Full text |
1843. - W.o 825.
A.MVERS, Dhttandic &3 Août
( ISultfèiuc .1 ntefts. )
JE PRÈCURSEU
On s'abonne: à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR, Bourse Anglaise
N.o 1040; en Belgique et k l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
Abonnement par trimestre
pour Anvers, 15 francs; pour la Pr«*
tince, 18 frs. ; pour l'étranger,20frs.
Insertions 25 centimes la ligne.
Keciatnes 50 » •
«3 Août.
TERHOKDE ET SON PORT DE MEK.
Nous allons compléter maintenant les observations que nous
avions à émettre à propos de la lettre de M. Delwart-Landen au
Moniteur.
Chaque localité possède ses avantages naturels : aux villes de
l’intérieur la modicité des loyers, de la main-d'œuvre, de la
consommation, de la production, etc. Aux ports de mer, des
loyers, des salaires, etc., plus élevés et auxquels ils peuvent
subvenir à cause du mouvement du commerce. Si vous enlevez
à ces derniers, les éléments naturels de leur prospérité, les pré-
rogatives de leur position, que leur restera-t-il, et avec quoi
feront-ils face aux charges qui pèsent si démesurément sur eux?
Ne voit-on pas le charbon de terre imposé de francs 16 les 1000
kilogrammes à l’entrée par mer, tandis qu’il ne paie que 3 5 4
francs par la frontière de terre ? Et pourquoi ? Mais tout bon-
nement dans l’intérêt exclusif de l’extraction nationale et des
mines belges situées dans le voisinage de la France. Nous vou-
drions bien qu’on nous expliquât de quel bien il peut être pour
le pays, de sacrifier continuellement les intérêts des ports de
mer à ceux des places de l’intérieur.
N’est-il pas étonnant qu'à l’avantage d’être capitale, siège du
gouvernement, résidence de la cour, Bruxelles ait dû cumuler
encore le privilège d’être port de mer, ou prétendu tel, et d'avoir
un entrepôt maritime, non pas sur un fleuve ou une rivière,
mais au moyen d’un canal !
Gand jouit de son importance comme grande place de fabri-
que ; y avait-il des raisons si puissantes pour en faire un port de
mer, également par un canal ?
Si nous nous ressouvenons bien, le gouvernement hollandais
s’était attaché dans le temps à créer le canal de Terneuzen,
afin d’avoir un moyen facile de faire concourir les marchés de
Rotterdam et d’Amsterdam, à l’approvisionnement des deux
Flandres de denrées coloniales et de matières premières. L’in-
tention était évidemment de travailler au détriment du port
d’Anvers; bien plus, on allait lui enlever ainsi ostensiblement
ses acheteurs naturels; en un mot, on voulait diminuer l’im-
Sortance de notre marché au profit du commerce hollandais.
ous voyons aujourd'hui jusqu’à quel point le but du gouver-
nement hollandais a été atteint. Diviser pour régner, tel est la
grande maxime machiavélique, et certains gouvernements ne
se font pas faute de la mettre en pratique quand l’occasion s’en
présente.
Maintenant, nous ferons observer que chaque acheteur or-
dinaire qu’on enlève au marché d’Anvers, donne naissance à un
germe d’atonie, de dépérissement commercial, dont nos voisins
les Hollandais sauront bien tirer le meilleur profit du monde.
En présence de tout ce qui se passe, ne dirait-on pas que c’est
nous, Belges, qui à défaut d’avoir pu tenir l’Escaut fermé, nous
sommes chargés, par nos actes législatifs et nos mesures de
douanes, de l’exécution des projets de rivalité conçus par le
commerce hollandais?
Et, chose étonnante ! les cris et les mesures dirigés contre le
commerce d’Anvers ne font jamais défaut dans le pays même.
Sur tous les points de la Belgique, on s’habitue à regarder le
port d’Anvers comme une charge pour la nation, à tel point
que chaque jour nous voyons se reproduire la querelle des
Membres et de l'Estomac. On ne peut, ou plutôt on ne veut pas
comprendre la somme de bien-être que gagne le pays en géné-
ral, en laissant à cet estomac tous les éléments possibles et né-
cessaires pour qu’il puisse continuer ses fonctions normales et
imprimer une vigueur chaque jour renouvelée à toutes les
autres fractions du corps.
