Full text |
Le Précurseur
On compte en outre 850 galiottes, koffs, tjalks et stnak, jaugeant en-
semble 190,023 tonnes et 33 navires dont les ports d’armement sont
inconnus.
Persécutions religieuses en Lithuanie.
Nous avons publié, dans notre uuméro du 0 courant, une protesta*
tion du Journal de Francfort, contre la sincérité des plaintes universel-
les provoquées par les persécutions religieuses souffertes par les sœurs
du couvent de Minsk. Nous avons fait remarquer que celte protesta-
tion nous paraissait bien tardive, et nous ne l’avions accueillie que
sous les plus expresses réserves. La note qu’on va lire justifie notre
impartiale discrétion :
Une lettre datée de Varsovie, le 13 décembre, adressée par un vieux
militaire au Journal de Francfort sur-Mein, s’efforce h nier l’existence
du couvent des Baziliennes de Minsk, celle de la supérieure Micczys-
lawska, et enfin le martyre dont les religieuses lithuaniennes ont été
victimes, et dont les récits ont été reproduits dans toutes les langues
de l’Europe. _
» Le soi-disant correspondant de Varsovie i s’étonne de ce qu’il ne
» se soit pas trouvé, parmi l’émigration polonaise, quelque honnête
» enfant de la Lithuanie qui pût dire la vérité et démasquer l'impos-
« ture.»
» Or. moi soussigné, j’ai l’honneur d’être un des enfants de la Lithua-
nie; je suis né dans le diocèse de Minsk dont le gouvernement spirituel
était confié, de 1796 à 1813, à l’évêque Jacques-Ignace Dederko, mon
grand-oncle; et à ces litres, je déclare que la prétendue correspon-
dance d’un soi-disant ancien militaire napoléonien est apocryphe en
tout point; que tout ce qu’elle contient est un tissu d'absurdités inven-
tées à dessein; que le couvent de Minsk existe depuis près de trois
siècles, fondé par le prince Léon Sapiéha; que la supérieure Mieczys-
lawski est lithuanienne, née dans l’ancien palalinat de Froki; que le
martyre des saintes religieuses de Saint-Basile est d’une exactitude
Incontestée et incontestable, et que tout ce que je dis sera conliriné
par tous les Polonais émigrés, nés ou élevés, soit à Minsk, soit dans les
•contrées environnantes.
» Paris, 7 janvier 1840.
» Léonard Chodz’ko. •>
Nous recevons des nouvelles des Etats-Unis jusqu’au 17 décembre.
Une correspondance adressée de Washington au New-York Courier
and Enquirer annonçait qu’une nouvelle conférence avait eu lieu entre
M. Packenham el M. Buchanan, et que des communications importan-
tes avaient été faites par le ministre anglais. Il était question aussi de
■la rentrée de M Calhoum aux affaires et de l'élévation au ministère de
M. Walker, secrétaire des finances.
La question de l’Orégon avaitéléagitée dans le sénat. Nons trouvons
dans le New-York-Herald un discours tout à fait belliqueux du général
Cass sur cette importante affaire. L’ancien ministre des Etats-Unis à
Paris a développé la motion qu’il avait faite précédemment pour l’or-
ganisation des milices, les instructions à donner au comité des affaires
navales, etc. Nous reproduisons les passages les plus saillants de son
discours :
Notre destinée est d’aller en avant ; rien ne pourra résister à notre
mouvement vers l’ouest : autant vaudrait essayer d’arrêter les vagues
•de 1 Océan pacifique que notre mouvement d’émigration dans celte
direction. Nous ne pouvons pas rester tranquilles ; il faut soutenir ou
abandonner nos prétentions. Notre brav e population de l’Orégon nous
a demandé notre appui, à défaut duquel elle formerait elle-même un
gouvernement distinct. Il est impossible qu’une population apparte-
nant à deux gouvernements distincts, comme celle de l'Orégon, puisse
rester longtemps dans cet état contre nature, sans amener la guerre
-civile. Si donc nous ne pouvons ni reculer, ni rester immobiles, il faut
marcher en avant. Dénonçons la convention de 1827, et préparons-
nous à l’alternative qui se présentera dans douze mois.
Le général insiste sur la rapacité de l'Angleterre, et félicite les Etats-
Unis d'avoirconservé le Texas malgré les efforts de la Grande-Bretagne.
