Full text |
Lihhü ft Swl'
Trenlc-septicmc année. - N° 232 el 233.
19 ct 20 Août 1872.
>n'(AÇt210ïXt
„as b«r.MMX «t <*he*
de
Anvers.......
U Rel-fiT»..
[,a Hollande.
par trim fr 1-2.50
] :
I trim. fl. "’s.-TO
>. sem. « 1*
( - an. « 32.—
* trim.tr.‘2?. —
. » . 22.-
LE PRECURSEUR
Ægexîts *
F Fmncp ..
L'Angtetarr
L'Allemagne.... » * * 1
Les Etats- TMs,, » " * >„
Brésil et Indos...
CH numéro »0 centimes.
Journal Politique, Commercial, Maritime, Artistique et Littéraire.
CHEMIN DE FER DE L'ÉTAT. - D’A
vendredi, 7.05, 9.15 jÇ: Is 2® et 3«cl. “ “
9kK» (»rar Malines et Bruxelles à 5 b. 55; 6.47 1
vendredi. 7.05, ?.15j& ]a 2° et 3«cl., 9;50, 10.50 E. 1« 2« et 3» eh, 12;35; 1.18, 3.15 E. I«.2*et
3*cl.,3.45,4.SÖ. 5.S0,7 J?. 1« 2» et 3* cl.,8.25,8.45,'W E. 1«, 8»et» cbifi.«Brus:) —Lterfê 8.-»
A.4Î, te vend., 9.30,12.35, 3.45,5.2», 8.25. - Termonde et Garni 5.50,9.50, 12.35, .145, 4.50 E.
1* 2e et » cl,, 8 • 45. — Alost 5.55.9.50;1.18,3..45.- Lokéfen5.55,9.50, 12.35, 4.50 E. 1«, 2» et 3*
.«s-rirlPATiniM c*., — Ninove, Gramra., Lessines, Atb par Brux.) 5.55, 9.50, 1.18, 3.45. 7 E. I», 2» et 3'
PAIEMENT I AB ANTlLlr A1 ION ci (Ninove).- Bruges, Ostêfidè,5.55,9.50, 10.50.3.45, 4.50 E. 1« 2» et 3» cl. —Courtrai.Mous-
~ cron,Tournai et Lule5.55, 9.50,12.X5, 3.45.4.50 E. 1», 2e et 3® cl. - Calais 5.55. 12.35, 3.45E.
gTOILE BELGE.
Pour la ville et la bant Une :
Le prix de rationnement à l'Etoile
Beloe'parl’entremise titt Précurseur
98t(U 4 francs par trimestre.
------------......................... , -------- Calais ;
1« et 2»Cl., 4.50E. 1« et 2« cl. — Louvain5.55,9.15 E. 1«, 2e et 3» cl., 9.50,12.35,1.18, 4.50, 7 B.
2"ct 3« cl., 8.25,10®. 1« et2« cl. — Tirlemont, Liège et Vervier» 5:93, 9-15 E. R cl., 9.50,
...... ‘ ' Tirlem.),10Æ. 1» et 2édi.-Landen 5.55,9.50.12.35,4.50.-Spa
. --------- Allemagne, départ 6 h., levée de la boite 5.15
matin : départ 4.50, boite 4,15 aoir ; depirt 10 h., boîte 9.15 soir.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE. [Ligne de Hollande). - Départ» d’An-
vers à 7.35,10.20 matin, 3.37, (6.20 soir vers Roosendaal, Breda et Moerdyk).
12.35,1.18^ 4.50, 7, (8.K jusque TirlenL), 10j
5.55,9.15 E. I« 2» et 3» cl., 9.50, 12.35,4.5).
P, A. DELA MONTAGNE,
DIRECTEUR-GÉRANT,
Bureaux g rue de l’AolnuSii, 1, Anvers.
LIGNE DE LOUVAIN : Départ d’ANVERS vers Lierre, Aerscliot, Louvain, Ottignies, Char-
leroi. Châteliueau, Vireux. Givet, Cbarteville, Reims, Paris,Namur, Arlon, Luxeinb., Trêves
tearOttianieS) 7.19,9.35. 1.45, 5.35 (Chàtelineau) 8.17 (Louvain). — LIGNE DE HASSELT :
Départ iTAnvers pour Diest. Hasselt. Maestricht et Aix-la-Chapelle 7.19, 9.35,1.45 et 5.35.
— LIGNE DE TILBOUR© : Départ d’ANVEKS pr Turnhout. Tilbourg, Eindhoven et Vénlod
(vià Aerschot) 7.19, 9.35, 1.45 et#.35 soir. — LIGNE DE LIERRE A TURNHOUT: Départ
d'ANVKRS pour Lierre, Herentbals et- Turnhout 6.55, 11.05 et 5.45 soir.
CHEMIN DE FER DU PATS DE WAES. - D’AnVéks 4.40, 7.15, 8.50*, 10.50, 1.50,
3.50*, 6 50, 8.50. — De Gand 4.25, 7,9.25*. 10.40,2.20, 5.30*,6.30, 8.40.
BATEAUX A VAPEUR. — Départs'd’ANVERS (Veerdam) pour Boom 7, 9, lt, 3, 5.30;
pour Hamme, 8h. matin; pour Rupelmonde 7, 8- IL 3, 5.30,7; pour Fort Frederick 6 h.
soir. — Dé Boom pour Anvers 6, 9, 11.2.5. — Dé HaMmé pour Anvers 1 h. après-midi. — De
Rupelmonde pour Anvers 5.30, 0.30,9,30.11.30, 1.45, 2.30, 5.30. — De Fort Frédérics
pour Anvers 6 h. matin.
HOLLANDE,JL H- Nljeiî A VAN DîT-
MAY.àRrflerdam, et tous les Di-
recteurs de postes du royaume.
paris, Havas, Lafitte, Bulliss
et Cie, Place de la Bourse, 8.
Londres, Drlizy Davies et Cle, î,
Cecil Street,Strand, et A. Madrio»
13, Taviitock Row, Govent Gsr
den.
Insertioiis.
