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Le Précurseur
.üSÿ-iMyagmm
sion ; les discordes entre Dost Mohammed et son fils, Akhbar-Khan,
sont devenus plus vives que jamais.
Le 26 octobre, le gouverneur général. lord Hardinge, était parti de
Simla, dans les montagnes, où il a passé la saison chaude, pour Loudia-
ua, où il se propose d’arranger définitivement les affaires du Punjab.
ITALIE.
écrit de Rome, le 14 décembre : Avant hier, le bruit s’est répandu
le Saint-Père aurait fait savoir à Mgr Marini, qu’au lieu de le
ner Uditore de Camera, il aurait l’intention de l’élever à la dignité
On
que le
nommer Uditore de Camera,
de cardinal, au prochain consistoire qui aura lien le 18. Cette nouvelle
a produit une grande sensation, car Marini n’est pas très populaire et
l’on avait appris avec une certaine joie maligne qu'il ne serait pas re-
vêtu de pourpre.
— Nous avons reçu des nouvelles fâcheuses des provinces :A Perugia
le peuple a brisé l’entrée des magasins de blé ela vendu les grains à un
prix moyen. Après la vente, on a envoyé aux propriétaires les sommes
qui en étaient le résultat. —- Les inondations ont causé des ravages
considérables. (Gazette d'Augsbourg).
EM’ACSE.
Fin de la crise ministérielle i» Hiulriil.
Voici ce que nous trouvons dans nnelettrede Madrid du 20 décembre,
adressée au Journal des Débals ; nous la reproduisons comme la confir-
mation de ce qui nous est parvenu directement :
« Le ministère avait décidé à l’unanimité qu’il se retirerait ; la vo-
lonté de S. M. l’a retenu à la direction des affaires, et nous pouvons an-
noncer officiellement que la crise ministérielle, commentée de tant de
manières, est aujourd’hui terminée, et que le cabinet continuera de
diriger les affaires de l’Etat. Voici comment les choses se sont passées :
» A l’issue de la délibération, le ministère s’est rendu au palais. Là,
tous les ministres ont respectueusement exposé à S M. les raisons ma-
jeures qu’ils croyaient avoir pour se retirer. S. M. a déclaré péremptoi-
rement qu’elle n’acfepterait pas cette démission collective; elle a même
demandé, dans les termes les plus flatteurs, à ses conseillers respon-
sables, la faveur de les conserver auprès d’elle dans ce poste éminent.
S. 31. a ajouté qu’elle avait en eux seuls pleine et entière confiance, et
que, s’il en était besoin, elle était prête à proclamer sa royale confiance
devant les corlès assemblées.
* Detelles assurances ne pouvaient pas manquer d’exercer une in-
fluence capitale sur la résolution des ministres.Ils ont décidé qu’ils res-
teraient. et ils doivent se présenter unis et honorés de la confiance de
S. M. devant les nouveaux représentants de la nation. Il serait possible
que dans le courant de la session il y eût une légère modification du
cabinet. Deux orateurs appelés à remplacer M. Sanz, ministre de la
guerre, et 31. Caneja, ministre de la justice, renforceraient alors le mi-
nistère.
VHAKCE.
Paris, 27 décembre.— On sait que le projet, formé par une compagnie
aoglo française, d’un chemin de fer à travers l’isthme de Panama, d’a-
près les plans de M. l’ingénieur Courtines, a été adopté par le gouver-
nement de la Nouvelle-Grenade, sauf la ratification du congrès grena-
din qui doit avoir lieu au mois de mars prochain. L’agent de la compa-
gnie vient de partir pour Bogota, afin de surveiller l’accomplissement
de cette formalité. On pense que les travaux pourront commencer au
printemps prochain.
— On écrit de Barcelone, le 18 du courant :
* Les bandes carlistes qui se sont organisées depuis peu de temps
ne laissent pas sans inquiétude les autorités, et plus particulièrement
les autorités militaires.
* M. le capitaine-général Breton vient de prendre une détermination
qui donne la mesure de l’importance de ces bandes dans le pays. Ce
général se dispose à partir lui-même, le 20 ou le 21. à la tête d’une co-
lonne mobile composée de compagnies d’élite ; il doit battre tout le
Lampourdan II ira d’abord à Figuières, qui sera en outre le centre de
ses opérations. »
— On assure qu’il est question de faire rentrer en France plusieurs
régiments qui se trouvent inutiles en Algérie dans la situation actuelle
des affaires.
