Full text |
Le Pf^cttrecar
et France de l’homme qui l’avait méconnu et mal-
traite.
Au moment de sa mort, Zumalacarreguy donna son
épée à Zarialeguy, lui confia sa famille, et lui remit des
mémoires sur ses campagnes, ainsi que ses correspon-
dances; on dit que mettant à profit les loisirs de sa re-
traite forcée, le général Zarialeguy se propos» de coor-
donner et de publier ces curieux documents. (Coin.)
— Le célèbre Paganini avait été condamné à 20,000
fr. de dommages et intérêts envers les entrepreneurs
du Casino, pour avoir refusé de paraître dans les con-
certs de l’établissement auquel il avait permis que son
nom fût donné.
La Cour royale, 5” chambre, a statué hier sur l’appel
de ce jugement interjeté par toutes les parties. A une
audience prédédente elle avait entendu Me Goyer-Du-
plessis pou." le célèbre artiste, et M° Delangle pour la
Société du Casino. La Cour a élevé les dommages et
intérêts à 25,000 fr.
Nouvelles tl’Afriqiie.
Oraw, 26 décembre 1859.— Je viens de recevoir des
nouvelles du pays de la Tafna, par une barque arrivée
ce matin de l’ile de Rachgoun, où nous avons toujours
un poste d’infanterie fourni par le lr bataillon d’Afrique.
L’ilede Rachgounesl située à 800 toises de l'embouchure
de la Tafna, qui coule du sud au nord, depuis les pen-
tes de Tlemccn jusqu’à la mer.
Abd-el-Kader a reçu une députation de l’empereur de
Maroc ; il est proclamé grand kalifat, et plusieurs con-
vois portant des munitions toutes préparées ont été di-
rigées de Tlemcen sur Tekedemta. Nous nous attendons
chaque jour à une at taque très sérieuse. LesDouairs et
les Zmelas se sont repliés sous le canon de la ville, et
ces tribus sont aujourd’hui réduites à l’état misérable
où nous les avons mises par notre assistance mal enten-
due, avant l’expédition de Mascara.
Le camp de Misserghein est toujours occupé par le
lieutenant-colonel Jusuf et ses spahis; on a renforcé celte
position de quelques compagnies d’infanterie; on parle
d’y mettre une section d’artillerie.
Au premier moment nous devons être très vigoureu-
sement attaqués; et malgré le maréchal, notre province
servira de principal théâtre à la guerre.
Déjà les Maures et le bataillon indigène de Mostaga-
nem, ont eu un assez sérieux engagement avec Tes
Eordgiadans les jardins qui environnent la ville ruinée
de Massagram, située à une demi-lieue de la place.
Nous sommes partout trop faibles pour attaquer, et on
ne saurait trop le répéter, c’est d'ici que devraient par-
tir toutes les expéditions essentielles que l’on prépare.
C’est dans notre province que s’organise en ce moment
le plan de campagne de l’émir, et que se nouent les
relations les plus intimes avec Muiez Abd-el-Haman,
sultan de Maroc.Trois colonnes mobiles qui occuperaient
Tlemcen, Mascara, Kalah, et qui entretiendraient un
mouvementcontinuel entre ccs trois centres et les bases,
Oran et Mostaganem, feraient non-seulement poser les
armes aux indigènes, mais ruineraient à jamais toutes
les espérances de l’émir, qui n’aurait même pas le dé-
sert pour refuge, car les tribus de l’Angaed et bien
d’autres lui sont hostiles.
BELGIQUE.
Bruxilubs, 7 janvier. — Le roi a reçu une lettre de
cabinet, par laquelle S. A. S. le duc et prince régnant
d’Anhait-Dessan notifie à S. M. la délivrance de S. A.
madame la princesse Marie-Louise-Charlolte, et la nais-
sance d’une princesse qui a reçu les noms de Hilile-
Charlotle.
— Voici ce qne dit Y Indépendant d’une belle cons-
truction qui vient de s’élever dans la rue Royale d’après
les plans de M. Cluysenaer et sur laquelle nous re-
viendrons prochainement :
« Le bel et vaste hôtel élevé rue Royale, sur l’em-
placement qu’occupait l’Ecole de commerce, est à peu
près terminé et déjà les magasins qui en dépendent sont
mis en location.
