Full text |
LE PltEClTltSEIlll, Samedi 19 Août 1843.
a, . . -■
piment de Luchana fut détruit. Espartero prit alors la fuite avec la plus
grande précipitation, laissant toute son artillerie au pouvoir des assié-
geants. »
— Voici la liste des vaisseaux qui ont disparu en France depuis 1850:
Vaisseaux de 1er rang.— Le Trocadéro. incendié en 1856; le H ugram,
condamné en 1850; l'Austerlitz, condamné en 1857.
Vaisseaux de 5e rang. — Le Foudroyant, condamné en 1855; le Du-
quesne, condamné en 1856; le Magnifique, condamné en 1857.
Vaisseaux de 4e rang. — Le Tourville, condamné en 1855\le Vétéran,
condamné en 1853; le Jean-Bart, condamné en 1855; le Superbe, nau-
fragé en 1854; l'Orion,condamné en 1854; le Breslau,condamné en 1857.
Enfin 7 frégates et un grand nombre de petits bâtiments.
— Voici une curieuse statistique, relativeau cas d’aliénation mentale
en France, au différentes causes qui produisent la folie, et au gombre
des malheureux qui en sont atteints, tes causes sont ou physiques ou
morales :
Causes physiques : L’idiotisme produit 2,254 aliénés; épilepsie, 1,157;
l’ivrognerie, 792 ; l’irritation excessive, 655; la caducité; 451 ; la misère,
329 l’excès des plaisirs, 295 ; l’excès du travail, 176; la fièvre et la phthi-
sie, 245; les coups et blessures, 154 ; autres causes spéciales, 408. Total :
6,964 aliénés pour des causes physiques.
Causes morales : Le chagrin produit 1,186 aliénés; l’amour et la ja-
lousie, 767; le mysticisme, 471; l’ambition, 514; l’orgueil, 291 et la politi-
que 118. — Total, 5,147 aliénés pour des causes morales.
En réunissant ces deux totaux, on voit que la France compte une
malheureuse population de 10,111 aliénés.
— Le nommé Roux, condamné à mort par la cour d’assises du Cantal
pour assassinat, a été exécuté le 2 août sur la place publique de Murat.
Jusqu’au dernier moment le condamné a fait preuve d’une rare im-
passibilité, on pourrait même dire d’un cynisme hideux. Avant de partir
pour l’échafaud, il a dit au brigadier de gendarmerie : — « Je voudrais
que tous les gendarmes qui vont m’accompagner fussent à cheval et
marchassent en bon ordre. » Après quelques moments d’entretien avec
sa femme, il s’est écrié : a Le blé est bien cher celle année. Que va faire
ma femme avec ses enfants ? Je désirerais que l’on fil une quête pour
eux. »
Arrivé au pied de l'échafaud, il a embrassé son confesseur et une per-
sonne de sa connaissance. Puis, il a monté seul les escaliers. Un instant
après, la justice des hommes était satisfaite.
Vosges. — Sl.-Diè, 4 août. — On vient de conduire ici à sa dernière
demeure une pauvre jeune servante, morte après trente heures de souf-
frances épouvantables, dans les anxiétés de l’hydrophobie. Elle avait
lavé un plat qu’un chien, qui a été tué depuis comme atteint de rage,
avait souillé de sa bave. Le virus s’était introduit dans les gerçures que
cette malheureuse avait aux mains.
— Bulletin de la bourse. — La rente française s’est maintenue très
ferme pendant la première partie de la bourse, mais les offres ayant af-
flué vers 3 heures, on est resté un peu plus faible quoique à 5 centimes
au-dessus de la côte d’hier. Les spéculateurs semblaient craindre quel-
que tentative d’Espartero avec l’appui de l’Angleterre. La rente 3 p.,c.
qui avait fermé hier à 81-20 a fait aujourd'hui 81-25 et 81-30, et elle est
tombée pour la clôture à 81-25; la rente 5 p. c. qui était hier à 122-70,
reste au même cours après avoir été cotée un instant à 122-80.
