Full text |
(M. 4.)
ANVERS , Vendredi 4 JAMVIER 1889.
(Quatrième Année.)
ç.V S'ABONNE
Iï«re»'s, au Bureau du
tnrseiir, rue des Fa-
|ï(o 1095, où se trouve
fcoiteaux lettres et où
bai s’adresser tous les
WeBelgique el à l'étran-
gehez tous les dircc-
“i des postes.
]lParis, à l'Oflice-Cor-
pndance de Lepclle-
üourgoin et comp.*,
\!btre-Damc-des-Vic.
|N“ (8. 1
LE PRECURSEUR
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
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4 JANVIER.
DE LA RÉCIPROCITÉ ,
[propos des traités de navigation et de commerce.
Si un mot a été mis en avant, depuis quelques an-
« c’est bien certainement le mot réciprocité. Toutes
[fois qu’il s’est agi de modifications au tarif de nos
lianes, ou de conventions tendant à nous lier d une
bière plus intime avec d’autres peuples, ce mot n’a
Esé d’étre opposé comme une sorte d épouvantail, par
nains hommes, toujours les mêmes au reste, qui,
! plusieurs rapports, travaillent à tenir la Belgique
[nsTisÔlement. Le but principal de cette tendance à
(Hisser tout ce qui vient de l’étranger n’est pas tel-
Jent mystérieux, qu’on ne puisse en soulever le
lie, mais les chefs de ce système prétendent arriver
leurs fins,en s appuyant sur l’aveugle ef pusillaniihe
lésion de l'intérêt privé. Us attaquent avec adresse
[libre la plus chatouilleuse, et pour argument jettent
[s mots dont il est forl difficile de bien saisir le sens,
fîi est le mot réciprocité. Nous doutons fort que
Itaifcoup degens aient une idée bien précise de ce qu’il
Unifie l'éelleinent.
[On affecté eri’ëffet de donner au mot réciprocité
il sens tout-à-fait absolu. On voudrait que l’on ac-
ferilAt'précisément aux nations étrangères ce qu’ac-
|rde de son côté chacune de ces nations : ni plus ni
fcoins; qu’on rendit à chacune d’elles pour nous servir
[une expression vulgaire, non pas la monnaie de sa
[ièce, mais pièce pour pièce. Tout contrat fait à d’au-
tes conditiën s serait un contrat de dupe. Ainsi, par
peinple, on dit à la Belgique : gardez vous d’ouvrir
[os ports au pavillon français, car la France a 1 5,000
javirps, et c’est à peine si vous en avez 200. Il vous
trait donc impossible de soutenir la lutte. Puis on
Ire de celte inégalité de force, je ne sais combien de
lonséquences inégaleset l’on arrive à la phrase sacra-
Dentelle : il n’y a pas réciprocité.
Mais, de soncOlé. la France, ou toute autre nation
plissant de ressources à peu près équivalentes, ne
|erail-elle pas autorisée à dire : votre marine mar-
jltinde se compose à peine de 200 bâtiments : j’ollre à
Jeite marine la libre jouissance d'un immense littoral,
le douze Ou ^tinze ports parmi lesquels sept ou huit
lont dé premier ordre et présentent des ressources très
[ojisidéj’ùfiles; je lui ouvre l’accès d’entrepôts, d’où ,
[rice aux moyens qui me sont propres, s’effectue en
liverses contrées un rapide et continuel écoulement
Ke marchandises: eh bien! vous, Belgique qui n’avez
fcuère que cinquante lieues de littoral, qui en réalité
lie possédez qu’un port, que pouvez vous me donner
In Compensation, à moi qui possède 15,000 navires?
vos cinquante lieues de littoral et votre unique port !
■nais serait-ce là de la réciprocité’tandis que je vous
[ouvre un port , en raison de 10 ou 12 navires, vous
•lien ouvrez un pour quinze mille! Je serais certai-
nement dupe, si je souscrivais aux conditions d’un
lareil traité.
Certes,un tel raisonnement serait tout aussi logique,
our le moins, que celui auquel il serait opposé ; mais
i réalité chacun de ces raisonnements pèche par la
Feuilleton du Précurseur.
