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liE PIIKOiR§ËlIi , Samedi fl Janvier i§4£.
c’est que le Sultan n’acceptera qu’une soumission, aussi précise et aussi
formelle.
Hier les représentants des quatre puissances alliées ont eu une longue
conférence chez lord Ponsonby, au sujet de la dépêche de Méhémet, et
de la manière dont ils doivent interpréter les paroles de Méhémet-AIi.
On parle sérieusement du prochain départ de Al. de Pontois.
LAIIORE.
On lit dans la Gazette de Delhi, 11 novembre ;
La mort du Maharajah-Ivurruk-Sing et de son gendre No-Nehal-Sing
a changé l’aspect des affaires. Sliere-Sing qui doit monter sur le trôin
n’étant pas aussi favorablement disposé que le défunt pour les Anglais
troublera peut-être notre tranquillité de ce côté. Le Punjaub est tran-
quille, et tout porte à croire que l’intégrité de Laliore sera maintenue.
Le Maliarajah-K.hurrulsk-Sigh, apres une douloureuse maladie, est
mort le 5: à peine celte triste nouvelle fut-elle connue, que Islar-Koour,
soeur de Sirdar-Mongul-Snigh, exprima la ferme intention de monter
sur le bûcher. C’est ce qu’elle a fait avec trois de ses femmes. Après les
funérailles, la cour s’est rendue aux bains de Ravee.
En passant sous une des portes couvertes de la ville, les éléphants ont
entraîné, par leur masse, la chute d’une poutre d’un poids énorme. Ce
corps pesant a frappé à la tète Kaouwur Non-Neal-Singh, héritier pré-
somptif. iVlean-Oadum-Singh (jeune enfant), üls de Rajah, Golab-Sing,
qui se trouvait également sur l’éléphant du prince héritier présomptif,
a été blessé: il a eu les reins cassés, et il est mort sur-le-champ. Le
prince n’a succombé que dans la soirée,après être resté plusieurs heures
sans connaissance.
Une lettre de Laliore du 9 novembre porte : Le corps du roi a été brûlé
le G, celui de No-Nehal-Sing le 8, et celui de Oadum-Sing le 9. Avec le
corps du roi on a brûlé deux de ses femmes et deux jeunes filles escla-
ves ; avec celui de No-Nehal-Sing devaient être également brûlées deux
de ces femmes, mais elles étaient si belles, si gracieuses qu’un mouve-
ment général d’horreur a été excité par la cruauté et la barbarie de
l'usage qui donne lieu à un acte pareil. Heureusement le prince Slière
Sing est arrivé à temps pour en sauver une, c’était la plus jeune.
L’une des femmes de No-Nehal-Sing se trouvait dans le troisième
mois de sa grossesse, et comme le prince Slière Sing quoiqu’ayanl été
averti, n’est pas arrivé tout de suite, la mère de celle femme a pris pos-
session de la forteresse et refuse de la livrer à Slière Sing, à cause de la
grossesse desa fille. (hombay Times.)
DASfElMAKSi..
Copenhague, 29 décembre. — Les autorités de Holstein ont reçu ordre
aujourd’hui de mettre le contingent fédéral du duché en étal de pouvoir
se mettre en marche au printemps prochain, si la chose était nécessaire.
On n’a pas entendu par cet ordre une mobilisation proprement dite,
mais seulement une révision et un complément en matériel.
— On écrit de Kiel, 29 décembre : L’ordre est parvenu aujourd’hui au
corps de chasseurs de Lauenbourg en garnison en cette ville, de faire
le rapport des objets qui pourraient lui être nécessaires pour être com-
plètement en état de se mettre en marche. Pareil ordre aurait été adres-
sé à tous les autres corps qui forment le contingent fédéral, notamment
un bataillon d’infanterie des régiments de la bina, à Quekstudt, A'Ul-
denbourg et <le Holstein, à Rendsbourg, un régiment de dragons à It-
zehoe, et une batterie d’artillerie, formant en tout un petit corps d’ar-
mée de 5,600 hommes. (Gazette de Kiel.)
ES2*A«AE.
Nous avons aujourd’hui des nouvelles de Madrid du 51 décembre :
elles ne font pas pressentir la révolution qu’on disait avoir éclaté en
Espagne et qui aurait renversé Espartero. Les feuilles ministérielles de
Paris n’on fout pas non plus mention.