Nous l’avons encore dit : Il est impossible de maintenir la
quotité d’impôt de patente ou droit de navigation sur le bate-
lage belge, si le cabotage ou le transport des marchandises à
l’intérieur est donné en partage aux pavillons étrangers. Il est
impossible que ces mêmesdroitscontinuentà peser sur le com-
merce anversois, alors qu’on multiplie les mesures qui tendent
à lui ravir les éléments de vitalité dont il était en possession.
Ce serait pâtir doublement, d’abord de la création du septième
port de mer belge, ensuite de la continuation d’un système fiscal
qui n’est plus en harmonie avec les ressources du port d’Anvers.
Notre place en a bien assez de la faute capitale commise par le
gouvernement, faute qui donne une nouvelle consécration à ce
que nous avons si souvent et depuis si longtemps prétendu :
« que le gouvernement belge est totalement privé de l’esprit
commercial, du génie des affaires. »
Libre, après cela, à M. Delwart-Landen de croire que tout
est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La
suite nous en apprendra plus long que nous pourrions en dire
aujourd'hui. Nous verrons ce que deviendront alors les argu-
ties de tous ces prôneurs de mesures qui dans tout autre pays
commercial seraient jugées intolérables.
Les journaux de Paris apprécient si rarement avec exactitude
et impartialité les rapports commerciaux de la Belgique et de
la France, que nous sommes heureux de trouver de temps en
temps une exception à cette règle. C’est à ce titre que nous re-
produisons l’article suivant du Globe de Paris :
« Nous avons en France une singulière manie, dit le Globe: c’est de
provoquer etde surexciter constamment la susceptibilité nationale, suil
en montrant le ministère [quel qu’il soit) occupé à abaisser, à déconsi-
dérer la nation, soit en lui reprochant de ne pas être maître partout
et de pas avoir la haute main sur les affaires qui surgissent dans l’uni-
vers entier, pour y jeter, à tort et à travers le nom et la volonté de la
France. S’il fallait en croire ces J’orquemada du journalisme, pour que
la France occupât le rang qui lui appartient, il faudrait transformer Pa-
ris en une sorte de Saint-office, dont apparemment les journalistes
vertueux seraient les rérérends pères Inquisiteurs, et assigner par
devant ce tribunal tous les gouvernements du monde civilisé, pour
leur faire rendre compte de leurs œuvres, de leurs pensées et de leurs
volontés les plus secrètes ; pour s’assurer s’il n’y a rien dans ces actions
et ces pensées qui soit contraire aux droits et aux prérogatives de la
France. Nous sommes la grande nation ; c’est vrai, c’est là une vérité
incontestable... en deçà des Pyrénées, des Alpes, du Rhin et tout le
long de la côte occidentale de l'Europe depuis Bayonne jusqu’à Dun-
kerque; mais au-delà de celte ligne, elle trouve des incrédules; la Rus-
sie, l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Autriche même n’hésitent pas à se dé-
clarer cliacuue la première nation du monde... pour la Chine, tout le
monde sait que nous ne sommes que des barbares.
» Tout cela est misérable, et tant que nous ne serons pas débarrassés
du chauvinisme, de toute celle palrioterie quiveutqu’on soit/ier d'être
Français quand on regarde la colonne , l’Europe refusera avec raison,
de nous prendre au sérieux et partagera l’opinion des Américains qui
croient qu’il ne peut venir de la France que des perruquiers et des
maîtres de danses.
» Voilà par exemplela Belgique ; lui rendons-nous la vie dure ! com-
me nous voudrions lui faire payer cher le coup de main que nous lui
avons donné, pour l’aider à asseoir sa révolution de septembre ! Ce
peuple est si industrieux, si laborieux, si patient, qu’il est arrivé à pro-
duire dix fois plus qu’il ne peut consommer, en matières de première
nécessité, en fer et houille spécialement. Cela étant, il nous demande
fort modestement si nous voudrions accepter avec lui une union com-
merciale, qui aurait pour résultat de nous donner à bon marché le fer
et la houille, dont nous avons très grand besoin, et d’ouvrirà nos grands
producteurs de vins, de soieries et d’articles de Paris, un marché de
consommation de 4 millions d’habitants. La proposition était au moins
discutable, ce nous semble. Mais allez donc faire entendre raison à la
presse surtout quand elle a derrière elle d’avides intérêts privés qui la
poussent et l’aiguillonnent ! La Belgique n’a pu même se faire écouter;
on l’a renvoyée à ses haut-fourneaux et à ses puits houillers.
