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K Anvers, au Bureau du
Précurseur, rue des Fa-
lots N° 1095, où se trouve
Une boîte aux lettres et où
[privent s’adresser tous les
tris.
En Belgique et à l'rtran-
r, chez tous les direc-
teurs des postes.
A Paris, à i’Offlce-Cor-
Jrespondance de Lepello-
Itier-Bourgoio et cornp.e,
lue Notrc-Dame-des-Vic-
fcires N° 18.
PRÉCII
UR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX.
1IBEBTX.
PROGRÈS.
abonnekent.
Par An.........60 fr.
» 6 mois....... 30
a 3 » ........ 15
POUR LA BELGIQUE.
Par 3 mois.... 18 fri
pour l’étranger.
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ABIW02JCES.
25 centimes la ligne.
Laquatrième page, con-
sacrée aux annonces est
affichée à la bourse d’An-
vers et à la bourse des
principales villes de com-
merce.
28 Décembre.
IdE LA PROPOSITION DE M. DE MftRODE.
Nous avons fait connaître hier la proposition faite
[par M. de Mérode et appuyée par plusieurs représen-
tants. Elle consiste à remettre entre les mains de la
Ifrance, la ligne de forteresses qui existe sur notre
[frontière méridionale. Nous douions fort qu elle ren-
|contre beaucoup de sympathies et dans l’intérieur du
[pays et à l’étranger.
A l’étranger d’abord, les autres puissances ne pour-
raient voir que d’un œil ennemi la France devenir
maîtresse de ces places fortes, et la France ne pourrait
ly envoyer des troupes, sans par cela même se mettre
[en hostilité contre une grande partie de l’Europe. Or,
c’est précisément là ce que son gouvernement ne veut
pas. Prendre possession, même momentanément,de
|ces forteresses, en accepter la défense, cela équivau-
drait pour elle à prendre ouvertement les armes pour
la cause de la Belgique.Une guerre généraleen serait
la conséquence, et cette conséquence est celle que l’on
cherche à éviter atout prix. On peut donc, croyons-
nous, en conclure que, quand bien môme on en vicn-
drait à faire à la France la proposition que M. de
Mérode voudrait qu’on lui adressât, il serait très pro-
I bable que la France ne l’agréerait pas.
I Dans l’intérieur du pays, beaucoup de gens ne ver-
raient qu’avec mécontentement que i’on invitât la
France à prendre possession de nos forteresses; beau-
coup craindraient que la fable du cheval implorant le
secours de l’homme ne se réalisât une fois encore, et
cette crainte ne serait pas si dénuée de raison. Notre
opinion particulière est que si l’on parvient d’une ma-
nière quelconque àenlra’.ner la France dans uneguerre,
cette nationalité que l’on cherche à défendre pour-
rait bien y succomber. D’un autre cèté, il est à croire
que l’armée ne verrait pas un pareil événement avec
beaucoup de plaisir, et ce pourrait être déjà un le-
vain de désunion.
Sous tous ces rapports et pour ces différents motifs,
nous croyons donc que l’on ne saurait approuver la
proposition de M. de Mérode. La guerre au dehors,
1 inquiétude et la désunion au dedans, tels sont les
résultats que l’on aurait en perspective.
RUSSIE.
Odessa, 10 décembre. — Le navire sons pavillon an-
glais ltliaca, a été dernièrement arrêté à vingt ou vingt-
ci milles de Sousbaschi, par ie cutter de la croisière
ruasé, le Saint-Michel, qui i’a conduit provisoirement
à’, ?ni-Kalé. Ce bâtiment, dont on ignore encore le ton-
nage et la cargaison, avait, selon le commandant cap-
:iur, le cap sur la côte insurgée; mais un brigantin ot-
U 'an, qui naviguait dans la même direction que lui,
aer<> relâché après quelques heures d’arrestation; cela
donne lieu de penser que nous verrons recommencer
ï'cuüldon dis Précurseur.
25 ’ii
ÉVELISE.
C’était l'époque où les Anglais et les étrangers arrivent en
foule aux eaux de Brighton, soit pour se guérir, soit pour s’a-
muser. Au nombre des personnes les plus remarquables par
leur rang et leur fortune qui s’y trouvaient alors, on citait le
duc Villamonti , seigneur napolitain, que son grand âge
n’avait point empêché de quitter le beau ciel de son pays
pour venir chercher la santé dans la brumeuse Angleterre.
