Full text |
SÆ
ghanistan les portes du temple du Sotnmauth et la tombe dépouillée du
s’ultan Mahmoud, contemple les ruines de Ghuznee.
L’insulte de 800 ans est enfin vengée, les portes du temple de Som-
maulh qui, si long-temps, perpétuèrent le souvenir de votre humilia-
tion, sont devenus le plus brillant trophée de votre gloire nationale;
elles déposent de votre supériorité militaire sur les nations au-delà de
l’indus. C’est à vous, princes et chefs de Sirhind, de Tajwarsa, deMol-
tva et de Guzerat, que jeconfieraiceglorieux trophée d’une guerre cou-
ronnée de succès. Vous transporterez avec tous les honneurs, par vos
territoires respectifs jusqu’au temple restaurédeSommauLh, les portes
en bois de sandale.
Les chefs de Sirhind apprendront le moment où notre armée victo-
rieuse remettra à leur garde les portes du Temple, à l’entrée du pont
de Sutlej.
Mes frères et mes amis, j’ai toujours compté sur votre dévouement
au gouvernement anglais. Vous voyez comme il se montre digne de
votre amour. Estimant votre honneur autant que le sien, le peuple an-
glais emploie la puissance de ses armes a vous rendre les portes du Tem-
ple de Somnauth, si long-temps témoin de votre soumission aux Aff-
ghans.
Quant à moi, identifié de cœur et d’intérêt avec vous , je partage
tout votre enthousiasme pour les brillants exploits de cette armée hé-
roïque qui couvrent également d’un immortel honneur mon pays natal
et mon pays d’adoption.Conserver et améliorer encore l’heureuse union
de nos deux pays, nécessaire au bien-être des deux, tel est le but con-
stant de nos efforts. De cette union dépend la sécurité de tout allié et
de tout sujet du gouvernement anglais, quelle seule peut mettre à l’a-
bri des misères qui pesaient autrelois sur les Indes. Grâce à elle seule,
notre armée a fait flotter son drapeau triomphant sur les ruines de
Ghuznee et sur le Balahissar de Caboul.
Puisse la divine Providence qui, jusqu’ici, m’a protégé d’une manière
si évidente, me continuer ses faveurs, afin que je puisse user du pou-
voir remis entre mes mains pour votre bonheur, en consolidant l’union
des deux pays sur des bases qui la puissent rendre éternelle.
(Signé) Ellenborougii.
L’aeier.
L’action la plus simple, conduit souvent à une découverte importante,
c’est ainsi qu’à forcede voir affûter les faulx, on se sert maintenantd’un
procédé qui a quelque analogie avec celui-là, pour se procurer un acier
d’une qualité supérieure, surtout pour les tranchants d’une grande fi-
nesse. Quoique nous ayons le regret, au moins pour le moment, de ne
pouvoir donner des renseignements étendus et complets,nous croyons
devoir signaler ce que nous connaissons maintenant, dans l’espoir que
ce procédé pourra receevoir beaucoup d'autres applications dans les
arts.
L’industrie, qui a pris, depuis quelques années, le développement le
plus considérable, et qui a donné lieu à la fondation d’établissements
fort étendus et des plus actifs, est sans contredit la fabrication des plu-
mes métalliques. Que d’essais n’a-t-on pas faits pour parvenir à se pro-
curer un acier présentant les qualités nécessaires, pour pratiquer dans
ces plumes la Tente qui facilite l’écoulement de l’encre et donne à la
plume l’élasticité nécessaire pour glisser sur le papier et varier la gros-
seur des traits !
Aussi était-ce la plus grande difficulté à vaincre, car d’un côté, il fal-
laitque cette fente fut extrêmement fine et délicate et produisit un
écartement à peine sensible dans les deux parties du bec ; et de l’autre
côté, que l’outil qui servait à cette opération ne s’émoussât pas trop
promptement, et que son tranchant résistât, pendant quelque temps,
à un service régulier et manufacturier.