La rente active qui était en hausse à 29 a fermé en baisse à 28 1i2.
Le 5 p. c. portugais également en hausse à 40 7|8 et 41. La rente de Na-
ples à 107. Le 5 p. c. belge à 105 3[4; l’emprunt de 1840à 107 5i8 ; celuide
1842 à 107 3|4.
A quatre heures et demie on a répandu le bruit que le brigadier Amet-
ler, à la tète de troupes imposantes, était parti de Madird pour Barce-
lone afin de soumettre la junte au pouvoir du nouveau gouvernement.
On disait d’un autre côté que la junte de Barcelone, instruite de ce pro-
jet, n’avait pas attendu son arrivée pour abandonner ses fonctions, at-
tendu qu’elle ne pouvait compter cette fois sur les sympathies de la
milice et de la population.
HOLLAÜliUE.
La Hâte , 11 aoû. — Hier, vers quatre heures et demie de l’après-
midi, un orage épouvantable, accompagné de pluie et de grêle, a écla-
té sur la ville d’Amsterdam et ses environs. Dans quelques endroits, il
est tombé des grêlons de la grosseur d’un œuf de pigeon et la foudre
est tombée sur un moulin situé près de la porte diLe Muiderpoort, qui
a été réduit en cendres, nonobstant les secours les plus prompts.
Une heure après, cet orage est venu fondre, avec une violence inouïe,
sur notre résidence où il a sévi pendant plus de deux heures ; l’éclair
déchirait incessamment la nue.au milieu de torrents de,pluie, maisjus-
qu’à ce moment la nouvelle d’aucun malheurdans l’intérieur de la ville,
n’est parvenue à notre connaissance.
A Wateringue , la foudre est tombée sur un moulin qu’on a abattu
pour préserver de l’incendie une ferme adjacente.
— Bulletin de la bourse d'Amsterdam, 1 S août.—En intégrales, il Se
présentait ce jour plusieurs acheteurs pour compte de l’intérieur, et par
suite le prix de ce fonds s’est un peu amélioré. — Des autres fonds hol-
landais, il n’y a rien de particulier ù mentionner.
En fonds espagnols la tendance était faible; les spéculateurs semblent
craindre de voir éclater la désunion entre les partis triomphants en
Espagne, et leurs ventes ont déprimé le marché.
BELGIQUE.
Bruxelles, 12 août. — Un service funèbre à la mémoire de M. l’inspec-
teur Simons sera célébré le 1*8 de ce mois, à l’église de N.-D. de la Vic-
toire des Sablons.
— Avant-hier s’est terminé l’examen oral des élèves de la cinquième
classe d’humanités dont les compositions écrites avaient obtenu le
maximum des points nécessaires pour être admis aux épreuves de vive
voix.
Parmi les dix premiers élèves qui obtiendront les prix et accessits,
sur tous les colléges delà Belgique, l’athénée royal de Bruxelles en
compte cinq, dont les trois premiers prix. Le jeune Barbanson, fils de
l’avocat de ce nom, a mérité la première nomination avec 1770 points;
Vandenkerkove, la 2* avec 1760 points; de Beughem, le troisième avec
4,682; Anspach, fils du conseiller communal, la neuvième avec 1488
points, et Alphonse Capelle, la dixième avec 1481.
— Hier a eu lieu le grand concours de composition musicale établir
par les arrêtés royaux des 10 septembre 1840 et 14 juin 1841.
Les conditions de l’inscription pour le concours étaient d’avoir la
qualité de Belge et d’être âgé de moins de 50 ans.
Le jury se composait de MM. Fétis, Daussoigue, Snel,jMengal, Hans-
sens aîné, Ch. Hanssens et Bosselet.
Les concurrents étaient au nombre de cinq, le sixième s’était retiré
avant d’avoir terminé son travail.
A la majorité de 5 voix contre 2, il a été décidé qu’il n’y aurait pas de
premier prix.
A la majorité de 4 voix contre 3, le second prix, consistant en une
médaille de 300 fr., a été décerné à .M Ledent, de Liège.
