m.), 9.15 (boite 8.30), 1.50 (botte l.CB), 4.45 (boîte 4.10), 10.15 (boite 9.3®. - De
RUXKLLKS pour Anvers à 5.27, 8.17, 7.18, 8.03 E„ 9.16 B., 9.51, 10.50, 12.43, 2.30 B., 3.45, 4.34,
4.59 E., 5.39. 6.30, 8.05 E., 9, 11.30.
LIGNE D'ANVERS A BOOM. — D’Anvers pour Boom 6.45, 11.10, 5.10,1020. - De Boom pour
Anvers 5.20, 9.20, 3.10, 8.45.
P. A. DELA SOSTAfiSE.
DIREOTECR-eÔRANI.
BI IIEAUX s rue de l’Amman 1,
Place dis Musée, Anvers.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE.
D'Anvers pour Lierre 5.30, 7.12, 9.83, 11.00, 1.50, 5.15, 8.28. — Aersshot, Louvain, Dtest,
Hasselt 7.12, 6.33,1.50, 5.15. — Maastricht et Aix-la-Chapelle 7.12,9.33,1.50, 5.16. — Roosendaal.
Breda,Dordrecht, Rotterdam,7.20 9.05 B., 10.25, 2.30 (Jusqu’à Roosendaal), 3.41 B., 6.45. — Ottig-
Oles, Lodelinsart,Charleroi, Beraèe, Walcourt, Marienbourg, Vireux et au-delà 7.i2, 9.33 (Jusqu'à
Walcourt), 1JS0, 5.15 (Jusqu’à Lodelinsart). — Hérenthals, Turnhout et Tilbourg 5.30,11 Qasqu’à
Turnhout), 5.15.
CHEMIN DE FER DU PAYS DB WAAS.
D Anvers (départs du Veer dam) pour Tamise 8.30, matin, 3.15 b. soir. — D’Anvers pour
Boom 1 et 3 h. soir. — De Tamise pour Anvers 7.30 et 10.80 h. matin. — De Boom dout
Anvers 0.30 h. matin.
AGENTS !
HOLLMIM, M. H. NlJOH BT VAN DlTJSAR,
à Rotterdam, et tous les directeurs de postes
du royaume.
Havas, Lafi te, Bdixikr et O,
Place de la Bourse, 8.
Londres, Delizt, D a vies et O, 1, Oeil
tr®et, Strand, ©t A, Mànoinv T«r’i - -
Rrw, Levant Garden.
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Rubrique Anvers, la ligne....... j.50
Pour les annonces de la France s’adresse, a
MM. Havas Lafitte A O, Place de la Bourse
s, Paru.
Le* annonces sont mesurées au lignai
wàlrs. — Les titres re paient d’après l’etvac*
gu ils occupent. On no veut garantir les dates
LISTES ÉLECTORALES.
réclamations des cléricaux.
Les électeurs qui auraient reçu de la part
des cléricaux une demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de faire remettre cette pièce au
bureau de l’Association Libérale et Consti-
tutionnelle d'Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
résumé politique
Affaires d'Orient. — S’il faut en croire la Poli-
tische Correspondent de Vienne , la Turquie
aurait tenté, il y a quelque temps déjà, de nouer
confidentiellement avec le quartier général russe
des négociations au sujet d’un armistice ; cette
tentative aurait échoué.
D’après les versions qui circulent à Bucharëst
relativement aux conditions d’armistice que posera
la Russie, on serait d'avis au quartier général
russe qu’il faudra obtenir en tous cas un équivalent
pour les avantagés que la Porte retirerait d'une
suspension d’armes plus ou moins longue qui favori-
serait la réorganisation de sa force armée en
Roumélie. ................
La situation entre l'Angleterre et la Russie se
résume en ce seul point. La première de ces puis-
sances prétend que la paix avec la Turquie ne peut
étrè l'affaire exclusive de la Russie. Le cabinet de
St-Pétersbourg, au contraire, se refuse positive-
ment à admettre cette prétention. On voit par là
que le moindre incident peut amener de graves
complications.
Les Russes ont pris Sofia sans résistance ; c’est
une dépêche de Constantinople qui nous l’apprend ;
elle dit également qu* Mahmoud-Damat pacha, le
beau-frère dû Sultan a été remplacé ; c’est une con-
cession trop tardive à l’opinion publique.
On sait que les non-musulmans de Turquie ont
vivement blâmé le patriarche de Constantinople
d’avoir autorisé le service dans la garde-civique
musulmane.
De nouvelles démonstrations ont été faites di •
manche dans les églises grecques contre le patriarche
de Coifctantinople et contre le service militaire.
France. — Aujourd’hui ont lieu dans-toutes les
communes les élections pour les conseils munici-
paux. Ces élections sont assez importantes, parce
qüe ces conseils auront à procéder au renouvelle-
ment du Sénat.
L’incident Labordôre prend une mauvaise tour-
nure pour M. de Rochebouët ; le parti républicain
demande un exemple-, un acte énergique contre un
de ces gros conspirateurs militaires. On peut s’at-
tendre a, une interpellation pour mercredi ou jeudi.
D’après les informations de l’Agence Havas,deux
projets de loi mûrement élaborés seraient déposés
à là Chambre les députés vendredi prochain. L'un
de ces projets serait relatif à la responsabilité mi-
nistérielle. Les événements de l’annee dernière en
ont démontré l’urgente nécessité. La gauche se
réunira lundi matin pour se concerter sur les pre-
miers travaux de la session. On croit qu’elle dé-
cidera, dans l’intérêt même du cabinet, de ne point
encore désarmer. Il n’est point vrai, d’ailleurs,
comme le prétendent quelques feuilles de l’ordre
moral,que le ministèredoive réclamer la dissolution
du comité des dix-huit, ni demander l’intégralité
du budget sous forme d’un vote de confiance. Le
comité des dix-huit se dissoudra de lui-même lors-
que son existence ne sera plus nécessaire et quant
au budget il n’y a pas d’urgence à le voter tant que
le Sénat n’aura pas donné des gages de sa déférence
pour les verdicts du suffrage universel.
