Full text |
i aimer.
(Onzième Année/
~f£-¥ri
On t’abonna i
A Anvers au bureau du Précur-
seur, Bourse Anglaise, N» 1040;
en Belgique et à ^étranger chez
tousles Directeursdes Postes.
AECURS
JOURNAL P0LITIÖUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTERAIRE.
i . ■
PAIX. — LIBERTE, — PROGRÈS.
WÊÊÊKfb.
Mbonnomonl pan irimeetno, ' ■ -
Pour Anvers, lSfr.fpoujrJa pri&. Çt\ 1
vinee 18 fr.; pourl’éfrîmgèr 20.fr. ùf. f
1 nsertion * 25 centime» la ligtW'. /" ƒ
iïM^y
Réclames 30
IO janvier.
Quels interets lésait l’arrêté (lu 29 décembre.
Quels iuléfêts se trouvaient lésés par l'arrêté du 29 décem-
bre ? étaient ce les intérêts belges ? étaient-re les intérêts hol-
landais? les intérêts belges, et nous avons dit hier qu’il nous
serait facile de prouver qu’en élévant le droit de fr. 9-99 à fr.
11-50 on n’a porté aucun préjudice à la Hollande, mais tout
simplement imposé une charge légère au consommateur, puis
une charge plus grosse au trésor. INous allons faire le calcul de
ces choses, en quelques lignes, de manière à ce que tout le
monde comprenne.
En élevant le droit de fr. 9-99 à fr. 11-30 par 100 kil., on a
augmenté le prix du café hollandais, mis en consommation, de
fr. 1-51 par 100 kil., ce qui représente trois mille quatre cents
onces. Chacun est à même d’apprécier ce que peuvent produire
ces trois mille quatre cents onces. Repartisse/. maintenant les
fr. 1-51 sur quatre ou cinq mille consommateurs, etdites nous
si c’est une différence pareille qui empêchera la consommation
d une espèce de café, telle que celle de Java, qui est à l’usage
de la classe aisée.
La consommation ne diminuant pas, à cause d’une bagatelle
semblable, la charge, légère, il est vrai, mais en définitive la
charge qui en résulte retombe immédiatement sur ledébilant,
lorsqu’il n’élève pas ses prix au détail, ce qui est l’ordinaire,
et dans tous les cas, sur le consommateur. Celle qui est imposée
au trésor est plus lourde, car, en fixant le droit à fr. 11-50 au
lieu de fr. 15-50, on imposeà l’Etat unsacrifice de quatre francs
par cent kilogrammes. 11 en résulte qu’il assume environ les
trois quarts du fardeau. S’il est consommé en Belgique 258
millions d’onces de café hollandais, produites par les 7,000,000
de kil. admis au droit de fr. 11-50, ces 238,000,000 d’onces de
café hollandais coûtent 280,000 fr. au trésor belge.
Ce sont donc, comme on le voit, les intérêts belges et non
les intérêts hollandais qui ont été lésés par l’arrêté du 29 dé-
cembre, et notre gouvernement, quelque mesure de représailles
qu’il prenne, aura la justice pour lui et trouvera, à ce titre, ap-
pui dans le sein de la nation.
Arrêté Royal.
LeA/ontfeur confirme la nouvelle que nous avons annoncée
hier. Le gouvernement belge vient de retirer à la Hollande la
faveur qu’il lui avait accordée, par prorogation, le 29 décem-
bre dernier. Voici le texte de l’arrêté royal :
Ministère «les linrtuces et «les nWalres étrangères.
Léopoeb, roi des Belges,
A tous présents et à venir. Salut.
