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A!¥VERS , Mardi 2t efAWïEEl £S4ft. (Cinquième Année)
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A Anvers, au Bureau du
Précurseur, Bourse An-
glaiseN°1040,oûse trouve
une boite aux lettres etoù
doivent s’adresser tous les
avis.
En Belgique et à l’étran-
1ECIIRSEI
ABOETISJEBïEMTT.
Par An........ 60 ft
• 6 mois..... 30
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POUR LA BELGIQUE.
Par 3 mois.... 18 fr.
pour l’étranger.
Par 3 mois.... 20 fr.
ANNONCES.
ger, cher tous les direc-
eurs des postes.
A Paris, à l’Office-Cor-
respondanee de Lepelie-
tier-Bourgoin et comp.«,
rue Notrc-Dame-des-Vic-
toires N° 18.
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIE. XilBSR’Z’S, PKOGBÈB,
25centimes la ligne.
Laquatrièmepage, con
sacrée aux annonces es
affichée à la bourse d’An
vers et à la bourse de
principales villes de com
merce.
91 Jnnvler.
PÉTBTIOiV ÎÏE L'nfDCSTBIE
COTOM1ÈRE.
Nous avons sous les yeux une pétition aux Cham-
bres où l’industrie cotonnière expose sa pénible situa-
tion et demande que la législature vienne à son secours
par des moyens efficaces et prompts qu’elle désigne
elle-même, savoir :
L’élévation des droits d'entrée sur les produits
étrangers, ou bien des primes d’exportat ion.
Pendant que nous cherchons à faire connaître la
Véritable situation de cette importante industrie, au
moyen d’une série d’articles dont cinq ont déjà paru
(voir le Précurseur des 12, 13, 15,16 et 17 du
mois courant), nous croyons devoir entrer dans cer-
taines considérations qui' seront infiniment plus à la
portée des classes qui ont besoin d’étre éclairées et
auxquelles nous voulons rendre ce service.
Nous l’avons démontré et nous le répétons ici : la
crise que subit l’industrie cotonnière est universelle ;
nous ne sommes point en Belgique dans une situation
pire que l’industrie cotonnière anglaise ou française.
La crise est l’effet des causes que nous allons indi-
quer sommairement.
L’excès de production de 1836, 1837 et 1838.
Le renchérissement des prix de la matière première
par la tentative de monopole de la grande banque
américaine.
L’établissement de manufacturesde coton aux États-
Unis, et qui sont poussées vivement à la perfection
par celle volonté énergique que les Américains impri-
ment à toutes leurs entreprises.
L’invasion des étoffes de laine dans la consomma-
tion générale.
Le discrédit attaché depuis deux ans aux choses
industrielles et par suite,
La hausse du prix des capitaux et la difficulté de
s’en procurer.
Ce n’est point ici le lieu de nous occuper de celte
dernière circonstance; mais nous pouvons dire en
passant que ce qui s’est passé en Angleterre et en
Amérique sous ce rapport est un des phénomènes
économiques les plus curieux qui se soient présentés
durant notre siècle , même en regard des plus grandes
catastrophes financières.
Or, les causes générales que nous venons d’indi-
quer ont eu dans les deux mondes le même écho de
plaintes.
Les Américains, on sait tous les sacrifices qu’ils ont
été obligés de faire. Us ont emprunté de l’argent à un
taux fabuleux.
Les Anglais à leur tour ont montré un spectacle
nouveau au monde. Us sont allés demander des capi-
taux à la France.
Mais ces deux nations profondément positives et
marchandes, convaincues que le mal est dans la nature
des grandes affaires, et éclairées par toute l’insuffi-
sance des palliatifs de la théorie,si souvent et si vaine-
ment essayés, subissent, sans désespérer du lendemain,
les malheurs auxquels leur dévorante activité semble
les condamner périodiquement.
En France et en Belgique, où l’industrie quoique
vieille aussi, n’a point connu toutes les douleurs de la
puissance industrielle des Anglais ou de la fièvre spé-
culatrice des Américains, on en est réduit à chercher
à chaque crise un baume temporaire. Le remède est
FEUILLETON.
LA PRIMA DOIT A.
