Full text |
f843. - RT.® G
MVEK§, Vciidmli fl Janvier
(Millième lunée.)
E PRÉCURSEUR
On s'abonne : à Anvers au bureau
du PKIÎGUIISEUR, Bourse Anglaise
N.« 1040; en Belgique et à l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL. MARITIME ET LITTÉRAIRE.
Abonnement par trimestre
pour Anvers, I î> francs ; pour la F’ro-
v'nce, 18frs.; pour l'étranger, 20frs.
Insertions 25 centimes la ligne.
Réclames 50 » »
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
FEUILLETON.
VOYAGE AUX ANTILLES
FRANÇAISES, ANGLAISES, DANOISES, ESPAGNOLES,
A SAINT-DOMINGUE ET AUX ÉTATS-UNIS. (!)
Antigue.
Antique est la terre classique de l’émancipation des noirs.Les philan-
thropes mollirent cette île, depuis sept ans,à ceux qui don tent de l’effiea-
cité de leurs doctrines;et quand on leur dit qu’ils ont ruiné Démerari et
la Jamaïque,ils répondent: « VoyezAntigue! » Jeconseilleaux philan-
throphes anglais qui argumentent au nom de la postérité d’Antigue de se
hàter;car ils n’auront pas long-temps encore à bâtir sur cette île l’écha-
faudage de leurs syllogismes.
Il y a,du reste.à Anligue trois grands faits extérieurs, bien authenti-
ques,bien éclatants,de nature à donner raison aux philanthropes anglais,
aux yeux des personnes qui ne vont pas au fond des choses.
Premièrement, les noirs, émancipés depuis sept ans, travaillent assez
régulièrement sur les habitations;
Deuxièmement.les livres de la douane établissent d’une manière irré-
vocable que la production du sucre n’a pas sensiblement diminué.de-
puis l’émancipation;et que l’importation des vivres et des approvision-
nements a considérablementaugmenté;
Troisièmement, le chiffre des mariages entre les noirs émancipés s’est
accru et s’accroit tous les ans d’une manière prodigieuse.
Il y a donc là, comme je disais, trois grands faits qui semblent donner
raison aux philanthropes ; et d’où il paraît victorieusement résulterque
l’émancipation des noirs a amené le travail régulier et volontaire ; une
prospérité réelle, prouvée par le mainliendu revenu, et par l’accroisse-
' ment delà dépense; enfin une moralité toujours croissante, conséquence
logique de la fièvre du mariage, qui parait avoir gagné tous les éman-
cipés. Les philanthropes ont donc les faits pour eux ou au moins l’ap-
parence des faits, quand ils disent : «VoyezAntigue !» Malheureusement,
un fait ne prouve pas en général grand’chose, quand il n’est pas expli-
qué; et je vais montrer que les trois faits que je viens d’énoncer très
franchement ne prouvent en particulier rien du tout.
11 est très vrai que les noirs émancipés depuis prèsde neuf ans, à An-
tigue, travaillentrégulièrement. sur les habitations, et je suis même per-
suadé qu’ils y travailleront aussi long-temps qu’on voudra les employer;
mais ce travail est à peu près aussi volontaire que celui qui se fait aux
bagnes de Brest et de Toulon ; seulement, à Antigue, c’est la faim qui
sert de garde-chiourme.
Antigue est une île toute spéciale parmi les Antilles. Elle est à peu
près entièrement plate, déboisée, toute partagée entre les habitants,
sans terres vagues, cultivée dans toutes ses parties fertiles, et sujette à
(i) Voir le Précurseur des 10,19,24,50 novembre, U, 5 et 9 décembre.
des sécheresses presque permanentes. Il y avait neuf mois qu’il n’avait
pas plu à Antigue lorsque j’y étais. 11 résulte de tout cela trois choses
qui sont fort à considérer.
Premièrement, il n’y a pas, à Antigue, comme à Cayenne, comme à
Démerari, comme à la Jamaïque, d’immenses forêts et de hautes mon-
tagnes où les noirs, rebelles à la civilisation, puissent se retirer. Antigue
n’a pas assez de buissons pour cacher un lièvre.
