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Le Précurseur
On lit dans le Constitutionnel :
Il est certain que le portefeuille de l’instruction publique a été suc-
cessivement offert à MM. de Salvandy, de Montalivet, de Rossi, et que
tous ont refusé.
C’est un fait remarquable et qui caractérise la situation, que cette
impossibilité où le ministère se trouve de se compléter. Lorsque la
mort vint frapper M. Humann, son successeur fut immédiatement
nommé, et nous nous souvenons que les journaux ministériels s’em-
pressèrent de conclure qu’un cabinet qui réparait si aisément la perte
de l’un de ses membres, inspirait certainement une grande confiance
autour de lui, et offrait des garanties de durée. D’un fait tout opposé,
ils devraient tirer aujourd’hui des inductions toutes contraires ; mais
nous n’avons pas la prétention d’obliger les journaux ministériels à cet
aveu sincère, et nous les laissons librement inventer une autre thèse.
— M. le cardinal de Latour-d’Auvergne, en ce moment à Paris, doit
être nommé, dit-on, primicier du chapitre de Saint-Denis. Un journal
ajoute qu’il sera à la fois nommé grand aumônier. Les deux ordonnan-
ces paraîtront après demain jeudi.
— Le Messager publie une lettre de M. Imlin, vétérinaire distingué'
de Strasbourg, à qui le ministre avait demandé des renseignements
sur le typhus contagieux du gros bétail. M. Imlin dit qu’il est positif
que le typhus règne en Pologne, en Silésie et en Bohème, mais qu’au-
cune nouvelle authentique ne fait mention de l’invasion de cette mala-
die en Bavière, et que l'on ne parle que sur des on dit de son apparition
en Autriche, en Prusse eten Saxe.
Le journal ministériel annonce que l’administration va envoyer en
Allemagne M. Yvart, inspecteur-général des écoles vétérinaires, et M.
Renault, directeur de l'école vétérinaire d’Alfort, pour étudier la mar-
che de l'épizootie et les mesures administratives qui lui sont opposées.
— La Presse, rectifiant une allégation contenue dans une généalogie
de la famille de Napoléon, dit que, contrairement à ce qui a été ayancé,
le mariage de Lucien Bonaparte avec Alexandrine de Bleschamps , fut
très bien reconnu par l’Empereur et par toute la famille Bonaparte.
— Le résumé des opérations de la caisse d’épargne n’a pas été satis-
faisant le mois dernier. Les versements se sont élevés à 5,059,458 fr.,
et les demandes de retrait à 5,985,000 fr. Les demandes de rembourse-
ment offrent un excédant de près d’un million. C’est beaucoup, même
en tenant compte des besoins que font naître les dépenses forcées du
nouvel an.
— Bulletin de la bourse.— La liquidation n’a pas été longue à faire :
presque toutes les opérations importantes étaient déjà liquidées; les
affaires fin janvier oiit repris de l’activité et se sont trailées en hausse
de 85-15 à 85-55, cours de clôture, pour la fin du mois. En liquidation,
on faisait 85-15. — Le 5 p. c. a suivi le même mouvement de hausse à
120-70 comptant, 121 fin janvier. Les actions de la Banque sont sans
variation à 5,195.
Les chemins de fer étaient négligés. Les actions de la caisse Gouin
(ancienne caisse Laffitte, sont à 1,100 fr.
En fonds belges on fait seulement du 5 p. c. 1840 à 104 1/2, du 2 1/2
p. e. à 02-25 et des banques à 055. La rente de Naples est à 96. — L’em-
prunt romain à 104 1/2. Ces deux valeurs sont sans variations. — Il y a
eu hausse sur l’actif espagnol et baisse sur le 5 p. c. Ces deux fonds
sont à 57. — Le 5 p. c. portugais est moins ferme à 60 1/2.
Chambre des Bépulés. — Réunion dans les bureaux.
Nomination des commissaires de l'adresse.
