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(S. 344.)
AiWERS, lituMSi ÏO DECEMBRE 1833.
(frolsième Amice)
ois paf-1 oJI s aboswe
m.de r.l bAnrrrs, auBureaudu
tin. précurseur; rue des Fa-
15 m, r.fcolsN0 1095, où se trouva
i el 4 h. Ene boite aux lettres et où
Tioivent s’adresser tous les
0 m. dulivis.
En Belgique et à l’étran-
btr, chez tous les direc-
teurs des postes.
A Paris, à l’OffiCe-Cor-
Irespondance de Lepelle-
lller-Bourgoin et comp.e,
hue Nolre-Üame-des-Vic-
OSTEK-
LE PRECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
i. dur
1.35 in, I
loires N° 18.
PAIX.
liberté.
PROGRÈS.
ABOKNEnEXT
Par An.........60 fr.
» 6 mois..... 30
» 3 » ....... 15
POUR LA BELGIQUE.
Par 3 mois.... 18 fr
POUR L’ÉTRANGER.
Par 3 mois.... 20 fr.
ASTZMOæCXS.
25 centimes la ligne.
Laquatrième page, con-
sacrée aux annonces est
affichée à la bourse d’An-
vers et à la bourse des
principales villes de com-
merce.
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10 Décembre.
TRAITÉ DE COMMERCE
ESTBE VANGLETERRE ET LA PORTS.
Le même correspondant de Londres de la Gazette
Ii'Angsbourg qui a adressé dernièrement à çe journal le
■traité de commerce, du 18 août 1858, entre l’Angleler-
Ireetla Porte, lui fait tenir, en la date du 19 novembre,
Iles articles additionnels ace même traité conclus et sti-
Ipulés entre les deux puissances. Les voici :
I Art. 1". A l’avenir, tous les articles bruts ou manu-
[faclurés vcnantdu royaume-uni de la Grande-Bretagne
■etde l’Irlande et de tous les autres pays soumis à la
Luronne d’Angleterre , appartenant à des marchands
■anglais, elchargcssur naviresanglais.ou même impor-
tés d’autres pays, par mer ou par terre , seront admis
Idans toutes les parties de la Turquie, après que le droit
■ordinaire de douane de 5 p. c. de la valeur aura été ac-
Iquitté. Au lieu de tous les autres droits qui, maintenant,
liant prélevés sur ces articles , il ne sera plus exigé de
[plus, qu’ils soient vendus à i’endroit où ils arriveront,
Ion dans n’importe quel autre de l’empire ottoman.
I Personne ne sera plus tenu de payer aucun autre
■droit ultérieur pour ces articles, qu’ils soient transpor-
tés d'un endroit à un autre dans l’intérieur de l’empire
[ottoman, ou réexpédiés à l’étranger. Il est stipulé en
[même temps entre les parties contractantes, que, quand
■un sujet anglais a payé les 5 p. c. de droits d’entréedans
lun port ou dans quelqu’autre lieu d’entrepôt, il peut
[diriger les articles qui ont acquitté ces droits sur tout
■autre port ou lieu d’entrepôt sans payer pour cela aucun
[nouveau droit ; c’est seulement quand les marchandises
[sont vendues dans un port ou dans un lieu d’entrepôt,
[que les 2 p. c. précités de droits additionnels doivent
[être prélevés sur elles.
| De son côté, le gouvernement anglais déclare qu'il
[observera fidèlement l’esprit et la lettre des stipulations
[établies dan3 cet article comme dans tous les autres de
[la présente convention, qu’il n'a nullement le dessein de
[laisser apporter quelqu’obslacle que ce puisse être à
[l’exercice des droits de la Porte, aussi bien sous le rap-
port politique que sous le rapport administratif, pour
[autant que cet exercice n’a jamais lieu au préjudice
[fa commerce anglais.