Deuxièmement, les petits mornes qui se trouvent spécialement sous
le vent défilé sont si arides, si brûlés, si pelés, que la mousse et le lichen
y sont fort médiocres, et que les patates et les bananiers que les noirs
voudraient y planter n’y pousseraient pas.
Troisièmement, toute la terre fertile est occupée par les colons et
plantée en cannes; de sorte que les nègres n’ont absolument aucun
moyen de vivre par eux-mêmes; ils sont dans la nécessité impérieuse,
inflexible, permanente, d’avoir recours aux colons, et de travailler pour
vivre. J’ajoute que le seul travail qu’ils puissent trouver est l’agricul-
ture; l’industrie est nulle à Antigue, comme dans toutes les Antilles, où
les objets nécessaires à la vie sontapportés des manufactures d’Europe.
On ne fait à Antigue ni habits, ni chapeaux, ni bottes, ni chaises, ni toi-
les, ni draps, ni faïences , ni couteaux; pour tout dire, en un mot, on
n’y fabrique rien; les seules occupations lucratives, en dehors de l’agri-
culture, sont la domesticité et le métier de portefaix. Je ne parle pas,
il est vrai, de la mendicité et de la prostitution,qui envahissent Antigue
à grands pas; mais j’y reviendrai tout à l’heure.
Ainsi, le travail régulier qui se fait par les noirs sur les habitations
d’Antigue ne prouve absolument rien en faveur de l’émancipation; car
les noirs ne sont pas libres de travailler ou de ne pas travailler; il faut
qu’ils mangent et qu’ils vivent. Partout où ils ont pu vivre sans travail-
ler, ils l’ont fait; à Démerari, à la Jamaïque, où le sol est fertile et où les
pluies sont fréquentes, où des fruits abondants et de toute sorte vien-
nent d’eux-mêmes et mûrissent, toute l’année, et où le premier venu
peut se tailler un jardin à plein drap dans l’immensité des terres incul-
tes, les nègres ont refusé de travailler, même avec le salaire exorbitant
de deux francs cinquante centimes et de trois francs par jour. S’ils tra-
vaillentà Antigue,j’ai dit pourquoi : c’est qu’il faut qu’ils mangent.
Dans les autres îles anglaises émancipées, les planteurs sont à la merci
des noirs ; à Antigue, le climat et la nature du sol mettent les noirs à
la merci des propriétaires. Il y a, à Anligue, diverses manières de faire
travailler; mais les livres des planteurs prouvent que ia journée du noir
revient, terme moyen, a itn shelling anglais, qui vaut deux shellings
coloniaux, et vingt-cinq sous de France. Les noirs ne travaillent que
cinq jours par semaine. Comme du temps de l’esclavage ils ne travail-
laient pas pour le maître le samedi, ils ont conservé la même habitude
depuis l’émancipation, mais il faut dire qu’ils ne travaillent guère non
plus pour eux : le samedi se passe à laver le linge et à aller au marché
faire les provisions, c’est-à-dire que c’est un jour improductif. Pour le
dimanche, il se chôme régulièrement dans tous les pays anglais.
Les noirs n’ont donc que deux cent soixante-quatre jours productifs
dans l’année; et comme il faut manger pendant les jours improductifs
aussi bien que pendant les autres, et que huit jours improductifs par
payez à la manière africaine ou asiatique, un pour tous, le riche pour
le pauvre! Le parti conservateur de Barcelone est un véritable mar-
tyr qui a droit au respect et aux hommages de l’Europe entière.
(El Uèraldo.)
FRANCE.
Paris, i janvier.—Le maréchal Soult, ministre de la guerre, a défen-
du aux militaires en activité, d’écrire dans les journaux. Le général
Bugeaud ayant écrit dans cesdèrniers jours une lettre au National pour
réfuter quelques assertions émises par un officier-général sur l’Algérie,
le limita couru qu’il allait être remplacé.
Le Constitutionnel ne croit pas la nouvelle exacte, et il ajoute :
•< Le Journal des Débats et les au tres feuilles ministérielles gardent le
silence le plus absolu sur la nouvelle du rappel-de M.le général Bugeaud,
publiée hier par plusieurs journaux.
