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UE PRECURSEUR, Mercredi 6 Janvier ISIS,
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ÉTAT COMME SSCI ASj
DE LA PLACE D’AMSTERDAM PENDANT 1840.
Cafés : Le commencement de l'année s’est fait remarquer par un
calme complet dans les affaires commerciales ; il ne restait plus à cette
époque d’ordres de l’année précédente, et pour la spéculation il ne se
manifestait pas la moindre disposition, aussi les prix se maintenaient-ils
difficilement et le Java ord s’obtenait à 31 c.; pourtant à la lin de
janvier on reçut quelques ordres, et tout ce qui fut au marché, trouva
à se placer.
En février furent annoncées les ventes publiques de la Société de
Commerce des Pays-Bas, qui se composèrent de pins de 330,UOO balles
et 3,000 barriques ; l’influenceque cette annonce exerçait sur le marché
fut d’abord défavorable ; les prix se soutinrent, mais à l’exception de
quelques ordres de l’Angleterre, les transactions furent insignifiantes;
pour la consommation, on ne pouvait pas se procurer le nécessaire au-
dessous de 32 c. Quelques jours avant l’ouverture des ventes publiques
de Rotterdam, les prix éprouvèrent une baisse de 1 l[2à 2 c. Après le ré-
sultat des ventes d’Amsterdam,par suite desquelles la cote éprouva une
légère diminution, le marché subit quelque fermeté, et pour divers lots
on offrit une petite avance. A cette période, la valeur réelle du Chéribon
ord. était de 50 c. quoique ce ne fut pas sans peine qu’on s’en procura
à ce taux.
A la fin du mois de mars, le marché devint plus ferme; les marques
choisies se vendaient à une avance de i|2 c. sur les prix des ventes pu-
bliques; toutefois cet état d’activité n était pas de durée, car à la fin
d’avril, il n’y avait plus occasion de placer à 20 c.
Le mois de mai s’est signalé par une parfaite inactivité, et il n’y avait
de la demande qu’à fort bas prix. —En juin, ta position de cette denrée
éprouva de nouveau quelque amélioration, de manière que les bonnes
qualités ne furent plus offertes aux prix des ventes publiques; plusieurs
ordres restèrent inexécutables à 28 1[2 c. Mais cette amélioration ne fut
également pas constante, car la disposition de traiter diminua peu à
peu, jusqu’à ce qu’à la fin il fut impossible d’acheter à 28 c.; les prix
restèrent à la baisse et vers la mi-juillet il ne se fit plus d’affaires, voire
même à 27 li2 c
Le mois suivant, la Société de Commerce fit annoncer ses ventes pu-
bliques, consistant en environ 330,000 balles et 5,000 biques, qui, de
même qu’au printemps, n’amenèrent pas de nouvelle baisse, et le
marché resta, tant dans l’attente du résultat des ventes, que par suite
des circonstances politiques, dans un état tout-à-fait nominal. Lors-
qu’on septembre 1 époque des ventes fut arrivée, il se témoigna un dé-
sir général de traiter, aussi toute cette masse de 550,000 balles, se réa-
lisa coulamment en moins de 5 heures. Comme de coutume après des
transactions aussi considérables, le marché devint animé, et on se mon-
trait difficile à céder, à moins de n’allouer une avance de 1 à 2 c. Le
Chéribon ordinaire s’estimait 28 c.
Au commencement du mois d’octobre, les affaires redevinrentcalmes;
et on fit des difficultés pour accorder les prix mentionnés plus haut ;
mais à cause des affaires politiques, il se montrait bientôt à I étranger,
surtout en France eten Belgique, une bonne disposition à la spéculation,
ce qui ne laissa point d’influer sur notre marché. Les parties disponibles
trouvèrent preneurs à 28 c.
Pendant novembre, la situation des cafés est restée active ; les lots
qui s’étaient vendus aux enchères à 26 1|2, se payèrent au commence-
ment du mois 29 c., et nonobstant les prix qui se soutinrent jusqu’à la
fin de l’année à ce taux, le marché reprit insensiblement son calme, et il
ne se traita plus que pour les stricts besoins de la consommation.