» La Belgique naturellement, voyant que nous ne voulions pas d’elle,
avisa à faire ses affaires toute seule; ne pouvant obtenir notre protec-
tion, elle songea à se protéger elle-même, et l’arme sur laquelle elle
porta instinctivement et par habitude la main, fut cette vieille arme des
tarifs, bonne à toutes les mains. C'était son droit. Nous désapprouvons
les guerres de tarifs; mais que cette guerre soit bonne ou mauvaise,
nous ne pouvons dénier à la Belgique le droit d’en tenter les chances.
« Soyons de bonne foi; jusqu’ici la Belgique a été entre nos mains
un moyen de tenir l’industrie anglaise en échec. Les faveurs que la
France a concédées aux produits belges, ont frappé les produits an-
glais mais rien de plus. Maintenant, la Belgique demande à entrer pour
quelque chose dans les bénéfices de cette guerre, où elle est pour nous
un si utile auxiliaire, et nous la repoussons. En faisant à l’union alle-
mande quelques agaceries, pendant qu’elle se défend contre l’absolu-
tisme prohibitif de la France , elle cherche à nous faire comprendre
que pour beaucoup exiger, il faut savoir parfois accorder. «
ANGLETERRE.
Londres, 10 août. — La cour est retournée hier au chûteau de Wind-
sor.
— Le prince Alexandre des Pays-Bas est en ce moment au château de
Windsor pour y faire visite à la reine.
— On dit dans les cercles les mieux informés de Londres, qu’un traité
FEUILLETON.
UNE RÉVOLTE EN JUER.
Les journaux du Havre et de Marseille ont rendu compte dernière-
ment d’une révolte qui aurait éclaté en mer, sur le navire français le
Sévère, et à la suite de laquelle des poursuites seraient exercées contre
M, Menlonnier, second du navire, et plusieurs matelots de l’équipage.
Le Sémaphore de Marseille publie à ce sujet la lettre suivante de Men-
tonnier. Nous la reproduisons, en faisant remarquer cependant que les
faits qu’elle contient sont contredits par le jugement qu’a rendu après
enquête le consul du Cap.
« Le Jt décembre, jour de notre départ de Cette, nous vîmes à quel
capitaine nous aurions affaire. Armé d’un poignard et d’un pistolet, il
adressa les plus insultants défis à tout l’équipage, et, tout frémissant
de colère, il ajouta qu’il voulait faire sang nouveau à bord, et qu’il re-
couvrirait ses malles de la peau de quelques-uns de nous. Ces paroles
insensées, que rien ne justifiait, furent accueillies avec le silence de la
stupeur.
. 11 Mais aux insultes succédèrent bientôt les mauvais traitements; tou-
jours armé de son pistolet et de son poignard, il se permit d’odieuses
voies de fait sur plusieurs d’entre nous, et j’eus aussi ma part d’injures
et demenaces.Ma patience fut longue et héroïque;mais un jour,poussé
a bout par les plus grossiers outrages, je hasardai, d’un ton modéré et
Poli, quelques observations, ce qui ne fit que redoubler son exaspération
inexplicable et me valut de nouvelles injures. Ma douceur et mon silence,
dans lesquels il crut voir de la faiblesse ou de la peur, ne firent qu’ac-
croître sa fureur ; et un jour, tandis que les outrages sortaient de sa
bouche en termes révoltants, et qu’il paraissait être sur le point de me
trapper, je lui dis sévèrement qu’il eût à s’abstenir envers moi de voies
de fait ; j’ajoutai que les préventions que j’avais contre lui n’étaient que
trop justifiées, mais que je ne le craignais pas, bien qu’il portât sur lui
un arsenal. Le capitaine me répondit que nous nous battrions à notre
arrivée à Bourbon.
» Quelques jours après, le capitaine poursuivit, avec un pistolet à
baïonnette et chargé jusqu’à la gueule, un matelot, sous prétexte que
cet homme avait tenu des propos déplacés sur son compte; rien n’était
Plus faux; ce malheureux, courut se cacher et resta vingt-quatre heures
enfermé; il dut la vie à la promptitude de sa fuite; la peur qu’il éprouva,
a la vue de son capitaine armé, fut telle que pendant plus de deux se-
maines ce pauvre matelot fut comme frappé d’imbécilité. Dépareilles
scènes se renouvelaient chaque jour, et l’équipage, après avoir long-
temps hésité, se décida enfin à mettre ce capitaine hors d’état de le
tourmenter d’une manière aussi insolite et de faire courir des dangers
'es graves à quelques-uns de nous.
