Full text |
1843. - W.o 224.
ALVERS, gamelîi IS Août
(Huitième
LE PRÉCURSEUR
On s'abonne: à Anvers an bnreaa
du PRECURSEUR, Bourse Anglaise
N.o 1040; en Belgique et à l’étranger
cher, tous les Direoteurs des Postes
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
Abonnement par trimestre
pour Anvers, 15 francs; pour la Pro-
vence, iSfrs.; pourPétranger,20lre.
Insertions £5 centimes la ligne*
Réclames 50 » »
t 2 Août. .
TmnoxDi: et son port de ni;u.
« L’arrêté du 14 juillet, attribue à Termonde — dit M. Del-
wart-Landen dans sa lettre au Moniteur — une faculté que pos-
sèdent, depuis de longues années, Bruxelles, Louvain,Bruges et
Gand, moins favorablement situés sous le rapport navigable. »
G’est là une observation parfaitement juste et c’est aussi la seule
de toutes celles que M. Dehvart-Landen nous adresse par la
voie de la presse officielle, que nous puissions accepter.
Certes, le principe de décentralisation étant si largement posé
par le gouvernement, il est évident que Termonde avait aussi
bien le droit de devenir port de mer que les localités qui jouis-
sent déjà de cet avantage. Aussi bien, Tamise, Rupelmonde
et tant d’autres pourraient à leur tour réclamer le privi-
lège et venir grossir le petit nombre des ports de mer belges.
Ce principe de décentralisation adopté par le gouvernement,
principe vicié qui mine les grands centres d’affaires, tels qu’An-
vers, étant devenu l’objet de notre critique, nous croyons inutile
d’insister beaucoup sur ce point qu’on se tromperait fort si l’on
s’imaginait que notre opposition est uniquement dirigée contre
Termonde. Dans cette question, le nom de la localité n’y fait
rien, et la décision royale aurait porté sur tout autre lieu que
notre blâme et nos reproches n’auraieul pas été moins vifs.
Il reste prouvé jusqu’à l’évidence que dans le système doua-
nier que toutes les mesures gouvernementales tendent à ren-
forcer, la multiplicité des ports de mer à l’intérieur, est diamé-
tralement contraire au but que l’on veut atteindre. Détruire les
lignes-frontières maritimes pour les transférer au cœur du pays,
c’estabsoIument,ceque nous avons déjà dit, comme si on suppri-
mait les bureaux-frontières de vérification à Quiévrain, Ménin,
Weslwezel, etc., pour les installer au lieu de destination de la
marchandise, soit à Bruxelles, Louvain ou toute autre localité
au centre de la Belgique.
Le gouvernement, s’il voulait être sincère, avouerait lui-
même, nous en sommes persuadé, que les intérêts du pays en
général et ceux du trésor en particulier, seraient infiniment
mieux assurés si nul entrepôt maritime n'existait à l’intérieur,
et si la circulation intérieure, après vérification des bureaux-
frontières d’Anvers et d’Ostende, était entièrement libre.
Nous lâcherons de nous faire mieux comprendre dans un
article spécial que nous consacrerons à ce sujet.
EGYPTE.
Alexandrie, \§ juillet. — Depuis quelque temps, le gouvernement est
occupé à lever les privilèges des Russes, dont on a tant parlé. Le con-
sul est irrité au plus haut point des obstacles que rencontrent ses com-
patriotes; chacun craint de faire des affaires avec les Russes, de peur
de s'atLirer quelque désagrément de la part du gouvernement, et leur
commerce en souffrira notablement.
On attend le retour d’Artim-Bey de France et d’Angleterre. Il n’a pu
réussir à conclure l’emprunt ; c’est une raison pour lui de ne pas s’at-
tendre à un accueil très bienveillant. (Gazette d’Jugsbourg.)
ALLEMAGNE.
