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de dix mulets entièrement chargés de bagage. Du moins veut-il, sans
doute, être prêt à tout événement. »
La même correspondance ajoute :
Forcadell commande l’armée carliste pendant l’absence de Cabre-
ra; le brigadier don Pedro Beltran, cpii est gouverneur de Morella, a
été nommé commandant général par interim de Maestresgo.
i> On assure qu’un des bataillons de Forcadell ayant à faire une lon-
gue marche dans la neige, s’est révolt * parce qu’on ne voulait pas lui
accorder la double ration. »
ï'ït AUX'K.
Paris, 28 mars. — On dit que la plupart des députés qui faisaient
partie de l’assemblée des 221, ont décidé de ne plus se réunir. Ils crai-
gnent sans doute d’avoir à chaque séance à constater quelques nou-
velles défections.
— M. Jaubert doit présenter ces jours-ci aux chambres le projet de
loi relatif à la construction d’un chemin de fer de Paris à la frontière de
Belgique. .
La Ire question dont la chambre doit s’occuper, est celle relative
au renouvellement du privilège de la Banque de France. On croit que
le rapport sera fait à la fin de la semaine prochaine.
— Il y avait hier grande réception chez M. Thiers à l’occasion du vote
sur les fonds secrets. On y remarquait un grand nombre de députés qui
s’y présentaient pour la première fois, et qui faisaient partie des 221,
lors de leurs premières réunions.
— Il est question en ce moment d’un nouveau plan pour la colonisation
d’Alger. Une compagnie africaine, dont les privilèges et les statuts se-
raient analogues à ceux de la compagnie anglaise des Indes, obtien-
drait^ titre de propriétaire, tout le pays dont la campagne que vient
d’ouvrir M. le maréchal Vallée doitassurerla conquêtea la France; l’acte
législatif qui réglerait cette concession, déterminerait le nombre de
troupes que la compagnie africaine devrait entretenir à ses frais. Il
serait bien entendu que ces troupes seraient sous la direction du minis-
tère de la guerre. Cette armée de la compagnie serait suffisante pour la
protection du territoire en temps de paix et ne serait soutenue qu’en
temps de guerre par les troupes soldées par l’état.
Plusieurs grandes maisons de banque sont, dit-on, en pourparlers
pour donner suite à cette combinaison , et la cour espère que dans le
cas où l’affaire serait conduite à bonne fin , le duc de Nemours obtien-
drait à titre de vice-roi de l’Algérie, la dotation qui lui a été refusée en
sa qualité de prince.
— M. Horace Vernet, deretour d’Orient, est en ce moment au lazaret
de Malte. Il travaille à un tableau biblique dont le sujet est Thamar se
présentant à Judas, la tète couverte d’un voile. M. Vernet rapporte en
France une vingtaine de vues prises dans le Levant au moyen du Da-
guerréotype.
— On lit dans une lettre de Toulon, en date du 24 mars :
<i On va faire partir un bateau à vapeur pour Tanger; il ira prendre
le consul français pour le ramener en France, et portera des dépêches
à tous nos agents consulaires des côtes d’Espagne;la corvette la Brillante
va être aussi expédiée au détroit, soit pour surveiller les corsaires ma-
rocains, soit pour prévenir les bâtiments de commerce de l’état de
guerre ; un brick sera mis à la disposition du commerce pour convoyer
lesnavires.n _____________________
La Fraisée et le fflarce.
On écrit de Marseille, le 24 mars :
u La nouvelle d’une déclaration de guerre de la part de l’empereur de
Maroc a produit une certaine sensation sur notre place qui a désinté-
rêts importants engagés dans cette partie de l’Afrique. Cependant la
manière dont cette nouvelle est parvenue à Marseille, jointe à d’autres
circonstances particulières, permettent encore de la révoquer en dou-
te. Si nous nous sommes abstenus pour notre compte, de la présenter
autrement que comme probable à cause des détails qui l’accompa-
gnaient, à plus forte raison nous nous sommes bien gardés de considé-
rer l’empereur de Maroc comme un adversaire redoutable avec son ar-
mée prétendue de 50,000 hommes, son artillerie et sa flotte de 24 bâti-
ments, etc., etc.