Les cafés Surinam ont été exposés au marché au mois de mai; cette
qualité a éprouvé ia même indifférence. Le premier chargement s'est
écoulé successivement de 6 à 8 5(8; les subséquents ont trouvé à se
placer de gré à gré à meilleurs prix. Un renfort qui nous est parvenu
en août par l' Amphitrite, s’est vendu de 6 1[2 à 8 1[2, et tout ce qui fut
présenté au marché dans l’arrrière-saison, a trouvé preneurs à pleins
prix. — De Brésil, il a été importé au printemps 5,000 balles par Isabelia,
qui se sont réalisées coulamment de 27 à 27 1)2 c. ; plus tard on a fait
3,000 balles St.-Domingue à 27 c. et 2,200 do Brésil de 27 1[2 à 55 c, ; de
cette dernière sorte on a reçu en juin par navire Proven environ 2,800
balles, que l’on a payées de 25 à 26 c.
Etat comparatif des prix au 1er janvier des années 1840 et 1841 (en
descriptions hollandaises) :
1” janvier 1840. — 1" janvier 1841.
Java ordinair
» groenachtig
» blank
» geelachtig
» ligt geel
» hoog geel
» brun
Sumatra
28 l[2 à 29 c.
29 ‘
50
31 1[2
34
59
43
25 1 [2
a 50 c.
à 51 c.
à 53 c.
à 55 c.
à 41 c.
à 45 c.
à 26 c.
31 à 52
52 1;2 à 53 1|4
32 Q2 à 54 1|2
36 a o7
37 à 40
41 à 42
45 à 44
27 Q2 à 28 1 [2
Relevé des arrivages et approvisionnements des six dernières an-
nées :
IMPORTATIONS AVOIR
Années. balles. biques. au 1"-janvier.
1855 289,006 426 150,000
1856 259,087 664 152,000
1837 534,874 971 118,000
1838 588,602 1363 95.000
1839 412,775 2554 102,000
1840 514,785 5511 130,000
Au Dr janvier de cette année, l’approvisionnement'en premières
mains comportait 160,000 balles.
Thés : Les impoïtationsde 1840 se sont montées à deux cargaisons de
Canton, une de Batavia et diverses petites parties; il s’est vendu dans le
courant de l’année 14,950[4 caisses; l’approvisionnement en premières
mains au Dr janvier était de 6,26)[4 c. : consistant en 4290i4 c. Congo,
50 c. Pecco, 560 c. Tonkay, 150 c. Hysanschin, 90 c. Uxim,, 780 c. Hysaq
et SOU c. Joosjes. Le stock en seconde main, quoique difficile à préciser,
s’élèvera à environ OOOOpl c. — Généralement parlant, les prix des thés
noirs ont été à la hausse; au printemps il s’est effectué quelques lots
pour l’Angleterre; mais à l’arrivée du Cunton-Packet, il s’est manifesté
I de l’insouciance, insouciance qui a restreint les ventes publiques des
29avril et 26 mai; mais bientôt les besoins se firent sentir,et il se déclara
quelque recherche pour la spéculation ; les parties retenues en vente
publique, se sont écoulées après de gré à gré et ont passé plus tard eq
troisième main. — Les qualités vertes, surtout les moindres, ont parti-
cipé dans la hausse. — Les prix se raisonnent actuellement comme suit :
Boey 155 à 160 c.; Congo el Souchori 170 à 175: Pecco 250 à 400; Hysans-
chin 150 à 180; Tonkay 160 à 185; Hysan commun 190 à 200; Uxim com-
mun 170 à 175; Joosjes 210 à 500 c.
Potasse : Les importations, quoique de quelques sortes, (surtout des
Pétersbourg) en majeure partie en transit, ont été plus considérables
que l’année écoulée.— Un état comparatif des 4 dernières années, donne
le résultat suivant :
Années. Futailles. Années. Futailles.
1837 12,928 1859 4,501)
4838 7,683 1840 7,100
Notre avoir actuel comporte environ 500 futailles Toscane, qui ont
obtenu f. 16 consommation, et plus de 500 futailles Pétersbourg, à pren-
dre à f. 15 1[4. — Il nous est arrivé aussi 500 tonnes Védasse de Danzig.
— Les prix qui au commencement de l’année rétrogradèrent un peu,
se sont plus tard, non-seulement rétablis, mais élevés au-dessus de la
cote ordinaire, essentiellement les potasses d’Amérique, ayant haussé
les derniers mois de f. 1 1]2 à 2, et valant aujourd’hui de f. 18 à 18 1[2,
sans provision. (La suite au prochain numéro.)