Pour fabriquer ces outils, on a d’abord employé tous les aciers du
commerce. Les essais ayant été infructueux, on a eu recours aux aciers
de cémentation, sans obtenir un meilleur résultat, malgré lesavis nom-
breux des trempeurs empiriques d’acier ; les uns se sont trouvés trop
grossiers, les autres trop mous, et la plupart se sont promptement égré-
nés, lorsque, sous un tranchant aussi ün, on a essayé de leur donner
une trempe dure, et de les faire fonctionner en cet état.
ün contre-maître de fabrique qui avait forgé, limé et trempé un outil
pour servir à cette opération, eut le même sort que touslesaulres, mais
s’étant rappelé la manière dont on affûte les faulx, et voulant que l’ou-
til sortant en dernier lieu de ses mains fût le meilleur de tous ceux qui
avaient été fabriqués jusques-là, il reprit un autre morceau d’acier elle
fit marteler d’une manière peu vive et parfaitement uniforme pendant
plusieurs heures consécutives. I,'instrument étant enfin achevé, on le
fit fonctionner, et il servit à fendre un grand nombre de plumes sans
s’égrener et s’émousser; tous les essais de ce genre ont depuis lors été
couronnés de succès.
On aura une idée des qualités qu’acquiert l’acier par le martelage
prolongé tel que nous venons de le dire, quand onsaura qu’un outil qui
doit servir à fendre les métalliques de toute espèce, et dont le tran-
chant est plus fin que celui d’un rasoir, doit faire une fente dans les plu-
mes, avec une activité remarquable, pendant un espace de temps, de
huit à douze heures consécutives, sans avoir besoin qu’on en rétablisse
le taillant.
Nous sommes portés à croire que si l’on prenait un outil d’acier, qui,
soit dans la fabrication, ou dans une chauffé,aurait été porté au rouge
blanc, et qu’il fût ce que les ouvriers appellent brûlé et qu'on le soumit
à un martelage peu vif et d’autant plus prolongé que l’acier aurait eu
plus chaud, cet acier reprendrait le grain serré et gris du meilleur acier
fonde.
Du reste, nous croyons qu’un outil d’acier exécuté par ce procédé,
sera toujours de première qualité et que ce sera seulement en em-
ployant ce procédé qu’on pourra le garantir. (Ami de l'Ordre.)
VARIÉTÉS.
Le Roi Léopold A Ardenne.
Dinant, ce...
Le roi part demain pour se rendre à son château d’Ardenne,—ou—il
en est de retour depuis hier, —voilà en deux lignes toutes les révélations
que la presse nous a faites jusqu’aujourd’hui sur la résidence royale qui
s’élève, grandit et s’étend aux confins de nos Ardennes. D’où vient cette
réserve, cette extrême discrétion qui n’est guères dans les habitudes
de cette intarissable causeuse ? Car-se fait-il une barraque nouvelle au
champ de course, a-t-on terminé, que dis-je, commencé une aubète à
l’une des portes de la villeou construit une salle de danse et de concert?
Vite, voilà mon haut et puissant seigneur qui se donne carrière, pos-
sédé qu’il est par la plus enthousiaste passion.Colonnes, corniches,voû-
tes,croisées, tout est décrit, mais si exactement que l’architecte reste
stupéfait d'avoir été si admirablement compris. Mais pas un mol sur la
demeure royale d’Ardenne. Est-ce respect pour l’incognité dont aime
à s’envelopper le roi, quand pour faire trêve aux réceptions de Laeken
et de Bruxelles, il va se retremper dans un air plus pur et contempler
un horizon plus calme ? Ou plutôt la cause de ce silence résiderait-elle
dans la difficulté, pour MM. de la capitale, de faire vingt lieues en dili-
gence et le reste du pèlerinage en poste ou à pied? Messieurs les feuil-
letonistes n’ont pas, que je sache, carosse à quatre chevaux comme
nos illustres prélats et sur la chaussée empierrée qui conduit de Bi-
nant à Neufchâteau en touchant à Ardenne, on ne rencontre plus
la moindre patache quotidienne ou hebdomadaire. Mm» veuve Briard et
M. Van Gend, après une ardente concurrence se sont retirés tous deux
de la lutte,grièvement blessés, et les conducteurs atteints du spleen. —
Avis en passant aux véhicules en disponibilité qui encombrent les sta-
tions et les places de Bruxelles et qui finiront par rendre la circulation
impossible aux piétons, si l’édililé rfy met ordre.