| Art. 2. Les marchands anglais ou leurs représentants
[•ont autorisésà acheter dans toutes les parties de l’em-
[pire turc toutes marchandises et tous autres objets qui
[•ont importés à l’étranger. Cependant, eux ou leurs re-
présentants sont tenusde payerles2 pour centde droits
|additionnels, dès qu’il est prouvé que ces droits n’ont
Ipas été acquittés à l’entrée de ces marchandises. Mais,
[une fois cela fait, les marchandises ainsi achetées, peu
['tnt être transportées et veodues dans toutes les parties
he l’empire ottoman, ou même réexpédiées à l’étranger
lUns être assujéties à aucun nouveau droit.
I Art, 3. Toutes les marchandises, appartenant à des
[négociants anglais, soit qu’elles consistent en produits
[anglais bruts, ou en articles manufacturés des pays
|soumis à l’Angleterre, soit qu’elles aient été importées
I d'autres étals, ne doivent, dès qu’elles sont destinées
Pour un pays étranger qui n’appartient pas à la Porte,
Joe doivent payer de droit de transit au passage des Dar-
danelles, ou détroit de la mer Noire et de celui du Bos-
phore, soient qu’elles se trouvent à bord du navire qui
[ta a transportées, soit qu’elles soienlchargées sur d’au-
|èes navires à l’entrée de ces eaux, qu’on les débarque
momentanément, n’importe pour quel motif, et qu’on
Pes rembarque ensuite. De même, toutes marchandises
pu autres objets qui ont été importés en Turquie pour
pire réexpédiés de là vers ces autres pays, également
jwn soumis à la Porte, n'ont d'autres droits à payer que
•M 5 p. c. susmentionnés, en supposant que les mar-
tnandises importées dans ce but soient toujours restées
dam la première main.
SITUATION DE LA POLOGNE.
Où lit dans le Mercure île Souade :
« De la frontière de Pologne.
* Lefeu de la révolte qui couve encore sous la cendre
FEUILLETON.
31TTR.3 E3TZ 3TAP3S.
Ce fut
midi
avec joie que le régiment, vers deux heures après
■ aperçut au loin, dans le fond de la vallée, les toits rou-
i 7|*
I IBn PetB bourg où il devait s’arrêter et reposer toute une
I lu lamDour battit, les rangs se reformèrent, et bientôt,
IJ son de la musique, les fantassins, tout ruisselants de sueur,
I r 'rent possession de l’oasis tant désirée.
11 était temps. Ces soldats, si droits, si beaux, de tournure
^Martiale quinze jours auparavant, à leur départ de Paris.
I 8lenl maintenant l’air sombre et découragé. Courbés sous
dj narmes' sous le sac et le shako, ils se traînaient comme
du* “ommes ivres sur I* route poudreuse. Par instants quel-
le PaUVres diables se détachaient des masses, et, malgré
lu l[lenaces des officiers, allaient s’asseoir ou plutôt tomber
Ij I k°rd du chemin, au revers de quelque fossé, l’air hébé-
Jej 6 cou. Ployé, le menton sur la poitrine. On les relevait, on
I Dans *es I°ur8ons Plusieurs étaient déjà ainsi as-
I accablé S°US *8S lorrenls ^eu flu* passaient sur le régiment
iAt <^slri*)ua 'es billets de logement. Le lieutenant Blon-
tinp env°yé an presbytère, chez le curé. Un homme rare
Lîeprêtre : loul Ie monde le chérissait, parce qu'il aimait
ha-, "jpmde; il était entouré d'une population religieuse,
«ni ? <*U '* fépétait souvent à ses ouailles : « Aimez-vous les
*u i.,Dlces I » C’était toute sa science, et presque tout son
,sl«chlsme.