STJS.P.S7
ET LA BELLE QËBALDINE,
C'était le 20 mai 1536 ; le soleil se levait pâle et triste sur
la ville de Londres, et ses premiers rayons venaient éclairer
deux spectacles bien divers. Un homme au regard fauve sor-
tait de la Tour par une espèce de poterne et descendait dans
une barque en fredonnant d'un air de stupide insouciance les
dernières paroles d'une chanson populaire. Presque au même
instant les portes de fer de l’entrée principale s'ouvraient
pour laisser passer un cercueil, suivi d'un seul chapelain.
L'homme, c'était le bourreau de Calais ; le cercueil, c'était
celui de la rieuse et folle Boleyn.
Et tandis qu’à la Tour les valets démolissaient un échafaud
et repliaient ces noires tentures qui six ans après devaient se
déplier de nouveau pour Catherine Howard, à Westwinster
se préparaient des noces royales ; la somptueuse basilique
suspendait à ses dentelles de pierre des guirlandes parfumées,
cl au milieu d'une foule ivre de joie la douce et fraîche Sey-
mour allait présenter un front serein à cetle même couronne
détachée hier du front de la reine décapitée.
Veuf de la veille, aujourd'hui nouvel époux, Henri, aux
manières affables et au faux sourire, conduit Seymour sur co
trône où le bourreau est déjà venu chercher une télé et vien-
dra en chercher une autre ; car ce roi, que. dans scs angoisses
devant la hache affilée, Boleyn appelait gentle and merciful
(doux et bénin), .prenait volontiers le bourreau pour arbitre
dans sas brouilleriesconjugales, et de scs six épouses, Seymour
Mule mourut surle trône, sans doute parce qu'elle n'y vécut
qu'un an. ■ •
Voyez-vous, .en tête de la foule brillante des coartisans de
Henri, ce jeunehomme sur qui le roi laisse tomber des regards
bienveillants ? Il est blond , il est beau, il a seize ans ; c'est
Henri Howard ,-comic de Surrey ; la reine dont le sang est
tiède encore sur le billot de la Tour était sa cousine, et le
voilà en habits de fête aux noces de l'autre reine. Qui oserait
* la cour porter ledeuil de ceux que le maitre tue ? Sur le
front de Surrey se déploie un mâle courage , dans ses yeux
étincelle la flamme des poètes, et l'élégance chevaleresque de
son costume laisse briller des couleurs qui trahissent un mys-
térieux amour. Henri, comte de Surrey. avait passé sa pre-
mière jeunesse à Oxford, au collège du cardinal Wolsey, où
base, car ils S’appuient l’un et l'autre sur la récipro-
cité absolue, et sous ce point de vue, c’est un mot qui
n’a pas de sens, parce qu’il n’a pas de résultat possi-
ble. Si, en effet, avant de se lier entre elles, les nations
en venaient à compter le nombre exact de leurs navi-
res, celui de leurs ports, de leurs entrepôts, de leurs
négociants, etc.; à quelle époque, et en quel coin re-
tiré du monde trouverait-on deux peuples qui pussent
conclûrp un traité dont les conditions fussent absolu-
ment et parfaitement réciproques? Gela reviendrait à
poser en principe que jamais une petite nation ne doit,
pour le soin de sa fortune matérielle, consentir à for-
mer d’alliance commerciale avecune nation plus puis-
sante. Cètle doctrine a du reste été longuement déve-
loppée, mais les peuples seraient ils donc placés dans
des conditions tout autres que les individus dont ils se
composent ? Les hommes réunis seraient-ils essen-
tiellement astreints à de tout autres lois économiques
que les hommes isolés ? vraiment nous ne saurions le
croire. Nous pensons au contraire qu’il y a identité
parfaite de lois et de conditions, sous le rapport de la
fortune matérielle. Or, que se passe-t-il chaque jour
dans la société ? L’alliance du faible avec le fort ne
profite-t-elle’pas presque toujours beaucoup plus au
premier qu’à celui-ci? Il en est de même à l'égard des
nations, et nous en citerons un exemple, entre plu-
sieurs que nous pourrions choisir. Nous le prennons
de préférence, parce que précisément il s’agit de navi-
gation, et que l’intérêt de la navigation est celui que
l’on a cherché à mettre en avant, contre le traité con-
clu avec la France.
