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I&48, N. 8
A.M VE IIS. Saiitedl fc Jaut ier.
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ON S’ABONNE :
A Anvers au bureau du Précur-
seur , bourse Anglaise , N° 1010
en Belgique et à l’étranger chez
tous les Directeursdes Postes.
Journal Politique, Commercial, Maritime et Littéraire,
PAIX.
LIBERTÉ. — PROGRÈS
ABONNEMENT PAR TRIMESTRE.
Pour Anvers. 15fr.;pourla pror
vince 1Kt'r.;pourréliangér 20 fiû
Insertions 25centimes la ligne.
Réclames 50 • »
S janvier.
Conseil Communal. — Séance du 7 janvier.
Voici ce qui a présenté quelque intérêt dans cette séance :
M. Oostendorp a annoncé que le rapport sur le projet de
créer une université commerciale et industrielle à Anvers, se-
rait présenté la semaine prochaine.
Au grand étonnement d’une partie de l’assemblée, on a vu
ensuite resurgir la question du kiosque de la Pépinière, ques-
tion qui a entraîné une si grande dépense de paroles, depuis
qu'elle a été soulevée, et que l’on pouvait à bon droit considé-
rer comme définitivement réglée.
Il s’agissait tout simplement du cahier des charges, pour
exécuter un plan adopté par le Conseil. Peu s'en est fallu qu’à
ce propos, on n’en revînt au point où l’on était, il y a deux ou
trois ans, et qu’on ne reprît les choses ab ovo. C’eût été assez
l’avis de M. le bourgmestre, mais plusieurs conseillers, parmi
lesquels nous citerons MM Van Pelt, Smets et Van Havre, ont
fait comprendre qu’il était bien temps d’en finir, qu’il ne s’a-
gissait plus de nouveaux plans, mais tout simplement de sou-
mettre un cahier des charges à l’examen, puis, d’en discuter
les conditions, sauf à les rejeter ou à les approuver, eu y ap-
portant telles modifications que l’on jugerait convenables.
C’est cette opinion qui a prévalu et le cahier des charges a
été renvoyé à la commission des travaux publics.
M. Van Havre a lu un rapport sur l’amélioration delà pro-
menade des glacis. Les conclusions tendaient, si ce n’est à les
faire opérer immédiatement, au moyen du macadamisage, du
moins à ce que le principe en fût posé , de manière à ce que
cette entreprise figurât au budget de 1849.
L’ajournement a été demandé et prononcé à une assez
grande majorité, mais avec invitation, sur la demande de
M. Cateaux-Watlel, défaire des essais de différents systèmes,
afin de s’arrêter ultérieurement à celui qui présentera le plus
d’économie réelle et de garantie, quant à la durée, des doutes
ayant été élevés sur celle du macadamisage
M. le bourgmestre a donné lecture d’un rapport fait, au nom
du College, sur les statues qui doivent orner la rotonde du
théâtre. Ce rapport contient des révélations assez curieuses.
11 y a trois années environ, la proposition fut faite de placer
des statues en terre cuite qui auraient été galvanisées par un
procédé dont M. Michiels devait faire l’application, à un prix
qui n’était pas encore déterminé.
Le conseil de l’Académie Royale, consulté sur cette ques-
tion, crut, dans sa sagesse, pouvoir donner un avis favorable et
décider qu’un essai serait fait. Seul alçrs, M. Geefs fut d'un
avis contraire, soutint que la chose en elle-même n’était pas
bonne, que l’essai ne produirait rien que l’on pût approuver,
que les statues en terre cuite galvanisée coûteraient fort cher,
sans offrir des garanties de stabilité et de durée. Il offrait
d’exécuter en pierre deFrance chaque statue au prix de 900
fr. et de fournir le premier modèle pour 500.