Une mention honorable a été accordée à MM.Joseph Batta, de Bruxel-
les, et Sottaert, de Gand.
Les cantates des concurrents ont été exécutées au piano par Mesd.
Villiomi et Hillen et par Mlle Bonduel, par MM. Géraldi, Laborde,Alizard,
Cornélis et Martin.
ANVEKS, A3 AOUT.
Hier, vers 11 heures du soir, M. B... se promenant à la Place-Verte,
pour tout ce qui porte un cachet de sentiment vif et durable, nous ne
demandons pas le moins du monde que le procédé soit sacrifié à la pen-
sée, à l’expression. Au contraire, le sujet le plus beau et le plus vive-
ment senti, ne saurait jamais excuser, à nos yeux, une méchante pein-
ture. Nous avons vu des enseigne» d'une composition admirable de
goût et de simplicité, mais cependant ce n’étaient que des enseignes.
Vouloir détruire un abus, ou l’entraver dans la progression de son im-
pitoyable labeur, n’a jamais été un titre pour en créer un autre.Ce que
nous avons voulu, c i été de réclamer hautement en faveur des droits
et des prérogatives'de la pensée, de la haute intelligence de l’art, — si
souvent méconnus de nosjours par la gent artistique.
Cet aperçu qui, nous devons l’avouer, nous a mené un peu loin, de-
vrait pouvoir nous conduire tout droit au Salon et nous faire passer à
l’examen des œuvres d’art ou non qui y sont exposées. Nous n’en dis-
convenons pas. Mais comme nous aimons beaucoup à avoir nos coudées
franches, même en présence du public, nous aborderons avant tout une
autre grande question qui s’agite — surtout par le temps qui court —
entre les prétentions de la presse et l’amour-propre des artistes.
Depuis quelques années, nos artistes vivent en guerre ouverte avec
la critique, cet élément civilisateur, et prétendent la traiter de Turc à
More. Cela tient un peu à nos habitudes. La critique, telle que nous la
voyons aujourd’hui, est un produil exotique qui n’a pas encore poussé
des racines bien profondes sur le sol belge, et qui a eu quelque peine
à s’acclimater chez nous. Maintenant, elle est en instance pour obtenir
ses lettres de naturalisation. Vive dans ses allures, libre de se frayer
une route nouvelle, regardant d’un air goguenard ou sévère la société
qui passe, la critique use du droit qui lui appartient, celui de la conquête.
La critique s’est imposée au siècle et sa puissance est si bien assise
qu’on pourrait inscrire sur son écu le mot d’un célèbre jésuite : « Qui
s'y frotte s'y pique ! »
Et disons-le sans réticence, puisque nous avons étalé ce sujet sur le
tapis : les artistes qui se plaignent avec tant d’amertume delà presse,
qui soulèvent des flots d’indignation contre la critique qui vient s’acco-
ler à leurs productions, qui maudissent la plume du journaliste quand
aperçut un individu aux allures douteuses, qui après s’être déchaussé,
tentait de s’introduire furtivement dans VHôtel Rubens. Les premières
tentatives furent contrariées par quelques habitués de l’estaminet qui
sortaient à cet instant; mais enfin, il réussit à y entrer sans que per-
sonne de la maison se fût aperçu de sa présence M. B... alla aussitôt
prévenir le sieur Mochez, qui commença immédiatement, accompagné
deplusieurs personnes, unevisite minutieuse dans toutes les parties de
l’hôtel, sans rien découvrir.
Un des domestiques s’étant armé d’un sabre, alla visiter la cave en
fouillant avec son arme entre les tonneaux ; alors le voleur craignant
sans doute les suites de cette recherche, au moment où l’intrépide gar-
çon serait parvenu à l’endroit où il se tenait caché, sortit de son re-
fuge et fut aussitôt arrêté et conduit à l’amigo. C’est un individu, natif
de Roozendael (Hollande), et qui avait été autrefois employéà l’hôtel.