* Le 4 février, jour dont la date ne s’effacera jamais de mon esprit.au
moment de notre dîner, j’étais encore sur le pont, quand j’entendis le
capitaine, au comble de l’exaspération , vomissant contre moi les plus
sales invectives; j’allai immédiatement le trouver dans sa chambre,
pour lui demander la cause de cette nouvelle scène ; il me traita comme
si j’eusse été son esclave, et tandis que je repoussais ses absurdes accu-
sations, avec l’indignation d’une conscience honnête , il se leva de sa
chaise, avança vers moi l’une de ses mains, tandis qu’il serrait de l’au-
tre son poignard ; je découvris ma poitrine, et lui dis : « Si c’est à ma
vie que vous en vous, parlez. — Non , répondit le capitaine, j’en veux à
celle de trois ou quatre hommes qui bien certainement n’iront pas à
Bourbon; je me satisferai. » Ces paroles, prononcées d’une voix forte,
furent entendues de tout l’équipage, et son parti fut pris et arrêté dans
la nuit.
» Le dimanche, 5, à neuf heures du matin, les gens de l’équipage eu-
rent l’adresse de lui tendre un piège, en larguant la mure de ia bonnette
de hune derrière. Pendant que nous déjeunions, et comme le capitaine
était de quart, il se rendit sur le pont, et moi je me rendis dans ma cham-
bre. Le capitaine s’étant aperçu de ce manque de prévision dans la ma-
nœuvre, commença à lancer des injures contre moi; ensuite il ordonna
d’amurer la bonnette. Ce fut l’instant du signal. L’équipage se trans-
porta sur la dunette, et comme le capitaine était sans méfiance, il fut
saisi à l’instant, et garotté. Il s’était pris au piège : il était sans armes en
ce moment; il avait oublié de les reprendre, après les avoir quittées pour
faire sa loilette. S’il les avait eues, il est très probable qu’il en eût fait
usage. Au bruit de cette scène, je merendis sur le pont; mais deux hom-
mes me saisirent par le bras, et m’intimèrent, d’un ton impératif, l'or-
dre de me retirer. Je voulus plaider la cause du capitaine, et je lessup-
pliai de ne pas commettre un acte aussi répréhensible que celui de
s’emparer de la personne de leur chef; mes paroles n’eurent aucun suc-
cès; ils me répétèrent qu’il n’en voulaient pas à la vie du capitaine,qu’ils
ne lui feraient aucun mal, mais qu’ils le mettraient dans l’impuissance
de les outrager, de les battre, et de menacer leurs existences. Il me fal-
lut céder.
« Le capitaine, pâle et menaçant, était étendu sur le pont, les pieds
et les mains liés; debout, à côté de lui, je demandai à l’équipage ce
qu’il voulait faire. Us me répondirent qu’ils désiraient être menés au
Brésil, afin de s’y mettre à la disposition de l’autorité française. Sur
l’observation que je leur fis qu’une telledécision ne pourrait que retar-
der le navire dans son voyage, et par conséquent lui être onéreuse, et
qu’il convenait mieux decontinuernolreroule.il fut convenu (et le
capitaine garotté donna lui-même son avis,)que dans l’intérêt de l’ar-
mement et des chargeurs, le navire irait relâcher au cap de Bonrie-Ks-
pérance. Le capitaine m’en chargea spécialement, et déclara qu’il dé-
posait le commandement dans mes mains. Je dus donc accepter cette
pénible charge. J’y étais forcément contraint. Cette décision prise, on
s’empara des armes du capitaine, lesquelles consistaient en une carabi-
ne chargée à halle, en une paire de pistolets également chargés, et un
poignard ;ensuite on l’écroua dans la chambre; je proposai de le laisser
libre dans sa chambre, puisqu’il était désarmé ; ils ne voulurent rien
de commerce a été conclu entre les gouvernements français et brési-
lien; jusqu’à présent les clauses en sont tenues secrètes. Nous ignorons
ce que cette nouvelle peut avoir d’authentique, mais tout nous porte à
croire qu’elle est vraie. (Manchester-Gardian.)
Le Globe fait suivre celte nouvelle des observations suivantes :
Nous ne croyons pas au fait annoncé par le Manchester-Gardian.
Le Brésil est déterminé à essayer des droits élevés, et fournira un
exemple de plus de l'absurdité de ce système. Ce pays prouve déjà son
intention par la manière dont il applique les dispositions de son traité
actuel avec l’Angleterre ; car, bien que nominalement le droit sur les
denrées importées ne soit, conformément à la lettre rigoureuse delà
convention.que de 15 p. c., il s’élève par des moyens indirects, à 25 p.c.