6 j,f .lieulonant Blondel, bien qu'il fut grand et vigoureux,
'«it pas ®tg p|us qUe ses so)(]ats a l'abri de l’influence d’un
excite naturellement l’attention continuelle de nos voi-
sins. Tantôt il semble que tout est pardonné et oublié,
et que de meilleurs jours vont luire pour ce malheureux
pays, tantôt il semblerait que les parties se contemplent,
qu’ils sont animés de sentiments hostiles, et qu’ils ont
préparé leurs armes. La révolte a inspiré de la méfiance
au gouvernement pour l’avenir. A la vérité, il n’y a
qu’une faible partie du pays, qui se montre hostile au
gouvernement, la masse du peuple est trop attachée aux
intérêts matériels pour ne pas se déclarer en faveur de
celui dont elle espère son bien-être. On attacherait une
trop grande importance aux émeutes qui ont éclaté çà
et là, si l’on s’imaginait qu’elles peuvent produire de
graves résultats. La masse du peuple veut le repos. Le
prix élevé du pain et la misère répandentle mécontente-
ment dans les classes inférieures, et des mesures sages
du gouvernement peuvent seules obvier à cet inconvé-
nient. On est convaincu de cela, aussi le moment serait
mal choisi pour les agitateurs. »
Peut-être y aurait-il à tirer de cet exposé une consé-
quence toute contraire ; mais uous donnons la lettre
teille qu’elle nous arrive.
ANGLETERRE.
Londres , 7 décembre. — L’union politique de Bir-
mingham a tenu récemment unegrande assemblée dans
Town-Hall; la salle était encombrée; on aadopté la ré-
solution suivante : L’union condamne expressément et
de la manière la plus énergique toute exception à l’em-
ploi de la force matérielle pour obtenir le suffrage uni-
versel et les autres objets de la pétition nationale, ainsi
que toute provocation ayant pour butd’amener la viola-
tion de la paix, de la légalité et de l’ordre. L’union con-
damne toute tentative qui pourrait entraîner une guerre
civile dans le but d’assurer les droits du peuple.
M. Feargus O’Connor, présent à la réunion, a été
obligé d’abandonner ses amis à cause de leur exagéra-
tion, et de modifier ses doctrines relatives à la force
matérielle qu’il avait prêchées, de concert avec M. Ste-
phens et Oastler.
Interpellé fortement par M. Edmonus sur ses doctri-
nes politiques, M. O’Connor a été forcé de se retrancher
dans le silence. Le lendemain, nouvelle réunion dans
laquelle M. O’Donnel a demandé que l’assemblée ap-
prouvât le projet d’une association pour la révocation
des lois de céréales. Cette motion n’a pas prévalu, et
elle a été repoussée par une immense majorité.
— On s’occupe activement de recruter des matelots
pour les escadres, et tous les jours on expédie des hom-
mes en grand nombre à Shcerness et Portsmoulh. On
est difficile pour le choix parmi les candidats très nom-
breux qui se présentent. Voici les avantages offerts aux
bons matelots : Salaire 34 shellings par mois, 13 mois
dans l’année ; aucune déduction en cas de maladie ou
de congé; des provisions de la meilleure qualité : grog,
cacao, thé et tabac, des soins lorsqu’ils sont malades ;
sans compter les autres bénéfices de la position : la
franchise des lettres, des pensions pour un long service,
l’admission des enfants à l’école de Greenwich. Le ser-
vice dure cinq ans.
— On lit dans Ie Standard : « Les dépêches adressées
par sir John Colborne à lord Hill, commandant de l’ar-
mée, sont postérieures d’un jour à celles qu’a reçues le
ministère des colonies. Dans ces dépêches, sir j. Col-
borne parle en termes plus énergiques encore de la sup-
pression totale de la révolte pour le moment actuel, et
accorde un juste tribut de reconnaissance et d’admira-
tion aux services de la milice canadienne. Sir John n’ap-
préhende aucune révolte nouvelle cet hiver de la part
des Canadiens français, quoiqu’il s’attende à quelque
tentative du côte des Etats-Unis. Mais avec sir George
Arthur dans le Haut-Canada, et sir John Colborne dans
la province inférieure, le danger n’est pas très alarmant.
du jour menacé. Ces rumeurs tiennent à la conduite irrégu-
lière des autorités qui multiplient les patrouilles sans motifs
et sans nécessité.
