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nans nos bureau* et chez tou* loi Directeur*
«•£*•■ (franco de port), pour -
par trimestre, Fr
Anvers
La Belgique
tùtiiesiie, « 30. -
5ô
trimestre. Fl. 8.30
semestre, • 17.—
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La Koïlan<le
La Franc®
L Angleterre
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Le* Etats-Unis
Brésil et Indes
VU wt HÉItO -9» CRNTIMI».
pllï*f£N'i' PAH ANTICIPATIES
I8î8. — Qnarantctroisième année. — W’ 8
Mardi 8 Janvier
EUR
Journal Politique, Commercial. Maritime, Littéraire et Artistique.
CHSMIIj DS FSE uæ L’ETAT. - O’A.xfKtô itou? Stat'naiat Bi'Uïelto**5..5,8.35, 7 40 H.,
9.15 if.. 9.5Ö, lü.50 B.. 12.18,1.15 B., 3.15 A\, 3.38 4.«f. SÆOt 8.5o
S.30,7.12, P.fe, 11, lit), 5.21,8.28. — Terœonde .et tfaad o.S5 S.,5M, 9.50,,12.15, |83 4.4e K 8.55. -
Alest (par Termonde) 5.S0, 9.50,12.15, 3.33, 3.55. ipar tirtpotOe») &?), V.15 AT., 10.50 F., U. 16,
3.33, Ö.50 B. — Ueltorer. ('nar Ta monde) 5.80, Sr.êd, 15.10, ■;.45 B. - Kinnvo, Oranuüont, LoSsiiie*.
AUl (par Bruxelles-Nord) 5.25.10.CO JE., 12.15, JUS, 6.50 JT ■_ Bragas,,Ostond8 (tor fitnes)
:6.3Ü.0.50,12.15, 2.33,4.40; (par Bruxelles) 5.,25 3.35 «.-‘W.JlO.aO E.,. )2.iy, -SM F.., f.e, 4.4a tf. -
•Oourtrai» Meuscroü, Tournai, Lfll* ;5.SS, &:?>, 1S.!5, V«sg\ 4.è>.~Caiat» 5.41», 12. n*,4.45S5. t« et 2* ci.
r. A. BELA *om«M.
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10 if. — Landen 5.30, i
15, 4.45, 0.60. — Sp;« ICÏ),_ 0
LC £., 9.60, 12.ÎÔ. — Alternat-r.<
1.45 ihelte 4.10,10.15 (bette 9.30'. -
levé» de la boite 1.45 ta.;, S.15 (boite 3.1:03 1.50 (bote x.<to-
RUXBl.UW pour Anv:;s à 5.27, (5.17, 7.13, 3.03 I... 9.IÖ ?.•>*., ««•«*>, ««■■»* «•.,
53 B.. 539,6.80. 8.05 J!., 9, 11.30. , ,
LIONS D’AN ViSRS A BOOM. — D’Anv Btó pooi- Room 0.45, 11.10, 5.10, 10.20. - Le Boom poui
\nvere 6.20, 9.20, 3.10, 8.45.
HLTIliAli
IL > rue «le l'Aumian I,
«lu UutAi', Anvers.
CHEMIN DK FER GRAND CSNTttAL BSLGS
O’A.svkrS pour Lierre 5.30, 7. lî, 8.33, 11.00 1.50. 5.15. 8.Î8. Aeraeùet. Los vain, Wsst,
Hasselt 7.12, 9.33,1.50, 5.15. — Maastricht et Aix-Ia-Chapeile 7.12,9.33,1ÆÜ, 5.15. — HcsoseiiJhuU
Breda,Dordrecht, Rotterd»tn,7.20 9.05 R., 10.85, 2.30 (Jusqu’à RoossmlaaP, 3.41 S., 6.45 — ottis-
Uies, Ledolinsart,Charleroi, Berrie, Watcourt, Marieubeurg, Viraux et au-delà 7.12, 9.33 (lusou a
Wàleodrt!, 1.50, 6.15 jusqu'à Lodehnaart). — HàrenthaU, Turnhout et Tlibourg 5,30.11 dssau’à
Turnhout), 5.1S. .ai
CHEMIN DK FKR DU PAYS DE WAAS.
.saswats'irs* am ys« ** **■m *•ia-- «»
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départ» du PiMrrtantJ poor Tamise 8.30, matin, 3.15 h. soir. — D’Anvers ws*r
Boom 1 et 3 h. soir. - De-Tamis* pear Anvers 7.30 et 10.30 h. matin. - De Boom pour
Anvers 6.30 h. matin. *
AGENTS :
HOU.ANDR, M. H. Nijoh xr Van Ditmax
■ Rotterdam, et tou» les «itrestear» de «,»«««*
6* royaume.
D1f«». Havas, Lau tb, Bpluer >ct O
Place de U Bourse, 8.
LONDRES, DslIZT, DaVIES KT O l, Cecti
ÿwet, 8trand, et A. Mai.kîok, 13, Tsvtstatk.
ttow, Lovant Garden.
• R H T K O î«f* »
Annonces la petite ligne...... Fr. o *5
^fe^udaÆn&!)..,.4U.ga*::;: : VI
Rubrique Anvers, la Ûgne......... t.&o
„Four les annonces de la Francs ('adresse, à
***Pari»TAS Lakttm a os Place de la Boert*
JP* L,‘ annoncée tont mtturitt au lignât
tre. — Ltt titre» te paient d’après Vet-pac*
gu'tit occupent. On n* neut garantir le» dam
d Intertumt.
listes électorales.
«ÊCLAMATION3 DES CLÉRICAUX.
ï,es électeurs qui auraient reçu de la part
âes elérieaux uue demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de faire remettre cette pièce au
bureau de l Association (Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
RÉSUMÉ POLITIQUE
Affaires d’Orient. — Quand on jette les veux
sur une carte de la Turquie d’Europe, on voit que
la Roumélie est protégée par deux grandes bar-
rières naturelles parallèles: le Danube et les Bal-
kans. Le territoire compris entre ces deux lignes,
qui courent de l’Est à l’Ouest, constitue la Bulgarie.
Il est traversé par une série de rivières q«i des-
cendent des Balkans et coulant du Sud au Nord,
viennent se jeter dans le Danube. Le cours de ces
rivières est déterminé par les contreforts des Bal-
kans, qui se détachent à angle -droit de la chaîne
principale. .....