— Un homme, accusé de faux et d’abus de confiance, était conduit
hier devant le juge d’instruction. Arrivé sur le quai de l’Horloge, cet
homme parvint à échapper un moment à la surveillance de ses gar-
diens et s'élança dans la Seine, dont les eaux élevées battent le quai en
ce moment ; mais à l'instant où il allait disparaître sous un bateau, le
sentiment de la conservation prit le dessus, et il parvint à reprendre
le fil de l’eau. Des bateliers vinrent alors à son secours avec une bar-
que, et ce malheureux a été ramené à bord. On lui a donné .es soins
qu’exigeait son état, et il a été remis eusuite entre les mains des gar-
diens, qui l’ont conduit au dépôt.
Les prisonnier» d’.Uiil-cl-iiaiier.
L'auxiliaire breton publie une correspondance particulière d’Oran
sur le séjour de nos prisonniers dans la Haïra d’Abd-el-Kader et sur la
manière dont s’est opérée leur échange Voici quelques détails qu’on
ne lira pas sans intérêt, même après ceux qui ont été déjà publiés :
« Pendant les huit premiers mois de captivité, les prisonniers ont
peu souffert ; ils avaient part, comme tous les Arabes, aux distribu-
tions d’orge, de blé, de café, de sucre et de viande. Plus tard, le besoin
s’étant mis au camp de l’émir, ils ont eu de grandes privations à subir:
les distributions étaient réduites et ne se composaient pius que de blé
pour les officiers et d’orge pour les soldats Du reste, ils ont peu voya-
gé et ne se sont jamais écartés d’un rayon de plus de 30 à AO lieues,
tin jour, on les fit se mettre eu marche en toute hâte ; ils apprirent le
lendemain que la colonne du général Cavaiguac avait passé à deux
lieues du camp.
» Cet officier général leur faisait souvent passer de l’argent et des
lettres de leurs familles.Abd el-Kader leur faisait scrupuleusement dis-
tribuer ces envois. Un des chefs leur remettait les lettres cachetées et
en tirait un reçu nominatif. Les prisonniers, après avoir lu leur cor-
respondance, la conservaient deux ou I rois heures; an bout de ce temps,
le même chef la leur reprenait, en donnait à 31. de Cognord un reçu et
la portait à l’émir qui, après l’avoir gardée un ou deux jours, la ren-
voyait définitivement. S’ils écrivaient, Abd-el Kader se chargeait île
faire remettre leurs lettres à 31 Cavaiguac. et le reçu de celui-ci était
porté à 31. de Cognord. Ce service si régulier n’a cessé qu’à l’époque
où l’émir entama des négociations d’échange.
h Tout ce qui était des effets d’habillement était remis avec la même
exactitude...
» En dernier lieu, la Drïra était campée près du Maroc, et à quelques
journées de marche de Mélilla, place espagnole ; des pourparlers ont
eu lieu entre les chefs de l’émir et le commandant de ce préside. Un
jour, un des kalifas dit à 31. de Cognord : « Nous n’avons plus de quoi
» nourrir toi et les tiens .. Si tu veux jurer de n’en rien dire à Abd-el-,
» Kader, je me charge de vous faire partir moyennant 12,000 piastres »
» — « Tu sais bien, répondit le colonel, que je ne les ai pas ? » — » Je te
.i laisserai le temps décrire en France et d’avoir une réponse.» — «
» Je ne suis pas assez riche, et ma famille tout entière ne pourrait
» faire cette somme. » — Mais la France est riche? » - » Je ne veux
» pas lui demander celte somme. » — « Alors on vous décapitera d'un
» jour à l’autre » — » Tuez-nous si vous voulez. »
» Le lendemain on revient à la charge, toujours en recommandant
le secret envers l’émir, u Combien veux-tu donc me donner ? » dit le
même khalifa à 31. de Cognord. - » La moitié de ce que tu m’as de-
mandé. »
» Au bout de douze jours, le marché fut conclu. Une lettre fut en-
voyée à Méllilla; de là elle parvint à Oran. 31. d’Arbouville courut au
trésor. L’officier comptable refusa de payer cette somme — « Mais dit
le général, je vous offre ma signature. — Je ne puis l’accepter. - Eh
bien je ferai sauter votre caisse ! » — Une heure après, un colonel d’é-
tat-major vint à la caisse avec douze hommes. Ou lui compta les fonds
et le Féloce partit aussitôt emportant l’argent.
