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Samedi 7 Novembre.
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1891. — Cinquante-sixième année. — N1 513.
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nous prions ceux de nos abonnés qui auraient
à se plaindre de s’adresser directement et im-
médiatement à l’administration du journal
par écrit,
1ESUMÉ POLITIQUE
lia événement imprévu vient d’obliger le président
du Conseil espagnol à modifier la composition de s®n
Cabinet. A la suite d’attaques violentes du Êesumen
contre son administration, le ministre de la marine,
famiral Béranger, a provoqué en duel le directeur
<ïe ce journal et donné sa démission ; M. Canovas a
pris l’intérim du départéinènt de la marine.. Nous
avons'va ce matin que le dùel entre M. Béranger et
le directeur du Resumen n’a pas eu de suite fa-
cheuse. '
D’après le Journal des Dçba(s,c& qui donne une
certaine gravité à la démission de M.Béranger, c’est
ijiféllé est, en réilité, le;résultat d’une situation qui,
depuis longtemps, excitait dans le public _de]s in-
quiétudes justifiées. Én effet, on était presque.una-
nime dans la péninsule à critiquer la gestion du mi-
nistère de la marine ; on avait relevé plusieurs
' Sits très graves : par exemple, on n’avait pas
trouvé la justification de l’emploi de sommes con-
sidérables, et l’on assurait, avec preuvës à l’appui,
que.des navires nouvellement construits à grands
(rais étaient hors d’état de servir. Aussi, tout en
faisant la part des exagérations,, on ressentait la
j crainte que le pays n’eût pas évènttielîèiléïït sur
i tier, à sa disposition, les éléments de défense sur
fcquels il croyait pouvoir compter en raison de ses
' normés sacrifices pécuniaires. Une campagne de
presse avait été entreprise en vue de -dénoncer les
abus commis, et d’inviter le président du Conseil à
prendre lui-mème la-direction de la marine. M. Ca-
lmas seul, disait-on, pouvait, par sa grande auto-
rité, sa force de caractère et l’indépendance de son
esprit, tenir tète aux coteries qui dirigeaient çe
département, faire cesser le désordre, introduire et
Appliquer les réformes' indis pensables,
èüncident JBéranger a précipité la solution ré-
clamée depuis longtemps. M. Canovas ne pouvait
pliis éviter de donner sur ce point satisfaction A
opinion publique. Ôn lui reprochait déjà, avec rai-
sonne n’avoir pas réussi à réaliser daus les financés
ta économies promises par le parti conservateur
IMb son, arrivée au pouvoir ; on aurait pu l’accü-
I ér de ne pas remplir la seconde des deux parties
tes plus importantes de son programmé, la -morali-
Sation de l'administration publique.
MJULKTliV TÉLÉGnAI'HIQtJR.
(,Service "particulier du Précurseur).
Londres,7 novembre.
Le bateau qui a brûlé sur les cotes de Grèce est le
hw du port dé Londres qui faisait le voyage de
Bâtoum à Anvers.
Le ministre du Brésil a déclaré au correspondant
parisien du Times que le Brésil a déposé à Londres
que somme d'argent suffisante a couvrir les dépenses
iFêtrangèrpour une période s’étendant au moins
jiiçqu’à juillet 1892.
Les financés à l’intérieur sont dans un état très
satisfaisant.
Rio-Janeiro, 7 novembre.
Il n’a aucun changement dans la situation.
M. Mayring, président de la Banque de la Répu-
blique^ la haute maiç sur les affaires publiques.
Le comte de Figuerto a été mis sous surveil-
lance et le directeur du Jornal a été menacé delà
déportation.
Les membres du Congrès abandonnent la. capi-
tale. ' ' . -
On n’a aucune nouvelle des provinces.
Rome, 6 novembre.
La conférence a clos la discussion.
La première partie de la proposition d’un bureau
définitif a été approuvée à i’imàiiimité.
La séance a été lçyéè,
otyptte dqlâ conférence a eu lieu au milieu de
inattention générale ; la salle èjt troç froifim
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Demain on s’attend à une bataille politique.
M. Cavolliti prononcera le 15 à Milan un discours
politique. , .
. Madrid, 6 novembre.
Plusieurs généraux et des officiers de la marine
ont signé eet après-midi une adresse de félicitation
au ministre de la marine.
Vienne, 7 novembre.
D apres des informations de Munich il s’est pro-
duit un temps d’arrêt dans les négociations commer-
ciales austro-italiennes. Le délégué autrichien vient
d arriver à Vienne pour chercher des instructions ;
' doit repartir dimanche.
On pense que dans les premiers jours de la se-
maine prochaine l’aeeord sera fait sur les points
actuellement en discussion.
Tanger, 6 novembre..
Les ulémas se sont réunis à Fez pour délibérer
sur ,1a question de Douât. Leur chef principal a
blâmé les agissements de Mouley Assan et a con-
seillé de pacifier le Maroc.