Il résulte de cette disposition du terrain qu un
ennemi qui parvient à forcer le Danube en un point
quelconque, ne trouve plus entre lui et les Balkans,
des obstacles naturels ; il n’a qu’à suivre la vallée
qui le mènera jusqu’aux pieds pieds des montagnes.
Par contre, il rencontrera desdilficultés immenses
quand, pour assurer ses communications, il voudra
étendre ses allés, il aura en effet à franchir les ri-
vières et à traverser les terrains accidentés qui les
séparent. ,
Le diagramme ci-dessous donne mie idée fort
(juste de cette disposition.
8àba
Kenat
B»lk««G==à=
Ces considérations expliquent les événements
militaires. La coupable négligeneedu Serdar-ekrem
ibdul-Kérim a permis aux Busses de franchir le
I lanube à Sistowa ; ils n'ont fait qu'un bond jusqu à
. (Jabiwa. Certes, on aurait puraiehtirleur marche;
: mais les obstacles qu’oa leur aurait opposés n au-
raient pas été basés su r la nature meme. -
Les Russes ne voulurent pas demeurer en reste
«d’étourderio avec l'état-major turc ; ayant réussi à
masser les Balkans, ils s’avancèrent trop loin et
énand ils songèrent s’étendre en Bulgarie lesTures
Avaient eu le temps d’occuper fortement léLom ci,
U $3*1. La configuration du terrain au Sud «les Bal-
ka-Èt- est tout autre; au lieu de coatre-fons en
éetteRW», il y a des chaînes secondaires parallèles.
Si Pennend parvient;», franchir la chaîne principale
en un seul point, il est maître de la vallée intormé-
f.’.'aire entre cette chaîne et la chaîne secondaire et
Ü fajt tomber tous ies postes qui occupaient les
-mtiv- défilés. C’est ce qui vient d’arriver; les
Hnss'v ,int passé à Baba-Konak et les Turcs,
ùhénacés ,.vétre pris à revers, viennent d’évacuer
ijft défilé de (Njipka, par lequel Radetzky a immé-
diatement ivasi^ m force. Sous peu nous
aurons donc la'laite sous - Andmonle
D’importantes tJ^owiations son entamées entre
T Angleterre 6t la. mais los nouvelles sont
encore très contradiL^toires. _____
Voici deux dépêchesNdo St^I etersboutg, lundi.
« On annonce de sou.vce bien informée que dans
t*3 cercles compétents ne cette ville on est d avis
«que les négociations de p.vx proprement dites dol-
ent être précédées delà conclusion d un armistice
p les commandants russes et ottomans.
® * Les commandants russe* Hxereient les garan-
ties, qui leur paraîtraient. nécessaires ainsi que les
ligroes de démarcation. , ,
* c* .serait la Porte d’amener 1 ouverture de
,.ces négociations -«. , ,, , „
« De< télégrammes privés «fie divers journaux
winonce»t que, par suite des «amseils donnés par
l'Angleterre à la Porte de se mettre £n négociations
directes avec la Rassie, des délégués îi* rcs et russes
se réuniront prochainement. ... , ...
otle modification de la politique anglaise
-aurait été amenée par une entrevue du prince
• CfOrîchaWfl’avec lom Loftus «-.
On voit par «cette deuxième déyièclieque 1r Russie
r s'attribue la victoire sur le terrain diplomotique.
Par contre on télégraphié (le Londres, aujoura hui :
Le correspondant viennois du Temps téiégrapiuait
hier :
» La Turquie demande que les conditJonsde l’ar-
mietice fassent lobjeLd tine négociaiioà entre les
gouveinemenis de’ Constantinople et «i<? Saint-
Pétersbourg et non dfi simples pourparims entre
les «niartiers généraux îles années russe et
ottomane. -
Lo Sultan, parait-il, ne veut pas se séparer de
son beau-frère et principal conseiller Malnnoud-
Damat pacha, malgré l’impopularité qui poursuit
ce personnage influent. Il a refusé sa démission
comme il avait déjà refusé celle d’Edheni jtqclia, le
grand-vizir.
A la Chambre, lo ministre de la.marine, n-pou-
ilrnit à l’interpellation relative à »a capuiro du
paquebot Merstne. par les Russes, a fait une longue
énumération des services rendus par la flotte.
Le ministre do ia guerre ne publia que dos dé-
pêches signalant des escarmouches avec les Serbes
entre liourschoulou et Pristina.
On ne signale rien du côté-du Danube.
On assuré que le ezar ne retournera pas en Bul-
garie, au moins de quelque temps.
Le grand-duc Nicolas se propose de convoquer
une assemblée de notables bulgares à Solia ou à
Tirnova, pour discuter sur les intérêts et la ftiture
administration civile de cette province.
Le gouvernement Grec a appelé sous les dra-
peaux le second ban de la réserve.
Franck. — C’est aujourd’hui que s’ouvre en
France la session de 1878. Beaucoup de députés ré-
publicains étaient déjà arrivés à Paris dimanche et
lundi. Leur sentiment unanime est qu’il faut lais-
ser le cabinet, qui possède la confiance générale,
continuer en paix son œuvre de réparation.
Les députés de la gauche républicaine se sont
néunis hier après-midi dans la salle des Confé-
naaces, sous la présidence de M. Leblond; un grand
'nombre de membres ont donné des renseignements
sur d’état de l’opinion dans leurs départements res-
pectifs. Tous ont été d’accord pour reconnaître
l’heureux effet d’apaisement produit par Ja solu-
tion de lu crise et l'avènement du cabinet du 14
décembre.
On s’est ensuite occupé de l’élection par les con-
seils inunidqiaux des maires révoqués par le cabi-
net du 10 mai. On paraît décidé à ne pas faire
résoudre par voie législative la question de l’inéli-
gifoiUtè temporaire de ces maires.
Le gouvernement adéjà rapporté pour la plupart
d’entre eux les décrets de révocation et a aussi
annulé les effets de ces décrets, en ce qui concerne
l’inéligibilité.
Les conseils municipaux nommés dimanche
pourront donc réélire ces maires.
La commission d’enquête a également tenu une
séance, au Palais-Bourbon.
Lé bureau a rendu compte des conférences qu’il
a eues avec, les ministres de l’intérieur et delà
j Dtice. Cos entrevues ont laissé la meilleureirapres-'
non dans l’esprit des membres du bureau ; il en
résulte que le gouvernement est disposé à prêter
à la commission le concours leplus actif peur i’ac-
complissement de son couvre.
