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et bien franchement la main, et c’est avec les sentiments de
déférence que nous n’avons jamais cessé de leur témoigner que
nous accueillerions leur puissant concours.
Allons, chers confrères, un bon mouvement !
Plutôt que de nous décrier sourdement, au lieu de hâter par
notre indifférence et notre mollesse la chute et peut être l’anéan-
tissement complet de la profession d’architecte, — car c’est
fatalement son sort si on n’y prend garde, — imitons les
médecins, les ingénieurs, les avocats surtout ; comme eux
groupons-nous étroitement pour la défense des intérêts de
notre corporation, et tous unis dans une même pensée, travail-
lons à la régénérescence de notre art et à la réorganisation
de l’enseignement architectural.
L’ÉMULATION
Organe de la Société Centrale d’Architecture
de Belgique.
Société Centrale d’Architecture de Belgique.
XIIe Anniversaire de sa fondation.
Le 20 décembre dernier la Société, d’après un usage auquel
elle n’a pas dérogé depuis douze ans, a fêté par un banquet le
XIIe anniversaire de sa fondation.
Cette réunion toute intime a été, comme les précédentes, des
plus animées ; diverses adresses de félicitations, notamment un
télégramme de M. Feyerabend, membre correspondant à Hano-
vre, ont été accueillies avec une vive satisfaction.
Toujours selon l’usage, différents toasts furent portés : au
Président et aux membres de la Commission administrative;
à M. Neute, le sympathique Directeur de l'Emulation,
dont on regrettait vivement l’absence; à MM.Janlet et Culiford;
aux sociétés correspondantes, etc.
Ce n’est que très tard dans la soirée... qu’on songea à se
séparer, après quelques heures charmantes consacrées à un
intermède musical par l’excellent baryton M. Henri Janlet et
M. Culiford, un chanteur comique des plus joyeux, qui ont
recueilli de chaleureux applaudissements.
Ces réunions annuelles, d’un caractère de réelle confraternité,
contribuent puissamment à resserrer les liens de sincère amitié
qui unissent les membres de notre Société; aussi c’est toujours
avec un véritable plaisir qu’on voit arriver le jour du banquet
anniversaire.
Assemblée générale mensuelle du 9 janvier 1885.
Présidence de M. V. Dumortier.
Le procès-verbal de la dernière assemblée est adopté.
Le Président donne lecture:
D’une lettre de la Société des Architectes de la Seine-Infé-
rieure qui, poursuivant sa devise: Le Progrès de l’art archi-
tectural en province, a l’intention, de demander à la municipa-
lité de Rouen de décerner, à l’exemple de la ville de Bruxelles,
des primes aux propriétaires des meilleures façades qui seront
construites lors de l’élargissement de la rue du Grand-Pont.
Elle nous prie de lui communiquer quelques renseignements
sur les conditions dans lesquelles le concours pour les meil-
leures façades des nouveaux boulevards de Bruxelles a eu lieu.
D’une lettre de M. le Maire de Rouen, nous demandant les
photographies des maisons primées à ce concours.
La Commission administrative a fait parvenir à M. le Maire
de Rouen, par l’entremise de la Société des Architectes de la
Seine-Inférieure, des exemplaires du Bulletin communal de
Bruxelles, années 1872, 1875 et 1876, renfermant les comptes
rendus des discussions qui ont eu lieu au Conseil commu-
nal à propos de ce concours, ainsi que deux années dujournal
l'Emulation qui contiennent la plupart des façades primées.
L’assemblée approuve cette décision de la Commission admi-
nistrative.
M. le Président annonce que M. Oscar Raquez, membre
honoraire, s’est fait inscrire comme membre effectif; on procède
à l’admission de M. Jean Segers, en qualité de membre effectif,
et de MM. Alphonse Grootaert et Henri Vaerwyck, architectes à
Gand, en qualité de membres correspondants.