Dans une des principales hôtelleries de Vérone , on vit an
soir un mouvement extraordinaire ; des groupes se formaient
dans la salie et jusque dans la cour, on parlait avec chaleur :
un étranger eût pu croire qu’il s’agissait d’un grand événe-
ment politique ; car, pour ce peuple restreint à la passion des
arts, le début d’un chanteur ouïe succès d’un opéra sont
d’aussi puissants motifs d’intérêt que chez nous le renvoi d'un
ministre ou une déclaration de guerre.
Or, il ne s’agissait rien moins à Vérone, ce soir-là . que de
la rentrée de la signora Gina,jadis les délices de la ville, mais
éloignée duthéâtre durant plusieurs années ; son nom par-
tait de toutes les bouches, accompagné desépithètes de diva,
de benedetta.
Un grand silence succéda aux transports. Tous les yeux se
tournèrent vers un jeune homme qui venait d’entrer sans
tien diro à personne, et qui s’était jeté sur une chaise demi-
brisée.
U était beau, mais étrange. Près de lui, sur une table , il
avait posé son manteau roulé autour d’une épée, et sa main
droite était cachée dans son sein.
— Valterna ! lui cria quelqu'un en lui frappant sur l'épaule.
Il ne bougea pas, seulement ses grands yeux noirs se tour-
nèrent lentement vers le cadran de la pendule.
— Il n’est pas encore temps, dit-il.
Et son regard, un instant animé, se voila de nouveau des
long cils de sa paupière.
— Quel est cet homme ? demanda an Français arrivé de-
puis une heure à Vérone.
— C'est Valterna, lui répondit-on.
— Un officier ? dit le Français en regardant l’épée et les
moustaches du jeune homme.
— Non, reprit-on, un dilettante.
presque toujours pire que le mal. On cherche le con-
trepoison assez long-temps pour qu’il arrive quand le
poison a déjà épuisé son action destructive, mais alors
le contrepoison agit seul et fait des ravages plus pro-
fonds en ce qu’il opère sur des parties faibles et lé-
sées. Cela est si vrai que les Anglais, pour essayer de
raviver leur industrie, demandent, quoi?... Des droits
politiques et la libre entrée des céréales.
En France et chez nous, on se rejette à l’instant sur
les droits de protection. Le nord delà France demande
pour son industrie linière ce que Gand demande pour
son industrie cotonnière.
Or, la preuve la plus concluante que ce remède n’en
est pas un, c’est que chaque localité demande des droits
de protection, contre son voisin. Chaque fabricant
semble dire à son concurrent de l’autre côté de la
frontière: « C’est votre marchandise qui est meilleure
et à meilleur marché que la mienne, » et alors n’est-il
point évident que l’un n’a rien à craindre de l’autre,
et que le mal n’est point là où on le suppose, c’est-à-
dire dans les avantages que l’on croit que la concur-
rence voisine a sur sa propre fabrication.
Et puis, voyez où cela nous mènerait.
Au lieu d’arriver à la liberté de commerce, dont
la postérité reprochera un jour à nos lumières tapt
vantées d’avoir retardé absurdément l’universalité,
nous arrivons à la prohibition la chose la plus im-
morale qu’il y ait au monde dans un siècle aux préten-
tions humanitaires;car la peine de la non concurrence
sur les matières de nécessité retombe absolument sur
le consommateur pauvre qui a besoin de protection
avant tout.
L’industrie telle qu’elle existe de nos jours est de-
venue une chose à la fois du plus grand sérieux et du
plus grand futile. C’est la politique sociale et la science
chaperonnées par la mode ; toutes trois marchent in-
cessamment en avant et réunies. Les enseignements
d’hier n’ont plus de portée demain ; ils ont souvent
perdu leur empire par un caprice qui les sépare dans
l’intervalle.
Il y a un siècle on disait : Il faut faire du solide,
car ce qui est cher est bon marché. On y mettait du
temps et on se hatait lentement. Le consommateur aisé
était le seul auquel on s’intéressât parce qu’il était le
seul sur qui l’on pouvait bénéficier. Le populaire ou
le manant se couvrait de toiles grossières pour la plu-
part faites de ses propres mains.
