Full text |
Le Pr^ctsrsciïr.
former. Cependant le gouvernement représentatif sortit vic-
torieux de celle terrible épreuve Espérons qu’il en sera de
même chez nous. Ne nous décourageons pas. Je vote pour
I tdresse.
M. odilon BAunoT.On attendait avec une patriotique im-
patience les débats de cetlc adresse ■ on s'attendait à ce que
les drapeaux se trouveraient en présence, et cependant jen'at
rien vu qu'une insaisissable confusion d'opinions. Je suis
membre de l'opposition, et cependant je n’bésite pas a le dire;
Je n’hésiterai pas a signer des deux mains le projet d'adresse
de votre commission.
Cependant je nepensé pas que le véritable principe parle-
înentairc ait triomphé dans l'adresse , le principe parlemen-
taire pour lequel une révolution a été faite en 89 et en 1830.
Dans le véritable triomphe de ce principe, il ne faut pas que
le pouvoir paraisse jamais avoir cédé. (Très bien)
On nous a invité à abjurer notre passé, et depuis quand
les hommes politiques ont-ils dû abandonner leur passé !...
On nous dit que les institutions du pays sont insuffisantes Je
sais que le ministère a voulu se placer sous l'amnistie de l’im-
puissance constatée; il nous a dit qu'il n'y avait pas de ma-
jorité dans la chambrent dans le pays.
M. villemain. Je demande la parole. (Mouvement.)
H. barbot. On s’est servi du trouble matériel des rues
pour déplacer les positions des partis, pour jeter uu vuile sur
la religion politique des partis.
On a dit que le factionnement des partis et des opinions
était d’aujourd’hui, mais il suffit de se reporter aux premirrs
joursde notre révolution. En 1830, des hommes qui voulaient
la conservation du pouvoir nouveau le voulaient cepeudant
par des moyens différents.
M. O. Btrrol reproche aux ministres actuels d'avoir aban-
donné leurs anciens drapeaux, de s'être ainsi amoindris et
d'avoir volontairement renoncés a rendre plus tard d'impor-
tauls services à leur pays Les ministres ont dit qu’ils comp-
taient sur une majorité de conciliation ou de négociation. Eh
bien, ces ministres ont rêvé une chimère. V us avez pu re-
connaître dans le langage du ministère le même langage que
vous tenait le ministère du 15 avril A son avènement au pou-
voir. Lui aussi invitait les vieux partis à sc défendre, et ce-
pendant ce ministère aussi avait la majorité. La majorité lui
fut long-temps attachée.Et vous, où est votre majorité? N'a.
vons-nous pas combattu ensemble pour le grand principe
parlementaire et non pour le gouvernement personnel? N’a-
vons nous pas combattu ensemble contre la politique exté-
rieure du 15 avril, qui nous humiliait en présence des puis-
sances étrangères?
m db salvandy. Jè demande la parole.
Vous dites qu’on ne dissout pas les partis ; non, on ne les
dissout pas sous l'influence dos intérêts, mais on les dissout,
quand on élève un drapeau auquel tout le monde peut se ral-
lier honorablement. Vous pourrez rallier autour de votre dra-
peau, je ne dis pas ceux que vous veniez de rom battre la veil-
le, vous deviez les respecter assez pour croire qu’ils reste-
raient fidèles à leurs convictions, aux principes pouf lesquels
fis avs ent combattu.
Mais dans cette majorité dul5 avril, il y avait lotis ces par-
tis, qui nes'élaient rattachés à lui qu'a raison de ce que cette
administration s'élait séparée des hommes qui avaient été
compromis dans nos vieilles luttes par les mesures les plus
impopulair-s ; c'est tous ces partis que vous pourriez vous
rallier. Vous l’aviez pensé, vous l'aviez espéré, et si vous ne
l’avez pas fait, si vous ne vous êles pas présenlés avectoutes
vos forcei résolument, avec In confiance qu’inspire le senti-
ment d'une bonne cause, le sentiment de ses propres forces,
ai vous ne l’avez pas fait, n’en rendez responsables ni la cham-
bre, ni les institutions, ni le pays. N’atleiYdez pas que je sou-
lève tous les voiles qui ont couvert cetie déplorable négocia-
•ion. Allez, je l’ai dit dans d’autres riréidnstailêés) les hommes
ont plus manqué aux in titulions que ies institutions aux hom-
m s.