Les habitants de Figuig qui sont arrivés ici disent
que les.Dôuatiens ont ch<i.5sô ‘l’émissaire marocain
et veulent rester indépendants.
La contrée’ ou se trouve Bou-Amema est très agi-
tée. . -
Valparaiso, 6 novembre.
Qn dit que deux ministres de Balmaceda que l’on
croit réfugiés à la légation des Etats-Unis sont im-
pliqués dans le complot contre la vie du général
del Canto.
On a convoqué une réunion publique afin d’ap-
puyer une demande pour leur extradition.
Londres, 7 novembre.
Le. Saint-James Gazet reçoit d’un témoin oebu-
laire les détails suivants sur; l’affaire du Pamir :
Le capitaine Younghusband venait d’entrer à
Gandazri-Boza lorsqu’il fut arrêté- par ordre du
capitaine Jawmoss qui.se trouvait dans cette contrée
' la tète de'25 soldats russes.
Le capitaine Younghusband ne fut relâché qqe
lorsque celui-ci eut signé l’engagement formel de ne
pas franchir un certain défilé. Il se rendit alors
dans la direction de Kaschemir.
Quant au lieutenant Davison il fut arrêté dans
le.Pamir et reconduit par le territoire de Kahsgar
et le territoire russe aux Indes Britanniques.
Le témoin oceulaire de la Saint-James Gazet dît
que le capitaine Jowmoss était en communication
continuelle avec le gouverneur russe du Turkestan
russe.
Paris, 7 novembre.
La victime de Vaubourg était comme lui débar-
deur ; les deux hommes avaient entre eux des rela-
tions inavouables.
Vaubourg a gardé dans sa chambre sous son lit
jusqu’à dimanche soir le. cadavre de sa victime; il
le transporta ensuite dans une première cave, là il
lui coupa le nez et une oreille et l’enterra sous Un
monceau de bouteilles,puis il se décida à lui trancher
la tète mais son couteau coupait mal et il dut briser
la colonne vertébrale en la tournant dans tous lés
sens.
Le mobile du crime serait, croit-on, une question
d’intérêt.
Paris, 7 novembre.
Le conseil de guerre d’Oran a condamné hier à la
peine de mort deux légiqnnaïres de Géryviile poqr
désertion avec effets,armés ét inanitions et assassinât
de deux indigènes suivi de vol.
Deux de leurs complices ont été condamnés, à llo
ans de réclusion, à la dégradation militaire et à l’in-
terdiction de séjour.
On mande de Madrid au XIX Siècle qu’à la suite
des dernièbes manœuvres un duel serait iminent
entre les généraux Ochando et Carrera.
Voir plus loin la rubrique
DEItIVIERES NOUVELLES
Lettres berlinoises.
Notre correspondant de Berlin nous écrit :
Les Américains ont l’esprit inventif, c’est connu ;
cqi sait aussi qu’ils n’épargnent aucun effort pour
exporter leurs produits en Europe, et c’est pour cela
qu’il ne faut pas s’étonner de la résolution qu’a prise
le gouvernement de Washington de recourir aux
services d’une nouvelle espèce d’agent, qu’on pour-
rait qualifier de commis-voyageur officiel.
Je vous ai déjà dit quelques mots de M. Murphy
qui . est venu à Berlin pour faire connaître aux Alle-
mands les qualités nutritives du maïs américain et
qui se présente partout pour recommander sa mars
chandise nationale. , .
Eh bien I M. Murphy est un agent, un émissaire
du ministère de l’agriculture des Etats-Unis. Il est
arrivé ici avec une mission officielle. Quels gen-
pratiques que ces Américains ! ,
M. Murphy, en arrivant à Berlin, s’est présente à
la légation des Etats-Unis où le ministre américain
M. Phelps l’attendait. Le ministre avait été averti
que son gouvernement envoyait en Allemagne, M.
Murphy avec la mission de persuader le geuverne-
ment et le peuple allemands qu’ils auraient tous les
avantages à remplacer dansPalimentalipn de l’armée
et de la nation le seigle russe par le maïs américain.
Le ministre a immédiatement mis én œuvre toute
son influence officielle pour faciliter le succès à M.
Murphy. U a demandé des audiences au ministère, il
a fait le tour du monde administratif avec son com-
patriote et partout il l’a présenté comme itn agept
chargé d’uçe mission officielle.; de cette façon M.
Murphy s’est ouvert tou tés les portos.
Le voilà en rapport ave&ie ministère de la guerre,
avec le ministère du commerce, de l’agriculture, avec
la scieuce agricole. Ce matin, les journaux publient
l’avis au public suivant : « Pour satisfaire aux nom-
breuses demandes qui nous sopt . adressées, nous
apprenons aux intéressés que M. Murphy, représen-
tant du ministère de l’Agriculture à Washington
pour l’introduction du maïs américain en Allemagne,
demeure à Berlin, Jüdenstrasse, nos 16/17 » !!
ii y a quelques jours, le ministre des Etats-Unis a
donné un diner officiel auquel jl a invité trois mi-
nïstres d’Etat, et M. Murphy, et sur la table les con-
vives ont trouvé le pain de Iriaïs! Le lendemain les
journaux faisaient savoir aux boulangers et au public
berlinois que « le pain nouveau », « le pain populaire
dé l’avenir », avait été jugé excellent par leurs
Excellences ! !