II y a 15 ou 20 ans, les étoffes portées parle peuple
étaient principalement l’objet des grandes industries.
Le code du fabricant avait changé, il fallait du bon et
du bon marché.
Aujourd’hui ce système a vieilli à son tour. Le luxe
extérieur a fait des progrès inouis. Il faut faire du
bon marché et du brillant. Peu importe le bon, c’est le
beau que l’on demande. La vertu intrinsèque n’est
qu’un accessoire de la marchandise pourvu qu'ellesoit
agréable au regard que votre goût soit plus délicat
que celui de votre concurrent et vous serez vainqueur.
Nous en avons la preuve en Belgique. Nous exportons
des produits qui vont rivaliser sur les marchés étran-
gers avec des produits similaires infiniment au-des-
sous de la bonté des nôtres. Eh bien ! nous succom-
bons sous l’apparence des produits étrangers.
Que l’on entre aujourd’hui dans le premier maga-
sin venu où se vendent des étoffes de coton, de laine ou
de fil, et l’on verra le consommateur entre deux étof-
fes de valeur inégale comme tissu choisir la plus jolie,
— Un voyageur autour du monde, dit nn autre.
— Un furieux, un fou ajouta un troisième en s’éloignant.
— Peut-être pas si fou qu’on le pense, dit le premier qui
avait parlé ; mais qui peut savoir la vérité ?...
— C’est une histoire singulière et que nul que lui ne peut
raconter.
Le Français, frappé profondément de l'aspect de Valterna,
céda à un sentiment d’intérêt irrésistible en poursuivant sea
questions. Les uns lui dirent que c'était l’amant disgracié
de la cantatrice Gina, d’autres que c’était l’amant de la du-
chesse de R’"'*.— Ecoutez, lui dit-on, si vous êtes curieux de
le connaître, essayez de le faire parler ; peut-être vous mon-
trera-t-il plus de confiance qu’à un ancien ami, peut-être aussi
vous tournera-t-il le dos sans vous répondre ; car il est bizar-
re, inégal, inexplicable, mais il n’est pas méchant. Avant sa
folie c'était un grand coeur. Allez, parlez-lui de Gina. Si une
fois vous le mettez en train de raconter, il vous en dira beau-
coup ; mais on ne peut que médiocrement se fier à ses récits,
car il ne sait pas toujours lui-raéme ce qu’il doit penser de sa
vie.
Le Français s’assit à la même table que Valterna : c’est
alors seulement qu’il crut ne pas contempler ses traits pour
la première fois. Il se demanda à quelle époque de sa vie le
vague souvenir de cet homme devait le reporter, lorsque ce-
lui-ci, avec autant d’assurance que s'il l’eût quitté la veille, se
jeta dans ses oras en l’appelant son ami, son camarade, son
cher Numa. A ce nom, le Fraoçais tressaillit; il crut se re-
trouver enfant au collége de Montpellier, et serra contre sa
poitrine un ancieD compagnon dont la figure et le nom s’étaient
presque effacés de sa mémoire,mais dont le caractère enthou-
siaste et sombre marquait comme un trait ineffaçable daas la
vie ceux qui l’avaient une fois rencontré.
— Vous me voyez bien chaugé, dit-il à son ami après ces
premières effusions délicieuses pour deux cœurs qui trouvent
l’un dans l'autre le témoignage d'un bonheur perdu ; le cha-
grin et la maladie m’ont vieilli plus que les années.
Numa l’interrogea avec cette réserve délicate qui inspire
la confiance sans l’exiger.
— Gina! répondit le Véronais; et un sourire infernal sil-
fut-elle la moins bonne. U paiera même plus cher tel
dessin imprimé sur une qualité inférieure que tel au-
tre dont l’usageserait plus durable en consommation.
Et pourtant le manufacturier a dépensé plus pour la
bonne qualité que pour la qualité inférieure !
Tout le secret de l’industrie sur étoffes est donc au-
jourd'hui en trois mots : progrès, goût et bon mar-
ché; mais lesera-t-ilégalementdemcwi? Voilà ce qu’il
appartient à l’industriel de pressentir, de juger in-
stinctivement, sinon il n’a pas la science de son état.
