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mais on évalue le déficit de 20 à 250/0 sur la moyenne
ordinaire ; celui du seigle est de près de 60 millions
d’hectolitres.
Aux Etats-Unis, le Cincinnati Price Current
maintient son évaluation de la récolte du blé à 585
millions de bushels tandis que le département de
l’Agriculture l'évalue de 540 à 550 millions, soit de
189 à 192 millions 1/2 d’hectolitres.
Au Canada on parle d’une récolte extraordinaire.
Elle s’élèverait, dit-on, à près de 22 millions d’hecto-
litres, contre 13,510,000 hectol. l’année dernière, et
■ 9,100,000 en 1889 ; il convient pourtant, avant d’ad-
mettre ce chiffre, d’attendre le résultat définitif du
Manitoba. (.Mercuriale des Halles.)
Le maïs en Russie. — On écrit de St-Péters-
bourg : Comme le maïs va jouer cette année-ci en
Russie un rôle assez important, particulièrement
dans les distilleries comme complément du seigle,
nous croyons intéressant de donner quelques chiffres
sur la production. La production au' maïs se con-
centre dans les gouvernements de Bessarabie, Wo-
ronesch, Jekaterinoslow, Kiew, Podolie, Poltawa,
Samara, Saratow, Tauride, Charkow, Chersson.
Le centre le plus producteur est la Bessarabie,Podolie
et Chersson; viennent ensuite Jekaterinoslow, Tau-
ride et Samara. La récolte moyenne pendant ces
cinq dernières années comporte 548,127 desjatines,
2,987,900 tchetwertz, c’est-à-dire 5.4 tchetw. par
Dessatine. En comparaison avec les récoltes dans
l’Amérique du Nord, la France et la Hongrie, la ré-
colte russe n’est pas très forte, mais aux prix actuels
assez avantageuse. Les semailles en Russie sont très
petites, en moyenne 0:22 tch. par desjatine. Dans
fa Bessarabie la superficie ensemencée est de 37p. c.,
en Podolie 18.3 p.c.,à Chersson 4.8 p.c. et à mesure
que les provinces russes s’éloignent de la Roumanie,
la production devient plus restreinte (dans le gou-
vernement de Kiew seulement 0.4 p. c., à Poltawa
0.3 p. c.), tandis qu’ailleurs on préféré s’occuper de
la culture du froment. Dans la Russie d’Europe la
production du maïs fait des progrès, notamment dans
le Caucase. La cause de notre récolte insignifiante
devient plus claire lorsqu’on compare les desjatines
ensemencées avec froment et pommes de terre, en
Russie,les Etats-Unis d’Amérique, la France et l’Au-
triche :
Russie Etats-Unis France Autriche
. 61,358,000 53,346,045 14,908,345 6,797,615
Une amélioration de la récolte en Russie est pos-
sible par une meilleure préparation des terrains,
toutefois sans un fort amendement (naturel et chi-
mique) on pourra difficilement l’obtenir.
Banque nationale.
Situation hebdomadaire. —30 août 1891.
ACTIF.
Capital.....................
Encaisse métaU.: Esp. et liug
Portefeuille :
Effets surla Belg. 227,980,189 76
» sur l’étrang. 90,926,879.40
Effets à Tenet en compte court.
Billets de banque en circulât..
Fonds publics.................
Valeurs de la réserve.........
Réserve.......................
Avances sur fonds publ. belges
Comptes courants :
Trésor public..... 49,295,390.21.
comptesparticul. 28,507,433.n4 1
1mm. de serv., matér. et mob.
Valeurs garanties ou à réaliser.
Trésor public :
Portefeuille (cours convent.)...
Compte valeurs................
Fonds publics déposés.........
Dépôts forv13pub. 679,620,426.—
« en niunér. 741,243.58
Dépôts volontaires............
Déposants.....................
Valeurs de la caisse générale
d’épargne et de retraite....
Caisse générale d’épargne et
de retraite , compte valeurs.
Divers..........:.............
110,931,099.78
318,907,063.16
1,064,535.14
12,497,701.18
679,620,426.—
187,400,910.90
99,912.31S. 17
369,896,400.- |
22.74J9S9.71
77,802,823.75
12,497,701.18
680,361,669.58
187,400,910.90
99,912,518.17
3,664,364.63
1504,280,177.92 1504,280,177.92
COMPARAISON DU 12 AU 20 AOUT.
Augmentation. Diminution.
Encaisse métallique.............. 787,604.80 —
Portefeuille................... I,075,o40.72 „JL™
Avances sur fonds belges...... — 32,bU0. -
Billets de banque en circulât. —• 3,«24,870.—
Compte, courant du trésor.... 6,90s,349.94 -
„ » des particul.. — 1,765,584.57
Actes Officiels.
armée. — La démission du grade et de l’emploi qu’il
occupe dans l’armée, offerte par le lieutenant Tieffry,
est acceptée. r . . . ,
décorations civiques. — La croix civique de 1"
classe est décernée à M. Modave, directeur d’école pri-
maire communale, à Liège ; Frankin, directrice
d’école primaire communale à Liège, et Chaumont, id.
La croix de 2e classe est décernée à MM. Simon-Bou-
vier, conseiller communal à Calonne ; Dandoy, bourg-
mestre de Mettecoven ; Mundis, ancien instituteur,
secrétaire communal à Wyehmael; la médaille de lre
classe à MM. Clepkens, infirmier à l’institut ophtal-
mique du Brabant ; Seeelle, commissaire de police de
Somergliem ; celle de 2e classe à M’11" Van Molle, infir-
mière à l’institut ophthalmique du Brabant, et à M.
Benoit, agent de police de lr0 classe de Mons.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
AFRIQUE CENTRALE.
Les derniers courriers de l’Afrique australe appor-
tent une nouvelle dont Vimportantance n’èchappeisa
pas à ceux qui ont snivi avec attention la marche
des affaires dans ce continent. Il parait que Cecil
Rhodes, le premier ministre du Cap et l’agen t omni-
potent de la Compagnie sud-africaine, serait à la
veille de voir éclater plus tôt qu’on ne s’y attendait
de redoutables difficultés.
On sait quelle a été l’habileté suprême de cet
(homme d’Etat qui s’est servi de la colonie et de la
Compagnie comme de simples pièces de son jeu.
Aqrès avoir assis solidement sa position en acqué-
rant de grandes richesses par la reconstitution et la
fusion de quelques-unes des mines principales des
Champs de Diamant, M. Rhodes a jeté les bases d’un
empire sud-africain en se procurant par toutes voies
et de toutes mains des concessions de chefs de tri-
bus. , . ,
- Il a mis en valeur ces morceaux de papier en al-
lant fonder à Londres une grande Compagnie pri-
l’inconduite probable d’Inès, il cacha la lettre ouverte
devant lui.
Mais le jeune homme avait vu le mouvement, du
reste maladroit, de son père.
— Qu’est-ce que tu dissimules là? fit-il en désignant
le buvard sous lequel Roselin avait glissé l’enveloppe.
— Rien, dit l’industriel. D’ailleurs, est-ce que mes
affaires te regardent?...
— Ah ! fit simplement Maurice avec une préoccu-
pation évidente.
Puis au bout de quelques minutes d’un silence
lourd :
— Alors, (lit-il, si la santé de ceux que nous
aimons est bonne, si les affaires marchent bien,
qu’est-ce qui peut être cause du bouleversement dans
lequel je vous trouve ?