Dresde, 2 août.— La Prusse vient enün d’accéder au désir de la Saxe,
relativement à la direction à donner au chemin de fer de Breslau à
Dresde. Il se dirigera de Breslau par Goerlitz, Lobau, La Lusace. Saxon-
ne, Bautzen et Dresde. (Gaz. d’Jugsbourg).
Berlin, 7 août. — On a célébré hier dans tous les temples de toutes
les communes du royaume, le jubilé de mille ans de l’existence de la
nation allemande, comme peuple indépendant.
LL. MM. le Roi et la Reine, LL. AA. RR. le prince de Prusse et la prin-
cesse Albert et le prince Waldomur ont assisté au 3« office divin qui a
eu lieu ici daus le temple à 11 heures.
(Gazette Universelle de Prusse).
Neustadt (Palatinat-Bavarois), 6 août. — Malgré tout ce que la tem-
pérature offre de défavorable, notre récolte est, du moins en ce qui con-
cerne le blé et l’orge, heureusement rentrée, et de plus, il y a longtemps
qu’elle n’ait été aussi abondante. Les prix sont, grâce à Dieu, tellement
baissés, qu’au marché d’hier, l’hectolitre de blé se vendait 4 fis., et l’hec-
tolitre d’orge 3 fis. (Frankfurter Journal.)
— Wagner a maintenant terminé la construction de sa machine élec-
tromagnétique dans les ateliers du chemin de fer de Faunus. Unecom-
mission scientifique, nommée par la diète, ira, dans l’une des semaines
prochaines examiner cette invention.
ANGLETERRE.
Londres, 10 août.— Il parait positif que le Parlement sera prorogé le
22 août après une session de sept mois. (Morning-Jdvertiser).
— On a découvert à Woodslock, dans une maison particulière, dix-
huit boîtes couvertes de poussière, contenant la correspondance et les
dépêches du grand-duc de Marlborough pendant la guerre de succes-
S10[1- ( Times.)
— Les journaux whigs cherchent à justiûer le bombardement de Sé-
ville. Les lignes suivantes du Globe résument les arguments mis en
avant par ce journal aussi bien que par le Morning-Chronicle :
Le bombardement de Séville, dit le Globe, et la dévastation du pays
d’alentour, ont été des circonstances résultant nécessairement de la
position dans laquelle Esparlero s’est trouvé placé. Nous ne sommes pas
convaincu que ces actes méritent le torrent d’indignation dont le mar-
quis de Londonderry et les journaux français les ont accablés. Pour
FEUILLETON DU PRÉCURSEUR.
SALON D’ANVERS.
— Deuxième article. —
L’ART ET LES ARTISTES. — LA CRITIQUE.
Ce qui manque, en général, aux artistesde nos jours,c’est la foi,c’est
1 inspiration, c’est ce quelque chose enfin dont la sève s’épanche sur
I oeuvre, trahit l’instinct divinatoire du beau et détermine le but de
1 art. Si les arts sont l’expression de la société, alors l’époque actuelle,
appartenant essentiellement au culte de la forme, est certes fidèlement
représentée par eux, car jamais on ne vit plus d’efforts qu’aujourd’hni
pour rencontrer ce que nous appellerons sans crainte la reproductien
trop servile des hommes et des choses ; on cherche à daguerréotyperla
nature entière. La plupart du temps, on regarde comme le sublime de
1 art, comme le dernier degré decetle haute manifestation, la perfection
•les détails, le soin infini qu’on prend pour rendre la partie purement
raatérielle d’une œuvre d’art. Le culte de la forme, caractère bien
indiqué de la société moderne, domine tout et tient en quelque
sorte les intelligences sous son joug de fer. C’est un entrainement gé-
néral et dont la fatalité est presqu’incontestable ; mais ce que nous de-
vons faire remarquer ici, c’est que l’on s’abandonne avec trop de eon-
piaisance sur la penLe qui conduit insensiblement, nous n’hésitons pas
a, ™c!‘re, à la ruine de l’art lui-même. La haute conception du beau
s affaiblit, la pensée noble et élevée s’éteint, — et l’on reste face à face
avec un matérialisme à peine galvanisé par quelques aspirations loin-
taines d’une suprême intelligence.
