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1840. — N. O.
ANVERS, • Mardi 0 Janvier.
(Onzième Année
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Oit s’ttbonttm t
A Anvers au bureau du Précur-
seur, Bourse Anglaise, N» 1040;
en Belgique et à l’étranger chez
tousles Directeursdes Postes.
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JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTERAIRE.
PAIX. — LIBERTE. — PROGRÈS.
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Pour Anvers, !ofr.;p
vincei8fr.; pourl’étra'
Insertions 25 centim
Réclames. 50 i
O janvier.
Répartition (le Pintpôt. - Impôt foncier.
M. Verhaegen a demandé que l’impôt fût réparti d’une ma-
nière plus équitable, et que les riches payassent, relativement
pour le moins autant que les pauvres, les oisifs pour le moins
autant que les travailleurs. Cette thèse est juste de tout point,
et, pour notre part, nous la soutiendrons toujours, la jugeant
telle. Malheureusement, lorsqu’il l'a présentée et détendue,
M. Verbaegen a eu V imprudence détendre la réforme jusqu à la
propriété foncière. C’était, on l’avouera, une audace par trop
grande, et que ne pouvaient tolérer les Eloy de Burdinne et
autres seigneurs de village. Ils ont jeté les hauts cris et ont re-
présenté, comme une sorte de loi agraire, ce qui n’est en défi-
nitive qu’une mesure de stricte équité. UEmancipatiôn.» pris,
comme toujours, fait et cause pour eux et dénaturé les idées de
M. Verbaegen, pour donner le change sur les intentions réelles
de l'honorable représentant de Bruxelles. Pour s'en convaincre,
il suffit de lire le supplément qu’elle publie aujourd’hui et qui
contient le discours de M. Verbaegen.
Au reste, nousallons poser la question d’une façon si nette et
si précise, que nous défions Y Emancipation elle-même de la ré-
soudre autrement que ne l’a comprise M. Verbaegen.
La valeur du sol s'est-elle accrue depuis vingt ans? — Oui;
de vingt-cinq à trente pourcent, de cent pour cent, encer-
tainslieux, et la base de cette propriété est la plus solide de
toutes. Le loyer de la terre estdevenu relativement plus élevé.
La somme de l’impôt à payer par tous les contribuables est-
elle devenue plus considérable? — Oui, et dans les mêmes
proportions à peu près.
Les charges publiques s’étant accrues, la part qui devait
équitablement retombéf sur la propriété foncière, a-t-elle été
aussi forte quelle devait l'être? Bien loin de là,— car on
l'a déversée sur l’industrie et sur le commerce. Le sol n’a pas
payé cinquante centimes de plus qu’il ne payait, malgré l'aug-
mentation de valeur dont il n’a cessé de jouir et toutes les fa-
veurs que lui ont fait accorder ceux qui en possèdent une
grande étendue. Les grands propriétaires ont pris le soin chari-
table de ménager leurs intérêts dans ia répartition de l’impôt.
Ils ont rejeté sur d’aulresle fardeau qu’ilsdevaient légitimement
supporter.
Est-ce là de la justice distributive ? Quand la valeur d’un
objet augmente, d’une part, èt que, de l’autre, les charges pu-
bliques deviennent plus lourdes,, est-il équitable de ne pas im-
poser davantage la chose qui a acquis une valeur plus grande?
Nous connaissons la réponse de tous les hommes de sens; nous
attendons celle de Y Emancipation.
De remploi (le fer pour la construction des navires.
La chambre de commerce de Bordeaux, une des plus éclai-
rées et des plus libérales de France, vient d’adresser à 31. le
ministre de l’agriculture et du commerce une lettre, dont le
but est de demander l’admission des tôles et des fers étran-
gers, pour les constructions navales, sans aucune restriction.
Nous trouvons dans cette lettre remarquable à plus d’un li-
tre, un passage que nous croyons bon de reproduire, parce
qu’il s’y trouve des considérations sur l'emploi du fer qui peu-
vent être utiles. Voici ce passage ;
» Si de ces considérations préliminaires et qui dominent la question,
nous passons aux avantages que peuvent présenter, soit les construc-
tions en fer, soit les constructions mixtes, nous dirons qu’il est fort
difficile de préciser ces avantages dans l’état où sont tes choses. C’est
là une affaire d’expérience qui ne peut être résolue que par les faits.