La chambre des députés s’est réunie aujourd’hui à une heure dans
ses bureaux, pour nommer la commission chargée de préparer le pro-
jet d’adresse en réponse au discours de la couronne.
Dès midi, une heure avant la séance, la salle des conférences présen-
tait un aspect animé, comme aux jours des luttes les plus vives.
MM. Thiers, Billault, de Rémusat, Vivien étaient au milieu de grou-
pes où l’on s’entretenait avec passion. On voyait à l’attitude militante
de l’opposition qu’elle avait un parti pris; elle avait arrêté d’avance ses
candidats pour chaque bureau et le mot d’ordre était donné de nom-
mer des membres conservateurs dans les bureaux où les candidats du
gouvernement auraient la chance d’être nommés.
La discussion a été longue et animée dans plusieurs bureaux et sur-
tout dans les 2*- et 7». MM. les ministres des affaires étrangères et de
l’intérieur étaient dans le 2= et MM. Thiers et de Rémusat dans le 7«.
■ Dans le 7» bureau, M. St-Marc Girardin, passant en revue toutes les
relations du cabinet avec l’Angleterre, le traité du Maroc et les affaires
de Taïti, blâme vivement la conduite du ministère sur tous ces points ;
il ne comprend pas qu’on n’ait pas exigé une indemnité de l’empereur
du Maroc.
Personne ne demandant la parole, on passe aux voix. M. St-Marc Gi-
rardin devient tout-à-coup le candidat de l’opposition : MM. Thiers et
de Rémusat volent pour lui; il est nommé commissaire par 20 voix
contre M. de Debelleyme, candidat conservateur, qui réunit 16 voix.
M. de Salvandy 1. Il manquait dans ce bureau 12 conservateurs.
Dans le 8mo.bureau, M. Bordier parle de l’Ecole polytechnique, de la
mauvaise organisation des impôts et contre l’alliance anglaise. M. lé ma-
réchal Sébastiani est nommé commissaire par 28 contre 9 données à
M. Lasnier et 5 à M. Léon de Malleville. ■
Le temps nous manque pour donner de plus amples détails.
Voici la récapitulation de l’ensemble des votes : on trouve 191 voix
pour le ministère, et 159 voix pour l’opposition. Majorité, 52 voix ; 2b ou
30 ont été perdues : elles sont en partie pour l’opposition et en partie
pour le ministère.
IIOLLAM910.
Bulletin de la bourse d'Amsterdam, du 3 Janvier. — Les inté-
grales qui semblaient d’abord tendre-à une nouvelle hausse sont par
suite de quelques ventes restés au cours de clôture d’hier. Tous les
autres fonds hollandais sont restés fermes.
En fopds espagnols les affaires ont été animées principalement en
Ardoins et restent au cours d’hier. —- Les portugais demandés à des
prix légèrement en hausse. — Les anciennes obi. russes plus offertes.
BELGIQUE.
ANVERS, 4 JANVIER.
Malgrêla grande quantité de glaçons que I’Eseaut continue à char-
rier, deux bateaux chargésde bière sont arrivés hier soir de Louvain.
— Le Moniteur publie le texedes ratifications du traité de commerce
conclu entre la Belgique et le Zollverein, laloi ouvrant un crédit sup-
plémentaire de 18,000 fr. au département de la justice, et la loi relative
aux étrangers.
— M. le ministre de la justice vient d’adresser, en date du 51 décem-
bre, à MM. les procureurs-généraux près la cour d’appel et procureurs
du roi pres les tribunaux de première instance, deux circulaires. La
première a pour objet de rappeler que les greffiers en dressant les ta-
bles décennales des régistres de l’état-civil ne doivent pas se borner à
indiquer les noms des deux conjoints sous la lettre initiale du nom du
mari, ce qui rendrait impossible la découverte de l’acte de mariage, si
le nom du mari était inconnu ; mais que la table doit contenir deux
fois l’indication d’un mariage, savoir : au nom du mari et à celui de la
femme. Chacune des indications doit contenir, outre le nom placé àson
ordre alphabétique, le nom de l’autre époux, qui doit être écrit sur la
même ligne ; mais cette ligne ne doit se payer qu’un centime autre-
ment le nom de chaque époux serait payé deux fois.