four ne marcher à l’encontre d’aucune des deux hypothèses posées
plus haut, à l’endroit de la circonspection des journaux , il faut désor-
mais se garder de froisser aucune opinion,puisque certaines feuilles ont
la prétention de s’adresser à tout le monde exclusivement,—nous avons
choisi un juste milieu pour accomplir cet itinéraire.
Nous partons de Dinant cejourd’huia janvier 1843. Notre Phaëton est
SI. Jules L..véritable postillon de Lonjumeau qui roucoule la chan-
sonnette^ la cadence du fouet, et qui a un charmant petit alezan au
service de toutes les parties de plaisir. A la manière de Chateaubriand ,
nous saluons gravement, en passant dessous, la menaçante roche dinan-
taire, et nous nous rappelons les souvenirs chevaleresques dont elle
porte encore l’empreinte, au dire de la tradition. A son aspect, tous ceux
qui ont vu le grand tableau de M.Wiertz exposé aux Auguslins, se rap-
pelleront aussi la grande similitude qui existe entre ce gigantesque
écartillement de rocher et la principale disposition de cette œuvre, in-
diquée par le déchirement d’une écharpe.L’artiste lui-même ne démen-
tira pas ce rapprochement : Seulement n’y a-t-il pas à craindre que ce
qui n’est qu’indiqué sur la toile du peintre ne se réalise plus compléte-
ffient avec le modèle, au grand détriment des voyageurs ? Sous le poids
de cette réflexion et tournant immédiatementà gauche, nous nous en-
fonçons dans une immense gorge, qui paraît sans issue ; elle porte le
nom assez juste de Fond deFroidveau : c’est la route d’Ardenue.
La Meuseavec ses rives pittoresques, aves ses couches de calcaires et
ra ,ma,rbres’ relevées, ployées, recourbées en tous sens parla plus hor-
rible des tourmentes que notre globe ait subies, comme pour dérouler
tons les systèmes des géologues sur la formation de la croûte terrestre,
,d -rieuse a disparu pour faire place à un terrain sauvage et accidenté.
I u bout du ravin où nous sommes ensevelis vont sans doute se dresser
les terribles portes de fer du pays africain; c’est ensuite une effrayante
cote a gravir avec ses profondeurs et ses précipices de chaque côté;
estune descente rapide et tout périlleuse à franchir, sansautre témoin
PM€ÜR»EIJK, Samedi 14 Janvier 1843.
que des monlagnès qui s'enchaînent à droite, s’enlacent à gauche et
s’embrassent devant et derrière pour vous fermer toute sortie.
Des hauteurs de Courcelles où nous arrivâmes à 10 heures, un vaste
paysage sedéroule aux yeux : c’est ArdentVeavec ses dépendannes.Vue
de ce point par un beau soleil couchant, la scène ressemble à un effet
de mirage : c’est une silhouette, riche de détails, dessinée dans le ciel
sur un fond d’or et brodée sur la crête des cinq à six collines qu’enca-
dre le domaine du roi.
Le premier objet qui attire le regard est une tour de forme gothique
à trois étages crenelée par le haut comme un vieux donjon, <1111 a été
bâtie l’année dernière au point culminant de la contrée et d’où l’on
peut parfaitement juger de la situation. Du sommet, il n'y a qu’un pas
pour cueillir les étoiles à la main. On peut sans crainte signaler ce nou-
vel observatoire, isolé de tout voisinage ombrageux et aussi solitaire
qu’un monastère, comme éminemment propre aux expériences météo-
rologiques.