» Cependant il est déjà permis de dire que les navires en fer ont, sur
les navires en bois, les avantages suivants :
1° D’un plus faible tirant d’eau.
2° D’une capacité supérieure à dimensions égales;
3° D’une plus longue durée, et par conséquent d’une valeur supé-
rieure de la coque quand le bâtiment devient vieux ;
4» De frais d’entretien annuels moins considérables ;
5° De moins de danger d’incendie; cette dernière considération est
d’un grand intérêt, surtout pour les bateaux à vapeur où les risques
du feu sont si graves et toujours imminents.
Ce genre de navire y gagne encore de pou voir être construit,avec plus
de solidité, dans les parties chargées par la machine et de se préserv er
par conséquence du poids considérable et de l’action mot rice qui opè-
rent incessamment dans le centre du navire, et qui, pour employer
l’expression usitée, le cassent en peu d’années. A côté de ces bénéfices
réels, il ne faut pas se dissimuler qu’il y a quelques inconvénients; l’un
des plus graves, c’est d’élever le prix delà coqueà un taux supérieur
à celui des constructions en bois, et par conséquent d’exiger une mise
dehors plus forte que pour les navires à voiles.
» Cette différence tend, il est vrai, à diminuer chaque jour par suite
de l’élévation du prix des bois; mais elle est assez considérable aujour-
d’hui. Cet inconvénient est de beaucoup moindre cependant dans la
construction des bateaux à vapeur, où la coque ne figure que pour
une petite portion de la dépense, tandis que la machine y entre pour
la très grande part.
» Quoiqu’il en soit, il nous semble positif que des essais réitérés
peuvent seuls porter la lumière dans tout ce qui a trait aux questions
dont il s’agit; l’exemple des deux peuples commerçants les plus habiles
les Anglais et les Américains, qui se livrent avec ardeur et persévél
rance à ces essais, est un enseignement que nous ne devons pas dé-
daigner.
» Il faut donc mettre nos armateurs et nos constructeurs de navires
en mesure desuivrel’exemple qui leur est donné parles nations rivales-
et comme il est reconnu que le prix des fers français rend tout à fait
impossible leur emploi pour les constructions navales, l’entrée en fran-
chise des fers étrangers ne saurait être refusée pour cet objet, sans
faire courir à notre marine le risque de rester dans un état plus grand
d’infériorité vis-à-vis de celle des autres puissances.
de nature à faire disparaître les anomalies qui existent dans les bud-
gets. _
Nous ne dirons rien d’une augmentation de 5,000 fr. qui est allouée
par la section centrale pour la correspondance,les frais d’ameublement,
etc. ; mais nous devons mentionner les observations que quelques
membres ont faites à propos des nominations de l’ordre de Léopold
qui ressortsisent comme on sait au déparlement des affaires étrangè-
res, pour l’achat des décorations II résulte des explications qui ont élé
données que le nombre des décorations accordées jusqu’ici, se répar-
tissent de la manière suivante : 1® Belges décorés jusqu’en 1845, 1,655
dont 65 sont décédés ; dans ce nombre on compte 5 grands-cordons, 5
grands-officiers, 56 commandeurs. 56 officiers, et 4.554 chevaliers ; 2®
étrangers décorés jusqu’en 1845, 1,016 parmi lesquels il y en a 40 dont
on a pu constater le décès ; dans ce nombre il y a 114 grands-cordons,
105 commandeurs, 176 officiers et 595 chevaliers.
D’autres observations ont été faites au sujet des crédits alloués pour
la légation du Brésil et pour celle de la Grèce; mais après les explica-
tions données par M. le ministre des affaires étrangères, l'un et l’autre
ont été maintenus sans difficulté.
La somme figurant au budget pour le traitement des agents consu-
laires était de 115,000 fr., ce qui faisait une augmentation de 5,000 fr.
destinée à assurer une protection plus efficace à nos intérêts commer-
ciaux aux Etals-Unis. Depuis la présentation du budget, M. le ministre
a fait une nouvelle demande de 9,000 fr. pour la création d’un consulat
à Cologne.