<i De Gouinâ. un enseigne de vaisseau, 31 Durartd, partit pour Mé-
lilla sur une balancelle. Il avait un équipage solide, armé jusqu’aux
dents, quatre pierriers et un petit canot. Arrivé à Mélilla, il prit ainsi
ses hommes de costume espagnol, car le commandement de cette place
était censé seul traiter de la rançon.
» Quand les feux convenus apparurent, le canot s’approcha a portée
de fusil, monté seulement par M. Durand et deux matelots. Le colonel
se montra et le canot ayant accosté prit deux chefs qui furent con-
duits à bord de la balancelle; ceux-ci ne passèrent pas moins de trois
heures à compter et à recompter la somme. Quand ils furent bien cer-
tains qu’elle était complète, l’un d’eux retourna à terre, et l’on com-
mença à transporter les prisonniers, et en retour l’on porta les 33,006
francs sur le rivage.
Là il fallut recommencer à compter, ou étendit des burnous sur
l’herbe et l’on vérifia pile par pile ; chaque sac était pesé par tous les
chefs avaut d’être mis de côté, enfin il était nuit quand l’opération fût
terminée. Jugez de l’impatience de nos marins ; 31 de Cognord ne,de-
vait être remis qu’a près la réception des 33.000 fr , mais des étages
étaient à bord de la balancelle et répondaient de sa tête.
» Alors nos prisonniers rapportèrent comment ils avaient pris congé
d’Abd-el Kader. La veille de leur mise en liberté, on les avait amenés
devant lui, en leur disant : Ne parlez pas d’argent, ou il vous ferait
tuer et nous aussi. » Car, miné par le besoin de numéraire, l’émir a
voulu que sa cupidité conservât te masque de la générosité, et il a
joué la comédie jusqu’au bout. »
HOLLAKDE.
— Bulletin de In bourse d’Amsterdam du t§ décembre. — Les
affaires en fonds hollandais étaient aujourd’hui peu actives et les prix
ont peu varié.
Les fonds espagnols et portugais, les derniers surtout, étaient plus
faibles.
Par suite de la hausse des Péruviens à la bourse de Londres ils ont
haussé de 1 3/-i p. c. depuis hier avec beaucoup d’affaires.
BELGIQUE.
Bruxelles, 28 décembre. — A l’occasion du nouvel an. Leurs Majestés
recevronl, à une heure, les félicitations du corps diplomatique; à une
heure et. demie, celles des Chambres, des cours et des différentes
autorités civiles; à trois heures les états-majors, les officiers des gar-
des civiques et de l’armée; à trois heures et demi, les personnes pré-
sentées. (Moniteur )
— On annonce que 3Î. le duc et 31™« la duchesse de Montpensier ont
l’intention de venir au mois de février prochain, faire un voyage à la
cour du roi des Belges et qu’ils resteront une quinzaine de jours à
Bruxelles.
ANVERS , *» DECBMBKE.
Le froid a repris depuis hier soir. Ce malin le thermomètre marquait
7" au dessous de zéro. L'Escaut charrie quelques glaçons. Le vent est
à l’Est.
Dans la crainle de voir la navigation s’interrompre, on a fait partir
ce matin le bateau à vapeur Prinetise-Charlotte pour le bas de ta rivière,
afin de prendre à la remorque le 3 mâts-barque belge Anvei sois,\eiVdni
de la Havane et qui se trouve à l’ancre aux environs de Batlj.
— Hier après-midi, un jeune garçon qui patinait sur les fossés de la
ville, hors de la porte de Borgei hout, est tombé, sous la glace. Il allait
périr, car aucun des témoins de l’accident n’osait venir à son secours,
lorsque survint mi ouvrier, qui,ne Consultant que son courage et son
humanité, allât résolument à sou secours et le retira de l’eau. Après
cette belle conduite, l’homme du peuple se soustraya aux félicitations
des assistants et refusa l’argent qu’ori voulut lui remettre.
— Par circulaire du 2i octobre dernier M. le gouverneur delà pro-
vince avait rappelé la résolution prise par le gouvernement de pros-
crire dorénavant l’usage de bouteilles, cruchons, etc., qui n’auraient
pas les contenances voulues par les lois et réglements, et de réclamer
â ce sujet l’exécution rigourtuse de l’arrêté du 22 mars 1829, à dater
du b janvier 1847.