Considérant qu’aux termes dé la disposition finale du n. 3 de l’art. 3
de la loi du 21 juillet 1844, les réductions de droits accordées excep-
tionnellement par cet article, cesseront leur effet à l’égard des pays au
bénéfice desquels elles sont établies, si dans ces pays, il intervient des
changements de tarif ou d’autres dispositions préjudiciables au com-
merce ou à l’industrie belge ;
Considérant que le gouvernement des Pays-Bas, a par arrêté du 5
janvier courant, apporté à son tarit des douanes des changemens pré-
judiciables au commerce et à l’industrie beiges;
En exécution de la disposition précitée de la loi et voulant prévenir
l’importation immédiate aux droits réduits des quantités de café et de
tabacs déterminés par notre arrêté du 29 décembre 1843;
Sur la proposition de nos ministres des finances et des affaires étran-
gères. et de l’avis de notre conseil des ministres.
Nous avons arrêté et arrêtons :
Art 1er. Notre arrêté du 29 décembre 1843 précité, est rapporté.
Les cafés originaires des colonies hollandaises des Indes orientales
et le tabac, importés des Pays-Bas en Belgique, sont provisoirement
soumis aux droits généraux du tarif.
Art. 2. Ce présent arrêté sera obligatoire le jour de sa publication.
Notre ministre des finances est chargé de son exécution.
Donné à Ardenne le 8 janvier 184C.
LEOPOLD.
_ Par le roi : . ■__!1!__A!!1.!
Le ministre des finances, J. Mai.ou.
Le ministre des affaires étrangères, A. Dechamps.
FEUILLETON.
CISKOAIQIE DE PARIS.
la marquise de *** devait à son maître d’hôtel une somme de
quinze mille francs. Le matlre d’hôtel avait maintes fois demandé que
l’on réglât son compte, mais on le remettait sans cesse à un autre mo-
ment, et ce moment, n’arrivait jamais. Cependant il voyait entrer et
sortir les autres créanciers plus ou moins complètement satisfaits, et
les nombreux dîners qui se donnaient à l’hôtel, loin de le rassurer, l’ef-
frayaient. Il avait beau prier , supplier M™3 la marquise de ’** de lui
donnerai! moins un à-compte,i! n'obtenait que refus ou promesses ou-
bliées le lendemain. Le malheureux avait épuisé les prières et les mena-
ces lorsqu’il apprit que la fille de'M™' la marquise de*** allait se marier.
MU= D... épousait un négociant ; mais ce simple prolétaire avait cent
mille francs de rentes, et avec cette fortune on achète duchés, comtés
ou baronies.
Ce mariage ne fil pas trop crier le noble faubourg. Il pensa avec rai-
son que la fille d’une marquise peut bien épouser aujourd’hui un né-
gociant, puisque du temps de Louis XIV, si l’on en croit-Simon, les
trois filles d’un marchand de Nantes épousèrent deux ducs et un
marquis.
Ajoutons que ces trois demoiselles avaient chacune huit millions de
dot.
Mu® D.. allait donc se marier, ou plutôt le jour de la noce était arri-
vé. On revenait de l’église, et les convives, rassemblés dans les riches
salons de l’hôtel, attendaient, en causant par groupes, le moment de
se mettre à table.
M»>« la marquise D..., renfermée avec sa fille, aidait elle-même à sa
toilette, lorsqu’un laquais vint l’avertir que son maître-d’hôtel la faisait
demander.
— Dites-ltii, répondit-elle en continuant à détacher le voile de la jeune
mariée, que je ne puis me déranger, et que je n’ai plus aucun ordre à
•ui donner.
. — Je suis forcé de dire à madame la marquise, reprit le laquais, qu’il
insiste, etqü’ij parle d'entrer dans le salon et de s’adressera M. le mar-
Ruiâ, tant la chose est pressée.
t - Mon Diçp ! s’écria la marquise en conduisant sa fille an salon et en
s élançant ensuite du côté de la salle à manger, est-ce qu’il serait arri-
vé malheur au dîner !
— Qu’y a-t-il donc? dit-elle assez brusquement au maitre-d’hôtel,
'lui, son bonn'ètde côlon à la main, lui faisait un profond salut.
— 11 y a, madame la marquise, que je viens vous prier de vouloir
bien donner ordéè dé me compter la petite somme que vous me devez.
— Y pensez-vous ? dans un pareil moment ! êtes-vous fou !