Avant-hier, ils annonçaient de même qu’on étu-
diait sérieusement au ministère de la guerre la
question de savoir si le pain de maïs ne pouvait pas
être introduit avantageusement dans l’armée !
Voilà comment travaille le gouvernement de Was-
hington! Après avoir usé de tous les moyens pos-
sibles pour forcer l’Allemagne à Ouvrir de nouveau
ses frontières au lard transatlantique, le voilà main-
tenant en pleine acUVifè pour décider l'Allemagne à
se nourrir de maïs. Celte diplomatie d’économie
pratique est certes du plus haut intérêt et nous nous
permettons d’insister pour appeler sur elle l’attention
de certains gouvernements européens. Il y a évidem-
ment là un exemple à méditer! et à suivre.
Berlin est depuis trois jours sous l'impression du
krach de la banque Hirscüfeld et Wolff, l'une des
plus anciennes et des plus importantes de la ville-
La maison avait une clientèle choisie, éminente.
Elle possédait la confiance du momte de la cour ; on
prétend même, mais ce détail ne parait pas encote
certain, qu’elle avait en dépôt de l’argent de l’impé-
ratrice Frédéric et du prince Henri, frère de l’Em-
pereur..
Parmi ses clients on cite le ministre des cultes
comte Jedlitz-Truetzschler, le comte Lehn dorff
adjudant-général de l’Empereur, M. von Benda,vice-
président de la Chambre prussienne, ainsi qu’une
quantité de hauts personnages aristocratiques.
Le chef de la banque, M. Wolff, vient d’être ar-
rêté, On raconte qu’un officier supérieur, qui avajt
confié toute sa fortune à cette banque, s’est présenté
pour retirer son dépôt et qu’il a appris que ce dépot
avait disparu. On e’en était servi pour spéculer à la
Bourse. : :
Le curieux de l’affaire c’est qu’un journal, ayant
été averti de la déconfiture imminente de la maison,
ftv.ait cru devoir mettre ses lecteurs en garde en leur
disant qu’une des premières Banques de Berlin se
trouvait gênée dans ses ópérafiöfis. 'Aussitôt le syn-
dicat des Anciens de la Bourse a pris position contre
la rédaction et a menacé de l’exclure de la Bourse
si elle ne s’arrêtait pas dans la voie de ses inexactes
révélations !
A présent toute la prgsse se met à la besogne pour
déconseiller aux capitalistes bourgeois de confier
leur avoir à des banques privées.. Que ceux, dit-on,
qui ont des dépôts à effectuer s’adressent à la banque
imperiale ou aient recours, aux trésors » qu’ont
institués plusieurs grandes banques.
Ces trésors sont des cases louées aux particuliers
par les banques et dans lesquelles sont déposés les
papiers par le locataire lui-même, qui a seul la clef,
de façon qu’il visite son trésor quand bon lui semble,
l’augmente ou le diminue à sa volonté, -
On recommande aussi à ceux qui n’osent pas gar-
der leur argent chez eux, de déposer les actions dans
une banque et les coupons dans une autre; enfin on
fait au public imprudent les plus sages recomman-
dations.
*
A signaler un grand article financier que vient de
publier la Gazette Nationale. La Gazette fait re-
marquer que le dernier emprunt russe a fait un
complet fiasco à Paris etjattribue cet insuccès à la
maladresse sur laquelle le syndicat parisien a opéré.
La Russie, dit-elle, a fait en Allemagne, depuis de
longues années, toute une série de grandes opérations
et. toujours elle a eu sa satisfaction. Pourla pre-
mïère fois qu’elle, lance, un emprunt (sans conver-
sion) en France, elle assiste à une baisse pitoyable
de ses tonds.
L’alliance financière russo-française est pour la
Gazette une entreprise malsaine et elle exprime sa
conviction que la Russie, instruite par l’expérience,
songera bientôt à retourner à son ancien allié, dont
les protestations d’amitié étaient moins bruyantes:
mais plus utiles et plus solides.
D’autres journaux berlinois prédisent « un formi-
dable krach » tant à Paris qu’à Saint-Pétersbourg.
On parle ouvertement ici d’un emprunt forcé que
sera obligée de iaire là Russie.On dit que M.Wysch-
negradsid, l’habile ministre des finances du Tsar,
est arrivé à la fin de ses succès et qu’il va entrer
dans une période de désolantes déceptions.
La politique joue évidemment son rôle dans ce
pessimisme ; mais il n’en est. pas, moins vrai que les
fonds russes se trouvent singulièrement dépréciés,
depuis Temprunt. parisien.,..,.
Indiscrétion.
L’indiscrétion à laquelle nous avons fait
allusion hier, à propos d’un concours de litté-
rature institué au théâtre flamand, est plus
grave, paraît-il, qu’on ne nous l’avait dit
d’abord.