Nous avions besoin d’entrer dansces détails banaux,
pour faire bien comprendre que le remède est plutôt
entre les mains de l'industriel qu’entre celles du gou-
vernement et dans la prise de mesures prohibitives.
Qu'on ne nous suppose point la folle pensée de prê-
cher ici la liberté commerciale illimitée et immédiate.
Quoiqu’elle soit profondément dans notre conscience,
nous ne voulons point faire le métier de dupes dans
l’état actuel des lois internationales. La Belgique a déjà
fait des avances réelles pour l’avènement de ce grand
moyen de civilisation ; nous voulons qu’elle persévère
dans cette marche, qu’elle avance même graduellement
vers de nouvelles largesses. Mais quelle recule ! Nous
n’y consentirions jamais pour son honneur.
Car qu’on le remarque bien, ce n’est point pour des
industries naissantes qu’on entrerait dans cette voie
funeste, ce qui pourrait au besoin servir d’excuse.
C’est pour des industries séculaires qu'on pétitionne
aujourd’hui, pour des industries qui ont fait d’immen-
ses progrès sur notre propre sol et qui comme celle
du lin par exemple sont nées en Belgique. Si elles se
sont laissé surpasser dansles vingt dernières années ,
la faute en est à la fabrication elle-même ; nous l’avons
prouvédu reste: nous avons énuméré ailleurs lesgriefs
que l’on peut à juste titre faire valoir contre la rou-
tine , l’obstination les préjugés de certains produc-
teurs; nous avons cité ailleurs des noms propres qui
s’étant jeté avec sagesse et persistance dans les vérita-
bles voies de succès, le progrès et l’obéissance à la
mode, ne se ressentent pas le moins du monde du
moment critique où se trouve la majorité des fabri-
cants. Ce n’est point par des plaintes qu’on se tire
d’embarras, c’est par de Faction et par des recherches.
Ce que l’on dit par exemple des avantages qu’a la
fabrication anglaise sur la nôtre, n’est vrai que jus-
qu’à un certain point. Oui, la fabrique anglaise tra-
vaille sur une plus grande échelle, mais elle paie une
main-d'œuvre plus cher. Oui, ses machines sont plus
parfaites, mais qui vous empêche de les égaler ou d’en
avoir de semblables? Elle gagne sur les frais géné-
raux, soit, mais elle est au-dessous de nos conditions
sous le rapport du prix des premières nécessités, des
premiers besoins de la vie animale. Sa loi sur les cé-
réales, l’ouvrier l’y sent bien, rend la valeur du pain
et des produits du sol bien plus élevée que la valeur
qu'ils ont chez nous. Vous alléguez vainement que la
taxe des pauvres profite directement au fabricant qui
peut payer ainsi une main-d’œuvre plus modérée.
Nous nions d’abord le fait; ensuite quand même il
existerait, le bénéfice ne serait qu'une fiction. La main-
d’œuvre n’aurait changé que de nom : elle serait de-
venue un impôt, et voilà tout. Car c’est évidemment le
grand producteur qui avec le grand propriétaire
paient la plus forte part de cette taxe des pauvres, qui
mine et dévore l’Angleterre, tout en lui laissant exté-
rieurement une apparence de vie luxuriante et de
haute prospérité.
tonna sa bouche flétrie. Gina ! c'est toute mon histoire.
— Quelle est donc cette Gina dont le nom trouve ici tant
d’échos ? dit le Fraoçais.
— Vous ne le savez pas ? dit Valterna avec amertume, c'est
la duchesse de R*’*.
Numa fit un mouvement de surprise.
— Oui, reprit Valterna, la femme du duc R***, votre com-
patriote. N'aYcz-vous pas entendu dire qu'il s’était marié ici
avec une chanteuse ?
— Il est vrai, je m’en souviens à présent.