— Au contraire, madame la marquise, et la preuve c’e&t que je vous
demande mes quinze milie francs, une misère, une bagatelle pour vous.
— Quinze mille francs ! plaisantez-vous ? allez, allez, mon ami, nous
Pilerons de cela un autre jour; je n’ai pas là quinze mille francs à vous
donner.
Mais comme la grande dame tournait sur ses talons, le maître-d’hô-
'el la retint.
Voilà une première mesure, mais elle serait évidemment in-
efficace, si elle demeurait isolée. Le gouvernement doit com-
prendre et comprendra qu’il ne suffit pus de retirer une faveur
pour répondre au manifeste de la Hollande, qu’il ne suffit pas
de réduire au droit commun, pour deux espèces de denrées, un
pays où cinquante de nos produits industriels sont placés hors
du droit commun et soumis à des conditions particulièrement
onéreuses. Comme nous le disions hier, puisqu’on lui a jeté le
gant, il doit le relever. La mesure la plus efficace et la plus
juste en même temps qu’il puisse prendre dans les circonstan-
ces actuelles, c’est d’enlever les entraves apportées à la relâche
à Cowes, afin d’attirer dans les ports belges les navires qui s’en
étaient détournés pour fréquenter les ports hollandais. Ce n’est
pas là un acte de politique exceptionnelle, mais bien de politi-
que normale, que nous ne devrions plus solliciter.
Cette mesure, le gouvernement ne saurait trop se hâter de la
prendre, et il l’eût prise dès hier, s’il eût été conséquent.
Le Politique nous donne un nouveau gage, de l’intérêt qu’il
porte an commerce.
Il déplore, comme tout le monde, le conflit qui vient de s’élè-
ver entre la Hollande et la Belgique, mais il trouve que la Hol-
lande a agi de la façon la plus naturelle et la plus logique.
Le seul tort qu’elle ail eu à ses yeux, c’est de n’avoir pas pris
vis-à-vis de la Belgique une mesure commerciale quelconque,
( d'une nature agressive ; si elle se fût bornée à cela, le Politique
i n’aurait rien dit, si ce n’est que la Hollande faisait bien, très
i bien et qu'il eût fait comme elle, suivant sa propre expression ;
que c’était la seule réponse que méritaient les criailleries d’An-
vers.
Il n’y a vraiment et heureusement que le Politique qui soit
capable d’avoir de telles idées et d’écrire de pareilles choses.
Ambassade de Londres.
Nous serions vraiment curieux de savoir ce qu’en 1840, le ca-
binet anglais etM. Van de Wcyer lui-même, eussent pensé de
M. Guizot si cet homme d’Etat, en quittant Londres pour pren-
dre un portefeuille à Paris, eût laissé ouverte sa succession di-
plomatique, pour se la réserver en cas de défaite.
Ils eussent dit apparemment, « que c’était peu digne, » et ils
auraient eu raison, car, nous ne pouvons assez répéter la
douloureuse vérité que nous avons établie plus d’une fois, c’est
que les affaires de Belgique ne semblent pas précisément être
conduites par des hommes d’Etat, mais bien par des hommes
attachés avant tout à leur position personnelle, qui ont admis,
en singulier principe, qu’en cas de non réussite ou de chûte,
les postes les plus élevés et les meilleures positions de l’Etat
leur appartiennent de fait, comme inféodés.
Cette Vérité ressort de nouveau très clairement de l’étrange
réponse faite par M. Dechamps à la section centrale chargée
de l’examen du budget des affaires étrangères
« La mission de Londres reste ouverte, a dit M. Dechamps,
» mais mon collègue de l’intérieur vous dira le pourquoi de
» cette vacance. En attendant, il n’est plus payé comme am-
» bassadeurà Londres. »
Il est fort heureux vraiment que M. Van de Weyer n’ait pas
stipulé dans son engagement spontané de sauver la patrie, que
le trésor public devrait lui tenir compte de son sacrifice
d'habitudes et d’aises, et lui payer ses émoluments d’ambas-
.sadeur, au lieu de ceux de ministre et, qui sait? peut-être les
uns et les autres ; car, enfin, eue ne peut pas demander un
homme qui vient empêcher uu crime politique et arrêter le roi
et le pays sur le bord du gouffre? Une vétille de cent milie
francs par an peut-elle entrer en ligne de compte avec un ser-
vice aussi grand et aussi signalé ?