Le rapport du collège est venu prouver hier que M. Geefs
avait eu parfaitement raison, car après trois ansd’attente, voici
le résultat que l’on a obtenu : Les essais eu terre cuite n’ont
rien produit que l’on puisse utiliser, pour l’ornementation du
théâtre, et quand il s’est agi de savoir combien coûterait l’ap-
plication du galvanisme, M. Michiels a déclaré à la régence
qu’il ne pouvait s’en charger à moins de 5,500 francs, 3,000
francs au minimum, par chaquestatue. De manière que la seule
galvanisation de deux statues aurait coûté plus cher que l’exé-
cution de toutes celles que IM. Geefs proposait d’entreprendre
et de placer. C’était vraiment, on l’avouera, du luxe pour de
la terre cuite. Ainsi, après avoir perdu du temps et de l’argent,
la question en est revenue à son point de départ, Le Collége a
été chargé de faire une proposition à ce sujet.
La question des calles flouantes pour la visite et la réparation
des navires, dont nous nous sommes occupé récemment a été
renvoyée à l’examen du Collége, qui s’adjoindra une commis-
sion composée de trois membres. Le rapport devra être pré-
senté dans un bref délai et nous ne doutons nullement qu’il
soit favorable, tant les avantages d’un établissement de cette
nature sont évidents.
Enfin est venue la question des assurances par l’Etat.
M. de Baillet a lu le rapport de la commission chargée d’exa-
ntiner la demande d’intervention en leur faveur, près du gou-
vernement, adressée à l’autorité communale par les assureurs
d’Anvers.
L’honorable rapporteur a fait ressortir avec beaucoup de
chaleur le préjudice qui résulterait, en particulier pour notre
ville, de la réalisation des desseins conçus parM. Malou. Les
conclusions qu’il a prises ont été, comme bien on pense, de
tout point favorables à la pétition des compagnies, et pas une
voix ne s’est élevée à l’encontre ; seulement, et c’est notre opi-
nion aussi, plusieurs membres du conseil, notamment MM.
Werbrouck-Pieters et Pièron ont pensé, contrairement à l’o-
pinion de M. de Baillet, que ce n’était point l’intérêt particu-
lier d’Anvers qu’il convenait de mettre en première ligne, mais
bien l’intérêt général ; qu’il ne fallait pas faire de celte ques-
tion une question en quelque sorte purement anversoise, mais
une question publique.
Sans prendre aucune décision formelle à cet égard, le con-
seil a chargé le college de rédiger, de concert avec la commis-
sion au nom de laquelle le rapport a été fait et M. Werbrouck-
Pieters, une pétition qui sera adressée au gouvernement, pour
le détourner de donner suite au projet, encore inconnu d’ail-
leurs, de M. Malou. Celte pétition sera présentée le plus tôt
possible.
veau réglement ; il aurait vu que cet arrêté royal a été signé le
7 juillet 1847 et qu’il est contresigné Malou.
M Veydt n’est donc pour rien dans cette affaire. 11 lui reste
seulement à réparer le mal qu’a fait son prédécesseur. CVst un
devoir pour lui, et nous espérons qu’il le remplira, en fesant
droit aux justes observations qui lui seront adressées. Nous
lui en soumettrons pour notre part quelques-unes dans un arti-
cle que nous publierons demain.
On se rappelle qu’une pétition fut adressée, il y a quelque temps, à
la Chambre des Représentants, avec la signature contrefaite d’un ré-
dacteur du Précurseur d’Auvers. Il parait que l’on ne recule pas de-
vant ce nouveau moyen de calomnie, qui vient d’être mis en œuvre à
l’égard de M. Ein. Van Hoorebeke. Le soi-disant correspondant du
Nouvelliste des Flandres s’est occupé plusieurs fois de M. Van Hoorebeke
en parlant desa candidature aux fonctions de commissaire d’arrondis-
sement de Roulers; or. cette prétendue candidature était un nouveau
mensonge du journal catholique. Voici, en effet, un extrait de la lettre
adressée à ce sujet par M. Van Hoorebeke à l'impartial de llruges ■
» Il y a deux jours (2 janvier), je reçus de M. le ministre de l’intérieur
une lettre, écrite en réponse à une autre lettre datée du 50 décembre,
celle-ci portait au bas, ma signature, imitée par unemain assez habile.