« Alors que la population de la capitale tend inces-
samment à s'accroître et qu’en même temps le prix des
loyers y subit une hausse énorme, c’est une heureuse
idée d’avoir construit au centre de la ville, au milieu de
son plus beau quartier, un hôtel destine à être offert
en location partielle, par appartement dont chacun pré-
j’étais devant ta porté, où les deux domestiques me descen-
daieutde la calèche.
— Et la dame ?
— Pendant que ses gens me ramenaient dans sa voiture |
elle sera retournée à pied chez elle.
— Chez elle ! s’écria le chevalier, elle habile donc ce pays ?
— Ne t'ai-je pas dit que nous avons des voisins ? m’écriai-
je. Ses gens, avant de se dérober a ma reconnaissance, m'ont
dit, avec assez d'hésitation, quelle est veuve, qu'elle se nom-
me Mm« de Lagny, et qu'elle demeure depuis trois jours à
une lieue d'ici, au château de...
— Et voilà tout ce que lu sais d'elle 7
— Absolument tout.
— Et lu ne pourrais dire si elle est belle , quel est son
âge?...
— Je suis sûr qu’elle est jeune , et il me semble qu’elle
doit être belle, cependant il me serait impossible d'affirmer
qu'elle est grande ou petite, blonde ou brune. Elle avait une
robe verte, un chapeau de paille et un voile blanc , c'est là
ce que J’ai le mieux vu.
— L’aventure n'en est pas moins piquante, mon ami pet,
sauf les contusions, je t'en fais mon compliment.
— Tu vois au moins que je ne t'ai pas trompé en te promet-
tant un chapitre de roman renversé. C’est ordinairement le
héros qui sauve l'héroïne, et moi...
— Alors, tu acceptes ton rôle de héros et tu continueras le
Toman ?
Je m’aperçus que pour un célibataire aussi renforcé que je
Tétais ou voulais l'être, je laissais trop voir combien j étais
intrigué de ma rencontre avec une jeune veuve, et je répon-
dis aux questions du chevalier avec l’air de la plus stoïque
Indifférence. Mais les efforts même de mon esprit pour dissi-
muler l’état de mon âme, découvrirent à Warel la contradic-
tion secrète où je tombais avec moi-même, et lui suggérèrent
le stratagème qu’il employa pour me piquer au jeu. et me
lancer, sans que je m’en doutasse, dans les conséquence» de
mon aventure.
— Mon ami, dit-il du plus grand sérieux, j’ai eu tort de te
féliciter de ta rencontre. Il est très fâcheux, au contraire,
qu’elle ne soit pas arrivée à tout autre que toi.
— Pourquoi cela?
— Parce que tu ne peux ni ne veu x en profiter, tandis qu’un
autre eu tirerait mille avantagea. Pour peu que cette femme
sente, réunis, toutes les commodités d’une maison par-
ticu lière a ved’immense avantage d’unegrandeéconomie.
Jusqu’à present une famille, .un ménage, devaient
inévitablement louer une maison-entière, car, nulle part
on ne rencontre dans la même maison les dépendances
nécessaires, en cuisines, caves, eaux, etc., pour loger
séparément plusieurs familles ; or, c’est précisément ce
que l’on a voulu faire à l’instar du reste de ce qui se fait
à Paris, où l’on trouve dans certaines maisons dix,
quinze, vingt ménages et plus, sans qu’il y ait pour cela
aucun rapport enlt eux, sans que l’on se doute avec
qui l’on vit sous le même toit.
u Quant aux magasins ouverts dans le rez-de-chaus-
sce de cet hôtel, ils semblent aussi très convenablement
situés, car il y a un grand passage dans la rue Royale
et le quartier est rempli de consommateurs aisés. On
sait eu outre par l’exemple de toutes les capitales que la
spécialité de certaines rues ou de certains quartiers
pour tel ou lelcoinmerce disparait de jour en jour. C’est
ia suite de l’entreprise de la concurrence.