La réponse de M. Dechamps n'est ni plus ni moins qu’une
— Pardon, madame la marquise , mais j’ai le regret de vous décla-
rer ici que si vous ne me faites pas compter à l’instant quinze raille
francs, je ne pourrai pas faire servir votre dîner.
— Comment ! que dites-vous ? Vous auriez l’insolence de faire man-
quer mon dîner, un dîner de noce !
— Dites que j’en aurais la douleur, madame la marquise.
— Vous êtes un insolent !
— Madame la marquise...
— Un grossier ..
— Eh non, madame la marquise, je ne suis qu’un créancier lassé
d’attendre et dont le parti est bien pris ! Faites-moi compter mes
quinze mille francs et je fais le dîner ; sinon, je vous laisse là avec tout
votre monde sur tes bras et je m’en lave les mains.
— Le misérable, pensa la grande dame, est capable de le faire comme
il le dit, et elle recommença ses raisonnements, ses prières et ses me-
naces.
Le maître d’hôtel fut de bronze.
La marquise s’élança dans le salon, courut à son mari, le prit à l’é-
cart. et en deux mots lu] raconla ce qui se passait. Le marquis n’avait
pas un seul billet de banque à sa disposition. Cependant, que faire ? le
temps pressait.
La marquise ne vit d’autre moyen, dans ce péril extrême, que de re-
courir à son gendre.
Le pauvre jeune homme ' II était assis à côté desa jeune femme,
perdu dans une douce et charmante causerie ; il la regardait en sou-
riant et ne se doutait pas de ce qui allait lui arriver.
Voyant venir la marquise à lui, il se leva pour lui céder la place ; mais
elle i’atlirantà quelques pas de sa fille :
— J’ai perdu, lui dit-elle avec un merveilleux aplomb, la clef de mon
secrétaire, et j'ai immédiatement besoin de quinze mille francs, pou-
vezvous mes les prêter?
Le gendre de la marquise crut d’abord n’avoir pas bien entendu;
mais l’air de sa belle-mère était grave et tout à fait analogue à la cir-
constance. Ce fut un de ces drames muets que donne le Charivari,
où les interlocuteurs se regardeutécoulant encore, tout en ne parlant
plus et se devinant.
Lejeune négociant comprit; H sortit un instant, revint avec les
quinze milles francs et les remit à sa belle-mère.
Le maître d’hôtel fut payé, fit le dîner, et le lendemain on le mit à la
porte. Quant an gendre, les méchantes langues du noble faubourg
prétendent qu’il répélaitle soir à un de ses amis les paroles de Georges
Dandin quand il a épousé la fille de M. de Sotenville: « Voilà ce que
C’est, sot que vous êtes, d'aller vous mettre dans les familles nobies, et
vous n’avez que ce que vous méritez. »
PETIT VOCABILAIKE FASIIIOKABLE.
Couper.
II. — DES DIFFÉRENTES MANIÈRES DE COUPER.
La plus simple et la plus usitée consiste à se retourner brusquement,
à se rejeter du côté opposé à celui de la personne que l’on coupe, Quel-
impertinence a laquelle notre chambre seule peut rester in-
sensible.
Qui, en effet, ne sait pas de quoi il s’agit et pourquoi M.
Yan de Weyer a stipulé la vacance du poste de Londres ? Il
n’y a ni patriotisme, ni diplomatie dans ce silence qui parle,
de lui seul et assez haut.
M. Van de Weyer ne veut pas qu’on le remplace à Londres,
parce que le poste d’ambassadeur lui paraît être une fonction à
vie que nul ne peut remplir à sa place et qui reste sa chose,
qu’il ait les sympathies de la majorité ou non.