Le château situé sur une autre éminence, quelques centaines de mè-
tres de la tour, est composé de deux corps de bâtiments unis par une
galerie couverte : l’ancienne châtellenie, qui a conservé la rusticité de
ses dehors et qui n’est à vrai dire, qu’une métairie confortable où sont
logés les gens du service, et le nouveau palais. Bien d’aussi simple que
l’intérieur de ce dernier : des tapis, des glaces, dt s pendules, des tapis-
series et des meubles de bon goût, mais point de lambris dorés, point
de peintures à fresques. Le seul luxe des appartements semble concen-
tré sur les marbrés des cheminées,ouvrages qui sont sortis des ateliers
d un modeste marbrier de Dinant, M. L. Wastrissè et qui lui ont valu le
brevet de marbrier de S. M.
Le palais a la forme d’un temple flanqué de deux tourelles; au rez de
chaussée, après avoir traversé le pérystile, on arrive à la première pla-
ce qui communique directement et exclusivement à la seconde, celle-ci
à la troisième et ainsi de suite jusqu'à la seplièmejla même répartition
se répète à l’étage,grâce à l’absence d’un vestibule commun.Le cabinet
de travail du roi et le salon de la,reine forment deux ovales parfaits; une
salle de bain et une riche bibliothèqne où sont placés les portraits en
pied du roi, de la reine et de leurs enfants complètent la décoration et
le comfort de ce séjour, qui a pour mur d’enceinte une haie d’aubépine
et pour porte d’entrée une barrière en bois peinte en vert.
Un groupe de douze à quinze maisons dont les neuf dixièmes appartien-
nent au roi et qui forment le reste du ci-devant village d’Ardenne,sont
encore deboulàcôté du château. Ces habitations disparaîtront quand
le dernier propriétaire sera venu à composition c’est-à-dire bornera ses
exigences au double de la valeur. Le voisinage du château était une
bonne fortune à exploiter et plusieurs villageois ne s’en sont fait faute
en demandant jusqu'au sextuple du prix des experts.il s’est mène trou-
vé un descendant du meunier de Sans-Souci qui prétendait envers et
contre tous, finir ses jours dans la chétive cabane où ses aïeux avaient
rendu le dernier soupir.Sa fille surtout l’appuyait dans cette résolution,
ün jour, Léopold voulant juger par lui-même de la lénacilé de ces bon-
nes gens y entra subitement.
Une couturière s’y trouvait installée et venait d’exprimer le désir de
voir le roi. A ce mot : le voilà ! prononcé à voix basse par la fille, la cou-
turière, interdite, tombe en défaillance, et le roi aussitôt qu’elle a repris
connaissance, s'empresse de sortir en souriant, sans avoir abordé l’ob-
jet de sa visite. Quelques mois plus tard, le vieillard mourut ; la fille
devint plus traitable, et la cabane qui offusquait une vue du château
fut démolie.
Sur le sommet d’un rocher élevé, coupé verticalement et qui menace
de choir dans la rivière de la Lesse, on construit en ce moment un pa-
villon. De ce lieu, appelé le Trou du Serpent, peu de personnes pour-
raienteontempler la profondeur de l’espace sans être saisies de vertiges:
c’est là que le roi se repose dans ses courses. Le château de Friey dis-
tant de Lrois lieues d’Ardenne, que Napoléon disait être un séjour trop
rare et trop curieux pour être la propriété d’un particulier, ce château
possède une chute de terrain aussi abrupte que la tour de Ste-Gudule.
Léopold à son premier voyage à Dinant, escorté par une garde d’hon-
neur alla témérairement se placer à l’endroit le plus élevé et le plus rap-
proché île l’abîme.
Vous dirai-je encore pour terminer cette digression topographique,
qu’en mettant le pied sur le territoire d’Ardenne, on rencontre d’abord
un four à chaud qui appartient au roi et qui est exploité pour son pro-
pre compte. ün pareil trafic pourrait soulever une grave question de
droit et peut-être un long débat parlementaire ; il y a toutefois une cir-
constance atténuante: les clients de S. M. ont la chaux presque pour
rien, et ils ne se cachent pas pour dire que Léopold fait une triste opé-
ration et n’entend rien à ce métier-là. Vis-à-vis de celte exploitation,dans
le bas de la vallée, se trouve une prairie avec deux grands réservoirs et
un plus petit. Le chaufournier qui est en même temps le seul ci-
cerone du lieux, interrogé, répondit: « que le petit réservoir était une
fabrique à truites pour recueillir les œufs, et les deux grandes des vi-
viers pour y nourrir les poissons éclos. 1. Tout le reste du terrain est
couvert de forêts où le gibier abonde.