« Avec les corps de métiers, il pouvait y avoir des
rues exclusivement remplies de gens du même état ; mais
avec la liberté des professions est venue une tendance
deplus en plus prononcée à se rapprocher des consom-
mateurs, ci à se mettre à leur portee. Le commerce n’at-
tend plus les acheteurs, il va au-devant d’eux, et ce
fait si vrai dans le commerce de détail, se faitremarquer
au même degré dans l’industrie en général. »
ANVERS , ï JANVIER.
Hier vers midi,le nommé RoberlDangat, marin à bord
du navire anglais /ihode, stationné dans le premier bas-
sin, est tombé dans l’eau. Cet homme était en état
d'ivresse et allait infailliblement périr sans le généreux
secours du nommé Jean Vermeiren, travaillant à bord
du même navire,etqui,ne consultant queson humanité,
s’est élancé tout habillé à son secours, et après de
grands efforts est parvenu à le sauver.
Plusieurs fois déjà le nommé Vermeiren s’est distin-
gué honorablement, en sauvant plusieurs personnes
prêtes à se noyer.il semble que dans cette famille l’hu-
manité passe de père en fils. Le père de celui dont nous
faisons l’éloge, a sauvé au péril de ses jours plus de 25
personnes, d’une mort certaine. Le fils semble vouloir
marcher sur ses traces. De telles actions ont besoin
d’être connues, et leurs auteurs méritent certainement
d’élre signalés à l’attention du gouvernement.
— Un attentat à la pudeur vient d’être commis dans
la 5e section, surunejeune fille âgée d’environ 12 ans.
Le coupable, prussien de naissance, a pris la fuite. Pro-
cès-verbal a été dressé, et la police informe. '
— C’est avec plaisir qoe nous annonçons pour ce soir
la reprise des Huguenots, an bénéfice de M. Lambert.
Le nom de Meyerbeerest la meilleure affiche possible;
le public ne fait jamais défaut à de pareils chefs-d’œuvre.
— La représentation donnée hier soir à la Maison-
aux-Gaufres,par la société flamande Liefde en Eendragt
a satisfait tous les spectateurs, et il y avait de quoi. De
l’ensemble, de l’intelligence, de l’aptitude , voilà ce que
l’on a généralement remarqué,et ceci n’est pas peu dire,
vu que ces Messieurs ne jouent qu’en amateurs , et de
plus nejouent que cinq ou six fois par an. Plusieurs de
ces jeunes gens se sont vraiment distingués Rien n’a
manqué à leur triomphe , depuis le toc toc toc cadencé
des cannes, jusqu’à la couronne de laurier dont on a
gratifié l’un d’eux. C’està l’amateur,remplissant le rôle
A'Hermann dans la pièce de ce nom, ainsi que celui
de Guillaume des Deux Divorces, que cette marque de
la satisfaction publique a été décernée.
— C’est ce soir au Théâtre des Variétés que se feront
entendre pour la dernière fois les 40 chanteurs monta-
gnards. Ils exécuteront pour faire leurs adieux au public
anversôis, les mêmes morceaux qu’ils ont fait entendre
devant la reine d’Angleterre.
Hier, vers 5 heures après-midi, le 5 mâts suédois
Blexton, c. âssander, ven. de New-York, a touché en
virant de bord sur l’accord de la plage dite des Les-
teurs, vis-à-vis le fort du Nord; il n’a pas pu se rele-
ver quoique la marée dût encore monter de plusieurs
pieds. Celle de ce matin ayant été moins forte à cause
des vents d’Est, tous les efforts tentés pour lerenfloue-
ment ont encore été sans résultat. Plusieurs allèges se
trouvent le long du bord où l’on s’occupe au trans-
bordement de la cargaison, pour tâcher de relever le
navire à la marée de ce soir. Dès le moment de Péchoue-
soit à marier, il est impossible d'avoir un meilleur antécé-
dent, pour s'en faire accueillir avec faveur.
— D'ètre tombé de cheval devant elle ?
