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Le Nouveau Palais de Justice
DE BRUXELLES
La critique est aisée et l’art est difficile.
(Destouches)
Aucun voyageur arrivant à Bruxelles par la route du Midi ne
peut réprimer un mouvement d’étonnement à la vue d’un ensem-
ble imposant de constructions qui s’élevant et s’étageant à mi-côte
domine la ville et semble vouloir l’absorber. Peu à peu cette masse
se subdivise et à travers une forêt d’échafaudages se dégagent les
façades imposantes aux silhouettes vigoureusement accentuées du
nouveau Palais de Justice de Bruxelles.
Il est, croyons-nous, peu de constructions au monde,qui vues à
distance puissent inspirer un aussi profond sentiment de force, de
grandeur et de majesté. Les Grecs habiles dans l’art d’asseoir un
monument, de lui donner un cadre qui le rehausse,qui le grandisse,
n’auraient certes point désavoué l’artiste habile à qui la Belgique
est redevable de cette magistrale conception.
Dans notre siècle matériel avant tout l’on s’est cru obligé de tout
réglementer, de tout uniformiser. Le respect de la nature, le sen-
timent du pittoresque si bien compris par les artistes anciens ou
du moyen-âge, ont fait place souvent à une froide monotonie, à
une dénivellation générale. Doit-on bâtir une ville ou un quartier,
l’on aura soin d’en faire un vaste damier aussi plat que possible.
Doit-on élever un monument, l’édilité, souvent et disons-le à re-
gret,l’architecte, quelquefois, l’établiront dans une situation défec-
tueuse, sans se préoccuper de la position du monument, par
rapport à ce qui l’entoure, sans tenir compte du caractère de
grandeur ou d’originalité que l’on pourrait donner tout naturelle-
ment à l’œuvre projetée. Nous pourrions en citer bien des exemples
en la bonne ville de Bruxelles.
Pour le Palais de Justice heureusement l’on a été mieux inspiré.
Etabli à l’extrémité de la rue de la Régence et dans la partie haute
de celle-ci, le temple de Thémis occupe l’emplacement des anciens
jardins de Monsieur le comte de Mérode, d’une partie du triste
quartier de la ville connu sous le nom de Marottes et enfin d’une
vaste fabrique de produits chimiques. Tout ce terrain de plus de.
trois hectares de superficie présente des différences de niveau
considérables, des déclivités allant de l’avant à l’arrière et du côté
gauche au côté droit du monument. Tout cela eût été pour bien
des architectes une cause de difficultés et même le motif de violentes
réclamations. Pour eux l’on eût amené un monde de terrassiers,
Ton eût égalisé le terrain et sur cette surface bien horizontale ils
eussent élevé un monument bien régulier d’après les meilleures
règles de Vignole et de son école.
Monsieur l’architecte Poelaert au contraire a vu dans cet état
de choses le moyen de donner à son œuvre une base pittoresque,
grandiose, mouvementée comme la nature et par suite au monu-
ment une ampleur de proportions qui peut-être, comme nous
pourrons le constater plus tard, a quelque peu nui à l’œuvre même.
Profitant habilement de ces différences de niveau, de cette
situation sur le versant d’une colline, l’architecte a imaginé
une succession de rampes qui partant du point le plus bas situé
rue des Minimes vont, en contournant la face latérale de droite du
monument puis celle de derrière et enfin celle de gauche, rejoindre
la vaste place établie en avant de la façade principale.
La différence de niveau entre cette place et la rue des Minimes
n’étant pas moindre de 17 mètres il en est résulté la possibilité
d’établir un immense soubassement, dans lequel ont pu prendre
facilement place deux étages de grandes proportions. Sur cette
base de plus de 300 mètres de longueur et 17 de hauteur il
fallait évidemment un édifice de proportions grandioses, aux pro-
fils vigoureux et vivement accentués, aux saillies puissantes.
C’est ce que l’artiste a compris mais dont il a, à notre avis, outre-
passé l’expression.