Par une nouvelle circulaire il vient d’instruire les autorités commu-
nales que le gouvernement a acquis la certitude que, ce délai est trop
rapproché et afin d’éviter une trop brusque perturbation, il a cru de-
voir le proroger jusqu’au lr octobre 1847.
— Parmi les coins de rues qui offrent du danger pour le passage des
voitures, celui de la rue de l'Empereur et du canal des iîécollets, du
côté du détroit de Gibraltar peut se placer en première ligne. A plu-
sieurs reprises des accidents, il est vrai peu graves, ont déjà eu lieu, et
l’un ou l’autre jour ou aura à déplorer quelque malheur irréparable,
car il ne se passe point de semaines sans qu’un chariot ne s’accroche
I à la borne qui défend le coin, et malheur alors au piéton qui lie serait
pas assez leste pour éviter d’être pris entre la voiture et la maison,
car par une inadvertance inconcevable, le trottoir est excessivement
étroit. Il serait doncà désirer que la régence comprit la rue de l’Em-
pereur, surtout à l’endroit indiqué dans celles dont les trottoirs doi-
vent être élargis et pavés à neuf l’année prochaine.
— Par ordre supérieur les miliciens de la levée de 1843. appartenant
à la province d’Anvers doivent élre réunis le 2 janvier 1847 à 9
heures du matin 5 la citadelle de celte ville, à l’effet d’être désignés
pour les différents corps de l’armée Ensuite de celte mesure 330 mili-
ciens devront loger chez l’habitant dans la nuit du 2 au 3 janvier Le
.contingent de la province dans cette levée est fixé à 913 hommes .
— On paiera au 1« bureau de l’Hôtel de Ville dans le courant de jan-
vier prochain, les billets de logements militaires. émis en 1846. et dont
les possesseurs ont omis de réclamer le paiement durant les quinze
jours qui ont suivi les mois de l’émission
— On écrit de Zierckzee, 26 décembre : Le bateau à vapeur hollan-
dais Schelde. d’Anvers à Rotterdam, empêché de continuer sa route par
suite des glaces, a relâché en ce port.
— L’arrivée de 31. Rowland Hill à la tête de l’administration des pos-
tes anglaises va élre signalée par des améliorations remarquables.
I.a distribution des lettres se fera désormais toutes les heures. La
poste se chargera aussi du transport des pelils paquets, à raison de 1
penny (10 centimes) pour un poids'de dix-huit onces, La distribution
de ces paquets se fera trois fois par jour. Ce qui est plus important,
e’est le changement de rémunération pour les employés. Dorénavant,
chaque commis recevra pour ses appointements 80 livres par au (2.000
fr ). Après dois ans de service, cette somme sera augmentée de 10 li-
vres ou 250 francs, et ainsi de suile, tous les trois ans, jusqu’à ce que
l’employé reçoive 430 livres (t 1.258 fr ) Une échelle semblable est ap-
pliquée à tous les autres employés de l’administration.
— Une disposition de 31. le ministre de la guerre règle la position
des sous-lieutenants du corps d’état-major sortant de l’école militaire.
Ils seront détachés dans l’infanterie jusqu’à ce qu’ils aient acquis une
connaissance suffisante du service de cette arme, et resteront avec la
fraction du corps où se trouve le colonel ; ils feyonl le service avec les
officiers des compagnies où ils seront placés, et concourront au service
de garnison ; lorsque leurs connaissances le permettront, ils pourront
participer au service des adjudants-majors et être employés comme
aides-de-camp dans les grandes manœuvres. Lors des inspections gé-
nérales ces officiers seront soumis à un examen sévère sur les matières
qui font partie des connaissances théoriques et pratiques que doit pos-
séder un officier d’infanterie. Lorsqu’il aura été reconnu que l’instruc-
tion de ces officiers est suffisante, ils seront appelés à servir dans une
autre arme
Les sous-lieutenants d’état-major détachés recevront la solde et les
prestations allouées au corps d’état-major ; ils porteront l’uniforme de
ce corps, mais ils conserveront provisoirement, dans les rangs, le
schako de l’école militaire, en substituant à l’ornement qui s’y trouve
la plaque du régiment dans lequel ils seront incorporés.
— Ou écrit d’Alost, 26 décembre :
« Les funestes effets de l’augmentation du droit qui va frapper nos
toiles à leur importation dans les Etats du Zollverein, se font déjà sen-
tir : au marché d’aujourd’hui, à peu près les deux liers des toiles (41S
sur 763) présentées à la vente, n’ont pas trouvé d’acheteurs.