ES* A ACE.
Paris, 7 Janvier. — La commission des fortifications s’est réunie
hier,à une heure et demie, et ne s’est séparée qu’à six heures. Les mi-
nistres de la guerre, de l’intérieur,des finances, et le général Dode sont
restés pendant plus de 5 heures au sein de la commission. M. Duchàtel
a donné des explications détaillées sur les approvisionnements de Pa-
ris. Le ministre des finances a exposé les motifs qui ont dirigé le gou-
vernement dans la fixation des sont mes affectées aux fortifications dans
les crédits de 1841 et 1842. M. le président du conseil a fait connaître la
résolution du gouvernement sur les modifications proposées par la com-
mission au projet primitif de la loi. Les explications de M. le général
Dode se sont portées principalement sur l’exécution des travaux des
fortifications qui se font sous ses ordres.
La commission s’est ajournée à samedi ; elle a invité M. le président
du conseil de se rendre dans son sein pour avoir son avis sur la question
des servitudes militaires, qui n’a pu être entamée dans cette séance. Il
est probable que M. Thiers lira son rapport le lendemain dimanche à la
commission, et que lundi il sera communiqué à la chambre en séance
publique. En conséquence, la discussion pourrait commencer mercredi
ou jeudi de la semaine prochaine.
— On écrit de Rouen, 5 janvier :
« A l’occasion du passage à Rouen des, restes mortels de l’empereur, et
dans le but d’en perpétuer le souvenir, on a émis l’idéede donner à l’un
de nos quais le nom de Napoléon. 11 paraît certain que le conseil muni-
cipal a accueilli cette idée avec empressement, et que c’est au quai de
Paris que sera appliquée la nouvelle dénomination.
« Les marins de la Helle-Poule, arrivés avant-hier et hier de Paris,sont
repartis ce matin pour le Havre. »
— Un brillant début a en lieu lundi à l’Opéra de Paris. Une jeune can-
tatrice allemande. MOe Heinefelter, a paru dans le rôle dramatique de
Rachel de la Juive. C’est une grande et belle personne, aux yeux noirs
bien fendus, à la voix étendue et sonore, qui tient à la fois du contralto
et du soprano. Son succès a été grand, quoique l’émotion lui ait retiré
quelques-uns de de ses avantages. L’Allemagne était brillamment re-
présentée dans cette circonstance. Le parterre, les loges, les balcons,
l’orchestre, applaudissaient la nouvelle venue qui a perfectionné son
éducation musicale avec Bordogni et Ponchard. Michelot lui a appris
le français et a réussi à lui faire prononcer parfaitement le récitatif et
le chant. On pourrait croire que M11» Heinefelter est parisienne.
Les actions de la Banque de France ont monté à 3,285, et la Banque
de Belgique à 890.
La rente de Naples était à 101 25 ; ^emprunt romain à 99 5[8 ; la rente
active à 24 7[8 et le 3 p. c. portugais à 21 1j4.
Physionomie de la presse française.
Le CONSTITUTIONNEL exprime à son tour son opinion sur les affai-
resd’Afnque; il craint que la nomination du général Bugeaud, accueillie
avec si peu de faveur ne soit l’indice d’une tendance rétrograde. Il repré-
sente ce qu’a de déplorable cette politique incessamment changeante
pii ferait participer toutes les oeuvres de la France à l’instabilité minis-
érielle; et fait des voeux pour que les sacrifices d’hommes et d’argent
que la France a su s’imposer pour l’Algérie, ne deviennent pas, par
l'abandon, des sacrifices inutiles.
« C’est, dit-il, par cette mobilité funeste que nous avons perdu toute
influence dans la question d’Orient. Ne perdons pas au moins, par la
même cause, notre établissement en Afrique. Que dans les plans et les
intérêts de ce pays il y ait quelque chose qui survive à la durée éphé-
mère des Cabinets. Si l’occupation en grand nous a coûté beaucoup,
c’est une raison de plus pour y tenir. Au moins ne faut-il pas rendre
stériles l’argent de la France et le sang de ses soldats. Le Journal des
Débats nous conseille aujourd’hui de chercher à retrouver, en fécon-
dant nos colonies, ce que nous avons perdu en perdant notre influence
en Egypte et en Syrie. Nous avons reculé en Orient, ne reculons pas en
Afrique. »
Le JOURNAL DES DÉBATS, après d’assez longs détails sur la posi-
tion de l’Angleterre vue à 1 intérieur, étudie certaines dispositions du
projet de loi sur les saisies que la chambre discute en ce moment.