Nous savons d’une manière positive que des explications
très vives ont été échangées entre le cabinet français et l’am-
bassadeur d’Espagne, marquis de Miraflores, au sujet de l’en-
tente et de l’accomplissement du traité de la quadruple al-
liance, auquel notre ambassadeur à Paris a eu une aussi grande
part. Nous ignorons le résultat de ces conférences, mais nous
savons que M. le comte Molé et le marquis de Miraflores n’ont
pu s’entendre à ce sujet. Reste à savoir si le gouvernement
espagnol soumettra ces questions au jugement des cortés, ou
si les chambres françaises, dans lesquelles on croit qu’il y aura
de vifs débats sur la question espagnole, se prononceront sur
des points jusqu’ici couverts du voile impénétrable de la di-
plomatie.
Le rebelle Cabrera après avoir remis le considérable et
riche butin qu’il avait enlevé sur le territoire de la Catalogne,
se portait, le 22, vers Alfambra; on n’a paseu de ses nouvelles
ultérieures.
Nous n’avons pas de nouvelles d’engagements en Arragon
ni à Valence.
Le général en chef de l’armée du centre est sorti de Sarra-
gosse dans la matinee du 26; par son ordre et à titre de repré-
sailles pour un nombre égal des nôtres assassinés récemment
à Herrera, 44 factieux dece dépôt ont été fusillés ASarragosse.
La séance de la chambre des députés d’hier paraissait devoir
être orageuse.MCarasco et d’autres députés interpelèrent les
ministres pour savoir quelles mesures avaient été prises par
le gouvernement contre ceux qui avaient insulté la veille plu-
sieurs membres de la chambre. Les ministres ayant déclaré
que les mesures avaient été prises pour faire respecter les
personnes des députés, 104 voix contre 17 décidèrent que l’in-
cident était terminé.
P. S. Rien encore de définitif sur la nomination du nou-
veau ministère.
ESPAGNE.
(Correspondance particulière.)
Madrid, 1" décembre. — Depuis que la crise ministérielle
paraît être calmée , la population de Madrid est en proie
à une grande effervescence. Depuis trois jours, on dit l’ordre
FRANCE. —Paris, 8 décembre.
CKHCrSIÇUE ET BRUITS BE SAI.OTJ.
affaire hollando-belge. — La plus grande anxiété
règne depuis quelques jours, par suite des bruits alar-
mants répandus sur les affaires hollando-belges. On re-
garde généralement comme définitive et irrévocable la
décision de la conférence de Londres, par laquelle le
traité des 24 articles devra être mis à exécution en ce
qui concerne les territoires du Limbourg et du Luxem-
bourg. Il faut croire pourtant que le cabinet des Tuile-
ries avait cru pouvoir y apporter des changements im-
portants, puisque le roi Léopold, à peine de retour de
Paris, avait cru pouvoir déclarer à la chambre des re-
présentants que l’on maintiendrait les droits du pays.
Mais depuis celte époque, il est arrivé des notes de la
Prusse et de l’Angleterre qui font voir que l’on n’ob-
tiendra aucune concession.
Le cabinet des Tuileries est donc en ce moment lasetr*
le puissance opposante dans la conférence de Londres.
Les antécédents de notre gouvernement nous portent
assez à croire que l’on finira par céder et par engager
la Belgique à adhérer à son démembrement. Mais dans
cette hypothèse, il pourrait survenir encore certains in-
cidents de nature à soulever une guerre générale. La
Belgique n’est pas disposée à céder sans conteste. Ce se-
rait une honle pour le cabinet de Bruxelles, de céder
ainsi deux de ses provinces ou près de la moitié de son
territoire. Tous les partis qui divisent la Belgique sont
d’accord sur ce point; et du moment où il leur sera si-
gnifié que le Limbourg et le Luxembourg doivent être
livrés à la Hollande, il pourrait y avoir des collisions
graves entre les troupes belges et celles de Hollande ou
de Prusse. Dans ce cas, la France pourrait-elle renou-
veler l’exemple qu’elle a donné à l’Europe à propos de
l’Espagne et rester spectatrice impassible de la lutte.