Karcliês.
TERMONDE, 4 janvier. — Grains et graines : Froment blanc par sac
de Termonde. fl. 14à 13-10; Id. rouge 13-15 à 13; Seigle 8-5 à 7-15; Avoine
6 à 5-12; Huile de Colza, par aime compt. 68 112 ; Ici. de Lin 55; ld. de
Chanvre 54 à 54 114; Graine de Colza, par sac 20 à 21 ; ld. de Lin 16 à 17;
Tourt. de Colza, par 1215 kilos 110 à 112; ld. de Lin 160 à 170.
AMSTERSTAM, 4 janvier. — Revue de la semaine. — Cafés : Cette
fève est restée calme pendant la huitaine écoulée, quoique les prix se
soient bien soutenus; iln’y a de la demande qu’àfortbas prix;on aoffert
vainement 28 1[2 cts pour Java ord.
Sucres : Sans affaires ; les prix des bruts et raffinés séjournent dans
un état nominal.
Coton : Le marché est un peu plus ferme, par suite de la meilleure
tournure que prennent les marchés étrangers; les qualités d’Amérique
jouissent de quelque recherche à un bas taux ; mais à moins de ne se
soumettre à une avance de 1 cts, il est difficile d’acheter.
HAMBOURG, 31 déc. — Revue de la semaine. - Cafés : N’ont pas ré-
trogradé ; l’opinion reste favorable sur cet article.
Sucre brut : N’a pas varié.
Crains : En froment, à livrer au printemps, il s'est traité 124-125 liv.
Mecklenbourg à 100 rd. ; 128 1. d° à 115 rd., et 130 1. Saal à 119 rd.
HAVRE, 51 déc. — Fin de la revue de la semaine. — Riz : Au com-
mencement de la semaine, on a encore connu la vente de 512 tierçons
et 40 1[2 tierçons Caroline, marchandise bon ordinaire, à fr. 24, acq.
— Cette affaire, et la précédente faite la semaine dernière, ont été trai-
tées pour les besoins du gouvernement. - En riz Caroline nouveau,
quelques lots sont proposés sur place à livrer. On demande générale-
ment fr. 29 pour qualité riz nouveau glacé; les offres portent jusqu’ici
defr. 27 à 28, suivant la beauté des riz proposés. Quelques échantillons
ont été vue qui représentent de la belle et bonne marchandise. — Rien
n’a encore été traité. — Le Switzerland, qui est entré ce soir de Char-
leston. a à bord, dit-on, environ 250 tierçons. Il en est attendu environ
600 tierçons.
Fanons de bai,fine: Cet article est décidément en faveur. Les avis re-
çus des Etats-Unis les annoncent en hausse, et il en existait fort peu.—
Nous avons eu de la demande pour la consommation, et cette semaine
il s’est traité, en divers lois, 25,000 kil., provenant de pêche américaine,
dans les prix suivants : 6,000 kilog. ordinaire, de fr. 155 75 à 155; 12,000
kil., bonne marchandise, de fr. 156 25 à 157 50, et 7,000 kilog., belle mar-
chandise, à fr. 169 acq. Les prix restent bien tenus, et les vendeurs
manifestent de plus hautes prétentions.— On vient de traiter en outre,
par spéculation, environ25,000 kilog., de pèche française, attendus par
les navires baleiniers Asia, Salamandre et Duc-d’OrléânS, partis en 1839,
au prix de fr. 150, acq. — Toutes ces affaires donnent une bonne atti-
tude à l’article.
Huile : Celle de baleine se maintient, bien que la demande reste faible.
On a pris 25,000 kilog. huile blonde à fr. 51 75. La brune vaut fr. 31 50.
Dans les huiles de morue, 60 fûts ont été traités à fr. 40 50 acq.
Suifs: Les prix parraissent se raffermir un peu pour les suifs de
Russie. — 35 ffits disponibles ontéié payés au commencement de la se-
maine à fr. 64 50 depuis lors on en a recherché encore à ce prix, mais
les détenteurs se sont roidis sur leurs prétentions.
Potasse et Perlasse : La potasse d’Amérique reste mieux tenue de-
puis les derniers avis des Etats-Unis , qui la cotent en hausse, mais les
acheteurs ne paraissent pas disposés à dépasser le prix de fr. 45. — 25
barils première sorte, provenant de revente, ont été traités à ce prix.