Le COURRIER FRANÇAIS revient au sujet qu’il traitait hier et parle
des efforts de Al. Guizot et du maréchal pour ressaisir une place dans les
délibérations de 1 Europe au sujet desalfaires d Orient. D’après ce jour-
nal il ne s’agirait de rien moins que de propositions faites par M.Guizot
aux cours coalisées de l’admettre dans la conjuration qu’elles ont formée
contre un allié de la France, et du consentement de M. Guizot à ad-
mettre, non-seulement à ce que l’Orient soit réglé comme l’Angleterre
l'a voulu, mais à reconnaître el à garantir cet arrangement.
a Al. Guizot, ajoute-t-il ensuite, a beau le vouloir et les conservateurs
ont beau le souhaiter, cela ne sera pas. La France restera dans l’isole-
ment, parce qu’il n’y aurait ni prudence ni honneur pour elle à en sor-
tir. L’armée ne sera pas diminuée; car le minisire qui oserait proposer
aujourd’hui le désarmement aux chambres mériterait d’être mis en ac-
cusation. On ne fera rien de tout cela, par la raison que la presse veille
et qu’elle lient l’esprit public en éveil. Les hommes qui nous gouver-
nent ont montré en 1815 comment iis entendaient le patriotisme. La na-
tion les connaît ; elle les tolère à peine, et de la défiance au châtiment la
distance n’est pas grande : une faute de plus et la nation la franchirait.»
Le COMJ1ERCE et le NATIONAL parlent des bruits alarmants qui se
sont répandus à la bourse à 1 égard de 1 Espagne. Le premier de ces
journaux cherche à mettre le public en garde contre des nouvelles qui
peuvent être controuvées comme tant d’autres qui ont circulé sur ce
pays; le second rapporte ces nouvelles qui annoncent qu’Espartero avait
été renversé par un mouvement révolutionnaire, et que la république
avait été proclamée à Aladrid, et il donne des détails qu’il prétend exacts
sur l’état des esprits, qui expliqueraient ces rumeurs.
Le Commerce s’occupe également de la question relative aux fortifi-
cations de Paris.
« Nous avons avancé, dit-il, que la fortification permanente de Paris
était la déchéance prochaine et nécessaire du rang privilégié que celte
grande cité occupe dans le monde; nous ajoutons que cette fortification
est en même temps la ruine de la multitude de grandes et moyennes
fortunes qui se groupent sur le terrain environnant notre métropole;
qu’elle sera une cause considérable de dépréciation pour la propriété
parisienne; qu’elle arrête d’abord et annule peu à peu cet immense
mouvement de commerce et d’industrie dont Paris est le centre par la
nature de sa population el l’abondance de ses capitaux. »
Nécrologie.
BIGNON, PAIR DE FRANCE.
La France vient de perdre un de ses citoyens les plus honorables, la
tribune un de ses athlètes les plus éprouvés dans les luttes de la Res-
tauration; Al. Bignon, pair de France, est mort le G janvier, à 10 heures
du matin, frappé d apoplexie. 11 a exprimé le désir d’être inhumé dans
sa terre de Vertives, près Kcouis, département de l’Eure. Sa mort laisse
une place vacante à l’Académie des sciences morales et politiques. Cet
homme d’étal, qui laisse après lui de si justes et desi profonds regrets,
était né en 1771 et se trouvait conséquemment dans sa 71« année.
Dans son testament, Napoléon, toujours plein du souvenirdes servi-
ces rendus à la patrie, et cherchant encore, du lointain de son rocher
solitaire, à exciter une noble émulation parmi les hommes dont il con-
naissait le cœur et le caractère, a tracé ces mots : « Je lègue au baron
bignon 100,000 fr. Je l'engage à écrire l’histoire de la diplomatie fran-
çaise de 1792 à 1815. .