Le Président communique à l’assemblée une lettre de la
Société des Architectes anversois en réponse à celle que nous
lui avons adressée avec notre règlement des concours publics.
Nos confrères d’Anvers nous communiquent, à leur tour, le
règlement des concours publics élaboré par eux et nous
demandent notre avis sur ce document. L’assemblée charge
de son examen la commission spéciale des expositions et des
concours.
Le Président donne lecture de lettres reçues de plu-
sieurs de nos confrères français : MM. Daumet, Lameire et
Vaudoyer fils, qui répondent favorablement à la demande qui
leur a été faite d’un de leurs dessins pour le musée d’architec-
ture, dont la Société a décidé la création dans sa séance du
7 novembre dernier.
Et enfin, d’une lettre de M. P. Remy, architecte, membre
correspondant à Lanarka (île de Chypre), qui nous donne d’in-
téressants détails sur ce pays, ses richesses minéralogiques,
sur les constructions qu’il y a élevées pour le compte du Gou-
vernement anglais, etc., et nous envoie 8 photographies.
L’assemblée reçoit avec plaisir cette communication de notre
compatriote qui nous a quittés il y a 7 ans et dont la plupart
d’entre nous ont gardé le meilleur souvenir.
Le Président annonce que M. Bordiau, architecte à Bruxelles,
a fait don de 2 photographies de l’exposition d’Amsterdam
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(section belge), de 2 vues perspectives et de la façade
géométrale de l’Exposition d’Anvers.
Sur la proposition de son Président et après une courte dis-
cussion, l’assemblée décide de publier un Bulletin annuel de
ses travaux, à partir du second semestre de 1884. Ce Bulletin
sera envoyé à tous les membres dans le courant du mois de
février prochain.
M. Raquez donne lecture du rapport de l’excursion à Amster-
dam, à l’occasion de l’exposition des projets envoyés au concours
de la nouvelle Bourse de Commerce (lre épreuve) ; ce rapport,
qui passe en revue un grand nombre de projets en les souli-
gnant de critiques fort justes, est écouté avec intérêt par l’as-
semblée.
M. Peeters, Trésorier, présente son rapport annuel pour
l’exercice 1884. Ce rapport accuse un excédant des recettes
de fr. 637-06 sur les dépenses et montre l’état prospère
de nos finances; il est approuvé.
L’assemblée passe ensuite à l’examen des différents articles
du budget proposé par la commission administrative pour
l’exercice 1885 ; diverses demandes d’augmentation des sommes
indiquées, notamment celle allouée à la Bibliothèque, faites au
cours de la discussion, sont écartées, et le budgét, sons réserve
du poste relatif au concours annuel de la Société, est approuvé.
Le Président annonce à l’assemblée que le Gouvernement
l’a admis au nombre des membres formant la Commission
instituée en vue d’encourager la participation des producteurs
belges à l’Exposition universelle d’Anvers et l’a inscrit au 24me
comité auquel appartient la 61m0 classe, qui concerne le maté-
riel et les procédés du génie civil, des travaux publics et de
l'architecture.
L’assemblée accueille avec plaisir cette nomination qui
témoigne une fois de plus de la sollicitude du Gouvernement
pour la Société Centrale d’Architecture et, après quelques déci-
sions relatives à des objets d’intérêt secondaire, la séance est
levée à 1 heures.
Excursion à Lille.
Quelques membres de la Société se sont rendus à Lille, le
dimanche 11 janvier dernier, pour visiter l’exposition des
cinq projets admis à la seconde épreuve du concours ouvert,
par la municipalité de cette ville, pour la construction d’un
palais des Beaux-Arts destiné à recevoir les nombreuses et
remarquables richesses artistiques constituant les musées muni-
cipaux.
Une députation de la Société du Département du Nord,
conduite par MM. Mourcou, secrétaire, Leblan, ex-président,
Marteau, architecte en chef du Département, nous attendait
à la gare ; le président M. Sauvage, gravement indisposé,
s’était fait excuser; après les compliments de bienvenue et les
présentations réciproques, on s’achemina vers l’exposition
installée au palais Rameau.