La décision du jury a été lancée, dans le pu-
blic avant que la commission officielle du
théâtre en fût saisie, et avant qu’il pût être
procédé à l'ouverture des billets cachetés con-
tenant les noms des concurrents.
l'vttsr.imr-z -朜z&ïÀrtmœeï-zmï: v-sââiâ
La Chambre des députés de France avait aujour-
d’hui à son ordre du jour le rapport fait au nom de
la commission des douanes, chargée d’examiner le
projet de loi portant approbation de la Convention
signée à Bruxelles le 5 juillet 1890, concernant la
création d’une union internationale pour la publi-
cation des tarifs douanière.
Le projet de loi sera certainement adopté.
La disette en Russie.
Les journaux russes neus apportent des détails sur
les conséquences vraiment terrifiantes de la disette.
Les Nevosti affirment que,rien qus pour nourrir les
qffamés, il faudrait dépenser 240 millions de roubles.
Le.gouvernement a donné jusqu’à présent 72 mil-
lions. Mais tout cela ne suffit pas pour soulager tant
de misères. .
Au contraire, les secours de l’Etat et des particu-
liers ne; font que démoraliser les paysans et réveiller
en eux les pires instincts de la nature humaine : ils
se livrent plus que jamais à l’ivrognerie et ne veu-
lent plus travailler.
Les ouvriers du chemin de fer de Koursk-Voronèje
et de celui de Kazan ont quitté leur travail pour
s’adonner au brigandage ; le nombre des crimes (vols
avec effraction, attaques sur les voies publiques, etc.)
augmente tous les jours.
Un train de marchandises, dit le Nouveau Temps,
a été assailli près de Rostow par des bandes désœu-
vrées. Les paysans comptent sur le Tsar; il y en a
qui vendent en cachette leurs provisions de grains
pour profiter des subsides de l’Etat. Aussi plusieurs
journaux engagent-ils le gouvernement à ne plus
'donner d'argent ni de grain aux victimes de la di-
sette, mais à organiser une série de travaux qui
seraient d’nne efficacité matérielle et morale beau-
coup jilus sérieuse.
Une rénpion de la droite parlementaire aura 1 ieu,
dit-on, à l’occasion de la rentrée des Chambres.
Commerce, marine, industrie, finances
Société en commandite. — Le Moniteur
belge de ce jour publie l’acte de Société en comman-
dite simple J. Duesberg & Ce, à Anvers et à Buenos-
Ayres. La commandite est formée entre 1° M. Jos.
Duesberg, négociant à Verviers, seul associé-gérant
responsable.; 2° M. J. Wégimont, négociant a An-
vers et 3° MM. Alphonse Huybrechts & C®, négo-
ciants. Ces deux derniers sont simples commandi-
taires. Le capital de commandite est de fr. 500,000
dont fr. 400,000 à fournir par M. J. Wégimont et
fr. 100,000 par MM. Huybrechts & Ce.
La Société, commeneee le 1er novembre 1891,finira
le 31 octobre 1894. A moins de dissolution elle pourra
être continuée.
Dissolution. — Le Moniteur publie l’acte de
dissolution de la firme Jacques Boyce & Ce à Anvers.
Bilan. — Le Recueil, spècial des actes et docu-
ments raiatifs.aux sociétés publie le bilan de l’exer-
cice 1890-1891 de VAmidonnerie royale ancienne-
ment F. Heumann & Ce, société anonyme à Anvers.
Les blés et les chevaux russes. — St-Pétere-
bourg, 6 nov. — On a annoncé que le gouvernement
avait l'intention de frapper d’un droit l’exportation
du froment et d’interdire celle des chevaux.
On ne sait rien ici relativement à ses projets.
Gn télégraphie de St-Pétersbourg à la Gazette
de Cologne qu’on s’attend à l’application d’un droit
élevé pour l’exportation du froment, toutefois la
mesure ne sera prise que dans quelques semaines,
parce qu’on veut laissera la Bourse le temps de se
tranquilliser. On ne croit pas à une défense complète
de l’exportation.
Les récoltes aux Indes. — Le Times apprend
de Calcutta qu’on redoute une grande disette dans
certaines parties de, Madras. La situation dans* les
districts de Kurnool, Bellary, Salem et Ganjain
cause la plus vive anxiété. Cependant tout dépehd
encore beaucoup de la pluie. Dans de nombreux
districts du Bengali, les récoltes sont médiocres et
les prix élevés.
Il y a de nombreux cyclones dans la baie du Ben-
gale.
Fin delà grève maritime à Londres. —Bien
que la grève ait échoué depuis une semaine, dos
hommes placés en observation aux embarcadères
deCarron et de l’Hermitage donnaient aux choses
une apparence dégrève. Ces hommes ont été retirés
hier matin, ce qui prouve que Y Union s’avoue dé-
faite.
Les steamers à pétrole et le Canal de Suez.