Annonce» la petite ligne' de vlngl
cinq lettres...........fr.0.23
Réclame» (flndujonm.) lalig.» 0.75
Faits divers.... » » 1.50
Rubrique An vers...,/, » » 2.50
W Les annonce» «ont mesurées
au Iignométre. Les titre» *e patent
d'aprè* l’espace qu’ils occupent.
RESUME POLITIQUE.
t,es partis monarchistes en France avaient espéré
nue l’opinion républicaine aurait profité clés vacances
parlementaires pour entreprendre une campagne d’a-
îritation contre 1 Assemblée, c'est-à-dire contre la sou-
veraineté nationale elle-même. Ils en sont pour leurs
frais d’espèrantes qui, fort heureusement pour le pays;
ne se réaliseront pas. Le plan de conduite arrête par
l les principaux organes républicains est de s’imposer le
■ devoir rigoureux de s’abstenir de tout acte, de toute
I démarche qui püt exposer le parti au soupçon seule-
I ment, de vouloir agiter le pays. La campagne donc que
fera l’opinion républicaine, sera une campagneultralé*
gaie conduite par les mandataires mêmes du suffrage
universel. Elle se fera dans les conseils généraux qui
se sont ouverts hier dans toute la France, et elle aura
exclusivement pour but un double vœu en faveur
■ del’instruction obligatoire et laïque et de l'impôt sur
le revenu. Nousne pouvons qu’applaudir à cette déci-
sion de l’opinion républicaine; il importe qu elle ne se
compromette pas dans une agitation inutile, et son
attitude présente semble être une garantie pour son
avenir.
r La Nouvelle Presse libre de Vienne vient à son tour
de se joindre aux feuilles qui cherchent à deviner le
motif de l’entrevue des trois empereurs. Selon elle, la
participation de l'empereur Alexandre à la réunion
de Berlin ne serait pas autre chose qu’un désaveu for-
mel des opinions pan.slavistes : « L’an dernier, dit le
journal viennois, à l’occasion de la fête de Saint-
Georges, le gouvernement Tusse a déclaré ouverte-
ment qu’il ne voulait pas entendre parler du pansla-
visme; il a fait cette déclaration en reconnaissant
que la bonne entente avec l’Allemagne était une garan-
tie de la paix européenne. En preuant part à l entre-
vue de Berlin, le gouvernement du czar fait encore
plus : il fait le contraire de ce que désiraient les pans-
iavistes. Les pansiavistes veulent que la Russie soit
ennemie de l’Autriche, mais le czar opère, avec l’aide
de l’empereur d’Allemagne, un rapprochement amical
de la Russie et de l’Autriche. Le gouvernement du
czar, en se réconciliant avec l’Autriche, à laquelle il
a été longtemps hostile, agit dans un sens diamétra-
lement opposé aux utopies pansiavistes, C’est pourquoi
la résolution de l’empereur Alexandre doit être consi-
dérée comme tout à fait sincère et exempte de toute
arrière-pensée... La protestation du czaractuel contre
le panslavisme est un événement des plus heureux
pour l’Europe. «*
Une correspondance de la Pull Mail Gazelle nous
apporteenfinaeü éclaircissements sur l’invasion de l’A-
byssinie par les troupes égyptiennes. Deux fois, l’année
dernière, le territoire égyptien avait été envahi par
des sujets du prince Kassa, qui enlevèrent 600 habi-
tants, nommes, femmeset enfants, qu’ils avaient réduits
en esclavage, emmenant aussi les bestiaux et levant
des réquisitions en nature et en argent,
Depuis plus de six mois, le gouvernement égyptien
avait vainement demandé satisfaction. Ce n’est donc
pas l’Egypte qui a attaqué l’Abyssinie, mais bien l’A-
byssinie qui est venue dépréder sur le territoire égyp-
tien. L’Egypte n’a fait quese défendre.
Le roi cl’ Espagne continue son voyage triomphal.
Samedi dernier il a débarqué auFerrol où il a été reçu
avec enthousiasme.
Les carlistes, cependant, nî négligent aucune occa-
sion pour se remuer et braver l’opinion publique. Ainsi
des lettres dePampelune signalent, des faits regretta-
bles qui onteulieu dans cette ville pendant une course
de taureaux. La musique ayant joué l’hymne de Gari-
baldi, les carlistes presents se livrèrent à des manifes-
tations hostiles et voulurent faire taire les musiciens,
tandis que les libéraux, au contraire, applaudissaient.
L’alcade dePampelune essaya d’intervenir pourame-
ner une entente, mais sans succès. Il y eut des rixes
I à coups de bâton, l’alcade lui-mème fut atteint. Les
choses ne se bornèrent pas là. Vendredi, 16 août, l’al-
I cade a été assailli dans une rue de Pampelune et sept
coups de fusil ont été tirés sur lui sans cependant l’at-
teindre.
Pour petites qu’eiles soient, ces manifestations ne
laissent pas que d’irriter outre mesure l’esprit des
populations et les carlistes, bien et dûment convaincus
ue l’impossibilité de leur réaction, devraient être les
premiers à ne pas provoquer des incidents dont ils
portent la responsabilité.
On donne comme probable que le prince Humbert se
; rendra en Espagne, après les manœuvres de Somma,
pour rendre visite à son frère, le roi Amédée.
Le scenario étant monté et les rôles répartis,
J Escaut, à son tour, sort des coulisses, déguisé
en jialadin et prêt à s’ériger en grand justicier.
D’une indignité dont le mépris public a déjà fait
pleine justice, l’organe émérite des insüjteurs de
la royauté se fait une arme, une massue dont il es-
père nous assommer, tous tant que nous sommes.
Pour être plus perfide que celle de son compère
le Journal d'Anvers, la manœuvre de YEscaut
n’en est pas moins visible à l’œil nu et aussi inepte
dans le fond que ridicule dans la forme.
Un petit journal flamand de cette ville, avant sa
rédaction personnelle, ses idées personnelles, son
style personnel, sa responsabilité personnelle ; un
journal qui n’a d’autre mission que celle de publier
les appréciations tout à fait individuelles de ses
■mds rédacteurs ; un journal qui ne représente ni
parti, ni société, ni opinion politique proprement
T.s'avise l’autre jour d imprimer une gros-
à l’adresse de la personne royale... Aussi-
tôt le ban ei l’arrière-ban de nos meetinguistes de
tomber dessus comme sur une trouvaille et d’en
rendre responsables, d’abord la Ligue des Gueux
et, par ricochet, toutes les fractions unies du libé-
ralisme anversois !