Ce souvenir et cette recommandation d’un héros sont un bel éloge
en faveur de celui qui en fut l’objet. M. Bignon avait accepté ce legs et
travaillait avec ardeur à satisfaire l’attente publique, lorsque la mort est
venue le surprendre.
bulletin de la bourse. — Il y avait quelques demandes à la bourse
d’aujourd’hui et la rente française, mais principalement le 5 p. c. ont
éprouvé une hausse assez forte. On ne paraissait plus s’occuper du bruit
d’une révolution à Madrid ; on croyait cette nouvelle prématurée, mais
on semblait croire que le gouvernement s’attendait à quelque catastro-
phe de ce côté.
Le 3 p. c. qui avait fermé hier à 77 50 a ouvert aujourd’hui à 77 40 et
l’on reste à 77 55 avec 25 c. de hausse.
Le 5 p. c. qui avait fermé hier à 111 85, a ouvert à 112 5 et il ferme
à 112 15.
Cette dernière valeur était recherchée au comptant, et c’est elle qui a
entraîné la rente 5 p. c.
Après la bourse, le 5 p. c. français était à fr. 77 50.
Bruxelles, 9 janvier. — Le roi a reçu avant-hier le cardinal-arche-
vêque de Maünes.
Hier S. M. a reçu successivement, M. le vicomte Dubus de Ghisignies
et le général Hurel, chef de l’état-major général de l’armée.
— L’expertise du matériel de nos théâtres est terminée. L’évaluation
des objets et des bâtiments qui appartiennent à lu liste civile du roi
Guillaume excède, dit-on, d’une trentaine de mille francs le prix d’a-
chat offert, il y a quelques mois, par le conseil communal; elle est toute-
fois bien inférieure à l’estimation primitive qui en avait été faite parles
agents du roi Guillaume. Il est probable que cetfe affaire sera vidée
dans la séance de samedi du conseil communal, et que l’expertise sera
acceptée par les deux parties. La création d’un nouveau materiel coû-
terait beaucoup plus cher et nécessiterait peut-être la fermeture du
théâtre pendant plusieurs mois. Dans le matériel qui appartient au roi
Guillaume, et qu’il offre d’abandonner à la ville, est compris le grand
bâtiment situé à l’angle de la rue de la Fiancée, et qui sert de magasin.
On assure que le chiffre de l’évaluation totale est de 102 à 103 mille
francs.
— L’affiche du Grand-Théâtre porte : Dimanche : Ilobert-le-Diable,
(Spectacle demandé.) L’on croit dans le public que LL. MM. assisteront
à la représentation. Les répétitions delà Chaste Suzanne occupent jour-
nellement les artistes.
— Al.Alunch deBellinghausen, président delà Confédération germa-
nique vient de recevoir le grand cordon de l’ordre de Léopold ; la déco-
ration était accompagnée d’une lettre autographe du roi.
— Une soirée dansante a été donnée mercredi au Waux-Ilall par M.
et Bagenrieux.
On comptait quatre cents personnes, parmi lesquelles étaient AI. le
duc et M* 1»' laduchesse d’Arenberg, M. le prince et M™- la princesse de
mant mille fois de la demeure de la comtesse,mais trop troublé pour en-
tendre les réponses, et s'élançant au hasard dans la dédale des rues.
Quand il se présenta devant la porte, l'inflexible camerière l’arrêta.
— Tune me reconnais pas, Gianni ? lui dit Wilhem.
—• Pardonnez-moi monsieur, le baron; mais la signorane vous a pas
excepté; elle veut être absolument seule.
— Mais n’a-t-elle reçu personne depuis quelle est rentrée?
— Si, signor, dit Gianni d’un air impassible, pendant qu'une larme
roulait dans ses yeux : elle a reçu pendant dix minutes son confesseur.
— Grand Dieu ! s’écria Wilhelm épouvanté, tandis qu’un frisson par-
courait toute l’assemblée.
Sans plus attendre, le baron se jeta de toute sa force contre la porte,
qui céda sous son poids ; el, avant que Gianni, surpris, eût put le rete-
nir, il se précipita dans la chambre. Au cri d’horreur qu’il poussa, la
foule entra sur ses pas.
On vit alors la comtesse, pâle et déjà glacée, étendue sur son lit dans
son costume de Ninetta, qu’elle n’avait pas quitté; ses longs cheveux
tombaient, ainsi que sa tête, languissamment penchée sur la bâtisse de
l’oreiller; quelques taches violettes éparses sur ses joues et le cercle
noir de ses y eux indiquaient assez le genre de mort violente el rapide
qu’avait choisi l’infortuné.