— Grande fut ma su prise,— je n’avais pas écrit à M. le ministre de l'in-
térieur ni le 50. ni la veille, ni même depuis son avènement au minis-
tère. — La lettre du 30 rappelait sommairement la demandeque j’avais
faite, disait-elle, pour la place de commissaire d’arrondissement de
Roulers; el cette place , je ne l’avais jamaissollicitée, ni verbalement
ni par écrit Tout s’élail borné à une démarche faite spontanément au-
près de moi par quelques personnes notables de Roulers.
» La lettre écrite à la date du 30 décembre et adressée à M Rogier,
était l’œuvre d’un faussaire. Je me transportai immédiatement à l'hô-
tel du ministère de l'intérieur, n’ayant pas eu l’honneur d’y rencon-
trer M Rogier, je lui laissai par écrit une protestation contre l’indi-
gne manœuvre qui avait surpris sa religion et dont j’étais victime. —
Feu d’instants après. M Rogier, qui avait pris connaissance du dés-
aveu,me fil parvenir la lettre fabriquée et portant ma signature fausse.
— Je déposai tout aussitôt plainte entre les mains du procureur du
roi.
» Ce n’est pas tout, Monsieur, deux jours avant l’envoi de celle lettre
fausse, on adressait au ministère de l’intérieur un écrit anonyme dans
lequel l’auteur me prêle des propos ridicules eten même temps odieux.
» Mettez, je vous prie. Monsieur, ces faits en rapport avec ceux qui
se sont passés récemment au sujet d’une pétition portant la signature
fausse du rédacteur du Précurseur, et vous conviendrez avec moi qu’il
est temps d’appeler l’atleulion de la police sur les misérables qui ex-
ploitent cette lâcheté d’un nouveau genre. »
Le Ministre de l’intérieur a reçu des autorités compélentes un rap-
port très favorable sur l’état de l’école industrielle de Gand, pendant
l’année scolaire 1816 1847.
Le nombre des inscriptions aux diverscours s’est élevé à plus de 400.
Comme les années précédentes, la majorité des élèves appartenaient
aux arts de construction; les arts mécaniques en ont fourni également
un grand nombre aux cours flamands, les cours français oui compté,
outre les élèves appartenant aux diverses industries, un certain nom-
bre d’auditeurs exerçant des professions libres. [Moniteur.)
Denrées alimentaires. — Mouvement commercial.
Du l»' au 5 janvier 1848 il est entré , au port d’Anvers , 8 navires
chargés, en totalité ou en partie, de denrées alimentaires.
Les importations effectuées s’élèvent à ;
Froment, .......................... 390.930 kii.
Seigle. ........................... 203.300
Orge................................ 88.200
Fèves............................... 36,000
Avoine............................ —
Farines.............—
Riz................................ 384,940
Total ...... 1,103,370 kil.’
Le tableau suivant indique les quantités entreposées, mises en con-
sommation ou déclarées en transit, du t" au 5 janvier courant.
DCXRÉES.
En entrepôt Entreposées Sorties du l»>au 5 janv.
au
31 décemb.
Froment.. 9.209 820
Seigle... 7,262.389
du 1'
au 5 janv.
55,198
Orge .
Fèves ....
Avoine...
Farines ..
Riz......
95,455
228.366
»
595 857
154,647
17,537,534
53,198
P. la cous. P.le transit.
172.429 »
52,782 »
225,211
PORTUGAL.
(Par voie d‘ Angleterre )
Nous avons reçu par dépêche télégraphique des nouvelles de Lis-
bonne jusqu’au 31 décembre, apportées à Southampton par le steamer
le Jupiter Elles nous apprennent que la reine a réintégré les deux Ca-
brai comme conseillers privés. On croit que José sera envoyé à l’am-
bassade du Brésil et son père Costa à celle de Paris. Mais ils ne reste-
resteront l’un et l’autre que peu de temps à ces postes respectifs et re-
viendront faire partie du ministère. Le peuple doit être désarmé et
pour cela on autorisera des visites domiciliaires.Lesenrôlements forcés
ont occasionné de graves désordres. [Express.)