— Non, mais d'avoir été secouru par elle, recueilli parelle,
sauvé par elle. Dans le cas ou tu t'es trouvé, une femme n’é-
coute que son esprit, qui est toujours malin, ou que sou cœur,
qui est toujours bon. Si elle écoute son esprit, elle éclate de
rire, et vous ue pouvez plus paraître à ses yeux sous peine de
ridicule; si elle écoute son cœur, elle fait ce qu’a fait madame
de Lagny, et vous avez sur elle l'ascendant d’un bommequ'elle
ne saurait voir du même œil que les autres — Avantage in-
calculable ! — A plus forte raison si cette femme est douée des
qualités supérieures qu’annonce le procédé de ta libératrice ;
car il n'y a qu'une femme supérieure qui soit capable de faire
une pareille action, ou du moins de la faire ainsi,
— Vraiment ?
— C’est clair comme le jour.
— Je verrai bien;
— Tu ne verras rien du tout 1 Je te connais.
— Comment donc ?
— De deux choses l'une :
Ou bien tu remercieras cette femme trivialement, de peur
de l’avancer, en qui lui persuadera que tu es indigne de ce
qu’elle a fait à ton égard, et qu’il est inutile de se révéler à
toi davantage; ou bien tu lui témoigneras la vive reconnais-
sance qu’elle est en droit d'attendre, et alors les moindres
paroles ayant une importance extrême entre vousdeux, tu te
compromettras réellement, et. en célibataire inexorable, tu
la feras bientôt repentir de t'avoir connu, autant que tu t’en
repentiras toi-même.
— Il y a des termes moyens...
—- Pas avec les femmes qui sautent de leur calèche pour
relever un homme sur la grande route; et si tu veux que je te
donne un conseil qui tranche toutes les difficultés cl l'épargne
des démarches contradictoires avec tes principes, tu ne te
présenteras pas même chez madame de Lagny.
— Mais ce serait de l'ingratitude !
— Elle pourra croire que c’est de la discrétion. D’ailleurs,
on lui remettra ta carte, et j’irai la remercier pour loi.
— Oh ! mon ami. c’est trop de dévouement !...
Nous fumes interrompus par l’arrivée du docteur, qui
m’ordonna le lit pour huit jours, et la chambre pour quinze.
— Tu ne resteras pas quinze jours sans remercier cette
ment les commandants des canonnières stationnées
devant la ville ohi envoyé des hommes de corvée poür
porter assistance au Blexton.
On dit que trois hommes employés à bord, ont été
grièvement blessés par la rupture d’une haussière sur
laquelle le bateau-à-vapeur du passage faisait toute sa
force. A la marée de ce soir le bateau à vapeur PrincesS
Victoria qui a une force de 240 chevaux va être envoyé
sur les lieux.
On nous écrit d’Amsterdam, le 6 janvier :
Le courrier d’Anvers vient d’éprouver un très grand
retard par suite d'une chùte dans l’eau; les détails de
cet accident nous manquent encore pour vous les trans-
mettre.
Au grand préjudice de nos oreilles et même de nos
bourses, la Belgique était depuis long-temps le rendez-
vous général de tous les mendiants qui exploitent le
public sous le litre de musiciens ambulants.Nous appre-
nons enfin qu’il vient d’être pris des mesures pour
mettre un terme à cet abus. Un journal de Liège publie
l’article suivant, que nous prenons la liberté de recom-
mander à l’intention de notre régence, qui fera d’autant
plus sagement de suivre l’utile exemple qui lui est
donné par la municipalité liégeoise, quedepuis deux ou
trois jours une nouvelle nuée de figures patibulaires a
fondu sur notre ville, sous prétexte d’y faire du chant
et de la musique :
« M. l’administrateur de la sûreté publique vient de
prendre des mesurespour le renvoi du pays de tous les
musiciens ambulants, chanteurs, charlalants, etc., qui
pullulent dans toutes les rues de nos villes et particulière-
ment dans celles de Liège. Nous apprenons aussi quel’ad-
minislration locale, pour mettre un frein à cette sorte de
mendicité, faite par de semblables musiciens ou aveuglez,
appartenant à notre ville, vient aussi de prescrire de sé-
vères mesures.
« L’importunité incessante cl parfois insolente deces
mendiants va souvent jusqu’à insulter les passants par
des paroles grossières lorsqu’ils refusent deleurdonner
l’aumône ; ils viennent constamment sonner aux portes
des maisons, etc.