Le duc. qui entrait dans sa soixante-dmème année , perclus
de douleurs depuis fort long-temps, s’était enfin résolu à sui-
vre le conseil de plusieurs Anglais, en venant prendre les
bains pendant toute cette saison.
Le nombre des baigneurs était si grand que le duc n’avait
pu réussir à trouver une maison qu’il pût louer pour lui seul
et son monde. Celle dont il occupait la plus grande partie
renfermait, avant son arrivée, une famille anglaise que sa
mauvaise fortune avait obligée à se loger dans un fort petit
appartement. Cette famille se composait d'un M. Madisson,
de sa femme et de leur fille Evcline. M. Madisson, né de pa-
rents nobles, était par malheur le cadet de trois frères ; il n’a-
vait jamais eu d’autre état que celui d’amateur passionné de
poésie, de littérature, et surtout de recherches studieuses
dont il n’était point sorti jusqu’alors un seul volume qui pût
convenir au libraire ; en sorte que , s’étaat marié fort jeune
4 une femme sans biens, il avait toujours vécu pauvre. A la
vérité, celte pauvrelé, qui approchait alors de ia misère, ne
le rendit malheureux que lorsqu'il pensait aux deux êtres
chéris qui la partageaient. Pour son compte, l'étude lui tenait
lieu de toutes les jouissances qu'aurait pu lui donner la fortu-
ne : mais mistriss Madisson sentait plus vivement tout ce
qu’avait d'amer sa situation ; elle en souffrait pour elle et
Pour sa fille, au point que sa santé finit par s'altérer d'une
manière alarmante, et le médecin que l’on appela ayant or-
donné les eaux de Brighlon, son mari, qui l’adorait, n'hésita
Pas à faire tous les sacrifices pour l’y conduire.
On de ces hasards, qui ont lieu fréquemment lorsque l'on
habite la même maison, fit connaître M. Madisson au duc
Villamonti. Ce dernier, qui n'avait d'autres distractions que
celle d'aller prendra son bain et su douche, et que ses douleurs
fetenaient dans sa chambre le reste de la journée, rechercha
avec empressement la société de son voisin anglais, dont il
apprécia bientôt l'instruction, i'esprit et les bonnes manières,
j) ne tarda pas à inviter mistriss et miss Madisson à lui faire
■honneur de venir diner chez lui, et l'invitation, une fois ac-
ceptée , se renouvela souvent. Mistriss Madisson avait tout-à-
fsit le ton du grand inonde. Qu’elle avait vuilons les premiers
temps de son mariage. Sa fille, qu'elle avait parfaitement éle-
l’affaire du Vixen, bien que la croisière soit dans un
assez grand désordre et que dans celle saison elle doive
presqu’en entier rentrer pour se mettre à l’abri des ava-
ries et même des perles.
Une véritable organisation européenne se fait peu
à peu dans le Caucase parmi les insurgés, et la part no-
toire que les Anglais y prennent exaspère beaucoup les
fonctionnaires, généraux et amiraux de l’empereur, hu-
miliés par une résistance qui va toujours croissant et
semble devenir décidément invincible, avec d’autant
plus de raison que du côté des Russes tout s’use et se
démoralise ; c’est une véritable plaie. Chose très rare !
les Circassiens ne vendent plus les prisonniers qu’ils
font : c’est pour attirer les déserteurs, elils y ontréussi,
Leurs partis ont poussé jusqu’à Karkazkaïa d’un côté,
et tout près de Ekaterinodes de l’autre. La garnison
d’Anapa souffre des maladies, du manque d’eau et de
vivres, quoique les Russes se soient établis à Soudjouk-
Kalé. Un ex-capitaine polonais commande dans le dis-
trict du Nord des Abazes ; il a reçu de Constantinople
plusieurs canons de montagne.
Il est positif que les communications avec la
Géorgie n’ont plus lieu que par la voie de mer. (Je ne
parle pas de celles par le Daghestan d’Astracan, elc.) On
ne passe plus le Wlady Caucase et les autres passages,
c’est pourquoi tout se convoie parl’Imiret et l’Akilsyke.
Les ordres donnés dans ie Khanat d'Erivan pour faire
avancer 8 à 10,000 hommes du côté de la Perse ont été
révoqués, par suite des mauvaises dispositions des
Géorgiens qui sont devenues marquées, au point que
des bruits très sinistres ont couru. Les officiers malù-
des qui ont obtenu à grand’peine des permissions ont
rapporté que même les troupes qui étaient à Bakoa ont
été rappelées dans l’intérieur de la principauté, etitu’on
a dù licencier des corps de Géorgiens qui avaient com-
mencé à être organisés, de crainte qu’ils ne servissent
de noyau à une insurrection.