Aujourd’hui ce parti intermédiaire peut-il se refoim’f ?
peut-il se reconstituer ? peut il combler une lacune ? peut-il
occuper un terrain politique sérieux entre les deux grandes
frontières de celle chambre, entre deux drapeaux politiques,
I un conservateur, l'autre progressif ; iH.ii' s'étant toujours
défié du sentiment,du mouvement démocratique'de ce pays-
ci ; ayant craint la nécessité, l'unité de ce'nibuvenient dé-
mocratique . l’autres’élanl lie s ce mouvement, voulant grou-
per autour de nos institutions tous les éléments conservateurs
de la démocratie, sans sentiment de défiance, saris p"or, sans
crainte contre celle démocratie ? Ce sont là les deux dra-
peaux de celle chambre. Y a-t-il entre eux un parti intermé-
diaire possible ? En, mon Dieu ! que l'expérience se lassé en-
core ! qu'il se produise un parti politique sérieux qui veuille
et qui puisse réaliser les progrès promis dans ce programme.
Que ce parti se présente avec ses hommes sympathiques et
ses progrès, ce parti intermédiaire qiie nous appelons de nos
nous Aurions soutenu dè nos vul<*s sans ricii lui
•demander, que nous aurions souténû, parce qu'il aurait ré-
poDdu à une nécessité du pays ; ce parti, nous l'appelons
encore.
Désormais le pays ne. comprendrait plus ces fusions de per-
sonnes et de drapeaux, ces administrations mixtes: et cepen-
dant le pays a besoin, il a le droit de comprendre nos débats,
ear il est appelé à nous juger. Le pays ne comprendrait pas
des combinaisons de noms propres; je vais vous rit Surer sur
ce point. Dans l’état où vous vous êtes placés, voir • 'langer le
plus éminent est peut-être dans les combinaisons de noms
propres, dans les codifions de personnes. Eh bien! l'opoosi-
iion vrnvous donner une grande garantie de durée, de si. bi-
lilé; mais sur le terrain des ambitions personnelles, j a rri a î « ;
car ce ne serait plus de la cosliiion. cé serait do l'intrigue, et
1 opposition qui n'a rien renié de son passé, qui én accepte
i honneur, et qui est prèle encore à défendre les mêmes opi-
nions, se dégraderai! le jour où elle servirait d'instrument aux
ambitions personnelles.
Faites donc votre expérience. Je vous dévais la vérité sur
votre situation, non pour contrarier cette expérience non
pour rendre le pouvoir pllis difficile, car j’ai aussi le sentiment
des„ difficultés qui peuvent entourer l'exercice du pouvoir,
mais je vous devais la vérité, parce que, ni In discussion ni lé
vote de l'adresse Sauraient fait cesser celtèeônfusiori el cette
équivoque; parce qu’il f,ut relever nos institutions et qu'tin
ne peut les relever qu'en plaçant les parfis dans leur vérita-
ble situation. (Marques prolongées d'assentiment a gauche.)
M ViLLFMAi.v, ministre de l'instruction publique Mes-
sieurs, comme l'honorable préopinant, nous acceptons’haiité-
ment ces expressions de l’adresse: dynast,a nationale qn„-
ternèment parlementaire ; nous les acceptons dans leur in-
time alliance, el nous nous promettons de ne les séparer
jamais. v
Mais de cette déclaration qui n’avait pas besoin d'être pro-
voquée, résulte-t-il qu’il y ait l'ombre de la contradiction,
l’ombre de lafaihlessei ne pas réfoscr des votes indépendants
et honorables aussi, qui viendrait nous chercher sur ce ter-
rain ?