Ce serait méchant, si ce n’était absurde.
Il nous souvient d’une * machine r électorale
extrêmement ordurière qui s’imprimait ici lors de
la periode que nous venons de traverser et qui,
sous le titre de Aan de Kiezers, déversait quoti-
diennement sa bave sur toutee que Je parti libéral
compte d'honorable en notre ville, et ce en l’hon-
nenr et à la glorification des hommes du Meeting,
lesquels, constatons-le à leur honte, ne se sou-
ciaient pas de désavouer les turpitudes qui s’éta-
laient dans le susdit pamphlet. Qu’eût dit YEs-
cmt si nous l’avions rendu solidaire, lui et son
parti, des ignobles élucubrations de cette feuille
qui arborait de telle façon la cocarde du Meeting ?
Il nous eût traité d’insensé tout court.
Mi bien, il nous donne aujourd’hui le droit de
le traiter do la sorte;
.M. Vander Taelen déclare publiquement que la
Digue des Gueux n’a rien à voir dans ce qu’im-
i nme le \ ooruil, ce journal n’étant rien pour la
mil11 i ueux* L’honorable président ajoute
La s Lüeüx sauront, prouver qu’ils sont des
îonnetes gens, à convictions fortes, sincères et
uevoues au pays. » Rien de tout cela ! L’Escaut
hiûrveulent* Ua.s a*nsi. Un inconnu, remarquez-le
_ a commis une’bévue, une chose désavouée
vilwL 6 mon,le,-- eurekà ! tout un parti en de-
ccsponsable, solidaire ! Onriglisse dans la
ne a un journal étourdi,plais isolé, une infâmie.
quelconque; ôe journal édite cette infâmie à l’insu
même de sa rédaction... bonne aubaine! la
royauté est insultée ! Par qui ? par cet inconnu ?
Non pas, partout le libéralisme anversois! Le li-
béralisme anversois devient responsable de la
situation; il va falloir tirer cela aû clâir ; les
autres fractions du libéralisme anversois vont
s empresser de crier haro sur la Ligue des Gueux ;
ceux-ci régimberont et nous aurons la dissolution,
la discorde!..
' Commec’est puissant de logique et d’argumenta-
tion, n’est-ce pas?
Surtout venant de Y Escaut, qui, le 3 août, 1868,
reproduisait avec amour et faisait sienne la phrase
suivante d’Un jôürnal bruxellois décédé depuis :
L’ÉRECTION DE LA STATUE DE LÉOPOLD Ier EST LE
SYMBOLE DE l’OPPKESSION DES COMMUNES ET DES
PEUPLES !
Et aujourd’hui le même Escaut prétend sè
poser en défenseur de la royauté outragée et nous
accuser de vilénies qui ne peuvent nous attein-
dre, alors que lui se faisait l’insulteur public de
la même personne royale au nom et sous la respon-
sabilité de tout son parti !
En vérité, si c’est ainsi que vont procéder nos
adversaires pour nous désagréger,force nous est de:
tirer l’échelle dès leur début.
La papauté et les événements.
Notre presse ultramontaine cherche à pallier l’effet
qu'a produit la dépêche vraie ou apocryphe du cardinal
Antonelli, portant qüe celui-ci âupalt déclaré qu’il
donnerait sa démission si le Pape commuait à garder
une attitude hostile envers le gouvernement italien.
La situation, cependant, des affaires papales exige
une solution. A son tour, le Daily Neios s’en occupe
et nous apporte aujourd’hui le remarquable article
qu’on va lire.
Se no è vero è bene trovalo, dit le journal anglais
en parlant de cette dépêche. Le cardinal Antonelli a
toujours été plus homme d’Etat que prêtre, tandis que
chez Pie IX c’est le contraire. Antonnelli a attendu
les événements, Pie IX espérait des miracles. Les mi-
racles ne sont pas venus, mais les événements ont
marché d’autant plus vite; Depuis 14 ans, tous ont été
contre la papauté, aucun pour.
Après que les derniers embrjrons de 1848 lassent
extirpés, le pape parut trois fois solide et inébranlable.
Il avait repris possession de ses Etats; les troupes
autrichiennes soutenaient son autorité temporelle ; il
était au mieux avec Napoléon III qui avait épousé
une dévote : A Vienne un concordat lui donnait de
grands pouvoirs.
La Prusse avait pour le pape restauré une courtoise
déférence.
La Reine d’Espagne était sa fille aînée. En Angle-
terre on ne le maltraitait pas trop. En Piémont seule-
ment, il restait de l’opposition aux demandes papales.
Mais ce ruisseau devint le torrent qui balaya l’Etat
pontifical.
La guerre de 1859 libéra le Nord-Italie et enleva au
pape ses provinces septentrionales ; les événements de
1860 lui prirent ses provinces centrales et son allié
François II ; la guerre de 1860 donna la suprématie
à l’Allemagne protestante et l’Autriche dut se libéra-
liser et révoquer le concordat; les événements de 1870
terrassèrentla France, donnèrent Rome à l’Italie et
érigèrent une nouvelle grande puissance protestante
sur les ruines de deux empires catholiques. En Es-
pagne un Italien hostile a remplacé la Reine bour-
C’est là une succession d’événements purement poli-
tiques, qui tous condamnent la politique papale. Il fut
un temps où la papauté aurait pu s’éviterces désastres,
mais elle s’est, surtout dans les derniers temps, ingé-
niée à gâter ses affaires.
Au lieu d’accepter l’empire d’Allemagne comme un
fait accompli, il y a eu une croisade contre l’Alle-
magne ; en Espagne, le nouveau roi trouve en chaque
prêtre un ennemi. En France, les alliés du pape sont
les légitimistes, qui perdent du terrain chaque jour.
Et voyez l’ironie des événements. Au moment où le
pape se'fait déclarer infaillible dans l’ordre spirituel,
il disparaît dans l’ordre temporel. Déjà le syllabus
avait provoqué les craintes et l’hostilité des souve-
rains, voici l’infaillibilité qui provoque le schisme.