— Le 4 de ce mois, une montre en argent a été volée dans la 5« sec-
tion. Le 9 courant, un autre vol consistant en plusieurs pièces d’argen-
terie, a été commis dans la chapelle du béguinage de cette ville. Les
auteurs de ces vols et le recéleur ont été arrêtés aujourd’hui.
— Hier un commencement d’incendie a eu lieu dans une maison à
l’Esplanade. On est parvenu à l’éteindre sans le secours des pompiers.
— Hier après-midi, est arrivé en ce port le yacht danois Magdalena,
cap. Paulsen, ayant à bord les restes mortels de M. Vandewoestyue, de
Gand, chargé d’affaires de Belgique à Copenhague, décédé récemment
en cette résidence. Les parents du défunt sont attendus à Anvers pour
faire transporter le corps dans le caveau de famille.
— Ce matin, unedame bien mise était venue dans le magasin de M11»
Van Campen, à la Place-Verte, sous prétexte de faire quelques achats ;
une des demoiselles du magasin s’étant aperçue de la disparition d’une
pièce d’étoffe, soupçonna la dame d’être l’auteur de cette soustraction ;
la police fut avertie et un agent ayant fouillé la personneaccusée, trouva
sur elle l’étoffe dérobée. La coupable a été conduite à l’Amigo.
— Avant-hier, à 5 heures après-midi, la foudre est tombée près de
Bouchout sur les maisons des sieurs Colens et Deckers. Entrée par£la
cheminée, elle a rempli les maisons d’une fumée épaisse, a crevassé un
muret fait quelques dégâts aux meubles.
Aux mutations ordonnées par M. le ministre de la guerre et que
nous avons déjà fait connaître, nous ajouterons les suivantes :
M. le major Motté, du9-régimentde ligne,comme lieutenant-colonel
au 5»; M. lieutenant van Bredael, id.,comme capitaine au 12«; M.le lieu-
tenant Dewinter, id. , en la même qualité au régiment d’élite; M. le
sous-lieutenant Martin, id., comme lieutenant au 4n^,M. l’adjudant sous-
officier Dyckmans, id., comme sous-lieutenant au 5«.
— Un arrêté royal du 2août approuve la délibération du conseil pro-
vincial du tlainautsur le taxe des chiens.
Un arrêté royal du 2 août autorise la perception d’un droit de péage
dans la commune de Montrœul sur-Haine (Hainaut).
— Un arrêté royal du 3 août établit des mesures de précaution con-
cernant une fabrique de poudre située sur le territoire de la commune
de Corroy-le-Château (Namur).
— La Belgique musicale dit que par suite de difficultés survenues
entre l'administration communale de Liège et M. Géraldy, celui-ci vient
de résigner ses fonctions de professeur ue chant au Conservatoire de
cette ville.
— Les tarifs provisoires proposés par le directeur de l’administration
des chemins de fer en exploitation, sous la date du 24 juillet dernier,
pour le transport des marchandises, fonds et valeurs, voitures, chevaux
et bétail, sur la section de Liège à Verviers viennent d’être approuvés
par le ministre des travaux publics.
— On mande du Mein, 3 août :
On nous écrit de St.-Pétersbourg que depuis quelque temps le gou-
vernement russe suit d’un œil attentif ceux de ses sujets qui résident
en pays étranger. Souvent les Russes qui voyagent se familiarisent avec
certaines idées politiques religieusesqu’ilsrapportentensuitedans leur
patrie et qui sont diamétralement opposées au système en vigueur.En
conséquence, le gouvernement aurait résolu de ne plus délivrer à l’a-
venir de passeports pour l’étranger qu’à ceux de ses sujets dont le dé-
vouement à la dynastie régnante et les principes monarchiques lui se-
raient connus.
Les Russes résidant en ce moment à l’étranger recevront l’ordre de
rentrer dans leurs foyers pour peu qu’il s’élève des doutes sur leurs
opinions ou bien si l’on apprend qu’ils fréquentent des hommes de l’é-
cole moderne. On a remarqué que dans ces derniers temps des indivi-
dus dont on ne connaît nullement les moyens d’existence étaient partis
pour l’étranger. On prétend qu’ils sont chargés de surveiller à l’étran-
ger leurs concitoyens. L’empereur a aussi exprimé en termes énergi-
quesson mécontentement de ce que beaucoup de nobles Russes allaient
dépenser leurs revenus en pays étranger (G. de Colog.)