,Ce? voles. dites vous s'appelleraient 22 t. Eh.qu'importe, je
■n’ai jamais pensé que dans cette grande assemblée il yèùt
221 personnes qui méconnussent le gouvernement parlemen-
taire. (Approbation )
Je pense que les institutions d’un pays saisissent fortement
les hommes, qifeljes ne peuvent pas être long-temps prati-
quées sans pénétrer dans l’esprit et la conscience, et sans im-
poser successivement toutes les convictions qui s’y rattachent.
M- Odilon Barrot a dit tout à l’heure que le.-, hommes poli-
tiques étaient calomniés. Ne faisons pas une plus grande faute.
Messieurs, ne calomnions pas une assemblée en masse, ni les
grandes sections qui la divisent et qui appparlieunent au
même pays. (Très bien ! fiés bien !)
J’ai écouté le grave orateur qui descend de cette tribune,
et j’avoue que j’aime mieuxeette éloquence austère que ces
discours mêlés d’esprit et d’amertume...
x. desmocsseaux de givre. Je réclame la parole. (Vives
exclamations des divers côtés de la salie.)
u. le président. Si M. Desmousseaux de Givré réclame
la parole pour un fait personnel, il l'aura après l'orateur, si
c'est pour rentrer dans la discussion générale, il ne pourra re-
prendre la parole qu'à la suite des autres orateurs inscrits.
M. VILLEMAIN, ministre de l’instruction publique, li me
paraîtrait impossible, messieurs, qu’sucuù membre de celte
chambre ne demandât en ce moment la parole pour un lait
personnel. En vérité, quand on parle'd'esprit dans cette
Chambre, et d'amertume aù milieu d'un débat politique, il
peut y avoir plus d’une personne à laquelle cela puisse s'appli-
quer. (Kire général d'approbation.)
Je reprends, messieurs, ce débat, porté si haut par l'impo-
sante parole de M. Odilon Barrot; et je dis que cette parole
que je ne combattrais pas st elle n’avait été que sévère, a été
injuste et irnpolitique Je vais prouver les deux "assertions.
Cette parole a été injuste, car de quoi accuse-t-on le ca-
binet actuel ? Quelle supposition fait-on planer sur lui ? On
dit, je crois, qu'il a motivé faussement son avènement déjà
éloigne, pour ce pays-ci surtout (on rit) sur l’absence d'une
majorité. On dit encore qu’il réclame son amnistie d’une por-
tion de celle chambre.
Le cabinet actuel n’a point d'amnistie à réclamer; il expo-
sera ses principes, il défendra ses actes, il reconnaîtra la loi
de la majorité, et il se montrera fidèle à celle première ex-
pression de l'adres-c sincèrement adoptée par lui : dynastie
nationale Pqdueernement pa'rlelhéntuire 1
Mais ce n'est pas tout, l'argument de M. Barrot est pro-
fondément impolitique; car d’une main de fer. il cloue les
hommes à des opinions invariables, non par la force de la
conscience, mais par une sorle de fatalité indépendante de
toutes modifications que crée la nécessité et que lui-même a
subies. (Approbation au centre). Oui, que lui-même a subies,
et je lui en fais honneur
jîn effet; de quoi Vagit-il ? Sommes-nous encore dans les
premières ardeurs et les premières illusions de 1830 ? Som-
mes nous encore convaincus qu'il faille tirer immédiatement
les dernières conséquences d’un grand mouvement politique
qui devait régénérer la France en menaçant l'Europe ?
Voix de la gauche : Oui, certainement !
K. VILLEMAIN. C'est votre conviction, mais je parle d‘un
homme politique auquel je reproche, si j’ose me servir de c*tle
expression,de s'être écarté de la vérité politique.
Certes, messieurs, la vive parole de M. Barrot élevait avec
véhémence contre la loi des associations, quand cct'e loi pa-
raissait excessive, funeste, son esprit politique n’était pas pré-
cisémènt dans la même situation que lorsque, plusieurs an-
nées après il reconnaissait la nécessité des faits accomplis.
(Réclamation à gaucho )
ai. odilon BAituoT Vous dénaturez le sens des mots.