Dans nos gouvernements environnants, en Bessa-
rabie, sur le Danube, et même en Moldavie, les dispo-
sitions mililaires sont toujours telles, que certainement
les deux tiers des forces disponibles de l’empire y sont
concentrées. Il y a dans toutes les places un matériel
considérable et beaucoup de munitions de bouche eide
guerre. La réserve est de plus de 215,000 hommes, et
le général de Wilt met une grande activité dans la mise
sur pied des colonies militaires qui, dans çe moinejt,
pourraient présenter un effectif de 9 à 10,000 cavaliers.
Un conseil a été établi à Kherson pour centraliser les
dispositions prises ou à prendre pour cette partie, et
un autre à Kieuw, où l’on prépare, dit-ou, une grande
revue.
Trois ou quatre convois de paysans polonais sont
arrivés dans ie gouvernement d’Ekaterinoslaw, et l’on
s’occupe de leur distribution. Il doit en être envoyé
dans celui des Cosaques du Don.
PORTUGAL.
Lisbonne, 16 décembre. — Dimanche, 9 décembre,
les Cortès ont été ouvertes par la reine en personne. S.
M. étant montée sur le trône, a lu le discours suivant
d’une voix claire et distincte :
vée et qui possédait plusieurs talents, entrait dans sa dii-
septièrne aimée ; l'extrême simplicité de sa mise n'empêchait
pas sa beauté d'être remarquable ; ses magnifiques cheveux
bruns retombant en boucles sur ses blanches épaules, la mo-
deste robe de percale qui dessinait sa jolie taille, la paraient
mieux que n'aurait fait une plus riche toilette, et le vieux duc
ne pouvait la voir sans songer aux Raphaëls qu’il avait laissés
dans sa galerie à Naples.
Toutefois ce n’était pas la figure célesle. d'Eveline Maddis-
son qui le séduisait le plus ; c’était surtout la voix ravissante
qu’elle consentit à lui faire entendre, lorsque sa liaison fut
devenue plus intime, c’était la bonté qu’elle mettait souvent à
lui lire, de cette voix qui allait au cœur , quelques vers du
Dante d’Alfiéri. Soit qu’Eveline chantât ou qu’elle lût, le duc
oubliait ses douleurs et croyait retourner à l'âge de (renie ans.
Il résulta de tout ceci que la saison des eaux ri’éiait pas
close quand ie duc Villamonti demanda la maiu de miss Ma-
disson.
Tout brillant qu’était,sous plusieurs rapports, un pareil ma-
riage, cenefutqu’en tremblanlque M. Madisson et sa femme
en parlèrent à leur fille, prenant grand soin de lui dire qu’ils
n’avaient rien promis et qu'ils la laissaient entièrement maî-
tresse de refuser. Au premier mol d'une demande, dont la
pensée n’avait jamais pu lui venir jusqu'alors, tant le vieux
duc était à la fois pour elle un objet de respect et de pitié,
elle devint pâle et tremblante; mais ses yeux s'étant portés
sur sa mère, dont la figure amaigrie, les regards éteints attes-
taient l’effet du chagrin et de la misère, elle s'efforça de sou-
rire et dit qu’elle consentait à épouser le duc.
Trois semaines après, le duc Villamonti partit pour Naples
avec sa jeune épouse, non sans avoir établi son beau-père et
sa belle-mére dans un charmant cottage. qu’il leur avait
acheté près de Londres, et leur avoir assuré une rente de
trois cents guinées.
La pauvre Éveline n’avait pas même pour consolation de
ne point quitter ceux auxquels elle se sacrifiait ; il lui fallait
aller habiter un pays qui n’était point le sien, et vivre entou-
rée d’étrangers, près d’un vieillard dont les souffrances alté-
raient parfois le caractère, naturellement bon et humain.
Elle était loin cependant de murmurer contre le sort ; et
lorsque, pendant la roule, le chagrin, dont elle n’était pas
maîtresse, s’emparait de son ame, elle pensait au cottage . où
elle avait laissé son père et sa mère à l'abri du besoin et bé-
nissant chaque jour leur enfant.