Les protestants anglais, se plaçant au point de vue
du catholicisme, ne voient pas d’humiliation pour le
pape, dans le changement quis’estopéré, et si le déclin
de son pouvoir temporel atteste la vérité et le triom-
phe de l'église, grande est la victoire du pape. Il n’a
plus de vaisseaux, plus d’armée, plus d’épèe; il ne dé-
pose plus les rois, il n’est plus qu'un prêtre régnant
sur les consciences d’un nombre d’hommes qui va en
diminuant.
Notre histoire, continue le Daily News, a été
pendant des siècles la lutte pour la restriction de fac-
tion du prêtre au domaine exclusivement spirituel ;
mais il est difficile pour les avocats de Rome (l’ac-
cepter une situation qu’ils repoussaient avec véhé-
mence.
Et cependant pourquoi le pape, suivant l’ordre
d’idées d’Antonelli, n’adapterait-il pas son système à
l’Europe nouvelle ? L’Eglise catholique en Espagne, en
Autriche, en Allemagne, en Italie, en France est un
peu ce qu’elle était, il y a quelques années, en Angle-
terre. en Irlande et aux Etats-Unis. Sauf les Jésuites,
les urètres seront dans tous ces pays parfaitement pro-
tèges dans leurs droits, mais on ne leur permet pas de
conspirer politiquement.Plus d’autorité sur l'Etat, plus
d’alliance avec lui ; mais leur influence sur les esprits
des hommes, des femmes et des entants ne sera que
peu ou point diminuée.
Pourquoi le pape ferait-il à l’Espagne, à l’Italie, à
l’Allemagne nouvelles, une guerre qu’il n'ose déclarer
à la France ni à l’Angleterre ?
Le clergé catholique romain peut rester une grande
puissance' dans beaucoup de pays, mais ce ne sera
qu’à condition (le beaucoup apprendre et de beaucoup
oublier; ainsi il faudra une génération pour faire ou-
blier aux Italiens le temps où Autrichiens et prêtres
étaient alliés contre eux.
Les premiers principes de cette Eglise et de bien
d’autres ont une teinte républicaine; l’Eglise proclame
Légalité entre les hommes, elle repousse le gouverne-
ment héréditaire, elle estadministréepar un président
élu; elle embrasse toutes les nations, absolument
comme la République universelle. En 1848, ces prin-
cipes furent préconisés en chaire et l’on vit desprètres
républicains bénir les arbres de la liberté. Depuis, la
démagogie s’étant séparée de Dieu, il n’est plus à crain-
dre que le pape se montre révolutionnaire; mais (îâç
contre, si l’Eglise est guidée par des politiques pru-
dents et, non fanatiques, elle pourra regagner quelque
chose de sa grandeur perdue.
Des églises séparées se rapprochent plus ou moins
de Rome, en présence du scepticisme moderne, qu’elles
considèrent comme plus dangereux que les erreurs
de Rome. Rois et empereurs, séparés du pape, sont
cependant prêts à le, traiter avec déférence, mais à
condition qu'il soit pape et pas autre chose.
11 peut donc sortir de la faiblesse de la papauté, une
certaine forcé si la politique d’Antonelli remplace le
système de Mérode. Le remplacera-t-elle? voilà la
I question.
I.e conseil communal de Mon s est saisi d'une proposition
doM. Charles Delnest, ayant pour objet la sécularisation
complète du personnel des hospices.
Voici le résultat du ballottage qui a eu lieu aujourd’hui à
Verviers pour le choix de six conseillers communaux !
Votants, 1355 ; suffrages nuis, 5.
M. Fléehet, a obtenu 637 voix.
>L Çllivier Hauseur 690
M. Dedyn 646
M. Mallat’ 661
M. Ponty 678
M. Lambotte 637
M. Biolley 705
M. Dubois 701
M. Duesberg 702
M. Losleyer 703
Eh conséquence, MM. Biolley, Dubois, Duesberg Loslevety
Olivier Hauzeur et Ponty ont été proclamés conseillers
communaux.
Les quatre premiers appartiennent à l’opinion cléricale ;
les deux derniers à l'opinion libérale.
Les cléricaux ne portaient que quatre candidats; tous
les quatre ont réussi.
Par contre, les libéraux n’ont fait passer que deux de
leurs candidats. ,
Le nouveau scrutin de ballottagne ne modifie le résultat
de l’élection du 1er juillet qu'en un seul point ; M. Fléehet,
libéral, eslremplacé par un autre libéral, M. Ponty.
Les partis conservent leurs positions ; les libéraux, les
progressistes et les cléricaux ont chacun sept sièges au
conseil,
M. Guillaume Fléehet, candidat de l’Association libérale,
a été élu aujourd’hui sénateur del’arroudissement de Liège
en remplacement de feu M. Déliassé deGrand’Hy. Il n y
avait pas de lutte.
Le ballottage de Lokeren et les scrutins des hameaux
sont fixés au samedi, 25 août.
Décisions (lu gouvernement en matière
électorale. , u
Des arrêtés royaux, en date du 16 de ee mois, statfcent
comme suit sur les pourvois des gouverneurs relatifs aux'
élections communales : -
Lneken. — Sont proclamés élus au premiertour de scru-
tin ; MM. Franeman, Liekens, Van Volxem, DuJardin-Dan-
saert et Louis Claude.
Il sera procédé à un scrutin de ballotage pour l’élection
de six conseillers entre MM. Bockstael, Verhoeven, Con-
stant Iîerry, Jacobs-Fontaine, Charles Ilerry, Hamelrarh,
Steyls, Vander Aa, Petit-TuerlingS, Van Sauten, De Bau-
clle et Sraekens.
Aerseele. — Les élections sont validées.
Cortenaehen. — Idem.
Bierbeek. — Sont proclamés élus conseillers communaux,
pour la 1™ section de la commune de Bierbeek : MM.
Evers, Struy.f père et Steno, aux lieux et place de MM.
Boghe, Lonbeek et Steeno, proclamés par le bureau électo-
ral, et pour la2e section, MM. Gods, Bosmans,.Jaeqmotte,
De Fillet, Denonvilleet Van Goidsenhoven.
Seraing. L’élection de M. Louis Urbach est validée, ce
citoyen possédant la qualité de Belge que la députation
permanente lui a contestée.