celte tendance qui se remarque partout, devient saillante devant Té-
nue analytique de la nouvelle Ecole flamande : on s’y occupe beaucoup
•°P de la matière, pas assez d’une sphère plus pure et plus élevée, ou
em pêcher Espartero d’entrer à Séville, la capitale de TAndalousiea fermé
ses portes et a élevé des fortifications. Celte ville s’est donc déclarée en
insurrection ouverte contre l’autorité suprême, dont le Régent était in-
vesti, contre la royauté dont il était le représentant et le lieutenant.
Rien ne prouve, en effet, qu’au moment où il bombardait Séville, le
Régent eut connaissance de ce qui se passait à Madrid. S’il était, par-
venu à se rendre maître de Séville et à conserver cette ville, Cadix lui
serait restée fidèle, selon toutes les probabilités, et, de cette façon, la
rébellion qui s’est terminée par une révolution, eût été tenue en échec
et peut-être comprimée tout-à-fuit. Dans le cas contraire, le Régent, fort
de l’appui de ces deux villes importantes , eût pu faire des conditions
plus avantageuses pour sa retraite personnelle, aussi bien qu’en faveur
de ses partisans
Les malheurs éprouvés par les habitants de Séville, toiityaffligeanls
qu’ils sont pour l’humanité, sont de ces événements auxquels les pays
condamnés à devenir le théâtre de la guerre, sont nécessairement ex-
posés. Il est impossible d’en faire un sujet de blâme contre Espartero,
pas plus qu’on ne saurait reprocher des actes semblables apirijcoiuman-
danl militaire qui se serait servi de ce déplorable moyen si les nécessi-
tés de la guerre le commandaient, ou à un gouverneur qui y aurait eu
recours pour faire prévaloir son autorité légitime conire une ville re-
belle.
— city-nrticic. — Les consolidés ont ouvert aujourd’hui avee une
hausse de 1|8 p.c.La hausse qui a eu lieu ces joursderniers sur les fonds
français à Paris,et le mou veinent analogue qui s’est manifesté hiersur les
changes étrangers par suite de l’aspect favorable que semblent prendre
les recolles, donnent beaucoup de fermeté à notre marché des fonds
publics. Les achats de titres comme placement sont nombreux.
ESPAGNE.
Le gouvernement de Madrid, se voyant entravé et débordé par les
prétentions de quelques juntes des provinces, et craignant de violen-
tes résistances dans le cas où il essaierait de les dissoudre, a pris le par-
ti de rattacher leur autorité à la sienne même, par un décret du 2 août,
destiné à régulariser leur existence et à limiter leur pouvoir en déter-
minant leurs attributions.
Dans un préambule étendu, MM. Lopez et Caballero. signataires du
décret, font d’abord un pompeux éloge du patriotisme déployé par les
juntes au moment le plus difficile, et des grands services qu’elles ont
rendus pendant la crise. Mais, ajoutent-ils, le temps des dangers étant
passé, et un gouvernement central se trouvant constitué avec l’assen-
tiraeul de la nation, ce gouvernement a besoin de réunir dans ses mains
toutes les forces et toutes les ressources publiques, pour que son ac-
tion ait la liberté, la vigueur et la rapidité qu’exigent les circonstances
où se trouve la monarchie espagnole. Cependant le gouvernement ne
veut pas priver la cause nationale et les populations, des services que
peuvent encore lui rendre les Juntes; il veut seulement régler leur au-
torité d’après un système uniforme, qui fasse éviter tout conflit d’attri-
butions, et qui laisse toute latitude à faction constitutionnelle du pou-
vqir exécutif.
La Gazette de Madrid, du 2 août, annonce que la marquise de Santa
Cruz est nommée camerera major, ou surinlendante du palais de la
Reine. Le prélat Orbo, évêque de Cordoue.avec titre de patriarche des
Indes, est uommé confesseur de S. M. Ces choix ont été bien accueillis
par l’opinion.