« Si vous me soutenez, dit-il aux Chambres, vous pouvez
bien laisser ma place de Londres vacante ; c’est bien le moins
que vous puissiez faire pour un homme d’Etat qui a ressuscité
l’union, -menfiue A om
» Si vous nie renvoyez au contraire, vous pouvez bien me
passer pourfiche de consolation le poste que j occupais. Mes
successeurs ne seront peut-être pas contents d’avoir la main
forcée; mais j'en ai eu autant pour les nominations de MM No-
thoino et Mercier et je n’en suis pas mort pour cela.
Voilà ce que M. Van de Weyer dira à la Chambre dans des
Ph rases plus édulcorées, avec des formes plus amènes, mais
voilà évidemment le sens de ce qu’il dira, et pas autre chose.—
La dignité du pays et ses intérêts, soyez-en surs, seront la der-
nière chose à laquelle MM. les ministre de l’intérieur et des
affaires étrangères penseront. M. Dechamps n’a d’ailleurs pas
la parole dans cette occurrence. Le ministre des affaires étran-
gères ne sait pas répondre aux Chambres à cette question si
simple ; « Pourquoi n’avons-nous pas d’ambassadeur à Lon-
i> dres ? » Cette réponse appartient au ministre de l’intérieur
qui est juge et partie, et qui s’adressera aux dociles et bons
Représentants de la majorité, et ceux-ci auront peut-être vu
mourir une partie de leurs exigences devant les dîners de
cour on lespoignées de main ministérielles.
Non,ce n’est point là la marche d’un gguyerfiemen t sérieux et
en vérité le pays semble si bien le comprendre, qu’il est tombé
dans unesôrte de marasme dont la presse, elle-même, aussi, se
ressent. Il se passe parmi nous des choses si anormales, si im-
possibles efi qdelque sorte, qu’on les voit se dérouler avec une
sorte de stupéfaction. On a l’air d’espérer que cela finira à
force d’excès et que le mal sera enfin compris par les hommes
mêmes qui abusent de leurposition, pour affaiblir le sens mo-
ral du public.
La commune de Bercbem vient de perdre son bourgmestre mon-
sieur Jean-Francpis-Ferdinand Biart. Ses obsèques ont eu lieu jeudi
huit du courant avec grande pompe et l’assistance de nombreux pa-
rents et amis. Deux discours ortt été prononcés sur sa tombe par des
membres du Conseil Communal. Un passage de ces discours a surtout
frappé Paudidoire consterné; c’est que le chef de l’administration com-
munale venait d’être atteint de la cruelle maladie qui a mis fin à ses
jours au moment où dans sa grande sollicitude pour Berchem et ses
habitants, il allait s’occuper de projets d’une importance majeure.
Puisse l’exécution de ceux-ci ne pas longtemps se faire attendre ; car
cette commune pour pouvoir lutter contre celle de Burgerhout, ré-
clame encore de grandes améliorations.
En efTet, Berchem peuplé d’au-delà de trois mille habitants, faubourg
de la riche cité d’Anvers, par ses magnifiques campagnes et les élé-
1 gantes promenades qui l’entourent, une des plus belles localités de la
province. Berchem, dis-je, n’a pas l’honneur jusqu’à ce jour de possé-
der à l’instar de très petits villages mêmes, une maison communale ; ses
trottoirs sont dans un étal piloyablemt ont plus d’une fois causé dès ac-
cidents aux piétons qui les suivaient faute de pouvoir longer la grande
route à cause de la circulation de nombreuses voitures se rendant à
Lierre à Matines ou à Bruxelles, ? L| uUdooiq ib/msui . inofflM
L’éclairage le soir y est insignifiant ; à peine est-il possible de gagner
sa demeure sain et sauf, si les lampes des boutiquiers ne vous aidassent
de leurs reflets lumineux et ne vous cmpéchassant de heurter soit des
passants ou des poteaux qui n’ont pas encore disparus sur dès che-
mins qui cependantsonttrès fréquentés.