Laure prit son courage à deux mains.
Eh bien! lui dit-elle, je vais te le dire, moi.
A£ssi bien, tu es un homme, et tu dois voir la situa-
tion eii face.
Un frisson passa sur la peau de Maurice, mais il
se raidit: . „ .
— Parle, dit-il, je t’ecoute.
__»pu n’es pas heureux dans ton menage, et cet
état de choses nous désespère.
— Me suis-je plaint? Et si je n’ai eu, en effet, que
déceptions et regrets, à qui la faute? Et qm puis-je
accuser autre que moi? . ,
— Ca, c’est bon vis-à-vis de toi-meme, mais pas
pour nous. , „ . , ,
Tu es notre fils, et que le malheur vienne de droite
ou de gauche, il y est. Or l’idée de te voir souffrir
nous martyrise.
— Le travail me sauvera.
— Je l’espère, mais ta nouvelle famille voit ce
travail d’un mauvais œil; Mme d’Àrgelles hier m’a
réclamé la réalisation de la promesse que ton père a
eu l’imprudence de lui consentir le jour du baptême
de Maxime; elle voudrait une installation à Paris,
en dehors de nous.
— Ah ! qu’as-tu répondu ?
. — Que je te croyais dans l’intention de continuer
à rester ici avec nous, afin de travailler à l’usine.
— C’est en effet mon intention formelle.
— Ni Mme d’Argelles ni sa fille ne l’accepteront.
— 11 le faudra bien cependant. Je ne céderai pas.
— Tu auras alors Renier chez toi.
— Ça ne changera pas la situation actuelle, mur-
mura Maurice entre les dents.
Laure continua :
— Jamais ces femmes-là, nées pour les fêtes, le
vée, en plaçant dans son conseil d’administration
des personnages à la fois utiles et ornementaux,
comme les ducs de Five et d’Abercom, en obtenant
une charte du gouvernement de la Reine et en
créant un marche où le capital substantiel et non
pas la spéculation décevante, s’est disputé les nou-
veaux titres. Une fois de retour en Afrique, fort
grandi aux yeux de ses concitoyens par ce rôle
d’homme du destin providentiellement appelé à con-
quérir, à occuper, à exploiter les territoires dispo-
nibles au nord de la colonie, M. Rhodes a employé
son prestige et son autorité de chef de laCompagnie
sud-africaine pour se tailler une sorte d’apanage
politique dans les assemblées du Gap.
Anglais lui-même et tout prêt à déclarer ore
rotundo, à un banquet de la Cité ou à un meeting
de Saint James Hall, que l’Afrique et en général les
continents inoccupés sont l’héritage et comme la
légitime propriété de la race anglo-saxonne, il n’en
a pas moins su, en Afrique, se faire africanisant
[Afrikander), tendre la main aux Boërs, soit de
l’intérieur de la colonie, soit de l’Etat libre et du
Transvaal, et devenir l’interprète et le représen-
tant du sentiment autonomiste dont la devise
est : L’Afrique est au Cap, toute l’Afrique jusqu’au
Zambèze. ,
Dans ces conditions, il ne devait pas tarder à
arriver au pouvoir. Il a pris la succession de sir
Cordon Sprigg. Désormais son rêve était réalisé. Il
pouvait mettre sa qualité et ses prérogatives de
chef de la Compagnie sud-africaine au service de sa
politique de premier ministre du Cap ; il pouvait
mettre ses pouvoirs de premier ministre du Cap
au service de sa politique de chef de la Compagnie
sud-africaine.
On n’a pas oublié le merveilleux parti que ce
maître Jacques gouvernemental a tiré au dualisme
de sa position. Lord Salisbury, qui ne passe pas
pour spécialement flexible et faible, aurait un beau
récit à faire des exigences de M. Rhodes auxquelles
il lui a fallu céder, subordonnant sa politique géné-
rale européenne aux visées de ce conquistador, au
risque de compromettre le succès de ses propres
opérations.
Le traité avec le Portugal a été négocié dans des
conditions fort étranges; sans doute, le cabinet de
Lisbonne ne signait que le poignard sur la gorge et
le désespoir dans l’âme, mais le cabinet de Saint-
James qui lui imposait ces sacrifices agissait lui-
même contraint et forcé, sous la dictée d’un de ces
ministres coloniaux que les ministres de Sa Majesté
Britannique regardent volontiers de haut en bas,
comme de fort petits compagnons.
L’acquisition du Manicaland avec le Kraal d’Um-
tassa, voilà ce que lord Salisbury n’aurait pas in-
venté tout seul. Voilà proprement la marque de
fabrique de M. Cecil Rhodes.
Toutes les combinaisons actuelles de ce dernier
reposent, en fin de compte, sur l’occupation profi-
table du Macbonaland et du Manica, avec l’exercice
des droits de souveraineté dans le territoire de Lo
Bengula, le grand chef indigène de ces parages. La
clef de voûte de l’édifice élevé par M. Rhodes, c’est
la prétendue concession que ce chef lui aurait
accordée, et qui comprendrait littoralement tout le
domaine utile de son pays, sous réserve d'une pen-
sion modeste et d’un nommage tout platonique à
sa suzeraineté. C’est sur le vu de cette pièce que la
Compagnie sud-alricaine a été incorporée, qu’elle a
reçu sa charte, qu’elle a émis son papier, enrôlé ses
aventuriers, constitué un semblant de gouverne-
ment dans les camps de mineurs au pied du mont
Hampden.
Or, dit le Temps, des voix sérieuses avaient
toujours soutenu qu’il y avait malentendu, pour
nous servir d’un mot poli, que Lo Bengula avait cru
et voulu donner une simple concession minière et
qu’il se refusait énergiquement à reconnaître les
droits presque illimités assumés par les agents de la
Compagnie.
Il était difficile de se prononcera priori sur le
bien-fondé de ces objections. S’il estvrai, d’unepart,
que les chefs indigènes ne se font pas scrupule de
retirer d’une main ce qu’ils ont donné de l’autre et
de désavouer pour un baril d’alcool une parole en-
gagée pourun autre,il nel’estpasmoins quelesblancs
ne se refusent pas toujours le plaisir d’abuser de
l’ignorance de leurs contractants et de leur extor-
quer par un écrit authentique mais vicie des conces-
sions exorbitantes. .
Aujourd’hui, s’il faut ajouter foi a un document
publié par le Truth, le doute n’est plus permis. Lo
Bengula a remis une procuration en forme à MM.
Renny-Tailyour pour poursuivre l’annulation de la
faussé concession qu’il dit n’avoir point accordée
aux envoyés de Rhodes. Il menace de se fâcher el il
pourrait faire beaucoup de mal en coupant les con-
vois du Macbonaland. M. Rhodes sent si bien le dan-
ger, qu’il a, comme premier ministre du Cap, fait
arrêter M. Renny-Tailyour, coupable de léser les
intérêts de sa Compagnie.
Il reste à voir si l’Angleterre consentira à main-
tenir par la force un édifice qu’un simple particu-
culier avait élevé par la fraude, et surtout si la co-
lonie du Cap se souciera de braver une guerre indi-
gène coûteuse et sanglante, pour le plaisir de tail-
ler en plein continent noir une façon d’empire à
M. Cecil Rhodes.
RUSSIE.
Dépêches de la Correspondance russe :
St-Pétersbourg, 23 août.