Celte petite Ile, située à la limite occidentale de l’Europe, ajoule-t il, a
étendu sa domination sur 133 millions d’hommes, ou presque le cin-
quième de la population du globe. Elle a soumis à ses lois un territoire
-de 3.812,000 milles carrés, ou le huitième environ de la terre habitable.
Tous ces territoires, à l’exception de l’Ecosse et quelques points décou-
verts dans la mer du Sud, ont été acquis par la violence et arrachés à
leurs propriétaires primitifs, et cependant elle ose nous accuser d’être
une nation ambitieuse et envahissante ; à cette accusation nous pou-
vons répondre que nous n’avons fait que trois acquisitions territo-
riales, la Floride, la Louisiane et le Texas, qui étaient des territoires
contigus au nôtre.
Tous ont été acquis pacifiquement avec l'assentiment des possesseurs
et des habitants. Quant à notre dernière acquisition, le Texas, c’est un
exemple mémorable de la puissance morale de notre système dè répu-
blique. Toutefois, j’espère que nous n’en resterons pas là Nous accepte-
rons toutes les extensions possibles de notre territoire, quand elles se
pourront faire légitimement ; nous n’avons rien à craindre de l’exten-
sion de nos frontières. L’esprit de nos institutions et le caractère de la
population sont plus puissants que des flottes et des armées pour
maintenir efficacement la concorde intérieure. Si l’administration ac-
tuelle réussit a acquérir pacifiquement la Californie, elle méritera la
reconnaissance du peuple. (Voix du côté whig de la chambre . La Cali-
fornie ! 1a Californie ! nous l'aurons et après elle Cuba ! Nous sommes
partis ! il faut aller en avant !)
Nous devons dénoncer la convention; dans un an. si l’Angleterre
persiste,nous aurons inévitablement la guerre, et ce sera une guerre
dans laquelle les deux nations déploieront toutes leurs forces. Prépa-
rons-nous donc comme il convient.
La lettre suivante du Cap haïtien, quoique d’une date un peu an-
cienne (elle est du 7 novembre), contient sur Haïti quelques détails im-
portants à connaître :
>• Le président Pierrot a transporté au Cap le siège du gouverne-
ment. Il y ordonne journellement de sanglantes exécutions, il lance
des listes de proscription avec une indifférence qui tient de la folie.
En proie à des souffrances physiques, à des appréhensions continuel-
les, on dirait qu’il veut, par la mort de tout ce qui l’environne, s’étour-
dir sur sa ûn prochaine et sur la fragilité de son pouvoir ébranlé par
des révolutions incessantes. La guerre civile est l’état normal du pays,
tous les citoyens sont sous les armes et les hommes de couleur aux-
quels Pierrot a voué une haine implacables sont les victimes de sa fé-
rocité et de son aveugle tyrannie. Plusieurs complots contre la vie du
président ont été déjoués, et sa triste existence menacée constam-
ment par de nouvelles conspirations, s’écoule entre la crainte du poi-
son et celle d’une révolution qui peut le renverser du fauteuil prési-
dentiel et se livrer à ses ennemis.
« Les Français ne trouvent plus de sécurité dans l’ile ; dans sa rage
insensée, le président Pierrot les accuse de tous les malheurs qui rava-
gent notre ancienne colonie, et au mépris des traités et du droit des
gens, leur vie est continuellement menacée; tout est dans l’anarchie
1a plus profonde et le bouleversement le plus complet. Dans ce désor-
dre général, pas un homme d’énergie pour prendre d’une main ferme
ce pouvoir avili que protège encore une horde d’assassins et de bour-
reaux que l'or seul maintient dans le devoir ; les lois les plus sacrées
sont violées avec un cynisme qui tient de la folie, et le titre d’étranger
ne suffit plus pour protéger la vie de ceux qui déplaisent au dictateur
haïtien. »
Les nouvelles que nous apporte le dernier paquebot arrivé en An-
gleterre ne sont pas bonnes Un engagement a eu lieu, à l’Anse-à-Veau,
entre les Dominicains et les soldats haïtiens. Il en est résulté une mêlée
générale, et on ne voit pas de perspective de paix entre l’est et l’ouest
de ITIe.
Les Haïtiens, avec leur férocité habituelle, ont interdit toute com-
munication d’une partie de l’Ile à l’autre ; mais les Dominicains sont
maîtres des chemins et laissent librement circuler les voyageurs.