Le duc éprouvait un si grand bien des eaux de Brighton
que, arrivé à Napies.il lui fut possibledeprésenter sa femme
à la cour et dans la sociéié , où la jeune duchesse obtint les
plusgrand succès. Evelinesentitcombien un inaride soixante-
dix ans était peu propre à décourager les adorateurs d'une
femme de dix-sept, et compta, surtout, sur l'extrême rigidité
de sa conduite pour se faire estimer dans ie monde. Jamais
elle ne consentait à sortir sans le duc, qui ne pouvait laccotn-
it Messieurs,
» C’est avec plaisir que je vois la représentation na-
tionale assemblée pour la première fois, conformément
à la nouvelle constitution de la monarchie.
n Je me félicite de la faveur par laquelle il a plu à la
divine Providence detn’accorder, à moi et à ce royaume,
un infant royal ; c’est là une nouvelle garantie de la
succession de la couronne et de la paix du Portugal.
L’infant don Louis a reçu le titre de duc d’Oporto, con-
formément au vœu de mon auguste père, de bienheu-
reuse mémoire,comme une preuve de l’estime que mé-
ritent les faits héroïques de celle cité inconquise.
n Je continue de recevoir des assurances d’amitié des
puissances étrangères avec lesquelles le Portugal est en
relations. Le roi de Grèce a envoyé un ministre pléni-
potentiaire prés de cette cour. Des relations diplomati-
ques ont par conséquent été établies avec ce royaume.
» J’ai la pleine confiance que le moment n’est pas
éloigné oùles relations amicales, maintenant pendantes
par suite des négociations,seront renouvelées avec le
Saint-Siège, relations qui subsistent depuis tant desiè-
clés entre mes augusles prédécesseurs et le chef visible
de l’église, relations qui ont toujours concilié les droits
de la Couronne et la dignité de la nation avec ses be-
soins religieux. Si dans ces temps d’osciilations politi-
ques, le fanatisme a essayé de séduire les personnes im-
prudentes, la pureté de la religion catholique s’est tou-
jours conservée parmi le peuple portugais.
» Je ne puis vous annoncer, comme je le désirais,
ia conclusion du traité avec la Grande-Bretagne pour la
suppression de la traile des nègres. J’espère.cependant,
que le jour n’est pas éloigné où un arrangement défini-
tif pourra être conclu. Des négociations ont été égale-
ment entamées avec la Erance pour le môme objet. Les
intérêts de la monarchie exigent la suppression totale
de ce trafic inhumain , qui dans nos provinces d’Afri-
que entrave les progrès de la civilisation et empêche l’é-
vangile de se répandre. Il est paient que toutes les na-
tions maritimes devraient s’entr’aider dans cet acte de
justice et de civilisation, et conclure des traités propres
à mettre un terme à ce trafic, et, en même temps à as-
surer la liberté du commerce et le respect dù à l’indé-
pendance des nations contractantes.
» Nous avons toujours à déplorer la continuation de
la guerre civile qui désole l’Espagne. La cause de la
reine catholique, qui se rattache si intimement à celle
de la liberté de la nation espagnole, excite en moi le plus
vif intérêt.
» Le pays jouit de la paix; néanmoins, dans quelques
parties du royaume, l’état de la sécurité publique n’est
pas satisfaisant. Les deux districts du Sud continuent
d'être infestés par de petites bandes de rebelles qui, à
chaque rencontre, ont invariablement été battus ou dis-
persés par les braves Iroupes qui les poursuivent.
» L’expérience a démontré que quelques-unes de nos
lois administratives, fiscales et judiciaires exigent des
modifications, etjesuiscerlaineque la môme expérience
vous guidera dans les réformes nécessaires hautement
réclamées par l’état du royaume. J’appelle votre atten-
tion sur les projets de loi qui, à cet effet, vous seront
présentés pas mes ministres.
>• Nos provinces d’Outre-mer réclament également
votre sollicitude. J’ai ordonné que diverses propositions
vous fussent présentées à cet égard.
ii Par les documents qui seront mis sous vos yeux,
vous apprendrez ce qui a été fait depuis la clôture
des dernières Cortès , et combien il est nécessaire de
prendre de promptes mesures pour pourvoir aux be-
soins du pays.
” Le ministre des finances nous soumettra l’état des
ressources publiques et l’estimation des subsides néces-
saires pour subvenir aux dépenses,. Il m’est agréable de
pouvoir vous annoncer que les revenus présentent pour
l’avenir des promesses flatteuses , qui ne peuvent que
remplir de confiance nos créanciers. La plus grande
partie des hypothèques, sur les plus importantes bran-
ches des revenus, ont été dégagées , et à moins que la
nécessité ne nous forçât à faire de nouveaux sacrifices ,
j’espère qu’avant la fin de 1S39 toute charge de cette
nature aura cessé de peser sur nous.
a L’accomplissement des obligations contractées pour
le rachat de ces ressources et l’exécution des autres
mesures dues au zèle et au patriotisme des Cortès con-
stituantes, ont mérité mon attention spéciale ; etje
puis vous assurer qu’aussi loin que l’exigence publique
l’a permis, la sollilude de mon gouvernement s’est di-
rigée vers le maintien du crédit national.