L’empereur Alexandre III vient de donner une
louvelle preuve de sa sympathie envers le peuple
serbe : il a décidé que les jeunes Serbes, ayant satis-
fait aux examens du baccalauréat en Serbie, seraient
admis dans toutes les Universités de Russie et qu’il
leur serait fait pendant le temps de leur séjour dans
ces universités une pension de 300 Roubles par an.
St-Pétersbourg, 23 août.
Le gouvernement vient de repousser le projet ten-
dant à interdire aux navires étrangers l’entree de la
mer d’Azoff. On a décidé, au contraire, de faciliter
l’arrivée de ces navires et dans ce but deux nouveaux
ports, à Akmanaï et Nogacok, vont être creusés.
Vienne, 23 août.
Le ministre turc qui vient de prendre possession
du nouveau poste diplomatique créé près du prince
de Monténégro, A hmed-Tewy-Bey, a exprimé au
prince, en lui présentant ses lettres de créance, le
désir qu’avait le Suitan d’entretenir les meilleures
relations avec la principauté. Il a ajouté que le
gouvernement Turc avait été fort attristé les der-
niers actes de brigandage qui ont été commis sur
la frontière monténégrine.
monde et le plaisir, n’accepteront notre existence de
travail, bourgeoise et banale comme elle l’est. Il
leur faut la représentation, la vie au dehors, l’éclat
et le gaspillage. Chez toi, il y aura des scènes fré-
quentes, des récriminations journalières. C’est cette
perspective de tiraillements encore plus profonds,qui
nous, bouleversait, ton père et moi, quand tu es
entré.
— Il faudrait arriver à séparer la marquise d’Inès,
dit Maurice. Ma femme est encore jeune,peut-être
viendrions-nous à bout de lui faire aimer son inté-
rieur si ellen’avaxt pas sa mère avec elle.
Laura respira. Les soupçons de son fils s’étaient
évanouis.
— Peut-être, dit-elle. Mais cette séparation sera
difficile et ne se produira pas ainsi. Pour l’instant,
je crois que tu ferais bien de rejoindre Argelles le
plus vite possible. Dans quelques mois, tu revien-
dras. Et, comme cette fois-là je n’inviterai pas la
marquise, la séparation entre'la mère et la fille
sera plus aisée et plus naturelle.
— Alors, tu me conseilles de partir ?
— Oui.
11 regarda sa mère profondément, longuement,
revenant aussitôt à ses premiers soupçons.
— Tu sais, dit-il tout à coup, que je puis tout
accepter, tout excepté quelque chose qui toucherait
à mon honneur.
— Oh ! Maurice, s’écria la pauvre femme, quelles
mauvaises pensées tu as là!... Il faut les chasser,
mon enfant.
Le jeune homme ne parut pas entendre cette dé-
négation.
Il serra les mains de sa mère à les briser.
— Tu sais aussi, continua-t-il, que la seule chose
que je ne vous pardonnerais jamais, c’est que, con-
naissant un fait quelconque intéressant cet honneur
qui m’est plus cher que la vie, vous me l’ayez dissi-
mulé, l’un ou l’autre...
— Inès n’est pas capable d’oublier ses devoirs,
balbutia Laure éperdue, sous le regard investiga-
teur et résolu de Maurice.
Il se leva, et très pâle s’en alla sans répondre.
— Veux-tu encore parler, Roselin? demanda la
pauvre femme anéantie.
— Ah 1 Dieu non ! s’exclama le brave homme aussi
désespéré que Laure. Fais ce que tu voudras...
Pourvu que ces coquines ne nous amènent pas de
nouvelles complications, c’est tout ce que je de-
mande!...
Une demi-heure après, Mme Vallauris ayant vu
BELGIQUE
Nouvelles de Bruxelles.
[Service particulier du Précurseur)
Bruxelles, 22 août.
Les anarchistes ont tenu ce soir à la Salle Rubens
le meeting de protestation qu’ils avaient annoncé.
L’assemblée était peu considérable ; et les membres
du Congrès socialiste ne s’étaient pas rendus en bien
grand nombre à l’invitation qui leur avait été adres-
sée. Les orateurs qui se sont succédé à la tribune
ont fait de violentes charges à fond contre les
« bourgeois » et les socialistes qui, à leur gré, ne
valent pas mieux que les premiers. Et ils ont déve-
loppé leurs théories de “ la suppression de l’Etat ».
Le principal discours, le plus long et le plus écouté,
a été celui du citoyen Fernando Ramot, le délègue
espagnol dont l’exclusion du Congrès a donné lieu
au tapage que l’on sait. Fernando Ramot a une
volubilité de langage extraordinaire, et il accom-
pagne l’exposé de ses théories d’une mimique fort
expressive, énergique parfois iusqu’à la violence. Il
est d’ailleurs d’une physionomie avenante et d’un
extérieur fort coquet pour un révolutionnaire buveur
de sang et dynamitard.
CHRONIQUE LOCALE
Ecole Professionnelle de jeunes filles
rue des Sœurs Noires.
L’inscription des nouvelles élèves se fera au local
de l’Ecole, à partir du lr jusqu’au 15 septembre pro-
chain de 10 h. du matin a midi et de 2 a 4 h. de re-
levée (le dimanche excepté). Les postulantes sont
priées de se munir de leur extrait de naissance.
Le rapport sur les travaux de l’œuvre de l’Hospi-
talité de nuit et de la Bouchée de pain à Anvers
pendant l’exercice 1890-1891 contient de très inté-
ressantes statistiques et quelques considérations gé-
nérales qui montrent combien elle continue à jouir
de la sympathie générale.
Au milieu de ces considérations générales nous
trouvons un hommage ému rendu à la mémoire de
M. Alfred Geelhand, membre décédé du comité
exécutif, un des fondateurs de l’œuvre.
Les abus possibles, les moyens de les éviter con-
stituent un des chapitres les plus dignes d’attention.
Celui-ci insiste avec raison sur l’utilité, l’impor-
tance pratique de l’assistance par le travail.
Nous-même nous avons fait ressortir combien est
digne ce mouvement nouveau en faveur de l’assis-
taneepar le travail.
Il y aurait beaucoup à citer dans le rapport.
Nous préférons cette année attirer surtout l’at-
tention du public sur les bienfaits réalisés par la
Bouchée de pain. Et nous ne pouvons mieux
faire que de reproduire ici les lignes consacrées par
le rapport à cette partie du service de l’œuvre de
l’Hospitalité de nuit ;
“ BOUCHÉE DE PAIN.
•3 » La « Bouchée de Pain » a été l’hiver dernier notre
grand cheval de bataille dans le combat que nous avons
eu à soutenir contre les grandes misères qui sont venues
affliger notre population ouvrière.
» Ouverte ie 1er décembre, nous avons cru pouvoir
la fermer le 14 mars.
» Les chiffres seuls démontreront du coup ce qu’il a
fallu d’activité, de zèle et de dévouement, pour arriver
à préparer et à distribuer 208,205 portions de pain
et de soupe en ce court laps de temps, c’est à dire en .
trois mois et demi. C’est 124.145 portions de plus que
l'année précédente en quatre mois. Aussi ne devons-
nous pas nous en attribuer à nous seuls tout le mérite.
Nous aurons encore dans cette circonstance à citer bien
dés dévouements jusqu’à la complète abnégation.
» A peine ouverte dans notre local de la rue de la
Nacelle, nous nous sentions bien près d’être débordés.