Il est question à Paris d’une ambassade de cour-
toisie que la république française enverrait à
Madrid â l’occasion du mariage du roi Alphonse. Le
Moniteur annonce que M. le duc d’Audiffret-Pas-
quier serait chargé de cette mission.
Le Vatican caresse le projet devoirrétablirlahié-
rarchie catholique en Ecosse, comme elle existe
déjà en Angleterre. Mais, au dire de VItalie, le
cabinet de Londres, qui doit craindre une vive op-
position de la part aune fraction importante de
la population écossaise, met à la réalisation des dé-
sirs ae Pie IXdes conditions qui auraient causé dans
les hautes régions de l’Eglise romaine un vif mécon-
tentement. Le cardinal Manning, qui est à Rome en
ce moment, dès son retour à Westminster sera
chargé de reprendre les négociations sur de nou-
velles bases.
La conférence internationale pour la réorganisa-
tion de l’entreprise du St-Gothard n’a pas abouti.
Huit millions étaient demandés, 3 1/2 seulement
ont pu être trouvés. La conférence a décidé que la
commission directrice du chemin de fer devait sol-
liciter l’intervention directe de la Confédération
helvétique.
Chine. — Le Moming Advertiser apprend,
d’après une source autorisée, que des informations
officielles reçues à Saint-Pétersbourg annoncent le
massacre de 15,000 hommes, femmes ou enfants, par
les troupes chinoises, dans la ville de Manas, qui
fait partie du territoire de Kashgar. Ce massacre a
été commis avec des circonstances de la plus
effroyable atrocité.
La”Russie ne trouverait-elle pas là matière à
une nouvelle “ guerre humanitaire? »
La guerre d’Orient.
Le Parlement turc.
Constantinople, le 3 janvier.
Dans la séance de la Chambre des députés de
lundi 31 décembre, uu député musulman a vivement
attaqué l’administration de la marine relativement
à la eapture par les Russes du paquebot ottoman
qui allait de Trébizonde à Constantinople. Il a dit
que la flotte turque, qui a coûté des sommes
énormes, n’a été d aucune utilité.
La Chambre a invité le ministre de la marine à
présenter et à donner des explications.
Sur la proposition d’un autre député musulman,
la Chambre a décidé d’inviter le ministre à rendre
compte à la Chambre de la part qu’il a prise dans
la direction dés opérations militaires.
Aujourd’hui, la Chambre a voté un passage du
projet d’Adresse, en réponse au discours du Sultan,
disant que les agents du pouvoir exécutif n’ont pas
fait leur devoir militairement!, ni politiquement
parlant. Cela équivaut à un vote de défiance.
4 janvier.
La Chambre a adopté l’Adresse en réponse au
discours du Trône. Outre le passage déjà signalé,
cette Adresse dit que la Chambre attend des pro-
jets de lois pour discuter la question du service
militaire des chrétiens, et insiste sur la nécessité
de l’application immédiate des réformes.
Médiation anglaise.
On télégraphie de Londres, le 4 janvier, à la
Gazette de Cologne :
“ On dit que lord Derby a adressé au gouverne-
ment russe, conformément à une décision du ca-
binet anglais, une Note dans laquelle il déclare que
l’Angleterre désire connaître la nature et la portée
de l’armistice proposé par la Russie, parce qu’elle
ne peut recommander auparavant à la Turquie
d’entamer des négociations dans ce sens. »
Le Standard annonce, dans une dépêche portant
la date de Vienne le 4 janvier, que le prince Gort-
chakoff a fait connaître aux deux commandants
en chef des armées russes en Europe et en Asie les
conditions que le gouvernement russe mettait à la
conclusion d’uni armistice.
■ Ces conditions auraient été communiquées aussi
a Vienne, où deux versions circulaient à ce sujet,
déclarant l’une, que la Russie’demandait le déman-
tèlement de Roustchouk et de- SI lis trie ; l’autre,
que les troupes russes devaient occuper toute la
Bulgarie jusqu’à ce que le sort de cette province
fût définitivement réglé.
Le même journal assure que le gouvernement
anglais demande à la Russie de désigner les condi-
tions auxquelles elle accorderait la paix à la Tur-
quie. Ce journal ajoute :
« Si là Russie éludé cette question en préten-
dant que la paix entre elle et la Turquie n’est point
l’affaire de 1 Angleterre et en continuant à écraser
la Turquie, le gouvernement anglais déclarera qu’il
ne peut pas tolérer un conjplet écrasement de ce
pays, ni permettre que la paix se fasse directement
entre les belligérants. »
De son côté, le Daily Telegraph reçoit de son
correspondant de Vienne une dépêche affirmant
que, dans la réponse faite par le prince. Gortchakoff
à la communication <ie lord Loftus qùi lui trans-
mettait au nom de son gouvernement les ouver-
tures de paix de la Turquie, se trouvaient ces mots
textuels : » Je n’accepte aucune médiation, quelle
qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. *
Pesth, 5 janvier.
On assure que le comte Andrassy a répondn à
une communication de l’ambassadeur d’Angleterre
relative aux affaires d’Orient, qu’il ne lui semblait
pas possible d’appuyer les combinaisons projetées
par le gouvernement britannique, parce que ces
combinaisons avaient toutes en vue le maintien ou
à peu près du statu quo, et qu’on ne pouvait pas
espérer, dans les circonstances actuelles, les faire
accepter par la Russie.
Syra, le 4 janvier.
Les dernières nouvelles de Constantinople portent
que, si la Russie repousse la médiation ae l'Angle-
terre, la Turquie attendra la réunion du Parlement
anglais avant de faire une démarche directe auprès
de la Russie.
Constantinople, le 3 janvier, soir.
La Porte a envoyé aux puissances une Note pro-
testant contre la demande que la Grèce leur a
adressée, de participer au Congrès éventuel pour le
règlement des affaires d’Orient.