» Si le gouvernement ne prend pas cette malheureuse position de
nos tisserands en considération, il est impossible de prévoir où s’en
arrêteront les tristes conséquences.
— On écrit de Bruges. 28 décembre :
Hier a eu lieu à VHôlet du Singe d'Or le banquet offert parles nom-
breux amis de 3131 Foret et De Clereif, à ces deux ingénieurs comme
marque d’amilié et de sympathie à l’occasion de la récente décoration
que ces fonctionnaires viennent d’obtenir.
— Pendant les dernières neiges, des nuées d’oies sauvages affamées
se sont abattues dans les plaines de Brugeletteet de Chièves (Hainaul),
où elles sont restés pendant trois jours, ravageant les champs decolza,
malgré les efforts des cultivateurs, qui nuit et jour les en chaissaient
avec des bâtons. Les chasseurs de la localité se désolaient de ne pou-
voir leur faire une guerre qui eût élé aussi facile que fructueuse ; car
elles se laissaient approcher de très-près.Le meunier d’un moulin à vent
situé au milieu d’une de ces plaines, s’est hasardé à leur tirer, de sa
fenêtre, un coup de fusil chargé à balles et il en a tué deux.
On évalue à près de dix mille le nombre d’oies qui se sont, pendant
un moment, réunis sur ce seul point. Les plus anciens chasseurs ne se
rappellent pas avoir jamais vu parail passage d’oiseaux étrangers, si
ce n’est il y a une trentaine d’années, où ces mêmes plaines furent,
pendant plusieurs jours, couvertes d'une quantité innombrable de
pluviers.
— Un fait, peut-être unique dans nos froides contrées, vient de se
passer dans la commune d’Ostreville : une jeune fille de treize ans et
demi vient d’accoucher à terme d’un enfant on ne peut mieux portant.
iProg. du Pas-de-Cal.
— Les directeurs de la compagnie de navigation à vapeur à laquelle
appartient le Great-Brilain. ont renoncé à tout espoir de sauver ce bâ-
timent. Le nombre des projets soumis à la compagnie pour effectuer le
sauvetage du steamer naufragés’estélévé à 412 31ais il parait qu'aucun
de ces projets n’a offert des chances de réussite.
— Un numismate de notre ville, vient de trouver une pièce de mon-
naie en argent, de Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre
et de Hainaut, de 1244 à 1280. Cette pièce, parfaitement conservée, est
de la grandeur d’un esterlingue et offre d’un côlé, autour d’une croix
cantonnée de trifeuilles, Margarelha coitissa. de l’autre, autour de l’écu
à lion. Flandre ac Pannonie. Elle est indiquée comme très rare dans la
numismatique du moyen-âge. (Feuilie de Douai).
— Le séjour de la prison d’Autun neconvient pas le moins du monde
à Rebien, qui répète à tous momens ce célébré mot de la pièce des
Saltimbanques : » Je voudrais bien m’en aller. » Mais le concierge se
montrant continuellement sourd à ce cri parti du cœur, ilebien a pris
le sage parti de verser son déplaisir dans le sein de 31. le sous-préfet.—
Voici ce qu’il vient d’écrire à ce magistrat :
Mésieur,
Excusez-moi la liberté que je prends de vous écrire. Je suis à la mai-
son d’arê sant beaucoup de sujet. Je vous prie bien mésieur de pan-
ser à moi, de ne pas me retenir trop de tamps. 31a position est malè-
reuse. Mettez-vous un moment à ma place.
Je Suis, PiEBXEX.
Nous ne doutons pas que M. le préfet ne fasse droit à cette navrante
supplique, et surtout à l’argument ad hominem qui la termine si ingé-
nieusement. (Eduen.)
spectatrices.
Au jour et à l’heure convenus, le bruit des fanfares annonça l’arrivée,
sur le théâtre du combat, des divers champions, magnifiquement
armés et équipés, et suivis de leurs écuyers, 5 cheval comme eux. Plu-
sieurs portaient au-dessus de leur heaume ou de leur lance, u ne écharpe,
un voile, un bracelet, un nœud de ruban, gages précieux qu’ils tenaient
de la dame de leurs pensées, et qui devaieul êLre pour eux un encou-
ragement à se distinguer.