— Gina ! pauvre Ginetta ! dit le Véronais ;on a vanté son
bonheur, elle fut seule à ne pas y croire. Certes elle pourrait
dire tout ce qu’il y a de maux vivants sous l’éclat des riches-
ses... Elleétaitsi belle autrefois, jeune fille chantant chaque
soir sur le théâtre de Vérone, puisant le honheur et la vie
dans les applaudissements d'un public qu'elle énivrait desa
voix magique, et qui l’épuisait à son lourdes transports de son
enthousiasme; jeune fille si belle à voir et si ravissante à enten-
dre à[la fois ! Oit ! si vous l'aviez vu paraître, froide d'abord et
belle comme une statue antique,absorbant dansson regard toute
une foule muette et pâlissante ! si vous aviez vu ses yeux se
gonfler, ses lèvres frémir,tout son corps s’agiter aux premiers
accords 1 puis comme tout-â-coup sa voix, sortant à flots har-
monieux, coulait douce et sonore, ou éclatait forte et passion-
née ! Voix du ciel, voix de l’enfer, remuant tous les cœurs,
vibrant dans toutes les âmes, les rafraîchissant de suavesmé-
lodies ou les torlurantsans pitié d'accents cruels et déchirants!
Moi, je l'ai vue, cette femme, comme un lutteur épuisé de sa
victoire, s’arrêter, les bras pendants, les yeux éteints, et l’on
) eût pu entendre son haleine s'échapper inégale et pressée de
sa gorge haletante; et la foule était là sans force, sans voix,
osant à peine aspirer l'air... Puis c’était comme un rêve dont
on sortait par un coup de tonnerre; il n’y avait qu’un seul cri,
qu’un seul enthousiasme, et la jeune fille souriait ; ses mains
tremblantes se croisaient sur sa poitrine, et des larmes de
bonheur brillaient à ses cils abaissés.
Valterna laissa tomber sa tête sur son sein.
— Vous l’aimez! dit le Français en lui pressant la main
avec un sentiment d’affection sympathique. ‘
an—MT1MHIW IRIlIBiIWiBWnKMIWMtMagBIIJJBHWa!——
En attendant le prochain article, dans lequel nous
examinerons la question sons le rapport politique in-
térieur et extérieur, nous continuerons à prouver par
des calculs statistiques que les mesures restrictives
demandées par l’industrie cotonnière sont non-seule-
ment inopportunes, mais plus que jamais inutiles.
L.
e§s“Agn;e.
Madrid, 12 janvier. — La manie des duels était devenue
telle depuis quelques jours, que le ministre de grâce et de
justice a cru devoir interposer son autorité et recommander
par une circulaire , aux diverses autorités et aux tribunaux
de traduire en justice tous les duellistes et de faire appliquer
la loi. Quatre duels entre des rédacteurs de XEco del Com-
mercio, du Correo Nacional, de la Legahdad et du Frcy
Gerondia, n’avaient eu, il est vrai, aucun résaltat personnel-
lement fâcheux, mais il pouvait en être autrement, et l’auto-
rité a eu raison d’adopier des mesures de répression. L’auto-
rité prend des précautions pour assurer le maintien de la
tranquillité publique ; elle sait que les exaltés , désespérant
du succès électoral, veulent recourir à la violence ; elle est
décidée à faire respecter les lois. Ce qui prouve la confiance
du public dans les dépositaires du pouvoir. c’est la nouvelle
activité qui se manifeste à la bourse. Les spéculateurs ne re-
doutant aucune catastrophe,opèrent en hausse.
FRA1VCE. — Paris, 19 janvier•
Oironique et Bruits «le salon,
petite cnnoïUQuis. — Les démonstrations réformistes
que l’on redoutait pour aujourd'hui n’auront probable-
ment pas lieu. On remarque bien dans les cabarets plus
de monde qu’à l’ordinaire. On y voit beaucoup de gens
en blouse, de mauvaise mine, de ces figures sinistres,
en un mot, qu’on rencontre tout-à-coup dans les rues
de la capitale quand le vent tourne à l’émeute ; mais
nous sommes convaincus que ces sinistres visages ne
se montreront pas sur la place publique, l’autorité a
pris de trop bonnes mesures pour les recevoir.
P.S. Trois heures.— Trente à quarante individus en
blouse se montrent sur la place de la Rourse, et parais-
sent en attendre d’autres. Du reste, pas de démonstra-
tions séditieuses de leur part. (Corresp.)