Saint-Pétersbourg, 4 janvier.
L’Agence russe, analysant la réponse de la Rus-
sie à là note de l'Angleterre, dit qu’elle ne pouvait
pas être mal interprétée, attendu qu’elle constate
une fois de plus que les décisions et les actes de la
politique impériale sont guidés par deux princi-
pales préoccupations : mettre fin aux causes sans
cesse renaissantes de troubles et aux difficultés de
la guerre, et éviter des complications en ména-
geant les intérêts des tiers. Des garanties ont été
données pour la sauvegarde des intérêts anglais
aussitôt que le cabinet de Londres a fait connaître
quels étaient ces intérêts. Le gouvernement et le
public anglais en sont satisfaits.
Les intérêts anglais ne sont pas plus menacés
aujourd’hui, car, bien que la Russie ait fait des
réserves pour le cas où les nécessités de la guerre
l’obligeraient à chercher la paix sous les murs de
Constantinople, il dépend de l'Angleterre d’éviter
cette éventualité en ôtant à la Porte toute illusion
sur le secours que pourrait lui prêterf’Angleterre.
Il est, en effet, évident,.que si la Porte a lieu d'es-
pérer que l’entrée des Russes S Constantinople
décidera l’Angletèrre à intervenir, elle fera tout
pour provoquer cette éventualité en refusant ton-
tes les conditions de paix.
Question électorale.
La Cour d’appel de Liège, lr9 chambre, a
rendu, à son tour, un arrêt sur la question de
la valeur locative, mais à un poinftfé vue
nouveau. Voici les faits tels que les rapporte
la Meuse :
On sait que, d’après la loi de 1822 sur la
contribution personnelle, les maisons, dont la
valeur locative ne s’élève pas à plus de
fr. 42-32, ne sont pas imposâmes. Plusieurs
habitants de la commune d Hanzinno, province
de Namur, dont les maisons qu plutôt les bi-
coques avaient toujours été pour ce motif
exemptées de l’impôt, se sont imaginés cette
année, pour devenir électeurs, de déclarer
une valeur locative supérieure à fr. 42-32, et
cela sans justifier que leurs habitations va-
laient davantage, sans même alléguer qu’ils y
avaient apporté quelque changement ou quel»
que amélioration.
Le fisc, qui naturellement ne demande ja-
mais mieux que de.yoir les contribuables
payer, le plus possible, accepta ces déclara-
tions, et ces généreux habitants furent ins-
crits sur les listes des électeurs communaux.
On réclama devant la députation permanente
de Namur, mais celle-ci maintint ces indivi-
dus sur les listes électorales, en prétendant
que l’autorité administrative, ayant accepté
les déclarations des contribuables, on devait
s’incliner devant ses décisions.
Tel n’a pas été l’avis de la Cour d’appel, qüi
a décidé qu’en cette matière l’autorité judi-
ciaire a toujours le droit de rechercher -si
l’électeur possède la base de l’impôt qu’il paie.
Dans les différents cas qui.lui-étaient soumis,
la fraude étant manifeste, la Cour a réformé
la décision de la Députation de Namur et or-
donné la radiation de ces individus des listes
électorales d’Hanzinne.
A la suite de plusieurs autres conseils com-
munaux,celui a Ostende va être appelé à déci-
der que le bureau de bienfaisance n’accordera
plus de secours aux familles dont les enfcmts
ne fréquenteront pas les écoles communales.
On vient de constituer un Cercle catholique à
St-Trond. Rien n’a manqué à l’éclat de la petite
fête qui vient d’avoir li.eu à cetteoccasion.ni messe,
ni discours, ni banquet plantureux, ni chanson-
nettes où “ des artistes amateurs ont donné cours,
sur un théâtre improvisé, à la v.erve inépuisable «le
la gaieté flamande. •> On a joint aussi l’utile à l’a-
gréable, les discours de M. Cornesse,ancîen mi3rils-
tre de la justice, candidat futur à la Chambre, et
les gais refrains de table, terminant heureusement
une journée si bien commencée par des hymnes
adressés au Seigneur pour attirer ses bénédictions
sur le cercle nouveau-né. Nous avons voulu avant
de rendre compte de la cérémonie, attendre que la
Gazette de Liège nous eût fait connaître tous les
discours prononcés, discours si longs et si nom-
breuxque deux de ses numéros y ont à peine suffi.
C’est M.Cartuyvels.vice-recteûr de l’université de
Louvain, quiacelébrélamesse, à laquelle assistaient
MM. Thonissenet dePitteurs-Hiégaerts, députésde
l’arrondissement ; le chevalier Uelens, bourgmestre
de St-Trond ; M. le notaire Coemans, président du
nouveau cercle, et quelques centaines ae personnes,
dit la Gazette de Liege.
M. le doyen parut en chaire et fit un sermon
sur “ la fraternité chrétienne. - Or, on sait ce que
les cléricaux entendent par fraternité chrétienne.
En tous cas, M. Cartuyvels l’a nettement expli-
qué en disant que par fraternité chrétienne, il faut
comprendre le devoir et le besoin des catholiques
de se rallier contre tout cequi peut être un obstacle
au pouvoir de l’Eglise “ dans ces citadelles élevées
sous le nom de cercles catholiques aux confins de
la vie publique et de la vie de famille. « II a surtout
insisté sur les conséquences de la situation nou-
velle qui impose comme obligation à l’initiative
privée des catholiques “ de substituer leur activité
a la défaillance du pouvoir public. « Heureusement
pour nos ministres qu’ils n’étaient pas là. Ils auraient
été peu charmés sans doute de s’entendre accuser
de défaillance, et nous ne voyons pas que ni M.
Thonissen ni M. de Pitteurs-Hiégaerts aient cru
devoir, durant le banquet qui suivit la messe,
prendre la parole pour les relever de cette accu-
sation.
Ce banquet fut splendide, paraît-il ; la Gazette
de Liège en donne soigneusement le menu. Mais
nous ne nous arrêterons pas à ces détails culinaires
pour dire seulement quelques mots des toasts qui
furent portés.
