Full text |
1875-1876
No 6.
2e ANNÉE.
abonnements
Belgique: fr. 25 00.—Etranger: fr. 28-00 (Port en sus.)
L’Année parue:
Belgique: fr. 30-00.—Etranger: fr. 33-00(Port en sus.)
DIRECTION :
Rue Cans, 22, Ixelles.
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
D’ARCHITECTURE
— DÉPOSÉ —
DE BELGIQUE
— DÉPOSÉ —
ANNONCES A FORFAIT
S’adresser rue des Palais, 193
SCHAERBEEK.
RÉDACTION:
Rue des Quatre-Bras, 5, Bruxelles.
— 49 —
— 50 —
— 51 —
Bruxelles, Février 1876.
SOMMAIRE : Nos monuments et nos œuvres d’art. E. A. — Stabilité des
constructions. — Les concours. — Correspondance. —
Faits divers.
Nos monuments et nos œuvres d’art.
Il y a quelque temps le hasard m’a fait mettre la
main sur une brochure très-intéressante, publiée en
1858, et relatant toutes les phases des festivités,
solennités et congrès qui eurent lieu à l’occasion
du Cinquantième anniversaire de la fondation de la
Société royale des Beaux-Arts et de Littérature
de Gand. Je comptais jeter un coup-d’œil rapide sur
ce petit livre, en le bouquinant seulement, mais mon
attention fut bientôt attirée, puis retenue par la lec-
ture des compte-rendus des deux séances du Con-
grès historique et archéologique auquel avaient adhéré
MM. le Gouverneur de la Flandre Orientale, le
Bourgmestre de Gand, la plupart des artistes et lit-
térateurs belges, français et hollandais en renom,
l’Académie de Belgique qui y était représentée et la
plupart de nos Sociétés artistiques et littéraires, qui
avaient envoyé leurs délégués.
Dans le cours de ces deux séances, du 19 et du
20 septembre 1858, de nombreux et remarquables dis-
cours furent prononcé ; remarquables, non-seulement
au point de vue littéraire, mais encore par les idées
artistiques et archéologiques émises et développées,
et aussi par les propositions qui furent soumises
à la savante assemblée et relatives, pour la plupart, à
la conservation de nos monuments et de nos œuvres
d’art, ainsi qu'au progrès artistique : au passé et à
l’avenir artistique de la Belgique.
Après un remarquable discours de M. Kervyn de
Volkaersbeke sur les Monuments et les œuvres d art de
Gand, M. Adolphe Siret présenta et développa la
thèse suivante : De la nécessité de réunir dans une
publication spéciale tous les documents relatifs aux
artistes anciens et aux artistes modernes.
Cette idée, outre son caractère de patriotisme,
avait un caractère éminemment utilitaire ; en effet,
elle avait pour but de tirer de l oubli le nombre con-
sidérable d’artistes, peintres, enlumineurs, tailleurs
d’images, architectes, musiciens, ciseleurs, etc., qui
nous ont laissé les innombrables monuments qui font
notre richesse artistique et qui constituent notre gloire
nationale.
En outre, une telle publication faciliterait singuliè-
rement les recherches dans le dédale de faits dont
notre histoire nationale est si souvent obscurcie.
Comme le disait l’auteur de la proposition, la France
avait compris, à cette époque, l’importance d’une
telle publication et M. Siret pouvait, en 1858, en
constater l’existence sous le titre de : les Archives de
l’Art français.
A cette proposition vint se joindre, dans la seconde
séance, celle de M. Le Grand de Reulandt, de publier
sous forme de recueil, un inventaire de tous les tra-
vaux publiés en Belgique sur l’histoire nationale et
l’archéologie du pays, tant par les Académies et les
Sociétés provinciales que par des écrivains.
Il est presque inutile de dire que ces deux proposi-
tions, admises par les commissions chargées de les
examiner, le furent aussi par le Congrès, sur les rap-
ports présentés par M. le capitaine Casterman.
Ces deux propositions furent renvoyées, l’une à
M. le Ministre de l’Intérieur (M. Rogier), l’autre à
l’Académie de Belgique ; le Congrès priait le Ministre
et la docte Compagnie de vouloir bien accorder à ces
deux propositions l’appui de leur haute sanction.
Depuis, bon nombre de travaux ont été publiés, et
l’Académie de Belgique ainsi que les Sociétés artis-
tistiques et archéologiques ont mis au concours di-
verses questions intéressantes au point de vue histo-
rique ou artistique. C’est une heureuse idée d’ailleurs,
d’appeler tous ceux qui s’occupent de ce genre de re-
cherches, à apporter leur concours à l’œuvre natio-
nale; c’est aussi un moyen d’atteindre plus tôt le ré-
sultat définitif des études qui réunies satisferont,
d’une manière très-complète, aux deux propositions
de MM. Siret et Legrand de Reulandt.
Le travail serait évidemment trop considérable s’il
fallait qu’une personne, ou même un certain groupe
de personnes s’occupassent d’aller fouiller les monts
d’archives, de vieux registres, de manuscrits répan-
dus dans le pays et recelant les renseignements pré-
cieux qu’il importe aux hommes de cette génération
de découvrir afin de rendre à la mémoire de leurs an-
cêtres l’hommage qui lui est dû, en tirant leurs noms
de l’oubli et en restituant à chacun d’eux les œuvres
qui doivent faire revivre leurs noms et leurs talents,
leur donner l’immortalité due au génie.