M. villemain. Il reconnaissait la nécessité des faits accom-
plis (dénégation de M. Barrot), et regardait des lois, même
rigoureu-es. comme comprises daas celte dénomination de
faits accomplis
M odillon babrot. Jamais 1
M. VILLEMAIN-. Je regrettais que 1 e jamais de M. Odillon
Barrot fût parfaitement exact : Il me donnerait un doute que
je ne veux pas avoir, car il nié ferait supposer que l'expérience
politique, que la gravité des dangers qui serévélentaudehors
et qui viennent réagir sur l’intérieur des assemblées, que tous
e s motifs si piiissaKts, que tous ses avertissements salutaires
et quelquefois si terriblement énergiques, n'apprennent rien,
même aux hornmi's d'état (Très bien. Irès bien.)
A ces idées si simples, qui soDt tirées de notre histoire ré-
cente, quelle objection, quelle système contraire propose l'il-
lustre orateur que je combats : Quel remède offre-t-il ? La
réforme électorale !
Eh bien ! j'avoue que je serais confondu si.dans une assem-
blée politique, dans une assemblée appelée à répéter, avec une
force que je crois salutaire pour l'avenir, ces mots de dynastie
nationale et de gourernementparlementaire, on croyait que.
dix ans après une révolution politique qui pouvait devenir
une révolution social?, le grand intérêt, le grand devoir, c'est
dp mettre à l'étude, c’est de mettre sur le chantier un plan de
réforme électorale.
M. odilon barbot. Vous parlez de la réforme électorale,
el vous croyez m’embarrasser, lorsque vous discutez pénible-
ment tous les détails d'une réforme électorale. Mon program-
me politique, monsieur, c'est que la réforme électorale ne
peut être considérée que comme une nécessité ; qu elle ne
sera possible que lorsque celle nécessité sera généralement
et universellement sentie.
Ne vous étonnez pas que dans une question pratique je
consulte la possibilité, lorsque vous venez de convenir que
cinquante ministres se sont successivement essayés au pou-
voir, que cinq chambres ont successivement essayé de consti-
tuer le gouvernement parlementaire dans ce pays.
Nous savons qûe les réformes électorales et les réformes
politiques sortent et sont toujours sorties toutes faites de la
fournaise des révolutions, et nous nous voulons faire une
réforme politique dans le calme el dans le silence, nous vou-
lons la faire par la force des convictions et sous t'influence
d'une nécessité produite dans le parlement ; c'est pour cela
que nous nom en occupons sérieusement et que nous faisons
un appel à la conscience de tous. Voilà le sens de ces mots :
les faits accomplis.
Pour le résultat de la révolution, pour les forces que cette
révolution nous avait données vis-à-vis de l’étranger, je suis
obligé d’aceépt’ér les faits accomplis, car je ne puis les repro-
duire ; mais quant aux principes qui doivent déminer notre
gouvernement iiilérieur, quant à eos principes qui fout toute
noire religion politique, ils sont entiers ; et, comme je vous
le disais dans mon premier discours, mes convictions ne sont
pas affaiblies. Elles se sont fortifiées. Cela puisse-t,-il yoqs
donner la majorité !
M. le ministre de l'instruction publique et M. de Salvaody
prennent encore ia parole el la séance est levée.
15 S Ïj Cm S QU E.
Bwcxelles, 15 janvier. — Hier, !e Roi a assisté au
service.oivin dans la chapelle du palais..
S. AI, a présidé le conseil des ministres, et a reçu en-
suite Ms O’Sullivpii de Grass, ancien conseiller d'Etat.
— L'audience du 9 de ce mois a fourni au tribunal
correctionnel un auditoire de choix et loul-i-fait inac-
coutumé. Au lieu de ces individus en guenilles assis
ordinairement sur le banc des prévenus, on y voyait
une jeune et assez jolie femme de 18 ans, et au banc
des tcirioins plusieurs jeunes ef séduisantes demoiselles
employées dans divers magasins de nouveautés de la
ville de Bruxelles. Un eut dit qu’il s’agissait de ia vente
aux ençbères d’un fond de magasin des mieux acha-
landés En réalité, il s’agissait de statuer sur onze
vols, dont était prévenue la nommée Marie Bolkaerts,
gantière de son étal, et qui eut le malheur de le négli-
ger, poux un métier plus, périMeux.