A Barcelone la junte continue ses persécutions contrele parti modéré.
La liberté de la presse est comprimée par la violence. Déjà les rédac-
teurs de VImparcial avaient vu leurs bureaux dévastés et avaient été
obligés de fuir à bord d’un brick français. Maintenant le rédacteur de
la Prosperidad, M. Mila de la Roca, qui était détenu à la citadelle, vient
d’être embarqué pour être déporté on ne sait où. Beaucoup de person-
nes craignent d’être assassinées par les exaltés, et celte crainte faitdéjà
fuir beaucoup de familles. Le gouverneur de la citadelle, nommé par la
junte, a donné sa démission, ne voulant plus servir de geôlier aux ré-
dacteurs. Le brigadier Castro, commandant de la place, se démet aussi
et va partir pour Madrid. On dit qu’une dépêche du gouvernement
blâme la démolition des fortifications de Barcelone et invite la junte à
suspendre cette mesure. Mais la junte n’en tient aucun compte; car 800
ouvriers continuent chaque jour ce travail.
On annonce que des bandes carlistes commencent à se montrer dans
les montagnes de l’Aragon et de la Catalogne. (Débats.)
Madrid, 3 août. —Une dépêche du général Concha, datée de son quar-
tier-général de Puerto Real le 30 juillet, et adressée au ministre de la
guerre, donne les détails suivants sur la poursuite d’Espartero :
« Ainsi que je l’ai mandé hier à Votre Excellence, j’arrivai à Xérès
dans la nuit. Là se réunirent à nous 200 hommes du régiment de Pavia,
malgré la résistance de leurs chefs et officiers. Plusieurs chefs et offi-
ciers de l’armée ennemie surpris dans Xérès s’v soumirent à l’autorité
du gouvernement. Je ne m’arrêtai qu’une heure, et sans plus de repos,
je continuai ma route à la tête des escadrons qui, après avoir parcouru
sept heures au galop, aperçurent au point du jour le port de Santa-Ma-
ria. C’était là qu’était Espartero accompagné de son ministère, de son
escortedu bataillon proviucial de Ségovie et de diversesautres fractions
d’infanterie qui se disaient résolues de combattre à outrance.
« J’entrai à toute bride dans le village, accompagné seulement de
mon état-major-général et de deux escadrons; j’en dirigeai un autre
vers le port et vers les principales issues de la ville, partant de la sup-
position que les ennemis les défendraient à cause de la présence d’Es-
partero, dont j’étais décidé à m’emparer à tout prix. Cinq petits esca-
drons mesuffisaient (c’est le maximum des forces de cette arme que j’ai
eues à nia disposition), vu l’audace qu’ils montraient et leur mépris
pour les 1.500fantassins et les-400 cavaliers qui entouraient le Régent.
Mais toute ma diligence fut vaine, il s’était embarqué quelques minu-
tes auparavant, se dirigeant vers un navire anglais, emportant avec lui
la caisse du trésor public et emmenant quelques-uns de ses ministres.
Ignorant cette circonstance, j’aperçus sur le chemin de Puerta-Réal les
forces ennemies, et supposant qu’Espartero étaitau milieu d’elles.je les
fis poursuivre par un escadron del Rey et un autre d’Almanza, sous les
ordres immédiats du brigadier don Rafaël Léon y Novarrete, et j’eus
moi-même l’honneur de chargerà leur tête, accompagné du brigadier
chef d’état-major général don José Fiberto Porlello.