Si au contraire le cabinet des Tuileries excité par
quelque velléité d’énergie persistait à réclamer de nou-
velles concessions territoriales en faveur de la Belgique,
une collision pourrait également surgir et entraîner une
guerre eupopéenne.
Ce qui nous étonne le plus dans ce débat , c’est de
voir l’Angleterre se séparer de la France pour adopter
la cause de la Hollande et des puissances absolutistes.
Ledésacord qui semble exister dans les relations des
deux cabinets est de mauvais argure pour l’avenir , et
il est probable que le discoursdu trône pour l’ouverture
de nos chambres législatives ne contiendra pas un pa-
soleil brûlant. Au contraire, en bon officier, il s'était donné
beaucoup de mouvement pour les sauver des effets d’une cha-
leur meurtrière, et ses forces s’étaient épuisées. A peine en-
tré chez le curé qui devait l’héberger le reste du jour et de
la nuit suivante, il tomba sur une chaise et s'évanouit. Aussi-
tôt, Gertrude, la gouvernante, desserra sa redingote , ou-
vrit deux portes, l'une donnant sur la rue, l'autre sur le jar-
din du presbytère, et livra ainsi passage à un courant d'air
qui inonda la poitrine et le visage du lieutenant.
« Diable i dit-il en revenant à lui, est-ce que j’étais parti
pour l'autre monde ?
» — Ce n’est rien , ce n'est rien, M. l’officier, dit le curé ,
tranquillisez-vous.
» — Je ne suis pas inquiet... je voudrais seulement savoir
ce que je fais sur cette chaise ; j’ai la tête pesante comme
après un cauchemar. Est-ce que j’ai dormi ?
» — Non pas, dit le prêtre en souriant ; mais la chaleur
vous a fait mal . et vous êtes resté là une demi-heure sans
connaissance. Vous m’avez fait peur, savez-vous bien !
» — En vérité , M. le curé ? Sur ma parole, je ne suis pas
si délicat que vous croyez. J'en ai vu bien d’autres, allez ; et
le bon Dieu, dans mes campagnes, m’a fait voir la mort de
trop près pour me laisser trépasser sur une chaise comme un
paralytique.
» — Alors, si vous voulez, lieutenant nous nous mettrons à
table, et je vous ferai goûter d'un bon petit vin qui vous ren-
dra toutes vos forces.
» — Va pour le petit vin. 51 le curé !
» — Et au dessert, dit Gertrude, M. l’officier nous racon-
tera une de ses belles campagnes, puisqu’il dit qu’il a couru
de si grands dangers.
» — Volontiers! dit-il à la bonne mère, et ce que je vous
conterai sera presque une histoire de revenant. »
Au dîner, le curé réunit le maire, le percepteur et le juge-
de-paix de l’endroit, de sorte que le lieutenant, lorsque Ger-
trude réclama l’histoire promise, pouvait disposer d’un audi-
toire très respectable.
• Je suis un enfant de troupe, dit-il en commençant, mon
père a été tué en Espagne. — En 1814, j’étais soldat ; j’en-
trais en apprentissage par unedes plus rudes campagnes qu’un
militaire ait jamais inscrites sur ses états de services. On se
piochait dur. en Champagne, et je me souviendrai long-temps
de la Ferté-sous-Jouarre.