Le Comité se réunit d’urgence et décida de chercher
dans la 5m“ section un second loeal pour y établir une
distribution supplémentaire. Les premières demarches
restèrent sans effet, bien que des membres de notre
Comité eussent parcouru tout le quartier. Cependant
l'éveil était donné et le lendemain, M. Cluytmans, com-
missaire de police de la section, vint nous annoncer
que M. Meinertzhagen mettait son loeal de la rue de
1 Offrande à notre entière disposition. Ce seraient deux
noms à retenir si nous ne leur adressions tout de suite
nos sincères et profonds remercîments.
» Une dépêche dont voici la teneur fut, sans désem-
parer, adressée à M. le ministre de la guerre :
“ Comité Hospitalité de Nuit d’Anvers prie respec-
» tueusement M. le Ministre guerre de bien vouloir
» autoriser intendance de fournir pour quelques jours
» trois ou quatre fourneaux de campagne, pour pou-
» voir multiplier Bouchées de pain.
» Respectueusement. » P. D.
» Le lendemain M. l’intendant vint nous trouver
Eour mettre à notre disposition ce dont nous avions
esoin. Malheureusement les appareils de l’armée ne
pouvaient convenir.
» L’administration des Cuisines économiques nous
tira d’embarras en s’engageant à nous fournir journel-
lement les portions de soupe nécessaires.
» A peine installé dans le local de la rue de l’Offrande,
on nous signala la misère qui régnait dans l’agglomé-
ration populaire du Kiel (9e section d’Anvers). La ville,
par l’intermédiaire de M. l’échevin Van den Nest, nous
engagea fortement à réaliser l’idée que nous étions, du
reste, décidé de mettre à exécution. Nous partîmes
pour le Kiel et ce fût encore M. le commissaire Schmit,
qui nous mit sur la trace d’un local, une propriété
appartenant à M. Govaerts-Claessens de notre ville, un
homme qui se connaît en bienfaisance et qui la pra-
tique avec autant de discrétion que de discernement.
Aussi, nous accueillit-il comme on pouvait s’y attendre
et il se dévoua même de sa personne à la bonne réussite
de l’ôntreprise. Deux hommes de l’endroit, MM. G.
Hoefkens et J. Broeckx, père, voulurent bien se char-
ger de la distribution. Ils y consacrèrent tout leur temps
pendant six semaines et nous ne saurions assez les re-
mercier du concours aussi obligeant que désintéressé
qu’ils nous ont prêté dans cette circonstance. Nous
devons les mêmes remerciments à MM. Sieger frères,
qui, pour ces dernières distributions, ont mis les four-
neaux de leur usine à notre entière disposition.
» N’oublions pas de citer aussi parmi nos bienfaiteurs
les Compagnies Kemmerich, Liebig et Cibils. qui nous
ont fait don d’amples provisions de leurs produits. »
La rédaction du Précurseur est fiére de trouver
à la fin du rapport du comité les remerciements
suivants adressés au directeur-gérant du journal :
« Nous ne prétendons pas avoir cité les noms de
tous ceux qui se sont dévoués dans ces tristes circon-
stances à notre œuvre humanitaire. Ceux que nous
avons omis bien involontairement voudront bien excu-
ser l’oubli de leur nom.
son fils traverser la cour pour aller au dehors, se
hâta de se rendre chez Diane.
On lui dit que la marquise était sortie de très
bonne heure, et n’était point encore rentrée.
Elle revint dans le bureau, sentant que ses paroles
et ses conseils étaient plus que nécessaires à son
mari, dont l’énergie n’était point à la hauteur de la
sienne, pour supporter toutes les tristesses qui les
entouraient.
La marquise d’Argelles avait en effet quitté la
maison des Vallauris sous le coup des préoccupa-
tions les plus graves.
Depuis son installation rue Denfert, Diane tour-
mentée toujours des mêmes idées avait recommencé
l’enquête sommaire qu’elle avait faite quelques
semaines auparavant, lorsque Jacques de Rhodes
l’avait suivie à Levallois-Perret.
Sa diabolique intelligence l’avait bien servie.
Quelques paroles imprudentes, prononcées par
Vallauris, lui avaient fait retrouver l’ancienne
patronne de Laure et de Roselin, Mme Varnet, et
Diane s’était abouchée avec elle.
Quinze ou seize ans, dans la vie d’une femme
casanière et acharnée à son travail comme la passe-
mentière, qu’est-ce que c’est ?...
Les mois et les inventaires s’étaient succédé, la
laissant toujours la même, à la tête de sa fabrique et
de ses ouvriers.
En elle, où rien ne se perdrait ni ne s’oubliait, la
rancune que lui avait laissée le départ de sa contre-
maîtresse favorite, ne s’était point affaiblie.
Un jour, alors que Roselin était déjà établi depuis
longtemps et avait réussi, elle le rencontra dans une
maison, où elle faisait également des affaires, et elle
l’eut vite reconnu.
— Tiens ! dit-elle, c’est donc vous, le Vallauris,
de la rue Denfert !... Compliments, mon cher, vous
avez marché !
Roselin démonté ne sut que balbutier des mots
confus.
— Et cette petite fille que vous aviez recueillie
après l’incendie, qu’est-elle devenue? demanda
Mrao Varnet, ne voulant pas montrer d’hostilité à un
chef de maison aussi sérieux que son ancien ouvrier,
et dont elle pouvait avoir besoin.
— Nous l’avons toujours avec nous, patronne!...
répondit l’industriel oubliant dans son trouble
profond les constantes recommandations de Laure
qui voulait faire passer Henriette pour leur fille
véritable.
» La satisfaction que leur a procurée le bien qu’ils
ont fait les a payés de leurs peines et de leurs labeurs.
» il nous reste un dernier devoir à remplir et nous
le remplissons quoiqu’il s’agisse d’un des nôtres. II nous
reste en effet à rendre hommage à l’activité de tous les
ours, à la prévoyance, au dévouement d’un de nos
vice-présidents M. P. Delà Montagne, directeur-gérant
du Précurseur.
» M. P. Delà Montagne a été l’àme de nos travaux
durant ce rude hiver. Il a été l’initiateur et l’exécu-
teur de la plupart des mesures qui ont si grandement
aidé les malheureux. Au nom de tous les membres de
notre Comité, nous lui en exprimons ici nos cordiaux
et fraternels remerciments. »
Nouveau théâtre du Cirque. — Nous avons
visité hier le nouveau théâtre flamand du Cirque.
Les travaux sont rondement menés. L’entrepreneur
assure que l’installation sera complètement terminée
dans une dizaine de jours. L’inauguration aura lieu
le 16 septembre prochain.
Commencement d’incendie. — Ce matin à 2
heures un commencement d’incendie a eu lieu dans
la cave de la maison n° 20, rue de Londres, occupée
par M. Jacq. Hartiing, boucher. On y fumait de la
viande à l’aide de sciure de bois et, le feu ayant été.
trop vif, sciure de bois, filet et combustible et mar-
chandise se combinèrent, enun commencement d’in-
cendie.
Le feu a été éteint par les habitants de la maison
et lë secours des pompiers a été inutile. Les pertes
s’élèvent à environ 80 francs.
Police des mœurs. — La police de la 7e section
a dressé procès verbal à charge de deux jeunes
gens, nommés Pierre Gérard Geens et Joseph De
Gruyter, âgés de 19 ans, demeurant le premier rue
Veke 50 et le second rue des Tonneliers 25, du chef
d’outrage public aux bonnes mœurs.