Les escadrons de l’escorte ne voulurent point se rendre, préférant,
plutôt qued’embrasser mes soldats,être poursuivis pareux jusqu’à l’en-
trée même du PontduZuazo.dontls garnison commença un feu deroous-
quetterie à l’approche du brigadier Léon, qui s’avança avec quelques
cavaliers. Dans l’intervalle de cette longue poursuite qui dura pendant,
4 lieues, plusieurs charges eurent lieu et donnèrent pour résultat de
nous emparer du bataillon de Ségovie, d’une compagnie de Luchana.
de tous les escadrons de l’escorte des généraux Van Halen (don Juan),
Osset, Alvarez et du brigadier Santa-Crux et Oviedo, ainsi que d’un
nombre considérable d’officiers de l’état-major du secrétariat , de
la guerre et de plusieurs autres corps et institutions. Malgré la gé-
nérosité avec laquelle se sont conduits mes soldats, due surtout à ma
piésence au milieu des charges, il y a eu 12 à 14 blessés et 3 morts. Les
troupes sous mes ordres ont rivalisé de constance et de valeur ; elles
sont dignes de l’estime publique. J’ai l’honneur de les recommander à
V. Exc. et à la munificence de S. M. la reine. »
Le général Concha, comte de Cancelada, n’a que trente-deux ans.
Simple lieutenant de la garde royale au commencement de la guerre
de succession (1833), il a successivement gagné tous ses grades sur les
champs de bataille par des actions d’éclat. Lorsque la convention de
Vergara mit fin à la guerre dont les provinces basques étaient le théâ-
tre, il était brigadier et avait le commandement du célèbre régimentde
la Princesse, dans lequel il avait succédé à Narvaez. Il fut fait maréchal-
de-camp en avril 1840, pendant la campagne d’Aragon.
Appelé alors au commandement d’un corps de réserve qu’il avait mis-
sion d’organiser dans la province de Guadalajara.aux portes de Madrid,
il fut chargé de protéger le fatal voyage de la reine Christine à Barcelone
et battit, près de Medinaceli, sur la route de Saragosse, le guerrillero
carliste Balmaseda qu’il expulsa d’Espagne et poursuivit jusqu’à la fron-
tière de France. Au mois d’octobre 1841, à Madrid, il se présenta en
bourgeois dans la caserne de son ancien régiment de la princesse, le
mit sous les armes et marcha, à sa tête, sur le palais de la reine dont il
se rendit maître. Les hallebardiers. chargés de la garde intérieure des
appartements du palais, s’étant barricadés et ayant fait feu sur les trou-
pes, le général Concha üt cesser de la part de celles-ci toute attaque et
se retira avec le malheureux Diégo Léon qui était venu le rejoindre
pour partager ses dangers. Condamné à mort par contumace, le géné-
ral Concha, après être demeuré caché à Madrid pendant deux mois, se
réfugia en Toscane. C’est là qu’il était quand la dernière insurrection a
éclaté.
Nous avons donné ces joursderniers quelques renseignements bio-
graphiques sur le général Figueras. Legénéral Figuerasest un homme
de cinquante et quelques années : il était maréchal-de-camp depuis
1838.
Les postes qui viennent d’étre confiés à ces deux généraux, sont les
plus importants de l’armée espagnole. Le ministère de la guerre,en Es-
pagne, n’est qu’une espèce d’officine décentralisation où viennent con-
verger, pour passer sous les yeux du roi, les travaux des inspecteurs-
généraux qui, eux, sont chargés du personnel, de l'habillement,de l’ar-
mement, de l’instruction des troupes de leurs armes respectives. Il y a
un inspecteur général d’infanterie; un inspecteur général de milices
provinciales (réserve de l’armée); un inspecteur général de cavalerie;
un ingénieur général de l’armée; un directeur général d’artillerie et un
intendant général.
Gibraltar, 26 juillet. Il est arrivé aux Anglais un malheur qui a gran-
dement favorisé la cause des pronunciados; dans la mâtiné ’du 24, p èï
de Carthagène, les bâtiments de guerre à vapeur le Feloce français et le
Lizard anglais s’abordèrent involontairement.