Il fut ensuite donné lecture des réglements. Ils prescrivaient de !
frapper du tranchant et non de la pointe de l’épée, de ne pas combat- '
tre hors de son rang, de ne pas blesser le cheval de son adversaire, de
ne porter des coups de lance qu'au visage et entre les quatre mem-
bres, c’est à dire au plastron; de ne plus frapper le chevalier dès qu’il
aurait levé la visière de son casque,ou qu’il se serait découvert la tête;
enfin de ne pas se réunir plusieurs contre un seul. Puis venaient les
cas d’exclusions. Etaient exclus et perclos, les blasphémateurs du saint
nom de Dieu,ceux qui, de faitet pensée,auraienL inédit de la personne
du souverain; ceux qui auraient, de fait ou de parole, attaqué l’hon-
neur d’une femme ; ceux qui auraient trahi leur seigneur, ou se se-
raient rendus coupables de parjure ou de foi meutie; quiconque aurait
surpris en trahison son ennemi avant que de l’avoir délié; aurait ar- :
raché ses récoltes, brigandé ou tenu les chemins.
Au nombre des seigneurs qui s’étaient présentés au tournoi ouvert j
par Wilhem, il en était un qui se faisait remarquer par sa haute sta-
ture, sa figure mâle et sévère et la modestie de son costume qui for-
ruait un contraste frappant avec celui de ses compagnons. C'était !
Thierry, de l’illustre maison de Faiiquemont : ce chevalier, quoique
fort jeune eacore, s’était acquis dans les tournois une réputation de
force et de bravoure qui intimidaient les plus intrépides. On racontait
de lui une foule de traits empreints d’un héroïsme digne de ces héros
de l’ancienne Grèce, dont Homère a immortalisé les merveilleux ex-
ploits.
Thierry avait pour habitude de n’entrer en lice qu’un des derniers,
il voulait ne se mesurer qu’avec un adversaire qu’il eut vu manœuvrer
et qu’il eut jugé digne de lui. Lorsqu’un chevalier avait élé plusieurs
fois vainqueur, lorsque nul n’osait plus le défier, le sire de Fauquemont
s’avançait et entrait avec lui dans l’arène.
Wilhem, nous l’avons dit, aspirait toujours à jouer un rôle actif daus
les exercices qui avaient lieu par ses soins. Armé de pied en cap, on le
voyait défier les plus jeunes et les plus saillants. Ceux-ci croyaient de-
voir, au respect qu’il leur inspirait, et aux lois dé l’hospitalité, de se
montrer courtois envers lui. Aussi avaient-ils soin de mesurer leurs
coups, et, tout en ayant l’air de faire de sincères efforts ptiur désar-
çonner leur adversaire, s’arrangeaient-ils de manière à être désarçon-
nés eux-mêmes. C’était chose convenue entre eux.
Le sire île Varicq, tout radieux à la suite de plusieurs joûtes où la
victoire lui était restée, alla, poussé par un sentiment de fol orgueil,
inviter Thierry de Fanquemont à venir se mesurer avec lui. Thierry
jeta sur le vieux baron un regard dédaigneux, eL lui dit en ricanant :
— De grâce, seigneur Wilhem. ne compromettez ,pas les lauriers
que vous venez de cueillir, car, sur mon âme, je suis venu ici pour
jouter sérieusement et non pour parader à votre gloire et honneur,
comme ces mignons qui, pour vous être agréables, se sont laissés choir
avec tant de gentillesse, sous des coups que vous frappiez daus le vide.
Par satan ! je ne connais moi. la galanterie qu’avec les dames, et non
avec des barbons tels que vous.
Le gouverneur se sentit pris d’une si grande fureur à ces paroles
insultantes, qu’il dut se contenir pour ne passe ruer sans forme de
procès sur celui qui avait osé les prononcer.
Heureusement personne n’avait entendu le sire de Fauquemont,
Wilhem, sans lui répondre, l’invita d'un geste énergique à entrer dans
lu carrière.
Là. Thierry laissa d’abord agir quelque temps son adversaire sans
prendre la peine de lui riposter. Lorsque celui-ci se fut consumé en
efforts impuissants, il saisit uonchalenimenl sa lance et le démonta du
premier coup.
Grande fut la stupeur des assistants. Des murmures s’élevèrent de
toutes parts ; mais la Itère et audacieuse contenance de Fauquemont
les arrêla court. Wilhem se releva la mort dans l’âme, et le sourire sur
les lèvres, car l’amour-propre lui ordonnait de dissimuler la rage qui
bouillonnait en lui.