Les vols. — Procès verbal a été dressé à charge
d’un nommé Léon Gheselle, âgé de 25 ans, soupçonné
de vol de 5 barils à pétrole vides, d’une valeur de
20 francs, au préjudice de MM. Walther & C°.
Chaloupe en détresse. — On nous écrit de
Knocke : “ Hier, à 3 heures, au moment où la tem-
pête soufflait avec violence, une chaloupe passait
devant Knocke. Elle avait arboré le drapeau de
détresse. Aussitôt la barque de sauvetage fut amar-
rée, sous les ordres du patron Schoolmeester. Une
demi heure après, la chaloupe qui devait rentrer à
Blankenberghe échouait à un kilomètre de Knocke
vers le “ Zwijn ». Elle porte le n° 53, capitaine Cor-
nelis Strubbe, armateur F. Verhees d’Anvers. A 4
chevaux la barque arriva vivement et fit adroitement
sa descente vers les flots. Quelques minutes après,
l’équipage était sur terre. C’est une des rares cha-
loupes pontées de Blankenberghe. On espère la ren-
flouer à la prochaine marée. »
Un charlatan en carrosse. — On nous écrit
de St-Nicolas, 22 août 1891 :
La ville de Saint-Nicolas a reçu la visite du célèbre
charlatan Sequah. L’Américain est arrivé accompagné
d’un personnel nombreux, sur un char doré tiré par
quatre chevaux bruns.
Le médecin amène avec lui une dizaine de musiciens
qui parcourent la ville en jouant.
M. Sequah « opère » sur les places publiques et est
sans cesse entouré d’une foule nombreuse. Il prétend
connaître le moyen sûr de guérir plusieurs maladies et
il a un remède infallible contre le rhumatisme.
Il paraît que Sequah a guéri à St-Nicolas un homme
qui souffrait depuis des années de rhumatismes. Quand
il examine un malade, il demande la présence de deux
témoins, choisis dans Tassistance.On dit que cet homme
malgré tout sonattirailcharlatanesqueafaitdes cures
réellement merveilleuses.
Quoi qu’il en soit, Sequah est devenu en peu de jours
populaire à St-Nicolas et a été à plusieurs reprises
l’objet de chaleureuses ovations.
L» charlatan s’adresse au peuple en anglais, mais
un interprète traduit ses paroles en flamand.
Sequah traite gratuitement les personnes qui sont
inscrites sur les registres du bureau de bienfaisance.
Il fait aussi constater par les médecins de la ville la
maladie des personnes qu’il a examinées.
Il y a depuis l’arrivée du médecin Sequah beaucoup
de mouvement à Saint-Nicolas. De tous les côtés du
pays de Waes, voire de la Hollande accourent des ma-
lades. L’hôtel Am Miroir, où il est descendu, .ne désem-
plit pas. L’après-midi il arrive avec son carrosse doré
sur la place publique, où de nombreux malades ré
clament ses soins.
On vit ainsi arriver un homme qui marchait pénible-
ment à l’aide de deux béquilles et qu’on dut porter dans
la voiture. Après une demi heure de traitement il en
sortit complètement rétabli et fit une course sur la
place du marché sans béquilles ! Plus de cent personnes
io suivaient en applaudissant cette cure merveilleuse
Entrétemps arrivent les pauvres qui reçoivent gra-
tuitement l’huile qu’il débite.
Sequah est un homme de taille moyenne, svelte mais
robuste, figure très-fine, très-intelligente, yeux et che-
veux noirs. Il ne paraît que .-5 ans quoi qu’il en compte
37. L’Américain porte un costume mexicain avec des
bordures en or. Beaucoup de dorures également sur la
voiture qui porte en grandes lettres son nom: Sequah.
On y voit aussi grave dans le verre le nom des méde-
cines dont il se sert pour guérir ses ma)ades:Sequah oil
et Prairie Floxoer.
Sequah prétend qu’il ne cherche pas à exploiter le
public et à ramasser des sous, mais à faire œuvre
d’humanité en guérissant ceux qui sont abandonnés
par la faculté.
D'après ce qu’on assure Séquah est un ancien commis
qui n ayant pas d’occupation a commencé ce métier en
Amérique ou il s’est enrichi. Il a ensuite visité Glasgow
et Edimbourg. Dans cette dernière ville les étudiants
Tont chassé. De là il s’est dirigé sur Londres, puis il est
venu en Belgique après avoir fait une tournée en Hol-
lande.
Sequah jouit aujourd’hui à St-Nicolas d'une grande
réputation et les personnes qui ont été traitées par lui
se déclarent soulagées. S’il est vrai que son oil guérit
efficacement les rhumatismes il se fera certes une belle
clientèle en Belgique.
Les années chaudes et froides. — M. de Par-
ville, dans son dernier feuilleton des Débats, nous
met au courant d’observations climatologiques qui
nous font bien plaisir ; leur conclusion nous apporte
une consolation dont nous avions certes besoin au
milieu du désespoir que cause partout la tempéra-
ture de cette année. Voici donc ce qu’écrit le chroni-
queur scientifique des Débats :
Il n’est plus contestable que l’été de 1891 aura été
froid et pluvieux, comme nous l’avions pressenti. La
température moyenne a été à peu près constamment
au-dessous de la température moyenne normale. Plus
de pluie, plus de nébulosité, etc. Il y a bien six ans que
les années se suivent avec un déficit de chaleur. Aussi
a-t-on dit un peu partout que notre planète se refroi-
dissait positivement. Nous avons déjà répondu qu’on se
faisait illusion à cet égard.
On n’a pu constater encore aucun refroidissement
réel du globe. S’il y a apparence d’abaissement de tem-
pérature dans une région, il y a ailleurs compensation.
A l’hiver rigoureux de 1891 en Europe correspondait
un hiver doux dans l’Amérique du Nord.
En réalité, nous traversons simplement des périodes
souvent inégales de froid et de chaleur successives,, de
— C’est très bien, cela. Votre charité vous a porté
bonheur.
Mes amitiés à Mme Roselin. C’est mal de m’avoir
oubliée, je serais si aise de la revoir.
Et le cœur enfiellé.mais les lèvres souriantes, elle
s’éloigna.
En avait-il de la chance, ce Vallauris !...
Et il lui resta dans l’âme une flèche d’envie,
d’autant plus aiguë que Laurenevintjamais la voir.
Diane, qui avait fini par découvrir d’abord l’exi-
stence de Mme Varnet, ensuite son adresse, trouva
une terre bien préparée.
La marquise n’eut pas besoin de déployer le quart
de son habileté pour faire parler la passementière,
l’amener à raconter ses griefs, et déborder en récri-
minations jalouses.
—Yavait-il des gens veinards!... des parvenus
sans le sou, qui avaient créé une semblable maison,
et étaient arrivés à une si étonnante fortune
lorsqu’elle, malgré ses relations, sa parenté, sa
clientèle ancienne, avait à peine pu vivre...
Mais cela importait peu à le marquise; ce qu’elle
voulait savoir, c’était si les Vallauris d’aujourd’hui
étaient bien les Roselin d’autrefois, par conséquent
si cette Henriette, qui vivait avec eux, était leur fille
légitime ou la petite Marie élevée par Clémence
Foulon.
En effet, on n’a pas oublié que l’ancienne concierge
de la rue de la Fontaine-au-Roi, celle que Diane
avait retrouvée à Levallois-Perret, lui avait certifié
que les Roselin après l’incendie et l’enquête étaient
retournés dans leur pays en Provence.