Il s’en faut de beaucoup que l’empereur de Maroc ait à sa dispositon
les forces qu’on lui suppose. Sa marine, loin de compter 24 bâtiments,
consiste tout au plusen trois ou quatre bricks quediverses circonstances
ont mis à sa disposition, et qui, en station depuis long-temps dans le
port de Larrache, sont sans doute hors d’état de prendre la mer. Ces
bricks ne seraient d’ailleurs montés que pardes hommes sans expérience,
qui n’ontjamais fréquentéles mers, et qui pouraller d’un port à un autre,
n’ont d’autre boussole que la côte. Quant aux troupes du Maroc, il faut
être peu au fait de ce qui se passe dans cet empire pour en avoir élevé
le nombre jusqu’à 50,000 hommes. L’empereur dont le seul système est
de diviser pour régner, a toujours besoin de son armée régulière, soit
pour maintenir autour de lui son autorité, soit pour se transporter dans
les provinces lorsque le cas l’exige.
Quant à bombarder Tanger et à bloquer les ports principaux de la
côte, il faudrait bien s’y résoudre si les circonstances l’exigeaient; mais,
ce ne serait pour la France qu’à la dernière extrémité , car les établis-
sements européens en seraient les premières victimes. La force de
l’empire de Maroc ne consiste pas dans ses ports de mer ; cette force
réside dans sa situation géographique et dans ses deux capitales, qui
sont situées dans l’intérieur des terres. L’histoire des Portugais, qui
ont jadis occupé tout le littoral, pourrait fournir des renseignements et.
des preuves à l’appui de cette vérité.
Une guerre avec le Maroc serait donc très onéreuse pour la France,
et la politique du gouvernement doit tendre à la prévenir.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
Séance du 28 mars. — présidence de m. ga.nxerox, vice-président.
A 2 heures et demie la séance est ouverte,
L’ordre du jour appelle un rapport de la commission des pétitions.
m. de goebérv, rapporteur. Des manufacturiers et propriétaires delà
ville de Rouen demandent une réduction des droits d’entrée établis sur
les houilles étrangères.
La commission propose le renvoi à M. le ministre du commerce.
Un membre représente que le haut prix des houilles étrangères et
indigènes a pour cause particulièrement l’élévation du prix de circula-
tion en France, l’abaissement des tarifs concédés aux compagnies de
canaux est le meilleur moyen d’obtenir la réduction désirée.
m. le ministre du commerce convient que les houilles étrangères ont
suivi depuis plusieurs années, une marche envahissante, cette marche
qui est favorable aux propriétaires de forges blesse évidemment les in-
térêts des concessionnaires de mines de houille françaises. L’industrie
indigène doit être protégée, aussi bien celle de l’exploita lion des mines
que celle des forges. Une loi de 1858 cherche à concilier ces intérêts op-
posés. Différentes zones ont été établies sur le littoral. Le ministre ne
s’oppose point au renvoi; si de nouvelles circonstances rendent néces-
saire un changement, l’administration les examinera.
m. Bignon (de la Loire-Inférieure) croit qu’une amélioration dans la lé-
gislation est indispensable. Il s’agit également d’une question finan-
cière et d’une question de circulation par les canaux; il appuie les con-
clusions de la commission.
m. le ministre des travacx publics croit que l’industrie des mines a
le plus grand besoin de protection.On n’a pas assez tenu compte de tous
les accidents et de tous les désavantages qui la dominent. La concur-
rence des charbons anglais et belges la ruine incessamment. L’incen-
die récent de Courmentry prouve les désastres qui la menacent journel-
lement. Les inondations ne sont pas pour elle un danger moins pressant.
La législation est récente ; on ne peut la changer continuellement.
m. grandis vote pourla réduction du droit, il est exagéré dans sa fixa-
tion et illégal, en ce sens, qu’il ne pèse pas également sur tous les con-
sommateurs.
m. lestiboudois demande l’ordre du jour.
Après une discussion à laquelle prennent encore part MM. Biltaudel,
Bignon, Fulchiron, M. le président du conseil a la parole.