ESPAGNE
Madrid, 5 janvier. — L’infant don François de Paule et son fils ont
assisté hier à la représentation du théâtre de la Cruz. Pendant la repré-
sentation, le public n’a fait aucune démonstration ; mais lorsque les
princes ont quitté leur loge, une voix a crié : vive l'infant don Henri !
Cette voix n’a pas trouvé d’écho. Si le prince comptait sur une récep-
tion plus bienveillante ou plus démonstrative, il s’était trompé. Le
public a été froid : il n'en avait pas été de même de la chambre des dé-
putés, lorsque M. Munoz Maldouado. discutant la rédaction particu-
lière de M. Seijas Lojano, fit allusion au récent manifeste de l’infant.
La séance de la chambre des députés a offert un grand intérêt. Le
fénéral Narvaez, qui a dérendu avec énergie les intentions et les actes
u gouvernement a déclaré formellement que la reine u’avait pas en-
core exprimé le désir de contracter mariage et que le ministère n’avait
pas cru devoir éveiller ce sentiment dans son cœur. Lorsque le choix
de la reine sera fait (et il ne l’est pas encore) les ministres instruiront
les cortès et le pays. Il est étonnant qu’après des déclarations si fran-
ches et si explicites, on persiste à faire circuler à la bourse les rumeurs
les plus absurdes sur de prétendus projets de mariage dont la fausseté
devrait être cependant constatée.
£fif
Une antre déclaration du président du conseil, non moins impor-
tante, a établi le fait que le Saint-Siège est en relations très amicales
avec le gouvernement espagnol. Le chargé d’affaires d’Espagne est
accrédité à Rome comme ministre plénipotentiaire d’Espagne, et la
reine a entre les mains des lettres autographes du Saint-Père, qui l’ap-
pelle ma très chère fille, mi muy querida hija. Pour que la reconnais-
sance soit formelle, il ne reste plus qu’à doter le culte et le clergé d’Es-
pagne d’une manière stable.
Les discours du général Narvaez et de M.Martinez de la Rosa ont pro-
duit grand effet sur la chambre, ce qui est prouvé par le vote à la fin
de la séance ; il a été quesLiou, un instant, de retirer la rédaction par-
ticulière de M. Seijas. ,
En effet, le triomphe du ministère à la fin de la séance a été très écla-
tant La rédaction particulière de M. Seijas a été rejetée à la majorité
de 117 voix contre 33,
Demain la chambre ne siégera pas.
La reine a reçu aujourd’hui la députation du sénat qui lui a apporté
ses félicitations à l’occasion de la fêle des rois , ainsi que l’adresse en
réponse au discours du trône. La députation delà chambre des dépu-
tés offrira demain ses félicitations à la reine.
— El Heraldo fait les réflexions suivantes sur le Irailé récemment
conclu entre le gouvernement "et la Banque de Saint-Ferdinand :
« Considérée au point de vue économique, la mesure en question offre
de grands avantages de simplification et de rapidité dans le service.
L'administration des rentes en Espagne était un modèle de confusion
et d’obscurité. La perception des impôts était lapins coûteuse de
l’Europe La simplification de ce mode de perception était une des
premières conditions d’une réforme radicale de nos finances. Alors
même que le contrat fait avec la banque n’aurait pas d’autres avanta-
ges, il devrait toujours être considéré comme étant de la plus haute
importance. Les ministères précédents, pour faire face aux besoins du
trésor, se procuraient des versements anticipés à l’aide de contrats
ruineux et immoraux.
» Pour sortir de cet état de choses fâcheux, il n’y avait pas d’autres
moyens que de faire entrer dans la banque les revenus de l’Etat et de
satisfaire aux divers engagements du trésor ; ou arrive de celle ma-
nière à simplifier à la fois la finance et à régulariser le payement des
engagements du trésor. »
- Bourse de Madrid du s. — Cours authentique 3 p.c. 33 1/8 à 60
jours. — 3 p. c. 23 7/8 au 23 courant.
F1UNUE.