Thourout. Les élections sont validées.
Inauguration
DES PEINTURES MONUMENTALES DU VESTIBULE DU MUSEE,
EXÉCUTÉES PAR M. N. DE KEYSER. — INAUGURATION IJE
LA NOUVELLE BOURSE D’ANVERS, CONSTRUITE PAR M. L’aR-
CHITECTE SCHADDE.
Dans la situation politique actuelle, en présence
d’un Conseil communal qui cesse ses Ibnctions dans
quelques jours et qui, après plusieurs années d’opposi-
tion à certains projets de l’ancienne administration
libérale, était appelé à inaugurer des œuvres excep-
tionnelles décrétées par cette dernière, les fêtes d’hier
n’ont pu voir se produire l’élan sympathique et una-
nime qu’eiles avaient le droit de provoquer. Dans les
préparatifs mêmes il y a eu de la part, des autorités
une sorte de tiédeur qu’explique, sans la justifier, la
position d’hommes publics auxquels la majorité des
citoyens a retiré sa confîance.Les invitations à l’étran-
ger n’avaient pas été faites, de nombreuses obligations
en ville même avaient été négligées, et, notamment en
ce qui concerne l’inauguration ne la Bourse, les corps
constitués du commerce n’ont, pris aucune part aux so-
lennités du jour. Il n’est pas difficile de prévoir que les
fêtes d’hierdoivent avoir un lendemain,et qu’elles l’au-
ront, — un lendemain brillant dû à l’initiative des
citoyens eux-memes, heureux d’agir à côté d’une nou-
velle administration capable de comprendre leurs as-
pirations et de s’y associer.
Du reste, c’est encore cette initiative privée qui a
comblé hier les lacunes laissées dans l’organisation
des fêtes par les mesures officielles. Autour de M.
Delcour, ministre de l’intérieur, de M. le chevalier
Pycke, gouverneur de la province, de M. l'échevin
Van den Bergh, faisant fonctions de bourgmestre, sont
venus se grouper en grand nombre des artistes et des
amis,anversois et étrangers, désireux d'acclamer dès
le premier jour de leur apparition dans le domaine pu-
blic, deux œuvres admirables qui seront un honneur,
aux yeux de la postérité, pour la Belgique du 19®
siècle.
Parmi les personnages de distinction présents nous
avons remarqué entr’autres M. Bellefroid, directeur
des Beaux-Arts, M. Savile Lumley, ministre d’An-
gleterre à Bruxelles, M. Alvin, M. Éd. Fétis, M. le ba-
ron de Fierlant, M. Ed. Didron, de Paris, M. le géné-
ral hollandais de Ceva, M. Meyers, général du génie
belge, AL F. Pauwels, M. Chauvin, directeur de l’Aca-
démie de Liège, AI. Lamorinière, vice-président de la
section des arts plastiques du Cercle, AI. G. De
Braekeieer, M. J. De Braekeleer, M. Cluysenaar, M.
Em. Geelliand,vice-président de la Société des Beaux-
Arts, des membres du Cercle artistique et le corps
professoral de l’Académie.
Mais ce n’est ni les solennités d’hier, ni celles qui
pourront suivre, qui feront là renommée des œuvres
qui viennent, d’ètre inaugurées.Elles parlent par elles-
mêmes ; c’est par leur valeur intrinsèque, véritable
qu’elles s’imposent à l’admiration. Dès maintenant
l’opinion publique a proclamé plus haut que ne pour-
raient le faire les récompenses et les distinctions offi-
cielles, le succès éclatant des deux artistes anversois.
Hier midi, lorsque pour la première fois le vaste
travail de AI. De Keyser est apparu aux regards impa-
tients et curieux du public réuni dans le vestibule du
Musée, il n’y a eu qu’une voix pour célébrer la beauté
de l’œuvre et attester l’impression profonde qu’elle
produit grâce à la noblesse de la conception et aux
grandes qualités d’exécution. Ce n’est pas ici le mo-
ment de faire une étude développée de cette œuvre ;
nous l’entreprendrons dans un travail spécial ; mais
nous sommes d’accord avec le public pour nous incli-
ner devant le talent qui éclate à chacune de ces fi-
gures historiques tracées de main de maître sur les
parois du vestibule du Musée. Une émotion de vie les.
pénètre,le sentiment de ladignité de l’art vibre en eux
et domine sur les faiblesses de leur nature humaine,
elles sont là, vivantes, pensantes, préoccupées du sil-
lon lumineux qu’elles creusent dans l’histoire de l’art,
— la meilleure part de l’histoire de la patrie et de
l’humanité. Et le cadre où elles se meuvent est im-
mense, ce sont toutes les annales de l’école d’Anvers
qui s’y déroulent ; mais, le souffle de l’inspiration
est partout, la puissance de la vérité imprime son
cachet à l’œuvre,et les groupes se relient dans un en-
semble des plus harmonieux.
Le jour où un artiste.après plusieurs années consa-
crées tranquillement et modestement au travail, ar-
rive devant son pays avec une œuvre pareille, il fait
plus que de mettre le sceau à sa réputation, il rend à
l’humanité le service très-grand de prouver que les
voies larges et élevées de l’art restent ouvertes à ceux
qui ont lé courage de s’v lancer et la force d’v per-
sévérer.
Les hommages qui ont été rendus hier à M. De Key-
ser n’ont donc été que l’expression bien légitime de là
reconnaissance de ses concitoÿeiïs. ..
C’est d’abord M. Van den Bergh, agissant Comme
bourgmestre, qui l’a remercié au nom de la ville.
Ensuite M. Delcour, ministre de l’intérieur, dans la
simple forme officielle ordinaire, a lu un arrêté royal
qui élève M. Dé Keyser au grade de commandeur"de
1 ordre de Léopold. Nous n’avons pu saisir les quel-
ques mots de réponse du directeur de l’Académie; nous
espérons pour sa dignité d’artiste qu’ils n’auront pas
témoigné d’une gratitude trop vive pour une récom-
pense que vingt ans de travaux dans la carrière de
l’art et de renseignement, depuis qu’il est officier de
l’ordre, n’ont que trop justifiée.