— Des personnes influentes intéressées dans le com-
merce du pétrole s’étant adressées à lord .Salisbury
en vue d’obtenir le passage de navires à pétrole on
vrac par le Canal de Suez, lord Salisbury a répondu
que cette proposition touchait à de nombreux inté-
rêts et de graves responsabilités. 11 en a référé aux
directeurs anglais du Canal', de Suez pour examen
et rapport.
( (Bienpublic).
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
RUSSIE.
Dépêches de la Correspondance russe :
Wiesbaden, 5 novembre
M. de Giers, ministre des affaires étrangères
russe, a pris ses dispositions pour se rendre à Paris,
à la fin ae la semaine prochaine.
M. Nicolas de Giers, fils du chancelier de l’Em-
pire russe, premier secrétaire de l’ambassade do
Russie à Paris, est attendu ici samedi ou dimanche;
il doit accompagner son père dans un voyage à
Paris.
St-Pétersbourg, 5 novembre,
Le comte Anatole Orlofl Davidofi’vient de taire à
la société de la Croix Rouge un don en espèces de
300,000 francs, én faveur des paysans atteints par
la disette.
Livadia, 6 novembre
Dans les cercles de la Cour, on assure que le roi
Christian et la reine Elisabeth de Danemarçk s’ar
rêteront, à leur retour de Crimée, à Berlin èt ren-
dront visite à l’empereur Guillaume.
Vienne, 6 novembre.
Les efforts faits en ces dernière temps par leigm
vernement. pour amener une entente entre les
Slaves et lés Allemands d’Autriche ne paraissent pas
devoir être couronnés de succès.Le comte de hune
gouverneur général de Bohême, confère t ; ■ mo-
ment à ce suj.-t avec le comte Taatfe. I, vieux
tchèques refusent de se rallier aux base - é s.-rord
proposées par le comte Taaffe et parlent d ,! urner
Teur démission en masse au Landtag de Pra :
St-Pétersbourg, 6 nov; :, : ;re.
Dans les cercles officiels russes on se mon ! •••■■ très
satisfait de l’accueil fait aux marins ru s du
Dvmtri-Donshoïet du Minine,lors de leur s-j.jur à
Brest, mais on s’étonne, et la presse russe jrirtagè
cet étonnement,des reproches adressés, par > mins
journaux français, à M. Ribot, ministre des affaires
étrangères, de n’avoir pas invité les marins russes
avenir à Paris : M. Ribot n’ignorait pas ,, ... les
marins des frégates russes, étantde passages ir les
côtes de France, n’avaient aucune autan',,., a du
gouvernement russe de venir à Paris. D'autre part,
e tact et la finesse diplomatiques du mini si.iv fran-
çais sont trop connus de l’opinion russe pour douter
un seul instant qu’il ne se fût empressé, en cas de
visite officielle, de recevoir solennellement, en ré-
ponse à l’accueil de CronStadt, les marin* envoyés
ae Russie.
Plusieurs journaux étrangers ont annoncé que le
Tsar avait été, lors de son retour de Copenhague,
l’objet d’un attentat. Nous sommes en mesuré d’af-
firmer qu’aucun attentat n'a été commis contre la
tamille impériale pendant le voyage du Tsar
Belgrade, 6 novembre.
La chute du ministère serbe qui vient de se pro-
duire, n’a aucun rapport avec la politique extérieure
de ce pays ; elle n’a. été provoquée que par les dissen-
sions intimes qui divisaient'le Conseil. Le prochain
cabinet, composé en grande partie des membres de
l’ancien, suivra une figue.de politique extérieure ab-
solument identique à celle suivie par le précédent
cabinet.
Rome, 7 novembre.
On assure ici que lundi prochain, 9 novembre, lo
marquis di Rucfini prononcera tm grand (ibeoure
politique, où il fera entendre des paroles animales et
flatteuses envers la France et assurera de létal d’es-
prit pacifique des nattons européennes et entre au-
tres delà Russie, ainsi que Àl. de Giers, ministre
des affaires étrangères russe, lui en a donné l'assu-
rance lors de l’entrevue de Monza.
St-Pelersbourg, 7 novembre.
Des nouvelles reçues ici de Téhéran par voie diplo-
matique, il fésulte que le cabinet de Londres a en-
tamé avec le shah de Perse des pourparlers tendant
au changement du traité politico-commercial qui
régit les rapports de l’Angleterre et de la Perse.
L’Angleterre désirerait par un autre traité assurer
davantage les intérêts du commerce anglais en
Perse. Le Shah, vôùlant conserver les relations
amicales de la Perse avec la Russie, et sachant que
son empire est le principal marché des produits de
l’industrie moscovite, se montre peu favorable aux
avances de l’Angleterre.
Belgrade, 7 novembre.
Dans les cercles diplomatiques d’ici, on affirme
qu’une crise ministérielle éclatera sans doute pro-
chainement dans le cabinet bulgare ; elle serait pro-
voquée par des dissentiments qui se sont élevés entre
MM. Stambouloff, ministre des afiàires étrangères,'
et Grècoff, ministre de la justicé. De nombreuses
arrestations ont été opérées ces jours-ci à Roimt-
chouk et Philippopoli. Le procès des accusés <Li
meurtre de M. Beltcheff est de nouveau ajourné.