Paris, 11 janvier. — MM. le duc d’Harcourt et le comte de Montalem-
bert ont proposé le paragraphe additionnel suivant, à intercaler entre
les paragraphes 7 et 8 du projet d'adresse de la Chambre des Pairs en
réponse au discours de la Couronne :
« Vous le savez. Sire, la justice est la garantie la plus assurée de la
paix ; et Votre Majesté n’oubliera pas sans doute que parmi les nations
anciennement alliées à la France, il en est une dont l’existence a été
solennellement garantie par les traités. •»
Les journaux français publient les documents qui ont été communi-
qués aux Chambres par le ministère. Le Constitutionnel les fait précéder
des réflexions suivantes :
• Les pièces relatives au Maroc se rapportent à deux affaires dis-
tinctes ; les unes ont pour but de rappeler patiemment Abd-er-Rhaman
à l’exécution du traité; les autres sont adressées au général de La Rue,
pour le guider dans la rédaction et la conclusion du traité de Lalla-
Maghrnia.
» Il nous a paru résulter de ces documents :
1° Qu’on n’a pas cessé de connaître, pendant quinze mois, les ma-
nœuvres d’Abd-el-Kader, son séjour dans le Maroc, la violation fla-
grante du traité de Tanger, la mauvaise foi d’Abd-er-Rahman, qu’on
excusait volontairement sous le prétexte d’impuissance.
2» Qu’au lieu de réclamer avec énergie et avec efficacité l'exécution
opportune du traité, on a pendant longtemps souhaité l’envoi en
France d’un plénipolentaire marocain, pour produire un bon effet sur I
l'opinion équivoque naïve qui révèle exactement la pensée ministé-
rielle.
» 3» Que l’on s’est arrangé pour donner à M. de la Rue, au sujet du
traité de commeree qui n’a pas été ratifié, des instructions contradic-
toires, de telle sorte qu’on put s’attribuer le mérite du succès, s’il négo- j
ciat heureusement sur ce point, et rejeter sur lui seul la responsabilité
morale de l’échec, s’il ne réussissait pas.
» Déjà dans les conversations de la salle des conférences, on répète
que M. de la Rue avait outrepassé ses instructions, et on cite, à ce pro-
pos. une phrase d’une dépêche de M. le ministre de la guerre. Mais,
après l’avoir ainsi désavoué moralement, vous verrez avec quelle gé-
nérosité M Guizot le couvrira à la tribune.
» C’est un fait digne de remarque, que dans tous les actes déplora-
bles du ministère, il y a toujours quelqu’un dedésavoué plus ou moins
ouvertement : M. Dupetit-Thouars et M. d’Aubigny, dans l’Océanie;
l’amiral Cécile dans les ratrs de la Chine; M. le maréchal Bugeaud, en \
Algérie; M. de La Rue, au Maroc, etc.
» Dans la Plata, on a deux politiques et deux sortes d’agents, afin de
pouvoir rejeter au besoin sur les uns ou sur les autres la responsabilité
du résultat. »
Le gouvernement a expédié à M. le baron Deffaudis une dépêche qui
l’autorise à traiter avec Oribe. Si cette nouvelle est exacte, comme
nous avons tout lieu de le croire, elle confirmera le bruit qui a couru
dernièrement que le ministère était décidé à ne pas envoyer un seul
soldat français dans la Plata. ^
- Les tentatives de désordre qu’on avait à déplorer aux dernières
leçons de M. Lenormant sont venues échouer d’une manière plus com-
plète encore contre la fermeté du professeur. Après le cours, plus de
trois cents jeunes gens l’ont suivi dans un ordre parfait, depuis la cour
de la Faculié jusqu'au quai de la Mégisserie. Une députation est alors
montée avec lui, tandis que le reste de la foule slationnait Sur le quai.
Un etudiant lui a adressé au nom de tous, les paroles suivantes :
« Monsieur, la jeunesse studieuse de Paris saisit avec bonheur l’occa-
sion de protester, par celte manifestation publique, contre des tentati-
ves de violence qui ne sont dignes ni de ce siècle, ni de ce pays. La
conscience et le savoir doivent être au-dessus de toute atteinte. Nous
sommes donc heureux de vous offrir le témoignage de notre respect
pour votre caractère, de notre admiration pour votre parole et de no-
tre sympathie pour la cause du libre enseignement. •*
M. Lenormant a répondu avec émotion :
« Messieurs, je reçois avec une, vive reconnaissance l’expression de
votre sympathie; je m’en réjouis surtout comme du plus heureux symp-
tôme pour l’avenir de notre pays. J’aime à voir en vous cet amour de
la justice, cette passion pour l’impartialité et la libre discussion.
