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Les projets doivent être remis avant le 31 mars 1885, etc.
Disons, avant tout, combien nous trouvons étrange que la
souscription ayant été publique, le Cercle Artistique et Littéraire
n’ait pas organisé un concours public au lieu de restreindre le
concours exclusivement à ses membres.
La Société Centrale d’Architecture, qui a eu récemment
l’occasion de pouvoir limiter à ses membres la participation au
concours pour le monument de l’Eau d’Andrimont, a décliné
l’offre gracieuse qui lui a été faite et a réclamé énergiquement,
avec succès, le concours public. (Voir col. 17 ci-contre).
Il nous a paru aussi que le programme élaboré par la Com-
mission du Cercle Artistique aurait pu être plus complet et pré-
senter des garanties d’équité plus grandes aux concurrents.
C’est ainsi qu’il n’indique ni le nombre ni l’échelle de dessins
à fournir ; qu’il n’accorde aux concurrents la nomination
d’aucun membre du jury ; qu’il n’indique pas si les projets
seront exposés avant ou après jugement, ce qui permettrait
au moins d’apprécier la décision de ce jury.
La Société Centrale d’Architecture, conformément a sa déci-
sion de faire prévaloir dans toutes circonstances le principe
du concours public, a demandé à l’administration du Cercle
Artistique, de rendre public le concours pour le monument
Louis Hymans et de compléter son programme dans le sens
indiqué ci-dessus.
Nous espérons que les membres du Cercle reconnaîtront la
justesse de cette réclamation (1).
Concours pour la construction d’un palais des Beaux-Arts
à Lille.
Deuxième épreuve : concours définitif.
On se rappelle que les 29 et 30 juillet 1884 le jury chargé
d’examiner les avant-projets, au nombre de 82, présentés à la
première épreuve, avait désigné, sans classification, pour pren-
dre part au concours définitif, cinq projets, en recommandant
à leurs auteurs une étude très attentive des conditions du pro-
gramme, surtout en ce qui concerne la possibilité d’agrandis-
sements ultérieurs, tout en conservant au monument un aspect
complet. C’étaient :
Le projet n° 2. — MM. Edouard Bérard et Delmas, archi-
tectes à Paris.
Le projet n° 25. — M. Edmond Paulin, inspecteur des
travaux du Louvre.
Le projet n° 30. — M. Bréasson, architecte de l’administra-
tion de l’Enregistrement des Domaines.
Le projet n° 55. —MM. Bonnier et Adrien Chancel, archi-
tectes à Paris.
Le projet n° 63. — MM. H. L. Lailillée et A. Cornil-Lacoste,
architectes à Paris.
Ce sont les œuvres de ces artistes, exposées en décembre et
janvier dernier, au palais Rameau à Lille, qu’il nous a été
donné d’examiner, après la clôture de l’exposition, grâce à la
bienveillance de M. le maire.
Disons d’abord que ces cinq projets étaient largement
installés chacun dans une sorte de salon spécial, ce qui permet-
tait de les étudier à l’aise, de les apercevoir chacun dans son
ensemble et facilitait les comparaisons à établir entre eux.
En général, les projets exposés possèdent de sérieuses qua-
lités et dénotent surtout, chez leurs auteurs, une habileté de
dessin poussée à ses dernières limites.
Cependant en les examinant avec attention on découvre dans
chacun d’eux des défectuosités marquantes, soit au point de
vue des grandes lignes de la distribution intérieure, soit dans la
forme des éléments et dans l’ordonnance générale des façades.
Aucun, selon nous, ne répond d’une façon tout à fait satis-
faisante aux conditions multiples qu’exige un palais des
Beaux-Arts; aucun n’indique suffisamment par l’ampleur de sa
conception le véritable caractère du monument.