Le vaisseau anglais sombra à l’instant, c’est à peine si le capitaine efe
l'équipage purent se sauver. Ce navire était l’émissaire continuel des
yacuchos et avait à son bord un colonel espagnol qui s’est sauvé aussi,
lequel était venu de Cadix avec des dépêches et 20,000 duros pour le
gouverneur de Montjouich. Il portait Tordre de bombarder Barcelone.
Le meilleur est que cette expédition avait été tenue très secrète. On
faisait croire que le lizard allait à Malte pour raccomoder ses chau-
dières, et ce hasard a dévoilé toute la trâme. Ceci peut passer pour une
victoire gagnée par les pronunciados. (la Postada.)
FRANCE.
Paris, 10 août. — Le roi, la reine et la famille royale sont arrivés au
château d’Eu avant-hier matin à dix heures.
— Le Moniteur publie l’ordonnance suivante:
Art. O. Il est ouvert à notre ministre secrétaire d’Etat des affaires
élrangères sur l'exercice 1843, un crédit supplémentaire de 600,001) fr.
applicable au chap. xi : Missions extraordinaires et dépenses extraordi-
naires.
Art. 2. La régularisation de ce crédit supplémentaire sera proposée
aux chambres lors de leur prochaine session.
Ce crédit paraît destiné à payer le surcroît de dépenses occasionné
par le changement de gouvernement en Espagne. M. Guizot compte
sans doute augmenter le nombre des agents diplomatiques de la France
à Madrid, indépendamment des dépenses seerètes qu’il a dû avoir ac-
quitté de ce chef.
— On lit dans une correspondance la nouvelle suivante qui mérite
confirmation : On dit que la promotion de M. Bugeaud au maréchalat
n’est que le prélude à sa future nomination comme chef de l’armée ras-
semblée autour de Paris.
Quelques personnes prétendent que M. le maréchal Bugeaud sera
nommé commandant de la place de Paris et que les fortifications se
trouvent dans ses attributions.
- — Un ordre venant du ministère de l’intérieur décide que le nombre
des sergents de ville de Paris va être porté de douze cents à dix-nuit
cents. Le conseil municipal aura à se préoccuperdu vote concernant lest
fonds nécessités par cette augmentation. _
— Nous empruntons au Courrier de la Gironde le fait suivant qui mé-
rite confirmation. « L’ex-Régent était parvenu à entretenirdes relations
secrètes à Séville avec quelques-uns de ses partisans qui étaient dans la
ville et qui devaient, à un signal donné, lui en ouvrir les portes. Les
autorités ayant découvert le complot, s’emparèrent des conjurés firent
placer douze Ipièces d’artillerie de gros calibre chargé-s à mi raille à
l’endroit même par où Esparlero devait entrer et forcèrent ensuite les
conjurésà faire le signal convenu avec celui-ci. Les troupes assiégeantes
se précipitèrent aussilôt vers le point déterminé, mais élit s tarent ba-
ayées par la mitraille d’une manière si terrible que presque tout le ré-
plutôt,celle-ci est seulement trop peu indiquée.trop peu comprise. Cela
fait, qu’en entrant à présent dans une exposition de beaux-arts, ce
n’est pas l’œil qui se fatigue, mais ordinairement l’esprit, la pensée.
Vous êtes quelquefois ébloui, rarement louché. Si l’œuvre caresse le re-
gard de ses couleurs chàloyantes et de ses contours gracieux, l’âme ne
s’émeut guère.elle reste fermée à la séduction.Résultat pénible,que nous
devons constater sans hésitation, parce qu’il suffit souvent d’un hom-
me de cœur et d’intelligence, et qui se pénètre bien de la dignité de
l’art, pour amener une réaction difficile peut-être, mais toujours sûre
quand on s’adresse aux âmes d’élite, — et ce sont bien celles-ci qui dé-
terminent le mouvement.