— La perlasse est peu pemandée, bien qu’il n’y en ait que peu sur pla-
ce. Les cours de fr. 59 est aujourd’hui nominal, et les offres n’ont lieu
qu’au dessous de ce prix. — Le paq. kmerald , arrivé de New-York, a
importé 94 barils potasse et 84 barils perlasse.
Indigos : Par continuation, nous n’avons aucune vente à signaler
dans cette teinture, et les prix sont tout-à-fait nominaux.
PARTIE MARITIME.
§âssii»lreg,
FLESSINGUE, 4 janvier. — Le brick français Adolphe e. krat, échoué
hier sous Ranuiiekens, n’a pas été renfloué de cette marée. On procède
depuis ce matin au transbordement de son chargement de vin pour
aviser au renflouement.
POOLE, 3 janvier. — Le navire danois Helçna, c. Breckvvoldt, parti de
Londres pour Celte, a été coulé à fond dans la nuit du 3. décembre der-
nier à 8 ni. au large de Portland, par le navire Albert-Scott; l’équipage
a été sauvé et conduit ici.
— Le navire anglais Neptune, parti de Valparaiso pour Liverpool, son
port d’armement, a élé rencontré le 19 décembre avec perte de son gou-
vernail en lat. 1D50’ N, et 19° long. O. et comptant 135 jours de mer.
PARA, 51 oct. — Le navire français Nantonnier, c. Le Brun, arrivé le
13 c* de Marseille à Maranham, s’est perdu le 18 c’ dans sa traversée de
Maranham à ce port; l’équipage est sauvé.
— D’après des lettres de l'Ile Maurice, du 2 octobre, le c, Jurgensen,
du brick belge Charles, parti deSingapoor p. Anvers, annonce sa relâche
forcée sous la date du 10 septembre p. voie d’eau par suite d’avoir touché
sur un bas fond, en sortant du détroit de Banca; ia cargaison, au départ
de la lettre, se trouvait déjà à terre, et on disposait le tout pour virer
ep quille, afin de lever le cuivre pour étancher la voie d’eau, que l’ou
supposait exister dans la rablure.
— L’arrivée du 5 mâts holl. Abel Tasman, c. Zeylstra, sur rade de
Rio-Janeiro en date du 16oct.,est la suite d’une relâche forcée pour-
voie d’eau,dans son voyage d’Amsterdam à Batavia. D’après des lettres,
du 17 octobre la cargaison devait être débarquée pour virer en quille,aûif
de lever le doublage en cuivre, pour étancher la voie d’eau.
îfcoasveilles «Se cnaes*.
TEXEL, 4 janvier. V. S.-O. — Wilhelmina-en-Maria, c. Atkes, de Suri-
nam; Everhart, c.Haager, de Baltimore ; Hubert-Cornelis, c. Hendriks,
de Bayonne; Goede-Hoop, c. De Jong, de Bordeaux; Alkmaar, c.Zeeven,
de dito; Udonia, c.Tersteeg, de dilo; Dorp-Gaasfmeer, de Londres.
LONDRES, 4 janvier. — Du Dr et 2, En charge : Union, c. Disney, p,
Amsterdam ; Coinmerce-Packef et Commerce, p. Rotterdam.
Déclarés à la sortie : Kezia, c. Spencer, p. Anvers ; Diana Henrietta,
c. Hietman, p. Hambourg.
GRAVESEND, 3 janvier. — Départs : le brick belge Deux Sœurs, c.
Cornelissen, pour Anvers; City of Hamburgh (v.), p. Hambourg.
RAMSGATE, 3 janvier. — Au large : la goélette prussienne Sophie,
c. Fischer, ail. de Dundee à Malaga.
DEAL,5 janv.—Passé en vue. Jacoba, c.DeGroot,de Trieste p.Rotterd,
COWES, 3 janvier.— Du Dr courant, Entré en relâche : New-York. c.
Watcher, ail. de New-York à Brème; Théodore Korner, c. Brangemann,
de Batavia, p. Rotterdam; Anna, c. karling, de Baltimore, p. Brême.
Arr. à ordre : Alfred, c. Cuiverwell, de la Havane ; Rhode-lsland, c,
Burgess, de Virginie; Domaille, c. Crescent, de Rio-Janeiro; Francis-
Jeffrey, de dito.