Al. d’Hàne-Steenhayseu échevin des travaux publics
a pris à son tour la parole en cés termes ;
Messieurs,
I.’hoaorable chef de l’Administration communale, — au
nom de la population anversoise,— vient de rendre au
directeur de notre Académie un grand et légitime hom-
mage !
Alors qué tant de faux savants et tant de célébrités dou-
teuses s’efforcent de se faire une réputation d’emprunt ;
—alors que dans toutes les branches de l’activité humaine
la suffisance tapageuse est devenue le moyen le plus géné-
ralement employé pour tromper et éblouir’la foule, — il est,
à la fois, indispensable et consolant, de rendre justice au
mérite sérieux, — de faire l’éloge du véritable talent, — et
de signaler au monde entier les œuvres que le génie de
leurs auteurs a créées, pour l’iionneur de l’humanité !
Certes, le musée d’Anvers renferme des beautés artis-
tiques incomparables, — et les ainés de M. De Keyser y
ont laissé la trace lumineuse de leur immortel passage !
— Mais, — nous pouvons le constater à cette heure, — et
la postérité consacrera notre jugement, — les peintures
magistrales qui nous entourent forment une préface digne
des chefs-d’œuvre de Rubens, de Van Dyck et de cette
pléiade de peintres qui ont porté si haut la renommée de
l’Ecole flamande !
Ah ? Alessieurs, j’avoue franchement que je me sens pro-
fondément ému, à la vue de ces toiles magnifiques : "
Cette émotion,à laquelle aucun de nous ne pourrait,ni ne
voudrait se soustraire, — n’est point due seulement à l’a-
mitié vive et sincère, — que je professe pour l’éminent ar-
tiste que nous honorons en ce moment ; — elle est surtout
le résultat des sentiments nobles et généreux qui remplis-
sent l’àme d’enthousiasme, lorsqu’elle subit l'irrésistible
influence de tout ce qui est beau, — de tout ee qui est vrai !
Tous, nous savons ce qu’était ce vestibule, il y a quel-
ques années ; — .nous l'avons connu froid, sombre et sans
caractère. — Maintenant, il nous apparait plein de vie, —
plein de lumière — et, laissez-moi le dire, — plein de
gloire !
Quoi de plus glorieux, en effet, que de voir revivre,
autour de ce nouveau Musée, où les ont réunis la pensée
et la main du maître, tous ces grands génies qui ont illus-
tré notre pays, et dont l’influence a été, et demeure encore
si grande au dehors !
On se les attachait à Rome, à Bologne, en Allemagne,
en Angleterre et en France ; partout, princes et peuples les
honoraient et proclamaient leur supériorité !
Ici, berceau de leur grandeur, il manquait un monu-
ment, élevé à la mémoire de nos peintres, de nos sculp-
teurs, de nos graveurs et de nos architectes illustres !
Aujourd'hui, Messieurs, ce monument existe, — il est
achevé, et l’admirable conception de M. De Keysér a fixé,
à tout jamais, sur ces murs, le souvenir des gloires artisti-
ques de la Belgique !
Je m’arrête ici, Messieurs, pour ne point fatiguer votre
bienveillante attention.
J’ai tenu à joindre ma voix à la vôtre, pour célébrer,
avec vous, le succès du directeur de l’Académie d’Anvers !
Je me suis fait un devoir d’adresser ces quelques paroles,
parties du cœur, à l'homme sympathique, à l’ami et au
grand artiste dont nous voyons d’ici les traits, modestement
reproduits, presque cachés même, dans un coin d’une de
ses plus belles pages !
Mais, qu’il le sache bien, quelque grande que soit sa mo-
destie, il fait partie, désormais, de cette brillante assem-
blée!
Non-seulement ses contemporains lui assignent cette
place, mais il me semble voir ses illustres devanciers,
confirmer avec bonheur, le jugement que nous portons
aujourd’hui !
Honneur donc à De Keyser, Messieurs !
Honneur au directeur de l’Académie d’Anvers dont
l’œuvre continue si glorieusement les belles traditions des
maîtres de St-Luc !
Après ce chaleureux discours, un hommage spécial
a été rendu à M. De Keyser par le corps professoral de
l’Académie, au nom duquel M. Beaufaux a prononcé
le discours suivant !
Messieurs,
Le couseil professoral de l’Académie d’Anvers a délégué
à l’un de ses membres les plus obscurs l’honneur de parler
ici en son nom ; il est vrai que-cette tâche devient facile
quand tous n’ont qu’une pensée et qu’une opinion. Des voix
autorisées viennent de féliciter à bon droit M. De Kévser
du travail magnifique que nous inaugurons; permettez-
nous, à notre tour, de remercier notre éminent directeur
pour l’honneur que son sueeès fait réjaillir sur notre Aca-
démie. Tant qu’elle aura à sa tête un tel chef, produisant de
telles œuvres, elle possédera certainement la confiance
publique,; et j'ose dire qu’elle la méritera.
Personne mieux que nous, Alessieurs, ne peut apprécier
tout ce qu’il y a d’imagination, de savoir, de talent dépensés
dans la conception vraiment monumentale qui est devant
vous ; elle a grandi jour par jour sous nos yeux. Cette tâche
énorme — même à un point de vue purement matériel,
puisqu’elle comprend au-delà de 200 figures de proportion
colossale, — cette tâche écrasante eût fait reculer même
un jeune artiste dans l’entière possession (le ses forces, et
qui’eût eu sa réputation à faire,-son obscurité à secouer.
M. De Keyser l’a vaillamment acceptée au bout d’une car-
rière déjà longue, déjà remplie, et après de nombreux
succès qui lui donnaient le droit de se reposer.
Il est vrai que l’entreprisé avait de quoi tenter son âme
d’artiste et de citoyen.
Al. De Keyser a commencé sa carrière en célébrant ce
que j’appellerai nos grandeurs politiques, grands hommes
d’Etat, grands guerriers, grandes batailles. Il devait lui
plaire de compléter son œuvre et sa vie en prenant l’autre
côté de notre histoire, celui de nos grandeurs artistiques,
qui ne tiennent pas moins de place dans nos annales,
ni dans celles de la civilisation moderne.