La seclion centrale ayant éLé d’opinion de supprimer ie consulat de
Valparaiso et pensant trouver ainsi le moyen de nommerdes consuls à
New-York et à Cologne, sans grever le budget de nouvelles dépenses,
a reçu de M. le ministre la réponse suivante aux questions qui lui ont
été posées.
« Pour la mission de Valparaiso. il semble que l’on peut s’en référer
» aux explications fournies à la chambre l’année dernière On a de-
» mandé que le consulat fût transféré à Valparaiso. Cela a été fait. M.
» Bosch est sur le point de conclure les traités qu’il a été chargé de
» négocier avec les gouvernements du Pérou et du Chili. C’est le seul
» agent belge rétribué sur la côte de l’Océan Pacifique : son traitement
>> est élevé, parce qu'il est reconnu que dans ce pays la valeur de l’ar-
» gent n’est pas la même qu’en Europe.
» L’intention du gouvernement est d’envoyer le consul de Singapo-
» re à New-York et d’augmenter son traitement de 5,000 francs, parce
» que la vie est extrêmement dispendieuse à New-York. C’est la ville
» des Etats-Unis où la résidence est la plus coûteuse. Les dépenses in-
» dispensables peuvent être comparées à celles de Londres. »
La section-centrale a reconnu futilité de la création des consulats à
New-York et à Cologne, et propose d’accorder les 12.000 francs deman-
mandés, mais seulement comme dépense extraordinaire et temporai-
re ; elle pense que dès 1847, la somme de ce chapitre reviendra au chif-
fre de 110.000 francs, le consulat de Valparaiso pouvant être supprimé
avant la fin de l’année 1846.
Elle conclut, en conséquence, à l’allocation de 11,000 francs comme
charge ordinaire, et à celle de 12,000 francs comme charge extraordi-
naire.
Nous ne mentionnerons pas les observations qui ont été faites sur
les autres chapitres du budget des affaires étrangères : elles sont sans
importance.
Deux sections ont désiré connaître les intentions du gouver-
nement relativement à la mission d’Angleterre, M. le ministre
des affaires étrangères a donné les explications suivantes que
nous reproduisons textuellement ;
« Les intentions du gouvernement sont de laisser le postes de Lon-
» dres vacant pendant le temps que le titulaire remplira des fonctions
» ministérielles en Belgique. Il se réserve de justifier cette résolution
» devant la chambre. — Le ministre ne touche plus son traitement
» attaché à la légation de Londres, et M. Drouet, qui jouit d’un traite-
» ment de 10,000 francs par ari, touche pour intérim , une indemnité
» équivalente au sixième du traitement du chef de la légation. »
La section centrale, après avoir obtenu ces renseignements,
s’est abstenu d’émettre un avis.
Nous avons sous les yeux le rapport qui a été fait par M. Osy sur le
budget des affaires étrangères. Le crédit primilif demandé par M. le
ministre s’élevait à 1,524 000 fr.; celui que propose la seclion centrale
est de 1,527.500, dont 1,312,500 comme charge ordinaire et 13,000 com-
me charge extraordinaire. Passons brièvement en revue lès points
sur lesquels portent les modifications introduites dans le budget.
Le crédit demandé pour l’administration centrale, qui l’année der-
nière était de 62,000 fr., atteint cette année la somme de fr. 84,200
par suite d’un transfert de fr 15,000 nécessité par la réunion des af-
faires commerciales au département des affaires étrangères, et d’une
Pigmentation de fr. 10,700 sollicitée par M. le ministre pour mettre le
traitement des fonctionnaires en rapport avec leur grade et avec l’im-
portance de leurs fonctions. Lasection centrale,qui a admis le transfert
sans difficulté, n’a pas accepté aussi facilement l’augmentation :
la majorité a accordé 2,000 fr. pour un traitement d’un secrétaire par-
ticulier de M. le ministre, mais elle s’est partagée sur la question de
savoirsi le surplus du crédit nouveau réduit à 4 000 fr. serait alloué,
«e sorte qu’en définitive le chapitre relatif à l'administration centrale
Serait réduit à fr. 75,500. La section centrale appelle d’ailleurs de nou-
veau l’attention du gouvernement sur la nécessité d’établir, pour les
employés des départements ministériels, un système de traitements
— On annonce que deux grands noms légitimistes, M. le duc de
Guiche, ancien grand-écuyer de Charles X, et M. le comte de Eéthisy,
viennent de se rallier au gouvernement.