« Il était temps enfin qu’on remédiât à cet état de
choses, et nous ne pouvons que féliciter les administra-
teurs qui viennent de mettre un terme à cet abus. »
(Politique.)
L’ancienne abbé de PostelI, dans la Campine, à deux
lieues de Turnhout vient d'ètre cédée à M. Marpertuis,
français, pour la somme d’un million et demi de francs
dont cinq cent mille à payer endéans les trois mois, et
un million plus tard. En cas de dédit un notaire de
Bruxelles est autorisé à payer au vendeur la somme de
50,000 fr. L'abbaye de Postell comprend deux fermes
et de grands bois de sapin; la surface entière delà
propriété est de quatre mille et trois à quatre cents ar-
pens. M. de Meulenaer, qui en était propriétaire, en
avait fait l'acquisition pour mille guinées, lors delà
vente des biens ecclésiatiqucs.
On présume avec quelque fondement que le Postell
delà Campine sera repeuplé par quelque ordre monas-
tique ; l’archevêque de Paris ne paraît par étranger à
l’acquisition. On dit que le prélat avait déjà fait faire
des démarches pour acquérir une propriété à Francfort,
lorsque l’abbaye de Postell à été offerte à celui qu’on
croit être son agent.
Quoiqu’il en soit de la destination du Postell on ne
sera pas fâché de connaître son origine. Le Postell était
d’abord une maison hospitalière, située dans une espèce
de désert au centre et à la distance d’au moins deux
lieues de treize gros bourgs. Il paraît queson nom lui
vient de poste comme si on dirait relai deposte ou séjour
des voyageurs, vers l’occident la propriété se perdait
dans des marais; elle y avait des champs, des pâturages
et des réservoirs d’eau. Vers le midi étaient de bonnes
terres de iabeur, au nord des bruyères d’une grande
étendue, et vers l’orient des forêts. Ce fut là que Fas-
tradus Miles de Wtwyck érigea à ses frais en 1175 une
maison hospitalière, qu’il remit à Gerland, abbé de
Floreffe pour y fonder une abbaye de religieuses de
l’ordre des Prémontrés sous l’obeissance d’un prévôt,
avec charge d’y recueillir et héberger tous les étrangers
qui s’y présenteraient. Gisla et Arnould de Brabant en
y plaçant leur fille Julia, dotèrent plus largement l’ab-
baye. La maison restait dans cet état jusqu’en 1270.
femme, et tu vois bien qu’il faut que je te serve d’ambassa-
deur, me dit le chevalier en me conduisant à ma chambre,
et en riant sous cape de la grimace dont j'avais accueilli l'or-
donnance du médecin.
Après avoir songé pendant la moitié de la nuit à madame
de Lagny, j’y rêvai pendant l’autre moitié, et je me réveillai
en me disant que si mes pressentimenlsne me trompaient pas,
cette femme pourrait bien être une exception entre toutes
celles qui m'avaient dégoûté du mariage...
Mais à peine avais-je exprimé cette pensée en moi-même
que je rougis en voyant entrer Warel, comme s’il eût pu la
lire sur mon front.
Il ne me parla que de ma santé jusqu’à deux heures de
l’après-midi. Alors il fit seller son cheval et me dit qu’il allait
se promener; je le vis en effet de ma fenêtre galoper versla
campagne, et je le suivis long-t«mps d'un œil jaloux.
— Je viens de chez M“c de fcagny, me dit-il en rentrant
au bout d'une heure.
J'eus besoin de me contenir pour ne pas tressaillir de sur-
prise et de colère.
— Je l'ai vue. continua-t-il tranquillement, je lui ai fait
tes remerciments et tes excuses, qu elle a reçus de la meil-
leure grâce du monde.
Et le traître s'asseyant près de moi, attendit mes questions
pour reparler d’elle.
Je passai un quart d'heure sans oser ouvrir la bouche, lut-
tant avec mon envie de savoir et avec la peur de la laisser
paraître. Je crus enfin concilier l’une et l'autre en demandant
au chevalier s'il avait trouvé exacts les renseignements que
je lui avais donnés la veille sur M,no de Lagny.