Comme nous le prévoyions, le récit de Y Estafette
a forcé M. Batbie à écrire une lettre que personne
ne prendra pour une réponse ; nous ia reprodui-
sons plus loin.
L’incident de Limoges tournera à la lin à bien ;
d’après la République française, le ministre de la
guerre, mieux informé, aurait reconnu que le com-
mandant Labordère. s’étant trouvé on présence
d’un acté illégal, n’avait pas été coupable en refu-
sant son concours.
Un vétéran de ladémocratie, M. Ra«pai, Aient
de mourir lundi soir à Arcueil.
toâO) Feuilleton du Précurbsuh.
SONIA
lIBÎÏftY OftEVILLE.
XIX
(Suite).
Elle à oubiié q uo sa vieille amie, sa bienfaitiic0
pst sans force et .presque sans .souffle dans la cham-
bre assombrie, eli <e a oublié que le fiis va être
cruellement frapj k« dans sa mère...
N'est-il pas revi mu, le maître, apportant avec lui
le soleil et la joie uni’il avait eraj*crlés jadis», ce jour
de neige oh elle IV'. rru disparaître au tournant de
la forêt !
~ Ma mère? dit Boris aux «errantes qui l’en-
tourent.
— Elle vit, monsfflè’T, grâce à Dieu, tdle vit?
répond joyeusement la ■» ieille cuisinière eu fui étant
son manteau lourd de j^luie.
Elle vit! 11 aurait don,c pu arriver trop tard!
U entre, franchit la première pièce, et. la ruain
sur le bouton deia porti', il s’âi'rètq iremhianttQuè
va-t-il voir? Elle encore, la mère aimée, ou uné
ombre effacée de ce qu'elle* fut jadis ?
— Entrez, murmure la '.vieille femme; madame
sait que vous êtes arrivé ; e\lea pariéde vous toute
la nuit.
Boris franchit le seuil ; ce .n’est pas son ombre,
c’est bien elle ! son bon visage amaigri s’éclaire, ses
mains brûlantes se tendent 7ers lui, et sa voix
pleine de larmes joyeuses i’appalle par son nom.
— Boris, mon cher tils, enfin J
Et il tombe à genoux, le visage dans les mains de
cette mère qui pleureet, qui l’embrasse en. tournant
ses yeux noyés rie reeonn aissa uce vep’s 11 image noirci «
La gnerre d’Orient.
Les traités.
Les traités ou conventions réglant le passa,;. .Us
Dardanelles ont été nombreux depuis un siècle, et il
est intéressant de les rappeler brièvement.
En 1783, la Russie conclut avec la Porte un traité
île commerce accordant le passage des détroits aux
navires de commerce sous pavillon russe. Dans les
années qui précédèrent la guerre de 18S8, la Rus-
sie eut plus d’une fois à se plaindre de la violation
de ce traité de commerce; des navires chargés de
grains, venant de là mer Noire sous pavillon russe,
avaient été séquestrés, la marchandiso vendue et
les propriétaires mal indemnisés.
L'article 7 du traité d’Andrinople (14 septembre
1829) déclare le passage libre pour les navires de
commerce russes et ceux des nations en paix avec
la Porte, sous les mêmes conditions qui avaient été
accordées à la Russie. Cette puissance déclarait
qu'elle considérerait toute atteinte à la liberté de
la navigation comme un acte d’hostilité.
l.'n article séparé du traité d’Unklar-Skelessi
(«juillet 1833), traité d'alliance défensive entre la
Porte et la Russie, forme les détroits aux navires
de guerre étrangers. L’Angleterre protesta par
l’intermédiaire de son ambassadeur à Constamino-
ple (üii août 1833).
i.a convention de Londres (juillet 1840), signée
entre l’Angleterre, la Russie, Ï’Autriche, la Prusse
et la Turquie, en vue de la pacification de l’Orient
delà Vierge qui regarde placidement dans le vide,
au-dessus de la tète du fils retrouvé.
Les servantes groupées sur le seuil s'essuyaient
les yeux en murmurant une dévote action degrâces.
— Mère, dit Boris quand il put. parler, pourquoi
m’avoir caché que vous étiez malade ?
— Je ne te l’ai pas caché, mon cher fils, répondit
madameU tebulen passant les mainssur les cheveux
de son enfant ; il payait que j’étais malade, mais je
n’en savais rien moi-même A présent que tu es
,-a venu, je me porterai bien, fuvérrqs S Aujourd'hui,
ie vais !ïfo lever, et nousdinerons ensemble à cette
taille commis lorsque tu étais petit garçon, pendant
ta convalescence de scarlatine. Combien de temps
restes-tu ?
— Tant nue vous voudrez, mère chérie !
Elle se leva en effet et parut se rétablir. Boris,
devenu homme, avec sa halte barbe blonde et sa
démarche hardie, était pour elle unsyjst perpétuel
de joie et d’adrniration.
J- Tu m’as dit que ton avenir est assuré î lui
répéiaitodle de temps en temps.
A la réponse de Boris, elle joignait les mains
d’un air triomphant ,ot regardait son fils de tous ses
veux.
‘ — Viens rowobyasser, dis.mt-erie à la fin
longue contemplation
Et tous les jours.elle semblait revenir q la vig.
Dans ia vieille maison de bol-, i! > avait une a»t»
ire ùme aussi joyeuse que lu sienne, c’était cc-Hê d«
Soaia. .
La petite chercheuse, do pipes, nu-sauvage, mi-
teigsqe, ét#tt d^TjiôHe une llllettc sériens.*, à i'air
posé, riant peu, ne paylçfh guère, et faisant une
foule de choses avec une dextérité rags égale, Elle
n’avait pas embelli, ku contraire ; scs 0 seiaient
accentués, elle avait un peu grandi, pas beaiiomp,
mais toute sa personne serai.ioii tirée en longuear,
diMiianière à te tófi.i'f paraiire plus grand'e qu’elle
n’était. , . .
Elle n’avait pas l’air d’une f-mme, E pourtant
nlle pn paraissait pasjétiue ; si jamais l'êg*ï
fut bien nommé, ce fut à son occasion ; au premier
abord, onnesavaitpas si eHearaitdouzeou quarante
ans ; puis, à la miêus examiner, ondécouvraituné
bouche mignonne, quoique sévère, des délits adraw
râbles que son rire découvrait trop rarement, et
dabs ses yeux gris, ombragés (le cils châtains, une
expression de tendresse rayonnante, quand ils se
.fixaient sur la vieille dame ou sur le jeune maître.