» On assure que le rappel de M. Bugeaud a été en effet proposé en
conseil des ministres, mais que cette question a été laissée de côté, et
que le maréchal Soult s’esl contenté d’adresser au gouverneur-géné-
ral une dépêche assez sévère dans laquelle il le rappelle à l’observation
des réglements. »
— Le conseil des ministres s’est réuni hier sous la présidence de M.le
maréchal Soult et il a entendu la première lecture du projet du discours
rédigé par MM. Guizot et Villemain.
On prétend que la discussion qui s’est élevée sur plusieurs paragra-
phes a été si vive que M. Teste, ministre des travaux publics s’estrendu
dans la soirée chez le roi et qu’il l’a priéde disposerde son portefeuille.
— Hier, les ministres sont allés en corps présenter leurs hommages
à la reine Christine d’Espagne. M. Martin (du Nord) garde-des-sceaux
seul était absent. Ayant été atteint, comme nous l’avons dit, d’une assez
forte hémoriage, le repos lui est ordonné pour quelques jours.
On parle toujours de la résolution qu’a prise M. l’amiral Duperré de
se retirer des affaires.
— Ou dit queM. le duc de Montpensier vient d’être fait capitaine d’ar-
tillerie à l’occasion du nouvel an.
— On écrit de Montpellier, le 50 décembre:
Quelques journaux ont annoncé l’évasion de M»>«Lafarge delà maison
centrale où elle subit sa peine. Il n’en est rien; et l'on demande ici d’où
ce bruit a pu partir. Elle est toujours dans sa cellule, passant sa vie au
lità litre de malade, pour ne pas revêtir le costume de bure des prison-
niers. On a remarqué néanmoins quesa santé était améliorée et qu’elle
prenait àutre chose que du chocolat, qui a été pendant long-temps sa
seule nourriture.
11 n’en est pas de même de MU» Grouvelle, condamnée politique, qui,
presque à la veille de sortir de prison à la suite de l’expiration de sa pei-
ne, est tombée dans une sorte de torpeur inquiétante. Depuis quelque
temps elle refuse de changer de vêtements et reste muette et immobile
dans le logement particulier qu’elle occupe dans l’un des pavillons du
bâtiment où est établie la maison centrale. Les sœurs deSl-Joseph.qui
sont aujourd’hui chargées de la surveillance eldes soinsà donner à tou-
tes les détenues, ne sont point parvenues encore à la distraire de ses
préoccupations.
— Le Commerce annonce que le général Bourjolly , que le maréchal
Soult envoya aux arrêts forcés dans la citadelle de Lille, à la suite de
lettres publiées dans les journaux, va être de nouveau employé en Al-
gérie. *
— On a ouvert dans les environs de la porte St-Denis une boutique
où l’on vend,ainsi que l’indique l’enseigne,des objets provenant de l'in-
cendie de Hambourg. L'es débris, des morceaux de charbon, des mé-
taux fondus et inormes, des meubles à demi-consumés, voilà de sédui-
santes curiosités et de dignes élrennes qui résument parfaitement la
fatale année dont le terme est venu.
— Le tribunal de Commerce de la Seine a prononcé dans le mois de
décembre dernier 60 jugements dedéclaration de failli te, 19 de plus qu’en
novembre , et 0 de plus qu’en décembre de l’année 1841. Ce nombre
complète pour le dernier semestre 1842 celui de 535 jugements de même
nature qui, joints aux 294 rendus dans les six premiers mois, donnent
pour toute l’année un total de 649. Il avait été déclaré 805 faillites en
1841.
— Bulletin «le la Bourse. — L’approche de l’ouverture des Cham-
bres préoccupe vivement les spéculateurs. On craint que le ministère
ne soit renversé,surtout s’il est vrai que M.Guizot veut demander 3 mil-
lions pour augmenter le nombre de nos croisières et exécuter les traités
de 1851 et 1855 sur le droit de visite.
Le 5 p. c. a ouvert 79-10 et a fléchi à 79. Le 5 p. c. a fléchi de 120-05 à
119-95.
Le 3 p. c. belge était à 105 5)8, 1|2; l’emprunt de 1840à 104 5|8; la Ban-
que belge à 770. La rente active d’Espagne n’a pas été cotée.
O Janvier.
VOIES DE COMMUNICATION (1).