— Quels renseignements? s'écria l’assassin en riant de
mon supplice; tu as remarqué, je crois, qu'elle portait une
robe verte,un chapeau de paille et un voile blanc. Elle avait
aujourd'hui une robe grise et un bonnet de dentelle noire. Je
ne me souviens plus s’il y avait des fleurs au bonnet.
J'étais sur des charbons ardents, et j'étais tenté tour à tour
de sauter à la gorge du chevalier et de lui tendre la main pour
lui avouer mon impatience.
— Si tu veux savoir l’effet que m’a fait Mm0 de Lagny
reprit-il froidement aprèz avoir bien joui de mes tortures,
c’est urfe femme de vingt-six ans, blonde et grande, d'une
beauté qui frappe de loin et qui charme de près, d’un Ion ex-
quis et naturel tout à la fois. Son caractère doit être rempli
A cette époque un décret des comices de l’ordre ar-
rêta qu’on n’y recevrait plus de religieuses, mais qu’a-
près la mort de celles qui y étaient, leurs couvents se-
raient cèdes aux pères*abbés.Des pères de Floreffe y fu-
rent envoyés pour pourvoir au serricedivin.il y avait
une belle et vaste église dédiée à St-Nicolas et une cha-
pelle voisine de l’hôpital dédiée à St-Antoine et à St-
Rumold. Si ces bâtiments existent encore on doit y trou-
ver des tombeaux et des monuments du fondateur et de
plusieurs prévôts, entre autres de Gérard Van Eyck et
de Jean Ruyl. Ce dernier et son successeur avaient fait
de grandes réparations aux bâtiments et entouré l’ab-
baye d’un mur de clôture. Un historien, qui appelle le
Postell l’asile de la pauvreté, parce qu’on n’y refusait
l’aumône à personne, assure qu’il a vu le Postell soula-
ger la misère à quatre mille indigents en un seul jour,
et accorder en outre l’hospitalité à des personnes d’une
condition plus aisée. C'est pourquoi Goropius pense que
l’abbaye a reçu son nom du verset d’un psaume :
Postula a me et dabo tibi ( demandez-moi et je vous
donnnerai ). Les ducs de Brabant mettaient leur gloire
à porter le litre de protecteur du Postell.
LA FIN DU MONDE.
Les astrologues nous ont rassuré sur la fin du monde.
C’est maintenant le tour des astronomes. Il était temps,
u Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, dit un journal, les
astronomes ne sont guère d'accord avec les prophètes
de la fin du monde qu’on nous annonce décidément
comme très prochaine. Malgré les immenses comméra-
ges qui circulent à ce sujet, le commencement de l’an-
née 1840 sera fort stérile en phénomènes astronomiques
un peu insolites. Le 7 janvier, il est vrai, la planète Mars
a dù s’approcher de la lune à moins d’un degré de dis-
tance, à 5 heures 54 minutes du matin ; mais ce phé-
nomène, très utile pour déterminer la longitude d’un
navire égaré loin de nos régions, n’a point été visible
pour nous, et reste comme non avenu sur notre horizon.
» En poursuivant la série des calculs que l’Observa-
toire de Paris a publiés dans la Connaissance des temps
pour 1840 nous trouvons pour le 13 janvier à sept heu-
res vingt-huit minutes du soir, une occultation, par la
lune de la 54e étoile du Bélier, et pour le 14, deux au-
tres occulalions, l’une à huit heures cinquante minutes,
et l’autre à huit heures cinquante-huit minutes, dedeux
étoiles de la constellation des pléiades. Malheureuse-
ment ces étoiles sont fort petites, et les amateurs qui
voudraient être témoins de ces phénomènes feront bien
de se munir de lunettes de force moyenne. Ils verront
alors ces étoiles disparaître derrière le disque lunaire.
En cherchant bien, nous ne voyons pour le commence-
mentde 1840 qu’un seul phénomène astronomique as-
sez rare et remarquable; encore faut-il attendre pour
cela jusqu’au 15 mars prochain.