Monument de M. Simons.
On lit dans l'Industriel de Verviers : On nous assure que la sous-
cription ouverte dans les bureaux du chemin de fer de la Vesdre en fa-
veur du monument à élever à la mémoire de M. Simons, se couvre de
signatures, et que le concours des entrepreneurs des travaux, qui n’ont
pas voulu demeurer étrangers à la réalisation d’un projet aussi géné-
reux, portera le chiffre de cette souscription à une forte somme.
Nous avons appris en outre que la Société du chemin de fer rhénan,
voulant de son côté rendre hommage à la mémoire du célèbre ingénieur,
a décidé qu'elle donnerait le nom de Simons à la première locomotive
allemande qui franchira la frontière.
Constructions le long; des grandes routes.
On lit dans l'Ami de l'Ordre :
Une loi a été publiée dans le grand-duché de Luxembourg, sous la
date du 13 janvier 1845, sur la compétence des tribunaux pour juger
les contraventions en matière de grande voirie, et sur les autorisations
de faire des constructions ou des plantations le long des routes. En voi-
ci les conditions principales. Les contraventions aux lois et règlements
en matière de grande voirie et de roulage, ou relatives à la construc-
tion ou plantation le long des grandes routes, seront jugées conformé-
ment à ces lois et règlements, par les tribunaux de simple police ou de
police correctionnelle, dans les limites respectives de leur compétence.
L'autorité administrative peut néanmoins prendre des mesures pro-
visoires pour rétablir de suite l'ancien état de la route, si la circulation
en a été gênée, aux frais de celui que le tribunal, saisi de la connais-
sance de la contravention, reconnaîtra en être passible.
Quiconque voudra construire, reconstruire, réparer, améliorer des
édifices, maisons, bâtiments, murs, ponts, ponceaux, aqueducs, faire
des plantations ou autres travaux quelconques le long des grandes rou-
tes, soit dans les traverses des villes, bourg ou villages, soitailleurs.dans
la distance ci-après fixée, devra préablementyêtre autorisé par le con-
seil du gouvernement. L’autorisation ci-dessus ne sera requise que lors-
que les constructions, plantations ou travaux ont lieu sur la propriété
voisine, à la distance de six mètres au moins, à compter de l’arète ex-
térieure du lossé de la roule. Les contraventions aux dispositions des
articles qui précèdent, seront constatées et réprimées conformément à
l’art. Dde la loi du 6 mars 1818, indépendamment des mesures que le
ministère public aura à prendre pour assurer l’exécution des jugements
qui auront ordonné la démolition des maisons, bâtiments, réparés ou
améliorés, ou l’enlèvement des plantations faites sans autorisation.
11 y a, dans ces dispositions, quelque chose à emprunter pour le faire
passer dans la législation administrative belge, et si nous en parlons à
présent, c’est que la question a été en partie agitée à la dernière session
elle ne se met pas à leur dévotion, les artistes, disons-nous, sont des in-
grats. Mais, mon Dieu ! où en seriez-vous pour la plupart, où en seraient
vos réputations méritées ou non, si la grande voix de la presse, si la
plume du journaliste ne s'étaient point trouvées là pour annoncer à tout
l’univers les œuvres que vous enfantiez dans le calme de l’atelier? N’est-
ce pas la presse, n’est-ce pas la critique qui ont provoqué les expo-
sitions publiques, cette belle innovation et dont on abuse si étrange-
ment? Que diriez-vous si la presse fatiguée de vos plaintes, la plupart
du temps importunes, s’avisait un beau jour de remplacer par un mu-
tisme complet les peines qu’elle s’inflige en se constituant le champion
de l’art contre les aberrations de ses interprètes ? Hélas! vos récrimina-
tions prendraient bientôt un autre cours, — et vous l’accuseriez d’in-
différence !