On sp souvient de cette fiile qui, dans le courant do
mois du novembre dernierse présenta chez M-.Guil-
mard, marchand quipcajller, montagne de la Cour, s’y
fit passer pour mie femme de charge de service d'un
riche A pgiais, et y choisit pour mille francs de marchan-
dises, qu'elle ordonna de porter rue Verte à une adressa
supposée,, où l’on ne trouva personne , comme de rai-
son. Marie Bolkaerts avait lait ce manège dans qua-
torze autres magasins de Bruxelles. Partout son procé-
dé était le,même. Elle feignait d’avpir à acheter une
grande quantité lie marchandises , elle en faisait faire
un grand étalage, pendant.lequel ses mains ne res-
taient pas oisives, puisque sur quatorze magasins.iUn
est onze où elle est parvenue à soustraire soit des pièces
de foulards, qu’elle affectionnait particulièrement, soit
des robes, soit d’autres objets. Chez M1’0 Lens , au Mar-
ché-aux-Herbés, elte demeura quatre heures consécu-
tives à acheter des étoffes dont, elle ût-faire, facture pour
180Û francs, rien que cela. Il parait que les gçps du
magasin ne se laissaient pas facilement dislraire';c’est
ce qui explique sa longue séance, et la grande quantité
d’objets qu elle fut obligée d’acheter , pour arriver , et
elle y'àrriva, à soustraire une pièce de mousseline-laine
valant 90 fr.
Il ne faut pas croire que le préjudice causé par elle
aux marchands, ne consistât qu’eu ce qu’elle parvenait
à leur voler, pour.mieux les occuper, souvent elle fai-
sait couper des objets de toilette dans des pièces d’étof-
fe; c’est ainsique là il lui fallait un schall de mérinos
de France, là uu tablier, etc., etc. Un des témoins s’est
plaint d’avoir éprouvé ainsi un préjudice de 130 fr.
Chez un aulre elle avait commandé deux cents aunes
d’une étoffe pour doublure.
Marie Bolkaerts a été parfaitement reconnue, et à sa
mise, et à sa ligure, el à sa voix, par tous les témoins as-
signés. Cela ne l’a pascmpêchée de se renfermer dans un
système de dénégation fort maladroit sur tous les chefs
de prévention, sauf quatre vols, qu’il lui était possible
de nier.
Marie Bolkaerts est mariée et a été deux fois mère,
malgré sa jeunesse. Son mari est uu honnête ouvrier
qui ignorait cette coupable conduite, elle-même appar- J
lient à une famille irréprochable. M6 Jollrand a fait
valoir ce» considérations comme circonstances atté-
nuantes
Le tribunal a condamné la prévenue à trois ans de
prison cl à rester pendant deux ans, après l’expiration
desa peine, sous la surveillance de la police.
MVEHS , £3 JAMVIER.
Hier, vers sept heures du soir, les voisins aperçurent
dans la chambre occupée par Thérèse Lemoine, Meuse
de coton, âgé de 49 ans, demeurant longue rue des
Mouches, une clarté plus qu'ordinaire. Montes dans cet
appartement ils trouvèrent cette malheureuse entière-
ment brûlée; une chaufferette avait .communiqué le feu
à ses vêlements et les avait consumés. Transportée à
l'hôpital, elle y a succombe ce matin, au milieu de dou-
leurs atroces.
Celte femme adonnée à la boisson en faisait un usage
immodéré.
— Le buffet d'orgue qui a été placé, il y a qqelque
temps, à l’église des Auguslins, en celle ville, attire
l'admiration de tous les connaisseurs eu fait de beaux-
arts.
Celte pièce qui a été exécutée sur les dessins de M.