Elle était heureuse ! Le maître était là, ne par-
tent point de s'en alter ; la vjçjjjçp&rfeA,consacré^
etdo la protection du Sultan contre Mehemet-Ali,
maintient la règle interdisant l’entrée des Darda
nelle.i fuies navires île guerre étrangers ; mais elle
prévoit le cas exceptionnel Où Constantinople devra
cire défendu par les flottes alliées. Ce cas excep-
tionnel ne, change rien à la force de la règle géné-
rale (art. IVi. Dans 1e prptocoie delà conférence du
13 juillet 1840, la Porte se réserve d’accorder le
passage à de légers bateaux de guerre.
Le 13 juillet 1841, nouvelle convention entre les
mêmes-puissances, formant les détroits aux navires
de guerre en temps de paix. Les navires sous pa-
villon de guerre, employés par les ambassades et '
légations européennes, devront se pourvoir de
firinans délivrés par la Porte.
Traité de Paris (30 mars 1850), établissant la neu-
tralisation de la mer Noire et fermant les détroits
aux navires de guerre. Le même jourftit signée une
convention entre la Grande-Bretagne, l’Autriche,
la France, la Russie, la Prusse, la Sardaigne et le
Sultan, relative aux détroits, dans laquelle réfé-
rence était faite autraitédu 13 juillet 1841. Les six
puissances européennes s’engageaient à respecter
15. prohibition des détroits aux navires de guerre.
Les vaisseaux au service des missions étrangères
devaient être admis sous firman, et des bateaux
légers stationnés, sous pavillon de guerre, aux
bouches du Danube.
Octobre/novembre 1870. La Russie, daus une Note i
adressée parle prince Gortchakoff, dénonce les
stipulations qui limitaient ses forces navales dans
la mer Noire.
Le traité de Londres (13 mars 1871) reconnaît les
droits militaires et maritimes delà Russie dans la
mer Noire, mais ne change rien à la situation des
détroits.
I)e 1850 à 1871, ont passé les Dardanelles; 1
navire de guerre auglais en 1862, 1 américain en
1866,2 américains, 2 autrichiens, 1 français, 1 misse
en 1808,1 prussien en 1869.
Passage du défilé de Chipka.
Bucharest, 6 janvier.
Les Russes ont franchi de nouveau les Balkans,
par le défilé de Chipka que les Turcs avaient aban-
donné par suite du froid terrible qu’il y faisait.
Lès troupes russes ont traversé le défilé sous le
commandement du général Radetzky.
Les préparatifs pour la défense d’Andrinople sont
poursuivis -avec «îctivité. Suleyman-Pacha est à
Tatar-Bazardjik, où il a pris le commandement du
corps du Chakir. L’année. d’Andrinople est divisée
en plusieurs corps, dont les chefs reçoivent les or-
ilres directs du ministère de la guerre. .
' Constantinople, G jauvier.
Suleyman Pacha est appelé au commandement
d’un corps d'année. , •
Charkir Pacha se replie sur Islanditza.
Réonf Pacha, ministre de ia guerre, prend le
commandement, eü çh<-f do toutes les forces otto-
manes opérant dans la Turquie d'Europe.
Evacuation du quadrilatère par les Turcs.
Londres, 7 janvier.
Le I)ailu Sews annonce dans une dépêche île
Buchartst que dis officiers arrivés de Lom ont ap-
porté la nouvelle que les Tares ont abondonné
leur quartier général à cause du froid et de la dif-
ficulté de se procurer des approvisionnements et
qu’il est probable que-te césarewiteft et le général
Zimrærmann ont déjà fait leur jonction.
m jette ruihYcnea besoin de confirmation, i
Siège d Autivari.
. Scutari, 3 janvier.
Les Monténégrins sont arrêtés devant Scutari
par !a flotte turque.
Antivari résiste encore. La place, d’après des
rapports «l'origine turque, aurait encore pour
trente jours de vivres.
Trieste, lé o janvier.
Des avis ,1e Scutari portent que l’escadre turque
do la céte albanaise entend simplement empêcher
tout débarquement dans ces parages, sans prétor-
dre établir un blocus effectif et, par consequent,
sans procéder, contre les navires qui s'approche-
raient de la côte, aux mesures de rigueur usitées
en cas de blocus.
L’approche de la côte albanaise est interdite seu-
lement depuis Spitza jusqu'à l’embouchure de la
Boïana.
Raguse, le 6 janvier, soir.
Le prince Nikita a repris le commandement de
l’armee «l’Albanie. -
Antivari, quoique brûlant depuis hier, résiste
héroïquement. Los cuirassés turcs tirent sur les
batteries des assiégeants.
condamner a l'amomte, va, nous apprend-on,
dire.mis en 'demeure de reproduire, à son tour,
cet écrit en réponse à ses appréciations mal-
veillantes et injurieuses pour M. Laurent.
11 aura ainsi l’occasion de donner la mesuré
de son zèle et de son obéissance aux décrets
du Saint-Siège; s’il recule devant la menace
de l'anTênde, le Rien-Public sera vengé.
Cainpag'* des lkx'fcs-d'ntt'êpùts St magasins généraux
ol)’ANVERS.
i t Existaot au l" décembre U*7 . . kil. 54,624,»»
| i j Entrées eu dùeétnbre..................» SA'43,66t
» Sorties en décembre...................- .‘>,717,670
icémbr
Sorties
( Existant au l* janvier 1877 . . » 27,847,330
136 warm ut - en circulation représentant-, d'aptes
taxation «les courtiers ou polices d’assurances, une
somme de. . .........................fl’. 9,3^7,900.42
La valeur îles quantités serties est do » 801,517.50
Soit ie montant dos 134 warrants . . ft’. 0,003,412.92
L'administrateur de Anvers, le lr janvier,
directeur-gérant, rAdminist'-Btesident,
V. MElitU, VICTOR LVXE\.
Le journal ultramontain la Croix qui repro-
chait d’une façon si âpre au Bien-Public le
péché mortel qu’il a commis en insérant le
discours de NL Wagener au lieu de se laisser
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
ITALIE.
La maladie du roi. ...