Les cinq projets peuvent être classés en deux catégories
sous le rapport du parti adopté pour le plan : Les uns ont
disposé leurs différents locaux d exposition autour d une cour
centrale vitrée ; cette disposition facilite certainement les com-
munications entre les diverses salles, mais nous croyons
qu’elle ne permet pas de donner à l’édifice tout le cachet
monumental qu il doit avoir. Les autres, plaçant au centre
l’escalier principal, ont visé à l’effet décoratif sans qu’aücun
d’eux soit parvenu à atteindre complètement ce but.
* *
Le projet de MM. Bonnier et Lhancel appartient à la pre-
mière catégorie. Un grand vestibule d entrée derrière lequel
deux escaliers disposés à droite et à gauche, à peu près comme
à l’école des Beaux-Arts de Paris, débouchent au premier étage
devant des locaux d’importance secondaire. Une cour vitrée,
dont la partie centrale, de forme octogonale, est couverte par
une charpente de panorama ou de cirque d’un aspect peu
(1) Cet article était écrit lorsque nous avons appris que le Cercle
artistique et littéraire avait répondu à la Société Centrale d’Architecture
que « statuant sur sa lettre du 11 février, la Commission a été d’avis
« que la souscription, du reste fort modeste, recueillie pour le monu-
« ment Louis Hymans ayant été ouverte par l’initiative du Cercle artis-
« tique et sans aucune subvention des pouvoirs publics, il n’y avait pas
« lieu de modifier les dispositions de la circulaire du 4 février, qui
« réservait aux membres artistes du Cercle le droit de prendre part au
« concours pour la construction de ce monument. » Nos lecteurs
apprécieront.
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grandiose, donne accès anx salles d’exposition du rez-de-
chaussée.
Plan simple, dont les grandes divisions se dessinent bien
clairement.
Les façades nous ont paru ternes et manquer d’originalité. Il
y a absence presque complète d’homogénéité dans la façade
principale surtout, et le grand mur, décoré de pilastres
et de niches qni constitue la façade latérale, n’est pas plus
heureux de composition. A remarquer l’incroyable habileté de
dessin déployée dans les nombreuses ligures, groupes et
objets d’art indiqués dans les coupes.
* *
M. Paulin a adopté le parti de l’escalier central, mais ici
cet escalier manque de profondeur et de perspective; l’éclairage
des doubles salles destinées à la peinture, au premier étage,
nous a semblé insuffisant et les salles réservées aux musées de
céramique et d’ethnologie seront certainement fort obscures.
L’entrée de l’édifice n’est pas clairement indiquée en taçade
principale et celle-ci n’offre absolument rien de remarquable;
la pénurie de motifs saillants attirant l’attention, la rend mono-
tone et banale à la fois ; les façades latérales ne sont pas
meilleures tant s’eu faut.
* *
Le projet de M. Bréasson présente une disposition générale
qui nous a paru de beaucoup préférable, mais son escalier
principal est défectueux, il ne conduit pour ainsi dire nulle
part et bouche fort désagréablement les entrées de la cour
vitrée qu’on n’aperçoit guère en entrant.
La façade principale a grand air, mais elle est trop
surchargée d’ornements; les toitures immenses, garnies de
crêtes énormes qui les couronnent, contribuent à lui donner un
certain aspect lourd, fort déplaisant. Nous aimons mieux la
façade latérale, c’est certes la meilleure des cinq projets.
*
* *
MM. Laffillée et Cornil-Lacoste ont un plan d’une grande
simplicité : un vestibule de bonnes dimensions, au-dessus
duquel se trouve placé et bien séparé conlormément au pro-
gramme, le musée Wicar; derrière, dans l’axe longitudinal,
l’escalier principal largement installé, entouré de dégagements
qui rendent la circulation facile. Nous critiquons cependant les
doubles salles disposées le long des façades latérales : ces
petits salons, destinés aux dessins, permettront-ils d’éclairer
suffisamment les grandes salles de peinture qui ne pourront
recevoir le jour que vers les cours vitrées/ Ce plan possède
de très sérieuses qualités, malheureusement les façades, dont
les éléments sont tantôt lourds tantôt maigres, manquent abso-
lument de caractère et d’originalité; elles sont d’une trop
grande simplicité et n’indiquenL nullement un monument des-
tiné à une exposition permanente dceuvies dait.