La question est importante, dit M. Tniers, elle sera examinée. Le mi-
nistère ne s’occupe point du renvoi : il l’accepte à titre de renseigne-
ments et sans prendre d’engagements. — Le renvoi est prononcé.
— Par arrêté royal en date du 20 mars 1840, le sieur Auguste Moxliet
est nommé consul à Syngapore (Indes orientales). (Moniteur.)
— On écrit de La Haye, 29 mars : Nous apprenons que M.AnaniasWil-
linck est continué dans ses fonctions de directeur de la banque néer-
landaise. ____________________
Ails aux |!iTiu'iirs belges.
Il résulte d’un avis émané de l’administration néerlandaise de la
pêche, que les pêcheurs belges qui voudraient obtenir la concession de
parcelles de bancs artificiels de moules dans la partie néerlandaise de
l’Escaut occidental, devront s’adresser à cet effet, avant le 10 mai pro-
chain, au sieur Van Lindonck à Bath, délégué de la susdite commission.
On sait maintenant avec exactitude, quel a été le mouvement de la
consommation des grains étrangers en Angleterre pendant les deux
dernières années, et l’énormité des besoins auxquels il a fallu satis-
faire explique très bien le dérangement profondqui en est résulté dans
les rapports ordinaires de ce pays et l’influence que les prix des céréa-
les ont dû en ressentir partout.
En 1858 il a été importé en Angleterre 1,736,207 quarters de blé,
90,935 quarters d’autres grains et 292,947 quintaux de farine. En 1839,
l’importation a été de 2,634,556 quarters de blé, 1,667,233 quarters
d’autres grains et 844.000 quintaux de farine. Ensemble pour les deux
années : 4,570,565 quarters de blé, 1,758,168 quarters d’autres grains et
1,136,947 quintaux de farine.
Toutes ces quantités, à l’exception peut-être des arrivages qui ont eu
lieu dans les derniers mois, ont été mises en consommation et leur va-
leur, calculée à une moyenne très basse, atteint cependant 400 millions
de francs. C’est plus du”double des années réputées jusqu’ici les plus
désastreuses. Les importations de 1831 et 1832, pas plus que celles même
de 1817 et 1818, ne peuvent se comparer à celles-là, et la perturbation
qui s'en est suivie devait être d’autant plus grande, que de 1833 à 1837,
l’importation ou du moins la mise en consommation avait été presque
complètement nulle.
Dansles deux dernières années l’Angleterre a donc consommé plus de
quatre millions de quarters de blé étranger ; c’est plus que la Belgique
entière n’en consomme dans un an ; la totalité de sa production d’une
année importée en Angleterre, n’aurait donc pas suffi à combler le dé-
ficit.
Si l’on recherche ensuite quel grand nombre de navires ont dû être
employés au transport de tous ces grains, on voit qu’il en a fallu à con-
currence de près de treize cent mille tonneaux, c’est-à-dire un nombre
égal à tous ceux qui sont entrés dans le port d’Anvers depuis six ans.
Malgré la baisse progressive des droits et leur maintien prolongé au
taux de balance de un suelling le quarter pour le froment, la douane a
perçu en 1858, 188,315 liv. si. et en 1839, 1,116,882; ensemble plus de
1,300 mille livres ou 53 millions de francs.
AouvrSies diverses.
On écrit de Vienne, en date du 19 mars, à la Gazette universelle de
Leipsick :
K Notre chancellerie vient de proposer aux puissances pour termi-
ner les affaires d’Orient, la convocation d’un congrès de ministres à
Tœplitz pour l’été prochain, où se rendront, non-seulement le roi de
Prusse, mais aussi les empereurs de Russie et d’Autriche. Cette proposi-
tion a été, dit-on, favorablement accueillie. »
— Nous traduisons la nouvelle suivante, extraite de la Gazette d’Au-
gusta, datée de Rome, 10 mars.
L’incendie, arrivé ces jours-ci à la bibliothèque du Sacré Collége Ro-
main, a occasionné de grands et irréparables désastres. Le nombre
des manuscrits brûlés s’élève à 570, parmi lesquels il s’en trouvait 27
arabes, 53 écrits en langue persane et 6 en arménien. On comptait aussi
au nombre des manuscrits perdus une collection de drames écrits en
indou. De ces derniers il n’existe maintenant aucune copie en Europe.