Elle l’avait cru d’abord. Ce prénom de Roselin.
fort commun dans le Sud-Est, pouvait être porte
par deux individus. Mais peu à peu ses soupçons
anciens étaient revenus, surtout lorsqu’en arrivant
à Argelles, elle avait revu Henriette avec son grand
chapeau dans le vestibule.
C’était Marguerite de Rhodes,vivante, ressuscitée.
. — Ah ! se ait alors Diane, par tous les moyens
possibles, je saurai si les Vallauris et les Rhoselin
ne font qu’uni...
Pour en arriver là, elle devait retrouver dans le
monde industriel qnelqu’un qui, les ayant connus
autrefois, pouvait les avoir retrouvés dans leur
nouvelle situation.
C’était ainsi qu’un seul mot de Roselin, lui avait
fait découvrir Mme Varnet.
La passementière fut aussi affirmative que possi-
ble.
— Oui, Roselin de la rue de la Fontaine-au-Roi et
Sécheresse et de pluie. Pendant les périodes froides on
dit inexactement que la terre se refroidit. C’est un
effet local s’étendant sur un espace plus ou moins con-
sidérable.
M. le professeur Br üekner, de Bâle, a examiné de très
près les variations du climat en remontant le plus
haut possible dans le passé.Le climat,d’après M.Brück-
ner, n’a pas subi, depuis les temps historiques, de va-
riation continue dans un sens déterminé. Comme nous,
il trouve qu’il oscille et présente alternativement des
périodes de réchauffement et de refroidissement, de sé-
cheresse et d’humidité. Il a fait porter ses recherches
sur un grand nombre d’éléments de discussion, varia-
tions séculaires des lacs fermés, des rivières, de la
pluie, de la pression atmosphérique,de la température,
des époques de vendange, de la fréquence des hivers ri-
goureux, etc.
M. Brückner a été ainsi amené à conclure que le cli-
mat est soumis à une périodicité moyenne de 35 ans.
C’est à dire que tous les 35 ans,à peu près,nous aurions
une période d’excès ou de défaut de chaleur, ou, si Ton
veut, que les séries froides et chaudes devront alterner
tous les 16 ou 18 ans. Par exemple : froid, 1806-1820 ; —
chaud, 1821-1835; —froid, 1836-1850 — chaud, 1850-1870;
— froid, 1871 1890. De même pour le maximum et les
minimum de pluie ; maximum, vers 1815 — minimum,
1831-1845 ; — maximum, 1846-1850 — minimum, 1851-
1865; — maximum, 1876-1890. Les périodicités ainsi dé-
finies sont assez élastiques, mais enfin on peut en tenir
compte en gros, très en gros. Ainsi l’écart entre la der-
nière série chaude (1870; et la dernière série froide
(1890) est de 20 ans, chiffre au-dessus de la moyenne ;
il semble que Ton puisse en déduire que nous allons
entrer enfin dans une période moyenne chaude pendant
plusieurs années. Pour la pluie, on pourrait également
conclure que nous marchons vers un minimum de
1891 à 1895.
ÉCHOS ANVERSOIS
Les départs pour le Congo.
Nous recevons à ce sujet une lettre d’où nors
extrayons lespassages suivants, dignes de remarque :
Anvers, 20 août.
Monsieur le Rédacteur,
J'ai assisté hier au départ d’un steamer pour le Congo.
Nombre d’officiers et de sous-offlciers que j’ai rencontrés
sur le promenoir, avaient sans doute accompagné à
bord quelques-uns des leurs.
L’administration a-t>elle bien choisi un moment pro-
pice pour ce départ ? Si oui, toutes les expatriations de
ce genre ont-elies toujours eu lieu au moment propice,
— c’est à dire à l’époque de la saison africaine la plus
favorable à l’acclimatation de nos compatriotes ? A-t-on
examiné quelle est la saison la plus meurtrière en
Afrique, et s’est-on toujours arrangé de façon à habituer
les colons aux rigueurs climatériques à venir ?
Telle est la question humanitaire que je pase sans la
résoudre.
Si le départ d’hier se faisait pour l’Algérie où j’ai passé
32 ans, je dirais qu’il a eu lieu 6 semaines trop tôt.
Quant au Congo je me récuse, mais a fortiori l’époque
du départ ne peut être ici indifférente et j’estime que
des renseignements précis et complets à ce sujet se-
raient les premiers renseignements officiels à fournir à
nos vaillants pionniers.
Vaut-il mieux affronter tout d’abord les fortes cha-
leurs que la grande humidité ? Est-il prudent de se
maintenir entre les deux? Pour le Nord de l’Afrique je
n’hésite pas à dire qu’il faut s'arranger de façon à arri-
ver à la veille ou au commencement de l’hiver africain,
qui est la saison pluvieuse.
Bref, afin de permettre au colon de choisir l’époque de
son départ, de régler son installation et ses travaux
agricoles, il est indispensable qu’il soit renseigné sur
la division des saisons, leurs commencements, leurs
caractères, et que l’expérience de l'administration guide
leur choix.
Ces renseignements-plus ou-moins exacts, sauf peut-
être le choix précis à faire, peuvent se trouver dans les
relations et descriptions des explorateurs ; mais ils sont
trop généraux, parfois contradictoires (par suite, sans
doute, des altitudes et 'des positions), et puis le pu-
blic ne connaît pas ces ouvrages ou n’a pas les moyens
de les compulser, tandis que Tadministraùon doit pos-
séder à l’heure qu’il est la plupart de ces données hau-
tement désirables.
Si, par Torgane de votre estimable journal, on pou-
vait pénétrer l’administration du Congo, non de l’im-
portance pure et simple de cette question, qu’elle
apprécie à coup sûr, mais de l’importance de sa vulga-
risation et de la nécessité de réagir contre les erreurs
denos bouillants compatriotes, .festime qu’un grand
service aurait été rendu à l’œuvre du Congo. Trop de
champions de la civilisation tombent, victimes de leur
ignorance, au seuil du continent noir.
Un lecteur assidu.
FAITS DIVERS
Un singulier accident, qui a eu une fin tragique,
s’est produit il y a quelques jours à Quévy.
Dans la campagne, les gamins ont souvent l’habitude
de nouer ensemble des poignées de tiges .de grain au-
dessus des sentiers qui traversent les pièces, cultivées ;
cela forme une espèce de corde tendue prés du sol, et
les passants peu attentifs font généralement une belle
culbute lorsque leurs pieds viennent à heurter eet ob-
stacle.
Il y a quelques jours, un brave homme nommé Le-
clercq cheminait en fumant sa pipe do terre dans un
sentier, lorsqu’il s’étala sur le sol. Sou pied venait de
rencontrer la barrière végétale dont nous venons de
parler.
La pipe de Leclercq s’étant brisée dans sa bouche, un
morceau de tuyau pénétra profondément dans la gorge.
Un abcès se déclara ainsi qu’un empoisonnement du
sang, provoqué par la nicotine accumulée dans le frag-
ment au tuyau.
Le malheureux est mort des suites de ce singulier
accident.
Meurtre ou accident. — Vendredi soir, vers 10 h.,
un promeneur qui passait devant un estaminet de la
rue Xhavée, à Verviex’s, dont la porte était large ou-
verte, vit un nommé Deforges se disputant avec Delhez,
le cabaretier, le premier empoignant le second. Celui-
ci prit son agresseur par le bras et le poussa à la porte
en bas de l’escalier. Deforges s’affaissa sur le pavé et ne
se releva plus. Delhez lui-même, assisté d’une autre
personne, vint tenter de remettre Deforges sur pied,
mais n’y parvenant pas, l’appuya contre le mur et la
police fût prévenue.