Le Journal du Commerce publiait hier un article contre le
régime auquel les entrepôts sont soumis depuis le lr janvier
1848. Il fesait fort bien en cela ; nous en avons fait et nous en
ferons encore tout autant pour notre part, mais nous dou-
tons qu’il ait parlé de cette question avec connaissance de
cause suffisante, car il ne s’est pas aperçu qu’en blâmant M.
Veydt, ses coups portaient à faux et tombaient bel et bien sur
le dos de son cher M. Malou, ce modèle des ministres. Il lui
était cependant bien facile de ne pas commettre cette méprise
lâcheuse pour lui et pour son héros; il n’avait qu’à consulter
la date de l’arrêté royal qui décrète la mise en vigueur du nou-
KOI VKMiEü D’ITAHE,
Rome, 51 décembre. — Le parti jésuitique essaie en vain de regagner
le terrain perdu, par les manœuvres ténébreuses qui lui sont propres,
et il déploie une activité sans exemple. Mais nous ne sommes plus aux
temps où on les croyait sur parole, et à Rome le peuple commence à
raisonner, à discerner les amis des ennemis, les bons des mauvais
conseillers.
Ainsi, la politique des RR. PP. est dévoilée, en dépit de l’habileté
qu’ils déploient à cacher les moyens dont ils se servent pour accom-
plir leurs desseins. On a tout lieu de croire que les jésuites ont décou-
vert les côtés accessibles de Pie IX, c’est à dire, la bonté de cœur, la
religion, le mysticisme !...
C’est vers ces points qu’ils dirigent toutes leurs tentatives, avec cet
art supérieur qui les distingue, pour arracher au souverain des actes
ou simplement des paroles de nature à ébranler la confiance du peuple.
Ils espèrent, par là, porter ce dernier à quelque démonsi rai ion pouvant
leur servir d’argument pour démontrer au souverain qu’il ne peul pas
compter sur la sincérité de l’amour de ses sujets. Voilà le jeu qu’ils Jouent
depuis quelque temps; mais d’on côté, la rectitude d’esprit de Pie IX,
et de l’autre, l’intelligence du peuple, paralysent leurs efforts.
On faisait courir le bruit, ces jours derniers, qu’il y a vait de la froi-
deur chez le peuple, que l’enthousiasme pour le Saint-Père n’était plus
le même. A ces assertions, le peuple a riposté par le plus éclatant dé-
menti.
Le jour de la St-Jean, qui est la fête du pape, plus de trente mille
personnes se sont portées, dans la soirée, par un temps affreux, vers
son palais, pour lui dunner un nouveau témoignage d’amour et de
fidélité.
Il est à remarquer, à cette occasion, que si les ennemis du progrès
el du peuple agissent souterrainement, le peuple les combat enlace.
el. pour en finir aves ces adversaires de l’ordre et du pape, il a fait
présenter à S S. un mémoire exprimant catégoriquement ses voeux,
et dans lequel il demande en première ligne l'éloignement des jésniles.
Ceci est clair, les voix translévérines l’ont crié assez haut., el lors mê-
me que ce vœux ne serait pas réalisable, il n’en servira pas moins à
faire connaître au pape l’opinion qu’on a des jésniles dans Rome. Notez
que celle manifestation, à cause du temps affreux qu’il faisait, était
composée en grande partie du peuple proprement dit. el que le mémoi-
re en question était présenté par le célèbre Ciceronaechio.
Vous voyez que les R. R. Pères, même, dans l’esprit des masses
sur l’ignorance desquelles ils croyaient avoir lieu de compter, toutes
tes fois qu’ils essayent de sortir de leur repos, les équipées qu’ils se
permettenl tournent au profit de la cause qu’ils combattent. Indépen-
damment de la manifestation dont il a été question, un nouvel événe-
ment est survenu pour les déconcerter encore davantage Le pape et
son gouvernement, animés toujours des meilleures intentions pour
la régénération de ce pays, qu’une déplorable administration avait
plongé dans un cahos, viennent de publier un molu proprio relatif à
l’organisation du conseil des ministres. C’est un acte qui aura sa
place dans les fastes du règne de Pie IX. Il est divisé en 7 chapitres et,
98 arlicles.