Thierry provoqua ensuite plusieurs des chevaliers qui s’étaient le
plus signalés, et devint leur vainqueur avec une dextérité qui excita
la plus grande admiration. Aussi, lorsqu’on en vint à la distribution
des prix, les juges le couronnèrent, comme étant celui qui avait brisé
le plus grand nombre de lances, qui avait fait les plus beaux coups d'é-
pée. et était resté le plus ferme assis sur son destrier.
Chaque tournoi était habituellement suivi d’un banquet donné en
l'honneur du chevalier qui était rrsté mailredii champ elos.
Thierry fut conduit en triomphejusqu’à la porte d’enlrée du château
d’Anvers, où la gentille Geneviève lui donna le baiser d’usage et où de
belles dames lui ôtèrent sa lourde armure, et l’introduisirent dans la
grande salle, plendideinent ornée, et au militai dt-laquelle était dressée
une vaste table couverte de mets succulents et de hanaps remplis de
vins généreux, Il y prit place, ayant à ses côtés le gouverneur et sa
fille.
Le festin . pendant lequel des trouvères se firent entendre, fut
joyeux, malgré le visage taciturne de l’ainphylrion, qui semblait ab-
sorbé par les plus noires pensées. Quoiqu’il y eut peu d’exemples de
rancunes sérieuses nées à la suite d’un tournoi, après lequel vain-
queurs et vaincus fraternisaient ordinairement comme s’il ne s’était
rien passé, chacun attribua néanmoins l’air morne qu’avait le sire de
Varnicq, au dépit qu’il éprouvait d’avoir vu sa longue réputation de
valeur aussi gravement compromise qu’elle venait de l’ètre. Aussi n’é-
tonna-t-il personne, lorsqu’on le vit se retirer un des premiers sous
prétexte qu’il avait besoin de repos.
Il était plus de minuit lorsque les convives se séparèrent, les lins,
dont la demeure était voisine, pour s’en retourner chez eux, les au-
tres qui étaient venus de loin, pour gagner les chambres qui leur
avaient été préparées au château. Fauquemont allait ouvrir la porte
de la sienne, lorsqu’une chambrière qui semblait l’attendre, adossé
contre le mur, vint furtivement lui glisser un billet daus la main et dis-
parut comme une ombre.
Le chevalier prit sur le champ lecture du mystérieux message. Utle
des dames qui l’avaient vu jouter l’informait, en termes fort tendres,
qu’émerveillé de sa beauté et de sa bravoure, elle se compterait heu-
reuse de passer une heure au clair de la lune en tête à tête avec un
chevalier d’aussi grande naissance et d’aussi noble cœur; elle le. priait
donc de se rendre sous les ombrages du parc du palais, où elle était à
l’attendre au bord d’une fontaine dont le murmure le guiderait facile-
ment.
Ce rendez-vous parut fort naturel aü brave Thierry, à qui pareille
aventure était arrivée souvent. Il élail assez commun eu effet qu’à la
suite d’un tournoi, celui qui en avait élé le héros principal, enflammât
plus d'un cœur; et tous n’avaient pas la force de dissimuler leurs élans...
Il se mit donc en devoir de répondre à la tant doute invitation de
l’inconnue^ — Arrivé dans le pareil gagna les massifs d’arbres qui
s’offrirent à lui et entendit en effet le bruit que fait une chute d’eau. Il
se dirigea de ce côté, et aperçut, assise sous un saule une blanche
forme qui se leva à son aspect. Comme il s’approchait d’.elle avec des
paroles d’amour sur les lèvres, il la vit faire le tour de l’arbre et dispa-
raître. Il se disposait à la suivre, lorsqu’il sentit sentit ses jambes s’em-
barrasser dans des cordages qu’une main invisible semblait tirer à
elle. Pris dans ce réseau, il perdil son équilibre et tomba à la renverse.
Il sentit au même instant une lourde masse se poser sur lui pour le
contenir.
Il reconnut Wilhem de Varicq, l’œil flamboyant les lèvres contrac-
tées, qui. silencieux comme un spectre, leva un long poignard qu’il
ten.i*it à la main, et le lui plongea dans la poitrine, où il se mit à le re-
tourner plusieurs fois, pour rendre plus certain le trépas de sa victime
et mieux savourer sa vengeance.
(La suite à un prochain numéro ) w. ne !.. |