En passant par la rue Nationale et le boulevard de la
Liberté, nous eûmes l’occasion de voir quelques jolies façades
de maisons et d’hôtels construits par nos confrères lillois.
L’exposition, fermée au public depuis la veille, était ouverte
et le local chauffé à notre intention, grâce à l’obligeante
démarche de M. Mourcou et à la bienveillance de M. le Maire
de Lille qui s’était fait excuser de ne pouvoir nous faire lui-
même les honneurs de l’exposition.
Nous avons consacré deux heures à l’examen des cinq
projets exposés, sur lesquels nous ferons connaître nos appré-
ciations dans un article spécial; ensuite, nous avons visité le
palais Rameau, dont les plans sont dus à MM. Contamine et
Mourcou; c’est une grande salle à charpente métallique; elle
sert aux expositions de tous genres, notamment à celle de la
Société d’horticulture; les façades en briques, coupées de
quelques bandeaux de pierre blanche, forment un ensemhle
agréable à voir. Un jardin d’hiver, des mêmes architectes, est
annexé au palais Rameau ; il contient des palmiers et des
fougères très agréablement disposés sur un frais tapis de
verdure.
L’après-midi, ces messieurs nous firent voir, d’abord, un
intéressant escalier du XVe siècle, qui, avec quelques locaux
secondaires et l’ancienne chapelle ayant servi sous Louis XIV
de Salle du Conclave, nom qu’elle porte encore aujourd’hui,
constituent les derniers vestiges du palais des comtes de
Flandre et, après avoir traversé trop vite, hélas ! quelques
salles du riche musée de peinture, l’hôtel de la Préfecture,
construit il y a une quinzaine d’années, d’après les plans et
sous la direction de M. Marteau, qui nous en fit parcourir les
vastes et somptueuses salles de réception.
Les façades, entièrement en pierre blanche, présentent bien le
caractère d’un hôtel préfectoral ; la façade vers le jardin, avec
son monumental escalier circulaire, a grande allure.
A quatre heures, nos aimables ciceroni, qui ne nous avaient
pas quittés un instant, nous conduisirent dans les salons du
Rocher de Cancale où un lunch nous fut offert.
Nous eûmes le plaisir d’y faire la connaissance de MM. Cor-
donnier père, Hannottin, ainsi que de la plupart des membres
de la Société du Département du Nord qui nous accueillirent
avec cette amabilité, cette cordialité qu’on est toujours certain
de rencontrer chez nos sympathiques voisins.
M. le Secrétaire Mourcou, au nom de là Société lilloise,
porta un toast à ses confrères de Belgique, au nom desquels
notre Président répondit en émettant le vœu de voir des rela-
tions fréquentes s’établir entre les deux Sociétés dont les buts
et les aspirations sont les mêmes et en souhaitant de voir se
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renouveler bientôt en France ou en Belgique cette charmante
réunion.
Malheureusement, l’heure de notre départ était proche;
bien à regret il fallait se séparer ; voulant retarder cette sépa-
ration, autant qu’il était en leur pouvoir de le faire, nos trop
aimables confrères nous accompagnèrent tous jusqu’à la gare
où l’on se quitta, en se promettant de se revoir le plus tôt
possible. V. D.