Départ du 2 janvier : la goélette belge Léopold Dr, c. Garling, allant
d’Alexandrie (Egypte), à Anvers.
PORSTMOUTH, 5 janvier. — Entrés en relâche pour vents contraires :
le 5 mâts holl. Nederlanden, c. Post, de Batavia, a fait voile le 8 septem-
bre en compagnie des navires Orion, c. Vanderlinden; Theodore-Maxi-
miliam, c. Sandman et Delta, c. Cranz, p. Amsterdam.
Le c.Post dit que3jours après avoir doublé le Cap de Bonne Espéran-
ce ila rencontré le 3 m. holl, Adelaar, e.Voilée, parti deBatavia p. Rott,
BOSTON, 2janvier V. N.-O.— Arr.: Diligent, e. Sobbel, de Dunkerque.
LIVERPOOL, 5 janv. V. O.-N.-O. — Arr. du D : Fréderick-Willianf
III, de Dantzig; Van Nyvelt, c. Van Dyk, de Harlingue,
Du 2, déclarée à la sortie : la goélette belge Mary, c. Grass, p. Ostende.
SWANAGE, 5 janv. — Du 2, au large : le brick Fredriklce-Louise, de
Rio-Janeiro, p. Hambourg.
SANDGATE, 2 janvier. — Au large : le navire holl. Anna-Gertruida ,
c. de Boer, de Batavia p. Amsterd., et Flora, c. Tobbens, de Bord.p. Rot,
PLYMOUTH, 51 déc. - Départs : les navires belge Providentia, c,
de Graeve, p. Anvers; Eclipse, c. Muylîaert, et Auguste, c. Vankerkho-
ven, p. Ostende.
EXMOUTH, 2 janvier. V. N.-O. — Au large: Aroy, c. Toogood, de
M ontevideo.
FALMOUTH, 2 janvier. — Dép. : Clyde, c. Matches, p. Amsterdam.
MARSEILLE, 51 décembre. — Navires expédiés : le kof holl. Clasina,
c. Fyn. p. Rotterdam; Egide, c. tlomon, pour le Havre.
Départ du 30 : le brick suédois, Albion, c. Svensen. pour Rio-Janeiro,
En charge : Victoria, c. Snerken, et Betty, c. Schmidt, pour Anvers;
Pairia,c. Holst, p. Hambourg; Cornelis, c. Mellema, p. Rotterdam.
NEW-FOUNDLAND,12 déc.—Arr.:du 11 oct.,Fanny,e.Hallettd’Anvers
MARANHAM,21 oct.—Ait. du 16 : Ërnilio, c. Leraislre, de cette; du 17,
Johanua,c. Clausen, de Hambourg.
RIO-JANEIRO, 17 oct. — Navires en charge : le brick belge Adèle, c,
Cornelissen, p. Anvers; le br. prussien Diamant, p. Hambourg; et les
navires Harriet; Mary et Elof, p. Cowes; les navires français Speeulator,,
c. Biest; Achille, c. Lemieux; Nçuslrie-Tronde, p. le Havre.
— Le nav. Forrester, c., appartenant au port d’Anvers est arrivé à
Rio-Janeiro. le 17 octobre, venant de Hambourg.
MONTEVIDEO, 24 sept. — Dép. du 18 : Hellen, p, Hambourg; du 24,
Charlotta, p. la Havane, et Niord, p. Marseille.
S.'«-HELENE, 14 nov. — Arr. : du 25 oct. Jeannette,c. Philipjqe de
Batavia et a fait route le 26 p. Amsterdam ; du 26, Margaretta, c. Bar-
Chain, de dito, et a fait route le 28 p. Londres; du 12 nov. Nederlanden;
c. Post, et a faitroute le même jour pour Amsterdam; Macassar,c. Stru-
ber. de Batavia p. Rotterdam} Wilhelm I", et Orion, deBatavia.
— Le 3 mâts barque holl. Margaretha, parti de Batavia pour Londres
a été rencontré le 13 novembre en (ait. 8» N- et 20» long. O.
— Le navire Commerce parti de Rio-Janeiro pour IeHâvre a été ren-
contré le 25 décembre en latt. 48» N. et C» long.