— La Cour des Pairs a terminé hier l'interrogatoire
des accusés compris dans la seconde catégorie des at-
tentats des 12 et 13 mai. Elle a aussi entendu les der-
niers témoins à charges, et il ne reste plus que quelques
témoins assignés à la requête des accusés. Lundi,
M. Franck-Carré, procureur-général, présentera son
réquisitoire. La fin de cette audience et les séances des
jours suivants seront consacrées aux plaidoiries des
nombreux défenseurs.
— M. le garde des sceaux a présenté hier à la cham -
bre des députés un projet de loi portant allocution
d'un crédit de 45,000 fr. pour les frais d’installation de
M. La Tour-d’Auvergne-Lauraguais, promu au cardi-
nalat.
— Le Moniteur Parisien public les rapports détaillés
transmis au gouvernement sur les tristes événements de
Foix. La plupart de ces faits étaient déjà connus et nous
n’y reviendrons pas; les rapports officiels constatent que
toutes les formalités ont été remplies.
Ont été blessés plus ou moins grièvement : le préfet
de l’Arriége, le maire de Foix, le commissaire de police,
le major du 13° de ligne, un chef de bataillon du 13e,
un sous-lieutenant du 16° léger, douze sous-ófficiers,
caporaux ou soldats de la ligne, le capitaine de gendar-
merie, le lieutenant, un maréchal-des-logis, deux bri-
gadiers, six gendarmes ; en tout vingt-neuf personnes.
Du côté des assaillants, il y a eu 9 morts et dix-huit
blessés.
Des nouvelles postérieures annoncent que la tranquil-
__ Oui, elle était ma vie, répondit le jeune homme.
La voir et l’entendre, c’était toute ma joie. Avant elle
mes jours coulaient tristes et nonchalants, j'existais sans
passions, sans tourments, je la vis, je l’entendis, et mes jours
ae passèrent à désirer le soir, et le soir je sentis à mes lar-
mes que j’étais né pour le bonheur. Les autres l’admiraient,
je la bénissais en secret ; ils avaient pour elle l'enthousiasme,
pour elle mon ûmo avait un culte ; elle n’était que le
soir de leurs jours, elle était mes jours tout entiers.
Oh! vous ne savez pas ce que c'est que cetîe existence fado
et monotone à laquelle on se laisse aller, vide d'émotions, de
sourires et de peines. C’était mon existence à moi, et Gina
m'apparut, bienfait et bénédiction! ma vie s'alluma à son
regard, et mon âme engourdie se réveilla aux accents en-
chanteurs do sa voix. Le croirez vous? Jamais ma main n’a-
vait pressé la sienne, je croyais que mon regard n'avait jamais
arrêté le sien; et cependant elle devint un besoin pour moi.
Il fallut que chaque soir me rendit le bonheur de la veille.
C’était comme une religion que je portais dans mon cœur,
une religion à laquelle je vouais la vie qu’elle m’a'ait don-
née. Gina m'avail-ello remarqué? Le bruit de mon admiration
fanatique était-il parvenu jusqu’à elle? Son âme d’artiste, sou
âme enthousiaste et neuve avait-elle rêvé quelquefois à celle
qui lui devait ses joies et :es délices? Je t’ignorai long-temps :
mais, étrange bizarrerie de ma destinée! j’étais heureux, je
me disais que l'amour de la gloire remplissait sa vie tout en-
tière et qu’il n'y avait plus en elle de place pour les autres
passions. Elle pleurait aux applaudissements d'une foule ido-
lâtre, elle riait à une parole d'amour: je n'avais donc pas de
rival à craindre. Après le bonheur de l’aimer, il n’y avait
rien de plus enivrant que !e bonheur d’être aimé d’eüe, je
n'y croyais pas, et, persuadé qu’elle dépensait tout son cœur
dans ses chanis, qu’elle le jetait tout entier sur la scène, je
puisais dans l’enthousiasme qu’elle avait fait éclore en moi le
sentiment exquis et pur d’une félicité sans mélange. Après
vous avoir dit mes premières joies sur la terre, je ne vous
parlerai ni du bruit que fit dans Vérone mon amour roma-
nesque pour Gina, ni des étranges commentaires que chacun
hasarda sur mon compte. Le vulgaire ne comprendra jamais |