Full text |
22
Suède. —Au concours ouvert pour le Musée de Gothenburg,
les prix ont été décernés comme suit:
1° Pour le devis de 540,000 marks, la première prime est
échue à M. Strokirk, de Berlin; la deuxième à M.Faklstrôn, de
Gothembourg.
2° Pour le devis de 324,000 marks, la première prime est
échue à MM. Kroger et Frank, de Gothembourg; la deuxième,
à M. Bischof, de Leipzig.
Nous ne possédons pas de renseignements complets sur ce
concours, mais nous supposons qu’il y a eu deux concours, l’un
comportant une dépense de 540,000 marks, l’autre une
dépense de 324,000 marks.
ŒUVRES PUBLIÉES.
Hôtel communal de Schaerbeek. PI. 1 à 4.
La plupart de nos abonnés connaissent, au moins de nom,
la populeuse commune de Schaerbeek, cette agglomération de
46,000 habitants située aux portes de la capitale.
Depuis longtemps déjà,l’administration se trouvait à l'étroit
dans les vieux bâtiments qui servent de maison communale, et
depuis quelque dix ans, différents projets d’appropriation ou
de construction, à l’emplacement actuel ou à proximité, furent
proposés.
Il y a quelques années, l’idée de faire de l’édifice communal
le centre d’un quartier, à créer dans le prolongement de la
rue Royale Sainte-Marie, fut mise en avant. Le principe
était bon, car il est incontestable que ce nouveau quartier
deviendra dans un avenir peu éloigné le cœur même de la com-
mune. Malheureusement l’application en fut déplorable et le
projetdu Collège, de placer le nouvel hôte! communal de Schaer-
beek à cheval sur l’axe de là rue Royale Sainte-Marie, souleva
de violentes critiques, non seulement dans le public et dans
la presse, mais trouva un écho jusqu’au sein du Conseil.
Il est évident qu’il ne peut être indifférent de placer un mo-
nument, un édifice quelconque dans une situation plutôt que
dans une autre, et c’est pour cette raison que nous serions
heureux de voir les administrations, les particuliers prendre
plus souvent conseil des hommes de goût et d’expérience, et
leur demander leur avis au sujet de l’emplacement, de l’orien-
tation à donner à un édifice.
Or, dans le cas qui nous occupe, l’on faisait remarquer, avec
juste raison d’après nous, à l’administration, qu’en plaçant le
futur Hôtel communal dans l’axe de la rue, on morcelait désa-
gréablement l’une des plus belles artères de l’agglomération,
celle qui, par sa situation et ses points terminus, devait inévi-
tablement devenir la plus importante et la plus mouvementée
de toute la commune.
De plus, la rue présentant une pente assez prononcée vers
l’édifice, celui-ci paraîtrait toujours enterré, quelque précaution
que prît l’architecte pour combattre ce fâcheux effet. Il est vrai
que nous sommes habitués à ces mécomptes dans notre bonne
ville de Bruxelles, témoins: l’église Sainte-Marie, la gare du
Nord, celle du Luxembourg, la colonne du Congrès, la Banque
Nationale, etc. Le Palais de Justice, l’œuvre cydopéenne dé
Poelaert, a échappé à cette règle, mais le pays sait à quel
prix.
L’exécution du projet de l’administration communale exigeait
de plus, la construction de quatre façades monumentales, tandis
qu’en plaçant l’édifice en bordure de la voie publique on pou-
vait placer les façades latérales et postérieures, bâties d’ailleurs
plus simplement, le long de rues plus étroites : on pouvait
ainsi, sans augmentation de dépenses, donner plus de richesse
à la partie principale de l’édifice et le faire précéder d’une
place plus vaste destinée à le faire valoir.
Bien d’autres considérations, que nous n’avons pas à énu-
mérer ici, furent formulées, mais la majorité du Conseil avait
son projet arrêté et les meilleures raisons ne pouvaient la faire
changer d’opinion.
Afin cependant de faire taire quelques réclamations et, disons
le (quoique la politique ne puisse être notre domaine ici), dans
un but électoral, un concours fut ouvert en mars 1881.
Le programme de ce concours demandait les dessins des
plans,de deuxfaçades et d’une coupe, ainsi que les métrés et les
devis exacts et détaillés prouvant que le coût de la construc-
tion ne dépasserait pas 1,200,000 francs (mobilier compris).