J. Van Hool. assure à cet artiste un brillant succès dans
ce genre décomposition. Elle sc présente avec une ma-
jesté qui étonne à cause de son élégante simplicité el de
la légèreté de sa masse ; en nn mot elle est digne de fi-
gurer à coté des plus beaux ornements de l’église des
Augustin» : c'est là l’hommage le plus flatteur que nous
puissions rendre au talent de M. Van IIool.
Les navires partis hier à la remorque du Soho , sont
arrivés de la meme marée au mouillage tielFels-lioren,
en attendant la marée suivante qui a dû les conduire
jusqu’à la rade de Flessingue. Uu accident qui du reste
u’a pas eu des suites fâcheuses est arrivé au brick amé-
ricain Cronsladl : son amarre de remorque s’est cassée
parle travers de Lillo, et le navire dès ce moment a été
obligé de manœuvrer au moyen de sa voilure; heureu-
sement qu’il avait déjà traversé les passes les pias
difficiles.
l-,e bateau à vapeur P n'rires s Victoria dont nous an-
nonçons l’arrivée, est venu se placer à l’entrée des bas-
sins" trop tard cependant pour y entrer, la maréeayant
perdu déjà plus d’un demi pied, A son départ de Lon-
dres, hier malin, il n’y avait encore sur aucun point
du haut de la Tamise le moindre glaçon. Ce matin s 2
heures la Princess Victoria a débarqué son pilote à
Flessingue et à 4 heures elle est venue prendre son
mouillage sur IVels-horen où se trouvaient encore le
Cronsladl et la Maria. Le bateau à vapeur Bruges est
arrivé devant la ville à une heure.
Parmi les passagers arrivés par la Princess se trouve
AL Van Zuyien Van Nyveld, attaché à l’amba sade belge
à Londres, porteur de dépêches pour notre gouverne-
ment.
Nous présumons que la goëlelte Kezea et le koff-Sy-
bitha Gesiena, partis avant-bier, Ont pris la mer hier
malin.
Le 3 mâts Swea, parti avant-hier, sc trouvait encore
au mqutllagmde Flessingue ce matin.
Ce matin à la haute marée est parti pour la mer le
sloop de pêche Courrier, appartenant à la société.Reyns
el comp. Quoique l'Escaut charrie beaucoup de glaçons,
on croit que ce sloop pourra encore altcindreEiessingue.
Nous avons reproduit ce que les journaux de Paris et
de Londres ont publié sur l’operation financière con-
çue par le ministère espagnol. Nous avons trouvé hier
dans notre correspondance ordinaire une lettre de Ma-
drid, en date du 3 janvier, qui donne de nouvelles ex-
plications à ce sujet. Cette lettre n’avait pu trouver pla-
ce dans le Précurseur d’hier à cause de l’abondance des
matières. La voici :
Madrid. 3 janvier.
La question des eomplcs de MM. Ardoin et comp. est tou-
jours à l'ordre du jour.
Les ministres précédents ava'ent déclaré que la liquidation
et l'apurement de ces comptes seraient soumis aux Cortès
avan! que legouvernement donnât une décharge, Çes promes-
ses n’ont pas été tenues. Le ministre des finances vient de re-
connaître et d'approuver tous cés comptes, u la suite de fré-
quentes conférences; tout s’est passé à huis-clos. La condition
sine gud nou de la délivrance d'un quitus général et définitif
a été la remise de toutes les valeurs eii d-ues active, passive
et différée dont,MM- Ardoin et Rien-rdo .étaient dépositaires.
L'approbation s’étend-elle aux comptes cto 1822 à 1823,
comme on le. dit. ou comprend-cl'e seulement ia liquidation
de l'emprunt de 1884 ? C'est ce que l'on ignore encore, mais
il est certain qu’une grosse affaire a été conclue entre le mi-
nisire des finances et le fondé da pouvoir de MAL Ardoins et;
O Le résultat a été un quitus des anciens comptes el l’obli-
gation par MM Ardoin de transférer en mains des fournis-
seur?!;..i doivent faire le service de l'armée pendant les pre-
miers 6 mois de la présente année, ton*es les valeurs dont iis
étaient dépositaires pour leur servir de garanties Ces four-
nisseurs oui. déjà pour le même objet 200 millions de rêao»
de titres 5 p c. au porteur nouvellement créés et 40 million»
de traites sur le recouvrement anticipé des contribution»
de 1840.