Le premier toast, — « est-il besoin de le dire ? »
fait observer la Gazette, — est adressé au Pape
par M. le président Coemans. Le toast au Roi,
comme de coutume dans les réunions cléricales,
ne vient qu’en second lieu. Il est porté par M. de
Pitteurs.
Viennent ensuite quelques toasts dûs à « la pa-
role énergique et hardiment chrétienne » de M. Van
Vihckeroy. Il boit à M. Cartuyvels, à M. Thonis-
sen, à M.Cornesse “que la haine de ses adversaires
et l’effroi qu’il leur inspirait ont écarté un temps
du palais ae nos législateurs, où il rentrera bientôt
pour y défendre, comme autrefois, avec une vail-
lance indomptable, un talent si remarquable et si
incisif, une merveilleuse éloquence, les intérêts de
l’Eglise et ceux delà Belgique. •>
M. Comesse a hâte de donner un nouvel échan-
tillon de sa “ merveilleuse éloquence. » C’est la
véritable pièce de résistance du banquet, une olla-
podrida de haut goût, servie pour la circonstance,
et ne contenant en somme que ceci : “ La Belgique
est foncièrement catholique; je suis catholique; le
pays a besoin d’être sauvé; je sauverai la Belgique;
accordez-moi vos suffrages, et « moi qui vois les
» immenses périls de cette croisade d’impiété see-
» taire dont le triomphe ramènerait la société vers
» la barbarie, - je vous sauvegarderai contre ces
périls. »
Selon M. Prosper Cornesse, le triomphe des libé-
raux serait le signal d’une ère de persécution et de
guerre religieuse. Et ses bons auditeurs de s’écrier:
C’est vrai! Oui! oui! Seulement, pour combattre ce
péril, M. Cornesse ne parait pas avoir une fort
grande confiance dans l'efficacité des prières. Il
trouve que c’est là une garantie fort insuffisante.
“ La foi qui n’agit pas, n’est pas une foi sincère, »
a-t-il soin d’ajouter. Aussi veut-il qu’on agisse.
“ Tous les catholiques doivent être prêts au com-
bat pour les grandes batailles qui se livreront dans
le courant de 1878, à l’occasion du renouvellement
des conseils provinciaux, des Chambres législatives
et des conseils communaux. Tous doivent être de-
bout pour défendre nos croyances religieuses me-
nacées, nos institutions politiques compromise. »
Seulement M. Cornesse néglige de aire en quoi
sont menacés ses croyances religieuses, dont on ne
s’occuperait guère, si ces mêmes croyances ne ser-
vaient de brandon de discorde entre les mains de
quelques ambitieux ; il n’explique pas davantage
en quoi nos institutions politiques sont compro-
mises. Mais, on le sait, M. Cornesse a toujours
aimé les grandes phrases, les mots à effet, et s’ils
ont pu en produire dans le milieu où ils ont été
prononcés, relus à froid ils perdent toute leur
vertu. On est endroit de se demander ce que ce
verbiage veut dire, et l’on ne trouve comme ré-
ponse que ceci : M. Comesse brûle de revenir à la
Chambre, l’occasion lui est offerte de prononcer un
long discours, sorte de profession de foi ; il en pro-
fite et le Cercle catholique de Saint-Trond n’a l’air
d’être créé qu’à son plus grand profit et gloire.
Pour se remettre d’un si “ merveilleux » dis-
cours, un peu de musique était nécessaire, et les
ouvertures Freyschuts et de la Norma préparent
les convives à de nouvelles luttes oratoires.
M. Th. Leunen, “ jeune avocat de beaucoup
d’avenir » préludé; M. Thonissen joue le thème;
M. Joseph Demarteau, le rédacteur en chef de la
Gazette de Liège, ajoute quelques variations. 11
boit aux prêtres, au clergé, à M. Cartuyvels. M.
Cartuyvels répond. Il porte un toast à l’avenir ca-
tholique duLimbourg, à la conservation;de la foi,
et termine son discours en formant des vœux pour
que Dieu daigne faire partout germer des prêtres
éoftuHe i-etrx qutsont déjà. Lesquels ? Car il y a
prêtres et prêtres, comme Ï1 y a fagots et fagots.
Mais la fête desinit inpiscem. Quelques motp
prononcés par M. Halflants, qui se déclare orateur
- de dix-huitième ordre, et quelques autres balbu-
tiées par M. le notaire Coemans, “ trop profondé-
ment remué» pour être éloquent, terminent la série
des discours et des coups a’encensoir réciproques.
C’est à ce moment que “ la table d’honneur dispa-
raît » et que l’estrade où elle se trouvait placée
“ est transformée en théâtre improvisé, où des
artistes amateurs donnent cours, dans diverses
chansonnettes, à la verve inépuisable de la gaieté
flamande. »
La morale de tout ceci est que les cléricaux tra-
vaillent fort et ferme en vue des prochaines élec-
tions et que les libéraux ne feraient pas mal de ne
pas s’endormir. (Indépendance.)
Un jésuite, Belge de naissance, le P. Depelchin,
vient d’être chargé par le général Beckx de l’évan-
gélisation de l’Afrique australe. Le P. Depelchin a
été, paralt-il, recteur d’un collége à Calcutta, puis
d’un autre à Bombay. Sa mission a spécialement
pour but la conversion au catholicisme des grandes
tribus africaines fixées au nord du Transvaal.
Les journaux cléricaux exaltent beaucoup l’im-
portance de la mission du P. Depelchin, et font
appel aux bourses catholiques pour couvrir les
frais de son voyage et de celui de ses compagnons.
Les dons pour la mission de l’Afrique australe doi-
vent être adressés, disent ils, a la compagnie
de Jésus.
Les jésuites, voyant qu’ils n’ont pa3 eu dans l’ex-
pédition qui est partie pour l'Afrique centrale, le
rôle auquel ils aspiraient, organisent donc eux-
mêmes une expédition. Les explorateurs belges
sont partis, les uns du Congo, les autres de Zanzi-
har, pour se rejoindre dans l’Afrique centrale ; le
jésuite venu au Sud viendra les y retrouver, et
l’on sait quels dangereux acôlytes sont ces mis-
sionnaires.