» Mon régiment était venu rejoindre là d'autres troupes
qui formaient la division commandée par le maréchal Mor-
tier. J’avais été chargé par mon capitaine de veiller au pain
qu’on allait distribuer au régiment, et qu’on avait rangé en
piles au milieu du bivouac. Je vous demande un peu si je soi-
gnais le pain ! Du pain, en campagne, on n'en a pas quand on
veut, ça devient quelquefois du luxe. On préfère souvent une
livre de pain à dix pièces d'or, parce qu’on peut crever de
faim avec des napoléons plein son goussail et que cela ne donne
pas du nerf pour marcher et pour charger son fusil.
» J'étais donc là en faction, me frottant les mains d’avance
à l’idée de prendre rna part de ces bons pains de munition.
A dix-huit ans, uh troupier a toujours un appétit d'enfer.
» Tout-à-coup, je vois venir à moi un sous-lieulenant en-
tré la veille au régiment. Ah 1 dam i un blanc-bec bien ficelé,
bien pincé dans son frac ; et. pour sûr. sa première visite du
matin avait été pour le coiffeur de La Ferté. Moi cela m’était
égal ; je n’aimais pas beaucoup les officiers qui n’avaient pas
été soldats, mais ma consigne n’était pas d'avoir une opinion,
je continuai à me promener l’arme au bras, après avoir donné
au Saint-Cyrien le salut exigé.
ragraphe spécial pour faire remarquer que la bonne
harmonie continue à exister entre les deux gouverne-
ments.
Au reste, on nous assure, que l'on ne s’est pas encore
occupé sérieusement dans le conseil des ministres de la
rédaction du discours de la couronne. On attend une
dernière réponse de lord Palmerslon relativement aux
affaires de Belgique avant de commencer à élaborer ce
document. On croit que ce sera M. Molé qui se chargera
de rédiger lui-même ce discours. Il y a quelques mois,
on en aurait chargé M. de Salvandy; mais, le ministre
de l’instruction publique est maintenant tombé lout-à-
fait en disgrâce, et qui pis est, il est atteint par le ridi-
cule.
m. de Lamartine. — 51. Molé a, dit-on, offert le por-
tefeuille de l’instruction publique à M. de Lamartine
qui l’aurait refusé , n’ayant aucune confiance dans
l’avenir du ministère du 15 avril.
le prince louis napoléon. — Le gouvernement a,
dit-on, reçu de Londres des dépêches par lesquelles on
lui annonce que le prince Louis Napoléon , est sur le
point de partir pour les Etats-Unis. Ce départ semble-
rait inquiéter le gouvernement anglais qui craint que
ce jeune prince ne soit disposé à se mettre à la tête des
insurgés Canadiens.
conférence. — Hier à 4 heures et demie une longue
conférence a eu lieu entre MM. Molé, Thiers , Mcnta-
livet, Guizot et Barthe, en présence du roi. On ignore
quel était le but de cette réunion inusitée, mais on dit
que S. M. a cherché à amener un rapprochement entre
ces hommes d’Etat ; ce serait la meilleure preuve dos
craintes que la coalilion a fait naître parmi les mem-
bres du cabinet; on espérait aussi en détacherles prin-
cipaux chefs, et la faire ainsi échouer.
la duchesse d’orléans. — On lit dans les feuilles alle-
mandes : Lors de sa résidence à Weimar auprès de sa
mère, S. A. R. Mme la duchesse d’Orléans avait planté
de sa propre main, et comme un souvenir d’enfarice,
un petit arbre fruitier dans une pépinière sur la hau-
teur de l’Efferberg, près de Weimar. Ce petit pommier
est aujourd’hui devenu grand et fort. On assure qu’une
branche forte et vigoureuse de cet arbre a été récem-
ment envoyée à Paris par l’intermédiaire de M. le comte
de Larochefoucauld, chargé d’affaires de France à la
cour de Weimar, pour être offerte au jeune comte de
Paris.