Si Ton se rapproche du monument ce sentiment de grandeur
s’accentue davantage ; tout autour de soi par contraste semble
prendre des proportions mesquines et si après avoir mesuré du
regard les dimensions du palais, si après s’être pénétré du senti-
ment, du caractère de l’œuvre les yeux se reportent sur ce qui
rappelle l’homme, un sentiment de doute, d’effroi même vous en-
vahit ; la nature humaine s’efface, se rapetisse, devient infime, la
création a tué le créateur ! !.......................................
Là est l’écueil ; là est le vice inhérent à toute œuvre architectu-
rale d’où Ton a proscrit l’échelle humaine.
Voyez nos sublimes cathédrales ogivales, mesurez des yeux la
hauteur de nos tours, de nos beffrois du moyen-âge ; contemplez
par exemple le palais communal de Jean Van Ruysbroeck, ce
sentiment de crainte que nous signalions tantôt ne se produira
point : le spectateur partout et toujours retrouvera la main de
celui qui a conçu l’édifice ; l’homme ici se sentira grandir, le mo-
nument grandira avec lui et c’est avec orgueil et Pâme rayonnante
qu’il s’écriera : Ceci est mon œuvre.
C’est d’ailleurs une impression analogue à celle que Ton res-
sent à la vue du Palais de Justice de Bruxelles, qui envahit le
voyageur visitant pour la première fois Tune des plus gigantes-
ques conceptions humaines. Nous voulons parler de l’église de
Saint-Pierre de Rome. En pénétrant dans le temple, au lieu du
monument immense que l’on vous avait annoncé, vous êtes sur-
pris de ne concevoir qu’un édifice de proportions relativement
petites, semble-t-il ; mais approchez, voyez là-bas dans le loin-
tain ces quelques fidèles qui glissent et semblent égarés au fond
du temple : touchez de la main ces anges de marbre dont les
doigts ont l’épaisseur de votre bras et qui tantôt vous parais-
saient de taille ordinaire ; alors seulement l’œuvre de Bramante,de
Michel-Ange et de Fontana vous paraîtra grande et vous sentirez
l’immensité de ce vaisseau ; il n’en restera pas moins en vous un
sentiment de déception que difficilement vous pourrez combattre
et dont vous sentirez l’influence pendant votre visite.
Comme nous le disions tantôt, le Palais de Justice de Bruxelles
frappe l’imagination par la grandeur des proportions et cependant
lorsque Ton veut apprécier les dimensions de l’œuvre l’on est
presque toujours en dessous de la réalité. Lorsqu’on vous dira que
les colonnes du péristyle ont 1 m. 80 de diamètre à la base ; que
le portique (nous ne pouvons dire la porte) sur la rue de la Ré-
gence a 12 mètres de largeur sur 25 de hauteur (c’est-à-dire les
dimensions de la façade d’un hôtel) vous n’y croirez pas ; et
comme saint Thomas, vous voudrez y porter la main armée cette
fois d’un modeste mètre qui, lui, froidement et d’une manière
mécanique vous ramènera à la réalité. Ici encore après avoir
amoindri l’homme, le monument paraîtra plus petit qu’il ne l’est
réellement.
Ce n’est pas là, croyons-nous, le but que doit atteindre l’archi-
tecte ; nous pensons qu’en architecture, il vaut mieux faire paraî-
tre grand ce qui est petit, que petit ce qui est grand.
Que dans un monument élevé à la gloire du Créateur, que
pour rappeler une action éclatante ou rendre hommage à un gé-
nie l’on fasse abstraction de l’échelle humaine, cela peut encore
être admis. L’on conçoit en effet que les architectes grecs aient
donné à quelques-uns de leurs temples d’aussi vastes proportions
comme au temple de Jupiter Olympien, à Gergenti dont les dimen-
sions, au dire des voyageurs, sont telles qu’un homme peut se
tenir debout dans chaque cannelure. Lorsque le moyen-âge
élevait ses inimitables édifices et donnait par exemple au chœur de
la cathédrale de Cologne de hauteur ou que Jean Dcthuin
concevait une tour de 192 mètres d’élévation pour l’église de
Sainte-Waudru à Mons, l’homme voulait glorifier la Divinité et
s’élever avec elle. Que la France, dans un sentiment d’orgueil,
ait donné à l’arc de triomphe de l’Etoile d’aussi grandes propor-
tions, rappelant ainsi l’étendue de ses victoires, passe encore.Mais
que pour un monument d’utilité publique comme l’est un palais de
justice, que pour un édifice dans lequel l’homme doit vivre, se
mouvoir, accomplir mille travaux appropriés à sa nature, Ton soit
tombé dans cette même exagération, c’est ce que tout esprit ra-
tionnel, nous semble-t-il, ne peut admettre.