CONCOURS
Concours pour la construction d’une nouvelle Bourse
à Amsterdam
Exposition des projets
Tandis qu’en Belgique, dans ce pays égalitaire, toutes les
commandes de l’Etat et des communes sont encore réservées à
quelques architectes privilégiés, nous voyons les concours
pour les travaux publics depuis longtemps organisés et fran-
chement acceptés par tous nos confrères dans la plupart des
pays d’Europe. 11 semble même aujourd’hui que ces luttes cour-
toises entre artistes de même nationalité ne suffisent plus, un
mouvement plus généreux encore se produit : on organise des
concours internationaux. Cela s’est vu récemment en Italie, en
Russie, en Allemagne et en France ; ce qui nous procure ce
spectacle étrange, où nous voyons la grande majorité des archi-
tectes belges, systématiquement écartés dans leur pays, être
conviés par des étrangers à prendre part aux luttes que ces
derniers organisent chez eux, pour la rédaction des projets à
exécuter. Le concours international que vient d’ouvrir la ville
d’Amsterdam pour la construction d’une nouvelle Bourse, est
un nouvel exemple à enregistrer.
Deux cents concurrents, nationaux et étrangers, ont répondu
à l’appel qui leur a été fait. Chacun des projets comprenant
obligatoirement au moins dix plans, si l’on y ajoute les
perspectives non demandées et les variantes présentées, on
constatera avec nous que ce concours a réuni plus de deux
mille dessins, exposés actuellement dans quelques salles du.
nouveau Musée d’Amsterdam. Il n’est pas étonnant, après un
pareil résultat, que le jury se soit fait un devoir de rendre
hommage au zèle des concurrents dont la plupart des œuvres,
a-t-il dit, représentent une somme considérable d’efforts.
Bien qu’il soit indispensable, ainsi que dans tous les concours,
de faire une part très large aux projets insignifiants, nous
sommes heureux de nous rallier à cette appréciation du jury.
La moitié des projets offre un réel intérêt, et c’est là un
résultat assurément remarquable, si l’on songe surtout aux
difficultés que les concurrents avaient à vaincre. D’une part, en
effet, on leur présentait un terrain, bien situé il est vrai, mais
ayant une forme trapézoïdale très allongée, dont les parallèles
mesuraient l’une 34 m., l’autre 56 m., et les deux obliques
153 m., et 158 m., et d’autre part, un programme très déter-
miné, dans lequel on indiquait les locaux nécessaires avec leur
orientation et leurs dimensions, notamment une grande salle
pour la Bourse de commerce comprenantaumoins 4,000 m.c.,
les forçaient à rester dans un espace bien défini. Malgré toutes
ces entraves bon nombre de projets, en dehors de ceux
primés, se distinguent par de puissantes qualités tant dans les
plans que dans les façades.
Dix projets devaient être choisis et l’ont été par le jury.
Disons de suite, pour être sincère, que quelques-uns d’entre-
eux font l’objet d’un joli tapage à Amsterdam, le public ne
comprenant pas et cherchant vainement les causes qui ont
pu guider le jury dans le choix d’œuvres aussi contestables, et
alors même qu’elles ne répondent pas complètement aux prescrip-
tions ndu programme dont nous venons de parler. Quoi qu’il en soit,
chacune d’elles vaudraà son auteur une prime de 1,000florins;
en outre, les cinq premiers sont appelés à participer à un nou-
veau concours dans lequel sera désigné définitivement le plan
à exécuter.
Parmi ces derniers nous plaçons en première ligne:
N° 172. — Devise : Y. — Composition de grande allure.
Plans lisibles à première vue dont l’étude dénote une
habileté et un talent de premier ordre. La grande salle,
heureuse de proportion, est entourée sur trois de ses côtés
de vastes promenoirs, bien éclairés, communiquant avec la
Bourse des blés, des escaliers et un large vestibule autour
duquel se groupent habilement, mais non conformément aux
indications du programme, les différents services, tels que
poste, télégraphe, téléphone, chambre à écrire, etc. Vers le
Dam, les bureaux pour la Bourse des effets de commerce.
Entrées directes donnant dans les promenoirs vers le boule
vard, et porche en arcades vers les bassins. Par suite des
modifications apportées par lejury dans le programme du nouveau
concours, l’auteur devra remanier ses plans; nous attirons son
attention sur l’éclairage défectueux de la Chambre decommerce.
Il serait utiled’établir, vers le Durn, une entrée qui, ànotre avis, |