Le brigadier Ledain vint avec des agents prendre
Deforges pour le transporter au commissariat où le
docteur Doome fut requis.
Le blessé ôtait en syncope, il ne parlait et ne bou-
geait plus.
Il portait à la partie supérieure de la tête des lésions
par où le sang jaillissaitabondamment. A i heure moins
le quart, Deforges succombait â ses blessures,
Eu tirant le canon. —■ Un bien regrettable accident
vient de se produire à Lessines-
On tirait le canon en l’honneur, d’un mariage ; un
coup tardant à partir, l’un des canonniers improvisés
s’approcha pour vérifier l’état de la mèche, mais au
même moment la charge fit explosion et l’imprudent,
tournant sur lui-mème, alla rouler sur le sol : sa
casquette a été projetée à plus de vingt mètres de
hauteur.
Le malheureux a la figure toute déchiquetée, on ne
sait si la vue pourra lui être conservée : if est marié et
père de famille. On croit qu’il avait chargé le canon à
l'aide d® débris de macadam.
Roselin Vallauris étaient un seul individu. Quant à
la fille qu’il avait eue, Rosou, elle était morte pen-
dant qu’ils étaient tous les deux, le mari et la femme,
chez Mme Varnet ; et la jeune fille connue sous le
nom d’Henriette Vallauris ne pouvait être que la pe-
tite Marie Foulon, puisque dix ans après, Vallauris
avait déclaré lui-même avoir toujours cette der-
nière chez lui, et qu’en définitive il n’en avait qu’une.
Diane n’avait plus de doutes.
Ses soupçons s’étaient changés en certitude pen-
dant qu’une autre certitude egalement entrait en
elle:
C’est que Jacques de Rhodes avait rencontré Hen-
riette Vallauris dans la campagne, et qu’il l’avait
reconnue pour la fille de Marguerite.
A l’aide du médaillon que le comte lui avait arra-
chédes mains, àelle, Diane, dans la charmille d’Ar-
gelles?...
Certainement, et sa vieille habileté lui faisait donc
défaut, qu’elle n’ait pas soupçonné, et vu, et deviné
cela plus tôt?...
Lorsque Jean Tailladet, son fidèle et toujours dé-
voué serviteur, le cocher qui jadis l’avait sauvée des
poursuites de Marcel Barrère, lui avait dit que le
comte de Rhodes causait souvent avec Mlle Vallau-
ris dans les bois ou les montagnes ; que même Hen-
riette allait fréquemment à Astarac, Diane qui
croyait fermement que Souriquette était la fille légi-
time des Vallauris, n’y avait attaché aucune impor-
tance.
Niaise !... Triple niaise qu’elle était !...
Jacques de Rhodes l’avait roulée une fois de plus.
Mais il avait donc fait un pacte avec toutes les
puissances infernales, ce maudit, pour avoir si mi-
raculeusement retrouvé cette enfant perdue !...
- Et c’était elle, Diane, qui, par le mariage d’Inès
avec Maurice Vallauris, l’avait mis en presence de
la fille de Marguerite !...
Sans cela l’eût-il jamais rencontrée de par le
monde?...
Un instant, la marquise fut accablée sous cette
complication, providentielle à coup sûr.
Mais bientôt son amour immense pour sa fille lui
rendit son courage, son invincible energie, sa vo-
lonté de vaincre à tout prix.
— Malgré toutes les certitudes morales qu’il peut
avoir, se dit-elle, il n’aura jamais une preuve cer-
taine de la substitution opérée jadis par moi; et sans
cela il ne refera jamais non plus Tétat social de sa
petite-fille. Inès, malgré lui, malgré la terre entière,
Un drame a eu lieu, mardi, dans la commun»,i’r l
dans le nord de la France. uune<llnehyi
Dans ie village, vivait une jeune femme de eu,
ans, Marie Chopin, qui avait épousé, il Va „„ nt«t
individu nommé Joseph Delaleux, dit Nienb”. n’,u»
soldat au 5e dragons. mcoias, alors
La lune-de miel passée pendant un cono-a s
ois, le militaire avait dû rejoindre son ravSk. Qe deui
. itaire avait du rejoindre son corna • L,
vant vivre loin de sa femme, rongé par la ï»iL -P°u-
avait un beau jour bouclé ses guêtres et priffi*16’ il
de la Belgique. 1 ls le chemin
l’appellent les soldats, il écrivit à sa femme’ eti f)Ue
venir le rejoindre. Il est probable que la ieun» f pria
avait pris goût au veuvage, car elle refusa de S?16
son pays natal pour suivre son mari. HuHter
Dès lors, le déserteur fut persuadé que sa ,
trompait; caché sous un déguisement, il vint 2e 19
fois à Inchy, surveillant de près sa femm# !> usle,1;'S
Mardi, vers cinq heures et demie, il anereni vr ■
Chopin, qui passait sur la route de Marquion 6
pagnée dun gros gars paraissant lui parler d» „h®-
autres que la pluie et le beau temps. üe chos«
Il les suivit de loin, sans les perdre de vue ,
aux premières maisons d’Inchy, la jeune femme m in6
son compagnon et reprit le chemin du village
Alors, ne pouvant plus se contenir, —
quitta
Alors, ne pouvant, puis se contenir, emooi'W ,
colère et la jalousie, le déserteur s’élança eaqn»Ö
bonds auprès Telle. quelques
— Me v’ià, dit il.
La jeune femme recula épouvantée.
—or£u m’as trahi, canaille, continua l’homme; tua,
. „„a - ~ ’ ‘ avec i
refusé cle me suivre pour courir à ton
autre. Je vais régler ton compte : attends un peu m Un
Et, saisissant à deux mains l’énorme gourdin m,ni
portait, il lui asséna sur la tête des coups terrible»
La malheureuse poussa un cri et tomba sans conmi.
denBourion‘S qUG ™mme s’enfuyait dans la direct^'
Dans les environs de Marquion se trouve un w
assez épais, que Ton appelle clans la contrée la fo‘»t J
Bourlon. Cest dans cette direction que les uavfi
avaient vu l'assassin se sauver. 1
Le brigadier Vaneur et le gendarme Contesse*
s étaient mis a la recherche de l assassin. 5
Ils marchèrent toute la nuit au travers du bni« u
c’est seulement mercredi dans l’après-midi que CL™
darmes ont rencontré Delaleux. B
Il était caché clans un fourré, épuisé de fatigue
rant littéralement de faim.
La désertion exceptée, eet individu n’avait nas il»
mauvais antécédents; c'est la jalousie seule qui est k
mobile du crime commis par lui. “
Quoique Tétat de lavictimesoit excessivement o-rav»
on pourra peut-être encore la sauver. °
Deux femmes grillées et mangées. - Quatre nègre,i
de la race Shékiam passent en ce moment aux assis»
du Sénégal.
Ils sont accusés d’avoir tué deux femmes esclaves
près du mont .Boet, et d’avoir haché en morceaux ei
fait griller les cadavres pour les manger.
Le foie de ces.malheureuses était mis à part et (ta
servir probablement au régal du féticheur.
La police avertie, a pu saisir, pendant la nuit, vingt
habitants du village et les incarcérer.
Les quatre qui vont être jugés sent le féticheur et la
trois assassins.