Six longs mois s’étaient écoulés depuis la première visite : on attei-
gnait à la mi-octobre. Depuis quelque temps les lettres venaient plus
rares ; une fois, deux fois, il s’était présenté sans en trouver. Il avait
peine à y croire. A la seconde fois, déjà sortiàdemi, il revint sur ses pas,
et insista pour qu’on voulût bien chercher encore. Elle le fit pour le sa-
tisfaire, sachant elle-même trop bien le résultat; elle apporta le paquet
entier des lettres restantes sur la petite tablette en dedans de la grille,
et là tous deux penchés, dans leur inquiétude si diverse, suivaient une
à une les adresses ; leurs têtes s’effleuraient presque à travers les bar-
reaux ; mais même ce jour-!à il n'eut pas l’idée de franchir la porte tout
à côté pour chercher plus près d’elle, aveeelle.
La pauvre mère sommeillait-elle alors ? Elle se taisait dans son fau-
teuil du fond, et palpitait à en mourir autant que sa chère enfant. Que
faire ? Plus souffrante depuis quelques jours, elle était dans une pres-
que impuissance de se lever. Un mouvement brusque eût éclairé sa fille,
l’eût avertie qu’elle s’était trahie, eût pour ainsi dire donné de l’air à
cet incendie secret qui autrement, toute issue fermée, avait chance de
S’étouffer peut-être. La sage mère s’en flattait encore, et elle contint au
dedans toute pensée.
Une troisième fois il revint, et il n’y avait pas de lettres davantage. II
insista de nouveau, lui si convenable toujours, comme un homme que
l’inquiétude égare un peu, et qui ne prend pas garde de dissimuler ;
elle, au milieu de la chambre, debout, plus pâle que lui, répondait par
monosyllabes sans comprendre, lorsque tout à coup, nepouvant soute-
nir une lutte si inégale, elle se sentitchaneeler, fit un geste comme pour
se prendre à la grille,ettomba évanouie. La mère, qui, dès le commen-
cement, n’avait rien perdu de ce trouble, s’arrachant précipitamment
de son siège, où la clouait jusque-là la douleur, et essayant de soulever
la défaillante : « Oh ! monsieur ! s’écriait-elle elle-même égarée, ma pau-
vre fille ! qu’enavez-vous fait ? Quoi ! monsieur..., vous ne devinez pas?»
Il s’était avancé pourtant, il avait franchi la grille, et était entré dans la
petite chambre pour la première fois, — trop tard !
Bien souvent, entre les sentiments humains qui se pourraient com-
prendre et satisfaire dans un mutuel bonheur, il y a pour obstacle....
quoi ? Ni muraille, ni cloison, ni grille de fer, mais upe simple grille de
bois comme ici, et en tr’ou verte encore, et on regarde à travers, et on ne
devine pas, et on meurt ou on laisse mourir !
Christel reprit ses sens avec lenteur ; elle vil, en rouvrant les yeux,
Hervé près d’elle, comme s’il eût attendu son retour à la vie, et elle ré-
pondit à ce premier regard par un indéfinissable sourire. Il revint tous
les jours suivants; il ne demanda plus (Je leLtres, et il n’en vint plus (du
moins de cette main-là).
Un singulier et touchant concert tacite s’établit entre ces trois êtres.
Nulle explication ne fut demandée ni donnée. La mère ne parla point
en particulier à sa fille. Hervé, attentif et discret, vint, revint, et s’y
trou va naturellement assis, chaque après-midi, pour delongues heures. II
apprécia, dès qu’il y euttourné son regard, ces deux personnes si dis-
tinguées, si nobles vraiment. La faiblesse de Christel continuait; la pà-
Jeur et le froid du marbre n’avaient pas quitté ses joues ; seulement elle
souriait désormais, et ses yeux, d’un bleu plus céleste, semblaient re-
mercier d’un bonheur. Son mal réel l’obligeant àgarder le repos, on ne
se tenait plus dans la pièce du devant; une personne qu’Hervé avait in-
diquée, une ancienne femme de charge , capable el. sûre, y passait le
jour à des conditions modiques, et, tout en suivantson travail d’aiguille,
répondait aux venants. C'était dans une chambre du fond, proche de
celle de Madame M..., qu’on vivait retiré. La fenêtre donnait sur un pe-
tit jardin dont le mur, très bas et assez éloigné, laissait voir au-delà,
bien loin, les prairies et les collines, mais toutes dépouillées; c’était
maintenant l’hiver. Que cette chambre ij’iiiie Simple et virginale élé-
fance, qu’ornaient, en un coin, le portrait du père, et, au-dessous, la
arpe (hélas ! trop muette) de Christel, eût élé agréable et riante l’été,
devant celte nature bocagère, près de ces liôies chéris’ Hervé se le di-
sait pour la première fois aux premières neiges.