L’incendie a dévoré aussi une grande quantité d’imprimés; on en
ignore le chiffre exact mais on l’estimeà 1,500. Parmi ces derniers on doit
regretter la précieuse collection des classiques, grecs et latins, léguée en
1535 au collége romain par le célèbre philologue Mureto. Ces ouvrages
contenaient en marge des observations manuscrites du célèbre littéra-
teur.
— On écrit de Boulogne sim, le 27 mars :
Le comte Léon, l’un des fils nat urels de Napoléon, dont tous les jour-
naux se sont occupés à l’occasion de son duel avec le prince Louis, vient
de passer à Boulogne. C’est un homme de petite taille, d’une assez forte
corpulence, et dans la physionomie duquel la curiosité se plaisait à
chercher quelque ressemblance avec legrand homme.
La semaine dernière les vents étaient tellement forts que plusieurs de
nos pécheurs qui se trouvaient sur les côtes d’Angleterre, ont perdu
quelques-uns de leurs hommes enlevés tout-à-coup par un coup de mer.
Il y avait parmi eux, entr’autres, le fils d’un capitaine qui, avant de
s’embarquer, venait de faire une demande en mariage qu’il devait
réaliser dans huit jours.
— Une terrible tempête, qui a commencé le 25 février au soir, et qui
a duré jusqu’au 28 au matin, à eu lieu à Syra. Des lames énormes ont
inondé le port et ont pénétré dans les bureaux de l’office de Santé avec
une inconcevable furie. Dans la nuit du 26 au 27, il s’était formé un nua-
ge d’une énorme étendue, et ayantl’apparence d’une trombe, qui après
s’être arrêté pendant quelque temps sur la crête des montagnes, s’est
résolu en torrents de pluie et a détruit trois maisons , sous les ruines
de l’une desquelles une mère et ses deux filles ont été ensevelies.
La terreur et la consternation étaient des plus grandes près du port,
où l’on craignait beaucoup de désastres pour les bâtiments qui y étaient
mouillés. Heureusement on n’a pas eu a déplorer de graves accidents
de ce genre. __________
Bruxelles, 30 mars. — M. le baron O’Sullivan de Grass, après avoir
passé à Bruxelles, avec sa femme, un congé de plusieurs mois, est re-
parti ces jours derniers pour Vienne, ou il reprendra ses fonctions de
ministre plénipotentiaire.
— Les commissaires belges chargés de procéder à la levée du séques-
tre sur les biens de la maison d’Orange, ont mis les commissaires néer-
landais en possession de toutes ces propriétés. Des procès-verbaux ont
été rédigés de part et d’autre et échangés. L’article 16 du t raité a donc
reçu sa pleine exécution.
— Par arrêté du 19 courant, le roi a nommé chevalier de l’Ordre
Léopold M. le chanoine J. J. de Smet, membre de l’Académie de Bru-
xelles et de la commission d’histoire.
A.WIIRS, 3» MARS. ,
Le 23 de ce mois, un enfant d’environ 8 ans, sujet au mal caduc, s’est
noyé dans un fossé de la commune de Casterlé.
— On a débarqué de la goélette belge Heine, 120 colis mécaniques,
destinés à une corderie de Hamme.
Document Iiistoriipie.
Le nom du général Vandersmissen a fait du bruit ces jours derniers.
La retraite du ministère, dont il a été l’occasion, ajoute à l’intérêt que
pourra inspirer ce document, qui d’ailleurs dévoile complètement la
conduite tenue à cette époque par l'Angleterre envers la France.
A S. G. le due de Wellington, feld-ma récital, etc.