L’on conçoit d’ailleurs que l’architecte appelé à tout instant à sa-
tisfaire une des mille exigences du programme qui lui est imposé
se heurte souvent à des difficultés quelquefois insurmontables, et
souvent son esprit plus artiste que pratique sacrifiera les nécessi-
tés des services aux lignes et au caractère de son œuvre.
Ici des fenêtres énormes éclairent des locaux beaucoup trop
grands pour l’usage auquel ils sont destinés. Plus loin la pondé-
ration des pleins et des vides en façade laissent dans l’ombre et
quelquefois dans une profonde obscurité certains locaux impor-
tants. Là, de vastes salles ne recevront de jour qu’indirectement
par de véritables soupiraux de caves placés au niveau du plafond
de la salle. Souvent la symétrie ou la beauté du plan nécessiteront
la construction de galeries inutiles ou obscures. Là enfin l’archi-
tecte ne disposant pas de matériaux assez puissants pour fermer
certaines parties mentira à son œuvre en employant des matériaux
auxquels il donnera un aspect tout différent de leur nature mais
ressemblant alors à ceux qu’il aurait dû employer.
Tous ces défauts malheureusement vous les retrouverez dans
cette vaste conception de Monsieur Poelaert.
Voyez cette colonnade de si beau caractère qui forme le fond de
la façade principale. Les colonnes qui la constituent supportent la
plus triste construction que nous ayons jamais vue dans un monu-
ment de cette importance : des poutrelles en fer laminé reliées par
de petites voussettes en briques vont de l’un à l’autre chapiteau;
plus tard toute cette combinaison sera égalisée par quelques mor-
ceaux de bois et le tout proprement plafonné imitera la pierre à s’y
méprendre; mais hélas, pour bien peu de temps. N’est-il pas triste
d’avoir ici recours à de pareils expédients et de mentir ainsi.
Comme ligne, comme profil, comme silhouette, ce péristyle est
admirable mais son étendue, ses dimensions nous paraissent exa-
gérées ; la foule dans un palais de justice n’est jamais assez grande
pour qu’une telle construction ne paraisse déserte quatre-vingt-
dix fois sur cent.
A droite et à gauche de cette colonnade sont établis deux
immenses vestibules carrossables, vestibules qu’il fallait évi-
demment mettre en rapport avec ce qui les entoure ; on leur
a donné des dimensions telles que vingt voitures au moins peuvent
ensemble s’y tenir à l’aise. L’on a oublié que généralement il
n’y a que les accusés qui se font conduire en voiture dans le tem-
ple de Thémis. Ajoutons-y quelques juges, chez qui L’âge et les
infirmités nécessitent l’emploi de véhicules, mais avouez que ce
confort imposé aux uns et accordé aux autres est assez onéreux.
N’eût-il pas mieux valu employer cet argent aussi follement dé-
pensé à la substitution de matériaux durables, aux tristes expé-
dients, au honteux plafonnage qui doit recouvrir toutes vos galeries
de si nobles proportions, à votre salle des Pas-perdus si fastueuse
d’aspect mais si pauvre de construction et de santé.
Au centre de ce monument s’élève cette salle des Pas-perdus,
salle plus grande que bien des cathédrales, d’une hauteur qui donne
le vertige et entourée de galeries immenses superposées qui,
nous le craignons fort, paraîtront bien désertes.
Notons simplement en passant que cette salle, en y comprenant
deux grands escaliers doubles placés à droite et à gauche ainsi
que les galeries qui entourent le tout, occupe un espace de 74m
de longueur sur 40 de largeur (4440 mètres carrés). C’est la
superficie de l’église de Ste-Gudule y comprises ses tours, ses cha-
pelles, ses sacristies, etc. ! ! ....