La seconde circulaire rappelle que dans les communes populeuses
ou chaque nature de registre se compose de plusieurs volumes il ne
faut pas dresser autant de tables distinctes qu’il existe de volumes •
mais seulement une table alphabétique pour chaque catégorie d’actes-
que la table du registre des actes de mariages doit contenir les noms
des deux époux et la lettre initiale de chacun de ces noms; enfin que
le décès d’une femme mariée doit figurer à la table des actes de cette
catégorie, tant sous le nom de famille de la femme que sous celui de
son mari.
— M. le ministre de la guerre par circulaire adressée aux intendants
et sous intendants militaires,vient de prescrire aux officiers mariés qui
désirent participer à la caisse des veuves et orphelins, d’envoyer leur
acte de mariage au département de la guerre, avec la déclaration pres-
crite par l’instruction ministérielle du 12 avril 1852.
— La commission pour l’examen des étalons destinés à la monte dans
la province de Limbourg, a terminé ses opérations.Sur soixante-quinze
étalons qui se sont présentés, elle en a admis cinquante-un La prime
provinciale n’a pu être décernée, l’étalon qui l’aurait méritée l’ayant
déjà obtenue les années précédentes.
— Par arrêté royal du 51 décembre 1844, M. P.-J. Lambrechts, doc-
teur en médecine a Hoboken, est nommé président de la commission
médicale de la province d’Anvers, pour 1845, et M. J. Domus, pharma-
cien à Anvers, secrétaire de la même commission.
— MM. de Cuyper viennent de terminer le modèle de la Vierge qui
leur a été commandée pour une des églises deGand. De grands prépa-
ratifs se font dans leurs ateliers pour le moulage de cette nouvelle eeu-
vre, opération qui présentera des difficultés de plus d’un genre, à cause
de la dimension colossale de la statue et de la délicatesse de ses drape-
ries. La Vierge est représentée sur les nuages, entourée de têtes de
séraphins et portant son divin fils, qui donne sa bénédiction à la ville
de Gaud.
Ce groupe, qui doit être exécuté en marbre, aura au-delà de treize
pieds d’élévation. Ce sera une des productions les plus gigantesques
que le statuaire ait mis au jour depuis bien des années dans notre ville.
— Le gouvernement vient de faire des commandes à quelques-uns
de nos artistes en renom, entreautres à MM. Vieillevoye, directeur de
l’Académie de Liège, Kuhnen et Génisson.
Ces commandes ont probablement été faites sur les fonds de
souscription des provinces, des communes et des fabriques d’église,
pour l’encouragement des beaux-arts.
— Une question judiciaire qui n’est pas sans importance pour le pu-
blic, a été jugée samedi dernier par le tribunal de première instance de
Bruxelles, siégeant en degré d’appel. Un individu avait été assigné
devant le juge de paix, et dans l’exploit d’assignation I’ukihe de la com-
parution n était pas indiquée ; il ne vint chez le juge de paix que
lorsque l’audience était finie. En appel', il a soutenu que l’exploit était
nul comme n’ayant pas indiqué l’heure delà comparution.
Le tribunal, sur les conclusions conformes du ministère public, a
prononcé un jugement qui déclare l’exploit en question valable, et qui
condamne le défendeur a 10 francs d’amende pour ne pas avoir com-
paru devant le juge de paix.
— On Ut dans le Journal de Bruges :
M. De Brouckere, père de M. Charles De Brouckere , directeur de la
monnaie, et de M. Henri De Brouckere, gouverneur de Liège, est dan-
gereusement malade et a été administré nier.
— Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de l’empoisonnement qui
a eu lieu à Huysse sur la personne de 1 épouse Van Theemsche ; nous
trouvons encore dans la Gazelle d’Audenarde les ligues suivantes :
«. Le sieur Van Teemsche qui d’abord avait formellement déclaré que
de sa connaissance il n’y avait jamais eu du poison chez lui, a avoué
maintenant avoir acheté de l’arsenic chez un pharmacien de cette ville,
dans le but de délivrer ses vaches des poux dont elles étaient infec-
tées. A la suite de cette déclaration, M"’, pharmacien à Audenarde, a
été interrogé, et il est résulté de ses réponses qu’en effet il a vendu de
l’arsenic à v an Theemsche, que celui-ci l’a demandé et obtenu sous un
faux nom et qu il a déclaré alors que le poison devait servir à tuer les
rats. Van Theemsche a nié ces circonstances; mais la sincérité de M*’*,
laquelle depuis de longues années est devenue proverbiale, met l’exac-
titude de cette déclaration hors de doute. »
— Nous avions annoncé d’après un autre journal qu’un crime affreux
avait été commis à Tervueren, où, disait-on, une femme avait assassiné
son mari. Cette nouvelle était inexacte. Il a été constaté par de nom-
breux témoins et par des chirurgiens, entendus devant le juge d’in-
struction, que l’homme qu’on disait assassiné, était tombé et s’était
fracturé la colonne vertébrale à la nuque. Il n’y a donc pas eu crime,
mais seulement un déplorable accident.
— A la fin de la semaine dernière on a trouvé dans une partie de
terre à Renaix le cadavre d’un enfant nouveau-né, ayant reçu trois
coups de couteau. Une fille, âgée de 28 ans, prévenue de ce crime, a été
découverte et arrêtée.
— Dans les derniers jours du mois de décembre, le sieur François de
Moyer conduisait une charrette sur laquelle il se trouvait avec sa*mère,
de Ninove à Pollaere. Le cheval ayant pris le mors aux dents, et les rê-
nes étant cassées, ce jeune homme sauta de la cliarette afin de pouvoir
retenir le cheval et sauver les jours de sa mère; mais il donna de la tête
contre la terre et mourut quelques instants après dans les bras des per-
sonnes qui étaient accourues au secours. La position dans laquelle se
trouva la malheureuse mère lorsqu’elle vit le cadavre de son fils, excita
la pitié de tous les assistants, et ce fut avec peine qu’on parvint à l’éloi-
gner de ce triste spectacle.
— Le 25 décembre le sieur Van Dyck, cultivateur à Berlaer, ne voyant
pas le matin sa servante, se rendit dans sa chambre à coucher et la
trouva morte et ensanglantée ; il fit aussitôt appeler le médecin qui n’a-
perçut aucune blessure ; mais en [déplaçant le cadavre on vit qu’elle
avait donné le jour à un enfant, et portait les traces de coups à la tète.
Cette malheureuse, après avoir tué son enfant, sera probablement
morte à la suite des douleurs de l’enfantement.
— Le fermier Louis Verheust-Everaert, à Sweveghem (Fl. occid.) vient
de distribuer 3,009 kil. pommes de terre aux pauvres de sa commune.
— Ce n’est pas seulement l’administration des charbonnages du
Haut-Flénu qui a fait distribuer des secours en combustible aux néces-
siteux de la commune sur laquelle est établie son exploitation, mais
encore toutes les autres sociétés anonymes fondées sous le patronage
de la Société de commerce. Ces distributions ont été pour chaque éta-
blissement de 5 à 60 hectolitres de charbon. (Gai. de Mons )
On sait que la poudre tend à s'imprégner d’humidité au contact
de l’air. M. Siret, pharmacien à Meaux, pense qu’on remédierait à cet
inconvénient en mélangeant à 15 kilogrammes de cette substance 64
grammes de sandaraque pulvérisée. Le même moyen empêcherait aussi
le tassement de la poudre, qui ralentit l’inflammation.