En attendant, l’œuvre de l’Afrique australe va
faire concurrence à l’œuvre de l'Afrique centrale,
et les bons pères s’efforceront de détourner dans
leur caisse les sommes que l’on destinait à celle de
la Société de géographie. Or, il y a cette différence
essentielle, que l’on connaîtra toujours l’emploi des
fonds offerts à l’œuvre de l’Afrique centrale, dans
un but à la fois scientifique et humanitaire, tandis
qu’on ignore toujours ce que deviennent les
sommes tombées dans l’escarcelle des révérends
pères. - <Indépendance.)
La Tour Bleue.
Nous recevons la lettre suivante d’une per-
sonne qui occupe une place distinguée parmi
les amateurs .d’art de notre ville :
Monsieur le directeur du journal le Précurseur,
à Anvers.
Puisque votre journal est ouvert à la polémique pour
le maintien ou la démolition de la Tour Bleue et que
la conservation de cet édifice peut dépendre du nom-
bre de réclamations qui se feront jour, je me permets
à mon tour d’élever la voix en faveur de la restaura-
tion de cette Tour.
Si un petit nombre d’habitants se trouvent offusqués
de sa situation en face de leur demeura, il en est
d’autres, et j’sn suis quoique voisin, qui seraient heu-
reux de la voir conserver.
Parmi les raisons qu’on fait valoir pour obtenir sa
démolition, on objecte qu’eite est un obstacle à la cir-
culation, qu’elle est laide, et qu’aucun souyenir histo-
rique ne s’y rattache.
Il est au contraire manifeste au simple examen de
la localité que les nombreuses rues qui aboutissent à
cet endroit sont plus que suffisantes pour donner pas-
sage dans toutes les directions. On peut citer comme
point de comparaison le Pont de Meir qui, bien loin de
présenter la même longeuer de voie, suffit encore au
passage de voitures et de piétons le plus considérable
de toute la ville.
Quant à dire que le monument est laid, cet argument
est sans valeur, car il n’est pas nécessaire qu'il soit
joli; il lui suffit d’avoir du caractère ; et certes tout
homme ayant un peu le sentiment du pittoresque qui
s’arrête devant la Tour Bleue après avoir passé avec
ennui la revue des habitations monotones de nos rues
et de nos boulevards, est vivement frappé de l’aspect
étrange de cet édifice dont le type révélé une idée
de force et de puissance.
La généralité des artistes, affaire de goût et de sen-
timent, admira l'effet pittoresque produit par la com-
binaison si simple des lignes des diverses parties de la
Tour Bleue. Elle mérite d’être conservée pour son as-
pect, à titre de souvenir d’une époque reculée, et
comme l’un des plus anciens édifices d’Anvers sur la
date de la construction duquel on ne semble même pas
très bien renseigné.
Il va sans dire qu’il faudrait y faire rétablir tous les
détails d’ornementation qui contribueraient à lui ren-
dre son cachet, par exemple les ferrailles qui ornaient
les pignons, le paratonnerre, un perron avec une
rampe en fer devant la porte d’entrée et la réouver-
ture des lucarnes.
Des plants de lierre menés avec sobriété le long de
la base contribueraient à charmer l’œil.
Quant au toit qu’on voue à la réprobation en le com-
parant à un affreux éteignoir il Contribue à l'harmonie
des lignes, et certes,s’il fallait démolir des monuments
parce que leur toiture semble un éteignoir, il faudrait
commencer par le Palais de Justice, et continuer par
la tourelle de la Banque.
Laissons donc la Tour Bleue à sa place, puisqu'il
n’y a pas de motifs urgents de la raser, et peur ne pas
regretter plus tard une résolution précipitée.
Mes vœux puissent-ils trouver de l’écho.
Un membre du Cercle artistique.
Bureau Veritas.
La direction du Bureau Veritas vient de publier la
statistique suivante des sinistres maritimes signalés
pendant le mois de novembre, concernant tous les pa-
villons.
Navires à voiles signalés perdus : Tl anglais, 21 alle-
mands, 20 américains, 14 français, 14 norvégiens, 7
hollandais, 7 portugais, 6 suédois, 5 danois, 5 italiens,
3 autrichiens, 1 république argentine, 1 belge, 1 russe.
8 pavillons inconnus ; total : 190. Dans ce nombre sont
compris 4 navires supposés perdus par suite de défaut
de nouvelles.
Navires â vapeur signalés perdus : 10 anglais, 2
allemands, 1 américain, 1 italien, 1 norvégien, 1 espa-
gnol ; total : 19. Dans ce nombre sont compris 3 va-
peurs supposés perdus par suite de défaut de nouvelles.
Chasse à courre. — Prolongation.
Par arrêté ministériel du 4 janvier 1878, la chasse à
courre avec meute et sans armes à feu restera per-
mise dans la partie nord et est de la province d'An-
vers jusqu’au 30 avril prochain inclusivement.
Chemins de fer de l’Etat.
avis. — Afin d’éviter des retards dans l’instruction
des réclamations pour délais de transport, surtaxes,
pertes, avaries ou manquants, auxquelles peuvent
donner lieu les expéditions confiées au chemin de fer
de l’Etat, le public est prié de vouloir bien ne pais
perdre de vue que ses plaintes doivent être adressées,
dans les vingt-quatre heures, au chef de la station de
départ ou au chef de la station d'arrivée des colis.
Le chef de station est tenu d’accuser, par écrit, ré-
ception des réclamations qui lui parviennent et d’en
faire l'obiet d’une instruction immédiate.
Si la solution se fait attendre plus de huit jours, les
intéressés sont priés d’en référer à la direction générale
des chemins de fer de l’Etat.
Renie hebdomadaire de la Bourse d’Anvers.
Changea et fonda publies.