Il n’est pas possible actuellement de formuler une appréciation
exacte au sujet de la valeur artistique de cette partie importante
du palais. Toutefois les travaux sont assez avancés pour que Ton
puisse dès maintenant en analyser grosso modo le système de
construction adopté.
Ne croyez pas que ce dôme superbe conçu par l’architecte et
qui doit s’élever si fièrement dans les airs soit posé là naturelle-
ment, dirons-nous. Ne croyez pas qu’étant à l’intérieur de cette
construction vous puissiez de la base au sommet, pierre par pierre,
analyser la marche de la construction, suivre le développement
progressif de la pensée de l’artiste. Non.
Voici comment il a été procédé pour l’édification de cette partie
importante du palais, faisant ainsi peu de cas des propriétés natu-
relles, des matériaux mis à la disposition du constructeur :
Au centre de la salle quatre piles d’une hauleur énorme mais d’une
section relativement faible et entièrement construites en pierres
bleues de Soignies seront reliées par des soffites de 18 à 20 mètres
de portée,mais qui auront l’aspect de la pierre. Sur toute cette fer-
raille proprement plâtrée, sur ce mensonge artistique s’élèvera
une construction superbe de trente, quarante, cinquante mètres de
hauteur peut-être, assez semblable à un phare que des ingénieurs
inconscients auraient établi sur un banc de sable.
Il est inutile de vous dire que pour arriver à ce résultat, l’on
s’est empressé d’appeler à l’aide la métallurgie belge dans la per-
sonne d’un de ses plus habiles ingénieurs et ces soffites ne seront
en somme que d’immenses longerons de fer qui reporteront la
charge du dôme sur les quatre piles centrales et qui iront de plus
péniblement et à l’aide de véritables subterfuges chercher d’au-
tres points d’appui sur les piles et murs divisant et clôturant la
salle des Pas-perdus.
Mais alors vous qui avez conçu ce palais vous n’aviez point prévu
cette immense coupole! vous n’avez point procedé rationnellement
comme le fesait le maître de l’œuvre du moyen-âge qui fixait
définitivement la forme, les dimensions, les profils des voûtes do
sa cathédrale avant d’en arrêter la base, comme le firent plus
récemment les architectes de la Renaissance : Brunelleschi pour
le dôme de Florence, Bramante pour celui de St-Pierre de Rome,
le chevalier Wren pour St-Paul de Londres, Mansard pour le
dôme des Invalides à Paris.
Dans toutes ces œuvres qui peuvent servir de modèles rien n’a
été abandonné au hasard ; quand on jetait les fondements de
l’édifice on savait comment on voulait le terminer et les piliers du
dôme étaient établis en vue de ce résultat final, et de la base au
sommet la construction suivait une marche logique.
Peut-être me répondrez-vous qu’ils ne possédaient point
comme nous les matériaux métalliques dont nous pouvons disposer
aujourd’hui et qu’alors!...
Soyez persuadé au contraire qu’ils n’auraient point procedé
autrement qu’ils ne l’ont fait ou qu’employant le fer comme
moyen de construction, comme soutien ils l’auraient franchement
indiqué.
Il a d’ailleurs été fait dans ce monument un emploi vraiment
abusif du fer sous toutes ses formes. D’un côté, comme nous ve-
nons de le dire, il se trouve interposé entre des maçonneries qui
en bonne construction devraient être réunies par des matériaux de
même nature; plus loin il supportera tout un plafond, auquel on
donnera toutes espèces d’aspect sauf celui du fer ; plus haut au-
dessus de la salle de la cour d’assises, par exemple, d’immenses
longerons de 0,80 de haut serviront d’ancrage entre deux murs
alors que de simples tirants n’ayant que le centième du poids em-
ployé suffiraient.