Wilhelm, éperdu de douleur, s’élait jeté à genoux près du lit, et il
serrait les mains d'Eva, déjà privées de leur souplesse et froides comme
le marbre. Il ne resta plus au malheureux la moindre lueur d’espoir :
alors il se releva furieux, et, se retournant vers nous tous, tristes spec-
tateurs de celte scène :
— C’est moi qui l’ai tuée ! je suis son assassin ! elle que j’aimais plus
que ma vie, elle si noble et si belle, elle dont j’étais indigne, et qui
m’aimait cependant. Fatal orgueil ; nom de mes ancêtres dont j’étais si
fier, et qui maintenant s’éteindra avec moi, soyez maudis !
A ce moment, Gianni, pâle et abattu, s’approcha du baron, cl lui dit
a vee le toa d’une tolère concentrée, mais respectueuse, que Franz,
Ligne, plusieurs membres du corps diplomatique, les ministres, etc. La
salle du Waux-Hall était décorée avec élégance.
Le bal, qui a commencé à 9 heures, s’est prolongé jusqu’à une heure
du matin.
— Les loges maçonniques de Bruxelles font en ce moment des distri-
butions de pain abondantes aux pauvres. La grande loge des Vrais-Amis
a décidé qu’il sera fait une première distribution de 40.000 kil. de
houille et 3,000 pains.
après l’avoir inutilementcherché dans la ville, était venu à l’hôlel et l’at-
tendait à la porte du salon. Aussitôt Wilhelm se précipita de ce côté, et
reparut, un instant après, traînant un homme derrière lui. Arrivé dans
la chambre :
— Tu viens voir, lui dit-il, si ta tâche est bien remplie ? Regarde, mal-
heureux, ce que nous avons fait, ou plutôt ce que j’ai fait tout seul, car
c’est moi qui avais eu cette exécrable idée, dont tu n’as été quel’instru-
ment. A moi seul, les remords et le désespoir! » En disant ces mots, le
baron de Solgau disparut du salon.
J’avais compris ce drame terrible; mais, pour tous les assistants, c’é-
tait une énigme encore inexplicable. On entoura Franz qui restait ac-
cablé sous la colère de son maître et sous les remords de son crime; on
le pressa de questions, el voici ce qu'on put apprendre ou conclure de
son récit ; le baron avait été furieux du parti qu’avait pris la comtesse;
cet éclat devait déshonorer, à ce qu’il disait, celle qui allait porter son
nom. Ne voyanllà qu’une folie passagère, mais trop prononcée cepen-
dant pour être guérie par ses lettres ou ses raisons, il avait pensé à la
combattre par un plus violent remède.
Ne pouvant quitter Dresde, où ses devoirs le retenaient encore pour
quelques jours auprès du prince , il voulait toutefois empêcher la
faute delà comtesse de se prolonger, et de laisser ainsi dans ies esprits
une tache indélébile; alors il chargea son fidèle FranU de partir avant
lui, el d’arriver à Naples dans le plus prompt délai. Là, Frantz devait
prendre ses mesures pour faire donner à la noble cantatrice une leçon
qui la dégoûterait du métier aventureux qu’elle avait choisi. Tout était
arrangé de manière à ce que le baron arrivât peu de jours après cet
événement ; et il espérait que son amour et ses consolations parvien-
dVàient à cicatriser la blessure faite par une main amie, mais qui devait
rester à jamais inconnue.
Frantz partit donc ; mais, après son départ, Wilhelm, auquel son or-
gueil blessé avait fait trouver ce complot tout simple et tout naturel,
commença à eoüeevoir des inquiétudes ; il se représenta famé noble et
A.WEISS, î> JI.LNVIEli.
Pendant l’année 1840, il a été exporté du port d’Anvers 7.240,448 kilos
sucre en pains et en lumps, et 1,204,036 kilos sucre candi, soit ensemble
8,445,084 kilos.
Dans le tableau Indicateur pour l’année 1840, qui sera publié sous peu
de jours, on donnera le détail des lieux de destinations.
— Hier matin, un individu a été trouvé pendu à un arbre dans la
commune de Stabroeck.
— On lit dans le Messager de Gand :
Le tribunal correctionnel a prononcé hier l’acquittement du jeune
Blaese et de son compagnon, arrêtés au mois de décembre dernier,
sous la prévention de tentative d’escroquerie, en essayant dç recueillir
des souscriptions pour un concert qui ne devait jamais être donné :
manœuvres qui leur avaient déjà réussi à Anvers, Louvain et Liège.