L’étendue de la propriété du roi a plus d’une lieue et demie de tour;
il y a encore bien çà et là quelques enclaves, mais elles diminuent cha-
que jour, tandis que tout ce qui est à vendre dans le rayon est acquis
sur-le-champ. A cet égard on prête au roi les plus vastes projets d’agran-
dissement. A Cirgnon, village situé à deux lieues d’Ardenne, il a égale-
ment acquis une grande propriété, et l’on met la dernière main a un
château qu’il a lait bâtir au faite d’une montagne d’où l’on découvre les
montagnes des environs de Liège. On parle maintenant d’un château
dont le plan serait arrêté et semblable, en tous points, à celui de Wind-
sor.
Deux raisons, dit-on, ontengagé le roi à faire l’acquisition d’Ardenne.
L’ensemble de ces collines greffées les unes sur les autres lui rappelle
une localité de l’Ecosse, montagneuse et boisée comme Ardenne où il
a passé les jours les plus brillants sinon les plus heureux de sa vie;
puis il peut s’y livrer avec succès à son plaisir de prédilection, la chasse
aux renards.
Tout le monde à Ardenne sait comment le roi y passe la journée.
Après le déjeûner qui lui est apporté tous les matins jusqu’à Dinant par
la diligence du soir de Bruxelles, il expédie la besogne constitutionnel-
le, si un courrier particulier a apporté des dépêches. Cela fait, il cher-
che à reconnaître l’état de l’atmosphère. Le temps est-il détestable, il
s’enferme dans sa bibliothèque jusqu’à l’heure du dîner, relit Goethe,
Schiller, Byron, Shakespeare, poètes dont la langue lui est familière.
Mais il ne faut pas qu’on soit venu déranger le sinet de la dernière page
où il s’étaitarrélé; une plume,un canif, un manuscrit qu’on aurait chan-
gé de place.un buisson coupé dans le taillis, un nid d’oiseau enlevé pen-
dant son absence, il en fera la remarque à son retour sans plus d’obser-
vation : on s’en abstient soigneusement, parce qu’on sait que cela lui
déplaît.
Le temps n’est-il que pluvieux, Léopold sort seul en guêtres, redin-
gote et casquette, et muni d’un énorme parapluieà la Robinson Crusoë,
il va visiter les travaux dont il a donné l’ordre. En été, c’est un parasol
de même dimension qui le garantit d’un soleil trop ardent. Le plus sou-
vent il part à ['improviste et à l'insu du petit personnel du château. C’est
au tomber de la nuit qu’on s’aperçoit seulement de sa disparition; aus-
sitôt on s’inquiète, on se meten course à pied, à cheval, et le plus ha-
bile va le trouver assis sur le bord de la rivière, ou revenant tranquille-
ment d’un village voisin, sans paraître se douter de l’alarme qu’a pu
causer son absence.
Enfin le ciel est moins morose, le vent d’Est a balayé les nuages, c’est
un jour de chasse; le premier, Léopold a endossé la blouse et la gibe-
cière; après son chasseur qui le suit avec un fusil de rechange, c’est un
garde qui a pour unique occupation de boucher les trouées faites à
maintes haies dans la chaleur de la poursuite.