— On écrit de Malte au Courrier de Marseille.» ladatedn 20 décembre:
* Le dernier courrier a apporté l’ordre du gouvernement anglais de
faire réparer immédiatement les fortifications de Malle et d’employer
de suite mille maçons à ces travaux. Us ont pour objet l’achèvement du
fort de Cottppera et quelques constructions nouvelles pourcompléler
l’ensemble du système de défense. On va établir deux punis, l’un à la
porte Calcara, et Pautre à celle des Hébreux. On paraît attacher ici
quelque importance à ces démonstrations. »
— Le service télégraphique pourra, dit-on, être mis en activité de
Madrid à Bayonne, au mois prochain. Comme le télégraphe marche en
général assez régulièrement de Bayonne à Paris, les deux gouverne-
ments pourront se transmettre ainsi rapidement leurs informations.
— La Caisse d’épargne vient d’arrêter le compte de ses recettes et
de ses dépenses pendant l’année 1845.
L'ensemble des opérations présente les résullals suivants : 247.fini
versements, y compris les transferts envoyés par les Caisses d’épargne
départementales, se sont élevés à la somme de 57 millions 679,090 fr. 77 c.
103.093 remboursements, y compris les transferts envoyés aux cais-
ses d’épargne départementales, ont monté à la somme de 51 millions
165.972 fr. 49 c.
Les intérêts boni fiés aux déposants sont fixés à 4 millions 20.733 fr 90 c.
Les achals de rentes demandés par 1,678 déposants (conformément
à la loi du 22 juin dernier, relaliveaux Caisses d’épargne), ont prnd-.it
100,000 fr. de rente en cinq ou en trois pour 100, pour un capital de 2
millions 559,811 fr. 5 c.
Si l’on compare cette situation avec celle de l’année précédénle (1814),
on trouve que la somme due aux déposants a diminué de 12 millions
24,545 fr. 5 c.. tandis qu’au contraire le nombre des déposants s’esl
augmenté de4,751; ce nombre, au 31 décembre 1845, est de 178.263. et
la somme qu’ils possèdent à la caisse d’épargne de Paris s’élève à 100
millions 57,570 fr. 55 c.
La promptitude avec laquelle les comptes sont arrêtés et la situation
connue exactement, le jour même où finit l’année, fait le plus grand
honneur à M. Prévost, agent général.
On verra avec plaisir que ce vaste établissement continue à remplir
parfaitement sa destination , le nombre des déposants s’étant encore
accru pendant l’année dernière.
Le nouveau traité conclu entre la Belgique et la France a
donné lieu à quelques observations dans les bureaux de la
chambre des députés Dans le Ier et dans le 7e bureau, 31. Fer-
dinand de Lasteyrie et 31. Gauthier de Rumilly ont critiqué la
conduite du gouvernement français, sans qu’on puisse conclure
de leur critique, s’ils trouvent que la France aurait fuit trop
ou trop peu de concessions. Dans le sixième bureau 31. Jules
de Lasteyrie a été beaucoup plus clair, et il a blâmé assez dure-
ment la nouvelle convention, au nom des industries françaises.
Voici comment s'est exprimé 31. Jules de Lasteyrie :
« L’année dernière, les chambres avaient exigé la dénonciation du
traité de commerce avec la Belgique; le ministère y avait consenti, et
voilà qu’il vient de conclure un nouveau traité à peu près identique au
premier. L’industriedu lin, du chanvre et des toiles intéresse quarante
de nos départements. Les queslions de douane, questions d’impôts,
qui touchent à la richesse publique, sont de celles que les chambres ont
surtout le droit de connaître. On ne parle pas du trailé nouveau dans
le discours du trône, et l’on s’arrangera sans doute de façon à ce que
la loi des douanes ne soit pas discutée cette année. ■>
SUISSE.
Berxe, 50 décembre. — Le canton de Zurich aura encore la direction
des affaires fédérales pour l’année 1846; mais, aux termes de la Con-
stitution, les fonctions de président du conseil d’Etat alternent entre
les deux bourgmestres, de sorte que le président actuel, M. Furrer,
cédera la place de bourgmestre en charge à son collègue, M. le docteur
Zehender 11 y a entre ces deux fonctionnaires la nuance qui sépare la
gauche (M. Zehender) du centre gauche (M. Furrer). Le parti conser-
vateur zuricois s’est beaucoup affaibli durant l’année qui va finir.