Nous espérons bien que si jamais on conclut un nouveau traité avec
l’empire brésilien, on veillera aux moyens de l’empêcher d’enfreindre
ainsi une de ses principales clauses.
Les négociants de Liverpool sont en instance après du gouvernement
pour l’obtention d’une faveur qui, si elle leur est accordée, sera d’un
avantage immense pour ce port ; ils réclament l’établissement d’un
draw-back du droit payé sur les cotons importés lorsque les fils oa les
tissus sont réexportés.
— Lord Stuart de Rothsay, ambassadeur de la Grande-Bretagne en
Russie, va revenir en Angleterre avec sa famille et ne retournera plus à
Sl-Pétersbourg. Ce poste éminent a été offert à un noble marquis (le
marquis de Beaufort), qui l’a refusé. (Morning-Fost.)
— Le duc d’Ossuna et le marquis de Terranova sont partis de Lon-
dres pour Paris.se rendant en Espagne.
— Le Boi de Hanovre a donné hier une grande fête d’adieu aux mem-
bres de la haute noblesse et aux notabilités. Pins de G00 cartes d’invita-
tions avaient été distribuées pour cette soirée qui a eu lieu au palais
St-James dans les appartements du duc de Cumberland.
— Nous avons le regret d’annoncer à nos lecteurs que les ouvriers
de huit des plus importantes usines de cuivre des environs de Swansea
viennent d’abandonner leurs travaux, n’ayant pas voulu se soumettre
à une nouvelle réduction de leur salaire. (The Cambrian.)
— A Ashton-under-Lyne les fllenrs recommencent à déserter leur
travail ; déjà tons les ouvriers d'une des grandes filatures ont quitté l’a-
telier el l’on craint que le chômage ne devienne bientôt général.
— On lit dans le Times du 9 :
Le vaisseau de 72, le Malabar, commandant sir Georges-Rose Sarto-
ritis, est attendu à chaque instant à Plymouth, venant d’Espagne. On
dit qu’il a reçu l’ordre de faire voile pour l’Angleterre, avec l’ex-régent
Espartero, qui s’est embarqué à son bord à Cadix.
— La troisième lecture du bill relatif au désarmement de l’Irlande a
eu lieu dans la séance de la Chambre des Communes du 9 août. La pro-
position de lord Clements, demandant le renvoi du voteà six mois.aété
écartée par 125 voix contre 59, après une longue et vive discussion.
Dans sa séance de la veille, cette Chambre avait rejeté la proposition
du docteur Bowring, demandant que tous les employés de l’adminis-
tration des douanes fussent admissibles aux emplois supérieurs et que
les promotions eussent lieu suivant l’ordre hiérarchique.
—City-urtiele. —La moisson a commencé dans les comtés du sud et la
récolte parait devoir y être satisfaisante. Les nouvelles reçues au mar-
ché au grainsdes principaux districts agricoles sont rassurantes et tout
fait espérer une bonne récolte ordinaire. Le prix moyen du blé pour la
semaine dernière est de 60 sh. 9d. bien que celui des six dernières se-
maines ne soit que de 53 sh. 10 d. Les mercuriales les plus élevées sont
celles des comtés d’Uxbridge et de Westmoreland où le froment a at-
teint le prix de G4 sh. 2 d. et 64 sh. 5 d. La plus basse est celle du comté
d lleresford où le prix n’a été qu’à 49 sh. 8 d.
Les fonds anglais ont perdu beaucoup de la fermeté qu’ils avaient au
commencement de la semaine. Les consolidés ont été cotés avec peine
à 94 1|8 1|4 pour les deux cours.
Le marché des fonds étrangers est encore très faible aujourd’hui
surtout pour les fonds espagnols; la baisse sur ces valeurs a été de 5j8.
Chambre des ï,ords. — Séance du 8 août.
Les conventions relatives à la traite des nègres, conclues avec l’Au-
triche, le Chili, le Portugal et la république mexicaine, sont lues pour la
troisième fois et adoptées.
lord monteagle fixe la séance du 14 août pour la discussion de sa
motion relative aux finances du pays.
i,ord roden présente une pétilion de protestants d’Irlande qui se
plaignent qu’on les empêche de s’assembler pour les motifs les plus in-
offensifs. tandis qu’on tolère les rassemblements immenses et factieux
de catholiques sous le nom de meetings en faveur du rappel de l’Union.