— Par arrêté royal en date du 51 décembre les récompenses ci-après
indiquées sont accordées aux personnes dont les noms suivent :
Province d’anvers. 1» Au sieur Michel Germeyn, d’Anvers, pour
avoir, le 15 octobre 1840, exposé ses jours en sauvant un enfant de sept
ans qui était tombé dans l’Escaut et se trouvait en danger de périr, une
somme de trente francs;
Au sieur Damien Diederickx, de Malines, pour avoir, le 29 octobre
1840. sauvé, au péril de sa vie, un enfant de huit ans qui était tombé
dans la Dyle et se trouvait en danger de se noyer, une médaille en ar-
gent et une somme de vingt francs.
— On écrit de Leipzig, sons la date du 18 décembre :
Un des plus grands dépôts de sucres appartenant à MM. Zuckschwerdt
et Benchel, dans le Alagdeberg vient d’èlre consumé par les flammes.
La perte est évaluée à environ 200,000 dollars, assurés en partie à Lon-
dres, Gotha et Cologne.
A dater de demain l’exposition permanente sera transférée dans le
salon dit le petit Musée ou l’exposilion del’albumen l’honneur de Ru-
bens s’est trouvée précédemment. Ce salon donne le plus beau jour aux
tableaux ; nous engageons les amateurs à le visiter, d’autant plus que
dans le courant du mois on fera le tirage des objets achetés pour le par-
tage au sort.
Nous avons remarqué entre autres objets nouvellement arrivés : un
beau tableau de M. Ch. Van Brée ; des moulons de M. Robbe ; une jolie
plage de Ruylen ; une mère de famille et ses enfants de Wnlfaert ; un
intérieur de Pez ; une plage de Jos. Jacops ; des dames dans une fenê-
tre, de Dénoter, et bien d’autres jolis tableaux.
L’article inséré dans l’Emancipation N» 1 concernant la Banque Ta-
volière de Naples, a dû étonner les créanciers de la dite Banque, et leur
donner de vives alarmes à l’égard de leurs créances, dont le capital
d’après XEmancipation serait entièrement, ou presque perdu pour eux.
La chose a dû d’autant plus les étonner, parce qu’eux-mêmes n’en sa-
vent rien ; tandis qu’ils ont un avocat,et des mandataires à Naples pour
soutenir leurs droits, el y provoquer une liquidation, et que d’un autre
côté, il y a des commissaires en Belgique (à Anvers), chargés de surveil-
ler les opérations de ceux de Naples, et d’en donner connaissance à
leurs commettants, à qui depuis long-temps plus aucune communica-
tion n’a été faite de leur part ;il serait donc vivement à désirer que les
dits commissaires fissentconnaltre officiellement au plutôt possible aux
créanciers, la véritable situation actuelle des affaires delà Banque Ta-
volière ;afin de faire cesser leurs inquiétudes à l’égard de leurs créan-
ces, et de prévenir en même temps les abus qui pourraient en être le
résultat. (Communiqué.)
Anvers est définitivement privilégié cette année sur le rapport du
froid : On nous écrit de Paris, le 7 janvier:
11 y a long-temps qu’il n’était tombé autant de neige que pendant cette
nuit. Aujourd’hui les rues de la capitale en sont couvertes d’une épais-
seur telle que voitures et piétons ne peuvent circuler que très diffici-
lement.
Les grandes routes sont aussi dans un si déplorable état que les cour-
riers et diligences venus aujourd’hui à Paris ont éprouvé un retard con-
sidérable.
Quant aux rues de la capitale, nous ne saurions trop recommander à
l’administration chargée de leur nétoyage, le plus grand zèle et la plus
grande surveillance pour l’enlèvement immédiat des monceaux de neige
qui les couvrent; car s’il venait à dégeler par la pluie, ce dont le temps
parait nous menacer, la fonte de cette neige inonderait complètement
toutes les rues.
II paraît que la débâcle est terminée; en effet, la Seine, qui hier en-
traînait avec elle tant de glaces, a cessé d’en charrier aujourd’hui.
Le dernier numéro de la Ttevue Nationale contient un fragment his-
torique sur les partis qui divisaient la Belgique en 1792.