Le terrain, destiné à la construction, avait la forme d’un rectan-
gle de 50 mètres de largeur sur 70 de profondeur dont 44 au
maximum devaient être utilisés actuellement, le restant étant
réservé pour l’agrandissement éventuel des services publics.
Trois mois tout au plus étaient accordés aux concurrents
pour l’étude complète, d’un édifice devant renfermer de nom-
breux et importants services et pour la construction duquel
on disposait d’une somme relativement faible. Aussi était-il
difficile, si pas impossible, à moins d’avoir un projet tout
préparé, de faire un travail aussi important dans un temps
évidemment trop court.
Nous ne reviendrons pas sur l’exposition des projets envoyés
à ce concours ni sur les jugements contradictoires qui en furent
la suite; les lecteurs de l'Emulation trouveront dans la 7me
année, colonnes 3 à 6 et dans les colonnes 54, 58 à 60, de la
8meannée notre appréciation au sujet de ceconcourslégendaire.
Aujourd'hui nous publions les plans et la façade principale
de deux des quatre projets que le jury, dans son premier
— 23 —
jugement, avait désignés pour l’obtention d’une prime (1). Le
comité aurait désiré publier les deux autres afin de laisser
à nos confrères le soin d’apprécier, en connaissance de
cause, la valeur relative des projets; mais M. Neute désire ne
pas voir publier son projet, et le comité attend toujours une
réponse à la demande qu’il a adressée à M. Van Ysendyck.
Comme nos lecteurs peuvent le constater, le plan de
M. Dumortier dénote chez son auteur de'sérieuses connais-
sances pratiques et une véritable expérience des exigences
communales ; il était, si pas le meilleur, au moins l’un des
mieux étudiés adressés à l’administration schaerbeekoise ; les
services y sont bien groupés, les communications sont faciles ;
les couloirs et les vestibules sont suffisants, en rapport avec
l’importance des locaux à desservir et ne présentent point de
développement exagéré, comme dans les plans classiques.
Nous ferons cependant nos réserves au sujet de l’escalier prin-
cipal qui manque d’ampleur et surtout de profondeur, ainsi que
du bâtiment du fond dont l’existence aurait rendu, au moins
difficile, l’extension des bâtiments en vue de répondre aux
besoins futursde l’administration. Lafaçade, traitée en stylede
la Renaissance, présente de sérieuses qualités ; les proportions
générales en sont heureuses et les grandes lignes du plan sont
bien indiquées au dehors. Toutefois les pointes trop lourdes
des pignons et la partie supérieure trop grêle du beffroi deman-
daient une étude pius approfondie.
Le plan de M. Van Rysselberghe, d’une donnée géné-
rale très simple, est caractérisé par une vaste salle des
Pas-Perdus dont l’utilité ne nous paraît guère démontrée pour
des édifices de ce genre. Cette salle, avec les escaliers et galeries
qui y aboutissent, occupent, en y comprenant la cour, la moi-
tié de la surface totale du terrain; aussi les services, quoique
généralement bien groupés, y sont-ils logés trop à l’étroit.
Nous préférons de beaucoup les façades traitées en style ogival.
La façade principale est heureuse et atteste chez notresympathi-
que confrère un sentiment artistique incontestable. Seulement
ces ouvertures étroites parcimonieusement distribuées sont-elles
bien en rapport avec notre climat et nos mœurs et cette façade
n’acquière-t-elle pas, par ce fait, un caractère grave, sombre,
qui donne froid?
Les façades latérales présentent des dispositions d’une très
grande originalité tout en restant dans les limites du bon goût,
et nous regrettons beaucoup de ne pouvoir faire connaître plus
complètement à nos abonnés l’œuvre remarquable de notre
confrère.
Greffe de Bruges. — Pl. 5.
Peu de places publiques en Belgique, croyons-nous, peuvent
présenter à l’artiste, à l’architecte, à l’archéologue autant de
sujets d’étude que le Bourg de Bruges. Il semble que toutes les
époques, tous les régimes qui se sont succédé dans la vieille
cité flamande aient voulu y laisser une marque de leur passage;
tous les styles, tous les genres s’y pressent, s’y coudoient et
constituent une page superbe de l’histoire de l’art en Belgique.