La dure saison ne fut cependant pas dénuée pour eux d’intimes dou-
ceurs; sans s’interroger, ils se racontaient insensiblement leur vie jus-
que-là, et elle se rejoignait par mille points. Oh! souvent, combien d’iles
charmantes et variées à ce confluent des souvenirs! Hervé et Christel
n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes , de s’en
expliquer la source et le cours :
On s’est toujours connu, du moment que l’on aime,
a dit un poète; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des
découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour
parjourdece nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminis-
cences légères d’une ancienne partie et à ces songes d’or retrouvés du
berceau. En peu de temps ils mirent ainsi bien du passé dans leur
amour. La famille d’Hervé avait des alliances en Allemagne; lui-même
en savait parfaitement la langue. Quelle joie pour Christel, quel atten-
drissement pour la mère de s’y rencontrer avec lui comme en un coin
libre et vaste de la forêt des aïeux! La petite bibliothèque de Christel
possédait quelques livres favoris, venus de là-bas par sa mère; il leur
en lisait parfois, une ode de Klopstock, quelque poème de Matthisson,
une littérature allemande déjà un peu vieille, mais élevée et cordiale
toujours. Un livre alors tout nouveau, et qu’il leur avait apporté, en-
chanta fréquemment les heures, c’était les méditations poétiques. Plus
d’une fois, en lisant ces élégies d’un deuil si mélodieux, il dut s’arrêter
par le trop d’émotion et comme sous l’éclair soudain d’une allusion
douloureuse. Cette harpe immobile dans un angle de la chambre attirait
aussi son regard, et il eût désiré que Christel y touchât; mais la fai-
blesse de la jeune fille ne le lui eût pas permis sans une extrême fatigue.
On se disait que ce serait pour le printemps, et qu elle le saluerait d’un
chant plus joyeux après tant de silence. Us eurent ainsi des soirs de
bonheur, sans rien presser, sans trop prévoir.
Hervé, certes, aimait Christel : l’aimait-il de véritable amour, c’est-à-
dire de ce qui n’est ni voulu ni motivé, de ce qui n’est ni la reconnais-
sance, ni la compassion, ni même l’appréciation profonde, raisonnnée
et sentie de tous les mérites et de toutes les grâces ? Car l’amour ensoi
n’est rien de tout cela, et, en de certains moments étranges, il s’en pas-:
serait. Je n’ose affirmer tout-à-fait pour Hervé:mais il l’aimait avec
tendresse, i| la chérissait plus qu’une sœur ; et il est certain que, dès le
second jour de cette intimité, il agita de naturels, de délicats et loyaux
projets. Mieux il connut madame M... et ses origines, et moins il prévit
d’obstacles insurmontables à ses désirs danssa propre famille à lui.Bien
des fois déjà les propositions d’avenir avaient erré sur ses lèvres, et la
seule timidité, cette pudeur de touteaffection sincère,avait fait ses pa-
roles moins précises qu’il n’aurait voulu. Un soir qu’on avait plus lon-
guement causé de guérison et d’espérance, qu’on avait projeté pour
Christel des promenades à cheval au printemps, qu’on s’était promis de,
se diriger sur les domaines d’Hervé, vers un bois surtout de hêtres sé-
culaires qu’avaient habité les fées de son enfance, et dont il aimait à
vanter la royale beauté, il crut le moment propice, et, après quelques
mots sur sa mère, à laquelle il avait parlé, disait-il, de cette visite dési-
rée : « Il est temps, ajouta-t-il d’un ton marqué, qu’elle connaisse celle
qui lui vient. » Christel tressaillit et l’arrêta ; ce fut un simple geste, un
signe de tète accompagné d’un coup-d’œil au ciel, le tout si résigné, si
reconnaissant, si négatif à la fois, avec un sourire si pâli, et dans un
sentimentsi profond et si manifeste du néant de pareilsprojets à l’égard
d’une malade comme elle, que la mèrenàvrée ne put qu’échanger avec
Hervé un lent regard noyé de larmes.