Le Times annonce, dans une dépècho do Rome,
que le roi dltaliea fait donner au pape l’assurance
uue le dernier changement de ministère ne modi-
fierait en rien les relations du gouvernement avec
Sa Sainteté.
Des télégrammes de Vienne affirment que le nou-
veau cabinet italien inaugurera sa prise de posses-
sion du ministère en exprimant son désir sincère
et formel de maintenir les relations les plus cor-
diales avec rAutriche-IIongrie.
Le Times consacre son premier article à la mé-
moire du général la Marmora. L’article conclut
par l'espérance que les Italiens n'oublieront jamais
ies grands services que ce général rendit à la cause
italienne. Sans lui la grande oeuvre du comte de
Cavour eût été impossible.
Rome, 0 janvier.
Le Dieüto annonce que,par suited’uneindisposi-
tion, le roi n’est pas parti pour Turin.
Le conseil dos ministres n’a pas eu lieu.
La maladie du roi n'est pas grave ; un bulletin de
la santé <le l’auguste maladie sera publié.
Le général Mezzaenpo, ministre delà guerre, se
rendra à Florence pour assister aitx funérailles du
général delà Marmora.
' On parle de M. Melegari ou de M. Nicotera pour
remplacer le général Cialdini à l’ambassade de
Paris, dans te cas où ce dernier persisterait à se re-
tirer.
6 janvier, 11 h. 30 soir.
Le roi a eu hier une forte fièvre produite paru no
pleurésie au poumon droit.
. La.marohe de cette, fié vie fait craindre des com-
plications de lièvre miasmatique.
La nuit dernière, le roi a dormi quelques heures,
au milieu d’une grande transpiration.
Vers les deux heures on constatait une légère
améliorai ion dans les symptômes de la maladie.
Aujourd'hui la fièvre a augmenté.
Un dîner diplomatique a eu lieu aujourd’hui au
Quirinal. Le prince et la princesse de Piémont en
ont fait les honneurs au nom du roi.
7 juillet.
Leroi a passé ufle nuit relativement calme. 11 a
un peu dormi.
Le fièvre continue sa marche ascendante,
I.a pleurésie du poumon suit aussi son cours.
ALLEMAGNE.
(Correspondance particulière du Précurseur).
Le général La Marmora.
Berlin, ô janvier.
En apprenant, hier parle télégraphe, la mort du
général La Marmora, tes Prussiens se sont dit
Froidement qu’ils comptaient un ennemi de moins
sur la terre.
Justes comme ils savent l’être en jugeant leurs
adversaires tombés ou disparus, ils rendent hom-
mage aux qualités et aux mérites qui ont distingué
te brave patriote italien, aux efforts qu’il a faits
pour supprimer le brigandage dans les deuxSiciles,
pour réorganiser l’armée de Victor-Emmanuel. Ils
se souviennent de la part honorable qu’il prit à la
guerre de Crimée, à la tète des bataillons de Bersa-
glieli qu’Ii avait hjt-mêxno formés et qni se condui-
sirent vaillamment, sous ses ordres, au combat de
Traktir et au siège de Sébastopol.
Mais tout cela reconnu, les Prussiens se rap-
uniquement au service de sa maltresse, la laissait
arranger à sa fantaisie la chambre de Boris, et ee-
ui-ci préférait à tout autre le linge qu’elle lui re-
passait. Gomment n’eût-elle pas ressenti la joie la
pi -, - coini lète ?
Un soir, madame Grébof, un pou faible, s’etuit
couchée de bonne heure. Boris, après lui avoir fait
une lecture, regardait silencieusement Sonia, qui,
remplaçant la femme de chambre indisposée, allait
et venait doucement, sans faire plus denruitnu’une
ombre. Quand elle eut fini et que la porte se fut
refermé;1 gur elle, madame Grébof dit a son fils :
- Ce n’èsi pas une petite fille ordinaire que
cette Sonia. As-lu ses papiers et'tout ce qui la con-
cerne î
— Oui, mère; M. Gord i ne me lesaenvovés, et
j'ai mis tout un règle avant de partir pour l'étran-
ger.
— Vois-tu, Boris, durant ton absence, cette pe-
tite r été ma seule consolation ; tous les jours nous
parlions de toi, -r ô)le t'adore. — et je crois bien
qu’elle m’a souvent empêché d’ètrè triste en me
racontant combien tu avais été bon pour elle. Il
faut lâcher qu’allé ne soit pas malheureuse; elle en
a eu plus que râ part avant «le venir ici.
~~ Pourquoi serait-elle mal heureuse ? répondit
l.e jeuus hoWnq eïi r-quréfei ; il m# î-en.ble bipn «jnoj
citez vous eue ha plus fièn àêraîndre!
_ Maintenant, non,, mais quand j’âïirai été re-
fejtyjrè ion père, — elfe interrompit <ln geste Boris
qui voulait parlep, - U llfut pensep au temps où
je n’v serai plus, mon‘fils» ce temps peut n'^ivo
i.as éloigné; - e«?tto petite, lié pourra pas îcre r
ici. Qu’v P’i’aittelle? Situ no peux nas la gavter
pour t«; servir, jfê’dm de la placer dans «pielque
4 »nneiamil.iô'ofi elle serait bien; si tu te maries...
pci, «.lie rou.'Wjlft son fils d’un air interrogateur, etj
voyant, qijil'hc repondah fi&s, pl}p cpntijïnaplu»
truteinent, - si lu ie mariai-’, ce qui serait Lion i»
[meilleure chose, 11 ftimlrnlt. la prendre à to» ser-l
' vice; die aurait très bien élevé tes enfants...
j Boris se taisait toujours.
— ‘pu nfu pp ppeorp spnuéà teniariei*? ajouta
; timidéfiient’la mère.
' — Jo ne sais pas, répondit-il, nous verrons.
— Quand tu te marieras, Boris, prends une bonne
femijfo. oui ait un cpeirr généreux et qui t'aimé
pjén j’TOjfsrtu, c'est là l'important. Si j’ai été heu-
reuse avec ton défunt père, c’est parce qu’il était 1»
mefitepr dés homme- ; tu lui ressembles, ajouta-t-
elle d’un aip npn«if. Ah! si tu pouvais être heu-
roux !
— Je tâcherai, maman, dit Boris gaieraep.t,
— N’oublie pas la petite, n’est-ce pas ? C’est une
hirondelle que le bon Dieu nous a envoyée pour
porter bonheur à notre foyer; c’est avec elle que
t’est venue la prospérité, Boris ; il ne faut pas être
ingrat envers la Providence !