Anvers, 6 janvier.
Depuis notre revue précédente, il ne s’est guère
produit de faits politiques importants. On ne con-
nut Pas encore, officiellement, le résultat des bons
omces de 1 Angleterre qui avait accepté le rôle
d intermédiaire entre les deux belligérants pour
tacher de faciliter la conclusion d’un armistice; et
en présence des relations peu courtoises qui sem-
bient exister entre le cabinet de St-James et celui
de St-Pétersbourg, on serait en droit de craindre
nous parait-il, que l'immixtion anglaise dans les
négociations à intervenir entre la Turquie et la
Russie ne pût amener un bon résultat
En présence des derniers désastres de l’armée
turque et de l’infériorité numérique des troupes
dont la Porte peut encore disposer pour arrêter
1 invasion moscovite, le parti de la paix semble
avoir gagné du terrain à Constantinople.
Entreteraps, les hostilités continuent et, d’après
les dernières nouvehes, les Serbes et le corps du
général Gourko se trouveraient pour ainsi dire sous
les murs de Sofia.
Après un moment de défaillance au commence-
ment de la semaine, la bourse a vivement repris et
la clôture se fait à des cours meilleurs que ceux de
samedi dernier.
A terme, les Métalliques restent demandées à
5/16 au 15 courant, après 50 3/8 au plus bas et
51 3/8 au plus haut.
Au comptant, les transactions ont été peu ani-
mées, sauf pour nos fonds Nationaux et les lots de
villes.
Le 3 0/0 Belge ne s’est guère écarté du cours de
76 7/16 et reste offert à 76-1/2, en hausse de 1/8 p c
le 4 1/2 p. c. monte de 1/16 et clôture à 103 13/16.
Les lots de villes, belges sont en général mieux
tenus que la semaine précédente. Les Anvers 1874
montent de un franc à 94 et ceux de 1867 gagnent
75 centimes à 95.
Les lots de Bruxelles 1856 montent de fr. 1-75 et
clôturent à; 90 3/4 ; ceux de 1862 gagnent fr. 1.25 à
91,25 ; et ceux de 1874 montent de un franc, pour
finir la semaine à 97.
En valeurs étrangères, les transactions du comp-
tant ont été très limitées.
Les Métalliques restent demandées à 51 3/8, en
hausse de 1/8 p. c. depuis huit jours, après avoir
touché les cours extrêmes de 50 1/2, et de 51 j/2
Pour les Nationales, la reprise a été plus sen-
sible et nous les laissons à 54 1/2, après 53 l 4 en
hausse de 11/4 pour cent.
Les Lots d’Autriche 1860 sont recherchés à il'0
francs, contre les 1140 d’il y ahuit jours.
Les Valeurs Hongroises “sont également mieux
tenues, hormis, toutefois, les Bons du Trésor 6 0/0
1874, qui restent offerts à 85 1/2, cours de clôture
antérieur. Les 5 0/0 1871 et 1873 clôturent à 59 i/o •
les Bons du Trésor 1873 restent demandés à 91 W
en hausse de 3 p. c.
Le 3 0/0 Portugais reste offert à 49 1/8 après
48 7/8. L'Extérieure d’Espagne est un peu plus
ferme et clôture à 12 3/8, après 12 1/8.
Les fonds russes ont aussi bénéficié quelque peu
des dispositions générales des bourses et qui se
sont traduites par de la hausse. Les Obligations
4 0/0 1867/1869 du chemin de fer Nicolas montent de
fr. 1, et restent offertes à 69.
Le 5 o/o Turc a décroché le cours de 9. et finit la
semaine sur ce prix.
Ên valeurs Américaines, il n’y a eu que très peu
d’affaires; les 5 0/0.1871 des États-Unis restent
offerts a 99 3/8, en baiâse del/8p. c. pourlasemaine.
Le marché des changes a aussi été insignifiant;
toutefois nous devons cov 'ter que toutes les
devises, à part le Paris, sont, peu mieux tenues.
Le Londres chèque à vue est demandé à 25.19 ;
pour tirages chez banquiers, il faut payer 25.22.
Le Londres terme est recherché et se place cou-
ramment dans les pi. _ 25.22 à 25.23 1/2 suivant
les signatures et l’échéance du papier.
Les Valeurs Allemandes sont très demandées, le
pap'er court se négocie facilement dans les prix
de 123.17 1/2 à 123.25. Quant aux valeurs à terme
elles sont moins recherchées et valent de 123.25, à
123.40 suivant la nature du papier. d >
Le Paris court est offert à I 3/4 0/00 avance '
reste demandé par banquiers à 1/2 0/00.
Pour le Hollande nous cotons 207.95 P. 1 3/4 p.
c. perte) et 207.55 A, (1 15/16 perte).
NOUVELLES^ÉTRANGÈRES.
ITALIE.
Au Vatican.
La Gazette de Cologne publie la dépêche sui*
vante :
« Rome, le 4 janvier.
» La présence de Mgr Manning à Rome acquiert
une certaine importance politique. Mgr Manning
travaille manifestement en vue d'obtenir que le
prochain conclave se réunisse à Malte,
» On remarque que la presse dévouée au Vatican
prodigue subitement les plus grands éldges à la
politique anglaise. »
ALLEMAGNE.
Le déficit du budget.
La Pall Mail Gazette publie une dépêche de
Berlin d’hier, annonçant que le supplément du bud-
Feullleton du PRECURSEUR.
CAUSERIE SCIENTIFIQUE.
XIII
Lee phénomènes de la Religiosité.
VIII
Un examen quelque peu approfondi des relations
entre la science et la religion nous a révélé plusieurs
faits d’une haute portée et nous a permis, entre
autres, de compléter notre définition de la religion.
L’étude des relations entre la religion et la morale
va nous fournir des résultats encore plus impor-
tants, surtout au point de vue pratique.