Pour apprécier les avantages respectifs des voies diverses de
communication, il ne faut pas perdre de vue la différence qui
existe entre un chemin de fer que l’on destine spécialement au
transport des voyageurs et des marchandises de commerce, et
le chemin de fer’que l’on affecte exclusivement au transport de
certaines matières. Le premier exécuté et exploité dans un but
unique, uniforme et simple, prendrait des allures économiques
comme celles du canal; le second, au fur età mesure qu’il éten-
drait ses moyens, s’occuperait de plus de choses, les exécuterait
moins bien et ne parviendrait à accomplir cette destinée multi-
ple, analogue à celle des routes ordinaires, qu’en perdant de sa
perfection et en exigeant une administration compliquée etcoù-
teuse. Le public peut se faire une idée de la justesse de ces
remarques en voyant ce que devient la célérité exigée pour les
dépêches sur le chemin de fer, lorsque le convoi qui les trans-
porte est chargé en même temps de marchandises.
Le canal, au contraire, transporte aussi bien et à meilleur
marché que le chemin de fer surtout lorsqu’il s’agit d’un ton-
nage important, les matières et les marchandises qui n’exigent
ni la vitesse, ni un certain ordre, ni de grands soins; les objets
surtout qui s’expédient par masses, tels que les produits des
mines,des houillières.des carrières,les matériaux de terre-cuite;
les chaux, les engrais, les fourrages, les bois, etc. ; appliqué à
ces seuls transports, il fait mieux que le chemin de fer.
Voici maintenant les chiffres donnés par M. Vifquain pour le
prix du fret, ou en d’autres termes la somme totale de toutes
espèces de frais qu’exige le transport par canal d’un tonneau
de marchandises quelconques.
Sur le canal de Bruxelles à Charleroi :
(55 écluses etsouterrain de 1280mètres). . . . fr. 0,026
Sur le canal de Mous à Condé....................» 0,016
Sur le canal de la Satnbre ) en descente . . » 0,0192
De Charleroi vers la frontière, ( en remonte . . » 0,0256
Sur l’Escaut eu descente avec retour à vide ...» 0,027
Sur le canal de Bruxelles. . ...............» 0,0244
Sur le canal de Louvain.........................» 0,0205
Tandis que le même fret par tonneau sur le chemin de fer se
trouve être au minimum’:
Sur le chemin de fer de Stockton à Darlington , le plus éco-
nomique de l’Angleterre ........................0,036
Sur celui de Manchestre à Liverpool .... 0,0496
Sur celui de St-Etienne où la charge est toute
en descente..................................... 0,0424
Sur les chemins de fer américains............0,05
Donc pour les matières que sa spécialité lui assigne, le canal
transporte aussi bien que le chemin de fer entre deux points
extrêmes ; mieux que ce dernier, il recueille et distribue la
marchandise aux points de fabrication, d’industrie et de com-
merce qu’il rencontre et qui sont dans notre pays presque gé-
néralement établis le long des cours d’eaux navigables. Ajou-
tons que le canal et la rivière sont en général placés en des-
sous des lieux d’extraction, des fabriques et des usines, disposi-
tion favorable à l’économie des chargements, tandis que le
chemin de fer se trouve ordinairement établi au-dessus.
Le chemin de fer néanmoins est exempt des chômages et des
interruptions par les gelées qu’éprouvent les canaux ; mais les
chômages, avec quelque peu de bon vouloir chez les ingénieurs,
dit M. Vifquain, pourraient se réduire à si peu de durée qu’ils
n’apporteraient aucune perturbation sensible dans le commerce.
(1) Voir le Précurseur du 51 décembre dernier.
Au canal de Charleroi, le chômage s’est réduit l’année 1842 à
20 jours. < _
De tout ce qui précède, il résulte évidemment qu’en Belgique
les canaux peuvent lutter, au bénéfice du public, avec le grand
chemin de fer, dans la spécialité des transports des matières
premières etqu’ainsi il est du devoir de l’administration de s’en
occuper avec sollicitude.
ANGLETERRE.