Le noble lord appuie vivement les pétitionnaires et demande que le
gouvernement prenne des mesures pour mettre un terme à cette agi-
tation qui porte un préjudice considérable à tous les intéréts. LordWel-
lington, dit-il, en sa qualité de commandant en chef de l’armée, a fait
ce qu’il a pu pour empêcher qu'on fût obligé d’en venir à des voies de
fait; mais les autres membres du gouvernement n’ont pas fait tout ce
qu’ils auraient pu, pour empêcher que le mouvement se répandit et
pour assurer la sécurité des citoyens paisibles.
Il est évident, d’après la situation vraiment périlleuse où se trouvent
placés les protestants d’Irlande, que le gouvernement eût dû adopter,
pour garantir leur sûreté, des dispositions d’une nature plus décidée.
La milice aurait dû être mise à la disposition du gouvernement ; c’eût
été un encouragement et un appui donnés au dévouement des sujets
protestants de S. M. en Irlande.
le dbc de Wellington. Je ne puis m’empêcher de reconnaître que les
I pMB
entendre, et ce fut en ee moment que je dis au capitaine que, malgré sa
détention, je le reconnaissais toujours pour mon chefetqueje lui ferais
part, chaque jour, de la route que nous tiendrions. Mais il rejeta tua de-
mande et dit qu’il n’était plus rien à bord, et qu’il ne voulait point se
compromettre. Il ne continua que mieux ses projets de vengeance.
>iLe capitaine affecta une tranquillité parfaite, il ne proféra plus aucu-
ne injure; seulement il refusait de voir les observations que je lui pré-
sentais, ce qui ne m’empêchait pas de l’informer du plus petit détail; il
me renvoyait à l’équipage, par la raison qu'il était le maître du navire.
Mais ce calme ne dura pas : un jour il se déchaîna violemment contre
moi, me couvrait d’injures, m’accusa d’avoir été l’âme du complot et
d’avoir môme engagé l’équipage à le jeter à la mer, ce que celui-ci n’a-
vait pas osé faire; il ajouta que les galères ou l’échafaud m’attendaient.
Dans sa fureur, il ajouta que j’avais quitté Marseille pour me soustraire
au glaive delà justice, et que je mangerais le navire. Je haussai les
épaules en entendant toutes ces absurdes invectives.
» Je me livrai avec soin à la conduite du navire; les vents du S.-E. et
du S.-S.-E. nous contrarièrent beaucoup, et ce ne fut que le 25 avril que
je pus prendre le mouillage de Table-Baie, par un mauvais temps de
N.-N.-O. J’étais à deux lieues de terre, que je ne la voyais pas, quand
une petite éclaircie me fit apercevoir la montagne de la Table; je mouil-
lai à dix heures du matin, et peu de temps après je reçus une lettre du
consul français qui m’envoya chercher pour que je lui donnasse des in-
formations sur tout ce qui s’était passé à bord du Sévère. Le capitaine,
toujours garrotté, était resté dans la chambre.
n La cause de notre relâche dans la baie ayant été bientôt connue de
toute la ville, le capitaine du Nouveau-Tropique se rendit à notre bord
avec M. Albertus; j’avais été confirmé, par le conseil, dans le comman-
dement du Sévère, jusqu’à nouvel ordre. Le capitaine Lorraine eut les
pieds et les mains déliés, et vint â terre. Un tribunal fut formé; on le
composa du capitaine du Tropique,aveclequel j’avaiseu une vive alerte
chez M. Albertus; de M. Albertus, et de quelques autres personnes. Le
Tribunal me fit écrire une lettre par le consul ; cette lettre me tnainfe-
nait dans le commandement provisoire du navire, et ordonnait d’appo-
ser les scellés sur tous les panneaux et toutes les issues de la cale ; elle
me consignait, de plus, à bord. Je ne me soumis point à cet acte, et,
après avoir protesté, je descendis à terre, et allai demander au consul
l’explication de tout ce qu’on venait de faire ; il m’autorisa à venir à
terre toutes les fois que je le voudrais. Le Tribunal n’en continua pas
moins, et décidaqu’il nous serait fait l’application de la loi qui détermine
les peinesà infliger aux révoltés; il acquitta le capitaine. U a élé ensuite
décidé que nous serions rejugés à Bourbon. ,
» En attendant, cinq matelots et moi avons quitté le Severe, et notre
passage a été arrêté, aux frais du consul, à bord d’un navire anglais,
qui doit nous conduire à Maurice. Le reste de l’équipage a été retenu
de force à bord. A Bourbon, la vérité éclatera dans tout son jour, et
mon innocence sera reconnue. » |