» L’accroissement apporté à la somme annuelle al-
louée au bureau du crédit a mis ce département en
état de satisfaire à beaucoup de ses engagements, et on
peut espérer qu’il lui sera non seulement bientôt possi-
ble d’assurer le paiement ponctuel de l’intérêt de la
delle intérieure fondée ; mais, en même temps, procu-
rera à mon gouvernement d’amples moyens d’entrer
dans de nouvelles opérations financières, par lesquelles
il sera pourvu aux droits des autres créanciers de l’Etat
comme la justice l’exige.
» La dette contractée en pays étrangers, et dont il
n’a pas été possible de payer lesdividendes avant 1857,
est un objet de la plus grande importance qui embrasse
à la fois l’honneur national et le crédit du gouverne-
ment. Un comité spécial a été nommé pour mepropQ-
serles moyens les plus convenables de pourvoir à cet
engagement et le résultat de ses travaux auxquels, com-
me je l’espère, vous vouerez votre plus sérieuse atten-
tion, voussera bientôt présenté.
» Le recouvrement et l’emploi des revenus deman-
dent votre autorisation. Ces considérations importan-
tes m’ont engagée à vous convoquer avant le jour désigné
par la loi fondamentale. »
ALLEMAGNE.
La Gazelle d’Augsbourg publie une correspondance
de Bruxelles , où il est dit que le gouvernement belge
n’avait encore reçu aucune communication officielle des
intentions delà conférence. Du reste ce qui concerne la
dette, l’Escaut, etc., doit être décidé entre là Hollande
et la Belgique , avant qu’un refus de celle-ci d’évacuer
le territoire puisse amener des moyens coercitifs.
La Belgique veut, avant de se lier de nouveau, avoir
la certitude que la Hollande admet ie traité,allénduque
l’omission de celte condition en 1831 est cause de
pagner que très rarement ; mais une vie sédentaire, dont
elle avait toujours eu l’habitude, était complètement dans ses
goûts. Elle avait l’antipathie des grandes réunions et des
grandes toiletles ; elle ne consentait â sc parer dans quelques
occasions que pour satisfaire au désir de son mari, qui se plai-
sait à la voir brillante. Il lui avait donné tous les diamants de
sa première femme, dont l’écrin valait plus d’un demi-million
mais il était fort rare qu’elle en fit usage. Un seul de tous
ces bijoux avait attiré son attention ; c’était un bracelet fort
simple auquel était attaché le portrait du duc à l’âge de vingt-
huit ans. Ce portrait, qui avait été très ressemblant, donnait
l’idée du plus charmant jeune homme que l’on pût voir ; des
traits réguliers, de grands yeux noirs, un sourire enchanteur,
tout représentait alors si peu l’original qu’Éveline, qui portait
toujours ce portrait à son bras, ne pouvait le regarder sans se
dire en soupirant qu’il était bien malheureux que le duc fût
aussi changé.
Si la jeune duchesse faisait peu de cas des jouissances
qu’elle refusait d aller chercher dans le monde, il n’en était
pas de même de toutes celles que procure une riche et bril-
lante existence ; elle n’était pas insensible au plaisir d’habiter
l’hiver un des plus magnifiques palais de Naples, et l'été une
des plus charmantes villa de l'Italie, de posséder en profu-
sion tout ce qui flattait son goût pour les arts. Le duc, a qui
les soins et la société de cette aimable créature prolongeaient
la vie, adoucissaient les souffrances, se plaisait à deviner tous
les désirs de sa jeune femme et à l’entourer de toutes les
jouissances que donne une grande fortune. Il lui fournissait
abondamment les moyens de se livrer à la bienfaisance qu'elle
exerçait avec délices.Aussi, lorsque Eveline, comblée des bé-
nédictions de quelque malheureux, venait reprendre auprès
de son mari sa place de garde-malade, sa jolie figure était
riante, son cœur satisfait, et bien loin de se livrer aux regrets
ou à ia tristesse, elle n’éprouvait que le besoin de prouver à
son vieux ami sa tendresse et sa reconnaissance.