Quelles sont, messieurs, les mâles figures évoquées sur
ces murailles, et qui se pressent sous ces blanches arcades
comme les philosophes d’Athènes sous leur portique? Ce
sont les maîtres de eêtte puissante école anversoise qui
constitue.presque à elle seule toute l’école flamande. On
nous déroule ici son histoire. Rien de plus simple et en
même temps dè plus frappant que cet exposé.
L'artiste, si je puis ainsi dire, en a fait une trilogie, aux
trois actes parfaitement distincts :
D’abord, c’est l’école toute entière avec ses maîtres de
toutes les époques et. de tous les genres, — Quentin Aletzys
avec le groupe des Rrimitifs, — Franz Floris avec les Fla-
mands italianisés qui ont' cherché comme lui leur idéal
au-delà des Alpes, — Rubens au milieu de ses rivaux tels
que Rombouts, de ses amis tels que Crayer, et de toute la
légion de ses élèves, Van Dyek en tête, — les peintres de
genre avec Brauwer et Teniers, — les paysagistes avec
Huysmans, — les sculpteurs avec Pierre Koeckx, les gra-
veurs avec les Bolswert et les de Jode. Toutes nos gloires
artistiques ressuscitent dans ce défilé pompeux et magni-
fique. Et chacune s’y retrouve à la place que lui assigne
l’histoire, dans l’attitude, l’action, le milieu qui dit lè mieux
son rôle et ses tendances. Inutile d’indiquer tous les cal-
culs,.toutes les combinaisons qu’a exigés cette vaste mise
en scène, où chacun avait d’avance sa place marquée. Qui
s’en douterait pourtant à voir ces groupes qui se nouent et
se dénouent avec tant de vie et de liberté, et ces figures
d’un jet si aisé et si magistral ? .
• Alaintenant, messieurs, cette scène principale se cour
pl ôte par des scènes épisodiques, celles-ci rappelant les
influences que l’école a subies, et celles qu’elle a elle-même
exercées sur l’art étranger.
Le chapitre des influences subies est court. Cela se ré-
sume par cette influence brugeoise qui n’était, en somme,
qu’une question de parenté, et par cette influence italienne
qui n’a altéré qu’un moment, au 16® siècle, le caractère
flamand, et contre laquelle protestait déjà la rude origina-
lité du vieux Brenghel. _ , . , „
Par contre, l’histoire de notre influence sur les eeoles
étrangères est — nous le constatons avec orgueil —un récit
qui a plus d'une nage. La Hollande, dépourvue de sculp-
teurs, nous a demandé Artbus Quellyn. L Allemagne nous
a pris Spranger et Sadeleer. L'Italie nous doit les deux
Bril qai ont créé chez elle le paysage historique, Calvaert
qui a formé les maîtres bolonais du 17« siècle.^ La France
ne nous est pas seulement redevable de Philippe Cham-
pagne, de Van der Aleulen et de bien d’autres ; c’est le Fla-
mand Edelinek qui forme ses graveurs les plus illustres ;
et n’est-ce pas à l’étude de Rubens qu'elle doit plusieurs oe
ses maîtres les plus vantés depuis Watteau et Boucher jus-
qu’à Eugène Delacroix ? Enfin l’école anglaise n’est-elle pas
la fille de Van Dyck?
Ainsi, messieurs, — et toute cette vaste conception se
résume dans ces deux mots, — Voilà, d'un côté, notre école
avec toutes ses forces, — et de l'autre, la voilà avec tontes
ses victoires, ,
Y en a-t-il, messieurs, de plus superbes ? Toutes les san-
glantes conquêtes de la force,qui n’ont qu’un jour,sont-elles
comparables à ces éblouissantes victoires du goût et de
l’intelligence, s’imposant d’elles-mêmes et pour toujours an
monde charmé? Et quelle leçon dans ce contraste ! C’est
à l'heure même où la Belgique', après un siècle de luttes, est
définitivement asservie, c’est à cette heure qu’elle étend sa
domination artistique d’un bout de l’Europe à l’autre, c’est
à cette heure qu’elle prend la providentielle, l'infaillible
revanche de l’esprit sur la force !
Honneur, messieurs, aux morts glorieux qui nous ont
valu ce triomphe vengeur et qui revivent imperissablement
sur ces. murs! Ils n’ont pas seulement conquis l’Europe in-
telligente. Ils ont remue profondément toute la civilisation
moderne. Car qui dira tout ce qu’elle doit à cette robuste
école qui a placé le culte du vrai au-dessus des conven-
tions dit beaa.et qui,avec Teuiers et Brauwer, a ouvert les
portes de l’art àu'X types dédaignés des classes populaires?
Honneur en même temps, messieurs, au peintre qui a,
d’un effort si mâle, relevé toutes ces grandes figures en face
même de leurs chefs d’œuvre ! La ville d’Anvers a déjà
décerné à AL De Keyser la plus fiére récompense au il
pût ambitionner. Elle a voulu qu’il se plaçât lui-même
parmi ces maîtres qu’il ressuscite avec tant de vérité et de
puissance, et qu’il continue avec tant d’éclat. Cette place
était due à celui qui devient le ehef acclamé de 1 école
d’Anvers.
J e r.’ajoute qu’un mot. .
Nous vivons dans un temps (le lassitude générale où les’
œuvres d’un certain souffle et d’une certaine portée se font
de plus en plus rares. Des esprits dévoyés vont jusqu’à s en
féliciter ; on célèbre comme un progrès la mort de l’art
monumental et historique. Non, messieurs, le grand art
n'est pas mort ; j'en prends à témoin la vaste et noble con-
ception qui se déroule sous vos yeux. Non, il ne mourra
point ; il est assuré de l’immortalité aussi longtemps qu une
nation aura dans ses annales des vertus ou des talents à
honorer, de hauts exemples à rappeler et à suivre. C’est
une des plus belles missions de lart que de contribuer à
entretenir cette religion des souvenirs qui fait l’honneur et
la force des nations civilisées et qui les empêche de déchoir.
Cette mission, notre cher et éminent directeur, l’a, pour sa
part, vaillamment remplie. Quant à ce culte du grand, du
vrai, du beau, qu’un enseignement élevé a pour tâche de
vulgariser, l’académie d’Anvers doit remercier son direc-
teur pour l'éloquente façon dont il lui vient en aide. Car il
fait mieux que d’enseigner tout cela : Il prêche d’exemple.