Boris sourit en baisant la main caressante qui
s’était- posée sur son bras.
— Soyez tranquille, mère, je veillerai sur l’hiron-
delle, ré[«ondit-il joyeusement : mais pour bien
longtemps encore, c. est vous qui en aurez le soin,
Madame Grébof secoua douoement la tète,
s'jsndorralf au bout d’un instaiit, la m»hi toujours
posée sur le bras dè son' ïïïs.TVepiiis une semaine
êiiyiivn, elle s’endormait aipsj sqns motif, a tout-
instant.'
Quelques jours apij)s, en lui taisant une courte
lecture dans le livre qu’elle préférait, la Vie des
Saints, Boris s’aperçut que sa mère s’endormait ;
ii baissa la voix pour ne pas s'interrompre brus-
quement, puis posa te livre et regarda la chère
dadomie. Elle avait l’air heureux et calme.
Noël approchait; un beau soleil.couchant luisait
sur la neme au dehors; un rayon rouge qui filtraiI
«à travers le double châssis «le la fenêtre faisait: t*ril-
ler les images d’or et d’arsent d»ag leur ai uioiiv
triangulaire ; en passant sur le paisible visage de
tnadatnc Grébof, il y déposait la rose de la jeunesse.
Boris tÿgarda longuement sa mère et «b rappela
les jours oïi elle l'avait pqjïédans ses bras tout
petit, p((ur le ineimr prier sur ta dalle qui recou-
ViàitsQn père, puis lus années d'étude à Moscou,
pùjs les sépaiàtions et les vacance», puis ce dernier
départ sL priéeipité, si douloureux et si courageu-
sement consenti...
-- Mère, dit-il foui bas, presque en dedans de
lui, en s’inclinant sur le bras du fauteuil et en
appuyant ses lèvres sur lo châle qui recouvrait tes
minutes do la'malad*. vous avez «ae. pour m««i la
Frevidi.mce ; comment vous aimer jamais assez !
Ce mouvement si lég«u’ la réveilla sans doute, et,
comme si «file eût deviné ce que pensait sou fils,
elle leva faiblement sa main droite ci fit po>a sur ia
tête de Boris, qui è'iitaiflMissè’ glisser à ses genoux.
-- Tu as été un bon fils, murmura-t-elle sans
ouvrir les yeux, tu ne m'as jamais donné que dé la
joie, et je te remercie,
‘ isà main glissa doucement et retomba dans l'au-
tre à demi ouverte. Boris tes baisa toutes les doux,
les recouvrit du châle flottant et se rassit près de
sa mère.
Le rayon rouge avait disparu ; le ciel froid, d'un
pelleut aussi que l’ancien président du cabinet ita-
lien, alors qu’il avait soixante-dix ans, nourrissait
encore dans son âme une haine profonde, inflexible,
contre le pays qui, par le succès éclatant de ses
armes, avait obtenu la Vénétie pour sa patrie.
Cette haine était de celles qui ne meurent paset
l’on peut supposer que les derniers temps de sa vie,
quïl a passés dans la retraite et le silence, n'ont en
rien modifié l’étrange disposition de son esprit.
On lui reproche a Berlin, et hautement, dans les
journaux, «le s’étve montré petit dans se^ senti-
ments, d’avoir laissé dominer dans son cœur le
souvenir de son amour-propre humilié. Il était
autrefois le grand admirateur «le la Presse ; il
la voyait avec, satisfaction suivre la même voie que
l’Italie. Ii admirait surtout l’armée du roi Guil-
laume. C’est lui qui, le premier, prononça,'en 1866,
le mot d’alliance prifaso-italienne et qui envoyai
Berlin, pour jeter tes bases de cotte alliance, le
général Govone.
Les victoires vertigineuses de la Prusse, qui fu-
rent si favorables à l’Italie, tant en 1866 qu’en 1870,
qui.aprês lui avoir procure Venise,!ui offrirent l’oo-
casion d’entrer dans la possession de Rome et de
compléter son unité par 1 adjonction des deux vil les
les plus glorieuses de la Péninsule, ces victoires,
qui auraient dû lo remuer do joie comme ses au-
tres compatriotes, furent précisément la cause prin-
cipale de sa désaffection et de son hostilité!
Diplomate et soldat, il n’a pu, dans sa vanité,
pardonner à Bismarck et à Moltke d’avoir étonné
le monde par leur fermeté et leur génie, quand lui
n’avait pu offrirque le spectacle deson impuissance
et de son irrésolution. .Bismarck négocia le traité
de Prague,Moltke gagna la plus grande bataille du
siècle, La Marmora ne fit autre chose que de se
hrissere-battre à Custozza. Tandis que Moltke
écrasait l’armée autrichienne à coup de massue, La
Marmora se tenait immobile, indécis devant elle et
donnait lieu, par son attitude incompréhensible,
aux plus singulières suppositions.On trouveencore,
de nos jours, en Prusse, quantité de gens qui sont
restés convaincus qu’il a fait une guerre politique,
comme Bazaine plus tard à Metz.
Après sa défaite, il lui manqua la grandeur de la
résignation. Les triomphes diplomatiques et mili-
taires de la Prusse et son échec, sévèrement jugé,
lui remplirent le cœur de fiel et quand Moltke eut
publié, deux ans après, son rapport sur la cam-
pagne et que La Marmora eut pris connaissance
des termes peu flatteur? dont le stratégiste prussien
s’était servi pour qualifier son inactivité, il se ven-
gea, non par une riposte régulière, mais d’une façon
qu’on n’oubliera jamais en Prusse.