Le printemps revenait; avril, dès le malin, perçait avec sa pointe
égayée, el les rayons autour des bourgeons, et les oiseaux à la vitre, se
jouaient comme au jour où Christel, il y avait juste un an, avait remar-
qué les lettres fatales pour ia première fois. L’horizon champêtre du
petit salon s’arrangeait au loin déjà vert, et présageait peu à peu l’om-
brage et les fleurs. Christel ne quittait plus cette chambre; on y avait
placé à un bout son lit si modeste, qui, sans rideaux, sous un châle
jeté, paraissait à peine. Elle se levait pourtant, et restait sur sa chaise
toute l’après-midi et les soirs comme auparavant, Malgré sa faiblesse
croissante, depuis quelques jours, elle semblait mieux; je ne sais quel
mouvement de physionomie et de regard, plus de couleur à ses joues,
avaient l’air de vouloir annoncerl’influence heureuse de la jeune saison,
Hervé se disait qu’il fallait croire, ses discours aussi le disaient, et de-
puis deux heures, aux rayons du soleil baissant, on parlait de l’avenir.
Christel s’était prêtée à l’illusion et en avait tiré parti pour tracer à
Hervé, avec un détail rempli tout bas de vœux et de conseils, une viq
de bonheur et de vertu,où lui, qui l’écoutait, la supposait active et pré-
sente en personne, mais oû elle se savait d’avance absente, excepté (.yen
haut et pour le bénir : « Vous vivrez beaucoup dans vos terres, lui di-
sait-elle; Paris et le monde ne vous rappelleront pas trop : il y a tant à
faire autour de soi pour le bien le plus durable et le plus sûr! Vous
prendrez garde à toutes ces haines de là-bas, et vous lâcherez surtout
de concilier ici. » fit ia famille, et les enfants, elle venait aussi à en par-
ler, et embellissait par eux les devoirs : « Us auront les mêmes fées que
vous sous vos mêmes ombrages. « Hervé n’essayait plus ffe compren-
dre,il nageait dans une sainte joie; lejour tombant et de si franches pa-
roles l’enhardissaient; il exprima nettement ce désir prochain d'union,
et cette fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop at-
tendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre. IJ
avait fini, lorsqu'il vit dans l’ombre une main qui s’avançait comme
pour chercher la sienne; il la donna et sentit qu’après une trembj tnte
étreinte, celle de Christel ne se retirait qu’après lui avoir remis celle
même de sa mère. Un long silence d’émotion suivit; le jour était tout |
fait tombé;on s’entendait qu’un soupir. Après un certain temps, tout
d’un coup la domestique entra, sans qu’on l’eût appelée, apportant un
flambeau : mais la brusque lumière éclaira d’abord le front blanc (Je
Christel renversée en arrière, et ses yeux calmes à jamais endormis.
Dès le lendemain, Hervé emmena la mère et la conduisit au château
de sa famille, où tous les égards délicats, et desa part un soin vraiment
Alliai, l’environnèrent. Ce ne fut pas pour long-temps, et, avant la fin
du prochain automne, elle avait rejoint, sous les premières feuille»
tombantes du cimetière, l’unique trésor qu'elle avait perdu.
Et qu’est devenu Hervé ? Oh ! ceci importe moins. Léÿhomme# mèm*
les meilleurs souvent, et les plus sensibles, ont tant de ressources en
eux, tant de successives jeunesses! 11 a souffert; niais il a continué d*
vivre. Le monde l’a reprjs; les passions politiques l’ont distrait, peut-être
aussi d’autres passions de cœur, sj ce p in est pas profaner le nqm que
de l’appliquer a-des attraits si passagers. Quoi qu’il soit devenu, et quoi
qu’il fasse, il se ressouvient éternellement du moins de cette divin*
douleur de jeune fille, et. à ses bons et plus graves moments, sous cette
neige déjà quele bel âge enfui a laissée par places à son front,il et) fait
(e refuge secret de ses plus pures tristesses, et la source Ja plus sûre
encore de ce qui lui reste d’inspirations désintéressées
— n C’est trop vrai, dit alors une jeune et belje femme, et déjà éprou,
vée, qui avait écouté jusque-là en silence toute cette histoire; ô hom-
mes, combien vous faut-il dope ainsi de ces existences cueillies en pask
sant pour vous tresser un souvenir ? s
SAINTK-BEÇYS: |