Il y a quelques années, le Danemarck a conclu un
traité de navigation avec les Etats-Unis, c’est-à-dire
avec la seconde puissance maritime du monde, avec
celle qui aspiré à être là première. Qu’était la marine
danoise, comparativèment à la marine américaine, si
ambitieuse dé se développer encore? C’était un nain
mis en parallèle avec un géant. Ce nain a-t-il été
étouffé? Nullement. Avant le traité, il était rare de
voir flotter le pavillon danois dans les ports des Etats-
Unis ; depuis le traité, on peut l’y voir, tous les jours,
arboré sur cinquante navires.
Le Danemarck eût pu dire aussi : moi, conclure
un traité de navigation avec les Etats-Unis! moi qui
n’ai qu’une marine sans importance, entrer en riva-
lité avec la seconde des puissances maritimes? Ce se-
rait folie. Les chances seraient trop inégales. Je serais
envahi, accablé; je succomberais nécessairement dans
la lutte. Mais il a eu la sagesse de ne pas donner au
mot réciprocité le sens que l’on cherche à lui appli-
quer en Belgique, et sa sagesse a été couronnée du
plus heureux succès. Espérons que l’on ne sera pas
plus aveugle en notre pays, et que,par crainte d'une
rivalité qui n’est redoutable que de loin, on ne fer-
mera pas, en quelque sorte, d’avance, l’entrée de tant
de ports où il ne peut maintenant aborder.
NOUVELLES DU LEVANT.
On écrit du Caire, l" décembre, qu’un attentat a été
commis sur la personne du pacha d’Egyple. Avant son
départ duCaire pour Scnnaar, un Turc,venu de Constan-
il s'était lié d’amitié tendre avec Henri Fitz-Roy,duc deRiche-
mond. fils naturel de Henri VIII. Les deux ainis ne se quit-
tèrent pas lorsque le roi voulut avoir près de lui son fils bien-
aimé ; tous deux virent s’écouler leur adolescense au château
de Windsor ; ils ne se quittèrent pas même lorsque Henri
confia, pour quelque temps, ce fils à François I'r, dont la
cour galante et poétique laissa de vives impressions dans l'i-
magination del'amide Richmond.
Mais la mort, qui ne respecte pas non plus l’amitié, avait
délié ces nœuds d’enfance ; la vie du jeune Richmond s’é-
tait flétrie dans sa fleur : le souvenir en resta triste et éternel
dans l'amc de Surrey. et le roi épancha sur celui-ci quelque
chose des tendresses qui survivaient au fils qu'il avait perdu.
La courd’Angleterre présentait alors un singulier spectacle :
on y faisait de la théologie comme à Wittemberg et des ma-
drigaux comme à Fontainebleau ; Henri disputait sur le libro
arbitre contre Luther et joûtait en gaie science contre Fran-
çois 1er. Avec l’humeur galante et les passions féroces , l’es-
prit aimable et le cœur corrompu . il trouva de l'amour chez
son peuple et des malédictions chez la postérité. L’histoire
tient peu de compte à un prince de brillants carrousels, do
tournois chevaleresques, de piquantes mascarades ; elle lui
sait peu de gré d’avoir composé des poésies d'amour et des
mots dévots , de sa courtoisie romanesque et de son luxe ma-
gnifique, s'il a commis tant de violentes spoliations, s’il a
dressé tant de bûchers , s’il a publié des statuts de sang
(bloody bills) pour forcer les consciences, si enfin il a fait pé-
rir dans les supplices soixante et douze mille hommes, pour
les contraindre à quitter la foi qu’ils avaient ou pour les pu-
nir de la foi qu’ils n'avaient pas.
Depuis la fameuse entrevue de Françoisl'rctde Henri VIII,
entre Andres et Guignes, en 1520, à laquelle on a conservé
le nom de camp du drap d'or, en mémoire de son éblouis-
sante splendeur; depuis la nouvelle réunion des deux cours à
Calais et à Boulogne, en 1532, la politesse, les magnificences,
le goût de la poésie galante et des jeux de chevalerie qui dis-
tinguaient la cour de France avaient fait quelque sensation
sur la cour d'Angleterre; les relations plus aelives et plus im-
portantes qui s’étaient établies vers le commencement du
siècle entre l'Angleterre cl l'Italie transportèrent aussi dans
la première de ces contrées les germes de poésie qui floris-
gnient II y avait long-temps dans la patrie de Pétrarque.