Nous avons déjà touché quelques mots de la mo-
rale,mais nous nous sommes bornésà la simple con-
statation de ce fait : que toujoursle peuple a basé sa
morale sur la religion. C’est une règle sans excep-
tions. Les partisans de la morale indépendante sont
d’avis que cette dépendance est un fait regrettable,
un mal pour l’humanité, une entrave au progrès ;
mais cette opinion n’empèche pas que la sujétion
de la morale à la religion ne soit un fait des plus
constants; or, la plupart des définitions le passent
sous silence; la seule qui en fasse mention, c’est
celle que nous avons citée d’Alexandre de Hum-
boldt : “ Une religion se compose d’une morale plus
ou moins fausse et d’une fable plus ou moins folle. »
Malgré son ton familier, cette remarque énonce
nettement les éléments essentiels de toute religion;
la « fable plus ou moins folle,» c’est la partie scien-
tifique ou cosmogonique,l’explication de la nature;
malheureusement, la définition est incomplète en
ce qu’elle ne donne pas le moindre renseignement
sur les rapports entre l'élément cosmogonique et
l’élément moral ; elle se borne à constater leur
coexistence dans les religions.
De ces deux éléments, l’élément cosmogonique
est essentiel, l’élément moral est dérivé. En effet,
il serait facile de prouver que les religions com-
mencent par donner une histoire de la création et
que les préceptes de morale ne sont énoncés que
lorsque l’existence de l’Univers a été expliquée
d’une manière complète. Par exemple,les premiers
chapitres de la Genèse, le premier livre du Penta-
teuque, sont consacrés à l’histoire de la Création.
La religion, avons-nous vu, répond à un besoin
de l’esprit humain incité par les phénomènes de
la nature ; mais l’homme a conscience, non seule-
ment de l’existence du monde extérieur, mais éga-
lement de sa propre existence ; et cette deuxième
question l’intéresse, le préoccupe tout autant que
la première. Aussi, toutes les religions s’étendent-
elles longuement sur la création de l’homme, ses
affinités, sa place dans la création, son rôle, sa des-
tinée. La Genèse, après avoir donné une relation de
la création en général, consacre à la création de
l’homme un chapitre spécial. Chaque religion in-
dique nettement quelle est sa place dans la nature.
Est-il besoin de rappeler la décision prise par
l’homme, juge et partie en cette affaire ? Il s est
proclamé le roi delà création ; tout a été organisé
spécialement pour son plaisir ou pour ses besoins ;
la terre même qui le porte est le centre de Puni-
vers !
La religion ne donne donc pas seulement à
l’homme une explication du monde extérieur ; elle
lui donne également une idée bien arrêtée de sa
propre nature, de sa vocation. Ne voit-on pas im-
médiatement que cette idée influera de la manière
la plus puissante, la plus efficace sur la direction
des agissements de l’individu ? L’unique mobile des
actions humaines consiste à rechercher le bonheur
et à fuir la douleur,- or, tout le monde admet que
le bonheur ne se trouve que dans la pratique du
bien, dans l’accomplissement du devoir; si nous
faisons un pas de plus, si nous demandons ce qui
détermine pour chaque individu la conception de
bien et de mal, de devoir etc.,la morale en un mot,
nous trouvons que c’est l’opinion qu’a chaque indi-
vidu de sa propre valeur, de la place qu il croit
remplir dans le monde, du rôle quil se croit appelé
à y jouer.
La dépendance de la morale est donc un fait très
naturel et très juste ; quand un homme sans in-
struction ne connaît d’autre cosmogonie que celle
de sa religion et qu’il base sur cette cosmogonie
ses idées au vrai, au beau et du bien, sa morale en
un mot, il est beaucoup plus logique que le philo-
sophe, qui prétend améliorer cette morale sans amé-
liorer au préalable l’explication de la nature ; qui
veut donc obtenir un effet sans faire agir l’unique
cause de cette effet. On comprend à présent
pourquoi toutes les tentatives de répandre dans les
masses une morale indépendante de toute religion
ont misérablement échoué, malgré le talent des
promoteurs, malgré l’infériorité de la morale qu’il
s’agissait de remplacer.
Il y a donc entre la religion et la morale, une
relation de cause à effet ; il en résulte qu’une défi-
nition qui néglige la morale, corollaire de toute
explication générale de la nature, pour ne s’occu-
per que de la cause, n’est pas incomplète au point
de vue de la stricte logique ; mais il y aurait évi-
demment avantage à mentionner un élément aussi
important dans la pratique que la morale. On se
rappelle la forme qu’avait prise en dernier lieu
notre définition : “ La religion est une théorie ab-
solutiste de la nature. » Nous aurons donc à la
modifier encore une fois et nous dirons que “ la
religion est une théorie' absolutiste de la nature,
servant de base à la morale. »
Nous avons démontré dans le dernier feuilleton
qu’une religion est fatalement amenée à s’immobili-
ser, tandis que la science est essentiellement pro-
gressive; il arrive donc un moment où la logique
des choses amène une rupture, où non seulement
tout compromis, toute tentative de conciliation est
condamnée à échouer, mais où il n’est plus même
possible à l’individu isolé de rester neutre. Cette
heure a sonné, la lutte décisive vient de s’engager,
ardente, implacable.
Le résultat auquel nous sommes parvenu? au
sujet d# la dépendance de la morale ne manque pas
d’une certaine importance théorique, mais ce n’est
là que la moindre de ses qualités ; au point de vue
pratique, il va nous permettre d’élaborer un plan
de campagne rationnel pour la grande lutte contre
l’ignorance et contre la réaction intellectuelle ;
tous, nous avons une confiance illimitée dans la
force de la science, et nous la considérons comme
seule capable de faire progresser l’humanité,- mais
si nous voulons aider au progrès, il ne suffit pas de
posséder cet instrument tranchant qu’on appelle la
science, nous devons surtout apprendre à nous en
servir, non seulement de manière à ne pas nous
blesser, mais à en retirer le maximum d utilité.