Un heureux département. — Il n’y aura pas d»
session d’assises pour le département de la Lozère®
septembre prochain ; comme il »’y en a pas eu depuis
le mois de juin 1890, c’est donc la cinquième session
blanche dans le pays.
C’est assurément la première fois qu’un pareil (ait-
se produit en France. Le cas est assez rare pour ta
signalé.
Un cirque permanent à Charleroi. — Peidant aue
Verviers construit un nouveau théâtre, Charleroi as-
nonce 1 érection d un immense cirque. Cet établissement
sera créé dans le genre des manèges établis dans ditTA
rentes villes françaises et belges.
La façade de 32 mètres de largeur donne sur la nlaci
du Manège et sur le Boulevard de l'Ouest, dans la n»;
dite de la Poterne.
La construction sera en fer et en maçonnerio ils
briques fixées au ciment.
Le cirque aura une piste de 13m50 comme celles.du,
eirque Fernando de Paris et du cirque qui est coaslfiiiti
en ce moment place du Manège.
D’immenses écuries, les unes établies au niveau à.
boulevard et d’autres en contre-bas pourront contenir-
au minimum 70 chevaux.
En temps ordinaire, pour le manège et pour les
grandes fêtes, l’arène aura un diamètre de 22 mètres
ce qui s obtiendra en enlevant les banquettes qui en-
tourent la piste du cirque jusqu’aux colonnes en fonte
qui soutiennent la toiture.
Le cirque sera un cirque d'hiver et d’été : il sers,
chauffé et ventilé.
Avec les écuries* il y aura dé vastes remises à voi-
tures, un café, le logement du directeur et des domes-
tiques du Tattersall.
Au dessus de l’entrée principale, au côté opposé àla
tribune cle l’orchestre, se trouvera un salon placé à
3m50 du niveau de la Piste. Ce salon aura un Balcon-
Tribune donnant vers le cirque et un balcon donnant
sur la place du Manège.
Le cirque contiendra 1,200 places assises.
Est ce Jack l'Eventreur ? — Le quartier de Whitr
Chapel à Londres a été mis en émoi vendredi soir Un
individu a accosté une femme en lui disant •
« Je suis Jack l’Eventreur. »
En prononçant ces paroles, l’homme a sorti en revol-
ver de sa poche, menaçant de tirer. La femme cria au
secours. Des policemen accoururent et arrêtèrent /in-
dividu. On trouva sur lui un long poignard.
L’homme comparaîtra lundi devant le magistrat de
pelice.
Pour avoir de belles robes..— Lundi, le mécanicien
du tram de voyageurs qui quitte Charablay à 2 h. 41
pour la direction de Nancy, sentait tout à coup un choc
violent avant de pénétrer dans la tranchée de Saint
Julien. Deux pierres avaient été placées sur les rails
avant le passage du train.
Une enquête ouverte par la gendarmerie de Mars-la-
Tour a amené hier l’arrestation - d'une gardeuse d'oies
de Saint-Julien, âgée de 15 ans, qui a déclaré qu’elle
avait placé ces pierres dans l’intention de s’approprier
les “ belles robes et Içs beaux chapeaux » des dames qui
auraient été victimes du déraillement.
Le British Museum vient de recueillir un legs pré1
deux. C’est la collection des manuscrits originaux de!
romans de miss Mary Anne Evans, plus connue som
son pseudonyme de » George Eliot. » Chacun d’eux est
précédé d’une dédicace uniformément adressée à son
mari. M. George Lewes. Seul le dernier roman, Thi-
phrattes Such, ne porte pas d'inscription dédicatoire:
George Lewes avait précédé George Eliot dans la
tombe. Le style de ces inscriptions atteste une affection
ardente. Voici celle qui est placée en tète du manuscrit
d'Adam Bede : « A mon cher mari. George Henry
Lewes, je donne ce manuscrit d’un ouvrage qui n'au-
rait jamais été écrit sans le bonheur dontson amour
a entouré ma vie. « Voici la dédicace de la Spanith<
G 'P >y : “ A mon cher, chaque jour plus cher mari !
Sur le manuscrit de Middlemarsh on lit : “A moi-
mari bien-aimé, George Henry Lewes, à l’occasion du
dix-neuvième anniversaire de notre union bénie. »
C’est touchant, n’esUce pas ? Comme on voit bien,dit
spirituellement le Journal de Bruxelles, que... Georjfe
Lewes n’était pas son mari. Vous vous récriez, ma«
c’est comme fai l’honneur de vous le dire. La femm
légitime de M. Lewes était dans une maison de santé
Miss Evans et lui crurent pouvoir passer outre à oit
empêchement dirimant et unir leurs existences, *
croyant mariés parce qu’ils désiraient l’être. Ce M® ,
que dans les dernières aimées de leur union
pauvre folle étant venue à mourir, les deux an»3*
marièrent légalement. De ce qui précède il faut»"'
restera Mile d’Argelles, la fille légitime de Fabien,
la seule héritière de son grand-père.
Mais tout à coup, à l’esprit lucida de Diane, un
aléa terrible se présenta.
— Il n’y a pas de preuves, se dit-elle, les veuf
subitement arrondis de frayeur. Et Annette Casta-
rède qui les connaît toutes, elle, et qui ne me donne
pas de ses nouvelles, et qui est malade, peut-être
délirante entre les mains de son fils, queM.de
Rhodes a sans doute chargé de lui arracher mon
secret?... Ah ! folle que je suis, pourquoi l’ai-je laissée
là-bas!...
Elle voulut partir. , . ,
Mais une découverte terrible l’arrêta. Inès était j
devenue la maîtresse du duc de Candales, etpoutj
ne pas que ce secret de honte tombât entre les mains
des Vallauris, il fallait que Diane restât là prête à
tout, surtout à abuser ces braves gens.
En effet, Maurice, dont l’énergie était revenue, nn
tuerait-il pas sa femme s’il découvrait son infamie,
ou bien ne demanderait-il pas le diverce ?...
Et le divorce, avec la manière dont la liquidation
de leurs affaires s’était faite, n’était-ce pas la ruine,
la misère noire, puisqu’Argelles lui-même, main-
tenant, appartenait, — pas même, à Maurice, -
mais à Roselin?... .,
Pleine de fiel et de rage, elle écrivit à Jean Tan*
ladet et lui ordonna d’aller à Bordeaux sav»ir ce qm
se passait, puis de venir le lui apprendre lui-merne,
car Diane ne s’en rapportait point à la poste pom
des choses aussi graves. .
Afin qu’une imprudence d’Inès, fort peu in<lnl®
de sa réputation, ne vînt pas les livrer'touw*
les deux à Laure ou à Roselin, et surtout
Henriette, dont elle redoutait les yeux perçants,
marquise avait résolu de quitter la maison a«
rue Denfert, en demandant aux Vallauris la rt»
sation de la promesse faite à Argelles. , ue
Mais on a vu qu’il était déjà trop tard, et q
Laure venait de découvrir la honte de sa beüe-m ,
lorsque Mme d’Àrgelles lui adressa sa requête.
On sait dans quels termes Mme Roselin la reje •
Pour la première fois de sa vie, Diane ne se se.
plus capable de diriger sa vie et de faire mee .
événements,car Inès était maintenant en travel V
dont l’ineptie capricieuse ne voulait rien voir,
entendre. . fln
Dans un état de fureur impossible à maîtriser,
sortant de chez Laure, elle alla trouver sa nue.
(A continuas
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