— On lit dans le Welshman : '
Il y a eu récemment une hausse de 10 sh. par tonneau sur le prix du
fer du pays de Galles ; tandis que dans le Staffordshire la hausse est de
une liv. Cette industrie est dans une très bonne situation, et l’on parle
d’une prochaine augmentation de salaire pour les ouvriers.
— La Gazette univsrsellc de Prusse, annonce que le roi de Prusse aac
cordé la croix de l’ordre de l’Aigle-Rouge de quatrième classe au capi-
taine belge du génie Reuter, adjudant du lieutenant-général comte
Goblet.
— Le roi de Bavière vient d’accorder à titre de prêt un subside de
500,000 florins sans intérêt pendant cinq ans, pour la fondation d’une
filature de lin dans le voisinage de Bayreuth, à la condition que l’éta-
blissement contiendra au moins 2,000 broches.
— La Galette d’Aix-la-Chapelle annonce qu’on a procédé à Berlin, à
l’arrestation de personnes qui, dans des lieux publics s’étaient expri-
niées d’une manière inconvenante sur l’exécution de Tschech.
— Des lettres de Vienne portent que le prince de Metternich est fort
bien portant et qu’il déploie une activité surprenante pour un homme
d’état de son âge.
— Le conseil communal de Mayence a décidé, à la majorité des voix,
d’enlever au clergé, par des motifs graves, la surveillance des écoles et
de lui laisser seulement l’instruction religieuse.
— Le gouvernement anglais a le projet d’envoyer une seconde ex-
pédition dans les régions arctiques, afin de rechercher le passage nord-
ouest entre les océans Atlantique et Pacifique. La Société royale ayant
été invitée à donner son avis sur la convenance d’une semblable expé-
dition, a répondu qu’indépendamment du but important que l’on a en
vue, de grands résultats pourraient en résulter pour les sciences géo-
graphiques et pour le magnétisme terrestre. Le commandement de
l’expédition a été offert à sir James Ross ; si cet officier refuse, le com-
mandement sera confié à sir John Franklin.
— Le Liverpool Albion donne une nouvelle fâcheuse pour les cultiva-
teurs et pour le commerce des engrais. Bientôt l’ile d’Ichaboe ue con-
tiendra plus un pouce cube de guano ; à la riche couche qui promettait
de si nombreuses cargaisons, a succédé un rocher qui n’est rien moins
que du guano et qui ne permet plus le moindre doute sur l’épuisement
presque complet de ce précieux engrais. Plusieurs des navires qui at-
tendaient leur tour de chargement devront aller à la découverte d’une
nouvelle Ichaboe ou s’occuper de se faire une autre cargaison.
— Un fait intéressant, nié jusqu’à présent par la plupart des anato-
mistes, l’existence des cellules dans les poumons, vient d’être constaté
par M. Rochoux, de l’académie de Médecine de Paris. M. Rocboux éva-
lue le nombrede ces cellules microscopiques à 600 millions environ ; il
y en aurait environ 17,790 groupées autour de chaque bronche termi-
nale. Les lamelles, dont la rencontre forme les cellules, sont formées de
filamens très déliés. C’est dans les angles résultant de l’intersection de
ces lamelles, que se distribuent les vaisseaux capillaires et sanguins.
— Des lettres venues de Florence racontent un fait qui parait in-
croyable. La comtesse Z.....de Saint-Pétersbourg, connue par les
nombreuses inimitiés masculines qu’elle a soulevées et dans lesquelles
ellesemble se complaire, venait de monteren voiture pour se rendre à
la promenade. Les chevaux allaient partir, lorsque, s’apercevant d’un
oubli, elle descendit et rentra à son hôtel ; mais elle avait à peine dé-
passé la porte qu’une explosion épouvantable fit voler la voiture en
éclats et tua le cocher. Une machine infernale avait été placée dans
l’une des caisses. On attribue cet horrible attentat à un jeune homme
qui avait juré de tirer de la célèbre comtesseune vengeance éclatante.