Londres, 5 janvier. — La détressecommerciale continue d’étre fort
grande dans les provinces, à peu d’exceptions près. C’est en vain que
les capitalistes offrent leurs fonds à des taux d’intérêt peu élevés, ils ne
parviennent à les placer nulle part. La Banque d’Angleterre et les éta-
blissements locaux du même genre ont diminué et continuent à dimi-
nuer chaque jour la quantité de leurs bons au porteur en circulation,
tandis que l’argent comptant afflue dans les coffres de la Banque d’An-
gleterre où il reste sans emploi. En un seul mois le montant des bons
en circulation de la Banque a été réduit de 1,200.000 livres sterlings, et
la valeur des métaux précieux en réserve s’est accrue de 600,000 livres.
Le 12 décembre, ses bons au porteur en circulation se montaient à 19
millions à peu près, et son encaisse métallique à environ 10 1|2 millions
de livres sterlings. Depuis le mois de décembre 1853, on n’avait pas vu
une si grande masse de numéraire dans les coffres de !a Banque,
(Urussds Free Press.)
— Samedi dernier le grand-sceau d’Angleterre a été apposé au traité
récemment ratifié entre la Chine et la Grande-Bretagne. Cette opération
a eu lieu dans l’hôtel du lord-chancelier d’où on l’a envoyé au ministère
de la guerre pour être ultérieurement envoyé en Chine. Le sceau est
enfermé dans une élégante boîte d’argent et déposé avec le traité dans
une cassette couverte de velours cramoisi. (Morning-Ilirald.)
ESPAGNE.
Madrid, 28 décembre. — On attribue au gouvernement et au parti do-
minant l’intention d’émettre en toute sa force et vigueur, le testament
du feu roi, et l’on propage cette nouvelle avec le même sérieux qui a
présidé à la propagation de tant de bruits contradictoires. Voilà la pre-
mière nouvelle; et si elle inquiète quelqu’un, nous pouvons donner
l’assurance que ni le gouvernement, ni nos amis politiques ne se rap-
pellent ce testament. L’illustre duc et ses conseillers responsables ne
songent pas à modifier le terme de la minorité. Si la nation, représen-
tée légalement, voulait, ou le reculer ou l’avancer, déjà nous l’avons dit
plusieurs fois, la nation n’en demanderait la permission ni aux journaux
de la ligue, ni aux feuilles ministérielles. (El Patriola.)
— Des correspondances de Paris et de Bayonne, adressées à des en-
nemis déclarés de la situation actuelle, annoncent que le gouvernement
français a donné l’ordre à M. le duc de Gluksberg d’exiger impérieuse-
ment des satisfactions de notre gouvernement; Nous pouvons affir-
mer, au contraire, que le langage de M. le chargé d’affairés a été cour-
tois et amical. (Idem )
— Quelques journaux de la coalition ont assuré que la députation pro-
vinciale et l’ayuntamiento ne veulent pas que le régent soit fêlé à son
retour. L’événement se chargera de démentir ces journaux. (Idem.)
— Hier à trois heures de l’après-midi, la reine et sa sœur se sont pro-
menées au Prado, accompagnées de la gouvernante, de la camarera-
mayor et des officiers de la semaine. Les deux princesses ont meilleur
visage que jamais.L’amabilité de leurs manièresa frappé toutle monde.
(Espectador.)
— Le ministre de la guerre écrit de Tarragone, 22 décembre, et de
Vinaroz,23, que partout sur son passage le régent a reçu les plus sin-
cères témoignages d’adhésion. Les municipalités, les chapitres ecclé-
siastiques, les milices de toutes armes, venaient le recevoir a l’entrée de
chaque village. S. A. lésa tous remerciésavec affabilité de leurs atten-
tions et du zèle patriotique qui les distingue.Le régent est arrivé le 22,
à 5 heures 1|2, à Tarragone où ta population l’a salué d’acclamations ré-
pétées. Il est arrivé le lendemain à Bens, où il a passé en revue les deux
bataillons de la milice. (Gazette.)
— Ce sont les modérés qui paient et qui paieront toujours ; M. Xifre
seul est tenu de payer l’énorme somme d'un million. On exige de trois
fabricants, également modérés, 2 millions ; de sorte que la barbare con-
tribution votée dans un ordre du jour, doit être acquittée exclusive-
ment par des conservateurs. Les Anglais doivent être contents : on a
détruit les fabriques de Barcelone, on a ruiné et appauvri les fabricants.