Non-seulement il y a à extraire de la poussière et
de l’oubli les documents que possède la Belgique, mais
encore bien des archives de l’étranger qui, seules
peut-être, pourraient combler des lacunes, corriger des
erreurs. Je me rappelle ce fait cité par feu M. André
Van Hasselt que ce n’est qu’à la découverte, il y a envi-
ron quarante ans, dans les archives de la cathédrale
de Cologne, d’un acte du XIIIe siècle donnant au maître
de l’œuvre un terrain poury bâtir une maison, en récom-
pense du zèle qu'il avait mis à procurer le plan de celle
merveilleuse église, que nous devons de connaître le
nom de l’architecte : Gérard, de Saint-Trond.
Bien des lacunes sontà combler dans l’histoire denos
monuments nationaux ; c’est surtout le panthéon des
architectes belges qu’il y aurait lieu de compléter, car
pour tous les monuments remarquables que nous
possédons, à peine connaissons-nous une dizaine de
noms !
Mais il serait utile, croyons-nous, que les lauréats
des concours fussent autorisés à publier leurs œuvres,
car les trente exemplaires qui leur sont octroyés par
l’Académie ne suffisent pas pour donner à leurs tra-
vaux l’utilité qu’ils doivent avoir.
Non-seulement ces travaux sont utiles par eux-
mêmes, pour les questions qu’ils résolvent, pour les
lacunes qu’ils viennent combler ou les erreurs qu’ils
rectifient, mais encore sont le point de départ des tra-
vaux qui se font dans la suite et qui doivent les com-
pléter.
Nous exprimons ce vœu, et nous demandons que
les recueils demandés par MM. Le Grand de
Reulandt et Siret soient publiés et mis à la portée
de tous ceux qui s’occupent d’art, d’histoire ou d’ar-
chéologie.
Stabilité des constructions.
APPLICATION DES FORMULES DE RÉSISTANCE DES
MATÉRIAUX A QUELQUES CAS USUELS DE CONSTRUCTION.
1° Quelles sont les portées qui conviennent aux
principales gîtes en bois communément employées en
Belgique ?
Ces gîtes sont des bois dits du commerce dont les
sections rectangulaires ont 0m,07 sur 0m,17, 0m,8 sur
Om, 18 ou 0m,08 sur 0m,23.
La charge maximum qu’est susceptible de recevoir
le plancher d’une chambre d’habitation bourgeoise
peut être évaluée à environ 300 kilogrammes par
mètre carré. C’est le poids unitaire d’une foule com-
pacte. Un entassement de meubles ou de marchan-
dises légères ne dépasserait pas ce poids auquel on
peut s’arrêter en toute securité. A Paris on se con-
tente même généralement de 250 kilogrammes.
En supposant les gîtes espacées d’axe en axe de
0m,40 la charge que chacune d’elles aura à porter
sera de p = 300 × Om ,40= 120 kilog. par mètre
courant.
La gîte est une pièce posée sur deux appuis ; quel-
que bien exécutée que soit la construction il serait im-
prudent de compter sur des encastrements vu le peu
de longueur des parties portantes.
La formule à appliquer pour la solution de la ques-
tion que nous nous sommes posée est donc celle No 11,
§ 16, de la résistance des matériaux :
1\8 pl2=R’i (1)
La section de la pièce étant rectangulaire,
i=1\6ab2 (2)
(§ 15 de la résistance des matériaux):
En remplaçant i par sa valeur dans la formule (1)
celle-ci devient:
1\8pl2 =1\6R’ab2 (3)
Nous venons de voir que p = 120 kilog. ;
1 est l’inconnue du problème ;
R égale, avons-nous dit dans le cours de résistance,
à 0k,6 par m. m. carré ou à 600.000 kilog. par mètre
carré; a est la face horizontale du rectangle, 7 ou
8 centimètres ;
b est la face verticale de la section de la pièce, 17, 18
ou 23 cs.
La formule (3) devient donc pour les trois catégo-
ries de gîtes considérées :
1\8 × 120 × l2= 1\6 × 000.00 × 0.07 × 0.17 × 0.17 (4)
1\8 ×120 × 12=l × 600.000 × 0.08 × 0.18 × 0.18 (5)
1\8 × 120 × 12=1\6 × 600.000 × 0.08 × 0.23 × 0.23 (6)
ou, tous calculs faits :
pour la gîte de 7 sur 17 1 — 3m, 67
8 » 18 1 = 4m,15
8 » 23 1 = 5m,31
Telles sont les portées maximum que l’on peut donner
à ces gîtes en prenant comme charge 300 kilogrammes
par mètre carré.
Si l’on s’arrêtait, pour le poids de la surcharge, au
chiffre de 250 kilogrammes par mètre carré, on trou-
verait pour la charge p, par mètre courant de gîte :
250 × 0m,40 = 100 kilog.
nombre qu’il suffirait de substituer à la place de 120, |