Voici d’abord, dominant le tout de sa masse d’une suprême
élégance, l’hôtel de ville de style ogival secondaire dont les
Brugeois, à juste titre, se montrent fiers. A côté, les chapelles
de Saint-Basile et du Saint-Sang nous montrent l’époque romane
à l’intérieur, le style ogival primaire dans les façades, la tran-
sition dans les tourelles; le porche, qui forme l’angle de la
place, déploie toutes les richesses, souvent de mauvais goût,
de l’époque flamboyante. Puis à côté, la petite façade de ce
qui fut le greffe de l’échevinat de Bruges. Après quelques mai-
sons banales du commencement de ce siècle, vient cette dé-
bauche de colonnes, de statues, de moulures, d’ornements qui
se nomme la Prévôté ; puis successivement la façade, en style
empire, du palais du gouvernement provincial, une nouvelle
série de maisons froides et monotones, le palais de justice
édifié au XVIIIe siècle, renfermant cette œuvre unique, de
réputation européenne, connue sous le nom de « cheminée du
Franc », puis enfin, la façade du Greffe, ou plutôt de l’ancien
Greffe que l'Emulation désirait faire connaître à ses abonnés.
Si leXVIIIe siècle n’avait pas vu démolir la cathédrale romane
de Saint-Donatien, qui s’élevait entre le palais du gouverne-
ment et le palais de justice, le Bourg de Bruges ne serait-il
pas l’une des places publiques les plus intéressantes que l’on
puisse voir?
L’ancien greffe de Bruges, contigu à l'hôtel de ville, avec
lequel il communique à l’étage, fut construit de 1535 à 1537
par Chrétien Sixdeniers, d’après les plans de Jean Wal-
lot. Avant sa restauration cet édifice renfermait au rez-de-
chaussée les bureaux de la permanence de police et l’étage
servait et sert encore provisoirement, de dépôt pour les
archives communales.
La façade sur le Bourg était jadis décorée de statues en
pierre représentant Moïse, Aaron, ainsi que des figures allégo-
riques de la Justice, de la Prudence, de la Force, de la Tempe-
rance et de la Fidélité. Ces statues, œuvres de Guillaume Aerts,
furent détruites ainsi que douze portraits en buste, les armoi-
ries de Charles-Quint, du comté de Flandre et des neuf Gildes
principales, par les révolutionnaires français. Toutes ces sculp-
tures ont été refaites en pierre et les statues en bronze fondu.
De plus, la petite façade postérieure au-dessus de l’arcade,
du côté de la rue de l’Ane aveugle, a été aussi restaurée, et déco-
(1) On se rappelle que le deuxième rapport du môme jury concluait
à l’annulation du concours ; néanmoins l’auteur du projet classé premier
fut chargé de construire l’Hôtel communal ; aucune prime ne fut payée
aux concurrents. (Note de la Rédaction).
— 24
rée de la statue de Salomon, ainsi que d’allégories représentant
l’Abondance et la Paix.
Des rinceaux des frises il n’a été retrouvé qu’un seul
petit fragment polychromé, tandis que sur les fûts et chapiteaux
des colonnes la dorure a été retrouvée en plusieurs endroits.
Dans les grands éçoinçons formés par le motif central,
M. Pickery, statuaire à Bruges, a sculpté, en bas-relief, le
jugement de Cambise et celui du juge prévaricateur; la partie
ornementale a été confiée à M. De Wespelaere, sculpteur à
Bruges.
La pierre anciennement mise en œuvre provenait de Baele-
ghcm; elle était complètement détruite dans un grand nombre
de parties sur une profondeur de deux ou trois centimètres. La
pierre blanche dont il a été fait usage pour la restauration pro-
vient de Bochefort (Charente-Inférieure); elle est ordinairement
appelée Crazannes.
Quanta la dépense totale des travaux de restauration des
façades, elle s’est élevée à la somme de fr. 98,863-60 dont
fr. 51,478-48 pour la part de la ville, fr. 19,214-88 pour celle
de la province et fr. 28,175-25 pour compte de l’Etat.