L’arbitraire gouvernemental est à l’ordre du jour. Le vassal de la féo-
dalité, l’Ilote, le Paria, l’esclave prosterné aux pieds de son maître, ne
sont rien auprès des négociants de Barcelone. Démolit-on la citadelle !
Payez conservateurs ! La relève-t-on ! payez encore conservateurs !
mois en font quatre-vingt-seize paran,iesvingt-cinq sous parjour pro-
ductif, répartis sur tons lesjours de l’année, réduisent le salaire à dix-
huit sous par jour. Les noirs qui aiment mieux servir comme domesti-
ques que travailler à l’agriculture gagnent un tiers de moins que les
autres, c’est-à-dire dix-sept sous parjour; mais ils se trouvent parle
fait gagner à peu près autant, parce qu’ils n’ont pas de jours impro-
ductifs.
Le chef-d’œuvre des philanthropes anglais qui se sont mélés d’orga-
niser une société a donc été de placer le travail dans de telles condi-
tions que le travailleur, aux champs du matin ausoir,negagnequedix-
huit sous par jour. Et qui ne sait pas ce que valent dix-huit sous en pays
anglais! Aveccesdix-huitsous,il faut se nourrir, s’habiller, soi, safefnme
et ses enfants; et songez que les vivres et les vêtements arrivent à An-
tigue d’Amérique et d’Angleterre, c’est-à-dire augmentés des bénéfices
de fabrique, des bénéfices de vente au détail, du fret, des frais d’an-
crage, des fraisde déchargement, de magasin, que sais-je? Il fautavùuer
qu’en disant que ces dix-huit sous doivent suffire à la nourriture et à
l’habillement du mari, de la femme et des enfants, il convient d’ajouter
à ces dix-huit sous les salaires de la femme, qui sont à peu près égaux,
et faire monterlesressourcesquotidiennes du ménagea trente six sous;
mais je n’ai pas compté non plus les jours de maladie pour le mari, le
temps de grossesse pour la femme, et la perte de temps énorme qu’en-
traîne pour celle-ci le soin des enfants, ce qui maintient en tout cas à
dix-huit parjour les ressources respectives du mari et celles de la fem-
me, sans faire mention du repos forcé occasionné par les maladies et
sans tenir compte des enfants. Mais je dirai plus loin la méthode écono-
mique inventée par les noirs émancipés pour soigner les enfants. Je
dois ajouter encore au salaire des noirs le revenu qu’ils tirent des jar-
dins que les propriétaires leur donnent; mais les revenus de ces jardins
se réduisent à presque rien, par trois circonstances fort simples; pre-
mièrement, on ne donne aux noirs que des terres impropres à la cul-
ture de la canne, c'est-à-dire des terres à peu près stériles; deuxième-
ment, la sécheresse permanente qui règne à Anligue s’oppose à la cul-
ture des vivres et des arbres fruitiers, à moins que dans les terres de
prédilections, réservées pour la production du sucre ; troisièmement,
les nègres n’ont pas le temps de travailler à leurs jardins saùs perdre le
shelling de leur journée, car ils chôment le dimanche, et ils emploient
le samedi à aller aux provisions dans les marchés de Sl-Jean etd’En-
glish-Harbour.età laver leur linge.Il faut noter que lés soins du ménage
ne sont pas remplis par les négresses; car vous verrez plus loin que les
nègres mariés n’habitent jamais avec leurs femmes.
Il faut donc revenir à ces malheureux dix-huit sous parjour, dimi-
nués par la dépense des enfants et par le chômage des maladies. Les
philanthropes ont donc proposé, coffime chef-d’œuvre, une organisation
où le travail produit dix-huit sons par jour, en pays anglais, notez cela.
La petite bière coûte,à St-Jean, deux francs cinquante centimes la ltou-
teille, et le vin sept francs; les poulets, des poules microscopiques, coû-
tent cinq francs la paire; jugez si les nègres mangent la poule au pôt,
avec leurs dix-huit sous, s’ils boivent du vin et même de la petite ’biere.
Ce n’est pus tout : ces dix-huit sous sont encore une somme magnili- |