1...... —. , .1. —
Te! est le résultat de l’arrangement fait à huis-clos entre
le ministre des finauces. MM. les fournisseurs et le représen-
tant de MM. Ardoin et C' plus tard. Les Cortès probablement
demanderont des explications sur toule celte affaire.
L'qrigioe. des litres déposés en mains de MM. Ardoin et
Riqàrdo ( Litres qui sont en ce moment à Londres ) est géné-
ralement peu connue. Le public qui en a déjà acheté une
grgodé partie par suite des négociations faites par çes ban-
quiers sera peu édifié, quand il saura la vérité.
Le (8 juillet 1823, lorsque l’armée française investissait
Cadix, le gouvernement constitutionnel espagnol contracta
un emprunt avec MM. Lubbock et Campbell de Londres, de
22 millions de piastres fortes à 5 fr. 40 centimes la piastre.
Le9 événements qui survinrent peu de jours après, ne permi-
rent de négocier qu'une faible partie de cet emprunt. (72,9
mille piastres). En 1834. les Cortès autorisèrent le gouverne-
ment espagnol à convertir tous les litres des anciens emprunt!
en circulation en nouveaux litres (actives, différées et, passi-
ves.)
Le ministère, au lieu de veiller à ce que l’émission de ti-
tres nouveaux fût bien identiquement la représentation des
anciens titres, autorisa au contraire, MM Ardoin et comp, à
en créer pour la totalité de cet emprunt Campbell, c'est-à-
dire pour 22 millions de piastres au lieu de 729 mille seule-
ment, mis en circulation, et if fut créé-en actif; 14,666 666
piastres. Passive, 7,333,333 piastres. Différée 12,650,009
piastres.
Ces nouveaux titres étaient donc illégalement créés.il y eul
en outre uue grande quantité de valeurs anciennes que les
porteurs ne présentèrent pas à la conversion , les uns parce
qu'ils croyaient au Iriom he de Don Carlos, les autres parce
qu;ils étaient éloignés, ou avaient perdu leurs litres El ce-
pendant les nouveaux litres qui devaient s’écbanger contre
ces anciennes valeurs furent également créés, el augmentè-
rent la masse mise illégalement eu circulation. D'après les
derniers relevés des négociations laits par MM. Ardoio .et C?
il restait environ dans leurs mains en tilres non négociés :
pour une somme valeur nominale : liv. sterl. 800,000 active;
3,600,000 différée ; 2,600,000 passive , sur lesquelles ils ont
failquelques avances au gouvernement C'est ce reliquat qui
est aujourd'hui abandonné aux fournisseurs , comme suppiér
ment de garanties el que MM.Ardoip doivent leur transférer
en échange de l'approbation de leurs comptes.
iWfwvelêvs diverse®'
Depuis quelque temps , les bateaux à vapeur partant
d'Ostende el d’Anvers, pour Douvres el Londres, em-
portent des quantités considérables d’œufs, -de .poulets
et d’autres volailles. Des voyageurs, des marchands de
comestibles de Londres, parcourent en.ee moment nos
campagnes , dans nos provinces, pour faire (es appro-
visionnements nécessites par le mariage de la reine Vic-
toria. Les prix des œufs et des volailles augmente de
jour en jour.
— Ün écrit de Gand, le 11 janvier :
Les travaux de pavement de l’église cathédrale de
St-Bavon sont entièrement terminés, et il n’y a qu’une
voix pour louer la superbe execution de ce carrelage,
qui a été fait d’après le plan dressé par M. l’ingénieur
en chef Wollers. On n’a admis dans ce pavé que le mar-
bre noir et blanc, tant à cause des inconvénients que
présentent les marbres en couleurs que pour ne pas dé-
truire l’harmonie de tons qui règne dans les autres par-
ties du bâtiment. Cette heureuse idée produit le plus
bel effet; l'œil trouve dans les dessins du pavé des li-
gnes conductrices qui le dirigent à la contemplation des
parties principales et le font arriver sans obstaclé’ali
fond du chœur, où l’on peut jouir de tout l’effet archi-
tectonique du temple; rien dans le plan ne rompt ou fait
sautiller la vue perspeclive de l’édifice. Le style en esl
simple, même urt peu sévère.