Le canton de Berne marche à de grandes améliorations intérieures.
Une motion signé par 55 membres du Grand-Conseil, vient de rendre
nécessaire la convocation du Grand-Conseil qui aura àdécidersila Con-
stitution doit être ou non révisée. Le conseil d’Elal se prononce pour
la révision de quelques points essentiels; mais on croit que les radicaux
renforcés dans la législature modifié qui va remplacer, la représenta-
tion cantonale actuelle, parviendront à obtenir qu’une refonte totale
de la Consitution soit décrétée.
La situation du canton de Lucerne est de plus en plus déplorable.
Malgré un décret d’amnistie qui n’a rendu la liberté à un millier de ci-
toyens qu’au détriment de leur fortune, et en les privant de leurs droits
politiques, une fraction considérable de citoyens est encore sous le
poids de la proscription.
La conlérence ultramontaine a ajourné l’exécution de la décision
qu’elle avait prise de réclamer la convocation d’une Diète extraordi-
naire, dans la crainte que le mandat de cette Diète ne tournât à son
propre détriment.
FRANGE.
Paris 4 décembre. — La commission d’adresse est maintenant com-
plète; on connaît les nominations des 5® et 7®bureaux; ce sont M-
Cousture et M. Jacques Lefebvre.
— La commission de l’adresse de la chambre des députés s’est réu-
nie hier dans le cabinet du président de la chambre, qui est aussi, aux
termes du réglement, président de la commission.
Dans cette première réunion, la commission a décidé qu’elle invite-
rait les ministres à lui faire connaître le jour où ils seront prêts à lui
donner des explications. La commission se réunira lundi pour conti-
nuer ses travaux. SI. Guizot se rendra au sein de la commission.
— On lit dans la Correspondance :
La reine Marie-Amélie est malade. Il pdraît que sa maladie présente
quelque gravité. Elle a une fluxion de poitrine. Cependant son état
a pas encore paru assez sérieux pour publier des bulletins.
nouvelles d’Afrique.
Le gouvenement a reçu hier au soir des rappors suivants adressés
à M. le ministre de la guerre :
Le gouverneur-général au ministre de la guerre.
Quartier-général aux sources ûe la Mina,
Le 7 décembre 1845.
Monsieurle ministre,
Hier 6, j’ai remonté la Mina, me dirigeant sur Guetifa, à la pointe-est
du Ghot-el Chergui, afin d’arriver le 7 au grand lac ou au moins très-
près.
Vers trois heures de l’après-midi. mon avant-garde me signala des
populations fuyant devant moi ; je fis à l’instant jeter à terre les sacs de
trois bataillons d’infanterie, et je me portai rapidement en avant avec
les troupes allégées. Nous ne tardâmes pas à êlre sur la queue des tri-
bus. Mes 200 chasseurs à cheval furent jetés à droite et à gauche avec
ordre d’aller prendre l’émigration par la tête, pendant que l’infanterie
arrivait au pas de course sur l’arrière-garde.
Ce mouvement a été heureusement exécuté, et peu de monde nous
a échappé, à l’exception d’un petit nombre de cavaliers. Nous n’avons
eu que quelques hommes blessés et quelques chevaux tués, tandis que
les Arabes ont eu 20Ü hommes tués et ont perdu en outre environ 500
prisonniers, dont 100 hommes armés.
Nous apprenons, par les prisonniers, que cette population et plu-
sieurs autres fuyaient devant les généraux Jusuf et Bedeau.
J’ai appris aussi parles prisonniers que SI. le lieutenant-général de
Lamoricière avait pris, dans le pays des Sdamas, deux Fliltas, les
Ouled-Bou-Ali et les Anathra, et que MM. les généraux Bedeau et Jusuf
avaient aussi fait des prises considérables sur les tribus qui avaient
suivi Abd-el-Kader au sud du Nador. Les partisans de l’ex-émir ont
donc perdu beaucoup plus que nos tribus fidèles en avant de Boghar,
et celles-ci ont dûse refaire en partie de leurs pertes dans la poursuite
qu’exécutent mes deux colonnes de l’est.