Elle nous montre les Vonckisles venant en aide au despotisme de la
cour autrichienne par haine contre le parti de Vandernoot; puis, ces
deux opinions, bien nationales au fond, hostiles l’une et l’autre à toute
domination étrangère, mais hostiles l’une à l’autre sur les questions de
politique intérieure; celle-ci prenant la défense de l’aristocratie nobi-
liaire et ecclésiastique; celle-là de l’aristocralie libérale engendrée par
l’encyclopédie et encouragée par les révolutionnaires de France; s’al-
liant ensuite devant le danger commun pour s’exposer à un danger
plus grand et se livrer comme des moutons aux loups de la République
une et indivisible.
Ainsi, voilà quelle fut la conséquence de ces querelles: elles profitèrent
uniquement à l’arbitraire de l’Autriche ou à l’ambition de la France.
Des instructions utiles ressortent si bien de ce passé, que nous ne
doutons pas que la Herue Nationale n’ait voulu en faire jaillir une mo-
rale transparente, à l’édification des opinions qui cherchent encore au-
jourd’hui à ressusciter de vieilles guerres de principes. Avis donc aux
intéressés! (Fanal.)
Le Times publie la correspondance suivante de Montevideo, 29 sep-
tembre 1840 :
c Les nouvelles de Buénos-Ayres sont effrayantes. Rosas frappe à
droite et à gauche pour fusiller et égorger. On ne sait où est Lavalle;
il a été obligé de rétrograder au Nord. Un édit de Rosas confisque tous
les biens des unitaires pour indemniser les fédéraux, partisans de Rosas.
Le dictateur veut ruiner et détruire l’aristocratie actuelle, et en créer
une de son chef. On nous écrit de Bnenos-Ayres que l’aspect de la ville
est affreux. Les charrettes pleines de suppliciés remplissent les rues.
Toutes les maisons des unitaires ont été mis en pièces. On bat leurs
femmes, on leur rase la lête et on les tatoue. Ce sont les officiers qui
donnent l’exemple de ces horreurs. L’amiral Mackau est arrivé à Buénos-
Ayres le 25 et a causé baucoup d’émoi.
! fière d’Eva, sa passion pour la gloire ; et il songea que c’était peut-être
à sa vie qu’il allait s’attaquer ; ensuite ce même orgueil qui lui avait in-
spiré ce fatal projet souffrit à son tour de la pensée que la noble com-
1 tesseEva Venosa, ta future baronne de Solgau, serait humiliée et insultée,
' sans défense devant deux mille spectateurs. Le tableau que la passion
seule lui avait caché jusqu’alors se présenta à lui avec des couleurs si
vives, qu’il ne put résister à son inquiétude ; et il partit, sans attendre
de congé, vingt-quatre heures après son domestique.
1! avait dévoré l’espace et fait tous ses efforts pour rejoindre Frantz,
d’abord de Dresde à Vienne, puis de Vienne à Venise, à Rome et à Na-
ples. Le malheureux domestique, trop fidèle aux ordres qu’il avait re-
çus, semblait gagner encore de l'avance sur le baron. Enfin Wilhelm
avait appris à Aversa que la comtesse faisait son troisième début le soir
même, et il avait quitté sa voiture pour prendre au galop la route de
Naples.
Arrivé à l'hôtellerie où il devait rejoindre Frantz, il ne l’avait plus re-
trouvé; il s’était dirigé vers le théâtre. Cependant Frantz, instruit indi-
rectement de l’arrivée de son maître, le cherchait de son côté, et un de
ces hasards funestes et inexplicables les avait seul empêché de se rejoin-
dre. Frantz alors s’était décidé à tout suspendre jusqu’à nouvel ordre
de Wilhelm, el il avait prévenu ses complices de n’agir que sur un si-
gnai convenu. Mais quand il avait reconnu le baron s'élançant hors de
la loge, il croyait que lui-mème donnait ce signal, et il s’élâit empressé
de lè transmettre.
C’était donc bien Wilhelm qui était le meurtrier de la comtesse ; et
celle vie si belle, si pure, si animée, s’était éteinte sur un simple signe
d’un valet.
Le lendemain, l’affiche de San-Carlo portait une bande de deuil, avec
ces mots : Relâche par suite de la mort douloureuse de la comtesse Kra
Venosa. ,
LA MULO N 1ERE.
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