En sa qualité de député à la seconde Chambre
italienne, il interpella le gouvernement sur la pu-
blication de l’état-maior prussien et en motivant
s an interpellation il donna lecture de la fameuse
Stoss-ins-fferz-Depesche que l’envoyé prussien en
Italie, 1e comte Usedom, avait reçue, pendant la
guerre, de son gouvernement et qu il était allé lire
à la chancellerie do Florence. Dans ce document,
que personne jusqu’alors ne connaissait et que La
Marnora commit l’indiscrétion de révéler .alors qu’il
ne faisait plus partie du cabinet, le prince de Bis-
marck conseillait vivement au commandant ita-
lien de ne pas se laisser arrêter parle quadrilatère,
mais « de se frayer un chemin vers le Danube pour
tendre la main à la Prusse au cœur de la monar-
chie impériale, en un mot dé marcher sur Vienne. ••
La .Marmora atteignit par la lecture de cette dé-
pêche le but qu’il avait en vue. Une vive émotion
s’empara de Vienne, une polémique irritée éclata
dans les journaux, les rapjtorts entre les cours de
Vienne, ‘ Berlin, Paris et Florence, perdirent un
moment leur cordialité. Heureusement l’affaire
u eut pas d’autres suites et le calme rentra bientôt
dans les esprits. •
La guerre de 1870-1871 ne fit qu’attiser la haine
du vaincu de Uustozza. Il avait compté sur les suc-
cès de l’armée française, déjà il escomptait la dé-
faite de la Prusse. Quand il’ vit ses espérances dé-
çues, il écrivit son livre ; Un pO piu di luce, un
peu plus de lumière, qui fit si grand bruit enEurope
et qui donna aux adversaires du prince de Bismarck
tant d’armes empoisonnées. Les uUrarnontaiiw
s’empressèrent de faire traduire l’ouvrage en Al-
lemand et ils ne mirent pas moins d’empressement
à s'en servir au Parlement.
C'est alors qu’eut lieu au Reichstag, une scène
mémorable ! Il était dit dans l’œuvre de l’homme
d’Etat italien que le’ prince de Bismarck, dans un
entretien avec lo général Govone, s’était prononcé
avec la plus grande légèreté sur une cession éven-
tuelle à la France de tout le pays, situé entre la
Rhin et la Moselle. M. Mallinckrodt, leplus bril-
lant orateur du camp ultramontain, lo pèl’sonp.kffo
le plus distingué du parti, souleva il fi incident II
demanda des explications, il voulut savoir s’il
était vrai quelo chancelier avait songé àlivrer une
terre allemandeàNapoléon? Le princede Bismarc-k
n’était pas à la Chambre.-On alla l’avertir et H vint
aussitôt. Ceux qui l’ont vu ce iour-ià se rappellent
qu il tremblait de cqlère. je suis forcé, dit-il avec
énergie, de déclarer dans les termes les plus for-
mel, que ceci est une invention, un mensonge1 Le
gunéral La Marmara, continua-t-il, qui a publié
sans autorisation, des documents qui sont arrivés
à sa connaissance quand il occupait une fonction
officielle, est unennemi de l’Allemagne! Je pourrais
bleu pâle, se remplissait peu à peu d’étoiles aux
rayons perçants et durs comme des clous de dia-
mant. Il parut à Boris qu’insensiblement la chambre
se refroidissait. : la huée envahissait ies carreaux ;
il se leva, descendit les stores, tira sans bruit les
rideaux et s’approcha de la lampe des images pour
allumer une bougie. La flamme vacillante jetait
une faible clarté sur les meubles et les drapantes...
Boris se sentit tout à coup saisi d’une tristes».* in-
surmontable, d’une sorte de vague terreur jl
pntr’quvrit la porte.
— i lâcha, dit-il à voix basse,
. Bersqnne ne répondit, 11 ferma la porte derrière
lui, fit quelques pas et appela plus haut :
— Borna !
Sonia accourut sur la pointe des pieds.
— Apporte une lampe : la bougie brûle mal, on
n'y voit rien.
Il rentra, Sm mère n’avait pas remué; dans la
demi-cibsourlté, son visage paraissait aussi doux
qu’au moment où elle avait parlé, Boris s'arrêta eu
face d’elle et la regarda attentivement, puis il fit
encore un pas et sopeirnha su rte fauteuil ; elle ne
bougeait pas. Il toucha ses mains sons le châle.
Elfes étaient immobiles, mais tiède? et souples.
San»savoir pourquoi, jl eut peur.
— Mère, dit-il.
Elle ne répondit ]>as.Sonia entrait avec la lampe,
Boris lui fit signe d approcher ; la lampe àla main,
la petite se plaça derrière lefauteuil. Lalumière ne
fit pas sourciller madame Grébof. Boris se pré<*i-
ptia sur elle.
-- Mère, mère,cria-t-il d’une voix étranglée.
Elle éfait mol'tè.
Il poussa un cri et tomba aux pieds de la dé-
funte.
— Maître, dit Sonia toujours' immobile derrière
le fauteuil, c'était une sainte, ne troublez pas son
repos ; ce serait un péché.
Boris, saisi', la regarda «Eun air effar&De grosses
larmes roulaient des yeux démesurément ouverts
de la petite diéreheusë de pipes; son visage portait
l’empreinte d’une indicible douleur, mais elle ne
tremblait pas. Frappé de ce calme, le jeune homme
se leva machinalement,
Sonia posa la lampe sur une table,et, s'appro-
chant de la morte, lui .balsa les deux mains l une
après l’autre, non plus avec la ferveur passionnée
qu’eliey mettait la v«dlie encore,mais avec une sorte
de crainte respectueuse, comme une image des
saints ouune reliquevenérée.Elle laissatomberune
(arme sur la maipclferfe qui n c (ferai tpi us s’ou vu v
écrire sur sa politique dés livres beaucoup plus
désagréables que lui sur la nîfenhe.
La Marmora ne se releva pas do ce coup. Bis-
marck, par son mot de mensonge, l’écrasa. Ii lut,
a partir de ce moment, considéré en Allemagne cl
en 1 toiie comme un homme mort. Nous entendîmes
a Berlin qu’il répondrait par un second ouvrage
révélateur, plus passionné encore que le premier ;
mais le gouvernement italien prit des mesures pour
empêcher que les secrets d ■ sa chancellerie ser-
vissent à I assouvissement «l’une animosité a
laquelle toute noblesse faisait défaut. Depuis lor--
nous n avons plus rien entendu de Lu Marmora
PDaris ses derniers moments, il a reçu du marc-
clial dô Mac-Mahon, de l'imphratrie*? du
vainqueur de Cnstozza, des lettres ou des tôlé -
grammes, dit-on. mais pas un mot ne lui est venu
de la Prusse. S’il ne s’etait pas retiré en 1866, du
ministère, le sort de sa patrie eût peut-être été.
tout autre. Ce n’est nas lui qui, en 1870, se serait
tenu neutre entre l’Allemagne cl la France et qui
auraitjamais conseilléà VieMr-Krorrmmiel «le venu*
à Berlin.