Berlin, 7 novembre.
Dansles sphères delà haute finance berlinoise,
on se montre très inquiet de la situation financière
en Allemagne. La campagne menée contre les fonds
russes fait subir des pertes énormes aux maisons de
banque dont plusieurs ne peuvent plus remplir leurs
engagements. Le manque de fonds qui régné sur le
marché fait craindre un cataclysme financier.
Vienne, 7 novembre.
La nouvelle société Lega Nationale, autorisée
comme société scolaire, cause beaucoup d’inquié-
tudes au gouvernement autrichien. On croit géné-
ralement qu’elle est destinée à remplacer la ligue
irrédentiste Pro Palria qui comme on le sait tut
iiitei'dite.eUhssoute : La nouvelle société, bien que
très récemment fondée, compte déjà 10,000 adhé-
rents. Le comte Kalnocky â donné des instructions
Feuilleton du PRECURSEUR N ’ 49
LE WAGON 303
PAR
«filles MARY
seuîern ^ Peur compromettre Andréa. Il dit
,, L’amour excuse bien des choses, monsieur
ribbe, vojlà ce que vous ne pourrez jamais compren
w®. Je sain que mon crime est grand et que l’expia
méritée, et. pourtant — et bien que je m’en
r?Perîte• Les mêmes circonstances se reprodui-
aient, je m’affirme pas que je ne le commettrais
pas ae nouveau... ' .
Qfin’est pas îâ du repentir; mon cher enfant.
“U aumônier avec triàtesse et d’une voix grave,
' Je vous l’ai dit : vous né pouvez comprendre,
^jribônier vit qu’il était inutile d’insister: i
Ljriemc laça ses bottines, se lava les mains,passa
«ne chemise blanche et dit:
■Jî Je suis prêt à suivre le bourreau 1...
en Fenilarque.qui aété faite souvent est celle-ci.
anna I’ *os condamnés à mort, lorsqu’on leur
iPprend que le recoure suprême a été rejeté et que
frrii]jia i est venue> ne peuvent garder leur sang-
ni6i ; les,nns tombent dans un état cataleptique
jriwenlève toute sensibilité, fait d’eux des êtres
h ffini’,. toi-morts déjà avant de poser le pied sur
delà- • Les autres : tombent dans une sorte
et su ue^t°n, ^ ra°6 iuF*euse ’ (l’autre9 pleurent
était calme et parfaitement maître de
iielo t co,riuiiit ensuite dans une salle du greffe,
bW i kait fld’un tabouret; sur' ce tabouret prit
brûlât i et avant que le bourreau s an-
üe lui, on lut la sentence qui condamnait
l’assassin à la peine de mort ; il l’écouta sans pa-
raître ému.
Un. des aides du bourreau lui lia les mains derrière
le dos. .
Ne serrez pas si fort, dit-il, vous me faites
mal!... Je n’ai pas envie de m’enfuir; cela ne m’est
guère possible; et si vous me torturez ainsi, vous
m’enlèverez tout courage pour mourir.
On lui lia également les pieds, et en quelques se»
confies tout son corps fut entoprré de lanières et
dans l’impossibilité absolue de faire un mouvement
trop brusque.
Le bourreau ayant trouvé que Lubersac n’était
pas suffisamment lié, les aides élurent recommencer
cette triste et sinistre opération.
Pendant ce temps, le prêtre récitait des prières,
Ainsi attaché, Lubersac resta immobile.
Il était toujours sur le tabouret ; le bourreau lui
coupa les cheveux et le col empesé de sa chemise.
On vit, nu, le haut du dos.
Au contact des ciseaux froids sur sa chair, Luber-
sac n’avait pu retenir un frissonnement.
— J’ai froid, dit-il.
On lui jeta un pardessus sur les épaules, en nouant
les manches autour de son cou.
Puis le cortège sertît dans la grande cour de la
prison, et la porte s’ôuvrit, découvrant, sur la placé
ae la Roquette, la foui© qui attendait, houleuse et
murmurante, les soldats de garde, et là, devant la
porte même, les deux bras de la guillotine...
Et quand Lubersac. la vit, celle-ci, il renversa la
tète eh arrière et ferma les yeux avec une horrible
expression d’effroi.
La veillé au soir, M. de Terrenoire était entré dans
l’appartement d'Andréa.
Celle-ci n’étaii pas sortie, n’avait pas été vue
depuis qu’elle avait été surprise par son mari dans
l’appartement de Lubersac.
Elle était restée^ demMoile, sans prononcer un
mot, mangeant à peine, passantlaplus grandepartiê
de ses journées dans son lit, ou à sommeiller sur un
sofa. j .
Soutirai t-elle?
Avait-elle encore bien conscience de ce qui se fai-
sait autour d’elle ?