Pour rendre une de ces parties agréables au roi, les paysans avaient
imaginé de circonscrire les terriers par un bon nombre de moulins à
raquette. Les renards, effrayés par ce bruit inaccoutumé, se dirigèrent
sur le poste du roi,qui en mit huit parterre. Leroi est très habile tireur,
vise bien et prend facilement position. Ceux qui échappèrent jurèrent
apparemment qu’on ne les y prendrait plus. En effet, à une seconde
épreuve de celte musique, les renards sautaient par dessus les mouli-
nets. Pendant la chasse il passe deux, trois,qualre lièvres,ils sont nom-
breux parce qu’ils sont bien gardés, le roi se contente de les mettre en
joue, sans tirer jamais, n’aimant pas non plus qu’on les tue.Pour la di-
version, il y a une faisanderie très bien garnie, et plus d’un faisan en
escapade a pris pour revenir, un autre chemin que celui de la cuisine
du château.Je ne cite ce petit larcin qu’avec l’intention qui le fait com-
mettre, c’est-à dire pour la rareté du fait et la difficulté d’exécution:
car le roi est adjudicataire de toutes les chasses communales dans un
rayon de trois lieues. En général, les habitants professent le plus pro-
fond respect pour tout ce qui concerne les plaisirs et les distractions
du roi.
Ne vous adressez pas à un naturel d’Ardennepour apprendre l’uneou
l’autre des aventures qui seraient arrivées à S. M. Tout insignifiantes
qu’elles puissent être on ne vous répondra que par un silence absolu.
Je tenais le fait suivant de bonne source : — A son dernier retour de
Paris, quelques jours avant l’ouverture des chambres, le roi vint passer
une semaine à Ardenne. Dans une de ses périgrinations il entend des
cris douloureux sortir d’un fourré, il se précipite vers la voix et trouve
étendu un jeune garçon qui, en tombant d’un arbre, s’était cassé la
jambe. Le roi le prend dans ses bras, appelle du secours et soutient l’en-
fant jusqu’à l’arrivée d’un,garde; lui-même court chercher son méde-
c.n et assiste à la réduction. Le courage du patient lui avait gagné l’af-
fection du roi qui vint le voir jusqu’à sa guérison, lui glissant à chaque ;
visite quelques pièces de cent sous. — Une personne qui connaissait la ;
mère, lui demanda lequel de ses deux fils avaitété victime de l’accident.
Elle répondit, pour ne pas se compromettre, qu’elle l’avait oublié: le
j petit bonhomme boitait encore.
Un brave père de famille fait pourtant exception à cette excessive ré-
serve, et raconte avec bonheur que son fils a lu sous les yeux et sur les
genoux du roi. Voici à peu prèsen quels termes il rapporte l’anecdote,
je traduis son langage wallon aussi fidèlement qu’il m’est pôsse. — « Ün
jour mon peliLetle petit de Jean-Joseph battaient les buissons du grand
fond pour trouver des nids d’oiseaux; le roi arrive et lisait en marchant,
il marche très souvent en lisant ; il les regarde, ferme son livre et les
appelle. Le mien vient, s’il n’était pas venu, je le coupais en deux quand
il serait revenu; l’autre se faisait tirer l’oreille de peur d’être battu.
Le roi s’assied sur la tête d’un fossé et demande à mon petit : Sais-tu
lire, mon petit ami? Oui, monsieur. Eh bien, voyons. Et voilà mon petit
qui lit dans le livre du roi; mais bien, savez-vous. Le petit de Jean-Jo-
seph, qui ne sait ni A ni B. et qui est méchant comme une galle, criait
toujoursau mien : Vus’ veni Inri? et le roi demandait : Que dit votre
camarade?—Que je m’en aille. —Il ne faut pas l’écouter; — et là-dessus,
il lui baille une pièce de dix florins en disant : — C’est bien, allez tou-
jours à l’école, mais ne venez plus dénicher les oiseaux et j’aurai soin
de vous. 11 Cet heureux père ne doute aucunement que son fils ne soit
au moins intendant de quelque chose à l’époque de sa majorité.
Nous pourrions citer d’autres traits du même genre, mais cé n’est
point une notice apologétique que nous avons entreprise, nous avons
voulu dire ce que c’est que la résidence d’Ardenne. Nous avons montré
Léopold tel que chacun peut l’y voir, c’est-à-dire villageois au village.
(Observateur.)