* *
Ce sont certainement les qualités opposées à ces défauts qui
ont fait décerner la palme au projet de MM. Bérard et Delmas
dont les façades paraissent à première vue très originales, mais
qui, selon nous, est celui qui présente le moins de qualités
pratiques : le plan, dans l’étude duquel on semble s’étre peu
préoccupé du programme, laisse énormément à désirer : une
cour vitrée ouverte vers le tond, a droite et a gauche les locaux
d’exposition; devant,un long vestibule terminé aux deux bouts
par deux pavillons au delà desquels, reliés imparfaitement au
monument, deux escaliers relativement mesquins, placés tant
bien que mal et comme pour les dissimuler dans deux annexes
circulaires dont l’aspect extérieur n’indique en rien cette desti-
nation.
Il semble vraiment qu’on ait tout sacrifié aux façades, et cepen-
dant nous ne les trouvons pas heureuses malgré leur origina-
lité incontestable.
Une trop grande recherche d’effets d’ombre et de lumière
dans l’étude de la façade principale eslcause que celle-ci man-
que de tranquillité; elle est trop mouvementée et en quelque
sorte déchiquetée par de trop nombreux motifs saillants qui
offrent, surtout au point de vue de leur construction, beau-
coupde sujets de critique: comment construirait-on ces trouions
circulaires couronnés de groupes colossaux dont la ma-
quette en plâtre fait si bien ressortir les énormes saillies atté-
nuées si habilement dans les dessins supérieurement îendus
d’ailleurs ?
Selon nous, ce projet, qui présente certainement des quali-
tés, et qui dénote une imagination téconde, semble bien plus
l’œuvre de décorateurs que d’architectes; nous émettons bien
sincèrement des craintes sérieuses sur la solidité que pté
senteraient certains motifs de la façade principale potu la cou
struction desquels on devrait évidemment recourir a tous les
artifices, à tous les mensonges artistiques que permet l'emploi
dissimulé du fer.
Une dernière critique générale pour terminer ce compte
rendu fort écourté et peut-être trop sévère, du coucouis de Lille.
Nous regrettons de devoir le faire remarquer, on retrouve
dans ces cinq projets les principes d’une même école, la même
note dominante et pour ainsi dire la même architecture.
On reconnaît immédiatement, dans leurs auteurs, des élèves
et anciens élèves de l’école des Beaux-Arts de Paris.
Tous possèdent de réels mérites et dénotent une habileté de
dessin considérable, mais nous avons vainement cherché une
œuvre vraiment originale et digne, dans son ensemble, de cap-
tiver l’attention par son caractère personnel et des qualités de
premier ordre.
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Le jury était composé comme suit :
MM. Géry LEGRAND, maire de Lille, Président ;
GINAIN, Architecte, membre de l’Institut ;
LISCH, Architecte, Inspecteur général des Monuments historiques;
BOUFFET, Secrétaire général de la Préfecture du Nord ;
GAVELLE, Adjoint au Maire, Délégué aux travaux ;
VIOLETTE, Adjoint au Maire, Délégué aux Beaux-Arts;
BERLIN, Vice-Président de la Commission du Musée de peinture ;
A. MONGY, Directeur des travaux municipaux ;
GUILLAUME, Architecte du Palais du Louvre, Membre du con-
seil général des bâtiments civils;
A. NORMAND, Inspecteur général des bâtiments pénitentiaires;
MOURCOU, Architecte à Lille.
Afin de l’entourer de tous les renseignements qui pouvaient
lui être utiles, il avait dressé le tableau ci-dessous :
Noms des concurrents Surface couverte. Devis remis par les concurrents. Devis majorés par le jury Prix de revient par mètre carré majoré.