» Persistez, Messieurs, dans vos nobles sentiments. Grâce à vous,
grâce au progrès immense qu’a fait dans cette voie, la génération qui
nous succède dans la vie, l’empire de la force morale que nos pères,
dans leur sagesse, ont dû considérer comme une brillante chimère,
deviendra la plus puissante réalité de notre temps. »
- On lit dans le Courier Français, : ,
On sait par quelles manœuvres habiles, mais peu justifiables. les An-
Anglais sont parvenus à s’établira Aden. d’où ils commandent au-
jourd’hui toutes les avenues du golve Persique. Nous apprenons que,
vers la fin de septembre, la garnison britann ique de ce poste impor-
tant a été augmenté, au mépris des conventions, et son effectif porté
à trois mille hommes. Le gouverneur de la ville a réclamé contre cette
augmentation;mais sa protestation a été vaine : elle restera sans effet.
Bientôt, cela ne fait pas doute, l’Angleterre sera établie à Moka et
dans les villes saintes, où elle s’est déjà introduite; elle s’y établira
aussi solidement qu’à Aden
Cependant, lorsque quelqu’un de nos voyageurs poussé par la curio-
sité et. le désir d’aventures, s’égare dans le Chao ou vers le Cachemire,
le cabinet de Saint-James ne. cesse d’importuner le cabiuet des Tuile-
ries pour savoir au juste pourquoi M. Rochet d’Héricourt est allé à la
chasse aux hippopotames avec un prince d’Abyssinie, et pourquoi
M. Victor Jacquemont est allé mourir au fond de l’Inde! Il y a des gens
qui ne crient si fort au voleur que pour mieux détourner l’attention
des méfaits qu’ils commettent eux-mêmes.
— Une expédition doit être dirigée sur le fleuve du Sénégal au mois
de février prochain. Elle se composera du vapeur le Choque et des
bricks l’Alcyon et la Comète.
Cette expédition aura pour but de compléter les reconnaissances
faites sous le précédent gouverneur et de contracter des traités avec
plusieurs souverains importants de ce pays et notamment avec le roi
de Tambo et les chefs des lies Bilbos et Morfil, qui. malgré leur éloi-
gnement. ont demandé plusieurs fois d’entrer en relations avec nous.
Le gouverneur doit s’occuper aussi de régulariser le commerce de la
o name, en créant sur le fleuve un corps spécial de douaniers et en éta-
lissant de nouveaux règlements pour les redevances à payer aux
chefs de tribus.
L’expédition du mois de février sera fort importante; elle s'avancera
jusqu'aux cataractes de Covine. le dernier point navigable du fleuve,
à l’endroit où il reçoit les eaux du Kahoro, du Baung et de la Falème,
qui a été récemment remontée par la commission d’exploitation du
Bambauck.
— Bourse du diuiunehe a « , au iioulevurd — Les cours de la
rente ont aujourd’hui une grande fermeté. On a fait du 5 p c. à 83-23,
30. 55
Et du 5 p. c à 121-70. 80.
Les affaires en chemins de fer étaient, complètement nulles.
Chambre des Pair*.
Fin de la séance du 10 janvier.
La chambre passe ensuite à la discussion des paragraphes. Sur le b
paragraphe M. le marquis de Boissy prend la parole et se livre sur la
réforme à des divagations qui provoquent les sévères observations du
M. le chancelier Adoption du lr paragraphe.
Le débat s’ouvre sur le 2<- paragraphe.
51. le comte de Montalembert trace le tableau des souffrances des po-
pulations chrétiennes du Liban et se plaint de l’inefficacité de notre
protection.
M. Guizot, ministre des affaires étrangères,annonce qu’il répondra
lundi à l’honorable membre
51. Lacave-Laplagne, ministre des finances, annonce aussi des expli-
cations relatives aux questions qui concernent son département.
La séance est levée.
HOLLANDE.
Bullellu de la bourae d'Amsterdam , du ft jauvler. — Il s’est
fait quelques affaires en fonds hollandais. La tendance est en général
moins favorable et quelques sortes s’obtenaient eu baisse. — Les fonds
espagnols avec peu d’affaires restent comme hier.
BELGIQUE.
Bruxelles , 13 janvier. — Le roi qui n'était attendu qu’hier de son
voyage d’Ardenne, est revenu dimanche à 6 heures et demie du soir ,
à Laeken.