On plutôt n’y était-elle pas vraiment insensible?
Et foutes choses n’arrivaient-elles pas à son ima-
gination confusément et comme enveloppées de
brouillards ?
Cependant, quand elle vit entrer son mari, elle eut
un geste de frayeur.
'■ Donc, elle comprenait, elle se rappelait encore.
Terrenoire, pâle, froid, demeura debout devant
elle.
Comme elle voulait se lever, il l’en empêcha.
— Restez 1 dit-il.
Et après l’avoir regardée en silence pendant quel-
ques instants ;
— Andréa, nous allons ce soir à la fête donnée
par la princesse de Hatzfeld.
Elle tressaillit.
Elle, à une fête, pendant que Lubersac — elle le
savait, elle avait lu les journaux en secret — atten-
dait, dans sa cellule, l’expiation suprême !
Sa passion se révoltait.
— Non, dit-elle, je ne sors pas.
— Il le faut.
— Je suis malade : vous irez seul.
— Vous m’accompagnerez, Andréa. C’est une fête
superbe où votre beauté,rehaussée par votre toilette,
brillera d’un éclat incomparable. Vous serez reine,
cette nuit, comme vous l’avez été toujours...
— Non, non, jamais !
— Je le veux ! dit-il avec une sombre et rude
énergie. -
— Je n’ai pas de toilettes... Je n’étais pas préve-
nue... je n’ai rien de prêt...
— Pardonnez-moi. Tout est prêt, au contraire.
La princesse fie Hatzfeld donne un bal où chacun
paraîtra en costume historique — j’entends les
femmes — les homines restant libres de se costu-
mer ou non, selon.leur fantaisie.
— Où trouver ces costumes ?
— Ils sont là, M. Kleper-Türner , votre coutu-
rier, y travaillé depuis quinze jours et s’est surpassé
J’en ai fait faire plusieurs. Vous n’aurez que l’em-
barras du choix.
Et la saluant légèrement, toujours froid, toujours
pâle : \
— Dans deux heures la voiture sera prête et je
viendrai vous prendre !
Il fit quelques pas pour sortir.
Elle le rappela :
— Monsieur !..
Il retourna la tête :
— Que me Voulez-vous ?
— Il est impossible que'vous me forciez à vous
suivre, après ce qui s’est passé entre nous. J’ignore
quelle est votre pensée, quels sont vos projets, mais
ce ne peut être de gaieté de cœur que vous me con-
traignez à paraître à cette fête... Qu’exigez-vous
done?
— Vous le saurez plus tard...
— Et si je refusais?
Terrenoire devint encore un peu plus pâle.
— Je saurais yous y obliger par la force !...
Elle eut peur et baissa la tête.
— J’obéirai,, dit-elle.
Dans un salon voisin, M. Kleper-Turner avait
étalé lès toilettes de façon à en faire ressortir le goût,
et la richesse.
Mœe de Terrenoire entra et jeta sur ces jolies
choses, sur ces coquetteries luxueuses, un regard
distrait.
Il y avait une longue jupe en brocart azur broche
d’or, se fendant par devant sur un tablier de
velours mousse coupé de broderies d’or à mèches de
perles. Tout autour, du renard argenté, et pour
agrafes, des nœuds de satin ivoire à aiguillettes de
perles. Le corsage, du même brocart, grandes
manches retombantes à la hongroise ; la coiffure
était un bandeau de Marie Stuart en velours vert
cerné fie perles et appuyé sur un bourrelet d’or.
Il y avait deux ou trois costumes aussi luxueux,
où M. Kleper-Turner avait mis toute son iu.ariac-
tion, toute son adresse et tout son savoir-faire,
Mmo de Terrenoire choisit une jupe de satin crème
à crevés de vieux point de Venise, chaque crevé
s’écrasant sous un gros cabochon de perles. La
traineen lampas ciel broché d’or, doublée de velours
épinglé corail, se retournait en lignes étroites sur
la draperie du bouffant. Le corsage, en damas vieil
or, avec les manches de satin crème à crevés de
dentelles, retenus par des cabochons comme ceux de
la jupe. De doubles manches à la hongroise par-
taient’ fie l’épaule et venaient se rattacher au poignet.
Elles étaient en lampas vieil or doublé de vejours
corail. Des cabochons de perles les agrafaient. La
coiffure,pour ce riche costume,était un bonnet Diane
de Poitiers; résille de perles soutenue par un bandeau
de velours corail garni de diamants ; de côté, une
aigrette de plumes blanc d’ivoire.
Mm* de Terrenoire sonna sa femme de chambre et
se vêtit.
Pendant ce temps, comme il en avait reçu l’ordre
du banquier, M. Kleper-Turner attendait, afin de
remédier tout de suite à un défaut de la toilette, se
Mme de Terrenoire cherchaità créerquelque prétexte
pour retarder son départ et même le rendre im-
possible.
Mais Andréa semblait s’ètre résignée.
Elle craignait sonmari.et elle agissait machinale-
ment, sous l’influence de cette épouvante.