Sans doute, la critique se montre souvent injuste, aveugle, implaca-
ble, humoriste jusqu’à l’injure. Mais, consolez-vous. Celui qui a plus
d’esprit et plus de jugement que vous et moi, et dont parlait Voltaire —
celui-là sait toujours faire justice des erreur? coupables de la presse; la
puissante voix de tout le monde étouffe alors les glapissements de la
critique et fait retomber sa sottise ou sa méchanceté sur elle-même. Et
la preuve — c’est que nous en avons en ce moment un exemple vivant
sous les yeux. Un critique, homme d’esprit d’ailleurs, arrive avec l’in-
tention bien arrêtée de déflorer autant que possible l’Ecole d’Anvers
dont l’éclat semble l’offusquer, nous ne savons pourquoi. Eh bien !
qu’en est-il résulté? La simple chose que voici : on a pris en pitié les
C ointes et les plaisanteries du critique; ses tropes s’émoussent sur le
on sens du public —et, en définitive,il sera curieux de voir ce qu’il en
restera de ces jugements qui sont bien l’inverse de celui de Salomon.
Mais une exception de cette espèce, est-elle de nature à pouvoir en-
traîner toute la presse dans un même cri de réprobation ? Non, sans
doute, — et les artistes intelligents comprennent cela tout aussi bien
que nous.
Au reste, partout où surgit une œuvre d’art, vous voyez apparaître
côteà côte la critique.Pourquoi?Parce que celle-ciestinhérente àcelle-
là. L’Art et la Critique, quoiqu’on fasse, marcheront toujours de pair.
du conseil provincial du Luxembourg, à propos des plantations et des
constructions le long des chemins vicinaux. En vertu de la législation
existante, toute construction ou plantation le long des grandes routes
doit être précédée d’une demande d’alignement accordée par l’autorité
administrative, et qui donne lieu à des frais souvent trop considérables,
eu égard au peu d’importance de la construction et presque toujours
de la plantation. Mais que doit-on entendre par une construction ou
une plantation le long des routes ? A dix mètres du fossé de la route,
faudra-t-il encore une autorisation pour construire ou planter ? Le bon
sens dit non,mais la loi peut dire oui, parce qu’elle ne fixe pas de distance.
Or, c’est là une lacune qu’il importe de combler, soit par une loi, soit
par un réglement d’administration publique. On pourrait peut-être
adopter des dispositions analogues aux suivantes : Pour les construc-
tions ou les plantations à faire dans un espace de deux mètres comptés
à partir de l’arèle extérieure du fossé de la route, il faudrait demander
et obtenir l’alignement. Pour les constructions et plantations à deux
mètres et au delà, l’alignement préalable ue serait plus nécessaire,mais
il faudrait construire et planter parallèlement à l’axe de la route. Au
delà de six mètres du fossé, il y aurait liberté complète pour les planta-
tions et les constructions. Avec de semblables dispositions, ou d’autres
de même nature, on pourvoit à la propriété, à la sûreté et à l’élégance
des routes, et l’on concilie en même lemps.autant quecela estpossible,
la liberté qu’a tout propriétaire d’user de sa chose comme il l’entend,
et sans autres entraves que celles nécessitées par l’intérêt général.
S>\n\anl\o Journal de Francfort,i\a été mis eu consommation dansles
états du Zollverein, du 1 avril 1842 au 51 mars 1845,1,243,546 quintaux
de sucre, dont 1,113,906 de sucre colonial, et 124,580 de sucre indigène.
Nous lisons dans le Journal du Limbourg hollandais, de Maestricht :
C'est un bien triste spectacle que celui que présente la situation ac-
tuelle du Limbourg.Son industrie languissante, son commerce dans un
étatde stagnation déplorable, la misère répandue parmi les classes infé-
rieures, le poids énorme des impôts qui l’accablent,— tout tend à semer
parmi ses habitants le mécontentement et une excitation affligeante.