— Environ 900 invitations ont été faites pour le premier bal de la
cour qui aura lieu mercredi.
- Hier matin . à onze heures , des voitures de la cour sont allées
prendre, à l’Hôtel de France, 51. le conseiller de légation de Sydow , et
l’ont conduit au château de Laeken. où il a remis au roi les lettres qui
l’accrédilent près du gouvernement de S. 51 en qualité d’envoyé ex-
traordinaire et de ministre plénipotenliaire de Prusse ; 51. de Sydow
était accompagné de 51 le général comte d’Hane de Steenhuyze, grand
écuyer et chef de la maison du roi, et du personnel de la légation prus-
sienne que le nouveau ministre a eu l’honneur de présenter à S. M.
.nécrologie. — Un bien terrible événement a eu lieu dimanche
soir dans la rue de l'Etoile. M. Auguste Gaussoin , rédacteur-proprié-
taire du journal la Belgique Musicale, et auteur d’un grand nombre de
romances et autres compositions remarquables , est tombé mort eu
] sortant d’une soirée où il avait accompagné sa famille. 51. Gaussoin
était à peine âgé de 30 ans. Ii s’occupait de mettre la dernière main à
| une Histoire de a musique en Belgique, pour laquelle il avait recueilli de
précieux documents dans un voyage qu’il avait fait en Allemagne au
commencement de l’été dernier. Estimé des arttstes . qu’il se plaisait à
obliger et à encourager, M. Gaussoin laissera des regrets profonds et
ineffaçables dans le cœur de ses nombreux amis, c’est-à-dire de tous
ceux qui l’ont connu.
ANVERS, A3 JANVIER.
Cette nuit un vol, consistant en 8 plateaux, a été commis au préju-
dice du concierge delà société Philolaxe.
— Le Moniteur de ce jour publie des arrêtés royaux en date du 22
décembre qui nomment :
Les sieurs Piéron (Gustave-Adolphe-Guillaume) et Loos (Jean-Fran-
çois), échevins de la ville d’Anvers ;
' Le sieur Noten (Jean-François), échevin de la ville de Turnhout, pro-
vince d’Anvers ;
Le sieur Cantinjou-Vertommen, échevin de la ville de Lierre, arron-
dissement de Slalines, province d’Anvers.
— Un arrêté ministériel agrée la nomination du sieur Van Rompay
(Jean-Antoine), aux fonctions d’instituteur en chef de l’école primaire
de Lierre (section des élèves solvables).
— Par arrêté royal de la même date, le sieur Waltens (Edouard),
commis-greffier à la justice de paix du canton de Sl-Gilles, arrondis-
sement de Termonde, est nommé greffier de la même justice de paix,
en remplacement du sieur 51intart, démissionnaire.
— Par des arrêtés royaux du 16 décembre 1845, sont nommés atta-
chés de légation :
M. le baron de Vinck des Deux-Orp et 51. du Val de Beaulieu (Arthur).
— Par arrêté royal en date du 4 janvier 1846, le sieur Maitrejean
(Augustin-Vincent), juge-suppléant et avoué près le tribunal de pre-
mière instance de Neufchâleau, est nommé juge-de-paix du canton
d’Etalle, en remplacement du sieur Henri, décédé.
— 51. le ministre des travaux publics vient de prendre un arrêté
pour déterminer les frais de séjour des fonctionnaires et employés de
son administration. Pour tout séjour de plus de huit heures hors de la
résidence ordinaire : 1" Pour les ingénieurs en chef et inspecteurs, 12
fr. : 2» pour les ingénieurs, architectes et contrôleurs de 1" et 2= classe,
chefs de service, 10 ; 3» les ingénieurs et contrôleurs de 3" classe et les
sous-ingénieurs sous-chefs de service, les chefs de bureau, les vérifica-
teurs. les géomètres. 8 fr. ; 4" les sous-ingénieurs en service général,
les chefs de station et les conducteurs de 1« classe, 6 fr. ; 5» pour les
1 conducteurs de2« et 3e classe et les surveillants principaux, 5 fr., el6«
les sous-chefs de station, les surveillants et en général tous les em-
ployés non-désignés ci-dessus, 4 fr.
Lorsque le service exigera (le découcher l’indemnité sera de la moitié
de celle fixée pour le séjour.»
Aucune inspection, aucun déplacement ne peut avoir lieu sans un
arrêté du ministre des travaux publics, ou un ordre par écrit du di-
recteur de l’administration des chemins de fer en exploitation.