Le cadavre du malheureux cocher a été relevé parles frères de la
Miséricorde.
— On lit dans le Globe anglais ;
« Suivant un ancien usage aucune arrestation pour dettes ne peut-
être effectuée à une certaine distance des palais royaux. Tout récem-
ment, un gentleman qui avait été condamné par corps à payer 4,000
liv. sterl. à M. Lawrence, entrepreneur de bâtiments, avait imaginé de
se loger dans la proximité du parc de Regent. Il ne franchissait la
limite que les dimanches, pensant que ce jour-là on ne pourrait l’arrê-
ter. Cependantil fut arrêté il y a environ quinze jours parun des offi-
ciers du shériff de Berks et cela malgré le privilège qu’il invoqua. Im-
médiatement le débiteur incarcéré demanda la nullité de l’emprisonne-
ment tant contre le créancier que contre le shériff. Le baron Rolfe a
décidé vendredi dernier que l’arrestation avait été valablement opérée.
Le débiteur se propose de soumettre la question à l’examen de la cour
de l’échiquier. »
— Rome vient de voir mourir, à l’âge de soixante et onze ans, l’hom-
me le plus processif qui peut-être ait jamais existé. C’est le princt
Francesco di Massino, qui, au moment de sa mort, avait plus de sepf
cents procès pendants aux différentes cours et tribunaux des Etat)
romains. Ces procès , il les avait tous intentés lui-même, et tous ou
presque tous pour des bagatelles. Il en plaidait lui-même bon nombre
c’est-a-dire par écrit, car a Rome, comme on sait , la procédure orali
n’existe pas.
Le prince di Massino a dépensé un patrimoine considérable en frai!
judiciaires. Ses héritiers, tous collatéraux, ont résolu de renoncer au:
nombreux procès que le défunt a laissés, car ils ne veulent pas sacrifie
la modique succession de M. di Massino à la poursuite d’affaires qu
même dans le cas d’un issue favorable, les constituerait en perte.
— Les célèbres jumaux siamois Chang et Eng, qui se sont successi
vement montrés à Paris, à Londres et dans toutes les capitales de l’Eu
rope, après avoir gagné des sommes considérables, se sont fixés dam
la Caroline de Sud, et ont acquis près de Wilkes, une superbe propriété
Un journal américain annonce qu’ils ont épousé les deux sœurs ; le:
austères puritains du pays révoquaient en doute la possibilité d’uni
telle union, mais rien n’est plus réel. M“e Eng et Mme Chang vivent et
parfaite intelligence ; elles ne sont pas moins intimement liées ai
moral que leurs maris le sont entre eux au physique. Elles ou
mis au monde chacune une jolie petite fille. Les deux cousines si
ressemblent tellement, qu’on les prendrait pour jumelles.On assure qu<
le couple ainsi triplé va recommencer le cours de ses exhibitions, afij
de subvenir aux dépenses qu’entraînera l’accroissement probable d
la famille.