La cause de la pénible situation dans laquelle nous nous trouvons gil
dans le dépérissement de notre industrie et dans la stagnation de notre
commerce; mais surtoutdans l’énormité des impôts qui nous accablent,
impôts auxquels il nous sera bientôt impossible de satisfaire.
Ces causes ne pèsent pas seulement sur le Limbourg ; le royaume
entier en souffre, et, à l’exception de quelques grandes villes, partout
existent la même gêne, les mêmes sujets de plaintes.
Un établissement spécial pour l’application d’un procédé nouveau
tendant à la conservation du bois des navires, des cordages et des voi-
les, vient d’être élevé dans l’arsenal de Woolwich. Ce procédé consiste
à imbiber d’une solution de chlorure de zinc les objets que l’on veut pré-
server de la nourriture sèche ou humide. A cet effet,on place ces objets
dans un puits pratiqué exprès pour les recevoir, et dont on extrait l’air
au moyen d’une pompe aspirante; puis, on agit avec une foulante,et les
objets se trouvent humectés par le liquide qu’on leur envoie à l’aide de
cette seconde pompe. A bord de la frégate la Dévastation, une seule voile
avait été soumise à l’expérience. Après trois mois de pluie incessante,
comme on en voit dans les climats intertropicaux, toutes les voiles
étaient hors des service, excepté celle qui avait été préparée et qui n’a-
vait pas du tout souffert. D’autres expériences ont été faites depuis qui
ont donné les mêmes résultats. L’amirauté a décidé que, dans tous les
ports d’Angleterre, il y aurait un établissement pareil à celui de Wool-
wich.
lie liizard coulé par le Véloee.
Nous avons fait mention d’un nouvel abordage entre deux bâtiments
à vapeur des marines militaires française et anglaise. Voici la version
transmise de Portsmouth, au Times,en date de lundi dernier :
« On a reçu ce matin la nouvelle de la perte totale du bateau à vapeur
de S. M. le Lizard : dans la nuit du 24 au 25 juillet, il a été coulé par le
steamer de guerre français le Vêloce, à environ 25 milles est de Gibral-
tar, et en se rendant à Barcelone.
» Il paraît, d’après les renseignements qui nous sont communiqués,
que le Lizard avait quitté Gibraltar le lundi, 24 au soir, avec une bonne
brise du Sud; le vent fraîchit vers minuit, et le ciel chargé de nuages
rendait l’obscurité complète. Quelques minutes avant l’abordage, les
hommes de quart à bord du Lizard, apercevant un steamer qui venait
droit sur eux, lui firent des signaux et le hélèrent.Evidemment,l’équipage
du bateau à vapeur français n’aperçut pas les signaux et n’entendit pas
les cris, car le navire continua sa marche et vint donner avec une force
excessive par le travers du Lizard près de la machine. Le choc fut si
violen t.que tous ceux qui étaient sur le pont du Lizard furent renversés,
et que le quart en bas sauta en chemise sur le pont.
> On reconnut aussitôt que le navire avait fait de grandes avaries, et
que l’eau y entrait avec rapidité ; bientôt il devint évident que tous les
efforts pour le sauver seraient vains, car il coulait bas. Cependant, les
officiers et l'équipage travaillèrent pour le maintenir à flot jusqu’au
moment où l’eau, éteignant tous les feux, interdit l’emploi des machi-
nes. Le steamer français n’a fait aucune avarie sérieuse, et il est resté
près du Lizard, pour lui fournir tous les secours possibles. Quand tout
espoir de sauver le navire anglais a été perdu, on a fait passer l’équi-
page à bord du Féloce, à l’aide des chaloupes des deux navires, et cette
opération s’est faite sans aucun accident. A peine le dernier homme de
l’équipage était-il en sûreté sur le bateau à vapeur francais, que le Li-
zard s’engloutit, deux heures environ après l’abordage.
» Le Féloce s’est rendu à Gibraltar avec l’équipage anglais qu’il a
laissé à bord du vaisseau de Sa Majesté l’Indus.
» Le Lizard était depuis longtemps attaché à la Méditerranée, et il
faisait, avec le Locust, le service entre Gibraltar et Malte. »
Affaires (le l’Irlande.