Deux heures après, elle était costumée.
Sous la poudre de riz et le fard, sa figure avait
perdu son teint plombé.
Mais elle avait toujours Une fièvre intense. Ses
yeux brillaient d’uu éclat presque insoutenable.
Son mari parut.
— Vous êtes plus belle que jamais ! dit-il dans un
sourire. Ils descendirent.
Leur coupé les attendait. Ils y prirent place.
L’hôtel de la princesse de Hatzleld, une Hongroise
qui faisait-beaucoup parler d’elle depuis quelque
temps, était situé dans la grande avenue des Champs-
Elysées, non loin de l’Arc de Triomphe.
L’entrée de Mrae de Terrenoire, dans les salons
déjà pleins de monde, produisit une vive sensation.
Quelque chose de sa liaison avec Lubersac —
grâce aux imprudences que tous deüx avaient com-
mises sur la nn, alors que leur passion les affolait
— avait transpiré; on ne savait rien de Gertain!
l’était, plutôt qu’un bruit public, des chuchotements
murmurés derrière l’éventail, et encore par des
femmes vieilles, laides ou méchantes, toujours à
l’affût d’histoires à scandales.
Les soupçons tombèrent quand on la vit.
Le bruit venait de courir que l’exécution de
Lubersac aurait lieu cette nuit même, au lever dè
l’aurore.
Etait-il vraisemblable, possible, que Mme de Terre-
noire eût choisi cette nuit-là pour paraître dans un
bal,si elle avaitètévraimentia maitressede Lubersac ?
Pendant la fête, M. de Terrenoire ne quitta pas sa
leinme; il voulait être là, auprès d’elle, pour lui
éviter des défaillances.
Vers trois heures, alorsque le bal était dans tout
son éclat, il lui dit :
— Il faut partir !
Elle était résignée à tout.
— Partons ! dit-elle.
Et elle poussa un soupir de soulagement.
Elle avait souffert mille inconcevables tortures
depuis qu’elle était là. -
Et elle commençait à trembler que ses forces ne
la trahissent à la fin.
Il lui jeta sur les épaules un grand manteau qui
lui retombait jusqu’aux pieds, et sur la tête, cachant
sa coiffure de bal, rabattit un capuchon qui lui fié;
roba presque entièrement la figure.
Ainsi, on h’eùt pu deviner qu’elle sortait d’une fête,
Des laquais firent approcher sa voiture.
Ils montèrent.
Le cocher prit le chemin de la rue de Chanaleilles !
Après quelques minutes, et alors que de l’hôtel de
la princesse on ne pouvait plus s’apercevoir de ce
changement de direction, le banquier passa la fêle à
la ponfère et dit quelques mots à i’oreiile du cocher.
La voiture, qui déjà suivait les quais, repassa la
Saine.
Mme de Terrenoire ne remarqua rien.
Il était près de quatre heures du matin.
C’était à cette heure-là que le chef de la sûreté
venait d’entrer dans la cellule de Lubersac pour
lui dire :
- Votre pourvoi et votre grâce ont été rejetés :
irêtez-vous à mourir...
s ciel était à peine éclairé ; les brumes de l’aube
obscurcissaient les maisons, la foule, les moindres
objets sur lesquels elles étendaient comme un voile
d’un gris floconneux.
La foule était nombreuse et bruyante.
Un grand cercîe était formé autour de la guillo-
tine, et, dans ce cercle, il y avait quelques magis-
trats, de hauts fonctionnaires de la police et des
journalistes.
Des gens.au loin.se poussaient pour tâcher d’aper-
cevoir quelque chose.
On entendait des rires, des protestations, fies np-.
pels, des interjections de toute nature, des plaisan-
teries féroces.
Les sergents de ville et desofficiers de paix avaient
peine à contenir le cercle que la foule rompait sou-
vent, malgré leurs efforts.
Des voitures, arrêtées là, qui avaient amené des
fonctionnaires, étaient envahies par des curieux
grimpés sur le siège, sur la capote, sur les roues.
Cette exécution avait l’air d'une réjouissance
publique.
Des gommeux et des filles ramassés la nuit dans
des cabarets à la mode, sur le boulevard, s’étaient
installés sur des chaises empruntées à des mar-
chands de vin du boulevard extérieur.
Et ils faisaient sauter des bouteilles de champagne.
Des camelots passaient dans les groupes en ©riant :
— Achetez la grandecomplaintede Lubersac l01' !
Et ils chantaient sur l’air de Fualdùs quelques
couplets de la complainte dont ils vendàien: les
feuilles dans les groupes, pourchassés de ci fio là
par des gardiens de la paix qui ne réussissaient pas.
a les écarter, car ils revenaient toujours, malgré
tout, avec une audace effrontée :
Ecoutez, gens de la ville.
Mêmedu quartier Latin,
De Monrtouge ou dé Pantin
Et surtout de Belleville,
Le récit très éloquent
D’un forfait fort conséquent...
'lAlr
à Ce- |