— L'Océanie française, journal de Taïti, contient sur l’antropophagii
les détails.suivants :
« L’antropophagie, dit ce journal, vit encore à Nou-tliva dans toute
ses horreurs. Nous connaissons tels sauvages, entr’autres le chef de
guerriers nommé Fakoko, et le grand prêtre Vékétou, qui avouent avoi
mangé un nombre assez considerabled’hommes. Pakoko dit même qu’i
préféré le chair des Océaniens à celle des Européens, parce que cetti
dernière est trop salée. Selon lui, la chair humaine a des rapports ave
celle du thon, mais elle est meilleure. Même depuis l’occupation frau
çaise, des victimes humaines ont été dévorées, à l’insu des autorité
françaises, à Nou-Hiva.La manière de préparer cet abominable mets es
fort simple : ils font dans un trou en terre, un lit de pierres sous lequé
est du bois; le cadavre tout entier, soigneusement vidé et farci de pat,"
tes douces, est couché là-dessus; on l’entoure de pierres,on le recouvra
puis on dispose et l’on jette du bois dessus. En peu de temps le feu :
rougi les pierres et cuit très à point le cadavre , qu’ensuite on dépéce
Les mains et les pieds sont très recherchés. Ils reviennent aux chefs.I)
tête, dépouillée des cheveux et des dents, est portée dans le Moraï(teni
pledes morts), dont les prêtres ont seuls le droit d’approcher.Les dent
font des colliers aux guerriers. La chevelure devient un ornement d
guerre. Un Nou-Hivien paré pour le combat, en porte en ceinture, at
tour de ses poignets et de ses jambes, à sa tonque de guerre, à ses ai
mes. Les chefs en ont au bout de leur bâton de commandement. Les c
sont souvent employés à faire des manches d’éventails ; ils sont cisc
lés, et portent, comme les boucles d’oreilles de femmes, des fétiches ei
relief. »
— On lit dans l'Océanie française: « La religion des sauvages de
Marquises est le fétichisme pur. Ils croient à l’existence d’un bon <|
d’un mauvais principe, et ils sacrifient à l’un et à l’autre. Les prètrê
ont, la nuit, des communications avec les dieux : ce sont eux qui soq
chargés de transmettre aux hommes leurs volontés, etles prêtres son
obéis à la lettre. Chaque fois que le grand-prêtre veut que quelqu
chose soit fait, il va la nuit sur la montagne au fond de la vallée, et d
là il fait entendre des espèces de hurlements. Le lendemain il dit qn
les dieux ont fait tel ou tel commandement, et on s’y conforme. 1/
grand-prêtre veut un sacrifice humain, les sauvages courent épie
des hommes d’une tribu ennemie, les prennent, et ces hommes son
mangés, Les cochons deviennent-ils rares dans une vallée, on les rem
tabous (sacrés) pendant six mois, un ou deux ans, comme dernière
ment à Nou-IIiva, et il est défendu d’en tuer ou d’en vendre. Une cas
est déclarée taboue, nul n’en approche. »
Nouvelle» des Indes \éerlundal»es.
Les dernières nouvelles de Java confirment ce que nous avons an
noncé, il y a quelque temps, relativement à la récolte du riz. Le résu
tat est loin d’être aussi défavorable qu’on l’a craint un moment. A l’ei
ception des résidences de Chéribon, de Rembang, de Soerabaya, et d
district de Palytan, la récolte a été en général assez avantageuse, bie,
qu’elle ne fût pas aussi abondante que celle de l’année précédente. Cl
pendant dans d’autres districts de Java, la récolte du riz a été tr«
heureuse.
Les recherches géologiques faites à Bornéo par le docteur Schwanej
membre de la société des sciences, dont nous avons fait mention d’;:
près les dernières nouvelles de Java, ont été couronnées de succès ;
a découvert des couches considérables de charbon de terre.- Toutefo
on n’est pas encore convaincu que ce charbon puisse être employé ps
la navigation à vapeur.
Les navires qui ont été expédiés de Soerabaya dans les eaux de
Célèbes, sont retournés sans avoir rencontrés des pirates.
Le schooner royal Niobé, a trouvé dans les eaux de Banka, un bât)
ment naufragé, quia été reconnu pour le navire anglais Gondolier, ca|
Oliver. Le navire, complètement abandonné, était tellement avarii
qu’il fut impossible de sauver quelque chose de la cargaison, qui eoi
sistait principalement en thé.
Le chef-lieu Macassar a été le théâtre d’un événement tragique pa
suite d’un malentendu. Plusieurs indigènes de Boni, escortés de deu
employés, devaient subir un interrogatoire à Maros. Ils devaient pa:
ser devant la garde près de la maison du gouverneur, pour y prendi
un sauf-conduit. Au même moment la garde était sous les armes pou
relever les factionnaires ; croyant que c’était pour les emprisonner, h
indigènes et quelques-uns de leur compagnons tirèrent leurs Kriss, t
avant que la garde eût le temps de soupçonner quelque perfidie, i
avaient déjà frappé mortellement un des "employés indigènes et deu
soldats européens. La garde fit feu sur les assaillants et en tua un ; o
parvint à tuer aussi celui qui paraissait avoir donné le signal de l’attî
que, mais le troisième a échappé par la fuite.' (J. de La Haye.)