L’intérieur a été entièrement modifié et transformé pour être
affecté à la Justice de paix. La salle d’audience occupe toute la
longueur de la façade vers le Bourg ; elle est éclairée par trois
grandes fenêtres dont les vitraux, très réussis, sont l’œuvre de
feu Dobbelaere; elle est de plus ornée d’une grande cheminée
monumentaleen pierre sculptée par DeWespelaere et d’une su-
perbe porte en chêne datant de 1544, attribuée à juste titre à
Lancelot Blondel ; cette porte provient de la chapelle des Eche-
vins à l’hôtel de ville et a servi, pendant très longtemps, de por-
tail au bas côté nord de la cathédrale de Bruges.
Le mobilier de cette salle a été exécuté par le sculpteur
De Wespelaere et les lustres en cuivre par le fondeur Brondeel
qui, ainsi que tous les ouvriers employés, était Brugeois.
Toute cette belle et savante restauration, exécutée sous l’ha-
bile direction et d’après les plans de M. Delà Censerie, archi-
tecte de la ville de Bruges, fait le plus grand honneur à son
auteur. Ils sont rares les artistes assez consciencieux, assez
honnêtes pour faire, à certain moment, abstraction de leurs sen-
timents et de leurs idées personnelles en faveur de la vérité
historique ou archéologique ; ayant assez de talent et de volonté
pour arriver à s’identifier d’une manière complète avec le pre-
mier créateur de l’œuvre qu’ils sont chargés de reconstituer.
Ajoutons que notre planche 5 est la reproduction phototy-
pique du superbe dessin que notre éminent confrère avait
envoyé à l’Exposition nationale d’Architecture de 1883.
C. N.
ARCHEOLOGIE
Dans sa réunion du 20 janvier, la section des beaux-arts du
Conseil communal de Bruxelles a définitivement approuvé le
projet présenté par M. Jamaer, architecte de la ville, pour la
restauration du cabinet du bourgmestre.
Le devis des travaux s’élève à environ 50,000 francs, qui
seront prélevés sur plusieurs exercices.
Ce cabinet sera rétabli, à peu de chose près, dans le style
de l’époque de la reconstruction de l’hôtel de ville après le
bombardement de Bruxelles par les armées de Louis XIV.
Les deux grands panneaux qui se trouvent à côté de la che-
minée sont destinés à recevoir des peintures représentant des
vues de l’ancien Bruxelles. L’un de ces panneaux reproduira
l’ancienne église de Saint-Géry ; le sujet de l’autre n’est pas
encore arrêté.
Le beau plafond existant sera conservé entièrement, sauf
quelques légères modifications à apporter aux écussons et
armoiries. (Chronique des Travaux Publics.)
M. Edmond Durighello vient de découvrir, dans les environs
de Sarefta, une nécropole phénicienne : trois grottes renfermant
des objets égypto-phéniciens.
NÉCROLOGIE.
Un de nos meilleurs peintres verriers, M. Henri Dobbelaere,
est mort récemment à Bruges ; on lui doit notamment les
vitraux des halles d’Ypres, de l’hôtel de ville de Bruges, de la
maison communale d'Anderlecht, et les grandes verrières de
Saint-Bavon à Gand, de l’église de la Chapelle à Bruxelles, de
l’église d’Assche, etc.
On nous annonce la mort de M. Félix Stappaerts, chevalier
de l’ordre de Léopold, ancien professeur d’archéologie à l’Aca-
démie royale des beaux-arts de Bruxelles, membre de l’Académie
royale de Belgique,, etc., décédé à Bruxelles, le 3 mars 1885.
FAITS DIVERS
Dans sa dernière séance, le Comité provincial du Brabant
de la Commission royale des Monuments a élu M. l’architecte
Schoy, secrétaire, en remplacement de feu M. Alexandre Pin-
chart.
France. — L’Académie des Beaux-Arts a nommé dans la
section d’architecture, en remplacement de M. Abadie, décédé,
M. Diet, par 18 voix contre 17 données à M. Daumet.
M. Diet est l’architecte de l’Hôtel-Dieu de Paris et du Musée
d’Amiens; M. Daumet a, à son actif, la restauration du château
de Chantilly, et a été désigné récemment, par l’archevêque de
Paris, pour continuer les travaux de l’église du Sacré-Cœur. |