FRANCE.
Lettre de M Batbie
Voici la lettre que M. Batbie a adressée à {'Esta-
/é«é? au sujet du récit que nous avons reproduit
Paria 29, rue EeUecüasso,
le 6 janvier 187».
Monsieur le rédacteur,
^?“3jetitre Ci^ J°urs de crise, m auomiueara-
jS le? uégociations donij’ai éo-
ehargé, le g décembre dernier, pour la formation d’uu
ministère pria dans lama.jorité du Sénat. Erroné sur plu-
sieurs points de grande importance, très incompletlsm-
up d^rM«ln®x‘7ct même.sur quelques faits ma-
tériels, ce récit a probablement été composé au moven
te erafatape» partiel^ quelquefois mal comprises,
émanant de sources diverses et reliées par un travat I
rérsonneJ■Je n’entréprendrai pas de le redresser.
car cette rectification rn’entraîneraitàun récitqueie ne
pourrais faire sans m écarter de la réserve ou eifee la
nature des affaires auxquelles j’ai été mêlé. Je me-
b-0IT,(!0nc ^ pretester contre votre narration, eommo
j ai déjà protesté contre celles que, pendant la crise
ont publiées les journaux français et étrangers ’
Je réclame surtout contre le passage où votre colla-
borateur anonyme inçiique le programme que j’aurais
proposé aux ftiturs ministres pour la dissolution et les
mesures a [«rendre dans la période postérieure à la
dissolut ion. J ai le regret de dire que, sur ce point] en
particulier, vous avez été mal informé, et ie vous prie
de prévenir vos lecteurs qu'ils seraient exposés a se-
aiitben tiquer f°nS1^^la'en*vos renseignements comim;-
mqnsiMirte rédacteur, l’expression de me?
sentiments distingués.
A. BATIilE.
ÎSous ne ferons qu’une simple observation au su-
jet de cette lettre, dit le Temps ; le seul moyen de
rectifier un récit aussi détaillé et aussi précis que
celui de 1 Estafette est de lui substituer le récit
authentique et complet, ce que ne fait pas M Bte -
iue et ce qui permet, jusqu’à nouvel ordre, de tenir
P°rif’exactes les informations de l’Estafette.
Même observation pour l'Union, qui se contente
de dire :
. * Sur plus d’un point l'exposé de Y Estafette est
incomplet et manque (Tinte vigoureuse exactitude
n avant pas aujourd’hui la pleine liberté de le rec
tifieretdelecompléter.nousne le reproduisons pu» -
ltt |X>ur le Français, qui dit de son côté :
•• h Estafette a cru devoir publier b>^ a'u gllr,,t
des négociations et des pourpp.yiers auxouri •
avaient donné lieu, du 8 au 12 «fercruhre SI
formation du ministère BaVofe umréeit fort* -»V
taillé, qui, eût-il été exact, aurait m le Slift
d indiscrétion^ coujiabtes.
Un jugement Incroyable
(ise. appellera sans doute plusieurs are
ÏKiS traneisciue Sareey dans le X/X> Siècle.
au sujet d un abus de pouvoir commis par un sub
stitut du procureur de la République à Provins Lp
substitut poursuivit le journal, et le trfiiuna1 ' -
en reconnaissant l’exactitude des faits- - -, tout
le AIX* Siècle à fr, 2000 de domn’' . condamna
fe- 2000 d amende, - Jges-intérèt s, <«!
Voici comment Frapp’
affaire dans le i"- „ -^Oife Saroey expose cetto
Siècle : -mnërn tf aujourd’hui du A'Ap
.SstiaÆ ara*
La jeune fille reïûse; le magistrat insisni- eiia
Pleure ; U persiste, il déclare que^&ufe d’un cerLifira
-aMiit* r:°t,ssera P‘VS >oin’l’affaire.U
Elle allait s© marier; le jour delà noce nn oen
wf îaeïw« Sï ma«ls}r»t Viant M'i p*ul-
pour donner et se tournant vers Boris tVanné de
stupeur, qui la regardait sans rien voir : PP°
^riez donc, maître ! * C*est une sainte, vou-*
dis-je et Dieu éçoute ses prières. Demande^lui
qu ei le vous envoie la consolation.
kfZ?8, anéantl‘ toinha A genoux h fondît en
XX
Fendant trois jours, suivant l’usage, la défunre
fot. exposée dans la grande salle, jonchée de bran-
ches de sapin, sur une table recouverte de draps
blancs. 1
Des villages tes plus éloignes les paysans,hommes
et lammes, vinrent contempler une dernière fois
le doux visage qui avait si longtemps compati à
leure infortunes, et baiser la 'main généreuse qui
avait soulage tant de misères.
Pendant trois jours, Boris regarda ces traits
auxquels la mort-avait donné sa majesté sculptu-
rale : fi les regarda longuement, à toute minute,
comme pour graver dans sa mémoire le moindre
detail de ce visage adoré.
Sonia trouvait toujours moyen de se glisser en
même temps que lui près du cercueil, et ses veux
qui se reportaient sans cesse du fils à la mère,'sem-
hiaient garder Boris à vue, pour ie défendre de
quelque tentation mauvaise.
Elle n’avait rien à craindre, cependant : le cœur
de Bons, quoique brisé de douleur, était calme ; la
douceur des derniers moments de la morte avait
passe en lui presque aussitôt après te sentiment de
sa perte. Grâce a ces derniers mois écoulés dans ie
bonheur te plus paisible, il se sentait en paix avec
elle et Im-meme,
Aussi, le matin du quatrième jour, l’humble as-
sembtee venue de tout te pava pour dire adieu à la
défunte lut-elle frappée de l’air calme avec lequel
Bons saisit une des poignées de cercueil.
Les paysans réclamèrent la faveur de porter leur
bienfaitrice, ne fût-ce qu’un moment, et la foule
melee do petits propriétaires, d’humbles fonction-
naires publics, se groupa derrière le cercueil en-
core découvert.
Un beau soleil d’hiver brillait sur la neige bien
foulée et couverte d’une épaisse litière de branches
odorantes de sapin; on franchit la grande porte
rustique, puis on dépassa le jardin ; Boris jeta un
regard sur le champignon de bois, où il ne ia ver -
rait plus attendre, - puis on longea l’étang, l’église-
apparut toute grise sur la neige, avec «g modeste-
Chipka
PAR |