Statistique.
Pendant l’année 1844, il a été exposé en vente au marché de Thiell
59,625 pièces de toile; sur ce nombre 49.152 ont été vendues. Si l’o
prend ces pièces l’une par l’autre à 100 francs , il en résulte qu’il y
été payé aux tisserands une somme de quatre millions 915 mille 200 fi
— La population de la France est de 34,194,875 individus, d’après 1
recensement fait en 1842. La superficie imposable de la France e!
exactement de 49,8ôà,610 hectares. L’étendue des routes royales est d
34,290 kilomètres. L’étendue des routes départementales classées est o
42,736 kilomètres ; celle des routes à l’état d’entretien est de 29,Gî
kilomètres. Le développement des routes communales classées est d
52,975 kilomètres ; enfin la longueur des voies naturelles et artificielli
de navigation est de 13,303 kil.
Les canaux ont coûté à l'Etat 287.200.000 fr,: aux particuliers pr<
teurs, 139.472,000fr.; total. 426,672,000 fr Depuis 1830 , l’Etat a consj
cré 543 millions 766,000 fr. à l’amélioration des ports, des fleuves et d|
rivières navigables. Il y a seize chemins de fer achevés ; leur étend!
est de 866 kilomètres , et ils ont coûté 286,600,000 fr. ; dix-sept autri
sont en construction, d’un parcours de 2,947 kilomètres , devant coi
ter 470 millions de fr.; sept autres enfin sont classés; leur parcours e
de 1,670 kil ^
— Il résulte d’un relevé fait à Londres, à l’occasion de lasolenni
de Noël que plus de 45,000 pauvres, tant adultes qu'enfants, se tro
vaient à cette époque dans les maisons de secours et de travail (Unit
et Workhouses) de la métropole et des environs. Ce chiffre accuse ut
augmentation de 2,500 personnes dans la population indigente de c
établissements.
— Il résulte d’un tableau statistique que le nombre des hauts-fou
neaux de la Grande-Bretagne en 18-i4 était de 598, dont 560 en activi;
et 238 étaient éteints. La quantité de fer brut fabriquée était 4
1,748,545 tonnes par an, dont on doit déduire 20 p. c. par an.
Bulielin de» chemins de fer.
On s’occupe aelivement des travaux du chemin de fer de Paris à
Belgique. Le 20 décembre trois adjudications ont eu lieu à Arras ,
pour fourniture et emploi du sable, et pose des voies définitives ent;
Arras et Vitry (cette partie a été adjugée à M. Parent-Bazier, de Ma
nés, au prix de 520,365 fr. 74 c., non compris 49,634 fr. 26 c. pour tr
vaux imprévus); 2° pour plantation de haies vives ; 3° pour fournitu:
et pose de clôtures.
— La maison Laffitte, Blount «t Comp., procédera prochainement
larépartion des actions pour le chemin de fer du Nord. Le premii
versement sera de cent francs par action.
— On lit dans l'Echo de lu Frontière: « Au milieu du conflit de cor
pagnies et de la masse de capitalistes qui recherchent la succulente c
rée du chemin de fer du Nord, le gouvernement s’abstient, et il fa
bien. Il ferait encore mieux de garder à lui la propriété et l’exploitatii
de ses communications ferrées avec la Belgique. Lui-même y trouv
rait profil d’argent et d’influence; et le public y gagnerait sûreté, éq
nomie dansles tarifs, garantie de capacité des agents, répression d
abus, prévention d’accidents. Le gouvernement, disent les partisuj |