On pourrait dire en face des productions incessantes des artistes de
nos jours.qu’il y a là un savoir-faire immensequi se gaspille — gaspiller,
c’est le mot,— en pure perte. Et cela tient èce que nulle puissante di-
rection, nulle iniluence supérieure n’ait songé à régler les efforts de
tant d’imaginations ardentes et fougueuses qui se lancent dans l’arène
artistique. D’ailleurs, ce n’est pas seulement dans les arts proprement
dit que Ton remarque cette tendance. Voyez les lettres : ni unité, ni
but, ni philosophie, rien de ce quiconslitue la force et la durée,l ien de
cequi dénote le progrès nesemontreà la surface.L’épiderme est tendu
et simule l’énergie, mais quelques coups d’épingle — et le vide apparaît
dans toute sa triste profondeur. Dansles œuvres d’art,comme dans les
productions de la littérature , l’ensemble, c’est-à-dire la donnée vaste
et bien nourrie, est pour ainsi dire éternellement sacrifié à la magie
des formes, au clinquant des détails. Des exceptionssurgissent ça et là,
cela est vrai; mais comme elles sont clair-semées !
C’est chose peu réjouissante, pour l’art, que de voir, dans un Salon,
cette masse compacte de tableaux parmi lesquels il en est un si grand
nombre dont on s’efforce en vain de deviner i’inLeulion et le but Privées
de sentiment, d’une pensée intelligente, toutes ces productions ressem-
blent à une matière inerte maladroitement cachée sous des oripeaux
plus ou moins brillants. On dirait que quelque mauvais génie planant
au-dessus du chevalet de l’artiste, en ail chassé l’harmonieuse entente
du beau. Nous l’avons encore dit: une des causes qui influent puissam-
ment sur cette malheureuse direction donnée à l’expression de l’art
moderne, est cet esprit sceptique et railleur du siècle qui n’a conservé
des saines traditions du passé que le culte delà forme, c’est-à-dire celui
du beau plastique, du matérialisme pur.
La peinture n’étant pas un but, mais tout simplement un moyen, elle
ne saurait puiser la source de sa vitalité dans Tunique imitation parfaite
d’une nature matérielle. Il lui faut autre chose : elle doit s’abreuver à
des sources plus sacrées. Cette peinture sans idée et ne s’appuyant que
sur les ressources vulgaires d’une nature irréprochable jusqu’à la rai-
deur, attire tout au plus la vue ; momentanément, elle plaira, mais la
fatigue viendra bientôt remplacer l’illusion qu’on aurait pu se faire sur
le mérite réel de l’œuvre qu’on a sons les yeux. Et cela s’explique. Quand
l’âme n’est pas émue, les sens se dérobent bien vile à cette fascination
éphémère. Savez-vous ce que Diderot disait en s’adressant au peintre ?
<i Touche-moi. s’écriait-il avec enthousiasme ; touche-moi, étonne-moi,
déchire-moi, fais-moi tressaillir, pleurer, Trémir, m’indigner d’abord r
tu recréeras mes yeux après si tu peux.....» Et Diderot, en parlant
ainsi, était, selon nous, parfaitement dans ie vrai. Il résulte de là que
tonie œuvre d’art qui ne fait ni penser ni sentir, qui possède pour tout
mérite la beauté mais aussi la stupidité d’un modèle, n’est plus, à pro-
prement dire, une œuvre d’art. Elle descend alors jusqu’au produit du
métier. L’auteur que nous venons de ciler, ne serait-il pas bien venu
aujourd’hui où nous voyons tant d’arlistes d’un talent incontestable se
fourvoyer dans cette malheureuse reproduction de la matière? Comme
ses paroles si pleines'de chaleur s’appliqueraient merveilleusement à
ceux _ et ils sont nombreux — pour qui la couleur et le dessin d’un ta-
bleau sont tout, le sujet rien !
Cependant, qu’on n’aille pas se méprendre sur nos paroles, et encore
moins sur noire intention. Nous sommes bien loin d’être exclusif :
nous admettons le bon dans chaque école, et chaque système, dans no-
tre pensée, peut enfanter des œuvres méritoires. Dès lors.si, guidé par
es liants préceptes de l’art, nous manifestons cette vive préférence |