T ABLETTES DU PRÉCUBSEUR.
Le Précurseur de ce jour est accompagné delà premièré
feuille (feuille double) de la deuxième série des Tablettes du
Précurseur, contenant la première partie de Un Roi marron,
par un Chroniqueur inconnu.
Nos Abonnés recevront avec les prochaines Tablettes, la cou-
verture imprimée sur papier de couleur, destinée à ce second
volume.
Etreiiücs de 1813. — IBnE>!icaîioïïs musicales de §cliott frères.
ANVERS ET BRUXELLES.
On sait que la maison Schott a publié de nombreuses collections de
partitions de chant et de piano. A l’approche du nouvel an, les éditeurs
de ces ouvrages ont jugé à propos de leur faire subir de notables dimi-
nutions de prix. Ces diminutions mettent désormais à la portée de tout
le monde, des partitions qui naguère encore revenaient excessivement
cher. A l’avenir les belles éditions des partillonsde grand format impri-
mées sur beau papier ne coûteront que de 7 fr. 50 c. à 15 fr. Il est essen-
tiel de remarquer que ces nouveaux prix sont souvent les mêmes que
ceux de ces petites partitionsin-18, qui,récemment publiées en France,
ont obtenu peu de succès dans le monde musical, à cause de la petitesse
des caractères qui en rend la lecture difficile au piano, impossible à la
lumière.
Tout le monde voudra donedonner la préférence aux grandes éditions
de MM. Schott, qui offrent toutes les commodités désirables.
Indépendamment des partitions des grands maîtres, Rossini, Adam,
Auber, Donizetti, Bellini. Meyerbeer, ete., etc., la même maison a pu-
blié un assortiment choisi des albums de chant de Donizetti, Gabucci,
Grisar, Labarre, Puget, Masini, Mercadante, Ricci, etc., ainsi que les
albums de piano desHerz, Hunten, Liszt, Doehler, Wolff, qui sont aussi
remarquables par la modicité des prix auxquels on les livre, que par
leur luxe typographique. Parmi ces albums on remarque principalement
celui de Wolff', quicontient six morceaux caractéristiques, et que l’on
a pris soin d’orner de belles planches lithographiées. Cet ouvrage ne
coûte que 6 francs 75 c. En général le prix de tous ces albums varie dé
fr. 5 à fr. 6.
Mais ce qui, d’après l'avis de tous les amateurs de musique, convient
le plus pour cadeaux d’étrennes, est la collection des partitions transcri-
tes pour le piano seul. Dans cette collection se trouvent les opéras les
plus nonveoux d’Adam, d'Auber, tels que: les Diamantsde la Couronne,
l’Ambassadrice, le Postillon de Lonjumeau, le Brasseur de Preston, etc.
Tous ces ouvrages se vendent au prix plus que modique de 6 fr. Il est
inutile, croyons-nous, d’entrer ici dans quelques considérations sur le
mérite de ces ouvrages. Le public, ce souverain arbitre, a su les appré-
cier dignement dès leur apparition. ,
Parmi les ouvrages destinés aux cadeaux d’étrennes, on distingue
cette année dans les magasins de MM. Schott.ceux de quelques compo-
siteurs nationaux. Les albums de chant de MM. Eykens d’Anvers et Aug.
Gaussoin de Bruxelles, doivent être placés en première ligne. Il est im-
possible de se procurer à un prix plus modique, de plus jolies éditions
et surtout de plus charmantes compositions. A peine ces albums ont-ils
été annoncés et exposés que la vente s’en est faite rapidement, circon-
stance qui prouve combien le mérite des ouvrages de MM. Gaussoin et
Eykens a su facilement triompher de cette prétendue apathie que l’on
reproche au public en fait de compositions indigènes.
Ainsi donc,et comme on peut le voir pal?ce qui précède,les musiciens
consommés trouveront chez MM. Schott toutes les partitions célèbres
tant pour piano et chant, que réduites pour le piano seul. Les instru-
mentistes s’y procureront toutes les compositions spécialement écrites
pour l’instrument qu'ils cultivent, au prix le moins élevé possible.