« Paris, ce 26 janvier 1852.
ii Monseigneur.
u Ayant eu l’honneur de servir sous les ordres de votre seigneurie à
la bataille de Waterloo , comme major-commandant de l’armée belge,
de la 3e division, commandée par le lieutenant-général baron Chassé ,
j’ai de plus eu le bonheur d’attirer l’attention du lieutenant-général
lord Hill sur la belle conduite de ma brigade d’artillerie sur le champ
de bataille, dont il me témoigna son contentement dans les termes les
plus flatteurs pour moi. C’est donc avec confiance que je prends la li-
berté respectueuse de m’adresser à votre seigneurie pour lui commu-
niquer quelques renseignements sur les causes qui m’ont obligé de
quitter momentanément ma malheureuse patrie.
u Pendant mon séjour à Anvers comme gouverneur militaire de la
province, M. Ellerman, consul du Hanovre, vint me voir et me dire
qu’il avait à me faire des communications de la plus haute importance,
qu’il était en relation avec lord Ponsonby, ambassadeur d’Angleterre
à Bruxelles, et qu’il pouvait me donner l’assurance positive que ce lord
avait des instructions de son gouvernement pour favoriser autant que
possible la restauration de la maison d’Orange.M. le consul de Hanovre
ajoutait qu’il connaissai! mon attachement au roi Guillaume,et me met-
trait par conséquent, sans crainte d’être trahi par moi, en communica-
tion avec les chefs du parti orangiste, qui étaient prêts à coopérer au
mouvement, et qu’il comptait particulièrement sur moi pour rendre le
bonheur et la prospérité à mon pays, et le sauver de l’anarchie la plus
complète.
» Le25 mars dernier, MM. Stevensetle major Parys vinrent à cet effet
à Anvers, et me supplièrent de soutenir le mouvement combiné à Brux-
elles par tout ce qu’ily avait de plus respectable. Le baron d’Hoogvorst,
le comte du Ubàtel, le marquis de Trasegnies, et beaucoup d’autres per-
sonnes de la première distinction, s’étaient concertés à cet effet; tout
fut arrête et conclu. Le baron d’Hoogvorst était prêt à monter en voi-
ture pour m’assurer en personne de ces bonnes dispositions ; mais la-
crainte que son absence ne fût remarquée au congrès belge fut la seul
cause qui le faisait renoncer à ce voyage ; il m’envoya à sa place M. le
major Parys et le comte du Châtel pour me rendre compte de sa réso-
lution irrévocable de soutenir de tou te son influence le projet de restau-
ration.
>i Les officiers sous mes ordres voulant être parfaitement assurés du
message de ces messieurs, résolurent d’envoyer à Bruxelles 31. le major
Deys, aide-de-camp du général Nypels, dans le but d’avoir l’assurance
positive du baron d’Hoogvorst en personne, relativement à sa coopéra-
tion au mouvement orangiste. Cette assurance fut réitérée en présence
deces messieurs par ledit baron, et c’est alors que lord Ponsonby faisait
prier ces messieurs, par l’organe du baron d’Hoogvorst, d’attendre
quelques jours avant de marcher avec le corps d’armée d’Anvers sur
Bruxelles, pour des motif graves qu’il promettait d’envoyer par écrit le
lendemain.
u Les ordres pour marcher étaient donnés. Le secret était impossible
degarder plus long-temps,et c’est dans ce moment critique,où tant de
personnes recommandables et de la plus haute distinction se trouvaient
si gravement compromises pour le salut et la délivrance de leur patrie
de la plus affreuse anarchie, que lord Ponsomby répondait à la confi mee
que devait inspirer son caractère d’ambassadeur, par la plus affreuse
trahison.
» Il ne m’appartient pas, mylord, d’expliquer la politique du cabinet
anglais; mais il est incontestable que lord Ponsonby exploita, à son
profit, le mouvement orangiste que lui-même avait organisé. Les cinq
grandes puissances avaient renoncé à faire placer sur le trône de la
Belgique un membre des dynasties régnantes sur ces pays. Les relations
étroites de la famille du prince Léopold avec la famille royale d’Angle-
terre pouvaient donc être un motif légitime ;du cabinet francais de
faire exclure ce prince. Pour éviter toute discussion à cet égard, lord
Ponsonby s’est permis d’organiser une conspiration sérieuse en faveur
du roi Guillaume ou du prince d’Orange. Il connaissait l’attachement
généraldes classes respectablesdela Belgique pourla dynastie de Nassau.