Pétrarque était depuis deux siècles le poète favori de l'Italie :
le peuple le lisait avec délices; les poêles l’imitaient avec
enthousiasme, tous professaient pour lui une espèce de culte.
Le Dante, cette divinité plus austère, avait moins d’adora-
tinople avait obtenu plusieurs audiences, enfin le pacha
lui lit dire qu’il n’avait pas le temps de le recevoir.
Méhémet-Ali sortit de son appartement quelques
instantsaprès, l’inconnu lui barra le passage et tira deux
pistolets de ses vêlements. Le pacha tira son sabre et se
jeta sur lui. Il fut bientôt arrêté. On ne trouva d’abord
à ce qu’il paraissait, aucun papier sur lui, mais on ap-
prit plus tard qü’il y en avait et qu’un Kava les avait
mis au feu. L’assassin fut jeté à l'eau, et le Kava fut
destitué et banni de l’Egypte. On ignore quel était le
contenu des papiers saisis.
NOUVELLES D’ALLEMAGNE.
Francfort , 25 décembre. — On ne doute guère dans
les cercles bién informés que les dispositions dü traité
du 15 novembre 1831, relatives à la question territo-
riale, ne soient mises à exécution dansles premiersmois
de l’année 1839. On assure que les visites que le prési-
dent de la diète, comte de Münch-Bellinghausen, a faites
aux coués de Dàrmstadt et de Wiesbadcn, avant son
départ pour Vienne, sont relatives à cette affaire. On
prétend que lés voyages du grand-duc héréditaire de
HeSse à Worms et à Carlsruhc n’y sont pas etrangers
non plus. Ce sera, dit-on, le huitième corps d’armée de
la confédération germanique qui prendra possession, au
nom de la confédération, de la partie du territoire cédé*
par le traité des 24 articles au roi Guillaume comme
grand-duc de Luxembourg. Comme les contingents des
grands duchés de liesse et de Bade forment précisément
la majeure partie de ce corps d’armée, le voyage à
Worms a donc eu pour but dé s’assurersi les régiments
d’infanterie qui tiennent garnison sont prêts à marcher,
et celui à Carlsruhe, de se concerter avec l’autorité mi-
litaire sur les opérations à faire en commun. .
{Gazette de Leipsick.)
Hanovre, 26 décembre. — On assure positivement
que là réunion générale des Etats aura lieu au mois de
février prochain.
Brrlin, 26 décembre. — On prétend que M. Flollwell
n’est retourné à Posen que pour annoncer à l’arche-
vêque un nouveau délai accordé par S. M. et à l’expira-
tiou duquel la sentence de la commission sera exécu-
toire.
ANGLETERRE.
Londres, 1er janvier. — Les ambassadeurs de Prusse,
de Turquie et de Russie ont travaillé aujourd'hui au
bureau des affaires étrangères.
—Des dépêches ont été expédiées aujourd’hui à nos mi-
nistres, résidants près les cours de Rruxclles et de La
Haye.
— L’ambassadeur de France a donné dimanche un
grand diner à M. Dedel, ministre de Hollande, au comte
Senfft, au comté Chabot, etc. ’
ESPAGNE.
On écrit de Madrid que tes démarches diplomatiques de
S. M. T. F. pour obtenir la reconnaissance de l'Europe sont
bien avancées. La nomination de Perez de Castro à la prési-
dence du cabinet espagnol dans ces circonstances parait coïn-
cider avec les négociations secrétes qui se poursuivent à ce
sujet. M. de Metternich impose comme condition de recon-
naître l’emprunt de don Miguel et de se soumettre à la supré-
matie du chef de l'église pour la réforme du clergé portugais.
teurs. et cet autre poète divin, l'Arioste, commençait à peine
à séduire les oreilles italiennes au charme de ses octaves
harmonieuses. L'influence de la manière de Pétrarque se
propageait alors en Angleterre, et donnait un tour nouveau à
la poésie des émules du vieux Chaueer, qui lui-même avait vu
l'amant de Laure aux noces de Violante, fille de Galeazzo,
duc de Milan, et du duc de Clarence, mais qui n'avait pas
un génie propre à l'imiter.
La nature avait doué de ce génie le jeune Howard, et l'a-
mour vint le lui révéler. Brillant cavalier dans les carrousels,
il y déployait déjà cette valeur chevaleresque qu'il devait
montrer plus tard dans de véritables combats ; courtisan plein
de grâce et d’élégance, poète tendre et passionné, il fixait sur
lui les regards de toutes les beautés de la cour de Henri VIII ;
une seule fixa les siens.