Les pianistes n’auront qu'à s’adresser à MM. Schott pour obtenir les
ouvrages si justement célèbres de Thalberg, Herz, Doehler, Listz, etc.
On trouve également dans leurs magasins les productions de nos cqna-
positeurs pianistes nationaux MM. Defiennes, Gregoir, Henri, Miclïe-
lot, etc. Les amateurs de chant y trouveront également les mélodies
les plus neuves, les plus gracieuses et les plus propres à produire un
grand effet surl’audiloire des concerts et des salons. Les nombreuses
sociétés de chant d’ensemble que renferme la Belgique obtiendront à
bon comptechez MM. Schott les quatuors pour voixd’hommes des com-
positeurs allemands les plus renommés.
La maison Schott, par ses nombreuses publications, estenétatde
lutter sous le rapport de la modicité de ses prix, et sous le rapport de
l’excellence des ouvrages qu’elle édite, avec toute maison qui se livre
au commerce de la musique. C’est dire suffisamment qu’elle ne négli-
gera rien pour continuer, pendant l’année qui va s’ouvrir, à mériter
la confiance de sa nombreuse clientèle.
(Extrait du Moniteur Belge, 31 décembre.)
Tlaéàtre aies Variétés.
SUSQ-J3S
DONNES PAR LA
SOCIÉTÉ VU\1HEA\E.
La direction porte à la connaissance de ses Sociétaires, qu’elle vient
de contracter avec le propriétaire du local des Variétés pour y donner
DEUX BALS MASQUÉS.
Leb'fixé au Dimanche c.1 Janvier, et le 2«au Dimanche #® Janvier.
La rétribution est de 3 francs pour les deux Bals, avec les cartes des
dames comprises.—On s’inscrit chez M.Vander Block, au Café des Arts.
Les BALS commenceront à 9 heures.
THÉÂTRE ROYAL.
Dimanche, 15 janvier : Lucie de Lammermoat. — Trente ans ou la vie
d'un joueu r._ _
COMMERCE.
Place tlAnverg du 14 janvier.
CAFE. — Il s’est traité env. 500 balles St.-Dominguede 21 à211 [4 cents
et 200 d» Brésil de 21 à 23 1|2 consommation.
SUCRE BRUT. — On a réalisé 120 caisses Havane blond à fr. 14 5i4
pavillon national.
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Paris , 11 janvier.
Farines, les 100 kil. : le quai. fr. 33 à 25; 2< 29 à_32; 3* 20 à 25; 4* 17 a 18.
Cours moyen du jour, 30 63. — De la taxe, 32 30. .
Grains, l’hect. : Froment, fr. 18 à 21; seigle, 9 65 à 10 65; orge, 13 à
14 65; avoine. 9 35 à 11 ; sarrasin, 10 à 11 65.
Vantes, 9 janvier.
Savon: Aucun changement n’est survenu dansles Cours. L’épicerie
qui achète peu, paie de 49 50 à fr. suivant la qualité. Les époques futu-
res ne s’obtiennent pas à moins de ce dernier prix.
300 caisses avariées se sont vendues publiquement de 44 a 46 fr. ; 150
caisses sont annoncées encore pour la semaine prochaine.
Les arrivages de l’année ont été considérables, puisque le chiffre n est
pas moindre de 9000 caisses en excédant sur les cinq années précéden-
tes. Malgré cela, nous ne nous trouvons pas avec plus de 5000 caisses.
JLille, 12 janvier. Hcii.es t’hect. [Graines l’hect. ToimT.les 100.
Colza...............fr. 87
Œillette rousse.......
Id. bon goût sur march ,
Id. bon goût soutirée ...
Id. froissage soutirée-
Lin...................
Cameline...............
Chanvre................
Epurée pour quinquets.
Id .pour réverbères....
77 —--------
93
91
29 — 24 50
19 — 24 50
17 — 22 50
100.
15 — 15 50
14 - 15 25
17 — 20 —
15 50 -------
14 — 15 — |