Il y avait à peu près dix-huit mois qu’Eveline avait épousé
le duc Villamonti, et tous deux étaient établis depuis quel-
ques jours dans leur ri//o, située à deux lieues de Naples,
lorsqu'un soir le duc annonça pour le lendemain la visite d’u-
ne sœur et d’un neveu qu’il n'avait pu faire connaître encore
à sa femme, attendu que tous deux venaient de passer deux
ans à Paris.
Ils arrivèrent assez tard dans la matinée.
La comtesse Molza conservait encore de ia beauié, mais sa
tête élevée et son regard hautain annonçaient tout l'orgueil
dont elle était pourvue. Quant à Ludovico, son fils, qui pou-
vait avoir vingt-cinq ans, Eveline, lorsqu’il parut, eut peine à
retenir un cri en voyant entrer le jeune homme dont elle
avait le portrait à son bras. Tous les deux s’approchéreut du
duc qu'ils embrassèrent avec beaucoup de tendresse ; mais
comme celui-ci s'empressa de leur priÿenter sa femme, l’ex-
pression de leur visage changeant tout-4-coup, ils saluèrent la
duchesse avec une si grande froideur que le cœur d'Eveline
se serra douloureusement.
Lorsque l’on fût assis, une conversation intime s’établit en-
tre le frère, la sœur et le neveu. Le duc questionnant Ludo-
vico sur ce qu’il avait vu de plus remarquable en France, le
jeune comte parla avec tant d’esprit et de grâces sur toutes
choses, ses grands yeux noirs s’animaient tellement en rendant
compte à son oncle des impressions diverses qu'il avait reçues
dans différentes circonstances, qu’Eveline. accoutumée à la
conversation lente et morne d’un vieillard, ne se lassait poiDt
de l’écouter, en dépit du léger ressenliment qu’elle éprouvait
au fond de son cœur.
Ce ressentiment n’était que trop justifié par la manière of-
fensante avec laquelle les deux nobles parents traitaient la
douce créature que le sort leur donnait pour alliée. Non-seu-
lement ils affectaient de ne jamais adresser la parole directe-
ment à Eveline, niais lorsque par hasard elle mêlait un mot à
l'entretien, aucun des deux n'y répondait ; et si les regards
de Ludovico se portaient sur elle, iis exprimaient je ne sais
quel dédain qui n’échappait point à la duchesse et la blessait
profondément.
Le répas dont Eveline fit les honneurs avec toute la grâce
et l’urbanité que lui commandait sa place de maîtresse de
maison, n’apporta aucun changement dans les manières de
ses convives. Une politesse glaciale répondait toujours à sa
douce bienveillance et resserrait son cœur, prêt à s'ouvrir
pour deux êtres qui paraissaient sincèrement atlachés à son
mari. Enfin, la nuit venue, la comlcssc et son fils partirent
sans avoir adressé un seul mot aimable à l’innocente créature
qu’ils soupçonnaient si injustement d'avoir vendu sa jeuuesse
et sa beauté pour un titre et de l’or.
Le premier soin du duc Villamonti. dés qu'ils eurent pris
congé, fut de demander à Eveline si eUeavaBélésatisfaitedes
rapports qu elle venait d’avoir avec sa famille. Eveline avait
trop de Gerté pour se plaindre, et il lui fut aisé de persuader au
vieillard, très médiocre observateur de sa nature, que la
comtesse et son fils s'étaient montrés pour elle ce qu'ils de-
vaient être. Le duc à ce propos entama l'éloge de Ludovico ;
il ne tarit plus en louanges sur l'esprit, sur les qualités du
cœur de son neveu, et se mit à raconter en preuve plusieurs
traits de la vie du jeune comte, qui excitèrent tellement i in-
térêt de celle qui l’écoutait, qu’elle vit à regret cesser cet
entretien.
Lorsqu'Eveline, retirée chez elle, se retraça cette journée
qui, sans qu'elle sût pourquoi, lui semblait la plus intéressan-
te de sa vie,bien loin qu’il lui fût possible de voir dans Ludovico
un objet de ressentiment, elle ne cessait, quoi qu’elle fil pour
s'en distraire, de se représenter l’aimable figure du jeune
homme qu’elle avait vue souriante pour tout autre que pour
elle. Incapable de vils calculs, elle n’en soupçonnait pas plus
Ludovico et la comtesse (à laquelle elle songeait peu d'ailleurs)
qu’elle ne pensait en être soupçonnée pour son compte. La |