» ün verra dans la soirée de ce jour, à sept heures
dix-neuf minutes, temps moyen de Paris, l’occultation
par la lune d'une des plus belles étoiles du ciel, Régulus,
ou le Cœur-de-Lion. Ce phénomène sera partout observé
avec grand soin en Europe, et il est rare, par la raison
très simple, que les étoiles de première grandeur sont
rare dans le ciel. On voit que tous ces phénomènes
célestes, qui ne sont pas du tout surprenants, laissent
la question de la fin du monde absolument intacte. Ils
sont le résultat des laborieux calculs qui se font à Berlin
sous la direction du professeur Enke, à Greenwich en
Angleterre dans le Nauticalalmanach, ou à Paris dans
la Connaissance des temps, tous ouvrages qui sont
l'honneur des peuples civilisés. Mais ce sont là des livres
d'astronomie sérieuse eL nos astrologues ont de trop
bonnes raisons pour ue les consulter jamais. »
Notre correspondant de La Haye nous envoie la
lettre suivante :
La Haye, 4 janvier 1840.
Monsieur,
Puisque l'ajournement des états-généraux laisse la politi-
que mnette, puisque notre calme parfait n'est troublé que par
l'agitation des bals, concerts ou soirées qui se succèdent sant
interruption, puisqu’on toute sûreté nous pouvons jouir del
plaisir du théâtre en nombreuse et bonne compagnie, permet-
tez-moi de vous parler d’une bonne fortune que le Journal di
La Haye traite trop légèrement , voué comme il Test à la di-
rection, pour que je ne cherche pas à rendre une plus écla-
tante justice. C’était avant-hier, un jeudi, jour ordinairement
néfaste pour notre théâtre français, mais c’était au bénéfice
de Mme Hébert Masaé, denotre habile et charmante première
chanteuse a roulades, que malgré la force de l'habitude , si
de contrastes, car je l'ai vue, en une demi-heure, folâtre et
sérieuse, naïve et spirituelle, coquette et passionnée, compa-
tissante et ironique, simple et romanesque; en un mot, j'ai
trouvé vingt femmes en elle, et je n’ai pu m'empècher de ma
dire que I honame qui serait son mari aurait dans son ménaga
un sérail plus varié que le barem d’un sultan. Anssi j’ai tort
d'entreprendre de te la peindre, car de même qu’on la devina
tout entière en peu d'inslanlsdeconversation, de même on na
saurait se figqrer rien d’elle sans la voir et lui parler. An
reste, veuve d’un général après un an de mariage, elle est à
marier, et ellê est venue au château de ... pour y passer
une partie de la saison dans la famille d’un oncle-
— Tu n'en es pas amoureux par hasard ? dis-je en froissant
sous mes doigts la couverture de mon lit
Le chevalier poussa un grand éclat de rire , qui était en
même temps une réponse négative à ma question et uns
preuve péremptoire qu’il se faisait un jeu de mon tourment.
— Parlons sérieusement, mon ami, madame de Lagny est-
elle ce que tu viens de dire ?
— Pour le moins, répondit Warel avec le plus grand sang-
froid ; et le seul défaut que je lui trouve , encore un coup,
c'est d'avoir agi comme el le a fait hier envers un homme in-
capable de profiter d'une aventure qu'elle serait femme à
mener à bien. ,
— Et si j’en profitais, bourreau ! m’écriai-je, poussé a
bout, et renonçant à une dissimulation que Je sentais devenir
inutile. _
— Allons donc I ce n’est pas sans peine, fit le chevalier en
cessant le jeu de son côté et en me serrant la main.
— Mon cher, me dit-il dix jours après avec une conviction
Imposante, en m'abordant au retour de sa quatrième visite
au château de.................la Providence n'a pas sari!
dessein mis cette femme sur la route. C'est la pierre philoso-
phale que tu croyais introuvable. Je viens de rencontrer cher
son oncle, un de mes anciens camarades, qui la connaît depuis
son enfance, et qui m’a raconté sur elle des merveilles qui
passent toutes mes suppositions.
— Bient très bien ! répondis-je, sentant que mon impa-
tience me rendait mes jambes; je pourrai sortir dans deux
jours, el je la verrai IJe la verrai !
PITRE-CHEVALIER.
(La suite à demain.)
puissa
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' tion, i
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