Le premier campagnard venu sait que dans une
fabrique de papier on produit du papier au moyen
de chiffons. Cependant, il ne viendra à l’esprit de
personne de confier à ce cultivateur la direction
d'une papeterie ; notre paysan, eût-il à sa disposition
des matières premières de qualité supérieure, et Les
machines les plus perfectionnées, ne produirait rién
qui vaille et ruinerait ses commettants. Le cam-
pagnard sait parfaitement ce qui se fabrique, mais
il ne sait pas comment cela se fabrique ; c’est cette
ignorance du comment, qui le rend impuissant à
produire quoi que cejsoit.
Beaucoup d’adorateurs sincères et passionnés du
progrès ont le savoir de notre campagnard ; fis
savent que la science produit le progrès. C’est à
l’ignorance complète du comment que nous croyons
pouvoir attribuer le décousu de l’activité progres-
siste et le inode défectueux de propagande. (1)
(1) Ici se placerait naturellement un examen'critique
des divers moyens de propagande usités ; mais cet
examen nous entraînerait trop loin. Nous ne ferons
que mentionner les points suivants : 1” Le théâtre, les
arts et la littérature sont subventionnés pas l’Etat
parce qu’on les considère comme des instruments de
progrès ; cette opinion est fort ancienne et les Romains
en avaient fait un dicton : Castigat ridendo mores.
Comme instrument de progrès,les théâtres, etc..valant
ce que vaut la conception qu il neuventdonnerà l’homme
de sa propre nature, c’est-à-dire presque rien. 2° L’é-
cole est le seul mode de propagande efficace ; une loi
sur l’enseignement obligatoire pourrait soumettre la
Rappelons-nous comment procède la religion ;
elle donne à l’homme une explication de la nature ;
nous avons vu que cette explicationestdéfectueuse
au possible, qu’elle repose sur une connaissance
insuffisante des phénomènes, qu’elle est le produit
d’une logique des plus primitives; une comparaison
avec quelques théories modernes (on se rappelle la
lettre de M. Arthur Cornette) a démontré l'incon-
testable supériorité de ces dernières. Comment se
fait-il donc que la science moderne n’ait pas encore
complètement détrôné la religion ?
Il y aurait plusieurs réponses à faire à cette
question ; il y a tout au plus trois siècles que la
science s’est émancipée et s’est soustraite à la
tutelle ombrageuse de l’Eglise ; trois siècles, c’est
beaucoup pour celui qui accepte la chronologie de
Melchisedech et qui croit que le monde est vieux
de 6000 ans ; mais c’est moins que rien pour celui
qui s’est élevé au-dessus de cette science d’alma-
nach populaire, pour celui qui a interrogé la géo-
logie et 1 anthropologie préhistorique ; des centaines,
des milliers d’années ne comptent presque pas dans
l’histoire de cette humanité dont on trouve les
restes jusque dans les terrains tertiaires. On pour-
rait donc dire que si la scienee ne s’est pas encore
répandue dans les masses, si elle est restée confinée
dans des cercles fort restreints, c’est que le temps,
ce facteur capital, a fait défaut.
Nous reconnaissons volontiers que cet argument
a beaucoup de valeur ; mais il y a une raison d’un
ordre plus général pour expliquer le fait en ques-
tion : c’est que la religion est une théorie complète
de la nature, tandis que la science n’a encore donné
jusqu’ici que des théories particulières.
On ne voit pas très bien du premier coup d'œil
comment cette dernière qualité de la religion peut
lui valoir sa suprématie; ce n’est pourtant que le
future génération tout entière à son influence. 11 est
bien évident que le système actuel d’enseignement
devait être remplacé par un système moins absurde;
l’écriture,la lecture et le calcul ne seraient plus consi-
dérés comme le but final de tous les efforts : les sciences
ne figureraient plus aux programmes à dose homœlo-
pathique; on en ferait la basede tout le système.
corollaire d’une loi fort simple qui peut s'énonçer
ainsi ; =■ On ne peut se faire une idée de la valeur
d’une partie d’un tout, aussi longtemps que ce tout
est indéterminé. » Or, il s’agit pour 1 homme de
se faire une idée de sa propre personnalité; mais
cette personnalité fait partie de l’univers, de la na-
ture; donc, en vertu du principe énoncé ci-dessus,
l’homme ne pourra avoir d’idée bien arrêtée de sa
propre personne s’il n’a pas d’idée bien arrêtée au
sujet de la nature dont il est une partie.
A toutes les époques, l’esprit humain a travaillé
suivant les lois de la logique ; les agissements de
l’individu n étaient jamais le fait du hasard ; le ha-
sard d’ailleurs n’existe pas et ce que nous désignons
par ce mot sont des causes inconnues ou trop com-
plexes pour être démélées.On ne peut concevoir un
homme dont les actions ne suivraient pas une ligne
de conduite quelconque ; les esprits supérieurs ont
conscience de la ligne de conduite qu’ils suivent et
parfois même il se la sont tracée par un effort
volitif ; les autres, véritables machines auxquelles
s’applique la définition cartésienne de ranima-
nte, vont, inconscients de tout ; mais ils ne
pourraient agir si, à leur insu, leur intelligence
obtuse ne basait leur ligne de conduite sur une
conception de la personnalité, et cette conoeptioir
serait impossible si elle n’était basée à son tour sur
une conception générale de la nature. Voilà pour-
quoi les religions commencent par donner une ex-
plication générale de la nature,pourdonner ensuite
une explication spéciale de l’homme et pour ter-
miner par un code de morale.
On nous demandera peut être pourquoi la science
n’a pas encore donné une théorie générale. Nous
pouvons derechef répondre que le temps a fait dé-
faut. Vainement on nous objectera que les résultats
les plus importants de la science moderne se re-
trouvent dans des écrivains de l’antiquité grecque
ou romaine. Démocrite a défini la constitution ato-
mique ou moléculaire de la matière; Darwin ou
Haeckel signeraient des deux mains le poëme de
Natura rerum de Lucrèce ; Epicure niait l’immor-
talité de l’âme et sa morale était franchement uti-
litaire et matérialiste. Nous ferons observer, avec
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