Il n’avait donc rencontré aucune difficulté en faveur de son projet
de restauration, toutes les sommités civiles et militaires qui agissaient
conscieusement voulant arracher la Belgique des mains des intrigants
et des gens méprisables qui la gouvernent. Jour et heure étaient pris
pour faire marcher l’armée sur Bruxelles. Ç’aurait été une marche
triomphale; la garnison de Bruxelles et toute la population seraient ve-
nues a sa rencontre. Un commencement d’exécution avait eu lieu; et
c’est dans ce moment suprême que lord Ponsonby change d’avis, sacri-
fie tant de personnes de la plus haute distinction qui avaient eu con-
fiance dans sa loyauté et bonne foi, et annonce au ministre de France
qu’il. TENAIT LA RESTAURATION ENTRE SES MAINS, ET LUI LAISSAIT LE
choix entre elle et le i>rince léopold. Ce choix de la part de la
France ne fut pas douteux.
L’Angleterre avait menacé la France d’une guerre si on acceptait la
nomination du duc de Nemours au trône de la Belgique; il fallait donc
le danger d’une restauration imminente pour faire accepter un prince
anglais par la France. Il fut convenu que les membres du congrès se-
raient engagés de concert parles ministres d’Angleterre et de France à
ïe porter a une combinaison en faveur de Léopold afin d’éviter une res-
tauration ; et pour rendre ces messieurs plus complaisants, lord Pon-
sonby écrivit une lettre au gouvernement belge qui fut lue au congrès
afin de produire son effet, et dans laquelle il fil de si belles promesses
concernant les conditions de séparation qui seraient imposées à la Hol-
lande en cas d’élection du prince Léopold.
» On sait que cette lettre fut désavouée depuis par le ministère anglais.
« Connaissant l’intérêt que votre seigneurie prend au sort de ma mal-
heureuse patrie, j’ai cru demon devoir de vous faire connaître toute
cette affaire de la manière la plus véridique et la plus impartiale,
ii J’en ai été une des principales victimes, et prie votre seigneurie de
faire tel usage qu’elle jugera convenable.
a J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect, monseigneur, de
votre grâce le très humble et obéissant serviteur.
ii Le général baron Vandersmissen. »
VARIÉTÉ.
LE MARIAGE DES DEUX CHASSEURS.
Dans les environs de Courville il y a beaucoup de chasseurs;j’en con-
nais deux, entre autres, qui depuis le matin jusqu’au soir courent la
plaine ou les bois. C’était fort bien tant que vécut leur mère; au retour-
de la chasse ils trouvaient le souper cuit, la table mise, un bon feu, le lit
prêt; ils n’avaient d’autre souci que de se chauffer, manger, boire et
dormir.
Mais la pauvre femme mourut, et les deux frères, chaque soir en
rentrant trouvaient la chaumière bien froide et le garde-manger bien
sec. Lorsqu’on a couru toute la journée, il faut dîner, c’est le point né-
cessaire, et de plus, il faut dîner le plus tôt possible. Ils étaient obligé»
d’allumer le feu pour faire cuire leurs aliments, et de passer ainsi les
heures qu’ils auraient bien mieux employées à dormir.
— Marie-toi, dit l’un des frères.
—- C'est un conseil que j’allais te donner.
— Ta femme nous ferait la soupe.
— J’espérais cela de la tienne.
— Toi, Gaspard, tu es l’aîné, donne-moi l’exemple.
— Jacques, tu es plus jeune que moi, le mariage est le fait des jeunes
gens.
— Eh bien, marions-nous tous les deux.
— J’y consens; il n’y aura pas de jaloux.
— Nos femmes se tiendront compagnie, et quand nous rentrerons le
soir, nous ferons partie carrée.
— Ce sera drôle.
— Ma foi, oui.
— Et qui épouserons-nous ?
— Ali ! voilà l’histoire.
— Tiens, si lu veux, nous irons demander les deux filles du fermier
voisin. Je suis l’aîné, je prendrai l’aînée qui s’appelle Thérèse, et toi,
tu épouseras Catherine la cadette.
— Tope-là.
— C’est fait ; à demain ; bonsoir, frère.
— Bonsoir.