Le lieutenant-général Bedeau à M. le maréchal gouverneur-général.
Bivouac du TIeta des Beni-Djaad, sur l’Ysser,
le 19 décembre 1845.
Monsieur le maréchal.
J’ai eu l’honneur de vous écrire eii vous fesant eonnatlre que j’étais
en marche pour rejoindre, avec la colonne de M. le colonel Camou, la
brigade de #1. le général d’Arbouville.
Les deux colonnes étaient réunies le 12.
Le 15, au matin, je vins camper au TIeta sur l’Ysser, près de la frac-
tion des Cheurfa restés fidèles à Mahieddin.
Ben-Salem établit son bivouac sur les hauteurs de ia rive droite de
l’Ysser, en face de mon camp
Le 16, au point du jour, deux colonnes de 900 baïonnettes chacune,
les hommes étant sans sacs, sortirent du camp, accompagnés de 159
chevaux des chasseurs ou spahis.
M le général d’Arbouville, commandant la colonne de gauche, de-
vait se porter sur la droite de l’ennemi, pendant que la colonne droite,
aux ordres du colonel Camou, marchait de front sur les positions oc-
cupées.
La colonne de gauche occupa successivement toutes les crêtes sans
rencontrer une vive résistance. A dix heures. Je rassemblement com-
posé d’un millier d’hommes au plus, était complètement dissipé. Les
Kabyles, poursuivis avec rapidité, avaienl perdu quelques hommes.
Nous n’avions qu’un seul blessé.
Le 17, les Beni-Amram, les Bel-Ha'Ssem, les Oûlea-SeUm et Sengoua ,
firent au kalifa des propositions pour se soumettre.
Le 18, à onze heures, la colonne était arrêtât à la limite des Beni-
Maala. Des groupes assez nombreux se présentèrent à une lieue envi-
ron en avant de la tête de colonne. Bientôt, trompés par une retraite
feinte, 800 Kabyles environ passèrent le ravin.
Le 19® léger se replia devant eux jusqu’à ce que nous fussions arri-
vés à un terrain facile.M.le général d’Arbouville dirigea alors un retour
offensif avec la cavalerie, le 19® léger et le bataillon du 35®. Quarante et
quelques cadavres restèrent entre nos mains. Les spahis, les chasseurs,
le 19® léger et le 56® de ligne rapportèrent des bournous, de® fusils, des
pistolets et des yatagans. L’ennemi se relira en toute hâte et dans tou-
tes les directions.
Nous avons eu six hommes blessés, un cheval tué et un cheval blessé.
Celte disproportion avec les perles de l’ennemi s’explique suffisam-
ment par la remarque que notre combat n’a étéqipun retour offensif
prolongé, pendant lequel les Kabyles ont constamment fui devant nous.
Le général Thierry au minilslrc de la guerre.
Oran, le 25 décambre 1845.
Monsieur le ministre,
Une lettre de M le lieutenant-général de Lamoricière, que je reçois
aujourd’hui, me fait connaître qu’après une razzia exécutée par sa co-
lonne sur les fractions des Hachcm-Cheraga non encore ralliés, et sur
les Sdamas, dans la montagne de Sidi-ben-IIàlima, la totalité de cette
première tribu et trois grandes fractions de la seconde, savoir : les
Chelleg, les Ouled-bou-Ziri et une grande portion des Béni Lansar
avaient fait leur soumission.
Dans cette même lettre, M. le lieutenant-général m’apprend égale-
ment que toutes les fractions de l’ouest des Flittas, y compris les Ouled-
Beni-Layab. avaient été reçues à composition, soit par lui. soit par M.
le colonel Pélissier, commandant la subdivision de Mostagnem. Je suis
sans nouvelles directes de celle subdivision, mais je sais que les tribus
de la Mina sont rétablies dans leurs pays et commencent à s’occuper de
leurs labours.
Nous recevons en outre le Moniteur algérien el les autres journaux
d’Alger ; ils ne contiennent que des nouvelles peu importantes. M. le
maréchal duc d’Isly avait quitté le 18 décembre le pays des Onlud-Bes-
sem pour dessendre d’Oued-Riou, dont l’Abd-el-Kader avait descendu
la vallée en se retirant devant nos colonnes ; on ignorait où il s’etait |