Ce décret, portant la date du 30 décembre et contenant 98 articles,
établit nos ministres indépendants les uns des autres et ne relevant
directement que du souverain pontife, quoique devant se réunir cha-
que semaine sous la présidence du secrétaire d’Etat.
Les attributions de ce secrétaire d'Etat se trouveront ainsi déchar-
gées de la police, des affaires intérieures, de la guerre, des finances, et
et il ne devra plus s’occuper que des affaires étrangères C'est une
grande amélioration pour la régularité el l’aclivilé du service.
Quant à l’admission des laïques,le motu-pioprio annonce simplement
en principe que le secrétaire d élai sera toujours un cardinal el son
substitut un prélat, sans se prononcer sur les autres ministres. On di-
sait à Rome que Pie IX a vo ulu se réserver la faculté d’appeler aupi è*
de lui et suivant les circonstances, les hommes les plus éminens, soit
ecclésiastiques, soit laïques, qui se trouvaient dans ses Etats.
Déjà sur les vingt-quatre auditeurs attachés au conseildes minis-
tres, le molu-proprio porte qu’il y aura toujours douze séculiers.
Nous remarquons enfin que, par ce décret, la consulta est inveslie
du droit de donner son avis sur toutes lus matières d’Etat, avant la dé-
libération du conseil des minisires.
FRANCE.
Paris, 6 janvier. — Les événements gouvernent dans le monde.Phts
que jamais nous sommes dans l’époque du règne des faits accomplis.
Les puissants comme les faibles sont obligés de reconnaître cette vé-
rité. Tant que la lutte durait en Suisse, que n’a-t on pas fait.et surtout
que n’a-l-on pas dit en faveur du Sonderbund ! S’il eût vaincu, il aurait
eu un triomphe complet.Renversé, il doit se soumettre à son sort.C’est
l’opinion de M. Guizot. Il l’a déclaré dans les bureaux de la Chambre
des députés, et il a été plus explicite encore aujourd'hui devant la
commission. M. le président du conseil, non seulement renonce au
Sonderbund et à sa légalité, mais il déclare qu’il n’a pris sa défense que
parce qu’il le croyait en mesure de faire triompher sa cause. Tout la
tort est donc à celui qui a induit M. Guizot en erreur par des rensei-
gnements exagérés ou inexacts. Est-ce M. de Bois-le-Comte qui est ce
coupable ? c’est probable, et s’il en est ainsi, son rappel ne saurait plus
être mis eu doute. Quoiqu'il en suit, la commission a paru satisfaite
de ces explications.
La cause du progrès en Italie a trouvé dans M. le président du con-
seil un soutien et un appui. M. Guizot s’est exprimé à cet égard très
nettement. Il a dit qu’il était même décidé à encourager ce progrès par-
tout où il se manifesterait d’une manière calme el avec modération.
Les réformes du roi de Sardaigne ont toutes les sympathies de M. Gui-
zot. Il espère que le Saint-Père et le duc de Toscane pourront conti-
nuer l'œuvre qu’ils ont si bien commencée. M Guizot a été plus loin.
Il ne s’effraie en aucune façon des manifestations libérales de Naples,
et espère que le roi Ferdinand cédera aux vœux légitimes de ses su-
jets. La seule réserve que M. le président ait faite devant la commission,
en présence de toutes ces tentatives d’améliorations constitutionnelles,
est qu’elles ne changeraient en rien les rapports de l’Ualie avec les
puissances étrangères S’il en était ainsi, la France s'y opposerait. Vous
pouvez remarquer que cette réserve ne manque pas d’une certaine
élasticité el qu’elle peut servir au cabinet de porte de derrière, pour
revenir plus tard sur ses déclarations d'aujourd'hui.
La politique intérieure a donné lieu à peu d’explications. La phrase
sur les banquets sera plus pâle que dans le discours du Trône.
— Le Journal des Débats publie ce matin vingt-deux pièces diploma-
tiques relatives aux affaires de Suisse qui ont été communiquées par
M. Guizot aux commissions de l’adresse de la chambre des pairs et de
la chambre des députés. Il résulte évidemment de ces pièces, qui ont
été choisies parmicelles qu’on a cru pouvoir publier sans inconvénient,
que le cabinet de Londres et ceux de Paris et de Vienne ont soutenu
leur terrain sans pouvoir parvenir à s’entendre.