Bonnier
et Chancel. 4680 m. c. 2,628,000 fr. 2,778,000 fr. 593 fr. environ.
Paulin. Bérard 4194 m. c. 2,498,920 lr. 2,698,900 fr. 644 fr. environ.
et Delmas. 3788 m. c. 2,535,500 fr. 2,711,500 fr. 715 fr. environ.
Bréasson. Lacoste 4738 m. c. 2,717,000 fr. 3,088,000 fr. 649 fr. environ.
et Laffillée. 5943 m. c. 2,499,919 fr. néant. néant.
Le rapport détaillé du jury a été publié.
Le vote a donné les résultats suivants :
Nombre de votants . . . . 14
Majorité absolue .... 8
MM. Bérard et Delmas ont obtenu.................8 voix.
MM. Bonnier et Cbancel..........................4 »
M. Paulin ......................................2 »
V. D.
Concours divers.
Conformément à sa décision, la Société Centrale d’Archilec-
ture a demandé aux autorités que la chose concerne, la mise
au concours public :
Du monument Ortmans-Hauzeur, à Verviers.
Du monument Yandenpeereboom, à Ypres.
Des Palais de Justice de Nivelles et de Louvain.
De la cité ouvrière que le bureau de bienfaisance de Mons se
propose d’édifier.
De la nouvelle maison communale d’Iseghem (Flandre occi-
dentale) .
Elle a adressé au comité du monument Guislain, à Gand, une
lettre de protestation contre l’organisation défectueuse de ce
concours.
France. — Un concours vient d’être ouvert à Paris pour
l’érection d’une statue à Paul Broca, les artistes étrangers sont
admis à prendre part à ce concours.
La statue aura 2 m. 20 de hauteur, plinthe comprise. Les
concurrents produiront une maquette de la statue et du socle
ayant une hauteur de 70 centimètres.
Les maquettes devront être déposées à l’école des Beaux-
Arts le 1er septembre 1885 avant b heures du soir.
Le jugement sera rendu, au plus tard, le dixième jour après
l’exposition publique qui durera 15 jours et commencera le
8 septembre 1885.
Pour obtenir le programme et les conditions de ce concours
s’adresser à M. le Docteur 8. Pozzi, place Vendôme, 10, à
Paris.
Allemagne. — La commission instituée pour l’érection d’un
Musée communal à Hanovre, vient d’ouvrir un concours public
pour la rédaction des plans ; le coût total du monument est de
236,000 marks; deux primes de 2,000 marks et 1,000 marks
seront allouées aux meilleurs projets.
Le concours institué pour l’érection d’une fontaine monumen-
tale à Stuttgart a donné des résultats inespérés, à ce point que
le jury a décerné six récompenses au lieu de trois. Le premier
prix a été remporté par MM. Eisenlohr et Weigle, architectes de
Stuttgart; leur projet dénote une connaissance profonde de leur
art et une entente sérieuse de la décoration.
Le comité institué pour recueillir les souscriptions destinées
au Monument à Luther à élever au Nouveau-Marché à Berlin,
ouvre un concours public pour la rédaction des projets. La
dépense est de 200,000 marks (250,000 francs); des primes
de 5,000, 3,000, 2,000 et deux de 1,000 marks seront décer-
nées aux cinq meilleurs projets.
On remarquera que l’ensemble des primes atteint 6 p. c.
de la somme à dépenser.
Suisse. — Un concours est ouvert à Zurich pour la construc-
tion de maisons ouvrières. Le programme, comme du reste
tous les programmes de concours publics d’architecture en
Suisse, est largement conçu et présente des conditions de na-
ture à sauvegarder, en même temps, les intérêts des archi-
tectes et ceux de l’administration fédérale.
Pour obtenir ce programme, s’adresser à M. G. Schindler-
Esclie, à Zurich. |