En même temps remise a été faite à M. De Keyser
d’un superbe album artistiquement relié, style renais-
sance flamande, avec encoignures dorées et l’écu de
St-Luc au milieu, album contenant les portraits de
tous les membres du corps professoral et offert comme
souvenir de sympathie pour sa personne et d’admira-
tion pour son talent. .
Les élèves de l’Académie se sont joints à cette mani-
festation et l’un d’eux, M. Van Besten, a prononcé,
d’une voix convaincue, une allocution vraiment élo-
quente qui a été chaudement applaudie par tous les
assistants. Une couronne de lauriers a été ensuite of-
ferte par ces jeunes_ artistes à leur directeur, qui les a
longuement remerciés.
La cérémonie s’est terminée ainsi. Après la signa-
ture du procès-verbal et quelques instants de conver-
sation générale, M. le ministre de l'intérieur a donné
le signal du départ, et toute l'assemblée est rendue au
local de la nouvelle Bourse. Admirable construction,
d’un caractère magistral dans son ensemble,d’une rare
élégance dans ses détails, elle peut être citée comme un
chef-d’œuvre d’architecture moderne, et elle sera pour
son auteur M. Schadde.un titre de gloire. Nous ne
reviendrons pas aujourd’hui sur les luttes qu’il lui a
fallu soutenir, pour réaliser son œuvre, contre une aà-
rainistrationignoranteethostile, obligée aujourd’hui de
rendre justice à son talent. Il les a rappelées briève-
vement.sans amertume ou plutôt avec générosité,dans
le discours suivant par lequel il a fait remise de son
œuvre, et dans lequel il a rendu en même temps hom-
mage aux entrepreneurs intelligents qui l’ont secondé
dans son travail :
Messieurs, , . .
Je suis heureux de pouvoir vous faire aujourd hui la
remise du monument qu’un vote du Conseil communal du
27jnin 1868 m’a charge d’ériger. Ce n’a pas été sans lutte
ni déboires que cet honneur m’a été dévolu ; la partie
monumentale de la Bourse m’a valu la prime aux concours
de 1858 et de 18G0. Un vote du Conseil communal du 1
août 1862 me chargea de lui soumettre lesplans d’exécu-
tion. F.n 1865, en présence de l’incertitude où l’on était
par suite de l’agrandissement de la ville de réédifier la
Bourse sur son emplacement primitif, le projet fut com-
plètement abandonné. ......
Trois ans plus tard, le Conseil, revenant sur sa décision
antérieure, adopta définitivement l’emplacement actuel,
et, sauf la distribution des locaux dans un périmètre plus
restreint, le plan de la partie monumentale, primé au con -
cours, déjà adopté par le Conseil en 1862.
On le voit donc, c’est à la suite d’une longue lutte que
mou œuvre a été décrétée, mais,ces luttes nous sont fami-
lières, à nous autres artistes, et, loin de nous déc otirager,
elles ne font que stimuler notre zèle et notre ambition a mé-
riter et à justifier la préférence qui nous échoit.
Je soumets avec confiance, Messieurs, mon osuvre a vo-
tre appréciation et j’ose espérer qu’elle rencontrera votre
approbation : toutefois, si j ai réussi, vos éloges ne doivent
pas s’adresser à moi seul, unepartieen revient à juste titre
aux entrepreneurs qui ont exécuté l’œuvre ; je dois citer
les noms de Al. Paris-Isaac, pour la toiture, et MAI. I.al-
mand, Foekentyn, Bilmeyer Van Dievoort, Alathysen et
Coninckx, pour l’ensemble des constructions.
Tous m’ont secondé avec l’ambition de bien faire et. avec
un désintéressement dont, j'espère, il leur sera tenu compte .
L’exécution, j’ose le dire, est irréprochable et leur fait
le plus grand honneur.
Cet hommage, Alessieurs, sera confirme, j en suis cer-
tain, par Al. Van Bever, l'ingénieur de la ville, que vous
avez chargé delà haute surveillance ries travaux.
Cet hommage rendu, Messieurs, il me reste à vous re-
mercier de la confiance que vous m’avez témoignée et il
me serait heureux d’apprendre que je l’ai justifiée.
M. Vanden Bergh a lu alors le discours que voici :
Alessieurs et Alesdames,
En inaugurant aujourd’hui la nouvel le Bourse, l’adminis-
tration communale est heureuse de pouvoir rendre au com-
merce, dans son style primitif, un monument qui, pendant
plus de trois siècles, avait fait l’admiration de l’Europe et
la gloire de notre ville !
On le sait, c’est à Dominicus de Waghemaekere qu’An-
vers était redevable de la Bourse, que ce célèbre architecte
termina en 1530 et qui fut détruite en quelques heures par
le terrible incendie ae 1858. _ ,
Le 24 août 1869 notre honorable bourgmestre,AI. Van Put.
assisté du Conseil commuai, posait la première pierre de
l’édifice que nous inaugurons en ce moment et qui est 1 œu-
vre réussie d’un de nos concitoyens, AI. Jos. Scnadde, œu-
vre digne d’Anvers, tant sous le rapport commercial qu ar-
tistique ! ,
Qu’il me soit permis, Alessieurs, d adresser à cette occa-
sion, au nom de la ville, de sincères félicitations a cet ar-
chitecte habile, AI. Sehadde, félicitations qui seront rati-
fiées, j’en ai la certitude,par notre population entière !
Tout en conservant à la Bourse son cachet original et
gracieux si remarqué et si admiré de tous les connaisseurs,
M. Schadde.par une heureuse combinaison, mariant l’utile
à i’agréable, a, avec un soin tout spécial, procédé à la
distribution du bâtiment, de manière à pourvoir, malgré
un périmètre, assez restreint aux besoins des différents
services, aux nécessités du commerce.
C’est ainsi qu’une aile entière a été mise à la disposition
du télégraphe, dont l’importance devient dejdurenjour
plus considérable.
Les autres parties du bâtiment ont été appropriées à la
Chambre du commerce et au tribuaal de commerce, à la
chambre syndicale', au greffe et à leurs dépendances, etc..
srï) selles,Office de Publicité, ru»
de la Madeleine. 48. |