Le hors d’échelle que nous avons signalé se retrouve d’ailleurs
partout. Nous citerons comme preuve presque tous les escaliers
de service du palais construits entièrement en pierres bleues. On
leur a donné de grandes dimensions et soit pour en augmenter
l’effet soit par fantaisie l’appareil est tel que l’escalier tout en-
tier de la base au sommet se maintient par lui-même sans noyau
ni limon. Mais ici encore on a oublié que ce qui était possible
pour un escalier de lm de largeur ne l’était plus lorsque les
marches atteignaient 2 et 3 mètres. Aussi tous sont-ils complète-
ment disloqués et l’on a dû pour éviter des malheurs les étançonner
du haut en bas. Nous signalerons encore les difficultés que l’on a
rencontrées pour établir les coins saillants des grandes corniches
des façades qui n’ont pas moins de 1m .50 de saillie.
Revenons à la salle des Pas-perdus. Près de celle-ci, à gauche,
sont disposées quelques salles pour le tribunal civil ou de première
instance ainsi que leurs locaux accessoires. A droite trois salles
d’audience civiles ou correctionnelles. Enfin, au fond, on trouve
la salle de la Cour d’Assises précédée d’une vaste antichambre et
placée directement au-dessus de la Haute cour militaire.
Nous louerons beaucoup la disposition générale de ce rez-de-
chaussée principal : tous les services sont bien à leur place, reliés
les uns aux autres par des galeries nombreuses, trop nombreuses
peut-être, faciles et généralement bien éclairées. Huit cours, deux
petiles, quatre moyennes et deux grandes, d’un superbe carac-
tère, d’une disposition et d’une originalité vraiment remarquables
éclairent les cinq grandes salles d’audience et les locaux acces-
soires du fond du Palais. Vers cette dernière partie se trouvent
placés les services du procureur-général, des juges d’instruction,
du parquet, etc... (A continuer)
Ch. N.
JURISPRUDENCE
HONORAIRES DE L’ARCHITECTE.
Aucune disposition légale ne règle le chiffre des honoraires qui
peuvent être réclamés par un architecte à un propriétaire, pour
prix de son travail, quand l’architecte n’a pas pris la précaution
de traiter à forfait, ou de stipuler son prix d’avance.
Cette précaution est fort utile et peut toujours épargner des
difficultés judiciaires, ou autres, entre les parties contractantes. Il
arrive très-fréquemment que le propriétaire, qui au commencement
de la construction était tout disposé à rémunérer largement l’ar-
tiste dont dépendra la solidité et la beauté de son bâtiment, ne se
résigne plus qu’en rechignant à lui payer un salaire mérité, après
avoir dû régler tous les comptes de fournitures et d’entreprise qui
régulièrement dépassent ses prévisions.
Mais enfin, en l’absence de cette stipulation, faut-il bien régler
d’une façon certaine la rémunération de l’artiste.
Un avis du conseil des bâtiments civils du 12 pluviose an VIII
fixe à 5 0/0 du montant des travaux, l’honoraire des architectes
pour les constructions de l’Etat.
Cette réglementation a été d’abord adoptée par les communes
et les différents établissements publics en France; et puis appli-
quée en forme d’usage dans les rapports des architectes avec les
particuliers, à défaut de convention contraire.
Le même usage commence à être suivi en Belgique, et à être
appliqué par les tribunaux.
Voici en résumé le principe invoqué et appliqué par trois juge-
ments du tribunal civil d’Anvers, en date des 21 et 26 mars et
17 mai 1873 :
Le tribunal considère comme étant de droit la rémunération de
50/0 ci-dessus mentionnée; mais elle n’est acquise que pour des
travaux terminés, vérifiés et agréés, et doit être réduite quand il
reste encore, comme dans l’espèce, quelques petits travaux dont
l’architecte n’aurait pas même fourni les profils.
(Voir encore l’Emulation 1ère année N°s 7 et 12, col. 37 et 67).
Il n’y a pour ainsi dire plus de doute aujourd’hui sur l’usage en
question, qui remplace avantageusement l’ancienne habitude des
tribunaux de faire dans tous les cas expertiser la valeur du travail
des architectes, source de frais, de difficultés et de retards sans
nombre.
Nous examinerons prochainement en détail l’application du prin-
cipe et la division de ces 5 0/0 en proportion des devoirs remplis
par l’architecte. De G.
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