Belle et mystérieuse jeune fille, qui étaitdonc celle Géral-
dine, dont le nom. environné de tant de splendeur poétique ,
est resté si obscur dans l’histoire ? A peine sait-on si elle a
existé ; et elle est immortelle , tant la puissance de la poésie
est grande et merveilleuse.
La belle Géraldine,l’objet de tant de sonnets amoureux.étail-
elle enfant de Florence et de la famille de Géraldi, comme
l’ont dit quelques-uns ? était-elle fille d'honneur d’une reine
d’Angleterre, comme d'autres l’ont dit ? n'était-ellc pas plu-
tôt l'une des filles de Gérald Fitz-Geruld, comte de Kildare ?
Écoutons Surrey, si pourtant il faut croire aux poêles, et aux
poètes amoureux encore i
From Tuskane came my ladies worlhyrace ;
Faire Florence was sometyme ber ancient seate:
The westerne ylc, whose pleasant shore doth (ace
Wild Cambcr’s cliffs, furst gave her lively heate :
Fostrcd she was with milke of irishe brest....
a La noble race de ma dame tire son origine de Toscane;
jadis la belle Florenee fut son premier séjour. L’ile occiden-
tale dont le gracieux rivage regarde les sauvages écueils de
Camber lui donna le feu de la vie. et elle suça un lait irlan-
dais. Fille d’un comte et de sang royal par sa mère elle passa
en Bretagne ses tendres années parmi les enfants des rois.
C’est Honsdon qui pour la première fois l'offrit à mes yeux ;
c'est Hampton qui m'inspira l'ardent désir de la posséder ;
cl c'est Windsor, hélas! qui me bannit de sa vue. »
On a cherché le secret du poète dans scs vers amoureux; on
s'estsouvenu que la famille Fitz-Gcrald descend d’un Othcn,
issu des ducs de Toscane, qu’Honsdon-Housc était un château
bâti par Henri V111 dans l'Hcrfordshire, et où il fit faire l'é-
ducation de scs deux filles, Marie et Elisabeth, cl pcut-ctre
FRANCE. — Paris , 2 janvier.
CHBONaIQUE ET BRUITS DE SALON,
réceftïons. — Mardi au soir, les tambours et les mu-
siciens de la garde nationale de Paris et de la banlieue
et les tambours et les musiciens delà garnison de Paris
ont joué des symphonies et donné des aubades sous les
croisées du roi.
A huit heures, les dames du corps diplomatique ont
été reçues par le roi dans la salle du Irône. .
A huit heures et demie, S. M. a reçu le conseil d’Etat
dans le salon d’Apollon.
A neuf heures, MM. les commandants-adjudants des
châteaux royaux, le service de santé, MM Jesîntendaùts
et administrateurs de la liste civile , du domaine privé. ■
et les employés de leurs administrations , :ont été reçus
par le roi dans la galerie dé Diane. ’
A neuf heures et demie, la garde nationale cl la troupe
de ligne qui font le service au château ont été présen- -
tées à sa majesté par M. Le colonel Castres.
— Un nombre considérable de députés s'était joint
bier matin à la grande députation, à la tête de laquelle ,
marchait M, le président Dupin, frac noir, l'épée au
côté, le grand cordon de la Légion-d'Honneur par des-
sus Phabit.
Deux députés seulement, M. Guizot et M. Fould.
avaient revêtu l'ancien uniforme à|broderies d'argent.
Presque toute la gauche dynastique accompagnait son,,
chef, M. Odilon Barrot. Cet empressement inaccoutumé
n’est assurément pas sans avoir une certaine significa-
tion politique : il a été fort remarqué. M. Thicrs se
perdait dans les groupes.
l’adresse. — Le projet d’adresse, dont M. Etienne
s’est occupé depuis quelques jours, est prêt et il aurait
été lu aujourd’hui à la commission, si un contrordre
n’avait aujourd'hui même prévenu cette communication
qui ne tardera pas cependant à être faite à la Chambre.