Voici le manifeste que plusieurs membres irlandais de la chambre
des communes viennent de publier :
Nous soussignés représentant de colléges électoraux irlandais, éprou-
vant une vive sollicitude au sujet de la situation actuelle et de l’avenir
du pays, sentant profondément ses griefs et résolu à n’épargner aucun
effort pour en obtenir le redressement, croyons qu’il est de notre de-
voir avant de nous séparer, de publier une remontrance solennelle con-
tre la politique fatale qui a aliéné de votre gouvernement et de vos in-
stitutions l’esprit d’une partie considérable de nos concitoyens.
Un mécontentement profondément enraciné etqui augmente chaque
jour s’est emparé de la nation dont les intérêts nous ont été confiés ;
des sentiments hostiles viennent rapidement prendre la place de cesaf-
fections que la bienveillance et la justice auraient mises à vos ordres.
Désespérant d’obtenir justice de la législature, le peuple d’Irlande ne
compte plus aujourd'hui que sur sa force et sa résolution pour se pro-
curer les dr oits qu’il a en vain demandés au parlement.
La voix du monde civilisé vous accuse d’avoir produit cette exaspé-
ration du sentiment national. Pendant des sièçles notre législation et
notre gouvernement ont été soumis à votre contrôle. C’est donc sur
vous que tombe la responsabilité d’avoir négligé d’assurer le bien-être
et la satisfaction du peuple irlandais.
Notre condition sociale est remplie d’éléments de désordre. Les rap-
ports du propriétaire et du tenancier bouleversés comme ils l’ont été
par la longue durée d’une législation vicieuse, manquent de cette con-
fiance réciproque qui est indispensable aux développements de l’indus-
D’ailleurs, il est une chose qu’on ne doit pas perdre de vue, c’est que la
critique n’est point parvenue jusqu’à nous, à travers le courant des siè-
cles, pour se laisser mettre le pied sur la gorge par ceux-là même qui
lui doivent hommage-lige comme à leur seigneur suzerain. Pour notre
part, nous ne comprendrions pas l’art sans la critique, par la raison que
l’une est une nécessité à côté de l’autre.
Soulevez hardiment la poussière des âges passés, et toujours aux épo-
ques de grandeur artistique ou littéraire, vous verrez la critique telle-
ment liée à l’art, qu’elle suit celui-ci dans toutes les phases de son exis-
tence : elle est sa compagne dans le succès comme dans le revers, dans
la splendeur comme dans la décadence ; elle monte avec lui au Capitole
tout comme elle descend avec lui aux Gémonies !
Chez les Grecs,la poésie et la peinture marchent accompagnées de leurs
Zoïles, de leurs Aristarques eide leurs Plines.Virgile, Horace, Marliajse
constituent les critiques des arts à Rome. Au siècle de Rubens, la criti-
que d’abord pamphlet fugitif, devient bientôt une arme redoutableen-
tre les mains de Despréaux. D'où il suit que la critique n’est pas une
nouveau té du temps moderne,et que sa vieille existence n’a jamais empê-
ché le génie de prendre son essor. Sans la critique,il est mainte grande
œuvre de l’antiquité dont nous, enfants du dix-neuvième siècle, n’au-
rions pas même l’idée.
Qu’on cesse donc, au nom du bon sens et de la logique, aussi bien que
dans l'intérêt de l’art, de regarder la critique contemporaine comme le
Croque-Mitaine de toutcequieslgrand et beau, comme l’Ogre de toute
renommée honorablement conquise. Si la critique se montre parfois un
peu féroce, ce n’est pas toujours à tort, et l’on pourrait dire avec jus-
tice qu'elleest parfois trop bénigne. Les faiblesses et les complaisances
de la critique ont fait plus de mal à l’art que les jugements les plus sé-
vères, les plus mordants, et nous pensons avec Jules Janin qu’elle ne
fait pas assez justice des renommées usurpées et qu’elle ne prend pas
assez corps à corps les gloires menteuses qui l’environnent.
HENRI DE BRÈS. |