On était convenu, il est vrai, de ta rédaction d’une note rédigée
identiquement dans les mêmes termes et qui devait être présentée sé-
parément à la diète^ par les représentants de chacune des puissances.
Mais du moment où la Suisse ne devait pas se soumettre à la décision
des cabinets, l’accord n’existait plus entre l’Angleterre et les deux au-
tres cabinets. Lord Palmerstou. a toujours insisté sur la neutralité du
territoire suisse.
Il reconnaît les griefs des cantons helvétiques contre les jésuites et
la nécessité d’une expulsion de celle société, soit par la médiation des
puissances, soiL par l’autorité du souverain pontife, mais il déclare
s’opposer à toute idée d’intervention en Suisse dans le cas où les offres
de médiation seraient repoussées, soit par l’une des deux parties con-
tendantes, soit par toutes les deux.
Il est évident que celle série de notes n’est pas complète. Elle s’ar-
rête au 2 décembre, au moment où les cantons du Sonderbund se sou-
mettaient à l’autorité de la diète. Mais on a omis de nous faire connaî-
tre l’échange des notes par lesquelles M. Guizot voulait passer outre à
la médiation, lorsqu’il n’exislaii plus en Suisse qu’un parti, taudis que
lord Palmerstou déclarait se retirer de la médiation, attendu que l’af-
faire se trouvait terminée par la défaite du Sonderbund.
— On écrit de Dreux, le 5 janvier, au Journal des Débats ’■
« LL. MM. le roi el la reine, accompagnées de M1"' la duchesse d’Or-
léans, de Mmc la duchesse de Nemours, de M. le duc et de M«« U du-
chesse de Saxe Cobourg, sont arrivés hier soir dans noire ville à huit
heures et demie
p Partout, sur leur passage, LL. MM ont recueilli les témoignages
du plus respectueux dévouement. Les populations s’empressaient au-
tour de la voiture du roi. Les gardes nationales élaieni sous les armes.
A Versailles, à Hourdani’afflueuce était considérable. Arrivé à Dreux,
le corlége de LL. MM. a dû prendre le pas. Toute la ville était éclairée
aux (lambeaux.
« Descendu de voilure.le roi a trouvé, réunies en avant du château,
les autorités civiles et militaires delà ville el du département, les offi-
ciers de la garde nationale, l'évêque d’Evreux, le chapiire de la chapelle
royale, le maréchal de camp commandant le département, le général
d’Y de Resigny, le colonel de la 2« iégiou de gendarmai ie, elc.
» Sur l’esplanade et dans la cour, la garde nationale, les cuirassiers,
les suus-ofticiers de vétéranls, l’infanterie de ligne étaient sous les
armes ; en dehors des grilles une foule immense.
» Après le dîner du roi, S. M.. accompagnée de M. le comte de Mon-
talivet et de M. Fontaine, a visité les caveaux de la chapelle sépulcrale.
La reine el ies princesses se sont retirées avec leurs dames.
» Ce matin, à neuf heures et demie la reine et la reine des Belges ont
entendu une messe basse dans la chapelle. M1»® la duchesse d’Orléans a
prié sur le tombeau de son auguste époux.
> Le convoi qui amène à Dieux les restes mortels de la princesse
Adélaïde était attendu à midi Toutse préparait dans la ville pour les
recevoir avec les honneurs dus au rang de l’augusLe défunte et aux
souvenirs qu’elle a laissés dans tous les cœurs. »
Un service funèbre a été célébré à onze heures dans la chapelle des
Tuileries, pour le repos de l’âme de S. A R. madame Adélaïde.
S. M. le roi des Belges. M»' la princesse de Joinville el M'”« la duchesse
de Montpensieur assistai' ut à ce service dans la tribune royale.
M. le maréchal comte Gérard, M. le maréchal comte Sébastian!, les
aides de camp du roi et des princes, les dames de la reine et des prin- |