La rédaction de l'adresse a élé soumise à quelques,
députés, amis intimes du secrétaire et voici oe: que
l’on a pu recueillir sur la nature de ces comniu
uicalions officieuses : le ton général de l’adresse est
conciliant, surtout au sujet de la question hotlando-
belge ; la coalition réserve ses plus violentes attaques,
contre la politique suivie à Ancône. Le contre-,ordre
dont nous parlionsferait supposer que ce projet d'adresse,
sera soumis à une révision.
un on dit. — L’attitude de la Belgique commence à
effrayer an peu la cour de Berlin , et l’on dit que cette
puissance n’est pas éloignée d’accorder un nouveau
délai à la Belgique pour l’exécution du traité des 24-
articles. Le bruit s’est même répandu depuis hier que
le terme de rigueur serait ajourné jusqu’au nvoi9 de
juillet.
voitures a paris. — Voici l'état exact des voitures
publiques et particulières qui sillonnent chaque jour
les rues de la capitale, en menaçant à tout instant la
vie des piétons.
Cabriolets, coucous, fiacres, diligences,
1 omnibus ,
Haquets, camions, tombereaux, charret-
tes, etc., .
Voitures à quatre roues de remises et bour-
geoises,
20,000
35,000
6,000
Total. 61,000
En 1813, ce chiffre ne s’élevait pas à 15,000.
nouvelles d’afrique. — Les lettres de Bonc du 20
Géraldine fut-elle élevée avec les jeunes princesses, ses ar-
rières-cousines. tandis que Henri Howard était élevé avec
Henri:Fitz-Roy,à Windsor.jCc fut dans lesjeux[d'un carrousel,
dans la folie de quelque mascarade, à Hamptou-Court, que
son amour prit naissance.
Trop jeune encore pour épouser Géraldine. Surrey voulut
distraire les chagrins d'amour par la curiosité des voyages et
les séductions de la poésie. Des vers délicieux, des aventures
romanesques, voilà sa vie d’alors. 11 se mit à parcourir l’Eu-
rope dans un train brillant et chevaleresque, chantant scs
amours en trouvère, soutenant en Amadis. et la lance à la
main, la beauté de sa maitresse, déguisant quelquefois, pour
plus de liberté, sa naissance et son nom sous la jaquette d'un
page. S'il faut en croire Tom Nash, dans sa vie imaginaire de.
Jack Wilton, le nouveau chevalier errant eut aussi son
enchanteur.
Dans ce temps-là errait de par le monde le fameux Corné-
lius Agrippa, philosophe paradoxal, médecin empirique, et
de plus magicien astrologue. Le hasard l'avait rendu posses-
seur en Espagne des manuscrits d'un Arabe nommé Picalrix,
médecin et sorcier du treiziéme siècle, et il mit à contribu-
tion la sorcellerie de Pieatrlx. L'ignorante superstition de ses
contemporains lui fit une grande renommée, même parmi les
princes, qui sc le disputaient II donna la préférence à la prin-
cesse, sœur de l'empereur Charles IV, pour laquelle il com-
posa un galant opuscule : De nobilitatc et prœcellentid fa-
mines sexûs, dectamaiin. L’un de ses ouvrages les plus connut
est un Traité de l'incertitude et de la ranitc des sciences, su-
jet forl raisonnable pour l'auteur d'un livre sur les sciences
occultes {De occulta philosophie libri 1res). Cornélius Agrippa
s'était avisé de lire dans les astres de victorieuses destinées
pour le connétable de Bourbon, traître à la France: et la .pré-
diction, que se charger de démentir une arquebusade du châ-
teau Saint-Ange, fit chasser de Franco le malencontreux do-
vin, mais ne l'empêcha pas de conlinuer à duper Iq monde
avec ses formules pour composer des talismans et des .par-
fums magiques. L'humeur et la renommée d'Agrippa sopt vi-
vement saisies dans ce portrait d’un pinceau, contemporain :
Aulli hicparcit; contenait, soit, nescit.ftet, ride», irascitur,
incitatur, carpit omnia. Ipso philosophas, dœnmn, bcrus,
Dcusctomnia. Voilà l'homme à qui l'on a donhé'un rôle
dans les aventures de Surrey.
Surrey rencontre Cornélius à la cour impériale ; dlqiénètre
dans ce mystérieux laburatoireoù le magicien commandait à
la nature et d’un mouvement de sa puissante baguette créai!
de fantastiques illusions, sœurs de lu réalité. Au milieu d'un* |