Quinze jours après les deux familles, en habits de fête, étaient réunies
pour la double noce. Les lièvres, les lapins, les perdrix, les chevreuils,
les sangliers du voisinage avaient été mis à contribution, ainsi que la
basse-cour du fermier-pour fournir les apprêts d’un superbe festin. Les
casseroles et les broches répandaient au loin une odeur suave capable
de tenter l’estomac le plus blasé. On se promettait d’officier en con-
science après la célébration du mariage.
— Gaspard N...., consentez-vous à prendre pour votre légitime
épouse Catherine N...., ici présente ?
— .Mais, monsieur, ce n’est pas Catherine, c’est Thérèse que j’épouse.
— Voyez les actes de publication, dit le maire au greffier :
« Il y a promesse de mariage entre Gaspard N.... et Catherine.... »
— Lisez l’autre.
•i II y a promesse de mariage entre Jacques N.et Thérèse N...a»
— Vol re greffier ne sait ce qu’il dit.
— Lisez vous-même.
— Oui, mais c’est lui qui a griffonné tout cela; il s’est trompé.
— Peu importe, l’acte est en bonne forme.
— Hé bien, monsieur le maire, changez les noms ; rayez, biffez, et
roariez-nous,
— C’est impossible, il faut de nouvelles publications.
— Et cela durera ?
— Dix jours, au moins.
— Et le dîner ?
— La loi n’empêche point de le manger.
— Allons, monsieur le maire, faites cela pour nous.
— Vous qui êtes si bon.
— Je suis votre fermier.
— Je suis votre tailleur, dit un invité.
— Je suis votre apothicaire, dit un autre.
— Vous devez sentir alors, dit le maire, que je dois me conformer à la
loi.Nous allons faire d’autres publications,et je marierai les deux couples
dans dixjours.
— Et notre diner! une si grande dépense ! Il faudra donc recommen-
cer?
— Rien ne vous y oblige. Dinez aujourd’hui, ce sera autant de fait.
— Ah ! ce serait beau, si le jour du mariage on ne recommençait pas.
— Vous aurez le droitde recommencer.
— Mais, croyez-vous qu’après avoir tué tant de gibier, nous aurons
l’occasion d’en attraper encore autant ?
— Cela ne me regarde pas. J’exécute la loi; elle est pour tout le
monde.
— Comment ! vous , monsieur le maire , qui avez tant d’esprit, vous
ne trouvez point un petit moyen pour que notre dîner serve a quelque
chose, sans que nous soyions obligés de faire encore de si grands frais ?
Et puis nos parents et amis qui sont venus de tous les points du dépar-
tement, il faudra qu’ils s’en retournent chez eux pour revenir encore.
Voyons, tâchez d’arranger cela pour le mieux.
— Un moyen ! Il y en a un bien simple. Si Gaspard veut é do user Ca-
therine, si Jacques veut épouser Thérèse, dans un quart-d’neure tout
sera terminé.
— Qu’en dis-tu, Jacques?
— Et toi, Gaspard?
— Cela m’est égal.
— A moi aussi.
— Et toi, Catherine ?
— Dam ! ce dîner serait perdu.
— Et toi, Thérèse ?
— Tant de fricot qui ne servirait à rien !
— Consentez-vous tous les quatre ? dit le maire !
— Oui, oui, oui, oui.
Les deux couples furent mariés, et le diner ne fut pas perdu.
Pliwc d'An verts , 30 mars.
CAFE. — II s'est traité samedi soir environ 550 balles St-Domingue
à prix tenu secret.
GOMMES. — Li copale mandée est recherchée à cause de sa rareté;
les 30 caisses reçues de Boston par Maria Thercsia ont trouve ache-
teur à prix tenu secret.
RIZ.l— Il s’est traité 185 sacs Caroline triage à f. 8 lj4 et 200 sacs Java
à f. 7 5j4. — Des offres paraissent aussi avoir été faites pour le charge-
ment du navire Emma Theresia de Charleston.
SALPETRE. — On vient de réaliser les 250 sacsSalpêtrebrut importés
récemment de Boston, mais le prix payé n’est point rapporté.
TABAC. — Nous avons à mentionner la vente de 2 séries du charge-
ment Saladin, soit 142 boucauts Virginie. Le prix n’est pas positive-
ment connu, mais on le dit soutenu. |