affaire suisse. — On lit dans la Nouvelliste vaudois :
A vantdequitter définitivement son posle diplomatique
en Suisse. M. le duc de Monlebello s’est rendu auprès du
président du directoire fédéral pour lui déclarer que
son gouvernement adhérait à la note du cabinet autri-
chien concernant la prétendue réapparition en Suisse de
réfugiés étrangers. M.l’ambassadeur adéclaré néanmoins
que iesprincipesemis parle directoire dans sa circulaire
concernant cet objet, atténuaient beaucoup lagravité de
la démarche du cabinet autrichien.
corps du général kléber. — C’est jeudi prochain, 13
décembre, qu’aura lieu à Strasbourg la cérémonie du
transport du corps du général Kléber dans le caveau
qui a été construit cet été sur la Place-d’Armes. L’érec-
tion de la statue qui doit être placée au-dessus de ce
caveau, aura lieu plus tard.
Un service funèbre sera célébré à la cathédrale qui
sera disposée convenablement. L’évêque de Strasbourg
a voulu officier lui-même.
procés gisquet. —Il parait certain que la plainte de
M. Gisquet contre le Messager sera appelée contradic-
toirement devant la Cour d’assises le 24 décembre.
mUo mars. — M"° Mars déposant vendredi dernier, en
qualité de témoin, devant ia cour d’assises de la Seine,
a déclaré être âgée de 45 ans. Mlle Mars est née le 19 dé-
cembre 1778, le même jour que la duchesse d’Angou-
lême. Elle aura ainsi 60 ans le 19 de ce mois. Elle n’a
donc pas dit la vérité, comme l’exige le Code d'instruc-
tion criminelle.
Afrique. — On écrit de Constanline, 8 novembre :
Nous venons de ressentir une forte secousse de tremble-
ment de terre. Le palais d’Ahmed a tremblé jusque dans
ses fondements. Il peut bien arriver un jour qu’il s’é-
croule, car il est très mal bâti et n’a pas la moindre
« Que fais-tu là ? me dit-il d’un ton brusque.
» — Mon lieutenant, je garde le pain par ordreducapitaine.
b _ C'est inutile. Il ne s’en ira pas tout seul.
» — Mais les cosaques qui rôdent aux environs l'aideraient
b bien à s'en aller.
o — Tu raisonnes, je crois !....Va-t’en !
,, — Mon lieutenant, c'est mon capitaine qui m’a placé à
» mon poste, Je dois respecter ma consigne.
» — Est-ce que tu n’es pas mon soldat? Allons, qu’on
» déguerpisse, dît-il, la figure empourprée de colère.
» — Impossible, mon lieutenant.
«—Comment Es'écria le Saint-Cyrien,tùne m’obéiras pas?*
et levant son sabre, il m’en assène un violent coup au vi-
sage. .. Ah I si vous saviez ce que c’est que le sentiment
d’une injustice, mon sang bruissait dans mes artères . je
tremblais comme un fiévreux.... Ahl Je ne vis plus dans
ce jeunehommequ'un assaillant qui me frappait lâchement,
moi. que la discipline condamnait à ne pas ine défendre :
mon devoir, la prudence. j'oubliai tout... et un pain vola à
la tête de l’insolent qui tomba. »
C'était grave, interrompit ie juge-de-paix.
r — Je crois bien que c'était grave I Une heure après ie
m aréchal passait en revue la division. Quand son cheval l’eût
conduit à l’arrière-garde du régiment- il aperçut un pauvre
soldat serré de près par quatre fusiliers. C’était moi.
u Justice ! justice, mon maréchal ! justice !
» _ Qu’as-lu fait ? Pourquoi as-tu la figure meurtrie. ?
b — Ah ! demandez au sous-lieutenant C., qui m’a frappé,
» parce que je ne voulais pas abandonner le poste que m’a-
b vait confié mon capitaine.
» — J’ai frappé cet homme, et j’ai eu tort, dit le sous-
> lieutenant, qui s’était tenu non loin de moi, mais U m’a
! j!
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