— On écrit de Bruges : Le nommé van Keirsbilk a été arrêté à Ar-
doye et amené à Bruges par la gendarmerie, samedi après-midi, il a
été aussitôt incarcéré à la prison civile.
— Un cas de mauvais gré devenus rares en notre province, depuis
le rigoureux exemple tiré de quelques coupables, s’est renouvelé dans
les environs de l.essines. il y a quelques jours. Quatre meules de blé,
| appartenant à la ferme de Bronchienne,ont été incendiées.Elh s étaient
| assurées.
| — Un cultivateur de Jussy, canton de Laon, avait sa femme sérieu-
sement malade. Il souhaitaitardemmentsa guérison. Ces jours derniers,
j dit 1 'Argus soissonnais, un individu se présenta chez le cultivateur, se
donna comme un grand opérateur, spécialement célèbre pour la guéri-
son des maladies dont souffrait la patiente. Charmé de trouver sous la
main ce qu’il cherchait depuis si longtemps, — ici nous n’osons rire,
tant le motif de la crédulité est respectable et touchant, — le cultiva-
teur de. Jussy tombe d’accord avec le savant étranger, et l’on se met
tout de suite en devoir d’apporter du soulagement à la malade. Il faut
dire d’abord que le prix de la guérison était, une somme de 400 fr..
somme d’abord trouvée un peu conséquente, débattue et enfin consentie,
Le savant étranger fait compter devant lui les 80 pièces de cent sous,
demande une marmite qu’il emplit d’eau bien claire et qu’on met sur
le feu. Quand l’eau frissonna et se mit à chanter sur les charbons, le
savant prit un peu de cendre, puis un peu plus, puis plus encore, et
jeta le tout dans l’eau chaude avec des gestes mystiques et beaucoup
de formules. L’eau se troubla : l’esprit du cultivateur était bien plus
troublé encore. Quand tout fut à point, les 400 livres furent jetées dans
ce philtre d’enfer; puis, à grand renfort de soufflet, on attisa le feu ;
l’eau se mit à bouillir, et si bien que les écus dansèrent.. . au propre
et au figuré.
Au bout d’un certain temps, l’esculape étranger souleva le cou-
vercle de la marmite, pêcha dans l’eau noire les pièces aussi fort sales,
et les plaça très délicatement dans une boite en carton. D’un geste
impératif, "il ordonna au mari de le conduire à la cave. Arrivés là, les
deux hommes enterrèrent ladite boîte, et le savant apprit au cultiva-
teur effrayé que. par l’effet de ses conjurations, la maladie de sa femme
allait prendre fin. mais petit à petit, et seulement au fur et à mesure
que les écus confiés à la terre reprendraient leur blancheur ordinaire
et leur éclat primitif ; mais tout cela ne devait se faire qu’à une condi-
tion expresse et de rigueur : de vingt-quatre heures œil humain ne
devait interroger les mystères qui se pratiqueraient dans le sein de
notre mère commune, la terre. Cria dit, le grand opérateur se retira
d’un air solennel et promit de revenir au moment utile.
On comprend toute l’anxiélé de la malade et de son mari pendant
les quatorze cent quarante minutes composant ces interminables
vingt-quatre heures qui, cependant, s’écoulèrent sans que le savant
inconnu voulut bien reparaître. On attendit, on attendit, mais en
vain. L’impatience prit nos gens. N’y tenant plus, le mari se lève la
nuit, allume une lampe, aux pâles clarlés de laquelle il prend le
chemin de la cave. Il pioche, il fouille, la boîte apparaît, il la saisit.
Pour certain, se dit-il. le mystère est accompli ; nous y avons
mis le temps. — Oui. le mystère est accompli. .. mystère d'iniquité !
C’est bien la boite terrible, mais les écus sont envolés, et à leur
place notre homme ne trouve plus que des ronds de carton. L’opéra-
teur éiait encore bien honnête, car il aurait pu ne l ien laisser. Ce qu’on
voit là .de fâcheux, c’est qu’il n’y a pas eu de guérison du tout. Si fait,
nous nous trompions : le cultivateur eu q mstion est à tout jamais
guéri de sa fatale croyance aux jongleries des charlatans. La justice
n’a pas encore,que nous sachions,découvert la trace de cet adroit filou. |