Je pourrais continuer ; mais je m’arrête en faisant des vœux, pour
que le gouvernement dans sa sage prévoyance daigne nommer ppur,
I ques-uns baissent subitement la tête, comptenf les pavés ou analysent
1 le bitume ; d’antres lèvent le nez vers le firmament, comme s’ils con-
sultaient le lhermomètre céleste; il en est qui se mouchent pour se
voiler, ce spnl ceux qui se coupent eux-mêmes. La voie publique est
semée de ressources propices à ceux qui s’étudient à couper les person-
nages fâcheux ou nuisibles, i.es affiches, les magasins, les marchands
d’images surtout et les colonnes vespasiennes sont d’une grande uti-
lité. On peut tout esquiver au moyen de ces objets que la Providence
a disposés avec une si intelligente sollicitude. Eh bien ! malgré tous ces
secours qui viennent en aide au coupeur expérimenté, plus d’un se
laisse prendre, et rien n’égale l’embarras et la confusion de ces renards
attrapés au piège ; ils balbutient, et font gauchement des excuses qui
ne sont qu’un tort nouveau.
Ceux qui ont des affaires et pour qui tout retard serait funeste em-
ploient un moyen héroïque ; c’est une marche précipitée et furieuse,
•qui annonce le parti pris de ne rencontrer personne.
Les voitures, les groupes, les marchands ambulants, les obstacles
qui encombrent la voie et le passage, sont, pour le vulgaire, autant
d’inconvénients ; pour le coupeur, traqué par la crainte de rencontres
funestes, ce sont autant d’asiles et de remparts contre les embûches et
contre les accidents des entrevues qu’il redoute.
Parmi les moyens extrêmes, il faut compter le refuge sous les portes
cochères et dans les allées obscures ; ce sont de véritable lieux d’asile
contre l’appréhension au corps.
Quelquefois, un saint embarrassant vient vous frapper à bout por-
tant, ou bien une reconnaissance importune vous atteint à brûle-
pourpoint; il faut alors payer d’audace et d’indifférence, feindre de ne
point connaître, ou bien renier hautement et publiquement.
Le persiflage et l’insolence se mêlent fréquemment à faction de1 Cou -
per; couper quelqu’un, en le lorgnant, c'est le comble de l'impertinence,
lui renvoyer un salut distrait et hàlif. ou un geste protecteur, c’est
une marque de supériorité , se retourner pour le saluer lorsqu’il est
déjà loin, c’est une raillerie.
On coupe les gens en ne les saluant pas ; mais on les coupe aussi en
les saluant ; il y a des saints qui sopt insultans, comme un coup de
gant au visage.
Le tailleur" dansant, qui va à tous les grands bals par souscription,
se venge des femmes qui ont refusé de danser avec lui. en les saluant, V
lorsqu’elle passent devant sa bou tiqué; sur le pas de laquelle il se tient
tout exprès.».*a *a» »** \ , finsnialU ira ,*o& 45 al) h;
Un salut peutcoupcr la réputation d’tiné femme.
Les gens qui, pour se donner une importance mpnteuse, saluant de
loin les équipages de la chaussée ou les personnages considérables
sont des fripons qui coupent les caries à leur profit, et préparent les
chances du jeu pour quelque fourberie mystérieuse.
Le contraire de ceux qui]coupent, ce sont ceux dont l’oisiveté impor-
tune et tracassière croise dans tocs les parages populeux pour trouver
pâture à des loisirs affamés qui dévouent, le temps' des autres ; la race
des fidni’urs, animai! : parasites et rongeurs qui viventsur les moments
d’auLrui, est un des fléaux les plus redoutables des rues de Paris, et il
faut pardonner à l’activité et au travail tout ce qu’ils font pour couper
ces fils funestes,dont Potier disait qu’ils emberlificotaient les jambes de
ceux qui pareourenlle chemin de la rie. |