Le pavage des trois nefs de l’église fait suite à celui
des chœurs, latéraux, et le grand chœur continue ainsi
à offrir un pavé plus majestueux que celui des parties
subordonnées.
L’éloge qu’on fait généralement du plan d’après le-
quel ces travaux ont été exécutés honore d’autant plus
M. Wollers, que ce savant ingénieur a la modestie de
laisser ignorer qu’il en est Fauteur.
— On écrit delà même ville, 12 ; Unesolennité bien
extraordinaire a eu lieu jeudi dernier à l’église de No-
tre-Dame-St.-Pierre en cette ville : le fils de M. Bau-
wens, pharmacien, rue Basse des Champs et marguil-
1er de ladite église; y a célébré sa première messe pen-
dant laquelle i! a donné la bénédiction nuptiale à sa
sœur jumelle, el administré le Sl-Sacrement à une aulre
de ses sœurs, qui faisait sa.premicre communion ; ce
jour-là M, Bauwcn.s père et son épouse célébraient les
anniversaires de la naissance de celui-ci et de leur ma-
riage. Le voisinage de M. Bauwens a été le soir illu-
miné à l’occasion de cette fêle mémorable.
— Les Anglais sont expulsés de la Chine, et si quel-
que chosedoit leur rendre odieuse celle expulsion, c’est
qu’elle a été exécuiée par les Portugais, obéissanis aux
ordres des autorités chinoises. Les troupes portugaises
ont forcé les Anglais à s’embarquer. Ce serait une nou-
velle complication qui pourrait nuire au réglement des
différends de plusieurs natures entre le Portugal et
l'Angleterre. Si les Anglais ont coulé bas deux navires
portugais non loin d’Angola, les Portugais ont chassé
devant leurs baïonnettes les négociants anglais à Ma-
cao; les deux peuples sont quittes l’un vis-à-vis de
l’autre; il faut espérer qu’une haute et bienveillante
intervention s'interposera entre les deux cabinets.
ExjîO»iS.î«ss c5© râmlsitsts’Le fraaieruge,
SUITE »U RAPPORT (1).
Fait à M. le ministre de l'intérieur et des affaires
étrangères par le commissaire du gouvernement belge.
Trempe de Galle pour les coins des médailles,
Le célèbre graveur Galle, membre de l'institut, qui avait
exposé.des chaînes: de son Invention , confectionnées , dans
l’esprit des chaînettes de montre, et dont nous parlerons plus
tard, nous a communiqué sur la trempe des coins.de médaille!
des observations de la plus haute importance
On sail que rien n'est plus ordinaire que de voir éclatez
les coins de monnaie à la Irempe, c’est le désespoir des gra-
veurs; car il n’en est pas un qui puisse répondre qu'un tra-
vail de six mois ne sera pas perd? dans celle opération déli-
cate, à moins qu'il no consente à tremper douj, ce qui, est un
défaut presqii’nùssi grave: eh bien, M Galle n'a pas perdu
un de scs coins, depuis 30 ans; aussi est-il assez sûr de sou
fait pour travailler avec confiance, pendant des années, sur
le même bloc d'acier. Nous l'avons, trouvé occupé aux bustes
ês Walt el do Wuîloston que l’Aogleterre lui a commandés-
Nos graveurs doivent se féliciter qu'il ne soit pas venu nue
épreuve de ce graveur à la dernière exposition de Bruxelles.
En attendant que nos médailleurs, qui deviennent assez
nombreux, arrivent à cette perfection, e! pour leur donner
du courage, nous leur dirons de nouveau comment M. Gifie
Irempe ses coins.
F) Voit !ç Précurseur du 10 courant. |